29 novembre 2024
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 »Ungal amaziγ, d inigi di ttrad n 2000 iseggasen »

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Conférence de Aumer U Lamara à Akbou

 »Ungal amaziγ, d inigi di ttrad n 2000 iseggasen »

Aumer U Lamara est l’un des rares auteurs kabyles à s’exprimer et à écrire exclusivement  en kabyle. Il animera une conférence sur : 

 »Ungal amaziγ, d inigi di ttrad n 2000 iseggasen / Le roman amazigh, témoin de la lutte de 2000 ans »

Samedi 11 novembre à 14h au Centre Culturel Slimane Rahmani. Aokas

Aumer U Lamara est l’auteur de nombreux romans et essai en kabyle. Nous rappelons le dernier en date « Timlilit di 1962 », Editions Achab en 2015. Il a écrit également « Omaha Beach – Ass n Wussan », Muhend Abdelkrim -di dduwla n Republik, amezruy n ṭṭrad , Arif akked Tagduda n Arif 1920-1926″, Editions Lharmattan (2011) et Koukou en (2013), Ibardan n tissas, tameddurt n Mesâud At Ammar », Tizrigin Le Pas Sage (2007), Tullianum – taggara n Yugerten, ungal Internet/HCA (2009).

 

 




La cour d’assises de Paris et la gestion de l’horreur par la justice

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Procès Abdelkader Merah

La cour d’assises de Paris et la gestion de l’horreur par la justice

Avec l’affaire Merah, nous sommes au cœur de la problématique du droit pénal, particulièrement celle de la cour d’assises de Paris. Juger l’abominable en respectant les fondements du droit d’une civilisation humaniste est certainement l’une des exigences les plus difficiles dans une démocratie. Surtout lorsqu’à la personnalité affirmée de l’accusé se rajoute celle, très particulière, de l’avocat de la défense.

Si le tribunal correctionnel est souvent imagé par l’expression « Commedia dell’arte » car c’est le résumé des conflits et haines de la société, théâtralisés par le jeu des envolées lyriques contradictoires, la cour d’assises est par contre le lieu d’une dramaturgie profonde.

Tout d’abord parce que les crimes sont le plus souvent d’une nature si odieuse qu’ils renvoient aux plus bas instincts de la société. Des larmes et douleurs insoutenables y sont étalées, parfois dans l’écoute insoutenable des détails du crime,  jusqu’à la nausée.

Ce fut le cas pour le procès d’Abdelkader Merah auquel on reproche d’avoir « fabriqué » le monstre assassin que fut son frère, Mohamed Merah. Mais la dramaturgie habituelle s’est renforcée par la présence d’un second acteur de cette pièce de théâtre, l’avocat, Éric Dupond-Moretti, grand maître du barreau et célébrissime pour ses coups de colère, sa pugnacité et sa violence verbale.

La question qui se pose est bien évidemment de comprendre pourquoi cela se peut et constitue le fondement d’un procès en assises. La douleur des familles, non satisfaites du verdict qu’elles trouvent clément, ne peut justifier que l’on critique les agissements de l’avocat, même si leur sentiment est qu’il les provoque.

Essayons de comprendre ce qu’est un procès en cour d’assises afin de mieux cerner le déroulement de cette affaire judiciaire qui peut choquer si on en a pas toutes les clés.

La cour d’assises, un rappel rapide

En droit, l’infraction pénale est une action qui contrevient aux lois qui ont défini certains actes comme attentatoires aux règles de la société. L’ordre de gravité détermine la compétence du tribunal pénal. Le délit (vol, violence, diffamation…) mène au tribunal correctionnel alors que ce qui est qualifié de crime mène vers la cour d’assises (meurtre, enlèvement…). La cour d’assises est donc une juridiction compétente pour les affaires criminelles.

Ce petit rappel rapide du droit justifie que le procès se déroule devant une cour d’assises, lieu où le prononcé des condamnations est plus sévère en peines d’emprisonnement et en indemnités éventuelles. La justice est toujours rendue « au nom du peuple » mais la cour d’assises va plus loin en demandant à ses représentants de prononcer eux-mêmes la culpabilité ou l’innocence, ce qu’elle organise par la convocation d’un jury populaire.

Attention, le tribunal concerné par l’affaire Merah est une cour d’assises spéciale composées de magistrats uniquement. Mais nous ferons une entorse à la réalité des faits car ce qui nous intéresse dans ce développement est de décrire la particularité habituelle d’une cour d’assises. Le comportement des deux principaux acteurs auraient été le même dans une cour d’assises habituelle.  

Le décor est ainsi planté par une solennité impressionnante que l’architecture des locaux, dans de nombreux cas encore, nous rappelle avec sévérité. L’affaire Merah s’est déroulée au Palais de justice de Paris, un lieu qui porte la marque de la justice royale lorsque le souverain avait pouvoir de justice.

L’accusé, un monstre froid

Abdelkader Merah est le frère de l’assassin, Mohamed Merah, qui a abattu de sang froid des innocents et n’a pas hésité un seul instant à ôter la vie à de pauvres petits enfants, aux portes d’une école juive.

Il est accusé d’avoir été « la main qui a façonné le criminel ». La justice lui reproche d’avoir nourri la haine d’un petit frère, totalement dénué d’un sens de réflexion capable de lui assurer une indépendance d’esprit. Il lui aurait également suggéré les actes et les cibles ainsi qu’apporté soutien et logistique.

Tout au long du procès, l’accusé fut arrogant, avec un silence dédaigneux et à aucun moment il n’a pris en compte la souffrance des parties civiles dont il ne soutenait même pas le regard. Un monstre froid qui fait face à une foule médusée qu’il existât une pareille créature sur terre.

C’est lui qui l’a initié et armé d’une haine féroce envers tous ceux qui sont supposés être les « ennemis », au nom d’une religion que ces abrutis ne connaissent pas plus que la grammaire ou l’arithmétique. Abdelkader était surnommé le « Ben Laden » de son quartier et se promenait avec son habit aussi ridicule que ses prêches, en caïd, la seule reconnaissance sociale à laquelle pouvait accéder ce délinquant notoire.

L’avocat, une star du barreau, brillant et exaspérant

L’avocat Eric Dupond-Moretti est la star actuelle du barreau, il détient le record des acquittements pour des affaires jugées désespérées. Il est omniprésent dans les médias, est sollicité par tous les accusés supportant des charges lourdes et il provoque ainsi l’exaspération du public. Eric Dupond-Moretti ne semble vouloir défendre que ce qui lui lance un défi majeur, soit des affaires impossibles. Il connut la notoriété lors de la célèbre affaire d’Outreau où il réussit à prouver l’innocence d’un groupe de personnes accusées de crimes sexuels envers des enfants.  

C’est un personnage rude et qui ne lâche rien. Avec une barbe qui rajoute à sa sévérité apparente, tous les adjectifs communément attribués aux ours en colère lui conviendraient. Bougon, féroce, jamais le sourire et les mots en perpétuelle attaque dirigée vers l’interlocuteur, quel que soit le propos, quelle que soit la question.

Il fait le spectacle et l’avocat est un « bon client » pour les chaînes de télévision et radios qui se l’arrachent. Il n’est jamais conciliant, toujours clivant et très efficace lorsqu’il est dans la confrontation féroce. On l’accuse de jouer un rôle médiatique pour sa propre satisfaction personnelle. C’est probablement en partie vrai mais c’est oublier le rôle de l’avocat.

L’avocat dans une affaire criminelle n’est limité par aucune contrainte. Son rôle n’est pas de dire la vérité mais de défendre son client, par tous les moyens. Un avocat, même si cela peut paraître choquant aux lecteurs non formés aux fondements du droit pénal, doit user de tous les moyens pour acquitter son client.

