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Condoléances à Ferhat Mehenni

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Disparition

Condoléances à Ferhat Mehenni

Suite au décès d’Anya Mehenni, la fille de Ferhat Mehenni, président de l’Anavad, l’équipe du Matin présente à ce dernier ainsi qu’à sa famille ses plus sincères condoléances et l’assure de toute sa sympathie. 

La levée du corps est prévue pour ce lundi 20 août à 11 heures au Funérarium de Drancy sis au 41-43 Rue Anatole France, 93700 Drancy, en région parisienne.

L’inhumation aura lieu mercredi 22 août au village de Maraɣna, dans Lɛerc des Illulen U Malu, à 37 km au Sud-Est de Tizi Wezzu.

 




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La leçon de Steinbeck 

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Regard

La leçon de Steinbeck 

Ce fut en septembre 1960 que le romancier américain John Steinbeck (1902-1968) avait pris, à 58 ans, la décision de partir pour la deuxième fois, à la découverte de son pays : l’Amérique. En 1935 déjà, il avait pu parcourir en fourgonnette de boulanger les routes de l’ouest pour pondre dans un célèbre ouvrage « Les Raisins de la colère », la peinture de l’Amérique profonde des années de la crise. A la veille de sa nouvelle aventure, il écrit ceci dans un courrier adressé à sa mère :  » Cela fait des années que je ne l’ai pas regardé.

Je m’en irai seul vers l’ouest, par la route du nord…Je traînerai dans les cafés et les bars, je mangerai les hamburgers dans les gargotes, et j’irai à la messe du lundi…J’explorerai les villes, les bourgades, les fermes et les ranches…, je veux juste observer et écouter…, un réapprentissage de mon propre pays, de ses manières de penser, de ses opinions, de ses attitudes, de ses changements… ». Après onze semaines d’un long périple, culminé par la parution d’une autre œuvre intitulée « Voyage avec Charley », le succès de celle-ci auprès du public et de la critique fut immédiat. D’ailleurs, l’auteur recevait, l’année même, le prix Nobel de la littérature ! Mais qu’avait-il raconté pour susciter un tel engouement populaire et mériter une distinction si prestigieuse comme Nobel ? 

En vérité, Steinbeck était si curieux de connaître les siens qu’il rapporta et analysa, dans les moindres détails, leur vie et leurs habitudes. A la recherche d’un contact physique avec ces derniers, il s’est immergé dans leur quotidien avec tout ce qu’il contenait de souffrances, de joies et d’espérances.

En d’autres termes, il s’est attaché d’abord à comprendre ses frustrations personnelles de se sentir étranger en cette Californie, la ville de son enfance, «métamorphosée» par rapport à ce qu’il avait laissé auparavant, puis décortiquer l’Américain et sa vision de son pays, son continent, son avenir.

Ainsi décrit-il des réalités régionales séculaires en voie de disparition tels que l’accent, le parler de terroir et les coutumes détruits par la radio et la télévision, l’industrialisation qui commence à dénaturer les paysage ruraux, les inégalités sociales, la montée du racisme anti-noir, etc. Tels le dramaturge Kateb Yacine et l’anthropologue Mouloud Mammeri partis, eux aussi dans l’Algérie profonde des années 1970 étudier leur peuple et le comprendre, Steinbeck conclut à la fin de son périple, qu’avant de parler de son pays, il fallait d’abord connaître en profondeur l’architecture logique de sa culture et les structures inconscientes de la vie sociale de ses habitants.

Notre intelligentsia, en Algérie, devrait s’en inspirer aujourd’hui. Elle devrait aller découvrir son pays pour qu’elle puisse le comprendre et en parler par la suite. Pas question de rester confiné dans son bureau, agence de presse, salon littéraire ou ailleurs et prétendre analyser ce à quoi aspire un habitant de Touggourt, Relizane, Tizi Ouzou, ou Nâama ! La réalité est dans le terrain. Au boulot alors! Vite. Si Steinbeck est encore vivant, il attendra, sans doute, les constats, les rapports et les bilans ! 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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Quand aux crimes contre l’humanité s’ajoutent les impostures

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Regard

Quand aux crimes contre l’humanité s’ajoutent les impostures

L’oligarchie dominant la France relance encore la question des harkis, des « pieds-noirs » et autres ex-représentants colonialistes en évoquant des « droits » à récupérer. C’est ajouter au crime contre l’humanité, en l’occurrence contre le peuple algérien et sa terre, l’imposture !

