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samedi 20 septembre 2025
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Affaire Salim Yezza : c’est la justice qui se jugera elle-même

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Tribune

Affaire Salim Yezza : c’est la justice qui se jugera elle-même

Sur le strict terrain du droit, il n’y a nul doute possible : les poursuites contre Yezza sont illégales et sa détention est arbitraire. Le juge doit ordonner sa libération. Si la loi avait été appliquée, ce citoyen n’aurait jamais comparu devant ce tribunal et encore moins été incarcéré.

Mais, nous en sommes au second renvoi du délibéré. Ce qui est un fait alarmant. Dans l’affaire Yezza, les faits incriminés, dans le fond, sont prescrits par la loi. De facto, cela commande clairement, en la forme, un rejet de la procédure qui aurait dû intervenir au niveau du procureur ou à défaut à l’instruction ; et, en dernier, ressort à la première audience de comparution.

En vérité, au regard de la loi, cette affaire n’aurait jamais dû être, engagée, instruite puis jugée. Bien sûr, la loi interdit de commenter les actes de justice ; mais, elle ne commande en aucun cas de taire les cas d’injustice et de les couvrir d’un silence complice ? Tout au contraire, lorsque ce sont les fondements mêmes du système de justice qui sont bafoués le devoir du citoyen est de s’élever contre la forfaiture.

Le caractère scélérat de l’affaire Yezza est manifeste ! Nul ne peut être poursuivi en violation de la loi. Or les conditions de prescription des “faits” reprochés au militant Chaoui ont été allègrement ignorées par un procureur, un juge instructeur et un magistrat qui tarde à rendre le seul jugement qui fasse justice : la relaxe de Salim Yezza avec les réparations qui lui sont dues.

Les protagonistes impliqués dans cette affaire, du garde des Sceaux au petit procureur de la Mahkama de Ghardaïa ont-ils conscience de cette simple vérité ? Demain, au tribunal de Ghardaia, ce n’est pas Yezza qui sera jugé. Il ne peut l’être pour les griefs retenus par le procureur et le juge d’instruction. C’est la justice elle-même qui sera au prétoire ! Ira-t-elle plus loin, qu’elle ne le fait déjà, dans la transgression de ses principes et règles ? Violera-t-elle plus franchement sa vocation et ses missions ? Se frappera-t-elle d’infamie ?

Tous les citoyens, au nom desquels la justice est rendue, devraient garder l’œil rivé sur le tribunal de Ghardaïa, sur l’énoncé du verdict de son juge et la réaction consentante ou rebiffée de son procureur.

Auteur
Mohand Bakir

 




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L’ambassadeur du Canada expulsé par l’Arabie saoudite

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Après avoir dénoncé les violations des droits de l’homme

L’ambassadeur du Canada expulsé par l’Arabie saoudite

Le royaume d’Arabie saoudite n’aime pas qu’on lui rappelle ses violations des droits de l’homme. La preuve ? Il vient de renvoyer l’ambassadeur du Canada chez lui.

Le Canada s’est dit « sérieusement inquiet » lundi de l’expulsion de son ambassadeur à Ryad, annoncée par l’Arabie saoudite en réplique aux critiques répétées d’Ottawa sur la répression des militants de droits de l’homme.

« Nous sommes sérieusement inquiets de ces informations de presse et nous cherchons à en savoir plus sur la récente déclaration du Royaume d’Arabie saoudite », a affirmé Marie-Pier Baril, porte-parole du ministère, dans un communiqué.

« Le Canada défendra toujours la protection des droits humains, notamment des droits des femmes et de la liberté d’expression partout dans le monde », a-t-elle ajouté. « Notre gouvernement n’hésitera jamais à promouvoir ces valeurs et nous croyons que ce dialogue est crucial pour la diplomatie internationale ».

L’Arabie saoudite a annoncé lundi qu’elle avait décidé d’expulser l’ambassadeur du Canada à Ryad et de rappeler son propre ambassadeur à Ottawa après ce qu’elle a qualifié d' »ingérence » du Canada dans ses affaires intérieures.

Les mesures décidées par Ryad comprennent également le gel des relations commerciales avec le Canada.

Elles interviennent à la suite d’un appel de l’ambassade du Canada à la libération immédiate de militants des droits humains emprisonnés en Arabie saoudite.

Le royaume « n’acceptera d’aucun pays une ingérence dans ses affaires intérieures ou des diktats », a déclaré le ministère saoudien des Affaires étrangères sur Twitter.

Il a précisé que l’ambassadeur du Canada à Ryad avait 24 heures pour quitter le pays et que le royaume avait décidé de « geler toutes nouvelles transactions concernant le commerce et les investissements » avec le Canada

Auteur
Avec AFP

 




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Cevital/Djelloul Achour (PDG de Serport) : à quoi joue Bouteflika ?

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Djelloul Achour doit être dans ses petits souliers. Il a soutenu dans une déclaration à la presse entre autres que les équipements de Cevital bloqués au port de Skikda n’était pas dédouanés.

Cependant dans un courrier rendu public sur les réseaux sociaux et Tsa, Said Benikène, DG exécutif du groupe Cevital, a réagi documents à l’appui. Ce qui remet en cause les assertions de Djelloul Achoura, ancien patron du port de Bejaia et désormais PDG du Groupe Services Portuaires (Serport).

Pour Cevital, qui avance ses arguments, les conteneurs importés via le port de Skikda et bloqués, ont été bien dédouanés le 8 juillet. Ils n’ont été repris que le 18 juillet, soit 10 jours après leur sortie du port.

Le document D10 dûment tamponné par les douanes, le bon à enlever autorisant la sortie des équipements du port après leur dédouanement et la quittance de paiement des droits de timbre faisant foi, Saïd Benikène, le DG de Cevital, démonte les déclarations de Djelloul Achour. Les faits sont têtus.