Il peut heurter et remuer le couteau dans les plaies ouvertes de la partie civile, parents et proches. Il a tous les droits car son système de défense et sa plaidoirie ne peuvent être freinés par aucune contrainte si ce n’est le respect des magistrats et certaines règles de convenance (et encore!).

Eric Dupond-Moretti défend un monstre. Cela peut sembler immoral mais c’est ainsi que les bases du droit de la défense se conçoivent. Nous avons à faire à un terrifiant personnage mais imaginons un seul instant, dans d’autres situations, si l’accusé était victime d’un emballement judiciaire. Sans la hargne et la liberté totale de l’avocat, nous nous imaginerions facilement l’horreur d’une accusation sans fondement.

La règle est aussi valable pour des monstres qui se proclament d’un dogme meurtrier et en dehors des usages pacifiés de l’humanité. L’avocat doit toujours avoir la même position, la même stratégie, c’est sa raison d’être dans un procès pénal où le risque de condamnation peut être lourd.

Pourquoi la procédure criminelle permet-elle une telle outrance face au chagrin des familles endeuillées ?

Le but du procès criminel

Dans un procès d’assises, quelle que soit la barbarie de l’acte, le but est double. Le premier est de sanctionner un acte grave s’il est établi que l’accusé est coupable. Le second est de permettre aux familles endeuillées de comprendre, c’est une étape indispensable à leur chemin de deuil.

Mais on oublie toujours le rôle de la cour d’assises dans sa procédure de jugement. On ne juge pas un acte, il est déjà considéré comme horrible, mais on juge la globalité d’un être humain, dans son histoire personnelle. Et c’est justement cela qui fait toute la différence pour l’avocat. Son rôle est d’aller rechercher jusqu’au fin fond de l’âme de l’accusé, une part d’humanité. Même chez les monstres les plus sanguinaires, il faut creuser profondément pour découvrir la nature humaine qui a préexisté avant l’acte bestial.

L’honneur d’une justice dans un pays humaniste et démocratique est de ne jamais considérer un être humain comme une bête lors du procès pénal. Et quel que soit mon comportement dans cet écrit qui, justement, n’a cessé de traiter cet individu de monstre, il faut s’incliner devant l’effort de l’avocat de nous présenter la part d’humanité, aussi petite soit-elle.

La justice n’est pas une vengeance, elle est justement l’inverse d’une pulsion que des siècles ont essayer de taire. C’est parce que l’humanité ne voulait plus de la dictature des pulsions humaines que la justice a été créées.

Nous ne sommes pas les avocats et nous pouvons traiter Merah de monstre. Mais nous devons respecter la noble mission de l’avocat, des magistrats et du jury, celle d’essayer de juger le reste d’humanité chez un homme qui semble hors de cette humanité.

Que va-t-il se passer maintenant ?

A la grande désespérance des parties civiles, la sanction n’est pas allée aussi loin que le réquisitoire de l’avocat général demandait, soit une peine à perpétuité.

Ce dernier s’est immédiatement pourvu en appel et un second jugement va se dérouler de nouveau où il faudra supporter, encore une fois, l’arrogance de ce perdu de la république et les provocations de l’avocat. Il fera son métier, nous n’avons rien à lui reprocher, ni du point de vue moral ni du point de vue légal.

Vox populi, vox dei ?

Je ne peux pas terminer cet article sans un point pédagogique à l’adresse du lecteur non juriste. Il existe un point constitutionnel fondamental, repris de la déclaration des droits de l’Homme, qui dispose que toute personne condamnée a droit à un second jugement en appel. Cela est facilement compréhensible car la justice étant humaine, elle est parfois faillible.

Mais pendant très longtemps en France, jusqu’en 2001, la législation opposait deux limites à ce principe. La première se comprend, certaines petites affaires (pour le civil, celles inférieures à 4 000 euros et pour le pénal, certaines infractions légères) ne peuvent faire l’objet d’un appel. La justice coûte très cher et on ne peut multiplier des appels pour de si petits litiges ou infractions.

Il y a par contre une autre exception qui était une dérogation scandaleuse au principe fondamental de l’appel. On estimait que les décisions de la cour d’Assises ne pouvaient pas faire l’objet d’un appel car un jury populaire s’étant prononcé, « vox populi vox dei » (la voix du peuple est la voix de Dieu). On estimait donc que la souveraineté du peuple ne pouvait être remise en cause par un appel de la décision.

Autrement dit, si vous voliez une mobylette, l’appel était autorisé en cas de condamnation mais si vous étiez condamné à mort (avant 1982) ou à perpétuité, le droit à l’appel ne vous était pas ouvert. C’était, tout de même, une grave anomalie du droit qui a perduré pendant trop longtemps.

Ce revirement législatif, qui remet les fondements de la justice à l’endroit, permet à l’avocat général de contester la peine prononcée contre Abdelkader Merah. Il faudra accepter l’idée contraire que le recours de Merah aurait été aussi juridiquement légitime s’il avait décidé de faire appel contre une décision moins favorable à son égard.

En conclusion, l’être humain peut discuter, en son for intérieur, débatte dans les lieux publics ou rédiger des articles pour s’indigner d’une clémence scandaleuse envers Merah. Le démocrate, juriste et humaniste, ne se l’interdit pas mais doit respecter le rôle troublant de l’avocat.

Et si certains pensent que l’auteur de ce présent article fait preuve d’indulgence envers le condamné, c’est qu’ils n’ont manifestement pas compris le propos.

Difficile à le faire comprendre à ceux dont la seule vérité est révélée, une fois pour toute et qui trancheraient les têtes sans état d’âme.

S. D. B.

Auteur
Sid Lakhdar Boumédiene, enseignant

 




Téhéran appelle Ryad à ne pas jouer avec le feu

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Moyen-Orient

Téhéran appelle Ryad à ne pas jouer avec le feu

Le président iranien Hassan Rohani a adressé mercredi une sérieuse mise en garde à l’Arabie saoudite, lui conseillant de ne pas jouer avec le feu, après une exacerbation des tensions entre les deux puissances rivales au Moyen-Orient. 

La veille, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait accusé l’Iran « d’agression directe » contre son pays après l’interception d’un missile tiré sur Ryad par les rebelles yéménites houthis, soutenus par Téhéran qui a démenti toute implication.

« Vous connaissez la puissance et la place de l’Iran dans la région. Des plus grands que vous s’y sont cassé les dents. Vous n’êtes rien ! » a lancé M. Rohani à l’adresse des dirigeants saoudiens, lors d’un discours retransmis par la télévision d’État.

« Les États-Unis et leurs alliés ont mobilisé tous leurs moyens contre nous et n’ont rien pu faire », a ajouté le président iranien, faisant référence à la guerre dévastatrice déclenchée en 1980 par l’Irak contre la jeune République islamique d’Iran, avec le soutien des pays occidentaux et arabes. Le conflit s’était achevé huit ans plus tard par un retour au statu quo ante.

Téhéran et Ryad ont rompu leurs relations diplomatiques en janvier 2016 après le saccage de l’ambassade saoudienne à Téhéran lors d’une manifestation de colère contre l’exécution d’un dignitaire religieux chiite en Arabie saoudite.

Les deux pays, gros producteurs d’hydrocarbures, soutiennent des camps opposés dans les principaux conflits au Moyen-Orient (Syrie, Yémen, Irak) et s’opposent aussi sur la situation au Liban et à Bahreïn.

Erreur stratégique

« Si vous pensez que l’Iran n’est pas votre ami et que les États-Unis et le régime sioniste sont vos amis, vous faites une erreur stratégique et de calcul », a encore ajouté le président iranien, faisant écho à de récents propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu selon qui la « menace » iranienne contribue à un rapprochement inédit entre l’État hébreu et ses voisins arabes.