En effet, qui étaient donc les harkis et les « pieds-noirs », dans leur grande majorité et essentiellement ?… Les seconds étaient des profiteurs du système colonial, et les premiers ses supplétifs indigènes, profitant, eux aussi, à leur manière, du même système colonial.

Quant à ceux qui évoquent les « bienfaits » du colonialisme, donnant comme preuves les écoles, les lignes de chemin de fer, les routes, les barrages d’eau, les hôpitaux, les industries, l’agriculture, la « culture », etc., etc., les thuriféraires de ces réalisations oublient ou feignent d’oublier que toutes ces réalisations furent décidées et concrétisées d’abord et principalement pour servir les intérêts de l’oligarchie colonialiste de France, et de ses représentants en Algérie.

Faut-il encore rappeler ce qu’était le système colonial français en Algérie ?… Massacres de population avec tentative de génocide total, à la manière des Européens en Amérique contre les populations autochtones ; ensuite, asservissement de la population survivante, en faisant « suer le burnous » des travailleurs, et en traquant, torturant et assassinant les révoltés contre l’occupation coloniale et ses crimes ; enfin, une guerre totale pour empêcher un peuple de conquérir son indépendance, et cela par les bombes au napalm, la torture systématique, les assassinats de dirigeants, les massacres de civils soutenant la lutte de libération nationale, etc., etc. La présence de la « France » en Algérie, c’est-à-dire de sa composante colonialiste, c’est d’abord du sang et des larmes, ensuite de la sueur et encore des larmes et du sang !

Après tout cela, les descendants de ces auteurs de crimes contre l’humanité osent encore réclamer des droits ?!

Comment expliquer cette insolente imposture sinon par un fait ?… Que le peuple algérien, à travers son État, a montré de la compréhension et de la clémence, oui ! De la compréhension et de la clémence envers les colonialistes exploiteurs-tortionnaires-tueurs et leurs infâmes soutiens et profiteurs.

Alors, que ce peuple algérien, à travers son État, aurait dû réclamer ses droits, ceux-ci légitimes. Afin que les descendants de l’oligarchie coloniale ne puissent pas ajouter au crime contre l’humanité l’imposture. Comment ?… En réclamant des indemnités, compensations et remboursement pour tous les actes et crimes du colonialisme : agression contre le peuple et le pays, massacres de populations entières, accaparement de terres et de ses ressources naturelles, exploitation de la sueur du peuple, guerre d’extermination contre lui, napalm contre sa végétation et ses montagnes, etc. Alors, à combien s’élèverait le montant ?

Juste en passant : pourquoi l’Allemagne a reconnu ses crimes contre les Juifs (environ 6 millions, durant un laps de temps de domination nazie), et a fourni des indemnités financières à Israël, tandis que l’oligarchie de  France, plutôt que d’agir de la même manière envers le peuple algérien (une dizaine de millions, pendant 132 ans), a le culot scandaleux d’évoquer des « compensations » pour ses supplétifs harkis et ses « pieds-noirs » d’origine européenne (ou française) ?… Que dirait-on de représentants de l’oligarchie allemande actuelle qui réclamerait des « droits » en France pour leurs concitoyens qui ont dominé et exploité le peuple de France, et pour les « colaborateurs » autochtones qui les ont servis ?