Renversant ! Dans un pays qui fonctionne normalement, on n’empêche pas un homme d’affaires d’investir pour créer des richesses. Mais chez nous, on préfère ceux qui cultivent l’évasion fiscale, vivent au crochet des contrats publics, cultivent l’affairisme à la petite semaine…

Disons les choses telle que l’opinion les a comprises depuis belle lurette. Dans ce conflit qui remonte maintenant à un paquet d’années, M. Djelloul Achour peut se passer des arguments recevables puisqu’il n’est qu’un simple exécutant de directives venant inévitablement du clan au pouvoir.

Pourquoi et en quoi donc cette usine gêne-t-elle autant en haut lieu ? Surtout qu’Issad Rebrab, patron de Cevital, a précisé qu’il ne fait pas de l’implantation de l’usine au niveau du port une exigence incontournable. n’a-t-il pas proposé début 2017 que l’unité soit lancée dans un terrain privé acquis à l’extérieur du complexe. Ce qui bat en brèche l’argument avancé en haut lieu pour bloquer le projet.

Alors pourquoi, depuis, cette usine n’arrive pas à avoir les autorisations nécessaires ?

Il est manifeste que les Bouteflika, sans doute pour le grand bien aussi de quelques hommes d’affaires connus comme étant proche de la proche régnante, entend étouffer le groupe Cevital, même au risque d’envoyer au chômage 20000 Algériens et se passer du premier exportateur hors Sonatrach.

La preuve ? Même le premier ministre est incapable de donner une réponse claire quant au blocage de ce grand projet industriel de trituration de graines oléagineuses.

Yacine K.
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Russiagate ou comment casser la gauche

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Grand angle

Russiagate ou comment casser la gauche

Partons d’une interprétation largement partagée dans le monde intellectuel et médiatique : Trump, l’oligarque américain, est une catastrophe sur tous les plans, écologique, économique, géopolitique et sur le plan de l’égalité entre hommes et femmes, et entre groupes ethno-raciaux. Ce postulat ne sera pas remis en question ici. Cependant ceux qui s’opposent à lui, ou disent s’opposer à ses politiques, sont souvent pris dans des contradictions et des alliances fort étranges. Dès avril 2017, Matt Taibbi, un journaliste qui parle russe, avait évoqué un « Putin dérangement syndrome », une forme d’hystérie de masse évoquant une conspiration qui affectait les médias américains. Le dérangement politique n’a cessé de s’aggraver.

Il y a tout d’abord « l’opposition inauthentique », selon le mot de Sheldon Wolin, c’est à dire tous ceux qui appartiennent au parti démocrate mais votent les crédits militaires ou encouragent Trump à déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, voire l’encouragent à faire la guerre à l’Iran ou la Corée du nord. Chuck Schumer est le représentant de cette tendance et il a applaudi le transfert de l’ambassade américaine. Cette opposition inauthentique a aussi contribué à certifier les nominations à la Cour suprême de juges plus que réactionnaires ou de Mike Pompeo en tant que secrétaire d’État et de Gina Haspel qui avait couvert la torture en Thaïlande à la tête de la CIA.

Cette opposition inauthentique existe de puis longtemps et le phénomène n’est pas apparu avec l’élection du bonimenteur en chef. Gore Vidal avait déclaré qu’aux États-Unis « il n’y a qu’un seul parti, le parti des possédants avec deux ailes droites, les Républicains et les Démocrates ». Pour Upton Sinclair le romancier du début du 20ème siècle, les deux partis étaient les « deux ailes du même oiseau de proie ».

Parmi les Républicains qui s’auto-définissent comme « jamais Trump », beaucoup votent les réductions d’impôts pour les plus fortunés qui représentent le vol du siècle. Ils ou elles sont donc contre la vulgarité de Trump, ce qui est fort louable, mais pas contre la ploutocratie triomphante.

Les médias dominants de qualité sont quasiment tous opposés à Trump qu’ils dénoncent à longueur de colonne et à longueur d’antenne assurant ainsi la publicité gratuite qui réjouit l’ancien animateur de TV réalité. Ce que ses médias dénoncent est souvent fort juste mais leur indignation est sélective. L’organisme américain d’analyse des médias nommé FAIR (Fairness and Accuracy In Reporting) note par exemple que MSNBC la chaîne dite progressiste a parlé en un an 455 fois de la prostituée Stormy Daniels avec qui Trump a eu une relation et qu’il a cherché à faire taire en achetant son silence (ce qu’elle avait d’abord accepté) mais pas une seule fois de la guerre au Yémen alors que les États-Unis fournissent les armes et le soutien diplomatique à l’agresseur, l’Arabie saoudite. Donc là encore la personne Trump est visée, à juste titre, mais pour sa goujaterie misogyne pas pour son militarisme qui pourtant est responsable de centaines de morts et de la famine qui tue des enfants au Yémen.

Le parti de la guerre domine les médias

On parle de « parti de la guerre » (war party) aux États-Unis pour évoquer tous ceux, dans les deux partis, qui préfèrent la guerre à la diplomatie. Il est clair que le parti de la guerre a de fervents soutiens parmi ceux qui se décrivent comme progressistes. Hillary Clinton en fait partie, elle a encouragé Obama à faire la guerre en Libye, s’est vanté en rigolant de la mort de Kadhafi mais n’a jamais exprimé de remords concernant non seulement les milliers de morts d’innocents mais aussi le chaos mondial que cette guerre a causé. Elle avait soutenu la guerre de Bush en Irak qui avait déjà mis le feu au Moyen Orient et contribué à l’émergence de l’État islamique. Le parti de la guerre est le jouet du complexe militaro-industriel américain mais se soucie fort peu des conséquences humanitaires, politiques et économiques de la guerre permanente menée par les États-Unis contre une multitude d’États.