Depuis le tir d’un missile balistique des rebelles houthis samedi soir au-dessus de l’aéroport de Ryad, l’Arabie saoudite et l’Iran se livrent à une violente passe d’armes au sujet du Yémen.

Les autorités saoudiennes accusent l’Iran d’être derrière ce tir qui pourrait, selon elles, « équivaloir à un acte de guerre ».

L’Iran a rejeté ces accusations et plaidé pour l’apaisement mais la Maison Blanche a pris fait et cause pour Ryad contre Téhéran. L’Union européenne a appelé toutes les parties au calme.

Devant ses ministres, M. Rohani a exhorté l’Arabie saoudite –qui dirige depuis 2015 une coalition arabe au Yémen en soutien aux forces gouvernementales– à cesser les bombardements sur les régions contrôlées par les Houthis et à mettre fin au blocus qu’elle impose à ce pays.

« Diplomatie » contre « bombardements »

Ce regain de tension entre Ryad et Téhéran intervient en une période d’incertitudes provoquée par la remise en cause par Washington de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015.

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier, le président américain Donald Trump s’est attaché à revigorer l’alliance entre Washington et Ryad, négligée par son prédécesseur Barack Obama.

Sur son compte Twitter, le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif a appelé mercredi à trouver une issue pacifique au Yémen plutôt qu’à « créer de nouvelles crises par des bombardements et des menaces ».

« Il n’y a aucune crise qui ne peut être résolue par la diplomatie. Nous l’avons déjà prouvé », a-t-il ajouté en faisant référence à l’accord sur le nucléaire de 2015.

D’autre part, le quotidien conservateur iranien Kayhan a été condamné à une suspension de deux jours (samedi et dimanche) pour avoir titré lundi en première page : « Tir de missile des Ansar Allah (rebelles houthis) contre Ryad, la prochaine cible sera Dubaï ».

Selon l’agence officielle Irna, la justice a donné raison au Conseil suprême de la sécurité nationale, pour qui ce titre est « contraire à la politique de la République islamique dans la région ».

 

Auteur
AFP

 




À quand la fin de l’omerta ?

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Dossier des faux moudjahidine

À quand la fin de l’omerta ?

 La célébration du 63e anniversaire du déclenchement de guerre de Libération nationale a suscité maints écrits et réflexions, tendant, pour la majorité d’entre eux, à poser des questions, à faire partager des interrogations, qu’à consacrer des certitudes. Une telle situation n’est pas tout à fait incompréhensible. Au contraire, elle ne fait que prolonger une sempiternelle quête inaugurée au lendemain des Accords d’Évian et actée définitivement à partir de l’été 62, lorsque la « guerre des wilayas » eut pour épilogue la victoire de l’État-major général (EMG) sur le gouvernement provisoire, autrement dit, le triomphe de la force sur la légitimité.

Il est sans doute inutile de s’appesantir sur les conséquences immédiates d’un tel coup de force.

En tous cas, ses soubresauts continuent à agir dans le présent et à régir le rapport de forces entre clans en présence. Néanmoins, il semble qu’au-delà de la dictature qui allait s’installer des années durant, ponctuée par un coup d’Etat (1965) et une cooptation d’un président au pied levé (1979), un phénomène d’une extrême gravité avait pris racine dans la société et les rouages de l’administration: c’est la multiplication à l’infini du nombre de pensionnaires moudjahidine, détenteurs de la fameuse « attestation communale ». Parce que le pouvoir politique se nourrissait de la rente et se constituait des clientèles par le même moyen, les portes étaient ouvertes pour tous les dépassements, et celui de l’accroissement continu du nombre des anciens combattants était des plus mortels pour la mémoire de la guerre de Libération, pour la morale publique et pour l’éthique politique.

Il semble que la fatalité biologique, une loi de la nature qui contraint le nombre de moudjahidine à diminuer au fur et à mesure de leur disparition, n’ait pas droit de cité en Algérie et qu’elle puisse être impunément défiée.

En 2015, Louisette Ighilahriz, une ancienne combattante bien connue a pu dire, au cours d’un colloque sur Abane Ramdane: « Si les moudjahidines étaient aussi nombreux comme ils le sont aujourd’hui, l’Algérie aurait été libérée de l’occupation française en trois années de lutte ».

Il est vrai que le renouvellement générationnel a pu être constaté dans le ministère des Moudjahidine, qui a été, auparavant, toujours dirigé par des anciens combattants. Le dernier d’entre eux, a été Cherif Abbas, aujourd’hui installé en France. Depuis 2014, c’est un fils d’un martyr de la guerre de Libération, Tayeb Zitouni, qui gère ce département. C’est là une petite avancée qui n’a pas résolu toutes les interrogations relatives à la détention de la qualité de moudjahid. Le premier novembre dernier, ce ministre, harcelé par des journalistes au sujet du nombre d’anciens combattants de la guerre de Libération qui sont encore en vie, n’a pas pu leur répondre et satisfaire la curiosité de l’opinion.

La fatalité biologique défiée

Même si la polémique inhérente au nombre de moudjahidine a plus de deux décennies d’âge, elle avait pris des couleurs particulières en 2012, à l’occasion du cinquantenaire de l’Indépendance du pays. Ce genre d’anniversaire, qu’à l’échelle de la vie humaine on ne peut que rarement vivre deux fois dans sa vie, avait pourtant, pendant des années, nourri l’imaginaire collectif par sa symbolique, mais aussi par le processus de maturation de la reconstruction du pays qu’un tel intervalle de temps pouvait permettre. En dehors de quelques festivités culturelles fort modestes et de quelques colloques universitaires, la moisson a été maigre en matière de célébration. Là où l’on s’attendait à la publication de livres sur des faits inédits de la révolution de novembre 54, à des témoignages et des révélations, sur supports filmés ou écrits, à la remise en cause de certaines « vérités », données un certain moment comme irréfutables, l’on n’eut à assister qu’à du folklore et à des cérémonies obséquieuses. Le caricaturiste Dilem a même pu exécuter une succulente caricature qui fait dire à un visiteur du Salon du livre d’Alger, s’adressant au service de l’accueil: « Je cherche un livre sur les grandes réalisations du pays ». Un agent lui répond et lui indique par un geste de la main: « les œuvres de fiction, c’est au fond »!

Malgré quelques modestes tentatives faites par la presse d’aborder certains sujets sensibles ou objets de polémique, liés à notre révolution, l’Algérie officielle demeure fermée lorsqu’il s’agit d’aborder certaines questions au niveau des ses institutions ou de son école. Différends entres les chefs révolutionnaires, règlements de compte, certaines purges à l’intérieurs du FLN et de l’ALN, polémiques au sujet du congrès de la Soummam, du congrès de Tripoli,…etc. Mais, le sujet le plus brûlant, dossier explosif qui avait atterri avec un impitoyable aplomb dans les rédactions de journaux quelques années avant la célébration du demi-siècle de l’indépendance du pays, a été, inexorablement, celui des  »faux moudjahidine ». Curieusement, ce sujet est quasiment évacué des dossiers abordés sur les plateaux de télévision et dans d’autres tribunes de discussion.

Indubitablement, l’opinion nationale en général, et les rangs des vrais moudjahidine et des familles de chouhadas en particulier, sont frappés, froissés et traumatisés par tout ce qui se colporte à propos des fausses attestations d’anciens combattants dont auraient bénéficié des usurpateurs aux fins mercantiles qui leur assureraient prébendes et privilèges. En dehors même des avantages matériels dont se prévalent ces faussaires, les moudjahidine, les familles des martyrs de la guerre de Libération nationale et les simples citoyens épris des valeurs de la révolution, sont horrifiés et révulsés par cette manière d’usurper un titre cher au cœur des Algériens et d’en user pour gravir des échelons dans la fonction publique ou mener une carrière politique. 

