Le chiffre de 43 000 morts palestiniens sous les bombes israéliennes ne choque plus personne. Et ne fait plus l’actualité. Gaza où la vie est une mort lente n’intéresse plus les médias du monde ni les lecteurs.
The Lancet a publié un article dans lequel il estimait qu’environ 186 000 décès au total étaient dû à la guerre dans la bande de Gaza. Le chiffre est particulièrement effrayant, insoutenable pour seulement une année de guerre. Et ce n’est pas fini !
La mort ordinaire d’un peuple exterminé par une armée suréquipée par la première puissance mondiale laisse indifférente l’humanité.
Incapable d’enrayer la machine de la mort lancée par Benyamin Netayahu, chaque pays est désormais rendu à s’occuper de ses petites affaires et combines internes.
Les pays arabes, notamment les richissimes monarchies ne font même plus l’effort de faire semblant de condamner. Ou de s’énerver. La fantomatique Ligue arabe, placée sous la botte de dictateurs en couronnes ou en casquette, a montré sa couardise. Israël a interdit l’Unrwa qui apporte le peu d’aide aux réfugiés ! Qui s’en soucie ? Même l’Onu est incapable d’influer en quoi que ce soit dans cette guerre.
Près de 2 millions de Gazaouis dorment sous des taudis dans une bande de Gaza dévastée.
Des enfants sont brûlés vifs par les bombardements israéliens ? L’apocalypse s’invite chaque heure devant ce peuple déhumanisé par l’ennemi. Qui s’en émeut ? Silence on tue à Gaza par les bombes. Par la faim et les maladies. On tue aussi au Liban. Comme au Soudan et dans l’Azawad ou en Ukraine. Pendant ce temps, le monde regarde le sacre de Donald Trump.
L’arrivée de ce nervi de la politique à la Maison Blanche est sans doute un moment de bascule du monde dans l’inconnu. Tout le premier ban et l’arrière-ban des dictateurs et présidents de dictatures les plus abouties ont salué le 47e président des Etats-Unis.
Pendant ce temps donc, des dizaines de milliers d’enfants et de femmes palestiniens sont affamés, sans le toit et à la merci des bombes et des humiliations des soldats israéliens. Tous les cris d’alarme de l’ONU et des organisations des droits humains se sont brisés devant le cynisme froid du premier ministre israélien et de ses soutiens d’extrême droite.
Après avoir rendu Gaza à l’état du Moyen âge, l’armée israélienne s’emploie à faire de même pour le Liban. Au moment où les républicains, les évangéliques et autres millénaristes américains célèbrent l’arrivée de leur champion à la Maison Blanche, l’armée israélienne a lancé mercredi 6 novembre un nouvel appel aux habitants de la banlieue sud de Beyrouth pour qu’ils évacuent deux secteurs où elle va mener des frappes aériennes.
Ce jour, cette nuit donc un peuple fermera les yeux sous les bombes israéliennes. Ailleurs, dans le monde, l’horloge de l’humanité continue, dans l’indifférence générale, de tourner dans le sens inverse du temps.
Donald Trump est donné en tête dans la course à la Maison Blanche face à Kamala Harris. Deux présidents, Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahu, l’ont déjà félicité pour sa victoire.
« Aujourd’hui, nous écrivons l’Histoire. » Donald Trump a revendiqué sa victoire à l’élection présidentielle américaine depuis la Floride, mercredi 6 novembre. « Je remercie les électeurs de m’avoir élu 47e président », a-t-il déclaré alors que les résultats définitifs sont toujours attendus.
Si le candidat républicain a tenu ce discours, il lui manque trois grands électeurs pour avoir la majorité (fixée à 270). Donald Trump dispose de 267 des 270 voix électorales nécessaires pour remporter la Maison Blanche. Et il est en tête dans les élections clés qui restent à déterminer, notamment dans le Etats du Michigan et du Wisconsin.
Sans même attendre lannonce des résultats officiels, deux présidents ont déjà félicité le nouveau président américain.
« Félicitations pour le plus grand retour de l’histoire ! », a écrit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur X. « Votre retour historique à la Maison Blanche offre un nouveau départ pour l’Amérique et un puissant réengagement envers la grande alliance entre Israël et l’Amérique. »
Le président français Emmanuel Macron a posté sur X : « Prêts à travailler ensemble comme nous avons su le faire pendant quatre ans. Avec vos convictions et les miennes. Dans le respect et l’ambition. Pour plus de paix et de prospérité. »
Si l’on sait les raisons piur lesquelles le premier ministre israélien est l’un des premiers à se réjouir de la victoire de Donald Trump, on ignore pourquoi le président français s’est-il empressé de féliciter Trump ? A croire qu’il a des choses à se reprocher !
Trump, dont la carrière politique a été définie par la division et l’acrimonie, selon Associated Press, a déclaré au public lors de sa soirée électorale mercredi matin qu’il était « temps de s’unir » en tant que pays.
« Il est temps de mettre derrière nous les divisions des quatre dernières années », a déclaré M. Trump. « Il est temps de s’unir. »
« Nous devons donner la priorité à notre pays pendant au moins un certain temps », a-t-il ajouté.
Le républicain Donald Trump creuse l’écart devant la démocrate Kamala Harris. Le fantasque candidat de toutes les droites réactionnaires est pour l’instant en tête dans la course aux grands électeurs face à Kamala Harris.
Les résultats finaux vont tomber dans quelques minutes mais déjà Donald Trump a remporté deux Etats décisifs pour son duel face à Kamala Harris et les républicains ont pris le contrôle du Sénat, renforçant encore davantage la confiance qui règne mercredi dans son camp.
Ce matin de nombreux médias américains annoncent déjà la victoire de Donald Trump.
Les bureaux de vote ont fermé dans tous les États-Unis avec la fermeture des derniers bureaux de vote en Alaska à 6h TU. Des millions de personnes ajoutent leurs voix aux plus de 80 millions de bulletins déjà déposés de manière anticipée ou envoyés par voie postale, pour cette élection présidentielle.
Selon les projections de médias américains, le républicain Donald Trump est donné vainqueur de nombreux États dont la Floride et l’État clé du Caroline du Nord et remporte près de 247 grands électeurs, tandis que la démocrate Kamala Harris est créditée de 214 grands électeurs avec notamment l’État de New York et la Californie.
Pour la première fois en quatre, les républicains sont majoritaires au Sénat. Grâce à leur victoire en Virginie-Occidentale et dans l’Ohio, le parti de Donald Trump est garanti de contrôler au moins l’une des deux chambres du Congrès l’an prochain.