En anglais, une phrase de Shakespeare dans la pièce The Tempest (misery acquaints a man with strange bedfellows) est souvent reprise avec de légères modifications pour indiquer que souvent des gens se retrouvent alliés avec de bien étranges comparses. On remplace souvent le mot « misère » par « politique » car effectivement le jeu politique conduit à des alliances ou connivences que l’on pourrait croire contre nature.

Russiagate, l’affaire russe, est un de ces cas notoires. S’il est clair que la Russie espionne les États-Unis, comme les États-Unis espionnent la Russie et écoutent le monde entier par l’intermédiaire de la NSA, il est aussi clair que l’élection américaine de 2016 n’a pas été décidée par les interférences aux effets minimes de la Russie autocratique. Les facteurs qui expliquent l’échec de la candidate démocrate sont connus et tous américains : système électoral inique et archaïque qui permet à un candidat qui a moins de voix de gagner grâce à un collège électoral injuste, influence démesurée de l’argent favorisé par la décision de la Cour suprême dite Citizens United qui autorise des dépenses quasi-illimitées pour un parti politique et surtout élimination de plus d’un million d’électeurs, surtout noirs et latinos, des listes électorales, triche organisée par le GOP (parti républicain) dans les États dirigés par ce parti. Ajoutons à ces facteurs la présence d’une mauvaise candidate militariste et trop proche des milieux d’affaires pour les Démocrates, Clinton, qui n’a pas jugé utile de s’adresser aux perdants de la mondialisation dans les États clés, triche interne au parti démocrate visant Sanders, révélée par Wikileaks mais immédiatement gommée par des accusations visant la Russie.

Dès la révélation de la triche interne au parti démocrate, la Russie a été accusée. L’accusation a permis d’éliminer du débat public le fait, avéré, que l’équipe Clinton avait triché pour éliminer Sanders. Puis, la défaite de Clinton a conduit à une focalisation médiatique sur les interventions, réelles ou supposées, de la Russie. Avec la focalisation sur la Russie, il n’est plus besoin de parler du racisme qui a permis de purger les listes électorales d’électeurs noirs, plus utile de parler des interférences israéliennes ou pro-israéliennes dans la vie politique américaine. Ainsi Netanyahou s’est rendu aux États-Unis pour parler au Congrès sans en aviser Obama et pour critiquer la politique étrangère du pays dont il était l’hôte (2015). Il se vante également d’avoir déterminé la politique de Trump sur le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien.

Le New York Times, qui est la voix officielle des liberals et le journal de référence des élites intellectuelles et politiques, évoque très peu les problèmes que pose le parti de la guerre dont il a fait partie en ce qui concerne l’Irak, mais est focalisé sur les pitreries, mensonges et magouilles de Trump, qui bien évidemment sont nombreux mais servent aussi à occulter des phénomènes importants. La goujaterie sexiste de Trump est évidemment significative mais le réchauffement climatique et la casse environnementale de son administration devraient certainement retenir tout autant l’attention médiatique.

Les médias dominants de qualité ont répété à l’envi que Flynn avait dû démissionner car le FBI avait enregistré ses conversations avec l’ambassadeur russe et qu’il avait menti sur celles-ci. Vrai, mais très incomplet. Flynn qui est un islamophobe réactionnaire était cependant un agent d’influence pour la Turquie et sa conversation du 22 décembre 2016 avait été cornaquée par Jared Kushner et Netanyahou qui souhaitaient que la Russie mette son véto à une résolution à l’ONU à laquelle l’administration Obama n’avait pas l’intention de s’opposer. Il y avait donc bien eu interférence d’une puissance étrangère mais, en l’occurrence, il s’agissait de celle d’Israël et la Russie n’avait pas écouté les conseils de Flynn.

L’affaire russe gomme tous les problèmes américains

Dans ce climat de guerre froide dans lequel la Russie est le thème central des débats américains de biens étranges rapprochements s’opèrent. La gauche, ou ce qu’il en reste, s’est mise à vénérer les services secrets américains, ce que déplore Jeremy Scahill du site The Intercept. Alors que l’histoire de ces services secrets et leurs activités récentes montrent que la gauche est dans le collimateur de ces services, elle soutient ceux-ci et considèrent l’enquête du procureur Mueller comme essentielle dans sa lutte contre Trump. Récemment James Comey, que les liberals vénèrent après l’avoir honni, s’est permis de donner un conseil politique aux Démocrates : « surtout ne vous précipitez pas vers la gauche socialiste », certainement en réaction au succès, lors d’une élection primaire, d’une démocrate new yorkaise, Alexandria Ocasio-Cortez, bien plus à gauche que Clinton. Cette citation montre qu’il n’y a pas impartialité des services secrets qui s’opposent toujours aux idées de gauche.

Les échanges entre deux ex-agents du FBI, Peter Strzok et Lisa Page avaient déjà montré que les services secrets voulaient empêcher Trump d’accéder au pouvoir et donc n’étaient pas impartiaux. La gauche semble incapable de dépasser un cadre purement manichéen pour appréhender la catastrophe ploutocratique qu’est Trump et a adopté en miroir une technique simpliste du président bonimenteur. On sait que Trump est animé d’une hostilité envers Obama qui le conduit à tenter de faire tout le contraire de qu’avait fait le premier président noir. Les Démocrates adulent tous ceux qui critiquent Trump et en viennent à saluer McCain pour ses saillies anti-Trump oubliant que celui-ci est un leader du parti de la guerre qui, comme Trump, pousse pour que les États-Unis fassent la guerre à l’Iran. Même le terrible George W. Bush qui, avec Cheney, a mis le feu au Moyen Orient et suscité un regain du terrorisme a droit à des égards.