Rente viagère ou symbolique, l’offense faite aux idéaux et principes de la révolution de novembre ne peut être réparée que par un traitement de fond d’un dossier, dont les premiers éléments remontent à la fin de la guerre lorsque, pour faire valider le statut de moudjahid, il fallait produire une attestation communale pour laquelle il était exigé le témoignage de moudjahidine connus. Donc, si forfaiture il y a, elle ne revient pas exclusivement à l’administration communale de l’époque, mais également à des vrais moudjahidine qui auraient cautionné que leurs rangs soient infestés de faux. Triste spectacle qui, plus est, a été prolongé pendant plusieurs décennies l’indépendance du pays. Les martyrs de la révolution auront du mal à reposer en paix au vu des falsifications qui ont entaché leur noble combat contre une des plus grandes puissances de l’OTAN.

À l’image de tous les Algériens dessaisis de leur souveraineté dès les premières années de la reconstruction nationale, les moudjahidine, survivants d’une guerre atroce, ont été malheureusement entraînés dans les errements de la gestion scabreuse du pays. Au nom de la « légitimité révolutionnaire », de l’historicité et de constantes nationales idéologiquement très marquées (on y avait intégré même l’option irréversible du socialisme), beaucoup de mal a été fait à l’image de la révolution de novembre et aux idéaux censés justement être défendus et promus par les survivants de ce grand mouvement de l’histoire du pays. Le clientélisme, la corruption et le copinage, promus par le pouvoir politique comme mode de gouvernement n’a malheureusement pas épargné cette catégorie fort respectable de la société, à telle enseigne que l’image du moudjahid a été altérée et pervertie aux yeux des autres franges de la population, et surtout d’une jeunesse censés y puiser les valeurs morales et citoyennes qui fondent la lutte pour la république de demain

La peur et l’omerta entourant des dossiers aussi sensibles, en relation avec notre histoire récente, aura duré ce que durent les tyrannies et l’arbitraire installés par le parti unique et la pensée unique. Même si le sujet a été traité abondamment entre 2006 et 2008, suite à l’intervention de plusieurs acteurs de l’histoire nationale dans la presse écrite, le premier signal fort a été donné au début de l’ère pluraliste, les années 1990, par un ancien fonctionnaire du ministère de la Justice, Benyoucef Mellouk. C’était dans l’hebdomadaire indépendant, Le Nouvel Hebdo, dirigé par feu Abderrahmane Mahmoudi. Dans les limites permises par sa fonction de chef de service contentieux au ministère, Mellouk s’est intéressé au cas spécifique de magistrats ayant indûment bénéficié de la qualité de moudjahid. L’affaire, portée devant l’opinion publique, prit le nom de  »magistrats faussaires ». Ce fut un pavé jeté dans la mare. Son auteur a eu à pâtir pendant vingt ans des conséquences de son initiative et, ce, aussi bien dans sa carrière professionnelle que sur le plan judiciaire. C’est là véritablement un  »nœud de vipères » qui étrangle et pervertit les meilleurs symboles de l’Algérie. Il soutint ses déclarations à la presse par l’affirmation qu’il possédait une liste bien établie de magistrats faux moudjahidine, dont certains seraient très influents au point de lui valoir tous les désagréments judiciaires qu’il a eu à vivre pendant plusieurs années. 

Lutter contre les faussaires et leurs soutiens

L’attitude envers de telles révélations est quelque peu incompréhensible lorsqu’on considère la position ou les déclarations de certains officiels en relation avec le dossier. Par exemple, au milieu des années 2000, le ministre des moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, avait reconnu que dans les rangs des anciens moudjahidine, il y aurait environ 10 000 faussaires.

L’opinion a pu constater qu’au lieu le nombre de moudjahidine diminue selon la fatale loi de la nature, paradoxalement, il a considérablement augmenté depuis le recensement de 1963

De son côté, le colonel Ahmed Bencherif, acteur de la révolution, ancien commandant de la gendarmerie nationale et ancien ministre, a déclaré en 2007 que, « après la mort de Boumediene, le nombre de moudjahidine était de 75 000 ». Or, l’Organisation nationale des moudjahidine compte actuellement environ 100 000 anciens moudjahidine dans ses rangs.

À elle seule, la wilaya de Djelfa compterait, selon Bencherif, quelque 1000 faux moudjahidine. L’ancien Commandant de la gendarmerie nationale, par l’intermédiaire de l’association de lutte contre les faux moudjahidine qu’il avait créée, avait pris sur lui de s’attaquer à cette gangrène. Il avait même proposé la suppression pure et simple de l’Organisation nationale des moudjahidine.

Plus d’un demi-siècle après l’indépendance, les anciens moudjahidine- catégorie de la société supposée constituer la précieuse mémoire du peuple algérien- sont toujours pris dans l’actualité tourmentée du pays.

L’on sait que les commissions de validation de la qualité de moudjahid ont été gelées pendant plusieurs années, suite au flou et aux différentes pressions dans lesquels elles accomplissaient leur travail. Elles ont été réactivées par la suite.

Dans les autres pays du monde qui ont vécu des situations de guerre, à l’image de l’Europe après la fin de la seconde Guerre mondiale, le dossier des anciens combattants (recensement, pensions, privilèges en nature,…) est, sur le plan matériel et financier, réglé dès les premières années après la fin du conflit.

La nation doit une reconnaissance et une considération sans faille aux libérateurs du pays. Mais c’est en contribuant, par leur geste et leur effort, au-delà de toute rente viagère, à l’émancipation réelle du pays des griffes de l’arbitraire, du clientélisme, de l’art morbide des faussaires, qu’ils auront été fidèles à l’esprit, à la mémoire de leurs compagnons de combat tombés au champ d’honneur.

A.N.M.

 

Auteur
Amar Nait Messaoud

 




L’Accord franco-algérien du 27 décembre 1968 est dépassé !

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Une lettre adressée au président Emmanuel Macron

L’Accord franco-algérien du 27 décembre 1968 est dépassé !

Les modifications ultérieures de l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968 ont toujours tenu compte de l’évolution du flux migratoire ente la France et l’Algérie.

Lors de l’accession de l’Algérie à l’indépendance, les Accord d’Évian reconnaissent aux Algériens la liberté de circulation entre leur pays d’origine et la France ainsi que le principe de l’égalité des droits sociaux et économiques avec les citoyens français.

Cet accord établissait l’obligation pour les Algériens de présenter un passeport aux frontières, mais sans la contrainte d’un visa. Un titre de séjour particulier était créé portant le nom de « certificat de résidence ».

Les deux avenants conclus par la suite (22 décembre 1985 et 28 septembre 1994) par les deux pays ont eu, de manière générale, pour objet de tenir compte des modifications du contexte migratoire, de rapprocher la situation des Algériens de celle des autres nationalités, sans toutefois que ce rapprochement soit total.

À titre d’exemple, et en application de l’avenant de 1985, un Algérien pouvait, sans difficultés, venir s’installer en vue de faire des études ou exercer certaines activités professionnelles. Il disposait alors de la liberté d’établissement en qualité de commerçant ou artisan. Cette situation « avantageuse » a bien changé, et les Algériens sont devenus, avec le temps, une catégorie d’étrangers à part…

Pourquoi ?

Prenons pour exemple la dernière réforme en droit des étrangers (la loi du 7 mars 2016 relative au droit des étrangers). Cette dernière ne concerne, en aucun cas, les ressortissants algériens.

Leur situation d’entrée, de séjour et de travail est « gelée » par l’accord franco-algérien et ses trois avenants.

En effet, depuis le 1er novembre 2016, les Préfets peuvent délivrer de nouvelles cartes de séjour pluriannuelles (CSP) telles que le « passeport talent », « travailleurs saisonnier » et « salarié détaché ICT » et « générale ».