En Europe, la panique commence à gagner de larges pans de la classe politique. L’extrême droite, elle, est aux anges. Le Premier ministre hongrois nationaliste Viktor Orban, inconditionnel de Donald Trump, se réjouit sur Facebook des premiers résultats : « en route vers une belle victoire », lance-t-il, apparaissant devant un écran de télévision affichant le comptage des voix aux États-Unis.
Beaucoup d’interrogations sont posées sur la manière dont le prochain président américain gérera les conflits qui rongent le monde : la question palestinienne, la guerre en Ukraine viennent en premiers, il y a ensuite la Chine qui prend de l’influence en Asie… Une chose est sûre : Donald Trump regarde avant tout les intérêts de son pays avant ceux du monde. Comme l’ont fait au demeurant tous les présidents américains avant lui.
Les États-Unis ont décidé mardi 5 novembre 2024 qui de Kamala Harris ou de Donald Trump entrera à la Maison Blanche, au terme d’une campagne d’une tension inouïe, indécise jusqu’à la dernière minute.
Membre du Parti républicain, Trump a été le 45ᵉ président des États-Unis, du 20 janvier 2017 au 20 janvier 2021.
Dans l’histoire tourmentée du conflit israélo-palestinien, le rôle des Nations unies apparaît comme une scène d’interminables promesses de paix et d’efforts avortés.
Alors que la Palestine tente depuis des décennies d’obtenir une reconnaissance pleine et entière, la question de l’inclusion et de l’exclusion des acteurs en jeu ne fait que souligner les contradictions internes de cette organisation censée protéger la paix mondiale.
Les mots de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, résonnent ici avec force : « Les Nations Unies n’ont pas été créées pour mener l’humanité au paradis, mais pour la sauver de l’enfer. »
Pourtant, à voir le blocage perpétuel de l’ONU sur cette question, on pourrait se demander si elle n’a pas simplement échoué à nous éloigner du chaos.
Le débat autour de la Palestine et d’Israël au sein de l’ONU semble figé dans un dilemme kafkaïen : faut-il inclure la Palestine en tant qu’État membre, tout en excluant Israël, ou maintenir les deux dans un équilibre instable ? En 2012, la Palestine obtenait le statut d’État observateur non-membre, une avancée symbolique mais bien insuffisante aux yeux de ses défenseurs. Israël, de son côté, reste un membre à part entière, mais son statut se voit sans cesse remis en cause par des appels à des sanctions et résolutions qui finissent systématiquement au point mort. Cette inclusion « asymétrique » brouille les pistes : l’ONU peut-elle réellement agir en arbitre neutre, ou se contente-t-elle de distribuer des rôles dans une impasse politique ?
Dans ce contexte, la mainmise des grandes puissances occidentales, États-Unis en tête, pèse lourdement. Le soutien américain à Israël, matérialisé par le droit de veto au Conseil de Sécurité, rend toute tentative de sanction pratiquement impossible. Cette alliance stratégique n’est pas nouvelle, mais elle souligne un double standard criant : d’un côté, l’ONU prône la paix et la justice internationale, de l’autre, elle est l’otage de ses membres influents.
La montée de puissances émergentes, notamment la Chine et la Russie, met en lumière une contestation du modèle multilatéral actuel, souvent perçu comme un outil au service de l’Occident. Ces acteurs tentent d’offrir des alternatives, ou tout au moins de nuancer l’influence dominante des États-Unis. Mais ce glissement progressif de l’équilibre mondial est-il réellement au service de la paix, ou bien aggrave-t-il une polarisation des intérêts, avec pour conséquence une ONU plus divisée que jamais ?
Un nouvel ordre en gestation… ou le symptôme d’une organisation en déclin ?
À l’heure où l’ordre occidental perd de sa prééminence, une nouvelle vision du monde est en gestation. Des coalitions comme les BRICS, qui regroupent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, revendiquent une place plus équitable sur la scène internationale et poussent pour des réformes de gouvernance mondiale. Ces nouvelles voix représentent-elles un espoir de transformation pour l’ONU ? Ou ne sont-elles que des intérêts divergents ajoutant à la cacophonie générale ?
La question israélo-palestinienne cristallise ces contradictions. Face à un conflit emblématique d’une justice internationale toujours en suspens, l’ONU incarne une organisation coincée entre l’idéal et la réalité, entre les aspirations d’un nouvel ordre mondial et la persistance d’un ancien ordre en déclin. La reconnaissance de la Palestine ou l’exclusion d’Israël ne sont pas des décisions anodines : elles engagent l’ONU dans une redéfinition de sa mission, loin du rêve de paix universelle, et peut-être plus proche de la gestion pragmatique d’un monde divisé.
Ainsi, l’ONU se trouve à un carrefour. Devrait-elle chercher à « mener l’humanité au paradis » en imposant des idéaux de paix, d’équité et de reconnaissance pour tous ? Ou doit-elle se résigner à son rôle de « sauveuse de l’enfer », acceptant les compromis et les failles d’un ordre multilatéral qui peine à se réinventer ?
Face aux enjeux brûlants et aux attentes déçues, le rôle de l’ONU semble se diluer dans des incantations de paix qui masquent mal les fractures profondes de la géopolitique mondiale. Peut-être est-il temps pour elle de se demander si elle peut encore remplir son mandat sans être instrumentalisée. La question israélo-palestinienne, loin d’être un simple conflit régional, apparaît alors comme un révélateur d’un monde à la recherche de nouvelles règles, entre un ordre ancien en déclin et un nouvel ordre encore à définir.
Dans cette quête, l’ONU devra peut-être admettre que son mandat n’est pas de nous mener au paradis – une vision idéale mais irréaliste – mais bien d’empêcher un enfer global. Un défi qui pourrait définir la survie de cette institution, ou sceller son échec historique.
En conclusion, l’ONU se trouve face à une épreuve de vérité : la question israélo-palestinienne est moins un problème isolé qu’un miroir des dilemmes profonds qui traversent l’organisation et le monde. Le choix d’inclure ou d’exclure, de reconnaître ou de refuser, est plus qu’un simple geste politique ; il remet en question les valeurs fondatrices d’une institution censée représenter une communauté internationale unie.