Le simplisme réactif d’une grande partie des médias dits progressistes s’énonce ainsi : « Trump, mauvais, pas-Trump, bon ». Donc même Sanders, que le camp Clinton avait déjà commencé à accuser d’être une marionnette de Poutine, est pris dans ces filets manichéens et vénère le procureur Mueller dont on sait pourtant qu’il fait partie de ceux qui ont affirmé au Congrès que l’Irak avait des armes de destruction massive, un mensonge ou un signe d’incompétence massif.

Avec le Russiagate une partie de la gauche est devenue maccarthyste, alors même que, comme le montre la citation de Comey, elle est une des cibles de ce nouveau conformisme imposé. Déjà en 2017 le Washington Post avait publié la liste de 200 sites accusés par une organisation qui avançait masquée sous le nom de PropOrNot d’être des lieux de propagande russe et incluait de très nombreux sites de gauche qui n’expriment aucune admiration pour Poutine mais refusent les récits officiels des services secrets américains. La fréquentation de ces sites a baissé depuis l’apparition d’accusations de collusion avec la Russie et sa propagande.

Le néo-maccarthysme ressemble à l’ancien

Durant le maccarthysme des années 50, on sait que dans le cas des époux Rosenberg, seul Julius était un agent soviétique, d’importance très moyenne, mais sa femme Ethel, était innocente. Elle a été utilisée par les services secrets pour obtenir une confession de son mari mais elle fut exécutée comme lui. Un autre espion soviétique, Klaus Fuchs, fut arrêté en Grande-Bretagne et condamné à neuf années de prison. La Grande-Bretagne a montré qu’il était possible de lutter contre l’espionnage de façon rationnelle et juste. Les États-Unis eux avaient choisi d’utiliser un cas d’espionnage pour en faire un instrument de contrôle politique général. La lutte contre le communisme, qui n’était pas très présent aux États-Unis, a surtout permis de saboter toute pensée de gauche. Le FBI, par exemple, n’a pas hésité à accuser Martin Luther King ou Nelson Mandela d’être des communistes ou terroristes.

La lutte contre le communisme aux États-Unis n’avait qu’un lointain rapport avec la compétition géopolitique avec l’Union soviétique totalitaire mais a servi à casser les idées progressistes. Aujourd’hui nous assistons à un phénomène très semblable avec la Russie autocratique, mais qui n’a pas les moyens de décider ce qui se passe sur la scène politique américaine.

Les mêmes techniques de propagande ont été employées pour l’Irak : Saddam Hussein, que l’Occident adorait lorsqu’il semblait être un rempart contre l’Iran, fut soudain comparé à Hitler et présenté comme un danger pour le monde entier. Il n’était qu’un voyou local encouragé par ses soutiens occidentaux et arabes mais il fut constitué en menace existentielle ce qui permit de faire la guerre dans l’espoir de remodeler le Moyen Orient. Le chaos actuel vient en grande partie de cet hubris et de la propagande qui l’a accompagné.

Ainsi, les quelques marques d’espionnage russe, qui sont sans commune mesure avec ce que font les États-Unis eux-mêmes ou encore la Chine et Israël, servent à délégitimer Trump l’individu mais surtout la gauche et ses idées, et comble de l’ironie ou exemple de la décomposition de la pensée, les progressistes, en grande partie, collaborent à leur propre éradication.

Ray McGovern, un ex-agent de la CIA cite souvent une phrase d’un ancien directeur de ce service secret, William Casey, disant que « Nous saurons que notre programme de désinformation sera terminé lorsque tout ce que le public américain croira sera faux » Il s’agit peut-être d’une boutade mais Casey qui est décédé en 1987 a quasiment obtenu gain de cause avec l’affaire russe qui, non seulement fait de Poutine un Superman, mais élimine toute discussion suivie et rationnelle des nombreux problèmes qui affectent les États-Unis.

Glenn Greenwald, le journaliste américain qui, avec Laura Poitras, a permis les révélations, aujourd’hui oubliées, d’Edgar Snowden sur la NSA, fait partie de ceux qui déconstruisent bien l’affaire russe ce qui lui vaut d’être calomnié et accusé d’être la dupe de Poutine ou même un agent russe. Chomsky quant à lui considère que cette histoire est une blague sans approuver la Russie qu’il juge, à juste titre, brutale. Ces voix de gauche n’ont jamais été aussi minoritaires, écrasées par la propagande soi-disant progressiste de MSNBC où Rachel Maddow est obnubilée par Poutine et cesse littéralement de penser.

Pour l’immense majorité des médias américains, il n’y a plus de politique mais un spectacle hollywoodien avec un seul méchant, Trump-Poutine, et des États-Unis exceptionnels, vertueux et démocratiques. Un conte de fée qu’autrefois la gauche déconstruisait.

P. G.

Notes

1- https://www.rollingstone.com/politics/politics-features/putin-derangement-syndrome-arrives-114557/

2- Voir son livre : Democracy Incorporated: Managed Democracy and the Specter of Inverted Totalitarianism, Princeton : Princeton University Press, 2008.