Ces cartes de séjour ne sont toujours pas destinées aux Algériens. Ce changement des règles et principes du droit des étrangers constituait une réelle occasion pour les autorités algériennes de mettre en place, avec la France, un nouvel avenant à l’Accord franco-algérien du 27 décembre 1968.

Il n’en est rien !

Le monde change ! Les flux migratoires d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier !

L’Algérie et la France doivent entamer la rédaction d’un quatrième avenant à l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, et ce afin d’améliorer la situation de ces Algériens arrivant en France.

Dans l’optique d’un nouvel avenant, le gouvernement algérien doit, impérativement, défendre les points suivants dans ce nouvel accord et maintenir les acquis des précédents avenants.

Tout d’abord, le point important qui concerne la régularisation par le travail.

Les dispositions de la circulaire du 28 novembre 2012, de l’ancien ministre français de l’Intérieur et candidat à l’élection présidentielle, Manuel Valls, n’ont pas vocation à s’appliquer aux Algériens. Cette circulaire prévoit qu’un titre de séjour peut être délivré à l’étranger s’il justifie d’une ancienneté de 3 ou 5 ans en France et qu’il est en mesure de présenter un contrat de travail ou de réelles attaches familiales.

Concernant les Algériens, cela n’est que de manière « exceptionnelle » que les Préfets peuvent examiner leurs demandes, contrairement aux autres étrangers…

Encore une fois, les Algériens ne peuvent pas invoquer les dispositions de l’article L. 313-14 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et le droit d’asile. Il faut croire que la notion « à titre humanitaire », telle que définie dans le texte, ne peut pas s’appliquer à l’Algérien…

L’inapplicabilité de cette situation aux ressortissants algériens, alors qu’ils représentent près du quart des entrées permanentes en France, pose un véritable problème. Dans le souci de créer une réelle « égalité » dans le traitement des étrangers, le gouvernement algérien doit intégrer ces principes dans le nouvel avenant à venir.

Deuxième point, la régularisation à travers la règle des dix ans de présence sur le territoire français doit demeurer.

Troisièmement, le gouvernement algérien doit également sauvegarder le principe de la régularisation des ressortissants algériens ayants la qualité de conjoint de Français, sans toutefois leurs exiger un visa de long séjour.

Quatrième point, la situation des étudiants algériens, qui est la plus défavorable de tous les étudiants étrangers, doit faire l’objet d’un alignement sur le régime général prévu dans le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA).

Entre autres, les dispositions du CESEDA prévoit l’attribution de l’autorisation provisoire de séjour (APS) d’une durée d’un an pour les étudiants diplômés du Master 2, l’exercice d’une activité salariée à titre accessoire aux études ou encore le bénéfice de la carte de séjour « compétence et talent »…

Ces règles ne sont pas prévues dans l’Accord franco-algérien et par conséquence, les étudiants algériens ne peuvent pas en bénéficier et deviennent alors des étudiants « sans droits » à la fin de leur cursus.

Cinquièmement, il faudra prévoir la suppression de la règle du visa long séjour pour l’exercice des activités commerciale, industrielle et artisanale des ressortissants algériens en France. Cette condition pénalise beaucoup de commerçants algériens qui disposent de la qualité de commerçant en France mais qui ne peuvent faire valoir leur droit au séjour devant l’administration française. Elle exige systématiquement des intéressés de retourner au pays pour solliciter le visa long séjour d’installation au risque de se retrouver bloquer et de ne plus revenir en France.

Aujourd’hui, la situation des Algériens est figée dans le temps.

Il est grand temps que cela change !

Ensemble, nous ferons bouger les choses !

Signez la pétition ! https://www.change.org/p/emmanuel-macron-accord-franco-alg%C3%A9rien-du-27-d%C3%A9cembre-1968-un-accord-d%C3%A9pass%C3%A9

Me Fayçal Megherbi, avocat et militant des droits de l’Homme

Cette pétition sera remise à:

  • Emmanuel Macron
  • Edouard Philippe
  • Jean-Yves Le Drian

 

Auteur
Me Fayçal Megherbi, avocat et militant des droits de l’Homme

 




Les forces du régime encerclent la dernière ville aux mains de Daech

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Syrie

Les forces du régime encerclent la dernière ville aux mains de Daech

Les troupes du régime et leurs alliés ont encerclé totalement mercredi le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans la dernière ville qu’il contrôle encore en Syrie, pays ravagé par la guerre. Les troupes du régime et leurs alliés ont encerclé totalement mercredi le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans la dernière ville qu’il contrôle encore en Syrie, pays ravagé par la guerre. 

Selon l’agence officielle Sana, l’armée, aidée de ses alliés, a repris le contrôle de plusieurs zones autour de la cité de Boukamal dans la province de Deir Ezzor (est), frontalière de l’Irak.

« Les unités de l’armée syrienne et les forces alliées ont resserré complètement l’étau autour des nids des terroristes à Boukamal et ont intensifié les opérations pour les extirper de la ville », a indiqué l’agence.

Après avoir reculé dans la province de Deir Ezzor face à l’offensive du régime et à une autre menée séparément par une coalition arabo-kurde, les jihadistes se sont retranchés dans Boukamal, proche de la frontière irakienne. 

Début novembre, l’EI avait perdu la ville de Deir Ezzor, chef-lieu de la province du même nom et dernière grande ville sous son contrôle en Syrie mais aussi en Irak voisin. Elle a été reprise par le régime avec le soutien crucial des alliés russe, iranien et du Hezbollah libanais.

Bien que Boukamal soit une ville moins grande que celle de Deir Ezzor, sa capture priverait l’EI de la dernière zone urbaine de son « califat » autoproclamé en 2014 sur les vastes territoires conquis à cheval entre l’Irak et la Syrie, et qui s’est effondré.

Soutenues ces dernières semaines par des raids intenses de l’aviation militaire russe, les troupes syriennes ont avancé vers Boukamal à partir du sud et de l’ouest.

Et à partir de l’est, de l’autre côté de la frontière, les forces irakiennes ont acculé l’EI dans une zone frontalière. 

« L’avancée en direction de Boukamal a été opérée après que les troupes et leurs alliés ainsi que les forces irakiennes se soient retrouvés à la frontière entre les deux pays », selon Sana.

L’EI s’était emparé de la quasi-totalité de Deir Ezzor et de sa province riche en pétrole en 2014, profitant du chaos engendré par la guerre en Syrie, déclenchée en 2011 avec la répression de manifestations prodémocratie.

L’EI ne contrôle plus que quelques villages et petites localités et au moins un champ pétrolier dans la province de Deir Ezzor, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Ces derniers mois, l’EI a subi revers après revers en Syrie et en Irak où il ne reste désormais aux forces irakiennes qu’à s’emparer de la localité de Rawa et des environs désertiques dans la province occidentale d’Al-Anbar, frontalière de la Syrie, pour en finir avec les jihadistes dans le pays.

Malgré ses défaites, l’EI parvient à frapper en menant des attentats sanglants. Samedi, au moins 75 civils ont été tués dans un attentat à la voiture piégée commis par le groupe jihadiste dans la province de Deir Ezzor (est).

Le conflit en Syrie, qui a commencé par des manifestations antirégime pacifiques réprimées dans le sang, a laissé le pays exsangue et morcelé entre différents belligérants dont certains étrangers venus en renfort de camps adverses.

Le conflit a fait plus de 330.000 morts et poussé des millions de Syriens à l’exil.

Auteur
AFP

 




Déficit de plus de 11 milliards USD au 1er semestre 2017

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Balance des paiements

Déficit de plus de 11 milliards USD au 1er semestre 2017

Le solde global de la balance des paiements de l’Algérie a affiché un déficit de 11,06 milliards de dollars au 1er semestre 2017 contre un déficit de 14,61 milliards de dollars au même semestre de 2016 (déficit de 11,42 milliards de dollars au 2ème semestre 2016), a indiqué le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, dans un entretien accordé à l’APS. 