Pour rester pertinente, l’ONU devra trouver un équilibre entre les idéaux de justice qui lui ont donné naissance et les intérêts contradictoires qui la freinent. Sauver l’humanité de l’enfer n’est peut-être pas suffisant, mais c’est un point de départ. Car si elle ne parvient pas à surmonter ce dilemme, elle risque d’être vue non pas comme la gardienne de la paix mondiale, mais comme une spectatrice impuissante de son propre déclin, abandonnant l’humanité aux incertitudes d’un ordre mondial en transition.
« La paix n’est pas l’absence de conflits, mais la capacité à les résoudre par le dialogue. » – Nelson Mandela. Cette phrase rappelle que la paix ne réside pas dans l’évitement des conflits, mais dans l’engagement actif et sincère pour les résoudre – un message particulièrement pertinent pour l’ONU face au dilemme israélo-palestinien.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a annoncé ce mardi 5 novembre le départ de Yoav Gallant du poste de ministre de la Défense. Il est remplacé par Israël Katz qui occupait le poste de ministre des Affaires étrangères. « La confiance » en Yoav Gallant s’est « érodée » durant la guerre à Gaza, affirme Benyamin Netanyahu. Gideon Saar est nommé ministre des Affaires étrangères.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a limogé mardi soir son ministre de la Défense Yoav Gallant, avec qui les relations étaient devenues tendues durant la guerre à Gaza, et a nommé à sa place l’actuel chef de la diplomatie Israël Katz. Le portefeuille des Affaires étrangères est confié à Gideon Sarr, qui était jusque-là ministre sans portefeuille. Il était entré au gouvernement en septembre, permettant au Premier ministre d’élargir sa majorité de coalition de droite près d’un an après le début de la guerre à Gaza.
« En pleine guerre, la confiance est plus que jamais requise entre le Premier ministre et son ministre de la Défense », mais « ces derniers mois, cette confiance s’est érodée », a affirmé M. Netanyahu dans une lettre adressée à M. Gallant, ajoutant avoir « choisi de nommer le ministre Israël Katz pour le remplacer ».
« Des différences importantes sont apparues entre M. Gallant et moi-même dans la conduite de la campagne (militaire), accompagnée de déclarations et d’actes qui contredisaient les décisions du gouvernement et du cabinet », a-t-il ajouté.
Yoav Gallant a répondu sur X que « la sécurité d’Israël a été et restera la mission de [sa] vie ».
Israël doit assurer le retour des otages détenus en captivité « le plus vite possible » et « tant qu’ils sont en vie », même au prix de « compromis douloureux », a déclaré Yoav Gallant dans un discours télévisé. « Tout le monde doit servir dans l’armée et participer à la mission de défendre l’État », a-t-il également affirmé, en référence aux hommes de la communauté juive ultra-orthodoxe dont certains étaient exemptés de service militaire jusqu’à une décision contraire de la Cour suprême en juin.
L’actuel chef de la diplomatie, Israël Katz, « a déjà démontré ses capacités et ses contributions à la sécurité nationale », a écrit Benyamin Netanyahu pour expliquer son choix.
Israël Katz a été ministre des Finances, ministre du renseignement et siège « depuis longtemps » au cabinet de sécurité, a-t-il dit. Surnommé le « bulldozer », Israël Katz « allie la responsabilité et les qualités de résolution des problèmes avec calme qui sont essentielles pour diriger cette campagne ».
Le courant ne passait pas entre Netanyahu et Gallant
En fait, depuis le début, le courant ne passait pas entre Benyamin Netanyahu et Yoav Gallant. Le Premier ministre avait tenté de le congédier, mais sans succès. Cette fois, le limogeage intervient dans le contexte de la loi de conscription des ultra-orthodoxes. Mais aussi à un moment où deux affaires sécuritaires liées à l’entourage du Premier ministre israélien font l’objet d’enquête de la police et du Shin Bet, le service de sécurité intérieure en Israël, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.
Ancien général devenu homme politique, Yoav Gallant était pourtant considéré comme un « faucon » au sein du gouvernement dans la conduite des opérations depuis l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Une armée sous pression
Après plus d’un an de guerre sur plusieurs fronts, les effectifs de l’armée sont sous pression et ces derniers mois, Yoav Gallant s’était attiré les foudres des partis ultra-orthodoxes, alliés clés de la coalition du Premier ministre, en ordonnant la conscription de quelque 10 000 membres masculins de cette communauté religieuse en âge de servir sous les drapeaux.
Ils représentent environ 14 % de la population juive d’Israël, soit près de 1,3 million de personnes, et environ 66 000 hommes en âge de servir bénéficient d’une exemption, car ils se consacrent à l’étude des textes sacrés du judaïsme en vertu d’une règle instaurée à la création d’Israël en 1948.
En 2018, la question de leur conscription avait créé une crise telle qu’elle avait précipité le pays vers plusieurs élections législatives en quatre ans, sans que le sujet soit clos.
Manifestations après le limogeage de Yoav Gallant, Israël Katz dit vouloir « atteindre les objectifs de la guerre »
Des manifestations spontanées en Israël ce soir après le limogeage du ministre de la Défense. À Tel Aviv, des centaines de manifestants sont rassemblés contre le limogeage du Yoav Gallant. Les familles des otages affirment qu’il était la seule voix en faveur de leurs proches et que son limogeage risque de leur porter un coup fatal. Elles exigent que le nouveau ministre de la Défense Israël Katz donne « la priorité » à un accord sur les otages.
Les inquiétudes et interrogations s’accroissent concernant l’étudiante iranienne arrêtée après s’être dévêtue en public, samedi 2 novembre, devant l’université Azad de Téhéran, des militants s’inquiétant de son possible transfert dans un hôpital psychiatrique. Mardi 5 novembre, plusieurs dizaines de personnes se sont réunies place du Panthéon, à Paris.
La vidéo de la jeune femme en sous-vêtements, d’abord assise, puis marchant lentement devant la prestigieuse université, est devenue virale au cours du week-end, et l’étudiante a rapidement été érigée en nouvelle figure symbolique de la lutte pour le droit des femmes en Iran.
« Je salue le courage de cette jeune femme qui fait acte de résistance et s’est hissée au rang d’icône pour le combat des femmes en Iran, pour le combat des femmes partout où leurs droits sont menacés », a ainsi déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot sur la chaîne France 2, assurant que l’ambassade de France en Iran suivait « très attentivement » sa situation.
Incertitude quant à son sort
Selon les groupes militants qui ont révélé l’affaire samedi 2 novembre et posté la vidéo, la jeune femme s’est déshabillée en signe de protestation après avoir été harcelée par des agents de l’université, estimant qu’elle ne respectait pas le strict code vestimentaire islamique obligatoire. Une autre vidéo la montre violemment embarquée dans une voiture par les forces de sécurité.