3- http://thehill.com/homenews/senate/387566-schumer-applauds-trump-on-moving-us-embassy-to-jerusalem

4- http://dailybail.com/home/gore-vidal-our-only-political-party-has-two-right-wings-one.html

5- https://fair.org/home/action-alert-its-been-over-a-year-since-msnbc-has-mentioned-us-war-in-yemen/

6- https://www.youtube.com/watch?v=mlz3-OzcExI

7-https://www.ineteconomics.org/uploads/papers/Ferg-Jorg-Chen-INET-Working-Paper-Industrial-Structure-and-Party-Competition-in-an-Age-of-Hunger-Games-8-Jan-2018.pdf

8- https://www.truthdig.com/articles/donna-brazile-reveals-proof-dnc-rigged-primaries-favor-hillary-clinton/

9-https://www.thenation.com/article/the-trump-team-definitely-colluded-with-a-foreign-power-just-not-the-one-you-think/

10-https://theintercept.com/2018/07/25/double-negative-trump-putin-and-the-destruction-of-political-intelligenc/

11- http://thehill.com/blogs/blog-briefing-room/398279-comey-to-dems-dont-lose-your-minds-and-rush-to-the-socialist-left

12- https://consortiumnews.com/2018/07/23/moon-strzok-no-more-lisa-page-spills-the-beans/

13- https://archives.fbi.gov/archives/news/testimony/war-on-terrorism

14-https://www.washingtonpost.com/business/economy/russian-propaganda-effort-helped-spread-fake-news-during-election-experts-say/2016/11/24/793903b6-8a40-4ca9-b712-716af66098fe_story.html?noredirect=on&utm_term=.48dae26a3482

15- https://fair.org/home/backlash-against-russian-fake-news-is-shutting-down-debate-for-real/

16- Lire : Ellen Schrecker, Age of McCarthyism: A Brief History With Documents, Boston, Bedford/St Martins, 2002 ainsi que son article dans The Nation du 21 mai 2018 « Trumpism Is the New McCarthyism » dans lequel elle compare Trump à McCarthy et mentionne Roy Cohn qui fait le lien entre eux.

17-http://raymcgovern.com/2018/03/15/ray-mcgovern-of-vips-explains-how-the-cia-infiltrated-the-media-includes-william-casey-quote-from-feb-1981-re-getting-the-media-to-our-bidding-gordon-dimmack-video/

18- https://www.jacobinmag.com/2018/04/russiagate-surveillance-politics-russian-trolls-greenwald

19- https://www.youtube.com/watch?v=x6qk01yq-dY

20-https://theintercept.com/2017/04/12/msnbcs-rachel-maddow-sees-a-russia-connection-lurking-around-every-corner/

Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

Site : http://www.recherches-internationales.fr/

Auteur
Pierre Guerlain, Université Paris Nanterre

 




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Ismaïl Kadaré, lorsque la littérature ouvre à l’humanité

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Livres de Kadaré

Continuons notre périple d’entraînement à la passion de lecture pour une génération qui n’a pas été aussi francophone que nous l’étions mais qui en a certainement les capacités et l’envie.

Il s’agit aujourd’hui de partager une expérience de vie, un processus de connaissance qui s’épanouit au fur et à mesure du temps et pour lequel la littérature, si elle n’a pas été le facteur unique, en est le ressort déterminant.

L’Albanie, dans ma jeunesse algérienne, nous n’en connaissions rien ou à peu près rien si ce n’est sa position géographique. La raison est double, notre jeune âge mais aussi les conditions de repli historique dans lesquelles se trouvait ce pays, à cette époque.

Et comme toujours, l’inculture mène au pire comme elle peut pousser au meilleur. Pour moi ce fut le second cas car j’avais soif de connaître cette entité si étrange, un peu comme la Corée du Nord, sauf que son dirigeant était plus discret et donc moins fantasque.

L’occasion m’en a été donnée avec mes études à Paris, à Sc Po où il était aussi impossible d’ignorer l’Albanie qu’un étudiant en médecine, la localisation du foie. Et juste à cette période, avec l’ouverture plus marquée de ce pays, voilà que nous découvrons un écrivain albanais qui allait nous enchanter, aussi bien par ses interventions médiatiques que par ses merveilleux romans.

Ismaïl Kadaré n’est pas le seul écrivain albanais de talent, bien entendu, mais sa francophonie impeccable et sa magnifique prestance lors de ses interventions nous ont immédiatement persuadés de ce que, normalement notre instruction nous avait préparé mais sans en avoir une expérience concrète, l’Albanie est loin d’être le pays aussi caricatural que ne le laissait croire notre ignorance à son sujet.

D’Ismaïl Kadaré, je ne peux choisir une œuvre entre toutes car tous ses écrits sont d’une égale qualité. Lorsqu’on lit un livre de cet auteur, on lit un « Kadaré ». Mais s’il fallait vous en recommander un, il n’est pas si absurde de vous orienter sur celui qui eut le plus de retentissement, « Le général de l’armée morte ».

Pur intellectuel, Ismaïl Kadaré nous éblouit par sa parfaite maîtrise du français mais à un tel niveau, la langue importe peu, c’est le génie littéraire qui rend l’universalisme, ceux des grands écrivains.

Je fais très peu cas des parcours personnels des grands auteurs lorsque j’en présente un aux lecteurs algériens. Mais il est utile de comprendre l’itinéraire particulier de cet homme, fait député dans son pays à régime communiste puis tombé en disgrâce pour un exil forcé en France où il obtint l’asile politique.

Ismaïl Kadaré fut servi par une époque où les opposants du bloc de l’Est étaient les bienvenus pour participer à une certaine propagande des pays de l’Ouest. Mais dans son cas, comme dans celui de certains autres, l’exemple ni les arguments n’étaient usurpés pour lui accorder une telle place.

La littérature, c’est souvent le reflet de l’âme d’un peuple dirait un jeune lycéen dans sa copie. Ismaïl Kadaré est plus que cela, c’est l’âme d’une humanité qui a voulu conquérir sa liberté.

Ne soyez surtout pas effrayés par cette dernière précision, il n’est pas compliqué à lire et reste un immense romancier. Ces derniers sont toujours des conteurs d’histoires, abordables et plaisants. Ce sont des histoires qui sont mille fois plus efficaces que tous les essais et traités les plus obscurs, comme ce qui définit Zola pour le roman social du XIXème siècle.

Bonne lecture et rappelez-vous mon conseil permanent, ne soyez pas emprisonnés par une réputation ou un conseil de lecture. Il ne sont là que pour vous inciter à lire, si possible avec le plus grand plaisir, certainement pas pour vous obliger à une posture convenue et hypocrite.