La balance des paiements est le flux de biens (commerce extérieur des marchandises), de services, de revenus, de transferts de capitaux et les flux financiers réalisés entre l’Algérie (Etat, entreprises, particuliers) et le reste du monde. Soit l’ensemble des entrées et sorties de devises entre l’Algérie et les autres pays.

Par catégories, le déficit de la balance commerciale s’est élevé à 7,82 milliards de dollars (mds usd) au 1er semestre 2017 contre un déficit de 12,05 mds usd au même semestre de 2016 (déficit de 8,08 mds usd au 2ème semestre 2016).

Quant au poste Services hors revenus des facteurs, le déficit s’est creusé à 4,47 mds usd au 1er semestre 2017 contre un déficit de 3,84 mds usd au même semestre de 2016 (déficit de 3,5 mds usd au 2ème semestre 2016).

Le poste des Services hors revenus des facteurs se compose notamment des prestations techniques assurées par les étrangers en Algérie (études…), le transport assuré par les transporteurs étrangers pour les marchandises importées par l’Algérie (armateurs…) et les assurances à l’international.

Questionné sur les raisons de la hausse du déficit du poste Services hors revenus des facteurs, M. Loukal explique que cela résulte principalement de la hausse des importations des services construction, notamment ceux liés aux infrastructures autoroutières, et ce, de l’ordre de 153% par rapport au 1er semestre de 2016.

Concernant le poste Revenus des facteurs, le déficit a diminué à 1,23 mds usd contre 1,31 mds de dollars au 2ème semestre 2016, en raison principalement de la hausse des revenus perçus sur les réserves de change (hausse des taux d’intérêt et plus-values de cession de titres).

Le poste revenus des facteurs comprend, entre autres, les bénéfices rapatriés vers l’extérieur par les entreprises étrangères activant en Algérie, les bénéfices réalisés par les sociétés algériennes à l’étranger…

Quant à l’excédent du poste transferts nets (dons, retraites et pensions…), il s’est élevé à 1,48 mds usd, en hausse de 7,01% par rapport au 1er semestre 2016 et de 2,8% par rapport au 2ème semestre 2016, dans un contexte de légère dépréciation de l’euro face au dollar. Néanmoins, il demeure proche des soldes enregistrés au cours des six (6) derniers semestres, constate M. Loukal.

Auteur
APS

 




Rabah Madjer s’agace déjà !

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Equipe nationale

Rabah Madjer s’agace déjà !

On n’aura pas attendu longtemps pour voir les premiers signes d’agacement du nouveau sélectionneur national. Pour sa deuxième rencontre avec la presse, Rabah Madjer sort déjà de ses gonds. En cause ? Les critiques dont il fait l’objet sur certains plateaux.

« J’admets la critique constructive, mais je refuse qu’on s’attaque gratuitement à ma personne et à ma dignité », a tonné l’entraîneur national devant un parterre de journalistes venus couvrir la conférence de presse d’avant-match face au Nigeria prévu ce vendredi à Constantine.Visiblement vexé par les réactions négatives suite à sa nomination au poste de sélectionneur national, Rabah Madjer répond avec véhémence à « certains journalistes » coupables, à ses yeux, de vouloir nuire à son projet de rebâtir une équipe nationale forte et digne de représenter l’Algérie.

Pourtant, les critiques essuyées par Madjer jusque-là sont dans leur ensemble justifiées.On lui a reproché, entre autres, son éloignement des terrains depuis plus décennies, le fait de ne posséder aucun diplôme, ses critiques (sur les plateaux lui aussi) des joueurs binationaux… Tout cela est vérifiable malheureusement pour l’ancienne gloire du football algérien. Mais ses premiers signes d’agacement traduisent le malaise de Madjer qui n’ignore pas que l’opinion publique a très mal accueilli son arrivée à la tête des Verts.

Un petit tour du côté des réseaux sociaux suffit pour constater la désapprobation quasi-unanime de ce choix. On parle déjà d’un accueil hostile des supporters constantinois ce vendredi. Et en cas de défaite, c’est carrément la « bronca » que les Verts et leur sélectionneur vont vivre quatre jours plus tard au stade du 5-Juillet lors d’une sortie en amicale face à la modeste République centre de Centrafrique. Ces deux rencontres, sans aucun enjeu sportif a priori, revêtent donc une importance capitale pour Madjer et ses deux assistants, Ighil et Menad.

Dans le cas ou les camarades de Mandi fournissent une prestation accomplie à même de nous faire oublier l’humiliante défaite face à la Zambie, le staff technique passera un hiver des plus tranquilles et préparer sereinement les rendez-vous de mars prochain, dans le cas contraire, la pression sera terrible sur une équipe déjà atteinte mentalement. D’ailleurs Madjer, et son capitaine Carl Medjani ont tous les deux fait un même diagnostic et reconnaissent que notre équipe nationale est malade. Madjer trouvera-t-il le remède ? Pas dans l’immédiat admet-il puisque la « Grande révolution » n’aura lieu qu’après ce match face au Nigeria «préparé dans l’urgence », dira « l’homme à la talonnade ».

Pour l’heure, juste de petits ajustements sont apportés. Des ajustements qui soulèvent d’ailleurs de grosses polémiques dans les médias comme le fait d’écarter Feghouli et Mbolhi sans raisons convaincantes. D’ailleurs Madjer n’apporte aucune réponse à ce sujet se contentant de répéter qu’il n’écarte aucun joueur et que les portes de la sélection resteront ouvertes devant tout le monde. Une réponse diplomatique pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. Pourtant, tout le monde sait que la non-convocation de certains joueurs fait suite a des déclarations jugées inappropriées.

Au sein de l’équipe nationale ce n’est plus la grande symbiose comme par le passé. Mais n’est-ce pas là une bonne occasion pour Madjer de convoquer tout le monde pour s’expliquer et se dire les vérités en face ? Hallilodzic avait procédé de la sorte avant de prendre les décisions qui s’imposaient. Madjer a sans doute raté, là, une opportunité de recoller les morceaux. Mais, peut-être, qu’il a, tout bonnement, jugé inutile de réunir « les protagonistes » du moment qu’il a décidé que l’avenir se fera sans eux et l’équipe sera construite avec de nouvelles têtes. Tout porte à croire que ce sera le cas puisque Madjer ne cesse de dire à qui veut bien le croire que l’Algérie ne réapprendra à gagner que si elle « africanise » son jeu. Pour jouer à l’africaine (On ne sait pas trop ce que cela veut dire) nous explique Madjer, il faut des joueurs avec un profil bien particulier, capables de gagner les duels et de durcir le jeu, mais aussi supporter les grosses chaleurs et les taux d’humidité élevés. En gros, les joueurs actuels, dont la plupart sont nés et formés en Europe ne conviennent plus à la vision qu’a Madjer du football. Comprendre par là aussi, que petit à petit, les « locaux » pousseront les bi-nationaux vers la porte de sortie. Les prémices de la « révolution promise » sont d’ailleurs là. Avec la mise à l’écart de Mbolhi, Feghouli, Ounas, Ghezzal, Boudebouz, Hassani, Fares et les autres, la « purge » qui ne dit pas son nom ne fait peut être que commencer.

Medjani reporte sa retraite !

Juste après la fin du match contre la Zambie le 5 septembre dernier, Carl Madjani a annoncé qu’il mettait un terme a sa carrière internationale. Il a annoncé sa décision au président Zetchi dans les vestiaires. Et devant la presse, il a expliqué que le temps était venu pour lui de laisser sa place à la nouvelle génération qui arrive.