Kamel Daoud, écrivain et journaliste, occupe une position complexe : il exprime, avec une voix incisive, une critique des réalités algériennes contemporaines, tout en étant perçu par certains comme un intellectuel éloigné des préoccupations quotidiennes de son pays d’origine.
Cette tension entre reconnaissance internationale et regard critique sur son propre pays interroge les dynamiques culturelles entre la France et l’Algérie, ainsi que les attentes placées sur les écrivains maghrébins en France.
L’œuvre de Kamel Daoud : entre exploration littéraire et trauma collectif
Kamel Daoud s’est imposé comme une figure de la littérature algérienne avec Meursault, contre-enquête, réécriture du célèbre L’Étranger de Camus. Dans Houris, il revient sur les horreurs de la décennie noire algérienne (1992-2002) par le biais d’un personnage central, Aube, une femme muette.
Cette narration explore des dimensions silencieuses de la douleur collective et interroge l’incapacité de la société à se remémorer sans crainte un passé traumatique. Le personnage d’Aube incarne les blessures non cicatrisées d’une société marquée par la violence et la censure.
En choisissant une voix féminine et silencieuse, Daoud ne se contente pas de revisiter l’histoire. il tente de reconstituer la mémoire de celles et ceux dont le discours est étouffé. Cette démarche, proche d’une quête de vérité identitaire, se veut une réappropriation d’une histoire souvent instrumentalisée par les récits officiels.
Une résonance sociale et politique controversée
L’œuvre littéraire de Kamel Daoud est indissociable de ses prises de position publiques. En critiquant sans relâche les institutions politiques algériennes et les dérives de l’islamisme, il s’est forgé une réputation de penseur libre, mais aussi clivant. Pour certains, ses propos, relayés par des médias occidentaux, renforcent des stéréotypes qui desservent les luttes sociales en Algérie.
Ce prix Goncourt cristallise ces débats : est-il une reconnaissance du talent littéraire ou une validation d’un discours qui, parfois, semble en accord avec des attentes occidentales sur la manière de représenter le monde arabo-musulman ? Nombre de ses détracteurs s’interrogent : la France valorise-t-elle un auteur pour sa critique franche de l’Algérie, ou pour une vision qui peut servir un regard post-colonial sur cette région ?
L’exil et la quête identitaire de Daoud
L’exil, tant physique qu’intellectuel, constitue un motif récurrent chez Kamel Daoud. Vivant en France, il bénéficie d’une liberté d’expression plus grande que celle à laquelle il aurait accès en Algérie, mais cette distance lui attire aussi des reproches de déconnexion. Ce double exil — géographique et culturel — alimente une ambivalence dans ses écrits et ses prises de position.
Aube, l’héroïne de Houris, est une figure allégorique qui illustre l’Algérie, tiraillée entre un passé chargé et une quête de résilience. En choisissant de taire la voix de son héroïne, Daoud montre l’impuissance des individus face à des histoires nationales écrasantes, tout en révélant les paradoxes d’une société en quête de rédemption.
Un prix Goncourt qui questionne les dynamiques littéraires franco-maghrébines
La remise de ce prix interroge plus largement le rapport de la France à la littérature maghrébine et ses attentes vis-à-vis des écrivains issus de cette région. En récompensant Kamel Daoud, la France semble valider une vision de la littérature qui privilégie les récits critiques des institutions traditionnelles du Maghreb, souvent empreints d’une posture laïque et libérale. Cependant, cette orientation risque d’écarter des voix littéraires qui exploreraient des visions alternatives et moins consensuelles de la société maghrébine.
Le discours de Daoud est ainsi perçu par certains comme un miroir des attentes françaises, où la critique de l’islamisme et des structures patriarcales est valorisée, parfois au détriment de perspectives plus nuancées et locales.
Vers une reconfiguration des voix littéraires
La consécration de Houris par le prix Goncourt dépasse le seul talent de son auteur ; elle ouvre la voie à une réflexion plus large sur la place de l’écrivain algérien dans le contexte postcolonial et ses rapports complexes avec son pays d’origine. En donnant une voix, même muette, à ceux qui ont été réduits au silence, Kamel Daoud crée un espace où la mémoire algérienne peut se reconstruire.
Ce prix pourrait renforcer son engagement auprès de ceux qui, en Algérie, aspirent à un discours libre et libérateur, mais il demeure pour Kamel Daoud un défi : celui de regagner la confiance d’un lectorat algérien qui attend des récits connectés à leurs luttes quotidiennes, au-delà des attentes de la scène littéraire internationale.
En fin de compte, le parcours de Kamel Daoud questionne le rôle de l’écrivain exilé dans un monde où la littérature reste l’un des moyens les plus puissants pour rétablir une vérité, à condition que cette dernière soit en phase avec ceux qui continuent de vivre cette réalité.
Le décret présidentiel n° 24-357 du 31 octobre 2024 « portant mesures de grâce à l’occasion de la célébration du 70ème anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954 » a été publié au dernier Journal officiel N° 73 du 31 octobre 2024.
Le document énumère les catégories de détenus concernés et ceux non concernés par ces mesures ainsi que les modalités de leur application.
Il est précisé que cette décision concerne « Les personnes détenues et non détenues condamnées définitivement à la date de signature du décret ».
Dans son article 2, le décret présidentiel n° 24-357 dispose : « Les personnes qui ne sont pas condamnées à une peine définitive d’emprisonnement et dont la peine, ou le reste de leur peine, est égale ou inférieure à 24 mois, bénéficient d’une grâce totale. »
Selon le même texte, « les personnes condamnées à titre définitif à une peine d’emprisonnement et dont le temps de réclusion restant a exécuter est égal ou inférieur à 18 mois » bénéficieront d’une grâce totale de peine.
Pendant leur détention permanente, les personnes dont la peine restante à exécuter est supérieure à 18 mois et égale ou inférieure à 30 ans bénéficieront d’une « réduction partielle de peine pour une durée de 18 mois », selon l’article 4 du décret.
L’article cinq du décret présidentiel énonce: «La période de réduction totale et partielle de la peine mentionnée aux articles 3 et 4 est portée à 24 mois au profit des personnes incarcérées condamnées aux peines définitives dont l’âge est égal ou égal à supérieur à plus de 65 ans, les mineurs, les femmes enceintes et les mères d’enfants dont l’âge n’excède pas 3 ans à la date de la signature du décret.