Si vous n’aimez pas, ne vous en formalisez pas, au moins auriez-vous fait l’acte le plus important de la formation de votre esprit critique, lire et savoir des autres.

Sid Lakhdar Boumediene, enseignant
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Les jeunes des classes 2008 et 2009 jusqu’à 2013 appelés à régulariser leur situation

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Selon le ministère de la Défense

Les jeunes des classes 2008 et 2009 jusqu’à 2013 appelés à régulariser leur situation

La Direction du Service national du ministère de la Défense nationale (MDN) appelle les citoyens des classes 2008 et 2009 jusqu’à 2013, ayant achevé ou abandonné leurs études, au plus tard, le 31 décembre 2014, à se rapprocher des centres ou des bureaux du Service national de rattachement, pour régulariser leur situation vis-à-vis du Service national, indique dimanche le ministère de la Défense nationale (MDN) dans un communiqué.  

«La Direction du Service nationale porte à la connaissance des citoyens de la classe 2008 (nés entre le 1er janvier 1988 et le 31 décembre 1988) et ceux des classes 2009 jusqu’à 2013 (nés entre le 1er janvier 1989 et le 31 décembre 1993), ayant achevé ou abandonné leurs études au plus tard le 31 décembre 2014 et qui ne sont pas en situation d’insoumission vis-à-vis du Service national, qu’ils sont appelés à se rapprocher des centres ou des bureaux du Service national de rattachement, en vue de procéder à la régularisation de leur situation vis-à-vis du Service national», précise la même source. 

 Les citoyens concernés, sont appelés à se rapprocher des centres ou bureaux du Service national selon le calendrier suivant : «du 12 au 16 août 2018 pour ceux nés entre le 1er janvier et le 31 mars, du 19 au 23 août 2018 pour ceux nés entre le 1er  avril et le 30 juin, du 26 au 30 août 2018 pour ceux nés entre le 1er juillet et le 30 septembre, et  du 2 au 6 septembre 2018 pour ceux nés entre le 1er octobre et le 31 décembre», ajoute la Direction du Service national qui appelle les citoyens concernés, à fournir une copie de «la pièce d’identité et du certificat du niveau scolaire».

Auteur
APS

 




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Bombardements et combats intensifs contre l’EI dans le désert de Soueida

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Syrie

Bombardements et combats intensifs contre l’EI dans le désert de Soueida

Pendant que les regards se tournent ailleurs, la guerre se poursuit en Syrie. Les forces du régime de Bachar al Assad, revigorées par leurs dernières victoires avec l’appui russe et du Hezbollah, poursuivent leur offensive. Dimanche, ils bombardaient intensivement une zone désertique tenue par le groupe Etat islamique (EI) près de la province de Soueida, dans le sud de la Syrie, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

« Les bombardements et les combats entre les forces du régime et l’EI se sont intensifiées au cours de la soirée et se poursuivent à l’heure actuelle », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. 

« Le régime avance aux abords nord et nord-est de Soueida » adjacents à la partie désertique de la province méridionale, a-t-il ajouté. 

Cette opération militaire serait « le début d’une offensive du régime pour déloger l’EI de cette poche » dans la Badiya (désert) de Soueida, a poursuivi M. Abdel Rahmane, selon lequel « d’importants renforts militaires ont été amassés » par les forces loyalistes. 
 

Ces combats et bombardements interviennent alors que la Russie a échoué dans ses négociations pour faire libérer une trentaine d’otages civils enlevés par l’EI le mois dernier, au terme d’une série d’attaques coordonnées contre la province de Soueida, ayant fait plus de 250 morts. Dimanche, l’OSDH et le média en ligne Soueida24 ont annoncé la décapitation d’un des otages de l’EI, un étudiant de 19 ans.

Cette guerre dure depuis pratiquement 2011. Le régime après avoir failli tomber en 2014 a repris la plupart des zones tenues par les rebelles. Damas vient de reconnaître la mort de 10 000 prisonniers. Mais selon plusieurs ONG, on est loin du compte. 

Auteur
La rédaction/AFP

 




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Mobilisation citoyenne pour retrouver la petite Ikram disparue à Tiaret

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SOS disparition

Mobilisation citoyenne pour retrouver la petite Ikram disparue à Tiaret

Les recherches qui ont été déclenchées afin de tenter de retrouver la petite Ikram Khanna, une fillette de 10 ans porté disparu depuis dimanche 29 juillet, se poursuivent.

Le portrait grand format de la petite Ikram sera diffusé sur les réseaux sociaux. Des avis de recherche seront distribués. De nombreux internautes ont demandé que les autorités judiciaires opèrent des perquisitions dans certaines maisons soupçonnées, d’autres travaillent sur la diffusion massive du portrait de cette enfant disparue.

De nombreux citoyens postent des messages sur facebook, émus par la détresse des proches d’Ikram. 
 

Par ailleurs, les enquêteurs de la sûreté de wilaya et du groupement territorial de la gendarmerie nationale nationale relevant de la wilaya de Tiaret, étudient toutes les hypothèses pour expliquer la disparition de l’enfant. Aucune piste n’est exclue de la part des limiers de la gendarmerie, incluant évidemment celle d’un enlèvement. Toutes les voies sont étudiées et les hypothèses mises sur la table des enquêteurs pour retrouver la disparue et élucider sa disparition. Les recherches se poursuivront jour et nuit, nous a-t-on indiqué.

Cependant, à l’heure actuelle aucune piste sérieuse n’a fait avancer l’enquête.

Nous y reviendrons…
 

Auteur
Khaled Ouragh

 




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La société algérienne doit donner sa chance à sa jeunesse

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Otage d’octogénaires

La société algérienne doit donner sa chance à sa jeunesse

Image retirée.La violence contre soi ou la violence sociale tout court est presque toujours la conséquence d’une demande de parole ou d’écoute refusée. Cela explique le recours de certains de nos jeunes, ces dernières années, à l’immolation par le feu et au suicide pour exprimer leur mal-être.