Dans un premier temps, le président de la FAF lui a demandé d’être là, face au Nigeria, pour être honoré et faire ses adieux aux supporters des Verts. Mais voilà qu’après la désignation de Madjer à la tête de l’équipe nationale, la donne a totalement changé. Madjer a tout de suite contacté le joueur pour lui demander de rester en sélection, du moins jusqu’à la CAN 2019 au Cameroun. Après réflexion, Carl Medjani a donc décidé de poursuivre l’aventure avec les Fennecs. Ce matin, le capitaine des Verts a confirmé lors d’un point de presse qu’il a accepté de prolonger  de quelques mois son bail avec l’équipe d’Algérie. Une bonne nouvelle pour le sélectionneur qui a besoin d’un leader de vestiaire et d’un joueur expérimenté et polyvalent.

 

Auteur
Rédaction sportive

 




731 attributions de lotissements annulées par le wali

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Tiaret

731 attributions de lotissements annulées par le wali

Pas moins de 731 attributions de lotissements ont été annulées par le wali de Tiaret,  Abdeslam Bentouati, après avoir constaté plusieurs irrégularités. Sont concernées par cette mesure ? 198 attributions à Sougueur, 312 à Aïn Dzarit et 221 à Rosfa.

La raison de cette mesure radicale ? La découverte de bien malins individus qui n’ouvrent pas droit à des logements. L’enquête a en effet révélé quelques surprises.

Le wali a affirmé que les enquêtes ont démontré que des personnes qui n’ouvrent pas droit à des appartements, des personnes qui ont fait des fausses déclarations, et même des présidents des APC concernés et des membres de leurs familles figureraient parmi ces bénéficiaires.

Dans le même sillage, le wali a précisé qu’au vu de telles découvertes des poursuites judiciaires seront déclenchées contre toute personne susceptible d’avoir fait une fausse déclaration et auteur de faux et usage de faux pour optimiser ses chances pour acquérir un lotissement. Même les P/APC impliqués ne seront pas épargnés, promet le wali.

Auteur
Khaled Ouragh

 




Vérités sur la guerre de libération nationale (I)

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Dossier : Abdelhafidh Yaha, un homme, un vrai

Vérités sur la guerre de libération nationale (I)

Je découvre avec stupeur, profonde émotion et bouleversante satisfaction l’écrit d’un citoyen algérien. Voici ses particularités : sincérité absolue, don de soi total au peuple démuni, amour inconditionnel pour la liberté et la démocratie, mépris total des privilèges et des « zaïm » qui en jouissent, lutte armée contre le colonialisme sans jamais jouer au « militaire » mais en demeurant un militant politique, encore lutte armée contre la dictature militaire, puis légale contre la caste dominante qui la remplaça, vision unitaire du peuple (amazighe et arabophone) bien que l’auteur est de Kabylie. Et tout cela sans en tirer aucun avantage matériel, mais seulement la conscience d’accomplir un devoir éthique. Cet homme, ce citoyen, ce moudjahid, ce militant ininterrompu de toute une vie s’appelle Abdelhafid Yaha. Ce qu’il dit, preuves à l’appui, demeure d’une utilité actuelle brûlante et précieuse pour toute personne ayant le sens de sa propre dignité citoyenne, qu’il soit d’Algérie ou d’ailleurs. Avec Larbi Ben Mhidi et Abane Ramdane, Abdelhafid Yaha est l’un des hommes vrais de la terre algérienne, et du combat pour la liberté réelle du peuple.

Combien de personnes connaissent le parcours de vie de Abdelhafid Yaha, ont lu son témoignage ? Il comprend les trois phases historiques algériennes : durant le colonialisme, pendant la dictature militaire, puis la très relative ouverture démocratique.

Vu l’ampleur du contenu et l’importance des observations de Abdelhafid Yaha, en rendre compte nécessite plusieurs parties. Plutôt que résumer les propos, risquant le superficiel, il est préférable de fournir des extraits pour rendre compte du témoignage.

Voici la première partie, concernant la guerre de libération nationale.

Commençons par la manière de relater son histoire.

« Il en est de notre guerre de libération comme pour nombre d’autres événements marquants  : à défaut de témoignages vivants, d’écrits impartiaux, les préjugés et les ragots sont devenus des vérités historiques. Des portraits de révolutionnaires sont dressés régulièrement au rasoir. Souvent saignants, ne retenant que la moitié de la vérité. Partiale et souvent tendancieuse, la littérature guerrière abondante des anciens soldats français et de quelques historiens « révisionnistes » ont achevé cette écriture approximative et franchement pleine d’idées reçues. Ne dit-on pas qu’un mensonge ressassé devient par la force de la répétition une vérité ! »

Dès lors, quel est le but de l’auteur, Abdelhafid Yaha ?

« Mon ambition n’est bien entendue pas de refaire l’histoire. Encore moins d’intenter un quelconque procès in absentia aux ordonnateurs et acteurs de cette terrible tragédie. Les faits sont là avec tous les drames associés. Et dans de telles circonstances, la vérité est souvent en deçà des faits. Dans ces pages comme ailleurs, mon souci premier et ultime est de raconter ce que j’ai vécu. »

Dans les divers récits sur la guerre de libération, le rôle des femmes est généralement occulté ; ceux qui l’évoquent se contentent de signaler les « poseuses de bombes », présentées dans le film « La bataille d’Alger ». Quant à Abdelhafid Yaha, voici ce qu’il déclare :

« Et en la matière, les femmes ont fait montre d’une grande imagination. C’est grâce à leur courage et leur dévouement que nombre d’entre nous ont survécu aux ratissages. A ce stade de mon récit, je ne peux oublier leurs sacrifices. Elles méritent toute ma reconnaissance tant nombre d’entre elles ont bravé viols, tortures, emprisonnement et voire la mort pour nous apporter soutien et renseignements dans les moments les plus critiques. Devant l’emprisonnement, la surveillance, voire la liquidation des hommes, les femmes ont repris le flambeau de la lutte et ont été à nos côtés sans défaillir dans les moments les plus difficiles. »

« Ces braves montagnardes, souvent sans instruction, que le régime méprisera en les renvoyant à la cuisine une fois l’indépendance acquise, ont pour moi plus donné à la révolution que nombre de ces responsables de palace qui se sont découverts des pouvoirs putschistes à l’abri des chars en 1962.

Femmes sans peur et moudjahidate de conviction, n’en déplaise aux machistes de tout acabit, elles n’ont eu que leur détermination, leur intelligence et leur sens du sacrifice à opposer à la machine de guerre française. »

La guerre fut-elle décidée, organisée et dirigée par les chefs d’un sommet hiérarchique, comme le font croire certains, s’octroyant ainsi une « légitimité » opportuniste ?

« Il était évident que perdre un tel officier était un sacré coup pour nous, cela dit j’avoue que la lutte au quotidien était menée au niveau des démembrements subalternes de l’organisation (qasma, secteur, région, zone) en parfaite autonomie. Chaque section ou groupe prenait l’initiative et décidait seul – hormis les cas de rassemblement de forces – de ses mouvements et des actions à mener sur le terrain. »

Qu’en fut-il de l’action et de la solidarité des chefs, résidant à l’extérieur des frontières, en  ce qui concerne les combattants de l’intérieur ?

Commençons par « la cruciale question des armes », comme le souligne l’auteur.

« Malgré les nombreux courriers alarmants envoyés par Abane Ramdane et des responsables de l’intérieur pour fournir l’ALN en armes et munitions, la délégation extérieure, et plus tard le Malg d’Abdelhafidh Boussouf et l’EMG, n’ont rien fait. Ou pas grand-chose. On a préféré louvoyer, regarder ailleurs, voire intimider ceux qui dénonçaient à corps et à cri l’asphyxie des maquis. Le désintérêt de ces « chefs » a été, pour nous, manifeste. »  

« Dans cette course à l’armement, je dois dire que contre toute règle de solidarité qui caractérise une révolution, chaque wilaya s’est débrouillée comme elle a pu. Située au centre du pays, la nôtre a été celle qui a éprouvé le plus de difficultés. »

Outre au manque d’armement, qu’en était-il de l’envoi de combattants de l’extérieur à l’intérieur ?