Cette oligarchie française, non seulement réclame des « droits » illégitimes, mais elle a l’infamie de ne pas reconnaître de manière publique et entière ses crimes contre le peuple algérien, qui ont toutes les caractéristiques de crimes contre l’humanité. Et les représentants de cette oligarchie ont l’odieuse hypocrisie de parler de réconciliation ! En oubliant également leurs actions néo-colonialistes qui continuent aujourd’hui pour maintenir une forme de domination sur l’Algérie et son peuple. Décidément ! Les oligarchies colonialistes ne voient que leurs égoïstes et illégitimes intérêts de castes, en ignorant avec un insolent mépris les droits légitimes d’un peuple qu’ils ont odieusement exploité et criminellement massacré.

Si les représentants de cette oligarchie colonialiste persiste dans leur prétention à des « droits », alors, que le peuple algérien, à travers son État, leur présente la facture de cent trente deux années de méfaits et crimes colonialistes. Et quand les représentants de cette oligarchie paieront et reconnaîtront publiquement leurs forfaits, alors, seulement alors, aura un sens le mot « réconciliation » ou « coopération ».

Ceci étant dit, espérons que le lecteur l’a noté : dans ce texte, il est question de l’oligarchie de France, passée et présente (et de ses suppôts d’origine européenne ou algérienne), et non du peuple de France, lequel est, lui aussi, d’une certaine manière, victime de cette même oligarchie.

Autre observation : le lecteur qui penserait que ce texte est violent, devrait d’abord se rappeler ce que fut la violence en acte du colonialisme en Algérie.

Dernière remarque : ces considérations ne sont nourries par aucun dérisoire ressentiment ; leur souci est seulement de rappeler les faits concrets, et de les considérer du point de vue de la justice et de la raison humaines.

K. N.

Email : kad-n@email.com

Auteur
Kaddour Naïmi

 




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A mon père Mokhtar Kerkeb, disparu il y a 5 ans

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Pensée

A mon père Mokhtar Kerkeb, disparu il y a 5 ans

Mokhtar Kerkeb né 14 juin 1934 à El Bayadh est décédé 18 août 2013.

 

Le dimanche 18 août 2013 au matin, la triste nouvelle est tombée: le colonel Kerkeb, affectueusement connu sous le nom de Si Mokhtar, nous a fait son dernier adieu.

Par-delà la douleur qui est encore la nôtre, tes compagnons de lutte, tes amis et les tiens, tous unis dans cette épreuve ont une pensée pour toi.

Ta légendaire modestie t’a empêchait de parler de toi. Laissant ceux qui n’ont rien fait se mettre en avant. Mais l’histoire finit toujours pas nous rattraper.

5 ans plus tard, ta mémoire est toujours intacte et je dirais même plus que cela elle est grandissante. Ceux qui t’ont côtoyé ont appris à être comme toi, humble, sincère et déterminés.

Tu nous laisses, le témoignage précieux qu’une vie est utile par les actes accomplis, les mots prononcés et surtout l’engagement sincère envers son pays …

Avec toi Si Mokhtar, nous nous sentons grandis, nous avons tous envie de nous lever parce que nous aimerions tant te ressembler…

Tes photos à des milliers de kilomètres d’Alger dans un musée près de Luanda sont la preuve vivante de ce que tu as toujours été.

Reposes en Paix

Ta fille Djazia

 




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Bouteflika limoge deux généraux-majors

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Mouvement dans l’armée

Bouteflika limoge deux généraux-majors

Les 2e et 6e régions militaires ont connu d’importants changements à la tête de leurs états-majors.

C’est ainsi que le président Abdelaziz Bouteflika a décidé de limoger les généraux majors Said Bey, chef de la deuxième région militaire et Habib Chentouf, patron de la 2e région militaire, selon une source bien informée. Avant d’être nommé à la tête de la 2e région militaire, le général-major Saïd Bey gérait la 5e RM.

Le directeur de l’Académie militaire de Cherchell, le général major Ali Sidane, a été nommé à la tête de la première région militaire. Le chef de la 6e région militaire, le général major Mefteh Souab a été nommé à la tête de la 2e région militaire, ajoute la même source.

