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vendredi 19 septembre 2025
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La verticalité stérile du pouvoir selon Tebboune

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Tebboune

Dans un geste qui ne surprend plus personne, Abdelmadjid Tebboune a limogé le Premier ministre Nadir Larbaoui. Nommé le 12 novembre 2023, Larbaoui est un technocrate terne propulsé dans une fonction déjà vidée de son sens.

Ce limogeage et l’inexplicable nomination de Ghrieb ne sont ni un coup de théâtre, ni une réforme — juste un nouvel épisode dans la longue série d’un pouvoir qui se regarde dans le miroir de son propre échec. Car en Algérie, ce ne sont pas les têtes de l’exécutif qui dirigent, mais une présidence qui s’est arrogé le monopole de la décision, sans vision, sans contre-pouvoirs et sans résultats tangibles.

Enième échec et coup d’épée dans l’eau de Tebboune qui vient de se payer la tête de Larbaoui, un fantôme à la tête d’un orchestre sans instruments ni génie. Un figurant dans une pièce écrite et jouée par Tebboune lui-même, où les ministres valsent au gré des humeurs présidentielles, dans un ballet de limogeages aussi théâtral qu’inefficace.

Ce n’était pas le premier ministre qui gouvernait — il exécutait les décisions verticale de son patron. C’est ainsi en Algérie. Reconnaissons donc à Nadir Larbaoui qu’il n’avait jamais pris aucune initiative. Il était inaudible dans un système verrouillé où toute idée de réforme réelle est tuée dans l’œuf, tant elle menacerait l’équilibre fragile de l’immobilisme.

Mais ce limogeage, comme ceux auparavant, pose une question plus cruciale et importante pour le présent et l’avenir de notre pays : jusqu’à quand va-t-on faire semblant que les problèmes de l’Algérie sont des problèmes d’hommes, et non de système ? La question était déjà au centre des revendications des manifestations du Hirak.

La crise est structurelle et Tebboune est sa clé de voûte. Le blocage économique n’est pas l’œuvre de Larbaoui , comme d’ailleurs l’accident de oued El Harrach, le blocage des importations … — il est le fruit direct d’une gouvernance sans vision, autoritaire, solitaire, hypercentralisée, où tout remonte à El Mouradia, et rien ne redescend vers la société.

Tebboune gouverne seul, entouré d’un cercle restreint, replié sur lui-même, hostile à toute initiative extérieure, obsédé par le contrôle. Le résultat ? Un État figé, une économie momifiée où les projets meurent dans les tiroirs, où l’économie informelle prospère faute d’alternatives, où les jeunes fuient au péril de leur vie, et où l’administration confond obéissance, corruption avec efficacité.

Le pays vit au rythme des décisions verticales, sans débat public, sans implication citoyenne, sans cap économique clair. Ni diversification, ni réformes fiscales, ni soutien réel aux entreprises — juste des annonces, des plans sans suite, des discours ronflants sur la « nouvelle Algérie » pendant que l’ancienne étouffe dans l’ombre.

Le gouvernement fait mine d’exécuter les décisions, le doigt sur la couture. Les parlementaires font semblant de débattre et se gavent pendant que le peuple souffre.

Ce régime ne réforme pas, il remplace. Il ne dirige pas, il verrouille. Et dans ce décor lugubre, le Premier ministre n’est qu’un nom de plus sur une liste de fusibles grillés, tandis que la vraie panne est ailleurs — à la source même du pouvoir.

Cinglante vérité : ce n’est pas Nadir Larbaoui qu’il fallait limoger, mais le modèle autoritaire, anachronique et creux d’un chef d’Etat  qui confond gouvernance avec domination. En Algérie, le pouvoir vertical n’élève rien : il écrase tout.

Yacine K.

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Tebboune limoge Larbaoui et installe Sifi Ghrieb premier ministre par intérim

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Tebboune Larbaoui

Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a signé, jeudi, un décret présidentiel mettant fin aux fonctions de M. Nadir Larbaoui, en sa qualité de Premier ministre, et a décidé de nommer à sa place, M. Sifi Ghrieb, en tant que Premier ministre par intérim, indique un communiqué de la Présidence de la République.

« Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a signé, ce jour, un décret présidentiel en vertu duquel il a mis fin aux fonctions de M. Nadir Larbaoui, en sa qualité de Premier ministre, et a décidé de nommer à sa place M. Sifi Ghrieb, en tant que Premier ministre par intérim », lit-on dans le communiqué.

Avec APS

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Martine Vassal au cœur d’une enquête pour corruption : enjeux politiques et judiciaires à Marseille

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Marine Vassal
Martine Vassal.

La présidente du Département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal (DVD), se retrouve aujourd’hui confrontée à une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Marseille pour « détournement de fonds publics », « trafic d’influence » et « corruption ».

Le parquet de Marseille s’intéresse de près à Martine Vassal. L’enquête, confirmée par le ministère public le 25 août, fait suite à un signalement effectué par un ancien haut fonctionnaire du Conseil départemental, Erwan Davoux, lui-même visé par une enquête pour « chantage ». Le contexte de cette affaire est délicat, car Martine Vassal s’apprête à annoncer sa candidature pour la mairie de Marseille, un enjeu qui pourrait amplifier les retombées politiques de ce dossier.

Selon les informations révélées par La Provence et corroborées par Marsactu, le signalement contre Vassal remonte à février dernier. Le parquet, après une période de silence prudente, a donc confirmé que des investigations étaient en cours, officialisant ainsi ce que plusieurs sources judiciaires avaient déjà évoqué.

L’affaire présente une double dimension : d’une part, elle implique des accusations de détournements financiers et de trafic d’influence ; d’autre part, elle touche directement le jeu politique local, à un moment où les élections municipales se profilent et où Vassal entend capitaliser sur son bilan mi-mandat.

Les accusations portent notamment sur des voyages « dispendieux » effectués par la présidente du Département, notamment à Miami et à Rome. Bien que les détails précis des montants et des circonstances ne soient pas encore totalement dévoilés, ces voyages figurent parmi les éléments qui ont conduit au signalement. Selon des sources proches du dossier, le signalement met en avant l’utilisation de fonds publics à des fins personnelles ou non conformes aux objectifs officiels du Département. Martine Vassal, pour sa part, rejette fermement ces accusations et se défend en qualifiant les démarches de son ancien collaborateur de tentative de chantage politique.

L’enquête préliminaire, menée sous l’égide du parquet de Marseille, vise à déterminer si les faits allégués constituent effectivement des infractions pénales. Le rôle du signalement est essentiel, car il déclenche officiellement l’action judiciaire, tout en donnant aux autorités la possibilité de collecter les preuves nécessaires pour étayer ou infirmer les accusations. Cette étape préliminaire permet également d’entendre différents acteurs concernés, y compris les témoins et les responsables administratifs, afin de dresser un panorama complet des pratiques financières au sein du Département.

Sur le plan politique, l’affaire a immédiatement suscité des réactions au sein de la classe politique marseillaise. Les opposants de Martine Vassal y voient un potentiel de remise en cause de sa légitimité, tandis que son camp invoque la prudence et la présomption d’innocence. La proximité de la prochaine campagne municipale renforce la tension médiatique et politique autour de ce dossier, chaque information pouvant influencer l’opinion publique et les équilibres électoraux.

L’élément central reste la gestion publique et la transparence des dépenses. Les accusations portées contre Vassal interrogent sur la manière dont les élus locaux utilisent les fonds départementaux, sur les procédures de contrôle interne et sur la surveillance par les instances judiciaires. Elles mettent également en lumière la fragilité des relations internes dans les administrations locales, où conflits personnels et ambitions politiques peuvent parfois se traduire en accusations graves.