« Tout compte fait, au fil des années, les officiers de l’extérieur, que cela soit les Com Est ou Ouest, le Malg de Boussouf ou même par la suite l’état-major avaient, tous autant qu’ ils étaient, contribué à masser plusieurs dizaines de milliers hommes dans les bases arrières du Maroc et de la Tunisie.

 Aux demandes de djounoud qui ont souhaité rentrer au pays on a opposé une indifférence troublante. J’ai appris de la bouche de certains qui avaient rejoint vers 1958 et 1959 les maquis de la wilaya III qu’il avait fallu qu’ils insistent auprès de leurs supérieurs pour qu’enfin on les autorise à franchir les barrages électrifiés et rejoindre la lutte armée de l’intérieur. Très remonté, Saci Amar m’a aussi confié l’indifférence des responsables de l’extérieur devant la situation des djounoud du maquis. Ce moudjahid était rentré en 1958 pour se battre à nos côtés.

Le processus de recrutement et de massification des djounoud dans les pays voisins s’est particulièrement accru à partir du début 1960. A quelle fin ma foi renforcer ces unités expatriées, si ce n’est pour peser dans la lutte pour le pouvoir ? Point de mystère. Et de fil en aiguille, affaiblir les unités de l’intérieur dans la perspective du cessez-le-feu. Le résultat on le connaît  : le clan d’Oujda s’est imposé ouvertement dès la création de l’état-major avec et grâce justement à cette force armée laissée à l’abri des combats de la guerre de libération.  »

Venons-en à l’argent, le nerf de la guerre : quel en furent l’importance et le mode d’emploi ?

« Combien de millions ces responsables ont-ils reçu de la Fédération du FLN de l’Europe et de pays amis ? Un pactole colossal, fruit de la sueur de notre émigration. A quelle fin ? Si ce n’est pour entretenir des contingents d’hommes loin du théâtre des combats. Ce n’était pas pour nous apporter leur soutien dans la lutte armée. Non. Ces immenses sommes d’argent auraient pu ou dû servir à apaiser la pauvreté des millions d’Algériens enfermés dans les camps de regroupement, armer et nourrir ceux qui luttaient au quotidien contre l’armée française. Mais non, cela n’a pas été le cas. On a fait barrage à cette manne financière pour les besoins des états-majors politiques et militaires de l’extérieur. Pendant toutes ces longues années de résistance, nous avons vécu de nos ressources propres. Des ressources qui provenaient justement des cotisations du peuple. »

Dès lors, la question se pose : cette armée de l’extérieur et ses chefs, ont-ils mené une quelconque guerre de libération nationale ? Si non, quel était le but de ces chefs ?

« La guerre se menait à l’intérieur. S’ils avaient pour seul objectif de libérer le pays, il n’y avait aucune raison pour que tous ces milliers d’hommes bien armés et leurs dizaines d’officiers établissent leur camp à demeure sur les terres des pays frères. Nombre de ces officiers ont été gratifiés de promotions fulgurantes. Je le dis comme je le pense. On ne pouvait décemment diriger une révolution aussi longue et coûteuse en hommes comme la nôtre, à partir de l’étranger. Autrement dit, à distance.

Elle devait se faire au milieu des révolutionnaires et du peuple. Au cœur du pays pour lequel on se battait. Comme l’ont fait au demeurant des milliers de maquisards. Trop longtemps éloignés du théâtre de l’insurrection armée, ces dirigeants et leurs clientèles sont demeurés loin, trop loin, des terribles réalités dans lesquelles vivaient le peuple algérien et les maquisards. Si ce n’était pas une fuite caractérisée de la lutte armée, c’était en tout cas synonyme de renoncement au serment de novembre. »

À ce point s’impose la question : d’une telle situation anormale, pour ne pas dire de trahison, qui étaient les responsables et en quoi consistaient leurs motifs ?

« La révolution algérienne a été sacrifiée devant l’intérêt étroit de quelques chefs. C’était chacun pour soi. Sinon comment expliquer que les wilayas proches des frontières (la I, la II et la V) n’aient pas joué le rôle de courroie de transmission des armes pour les « frères » du centre du pays ? »

Plus précisément encore, qui étaient les chefs manquants à leur devoir, et ce qui les motivait ?

« La responsabilité de l’extérieur dans l’acheminement des armes a été énorme. Tous ceux qui étaient chargés de cette mission ont failli. Échoué. Sur le tard, j’ai subodoré, comme nombre de compagnons d’ailleurs, un abandon tacite des wilayas à leur sort. Les chefs de l’extérieur étaient plus préoccupés par les luttes de clans, les postes les plus en vue. Sinon, comment expliquer qu’au moment où les maquis se vidaient en hommes, en armes et en munitions, les unités de l’extérieur étaient suréquipées et renforcées en hommes et avec un armement flambant neuf ? »

Cette question implique logiquement une autre : à quoi visaient ces luttes pour les postes ?

« Le siphonnage des maquis n’a finalement atteint qu’un seul objectif : renforcer le pouvoir de l’état-major général, créé début 1960, dont le chef était le colonel Houari Boumediene. Cette structure n’a pas servi l’ALN de l’intérieur, celle qui affrontait l’armée française au quotidien. Mais les desseins d’un clan pour la prise du pouvoir. Je le dis aujourd’hui comme hier. A l’intérieur, nous avions d’ailleurs la dent dure contre les dirigeants du FLN réfugiés à l’extérieur. Car personne ne s’expliquait le peu d’empressement de l’état-major à soulager les troupes de l’ALN de l’impitoyable pression à laquelle elle était soumise en continu.

C’était entendu, nous considérions que tous ces responsables installés au Maroc, en Tunisie et ailleurs avaient manqué à leur devoir. Ils nous avaient lâchés. Ce constat était largement partagé entre nous au maquis. »

Malgré tout ce manque en matériel, en hommes et en argent, les combattants de l’intérieur ont réussi à contraindre la puissante quatrième armée impérialiste du monde à reconnaître sa défaite. À tel point que Che Guevarra vint en Algérie pour comprendre ce « miracle ». Il fut obtenu au prix des sacrifices les plus cruels, en sang, en larmes et en destructions, grâce à la conviction, à l’intelligence et à l’amour absolu de la liberté de la part de militantes et militants dévoué-e-s au peuple. En passant, A. Yaha révèle les aspects vrais de deux cas fameux : la « bleuite » et l’ »affaire Si Salah ».

À la lecture de ,son récit les conclusions à tirer sont les suivantes :

– compter sur soi-même ;

– savoir transformer la faiblesse matérielle en force tactique, en se basant d’une part, sur la conviction de combattre pour un juste idéal, et, d’autre part, sur le lien le plus étroit avec le peuple ;

– ne pas aspirer au chef par ambition personnelle (signe de carence d’ego), cause de privilèges au détriment des camarades et de l’idéal de lutte.

Ces caractéristiques de la guerre de libération nationale, qui ont distingué l’action de Abelhafid Yaha, ne demeurent-elles pas valables encore aujourd’hui, pour la lutte d’émancipation sociale du peuple ?

Ce qui eut lieu après le cessez-le-feu sera exposé dans la prochaine contribution.

K. N.

Email : kad-n@email.com

Abdelhafid Yaha, Ma guerre d’Algérie : Au cœur des maquis de Kabylie (1954-1962), Souvenirs recueillis par Hamid Arab, paru chez Inas édition en Algérie, et Riveneuve Editions en France, 2012.

Auteur
Kadour Naïmi

 




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