Une trentaine de catégories de détenus exclues
Une trentaine de catégories de détenus n’a pas été concernée par cette mesure de grâce. En sont ainsi exclues toutes les personnes condamnées et détenues pour des affaires de terrorisme et de trouble à l’ordre public.
Il s’agit des détenus « concernés par les dispositions de l’ordonnance n° 06-01 du 27 février 2006 portant mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale », ou des détenus « condamnés définitivement pour avoir commis ou tenté de commettre les infractions prévues et réprimées par le décret législatif n° 92-03 du 30 septembre 1992 relatif à la lutte contre la subversion et le terrorisme ».
Des individus condamnés pour trouble à l’ordre public sont également exclus ceux qui ont été condamnés « pour avoir commis ou tenté de commettre les infractions prévues et réprimées par les articles 87 bis à 87 bis-18 et 181 du code pénal relatives aux actes de terrorisme et de subversion ».
Il en va de même pour les personnes « condamnées définitivement pour avoir commis ou tenté de commettre les crimes de trahison, espionnage, massacre, évasion, connivence à évasion ».
L’autre catégorie est celle des « personnes condamnées définitivement pour avoir commis ou tenté de commettre les délits et crimes d’attentats, de complot contre l’autorité de l’Etat, l’intégrité et l’unité du territoire national, de réception, de provenance étrangère des fonds de propagande ou de réception de fonds, d’un don ou d’ un avantage d’un Etat, d’une institution ou de tout autre organisme (…) pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’Etat, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale, aux intérêts fondamentaux de l’Algérie ou à la sécurité et à l’ordre publics ».
Sont exclues aussi « les personnes condamnées définitivement pour avoir commis ou tenté de commettre les infractions d’attroupement et d’incitation à l’attroupement ».
Sont exclues, également, les personnes condamnées et détenues sur la base des récents amendements du code pénal, relatifs aux « violences contre les établissements de santé ou leur personnel » le « trafic de stupéfiants », constitution de « bande de quartier », « discours de la haine », « réglementation de change », « contrebande », « atteinte aux systèmes de traitement automatisé des données », « sorcellerie et charlatanisme » ou « spéculation illicite.
L’exclusion du bénéfice de ces dispositions concerne aussi les détenus condamnés pour certains autres délits et crimes, portant, notamment, sur la traite d’êtres humains, kidnapping, incendie volontaire, falsification des seaux de l’Etat ou de la monnaie, ou encore outrage et violences à fonctionnaires et aux institutions de l’Etat…
Il est à noter qu’Abdelmadjid Tebboune a signé deux décrets présidentiels relatifs à l’amnistie des détenus à l’occasion du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale. Les deux décrets présidentiels prévoyaient l’amnistie de plus de 4 000 détenus.
Le premier décret présidentiel prévoit la grâce des personnes condamnées définitivement dans les affaires liées au droit commun, et le deuxième décret présidentiel porte sur la grâce des personnes condamnées définitivement dans les affaires troublant l’ordre public.
Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a procédé aujourd’hui à un mouvement partiel au sein des walis et walis délégués, conformément aux dispositions de l’article 92 de la Constitution.
Ainsi, les walis suivants ont été limogés :
Issa Aissat en tant que wali de Oum El Bouaghi
Ammar Ali Ben Saïd en tant que wali de Djelfa
Houria Medahi en tant que wali de Skikda, pour être appelée à exercer d’autres fonctions
Farid Mohamedi en tant que wali de Mascara
Youssef Mahyout en tant que wali de Khenchela
Mustapha Aghamir en tant que wali de Bordj Badji Mokhtar
De plus, les walis suivants ont été transférés à d’autres wilayas :
Ali Bougra de la wilaya de Tiaret à la wilaya d’Adrar
Ben Abdallah Shaib El Dour de la wilaya de Ghardaïa à la wilaya de Oum El Bouaghi
Ahmed Belhadad de la wilaya d’Illizi à la wilaya de Tebessa
Saïd Khalil de la wilaya de Tébessa à la wilaya de Tiaret
Aboubakr Sidik Bousta de la wilaya de Tipaza à la wilaya de Tizi Ouzou
Djahid Mous de la wilaya de Médéa à la wilaya de Djelfa
Saïd Akhrouf de la wilaya d’El Oued à la wilaya de Skikda
Djilali Doumi de la wilaya de Tizi Ouzou à la wilaya de Médéa
Larbi Behloul de la wilaya d’Adrar à la wilaya d’El Oued
Ahmed Momen de la wilaya d’Aïn Témouchent à la wilaya de Ghardaïa.
Par ailleurs, les personnes suivantes ont été nommées :
Fouad Aïssi, wali de Mascara
Ahsen Khaldi, wali d’Illizi
Slim Harizi, wali de Khenchela
Ali Moulai, wali de Tipaza
Mabrouk Ould Abdel Nabi, wali d’Aïn Témouchent
Mahfoud Ben Fliès, wali de Bordj Badji Mokhtar
D’autre part, les missions des walis délégués suivants ont été mises fin :
Wasil Bouchaïchi, wali délégué de la circonscription administrative de Draa El Miz à la wilaya d’Annaba
Abdel Rahmane Rahmani, wali délégué de la circonscription administrative de Bir Mourad Raïs à la wilaya d’Alger, pour être appelé à exercer d’autres fonctions.
Mme Khadidja Saïfi, wali déléguée de la circonscription administrative d’Ali Mendjeli à la wilaya de Constantine, a également été transférée à la circonscription administrative de Zeralda à la wilaya d’Alger.
Enfin, les personnes suivantes ont été nommées en tant que walis délégués :
Sadek Hajar à la circonscription administrative de Bir Mourad Raïs à la wilaya d’Alger
Bouzid Nour El Sadaat à la circonscription administrative de Draa El Miz à la wilaya d’Annaba.
Le découpage administratif que porte la commission Ould Kablia, c’est du déjà-vu. On replonge directement dans l’esprit de la Conférence de Berlin de 1884, où les puissances coloniales s’étaient partagé l’Afrique comme on découpe un gâteau, sans la moindre considération pour les peuples, leurs cultures, leurs territoires.
Aujourd’hui, la Régence algéroise applique la même recette, ignorant allègrement les identités régionales, culturelles et historiques de notre pays.