Enfin, l’affaire Martine Vassal illustre la complexité des liens entre politique locale et justice à Marseille. L’ouverture d’une enquête préliminaire n’implique pas de condamnation immédiate, mais elle constitue un signal fort sur la vigilance du parquet concernant la bonne utilisation des fonds publics. Pour Martine Vassal, il s’agit d’un moment critique, où sa défense devra démontrer à la fois sa probité et sa capacité à maintenir l’action du Département malgré le climat judiciaire et médiatique tendu.

Dans les semaines à venir, le déroulement de cette enquête sera scruté par les médias, les acteurs politiques et les citoyens marseillais. La présomption d’innocence reste un principe fondamental, mais l’affaire soulève des questions fondamentales sur la transparence des institutions locales et sur le rapport entre pouvoir politique et responsabilité publique. Marseille, ville au paysage politique complexe, observe avec attention comment ce dossier pourrait redéfinir les contours du pouvoir au sein du Département et de la Métropole.

G.D.

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L’ancien international algérien Abdallah Medjadi-Liégeon est mort

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Medjadi

L’ancien défenseur international algérien Abdallah Medjadi-Liégeon est décédé ce mercredi 27 août 2025 à l’âge de 67 ans, après un long combat contre la maladie.

Au début des années 1980, Liégeon avait rendez-vous avec l’histoire. Sacré champion de France avec l’AS Monaco, il se voit proposer par Michel Hidalgo, alors sélectionneur des Bleus, de participer à la Coupe du monde 1982 aux côtés de son coéquipier Manuel Amoros. Mais il refuse l’offre et choisit de défendre les couleurs de l’Algérie, officialisant son engagement en serrant la main de Ben Drame, émissaire de la Fédération algérienne chargé de convaincre les binationaux.

Ses proches racontent qu’à l’annonce de sa sélection avec les Verts, sa mère, qui l’avait élevé seule après son divorce, avait pleuré devant lui pour la première fois. Un souvenir marquant qu’il a toujours gardé. Privé du Mondial 1982 en Espagne après sa mise à l’écart par l’entraîneur Mehieddine Khalef, il connaît la consécration quatre ans plus tard sous la houlette de Rabah Saâdane en participant à la Coupe du monde 1986 au Mexique.

En club, Abdallah Medjadi-Liégeon s’est illustré sous les couleurs de l’AS Monaco, avec qui il remporte le championnat de France en 1982 puis la Coupe de France en 1985, avant de terminer sa carrière au RC Strasbourg. Joueur sérieux et fidèle à ses choix, il reste dans les mémoires comme un défenseur solide et un homme de principes.

Avec sa disparition, le football algérien perd l’un de ses symboles d’attachement et de loyauté, un joueur qui a choisi la patrie au détriment de la gloire personnelle.

Nos sincères condoléances à toute sa famille.

Djamal Guettala

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Innovation ou illusion ? Quand la science se perd dans le spectacle

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Alger
Alger grouille d'annonces insensées.

Depuis quelque temps, on Algérie on assiste à une multiplication d’annonces spectaculaires autour de projets présentés comme des « inventions révolutionnaires».

On voit apparaître des valises solaires exhibées comme si elles venaient d’être créées ou encore des projets industriels lancés en grande pompe, sans véritable base scientifique. Pourtant, la plupart de ces solutions existent déjà depuis longtemps sur le marché mondial.

Cette mise en scène traduit une dérive dangereuse : confondre communication politique et véritable recherche scientifique. Car l’innovation ne se décrète pas. Elle ne jaillit pas d’un simple effet médiatique. Elle est le fruit d’années de travail patient, mené dans des laboratoires solides, entourés d’équipes compétentes, validés par des pairs et inscrits dans un écosystème cohérent.

Prenons l’exemple des chercheurs qui ont reçu le prix Nobel pour la batterie lithium-ion. Leur réussite ne vient pas d’un coup de projecteur isolé, mais d’un effort collectif sur plusieurs décennies, dans des laboratoires dotés de moyens conséquents. Leur travail illustre une vérité universelle : la science avance par accumulation, collaboration et validation rigoureuse.