Des phénomènes dangereux qui deviennent leurs modes opératoires préférés face à l’autisme et à la surdité des pouvoirs publics à leurs doléances. Il est clair que ce n’est pas un prêt de l’A.N.S.E.J ou l’octroi d’un logement social qui va rendre à ces jeunes-là l’estime de soi, mais c’est l’ouverture d’un canal de communication qui leur permettra de verbaliser, dans une totale liberté, leurs refoulés et leurs ressentiments. D’autant que tout individu possède un potentiel d’agressivité qui, lorsqu’il ne trouve pas d’issue normale s’accumule. Et pour se libérer, l’individu risque de recourir au passage à l’acte violent. 

Cette agressivité peut aussi se retourner sur le moi propre, et c’est le suicide. «On ne se tue, écrit un jour André Malraux, que pour exister», c’est-à-dire moins pour se tuer que pour tuer la vie «misérable» qu’on mène. Une sorte de revanche symbolique sur notre précarité matérielle, émotionnelle, existentielle. Comme ne pas voir là des symptômes, des signes d’alerte dans cette société, la nôtre, anxiogène, pathogène et surtout «tabou-gène».

Une société qui n’a pas, de surcroît, apporté des réponses adéquates au défi de la modernité. La complexité de la situation de nos jeunes peut mener à la multiplication dans l’avenir d’actes de désespoir, à défaut de relais à même de combler ce «communication gap» avec la société et absorber leurs frustrations collectives. Celles-ci, si jamais condensées, seraient une onde de choc d’une violence incontrôlable. En tout cas, l’instabilité sociale n’est pas une simple affaire à gérer par la seringue de la démagogie et du dopage rentier, mais par une pédagogie utile de la parole et par la bonne gestion des affaires de la Cité.

Autrement dit, il faut combiner deux méthodes. D’un côté, essayer d’écouter la jeunesse, la comprendre, lui tendre la main, la laisser s’exprimer et agir dans l’autonomie. De l’autre, lui donner l’assurance qu’elle vit dans un Etat de droit où il n’y a pas d’abus et d’impunité pour ceux qui pillent les richesses de son pays. 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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Le mentir/vrai du poète et la langue de bois

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Regard

Le mentir/vrai du poète et la langue de bois

On connaît la notion du ‘’mentir/vrai’’ du poète Louis Aragon. Cette sorte d’oxymore est une singulière approche de la littérature qui s’appuie sur un fait réel pour le transformer en une fiction grâce à la virtuose des mots.

Le but du poète est de révéler les dessous d’une vérité. La langue de bois, elle, louvoie et jette des tombereaux de terre sur le fait du réel pour empêcher que surgisse une vérité gênante. La langue de bois sévit un peu partout, elle a presque acquis le statut de langue ‘’universelle’’. Chez nous par exemple, l’infâme histoire du bébé mort-né remis à son père dans un rebut de cartons de médicaments, a étalé au grand jour la langue bois qui a fait ‘’épanouir’’ le mensonge bureaucratique de l’administration hospitalière.

Ce mensonge nous renseigne sur la langue de bois, la pire de toute, celle des bureaucrates. En effet au lieu d’apaiser la situation, ces bureaucrates s’enfoncent dans les marécages du mépris et de la bêtise en avançant ‘’l’argument-choc’’ :‘’nous avons fait ce qui se fait dans tous les hôpitaux algériens’’. Ce n’est pas parce que le voisin fait une connerie quand on va le suivre dans sa débilité (1). Voilà où mène le fameux raisonnement qui fait appel à la technique bêbête de la comparaison… Passons à un autre sujet concernant les ravages du mensonge par fourberie dans l’univers des arcanes de la politique internationale…

Ainsi donc, cette notion du ‘’mentir/vrai’’ a traversé mon esprit quand j’ai entendu les habituels ‘’spécialistes’’ dans certains médias reconnaître la défaite de l’Occident en Syrie. Je me suis dit à la bonne heure, ‘’nos spécialistes’’ renouent avec le sens des réalités. J’ai vite déchanté car derrière cet aveu sur leurs mensonges d’hier, ils avançaient masqués pour mieux rajouter une couche de terre sur leur aveu d’aujourd’hui. On révélera plus loin ce qui se cache derrière cet aveu inattendu et tard.  Car contrairement au poète qui ‘’ment’’ pour aider à dépister le mensonge, ‘’nos spécialistes’’ mentent pour brouiller les pistes et ne jamais payer pour leurs sordides manipulations des opinons.

S’agissant de la Syrie, l’Occident, avec sa machine médiatique, a construit un conte de fée, un récit pour jeter un voile ‘’pudique’’ sur les véritables raisons de son aventure syrienne. Il délégua cette entreprise à ses obligés ‘’spécialistes’’. Lesquels avaient pour cela des ingrédients pour balader l’opinion. Le méchant truand (le dictateur Assad) (2), le bon peuple syrien et l’Occident au grand cœur défenseur de la veuve et de l’orphelin. Le scénario doit être clair et simple car il ne faut pas ennuyer le spectateur. On va donc vite oublier que le dit dictateur syrien avait été invité, excusez de peu à Paris, et s’il vous plait, le 14 juillet fête de la révolution française.