Sous prétexte de « moderniser » l’administration, ce découpage cache mal une ambition purement politique : contrôler, dominer, et surtout, centraliser à outrance. C’est du bonapartisme pur jus, hérité directement du colonialisme français. Ce découpage est une insulte aux spécificités locales, une tentative cynique de dépersonnaliser définitivement notre espace pour mieux imposer une uniformisation autoritaire.
Cette réforme prolonge le coup de force de l’été 1962, moment où l’armée de l’extérieur a investi l’appareil administratif colonial du gouvernement général et l’a pérennisé en liquidant l’État national régionalisé édifié par le FLN-ALN.
Cette « réforme » prétendument administrative ne peut être discutée sans rappeler notre douloureuse histoire coloniale. L’administration coloniale française, ne le perdez pas de vue, avait, elle aussi, découpé ce pays à sa guise, non pas pour aider, mais pour mieux soumettre. L’objectif était clair : casser les structures communautaires, effacer les identités, et imposer une seule autorité, celle de l’État central.
Ironie de l’Histoire, le propre pouvoir algérien reprend ce modèle à son compte pour renforcer sa mainmise, pour centraliser encore plus et caporaliser la société en se faisant fi de sa diversité culturelle et régionale.
Où est la gouvernance participative et inclusive que suggère l’intitulé de « république démocratique et populaire » ? Nulle part. À la place, c’est une logique despotique et assimilationniste qui règne, avec pour seul but de renforcer le pouvoir d’une élite algéroise vénale, corrompue et coupée des réalités.
I. Un découpage administratif autoritaire, héritage du colonialisme
Origines de ce découpage administratif
Ce n’est pas compliqué. Ce découpage administratif vient tout droit de la gouvernance coloniale française. La France avait une obsession : centraliser pour mieux contrôler. Le territoire algérien a été découpé en départements, calqués sur ceux de la métropole, sans le moindre égard pour les structures locales, sans aucune reconnaissance des réalités culturelles. Déconstruire, décontextualiser, effacer : telle était la mission. Effacer les identités locales pour mieux imposer la domination coloniale. Aujourd’hui, même logique, même méthode.
On redessine les frontières intérieures de l'Algérie pour diluer les spécificités locales, pour faciliter le contrôle, pour neutraliser toute forme d'organisation collective ou de résistance. C'est la même chanson coloniale qu'on nous sert, mais avec des instruments modernes.
Les influences bonapartistes dans la gouvernance algérienne
La centralisation à outrance, c’est une marque de fabrique bonapartiste. Un système bureaucratique tentaculaire, hiérarchisé à l’extrême, où le pouvoir est concentré entre les mains de quelques-uns. Sous le colonialisme, cette approche a été perfectionnée pour supprimer toute forme de gouvernance autochtone. Après l’indépendance, ce modèle n’a pas disparu, il a été amplifié. Le résultat ? Une administration obèse, déconnectée, totalement insensible aux besoins réels de nos citoyens.
Le découpage de 2024, c’est l’illustration parfaite de cette culture bureaucratique stérile : on ne cherche pas à rapprocher l’administration des citoyens, on veut juste renforcer le contrôle, point final.
Diviser les grandes wilayas, fragmenter les territoires, tout cela n’est qu’une tentative pour réduire l’influence de certaines régions, pour mieux les museler politiquement. Il importe peu que la superstructure politique et bureaucratique soit en totale rupture avec nos réalités anthropologiques.
La Régence nourrit le dessein de créer un Algérien nouveau, conforme à la nature militaro-bureaucratique du système qui s'est imposé en septembre 1962. La Régence travaille à se fabriquer un peuple, et elle pense y arriver par un brassage forcé, censé liquider le fond amazigh et assurer la suprématie du fantasme arabo-islamique, un fantasme qui n'a de réalité nulle part, ni en Algérie ni dans le reste de ce qui est appelé le monde arabo-musulman.
Le mépris envers les structures locales est total. Le pouvoir central voit dans ces structures des menaces à son autorité qu’il faut éradiquer.
En 1987, des membres du comité de cité de Hasnaoua avaient investi la chambre d’un certain Boudib Mohamed, officiellement enseignant à l’institut de lettres arabes, mais en réalité officier résident au centre universitaire de Tizi-Ouzou. Parmi les documents récupérés dans cette action, un rapport contre le coordinateur des instituts, ALEM. Il lui était reproché une application timorée de la carte universitaire donc, en conséquence, un manque d’implication dans la politique de brassage dont elle était l’instrument. Les velléités du plan « zéro Kabyle » ne datent pas d’aujourd’hui et viennent de loin. Seulement avec ce découpage, nous ne sommes plus dans le « zéro Kabyle », mais, franchement, dans le « zéro Kabylie ».
L’échec de la décentralisation et de la représentativité
La décentralisation, dans son principe, devrait rapprocher le pouvoir des citoyens, permettre une gouvernance flexible, adaptée aux réalités locales. Mais en Algérie, on a perverti ce concept.
Sous l’État FLN-ALN, l’organisation reposait sur les six wilayas historiques, chacune représentant une partie essentielle de la mosaïque identitaire algérienne, unissant des particularités régionales pour mener une lutte commune. Cet État régionalisé était une tentative intuitive et naturelle de reconnaître et d’intégrer les spécificités culturelles, identitaires, de chaque région, permettant ainsi à chaque wilaya de conserver une certaine autonomie tout en contribuant collectivement à l’effort de libération nationale.
Ces wilayas, en tant que structures territoriales, étaient non seulement des entités administratives mais aussi des symboles de la diversité algérienne et de la volonté de créer une nation unie dans la pluralité. Cette approche était une réponse organique aux réalités du terrain, une reconnaissance de l’histoire, de la culture et des spécificités locales, afin de rassembler les Algériens au-delà des différences pour une cause commune.
Mais après l’indépendance, cet état a été liquidé au profit du Gouvernement général et de ses structures, la décentralisation n’a été, dès lors, qu’un outil pour renforcer le contrôle central. L’État postindépendance, au lieu de poursuivre l’œuvre de régionalisation qui aurait pu cimenter la cohésion nationale tout en respectant la diversité, a opté pour une centralisation autoritaire, annihilant la vision initiale du FLN-ALN.
Les réformes administratives successives ont anéanti cette perspective et n’ont jamais cherché à donner de la voix aux citoyens ; elles ont tout fait pour l’étouffer, transformant les wilayas en de simples rouages administratifs soumis au bon vouloir d’Alger. Le découpage prévu pour 2024 est tout sauf une avancée démocratique. C’est une régression flagrante, qui reste dans le reniement de l’esprit de régionalisation d’origine, cette volonté de construire une nation à partir de ses multiples composantes.