En Algérie, la tentation est grande de croire au raccourci : une visite officielle, un prototype présenté devant les caméras, et soudain le pays basculerait dans la modernité.

Mais le véritable transfert de technologie ne peut pas fonctionner ainsi. Il doit d’abord passer par les chercheurs eux-mêmes, par des coopérations scientifiques concrètes, des échanges de savoir-faire et la création de laboratoires opérationnels. Ce n’est qu’ensuite que la dimension politique ou industrielle peut intervenir pour soutenir et généraliser l’innovation.

Si nous voulons vraiment rattraper notre retard, nous devons cesser de célébrer des mirages. L’Algérie n’a pas besoin d’illusions technologiques, mais d’investissements massifs dans ses universités, ses centres de recherche et ses talents. Ces compétences existent, aussi bien dans le pays que dans la diaspora. Mais elles ne pourront s’exprimer que si on leur donne un environnement sérieux et durable.

La science n’est pas une vitrine. Elle n’est pas une conférence de presse. Elle est une construction collective, exigeante et patiente. Tant que nous continuerons à privilégier le spectacle plutôt que la rigueur, nous applaudissons des illusions au lieu de bâtir des solutions réelles.

L’avenir de l’Algérie dépend moins des annonces tapageuses que de la confiance donnée à ses chercheurs. À nous de choisir si nous voulons des feux d’artifice éphémères… ou des bases solides pour un progrès durable.

Professeur T. Kerbache

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Les enfants, ces victimes oubliées de la sale guerre (II)

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Des enfants dans la guerre
Des enfants dans le tourbillon de la guerre d'indépendance.

Soudain, une détonation puissante éclate au loin et nous fait tous précipiter au balcon duquel nous avions vue imprenable sur la partie basse du village d’où semblait provenir l’explosion. La quiétude et le silence des instants précédents laissent rapidement place à des cris d’enfants et des hurlements de femmes qui jaillissaient de l’afflux mixé que l’on aperçoit se diriger, au pas de course et une cadence disloquée, le long du sentier principal, vers la sortie du village.

La nouvelle se répand d’une fenêtre à l’autre, d’un potager à l’autre, d’un balcon à l’autre, et fait très vite le tour pour échoir dans les oreilles de tous les villageois, essentiellement les femmes et les enfants. Les hommes étant souvent absents à ces heures-là.

Même de loin, il n’était pas difficile de suivre un enchaînement d’événements annonciateur d’une gravité inédite pour nous, les petits galopins à l’affût de la moindre animation, car l’effet de surprise laisse rapidement place à une cohue indescriptible et des lamentations appuyées par des « Aya bouh almoum’niiiii…iines » (des « au secours », adressés à tous les saints de la Terre) à donner des frissons au plus insensible des humains.

Lamentations amplifiées et entrecoupées de complaintes, à gorge déployée, de plus en plus perceptibles « Yemout Ali-inouuuu….ouu ; Yemout Omar inouuuu….ouu » (Mon Ali est moooort ! Mon Omar est moooort) hurlés par khalti Dhabia et Na Ouardia, les deux mamans désemparées par ce qui venait d’arriver à leurs petits !

Quelques secondes plus tard, les infirmiers militaires accourent et arrivent sur les lieux de l’explosion. Dans ce fracas de hurlements et de déferlement, on avait du mal à bien distinguer ce qui se passait vraiment au milieu d’un cortège entourant un centre d’attention qui se déplaçait, en trajet retour, vers l’infirmerie. Nous n’avions pas encore eu vent des éléments précis sur ce qui s’était réellement passé que les vrombissements d’un hélicoptère envahissent le ciel pour le remplir de tonalités synonymes d’extrême urgence.

L’oiseau de fer géant atterri sur l’unique esplanade à la périphérie du village, embarque Ali, 11 ans et Omar 10 ans, aux urgences de Tizi-Ouzou.