En revanche on n’oublie pas que l’Occident a des comptes à régler avec ce monsieur qui ne veut pas pactiser avec Israël, le voleur prédateur de 1200 km2 de son pays. On en veut à ce monsieur d’autant plus qu’il est un allié d’un pays, l’Iran qui l’empêche de dormir. Une fois l’écriture de ce scénario terminé, on passe à la mise en scène en commençant par ouvrir le bal avec les trempettes de Jéricho qui sied à cette région, asile de trois religions. On serine alors aux oreilles des gens une leçon d’histoire et de science politique qui ferait pâlir de jalousie les charlatans de tous bords. Ainsi, la Syrie pays dont l’histoire se perd dans la nuit du temps apparaît dans leur leçon de chose comme une vulgaire république bananière aux mains d’un Assad esseulé et tenant debout grâce uniquement à une armée et une police aux ordres. Un pauvre esseulé qui a réalisé un tel exploit en gagnant une pareille guerre sans évidemment avoir une réelle base sociale qui le soutient, relève de la fable du superman chère à l’imaginaire américain. Trêve de plaisanterie, un esseulé n’aurait pas attiré les faveurs de grandes puissances pour miser sur ce ‘’looser’’ dont on annonçait la chute chaque mois. Des puissances qui montent qui montent et qui ne lésinent pas à le soutenir en armement bien sûr mais aussi avec le sang de leurs soldats.

Quant à La leçon de chose sur leurs amis ‘’rebelles’’, elle est un chef d’œuvre de la culture du mensonge. Ces amis sont affublés d’abord du qualificatif de ‘’révolutionnaires’’ et de ‘’démocrates’’. Quand l’opinion internationale a appris la nature de leurs comportements à l’encontre des mécréants, des ‘’hypocrites’’ (chiites) et des chrétiens, on se contenta du mot ‘’rebelle’’ plus modeste. Et ce n’est pas fini, le mensonge grossier dans sa vulgarité, c’est le silence ou les petits murmures sur les sponsors de cette ‘’révolution/rébellion’’, une association de féodaux les finançant non pas pour les beaux yeux du peuple syrien mais pour s’en servir de chair à canon contre l’Iran qui les tétanise. Et enfin suprême mensonge, c’est le bonheur ressenti quand ‘’on’’ cria inlassablement de joie à la ‘’victoire’’ de la coalition  occidentale sur Daech. Une coalition qui a rasé Raqqa d’où se sont volatilisés les Daech vers d’autres régions pour continuer leur tuerie (250 morts à Soueida à la voiture piégée). Raqqa ville martyrisée devenue un cimetière de la population écrasée lâchement et sans pitié par des bombardements inouïs.

Venons-en au petit aveu inattendu de ‘’nos spécialistes’’ sur la défaite de l’Occident et donc la victoire du vil dictateur ‘’esseulé’’. Selon leurs explications, la défaite de leurs amis est due au manque d’aide de l’Occident. On a bien entendu manque d’aide, comme c’est bizarre. Vous nous avez chanté jadis que la coalition avait emporté une victoire décisive en ‘’libérant’’ Raqqa. Vous disiez non sans fierté que les forces spéciales de la coalition, entraînaient et encadraient les forces ‘’rebelles’’ armées de redoutables roquettes capables d’abattre des avions et de pulvériser les chars ‘’d’Assad’’. Une armée dotée de chars dont les troupes et leurs familles sont nourries et blanchie et vous osez dire que l’Occident ne les a pas suffisamment aidés. Quel pitoyable mensonge ! En réalité messieurs les ‘’spécialistes’’, vous mentez pour cacher une vérité, la vérité sur la nature de l’aventure syrienne.

En vérité les dessous de la défaite sont à chercher ailleurs… Les obstacles rencontrés sont d’ordre politique aux dessus des possibilités de cet Occident qui a perdu de sa superbe (garantir à la fois la sécurité des pays du Golfe et d’Israël). Mais aveuglés par son arrogance, il a surestimé ses forces et sous-estimé celles de ses adversaires pour défendre vos intérêts économiques et géostratégiques. Le juteux commerce avec les pays du Golfe et la nécessité impérieuse de garder le contrôle des voies maritimes et ainsi assurer vos approvisionnements en pétrole et gaz ont sans doute dérégler s calculs.

Le petit aveu sert aussi à chanter les bienfaits de la sempiternelle liberté d’expression où tout le monde peut exposer ses opinions. Oui certes, la liberté d’expression est précieuse mais quand c’est toujours les mêmes qui en bénéficient,  on a quelques raisons de douter de l’universalité de la chanson. 

Enfin l’aveu sert à ne pas ouvrir une petite fissure dans la vision du monde de ceux qui se croit dépositaire de la vérité comme jadis les rois de droit divin. Une vision du monde réductrice qui par exemple exagère les facteurs idéologiques (les passions humaines, les rivalités religieuses sunnites/chiites etc) pour mieux occulter le véritable moteur du monde qui roule avec d’autres carburants… Quand on voit des ‘’spécialistes’’ se tromper en un laps de temps si court et dans un monde où rien ne peut plus être caché éternellement, on se dit que le mensonge imbécile est peut être pire que l’ignorance…

A.A.

Notes

(1) Dans les souvenirs qui me restent de l’enfance, il y a cette recommandation de ma mère, ya oualdi, n’oublies pas de respecter les morts, d’une part parce qu’ils ne peuvent pas se défendre, d’autre part parce qu’ils sont dorénavant dans les mains de dieu. Zaman ya zaman, une époque où la croyance populaire dans son expression simple avait une autre idée du rapport à la vie que celle de la langue de bois  bureaucratique.

(2) La dictature du régime de Bachar Assad ne date pas d’aujourd’hui. Son père déjà avait la main lourde avec les opposants et les militants qui voulaient dénoncer la répression, trouvaient les portes des médias fermées. Aujourd’hui le problème réside dans l’invasion du pays par des puissances étrangères qui veulent démembrer ce pays. Et aujourd’hui, les mêmes médias ferment leurs portes à ces mêmes militants qui veulent que le peuple syrien conquiert la démocratie sans le démembrement de son territoire par des intrus étrangers aux pays.

Auteur
Ali Akika, cinéaste

 




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