En fragmentant les régions politiquement actives, on empêche toute émergence de contre-pouvoirs, on détruit la possibilité de voir naître des forces locales capables de représenter les intérêts de leurs territoires. On crée un réseau de subdivisions qui ne répondent qu’à une seule loyauté : celle envers le pouvoir central. Les citoyens ? Ils peuvent toujours attendre. Leur confiance dans ce système est brisée, et c’est bien ce que veut le régime : isoler, aliéner, marginaliser, étouffer toute velléité d’autonomie ou de revendication locale.
Cette centralisation forcée, au mépris des particularismes locaux, est une tentative de créer une masse uniforme et docile, sans ancrage culturel ni représentation authentique. Il s’agit là d’une véritable trahison de l’esprit de novembre, de la guerre de libération du mouvement national moderne dans son ensemble, une négation des sacrifices consentis par chaque région pour bâtir une Algérie libre et diverse.
Aujourd’hui, la décentralisation n’est plus qu’une façade, un mensonge que le régime utilise pour légitimer son autorité, tandis que, sur le terrain, il travaille méthodiquement à affaiblir, diviser et contrôler chaque recoin du pays.
Le découpage administratif prévu pour 2024 est également une réponse directe au Hirak, une réponse que la Régence veut décisive. Le Hirak a réactivé la capacité des Algériens à s’unir dans le respect de leur diversité, démontrant la force de la solidarité interrégionale face à l’autoritarisme. Ce mouvement populaire a remis en question l’ordre établi, menaçant la stabilité du pouvoir en place.
Le régime a donc décidé de réagir en reprenant la main, de façon autoritaire, par ce découpage, cherchant à briser définitivement cette dynamique unitaire et à réaffirmer son contrôle absolu sur le territoire. L’objectif est de diviser pour mieux régner, fragmenter les bases de soutien régional pour éviter toute forme de cohésion qui pourrait donner un nouvel élan aux revendications démocratiques.
II. Un découpage artificiel et arbitraire
La logique superficielle du découpage administratif prévu
Le découpage administratif prévu pour 2024 suit une logique géométrique et arithmétique rigide, réduisant l’Algérie à une simple grille tracée avec trois traits verticaux et trois traits horizontaux, rappelant tristement l’esprit de la Conférence de Berlin de 1884 où l’Afrique avait été divisée sans la moindre considération pour ses peuples. Ce découpage arbitraire crée des blocs, répartissant les régions de manière quasi-mécanique, sans égard pour les réalités historiques, culturelles ou économiques.
Par exemple, le Littoral Est se voit regrouper 12 entités comprenant des wilayas comme Béjaïa, Jijel et Constantine, tandis que le Littoral Central agrège 12 wilayas, incluant Alger, Tizi Ouzou et Boumerdès. La logique se poursuit ainsi : le Littoral Ouest en 11 subdivisions, les Hauts-Plateaux Est en 11 autres, et ainsi de suite avec une répartition simpliste de 12, 11, 11, 6, 4… Ces chiffres reflètent une vision déshumanisée du territoire, un découpage bureaucratique, dicté par des règles arithmétiques, sans prendre en compte les dynamiques sociales et culturelles des régions concernées.
Cette approche réduit les localités à des cases administratives rigides, ignorant les particularités locales. La Kabylie se retrouve divisée entre le Littoral Est, le Littoral et les Hauts-plateaux Centres, noyant ainsi son identité forte et historique dans des unités administratives standardisées. De même, l’absence totale du Touat (Mzab) ou des Oasis dans le découpage reflète une négligence totale envers cette région et ses spécificités culturelles.
Cette logique géométrique et arithmétique est une manière de simplifier à l’extrême, effaçant la diversité qui fait la richesse de l’Algérie. En découpant le pays de la sorte, le pouvoir renforce son contrôle par une approche de gestion froide et dévitalisée, qui tourne le dos à la complexité humaine et aux besoins des populations locales. Ce n’est qu’un exercice de bureaucratie aveugle, qui nie la diversité vivante du pays au profit d’une uniformité forcée, laissant les communautés locales sans représentation véritable de leur identité et de leurs aspirations.
III. Les objectifs politiques cachés du découpage
Un projet de reconquête et de renouvellement de clientèles
Pourquoi ce découpage ? Pour créer des postes, des fonctions, des titres, et surtout pour cimenter une structure politique entièrement redevable au nouveau pouvoir central. Chaque nouvelle subdivision administrative signifie de nouveaux responsables locaux, de nouveaux chefs de secteur, tous choisis par le régime, et tous liés par des intérêts personnels et une dépendance politique vis-à-vis de la Régence algéroise. C’est une stratégie de clientélisme calculée, qui vise à acheter la loyauté des acteurs locaux par la distribution de privilèges et de postes.
En multipliant les subdivisions, le régime se garantit une base de soutien élargie, faite de réseaux d’influence qui ne peuvent exister qu’à travers leur alignement avec le pouvoir central. C’est la fabrication d’une clientèle dépendante, soumise et reconnaissante, transformant les régions en simples prolongements du centre.
Cette réforme n’aborde pas les questions de représentation ni la question démocratique. Elle est conçue de manière unilatérale, sans prendre en considération la nécessité d’une consultation populaire. Le régime entend changer la structure politico-administrative sans implication de la société, sans débat, ni concertation. Pourtant, la Constitution ne connaît pas d’autres représentations que l’APC, l’APW et l’APN.
Avec cette réforme, il y aura 87 APW, au sein desquelles il y aura près de 300 regroupements intercommunaux, et au-dessus, il y aura 9 autorités administratives dont on ne sait rien de leurs prérogatives, des super-walis ou des sous-ministres ? Des super-chefs, désignés, dont la mission exacte, les pouvoirs et les responsabilités demeurent une totale inconnue.
Comment imaginer un tel bouleversement sans même réviser la Constitution ? En voulant mettre en place cette réforme sans concéder une révision constitutionnelle, Alger, la Régence, crée un imbroglio sans nom, une situation où la légalité même des nouvelles structures administratives peut être remise en question.
Qu’importe, cette expansion de la base de soutien doit seulement créer une nouvelle bureaucratie, un ensemble de postes et de titres destinés à maintenir un contrôle plus étroit sur le terrain. La loyauté ne sera pas gagnée par des actions bénéfiques pour la population, mais par une allégeance totale à ceux qui détiennent les rênes du pouvoir, ce qui dénature le principe même de service public.