Que s’était-il donc passé ce jour-là ? Les versions allaient bon train et divergeaient d’une explication à l’autre. Chaque enfant témoin, de plus ou moins près de la scène, avait la sienne, mais nous ne le sûmes vraiment que quand Ali et Omar sortirent de l’hôpital…42 jours plus tard !

En ces temps-là, dans nos villages exigus, les sentiers principaux faisaient offices d’uniques terrains de jeux pour dissiper nos inépuisables énergies de galopins. Nous nous disputions quelques coins « spacieux » et autres plateformes stratégiques dès les petits matins annonciateurs de belles journées. Nos jouets, c’était n’importe quelle bricole qui traine par terre et qui tombe sous le regard de nos curiosités avides de « nouveautés ».

Ce jour-là, Omar et Ali, en comparses joyeux, s’en allèrent gaiement suivre les traces d’une unité militaire qui venait de longer la piste principale du village, à la recherche de quelconque boîte à ramasser et autre emballage de luxe rejeté par ces soldats qui ne manquaient de rien, pour être recyclé en quelconque gadget par des enfants qui manquaient de tout !  -C’est notre jour de chance, devaient se dire, ce jour-là, Ali et Omar quand ils repèrent quelques babioles aux allures géométriques attrayantes que les soldats avaient laissé choir sur leur passage.

À leur vue Omar s’écrie de joie : – « Wa3-Ali, moukel-kane, thifthilines ouroumi » (Eh Ali, viens voir ! y’a des lampes des roumis qui trainent par terre, là !) – « Yagh ath’tidenli, anwali achou yelane dhakhal ! » (Ouvrons-les pour voir ce qu’elles contiennent) … À suivre

Kacem Madani

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«10 septembre» : des réseaux sociaux aux actions, regards croisés sur un mouvement en gestation

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Appel à la grève le 10 septembre

Né en ligne, l’appel à « mettre la France à l’arrêt », le 10 septembre, intrigue par son caractère insaisissable. Peut-il réussir à agréger des colères diffuses pour devenir un véritable mouvement de contestation ? Les syndicats s’impliquent.

La CGT soutient la mobilisation du 10 septembre et appelle à « construire la grève partout où c’est possible ». De même que Sud Solidaires. De son côté, la CFDT, première organisation syndicale du pays, a déjà annoncé qu’elle « ne se joindrait pas » au mouvement.

Un coup de pouce pour le mouvement « Bloquons tout le 10 septembre ». La CGT souhaite que cette mobilisation « soit une première étape réussie » et appelle à « construire la grève partout où c’est possible ». Le syndicat l’a annoncé, mercredi 27 août, après avoir réuni, depuis mardi, son comité confédéral national.

« Un mouvement citoyen a émergé contre la violence sociale et c’est une très bonne nouvelle », a déclaré à l’AFP à propos du mouvement né sur les réseaux sociaux Thomas Vacheron, secrétaire confédéral de la CGT. Toutefois, les partenaires sociaux ne sont pas tous sur la même ligne. La CFDT, première organisation syndicale du pays, « ne se joindra pas » au mouvement, a affirmé mardi sa leader, Marylise Léon, dans Le Monde(Nouvelle fenêtre). Elle entend proposer, lors de la réunion intersyndicale prévue vendredi, « une date de mobilisation commune, parce qu’il faut que le monde du travail s’exprime ».

Solidaires pour la grève, FO temporise

« Tout bloquer, la désobéissance, ce n’est pas la méthode de la CFDT. Et le syndicat ne répond pas aux injonctions des partis politiques », a-t-elle ajouté alors que le fondateur de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a appelé à la grève générale pour le 10 septembre.

De son côté, l’Union syndicale Solidaires a appelé à la grève et à soutenir le mouvement. Souhaitant « construire un mouvement social » afin « d’instaurer un autre partage des richesses », le syndicat s’inscrit « dans la construction d’un rapport de force par la grève dans l’intersyndicale du vendredi 29 août ».