Ainsi, le contrôle s’exercera par le biais de ces nouveaux acteurs bureaucratiques qui, plutôt que de servir la population, serviront à asphyxier toute forme de contestation. Ces responsables locaux n’auront aucune légitimité démocratique ; ils seront les marionnettes du pouvoir central, là pour exécuter des ordres et non pour représenter ou servir les citoyens.
Il est clair que ce système est conçu pour fonctionner en vase clos, sans interaction avec la réalité des citoyens, et en se concentrant uniquement sur la survie du régime. Loin d’encourager une gouvernance ouverte ou de prendre en compte la diversité des besoins locaux, cette bureaucratie enserre les régions dans un carcan rigide, empêchant toute évolution ou initiative locale qui pourrait dévier de la ligne officielle.
En multipliant ces instances bureaucratiques, le régime ne cherche pas à rapprocher l’administration des citoyens, mais bien à fragmenter, isoler et soumettre les différentes régions à un contrôle direct et constant. Cette stratégie d’atomisation vise à créer une mosaïque de micro-pouvoirs qui dépendent entièrement du centre, tuant ainsi toute possibilité de solidarité ou de cohésion régionale.
Au final, cette stratégie ne vise à modeler les comportements, à conditionner les populations locales à l’obéissance, à les habituer à n’avoir aucun recours face à une administration tentaculaire et omniprésente. La multiplication des acteurs intermédiaires permet aussi de créer des zones grises, des espaces où les responsabilités se perdent, où les abus peuvent prospérer en toute impunité, et où le citoyen se retrouve face à une machine impersonnelle et indifférente.
Cela ne fait qu’augmenter la distance entre le pouvoir et le peuple, rendant impossible toute véritable représentation, et pérennisant un système dont le but est avant tout la préservation du pouvoir en place, et non l’amélioration du bien-être de la nation.
Affaiblir les poches de résistance
La disparition de la Kabylie, l’effacement de la wilaya III, voilà le cœur du projet. Région historique de contestation, elle est dans le viseur du pouvoir depuis toujours. En fragmentant la Kabylie, le régime espère affaiblir toute tentative de résistance organisée. En coupant la Kabylie en deux, il pense atteindre sa cohésion régionale et la détruire, réduire sa capacité d’organisation et affaiblir sa capacité d’opposition. C’est une manœuvre de fragmentation délibérée, visant à étouffer une région perçue comme un danger permanent pour le régime.
La disparition de la Kabylie, l’effacement de la wilaya III, voilà le cœur du projet.
La Kabylie (la wilaya III) est une région marquée par une longue tradition de lutte et d’autonomie. Le régime en est bien conscient, et c’est précisément pour cette raison que la fragmentation administrative de cette région est poussée à l’extrême. En multipliant les entités, on fragmente les bases de soutien, on isole les communautés, on limite les possibilités de coordination.
Ce morcellement est conçu pour diviser la population en de multiples unités sans véritable pouvoir politique, chacune trop faible pour représenter une menace, trop petite pour organiser une résistance coordonnée. La volonté est claire : diluer l’identité régionale kabyle en la noyant dans une multitude de micro-circonscriptions incapables de peser collectivement sur le plan politique.
Le pouvoir colonial français avait agi pareillement. Il avait interdit les marchés inter-aarch, espace essentiel de sociabilisation, et avait créé et imposé de nouveaux centres administratifs pour en faire des centralités alternatives. Le découpage administratif est un outil de domination destiné à empêcher toute rébellion potentielle, à briser la solidarité locale et à anéantir les aspirations autonomistes.
La Kabylie, encore et toujours dans le collimateur. Région emblématique de la résistance, elle est systématiquement visée par des politiques qui cherchent à l’affaiblir. Le découpage de cette région montre clairement la volonté d’étouffer toute forme de revendication politique, d’empêcher l’expression d’une identité forte qui a toujours été en opposition à l’autoritarisme central. C’est une région marquée par une longue histoire de lutte pour l’autonomie, et c’est précisément pour cela qu’elle est fragmentée. Diviser la Kabylie, c’est chercher à briser sa cohésion, à la rendre incapable de constituer une force politique unie et puissante. Le régime veut une Kabylie morcelée, affaiblie, incapable de se soulever collectivement.
Ce découpage est anti-national, il est une attaque directe contre ceux qui osent se lever et réclamer plus de liberté, plus de justice. La Kabylie incarne une volonté de préserver une identité culturelle forte, de défendre des valeurs de liberté et de justice sociale, des valeurs qui sont en contradiction avec la vision autoritaire du pouvoir central. En fragmentant cette région, le régime ne vise pas seulement à affaiblir un territoire, il cherche à briser un esprit, à annihiler une volonté de résistance qui, comme nous l’avons vu dans le Hirak, pourrait inspirer d’autres régions du pays.
La Kabylie est un symbole, et c’est pour cela qu’elle est dans la ligne de mire : parce que tant qu’elle résiste, elle montre qu’une autre Algérie est possible, une Algérie où les identités régionales sont respectées et où la diversité est considérée comme une force et non comme une menace.
Mais la marginalisation de la Kabylie ne se fait pas uniquement par le découpage administratif. Elle passe aussi par une privation de ressources, par un sous-investissement chronique, par une marginalisation économique qui vise à maintenir la région dans un état de dépendance et de faiblesse. Le découpage est une étape, mais il s’accompagne d’une politique globale de marginalisation qui vise à étouffer toute possibilité de développement autonome. C’est une stratégie qui vise à briser la volonté des Kabyles, à les contraindre à abandonner leurs revendications, à les forcer à se soumettre à l’autorité centrale en les privant des moyens de développer leur région et de vivre dignement.
Il ne s’agit pas seulement de réorganiser des frontières internes, il s’agit de redéfinir ce qu’est l’Algérie, de redéfinir qui a le droit d’exister en tant que communauté avec une identité propre. La Kabylie, par son histoire, par sa culture, par son esprit de résistance, représente tout ce que le régime veut effacer. Et c’est pour cela qu’elle est la cible d’une marginalisation délibérée, méthodique, implacable.
Dans la chronique d’aujourd’hui, comme souvent dans les miennes, parlons d’un sujet très sérieux mais dans la grande rigolade du second degré. Pour cela...
Dans la chronique d’aujourd’hui, comme souvent dans les miennes, parlons d’un sujet très sérieux mais dans la grande rigolade du second degré. Pour cela...
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