Le chef de file de Force ouvrière, Frédéric Souillot, se tient, lui, « à distance » du mouvement du 10 septembre. Son organisation se déterminera lors de l’intersyndicale de vendredi. La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, s’était elle-même montrée prudente dans un premier temps par rapport à ce mouvement. Interrogée sur France Inter vendredi, elle l’avait jugé « nébuleux », redoutant un « noyautage de l’extrême droite ».

Avec Francetvinfos

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Les jeunes Français face à la guerre d’Algérie : comprendre le passé pour construire le présent

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Les jeunes français et la guerre d'Algérie

La guerre d’indépendance algérienne reste, malgré les décennies écoulées, un sujet sensible et vivant dans la société française, notamment chez les nouvelles générations. Dans Les jeunes et la guerre d’Algérie – Une nouvelle génération face à son histoire (Paul Max Morin, PUF, 2 mars 2022), l’auteur propose une exploration originale du rapport des jeunes Français à ce passé complexe.

S’appuyant sur une enquête auprès de 3 000 jeunes de 18 à 25 ans et sur une centaine d’entretiens avec des petits-enfants d’appelés, de Pieds-noirs, de Juifs d’Algérie, de harkis et de militants du FLN ou de l’OAS, Paul Max Morin montre que 39 % des jeunes Français ont un lien familial direct avec la guerre d’Algérie. Ce lien se traduit par un héritage complexe, entre souvenirs douloureux, silences pesants et curiosité pour comprendre leur identité et celle de la société qui les entoure.

L’originalité du livre tient à la manière dont il interroge la mémoire vivante des jeunes, en dépassant le simple récit historique pour saisir les traces personnelles et familiales de la guerre. Les récits familiaux, qu’ils soient transmis ou tus, façonnent l’identité des petits-enfants et les amènent à questionner le passé de leurs aïeux, mais aussi leur propre place dans la société française contemporaine.

Pour les jeunes sans lien familial direct, l’école, la culture populaire et les médias offrent des clés pour comprendre ce passé. Films, bandes dessinées, romans et musique permettent de se construire une représentation partielle mais significative de la guerre et de ses enjeux sociaux et politiques. Ces multiples points d’accès contribuent à former une conscience collective et à stimuler une réflexion identitaire et citoyenne.

Morin souligne également la dimension politique de la mémoire. Les transmissions familiales peuvent influencer les opinions et engagements politiques des jeunes, mais elles peuvent aussi provoquer des ruptures ou des réévaluations critiques. La mémoire de la guerre d’Algérie devient ainsi un espace de négociation identitaire et de construction de sens, révélant la manière dont le passé continue de façonner le présent.

Un autre point fort de l’ouvrage est le dialogue intergénérationnel. En confrontant les souvenirs des acteurs directs avec ceux de leurs petits-enfants, l’auteur met en lumière la transformation de la mémoire au fil du temps. Les jeunes héritent d’un passé qu’ils n’ont pas vécu mais qu’ils doivent comprendre pour se situer dans le monde actuel, faisant d’eux des acteurs de la mémoire plutôt que de simples récepteurs passifs.

Enfin, le livre met en évidence le rôle central de la transmission historique et culturelle. Les jeunes souhaitent que la société reconnaisse ce passé, fournisse un accès à la vérité et permette une mémoire partagée. Par ce processus, ils deviennent des médiateurs entre le passé et le présent, entre l’histoire familiale et l’histoire collective, construisant leur identité et leur citoyenneté.

Les jeunes et la guerre d’Algérie n’est donc pas seulement un ouvrage historique. Il constitue une immersion dans la mémoire vivante et dans l’identité des jeunes Français, révélant comment ils s’approprient un passé complexe et en tirent des leçons pour le présent et l’avenir. L’ouvrage de Paul Max Morin offre ainsi un regard inédit sur la manière dont les nouvelles générations affrontent l’histoire pour mieux comprendre la société dans laquelle elles vivent.

Djamal Guettala  

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Alger–Paris : la crise des accréditations diplomatiques vire à l’affrontement politique

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Drapeau Algérie France

La convocation, le 27 août, du chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger par le ministère algérien des Affaires étrangères marque un nouveau palier dans les tensions diplomatiques entre les deux pays. Décidément, les nerfs des dirigeants sont à bout !

Le geste, rarement utilisé à ce niveau, répond à un communiqué de la représentation française jugé « inacceptable » par Alger, tant par sa forme – en s’adressant directement à l’opinion publique algérienne – que par son contenu, perçu comme un renversement des responsabilités.

Au cœur du différend : la question de l’accréditation des diplomates et consuls. Alger affirme que la France a elle-même ouvert la crise en refusant, depuis plus de deux ans, l’agrément de plusieurs représentants algériens. Trois consuls généraux, six consuls et quarante-six agents diplomatiques et consulaires n’ont toujours pas reçu leurs accréditations malgré des demandes introduites depuis plus de six mois. Une situation qui, selon Alger, affecte directement la qualité des services et de la protection consulaire offerts aux ressortissants algériens en France. En même, eu égard à l’importante présence de l’immigration algérienne, l’Algérie entretient un réseau de 18 consulats sur le territoire français.

La réponse algérienne insiste sur le principe de réciprocité stricte. Le refus d’accréditation opposé à des diplomates français n’est, selon Alger, qu’une conséquence de la politique de blocage menée par Paris. En rappelant que la convention de Vienne de 1961 interdit toute instrumentalisation politique des procédures diplomatiques, le ministère des Affaires étrangères dénonce une manœuvre délibérée, « préméditée » et contraire aux usages établis.

Le différend dépasse toutefois le seul registre technique des accréditations. Alger établit un lien direct avec le dossier des visas, qualifié d’« instrument de chantage » utilisé par la France dans le cadre d’une politique de « poigne de fer » à l’égard de l’Algérie. Et disons-le franchement, l’Algérie utilise le refus d’accueillir les Algériens sous OQTF que la France tente d’expulser depuis des mois. A chacun ses moyens de pression.

La décision d’Alger, en 2023, de mettre fin à l’accord bilatéral de 2013 exemptant de visas les détenteurs de passeports diplomatiques et de mission avait déjà constitué un tournant. Aujourd’hui, l’Algérie accuse Paris d’ouvrir une « seconde phase » de pression visant cette fois les titulaires de passeports ordinaires.

En toile de fond, cette escalade révèle la persistance d’un climat de méfiance et de rapport de force qui fragilise la relation bilatérale. Loin des tentatives de réconciliation ponctuelles entre chefs d’État, la dynamique actuelle illustre le poids des contentieux accumulés depuis plusieurs années : mémoriels, migratoires et désormais diplomatiques. Au final, que reste-t-il des relations entre les deux pays ? Et jusqu’à quel point cette crise ira-t-elle ?

Samia Naït Iqbal

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Lubrifiants : quand la présidence se substitue à Naftal pour répondre à El Watan

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Présidence
La présidence se mêle de tout.

La levée ou pas  du monopole de Naftal sur l’importation des lubrifiants a suscité une vive controverse. Non pas tant sur le fond de la décision économique que sur la manière dont l’information a été démentie : non par l’entreprise publique concernée, mais par la présidence de la République. Une intervention inhabituelle qui soulève des interrogations sur la liberté de la presse et le rapport de force entre pouvoir et médias.

Si ce n’est pas la verticale du pouvoir ça y ressemble. Dans son édition du 27 août 2025, El Watan rend compte de la décision des pouvoirs publics de mettre fin au monopole confié, à peine trois mois plus tôt, à Naftal sur l’importation des lubrifiants.

La mesure, décidée en mai lors d’un Conseil des ministres, avait rapidement provoqué des tensions sur le marché, les industriels dénonçant des difficultés d’approvisionnement.

Le ministère du Commerce rétropédale donc et assouplit la réglementation, permettant désormais aux opérateurs privés d’importer six types d’huiles et lubrifiants, à usage strictement professionnel. Six ! On en est aux comptes d’apothicaires. Mais le plus lamentable allait arriver.

Dans un communiqué publié sur la page Facebook officielle de la présidence de la République, la Direction générale de la communication de cette institution a démenti, le même jour, l’information publiée par le quotidien El Watan. Le communiqué officiel, fondé sur une « vérification auprès de l’autorité compétente », rappelle que la Société nationale de distribution des carburants demeure « l’unique instance habilitée » à importer huiles moteurs et pneus, et que la décision du Conseil des ministres du 7 mai 2025 n’a connu aucune révision.

Le choix de cette démarche inhabituelle soulève deux questions :

El Watan a-t-il réellement failli dans son traitement au point que le Palais d’El Mouradia juge nécessaire d’intervenir directement ?

Ou bien s’agit-il d’un signal politique adressé à un journal qui, déjà fragilisé financièrement, vit sous pression constante ?

Le démenti présidentiel, au lieu d’apaiser, laisse planer un malaise : pourquoi l’exécutif s’arroge-t-il la tâche de rectifier une information qui relevait du ressort d’une société nationale comme Naftal ? Une situation pour le moins bizarre qui en dit long sur la fébrilité qui s’est emparée de l’exécutif depuis le drame de Oued El Harrach, lequel a suscité des interrogations sur l’absence du chef de l’État.

Dans un fonctionnement institutionnel normal, un simple démenti de la part de Naftal directement concernée aurait suffi à rétablir les faits. Or, c’est la Présidence qui s’est emparée de l’affaire, conférant à ce démenti une dimension politique et symbolique. Ce choix place El Watan au centre d’un dispositif de mise en cause publique rarement observé dans les relations entre pouvoirs publics et médias.

La réaction en chaîne qui a suivi a renforcé cette impression. De nombreux médias, largement dépendants de la manne publicitaire de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP), ont repris le démenti présidentiel sans procéder à la moindre vérification indépendante. Cette unanimité a donné l’image d’une presse alignée, plus prompte à relayer la parole officielle qu’à enquêter sur le fond de l’information initiale.

Derrière l’épisode technique sur les règles d’importation se dessine ainsi un autre enjeu : celui de la liberté de la presse et de l’indépendance éditoriale.

Plusieurs observateurs estiment que ce démenti présidentiel, au-delà de la rectification des faits, prépare le terrain à un possible durcissement vis-à-vis d’El Watan. Eu égard aux mœurs vengeresses instaurées par Tebboune et ses affidés, il est à craindre que ce quotidien d'information subisse une énième estocade.

L’hypothèse d’un ciblage politique est d’autant plus crédible que le quotidien a déjà payé le prix fort de son indépendance.

La suspension de la publicité publique distribuée par l’ANEP a plongé le journal dans un déséquilibre financier chronique, fragilisant ses capacités de fonctionnement et réduisant son assise sur le marché. En marginalisant financièrement un média, le pouvoir s’est doté d’un levier efficace pour en contenir l’influence.

Ainsi, l’affaire du « faux pas » supposé sur Naftal dépasse largement le registre de la précision factuelle : elle s’inscrit dans une stratégie de long terme où les instruments politiques et économiques se conjuguent pour affaiblir une presse indépendante déjà mise à rude épreuve.

Les arrière-pensées de la présidence

Il est à noter qu’El Watan s’est fondé sur une note officielle du ministère du Commerce extérieur, datée du 25 août et signée par le secrétaire général, pour publier son information sur la levée du monopole. L’authenticité de cette base documentaire exclut l’idée d’un traitement approximatif ou léger.
En définitive, la controverse dépasse la question technique des lubrifiants : elle illustre surtout la volonté du pouvoir de garder la main sur le récit économique et politique. Que la présidence se substitue à Naftal pour démentir un article adossé à une note ministérielle n’a rien d’anodin. Cela ressemble moins à une mise au point qu’à une démonstration d’autorité, ciblant un journal et l'ensemble du champ médiatique national.
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