Auteur
Khaled Ouragh

 




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567 romans en librairies pour la rentrée en France

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Publication

567 romans en librairies pour la rentrée en France

Selon le magazine des éditeurs Livres hebdo, 567 nouveaux titres, dont 186 titres étrangers seront publiés d’août à octobre 2018. Les littératures venant du monde noir occuperont une place privilégiée dans cette rentrée littéraire dont les premiers titres seront en librairie dès le 16 août. RFI propose en deux parties les incontournables qui feront le bonheur des aficianados des littératures issues de l’Afrique, la Caraïbe et des Amériques noires.

Avec une quarantaine de nouveaux titres, le monde noir d’Afrique, des Antilles et d’Amérique ne passera pas inaperçu en ce moment de rentrée littéraire. Parmi les têtes d’affiche cette année, le Franco-Congolais Alain Mabanckou, le Sud-Africain JM. Coetzee, l’Egyptien Alaa El Aswany ou encore la Britannique de père Jamaïcain Zadie Smith et les Algériens Boualem Sansal et Yasmina Khadra, qui reviennent sur le devant de la scène avec des récits forts, émouvants et en prise avec les violences et les dysfonctionnements de nos sociétés mondialisées. Mais ce sont les primo-romanciers qui risquent de faire l’événement cette année avec leurs textes de grande qualité, prometteurs d’un avenir fécond. Cette rentrée littéraire compte aussi des essais, des mémoires remarquables par quelques-unes des grandes plumes du monde noir telles que Ta-Nehisi Coates, Souleymane Bachir Diagne, Henri Lopes, Dany Laferrière.

L’Algérien Boualem Sansal dépeint des démocraties en perdition

L’Algérien Boualem Sansal s’est fait connaître en publiant son premier roman Le Serment des Barbares en 1999. Si ce roman a propulsé l’écrivain à l’avant-scène des lettres francophones, c’est parce qu’il a su raconter avec une distance critique et cathartique la tragédie de l’Algérie des années 1990. L’œuvre que ce romancier et polémiste talentueux a construite, depuis la parution de ce premier livre il y a 20 ans, est composée d’une dizaine de romans et d’essais. Ils creusent le thème de l’identité algérienne, s’interrogeant plus particulièrement sur l’emprise de la religion sur les esprits.

Son nouveau roman Le train d’Erlingen ou La métamorphose de Dieu qui paraît cet automne s’inscrit dans cette lignée de la critique sociale et politique. L’écrivain algérien explore, à travers une écriture allégorique qui rapproche le totalitarisme religieux du fascisme et du stalinisme, les ravages que cause le fondamentalisme religieux, écrasant sous ses bottes les valeurs humanistes de la liberté et du progrès. A Erlingen, fief cossu de la haute bourgeoisie allemande, assiégé par un ennemi mystérieux qui ambitionne de faire de la soumission à son dieu la loi unique de l’humanité, la population attend l’arrivée d’un train qui va l’évacuer. C’est le train du salut dont l’attente fiévreuse et désespérée est racontée dans le roman par une certaine Ute Van Ebert, héritière d’un puissant empire industriel. Cette histoire est reliée à celle d’une victime de l’attentat islamiste du 13 novembre 2015 à Paris…

Il est difficile de résumer Le train d’Erlingen sans le réduire à son intrigue, alors que chez Boualem Sansal le fond et la forme sont intimement liés. Très postmoderniste dans sa structure qui mêle correspondances, extraits de romans et interviews, le récit ici procède par échos et résonances entre les événements et les êtres, faisant de sa lecture, comme l’écrit l’auteur dans le prologue, « un acte initiatique ».

Le train d’Erlingen ou La métamorphose de Dieu, par Boualem Sansal. Editions Gallimard, 249 pages, 20 euros

David Diop raconte l’aventure ambiguë des enrôlés de force africains dans la Première Guerre mondiale

Les tirailleurs sénégalais sont les oubliés des célébrations cette année de la fin il y a cent ans, de la Première Guerre mondiale. Le beau et puissant premier roman du Franco-Sénégalais David Diop, intitulé Frère d’âme vient rappeler le rôle joué par les contingents africains sur les champs de bataille en Europe de l’Ouest pour hâter la fin de cette première boucherie de l’ère moderne.

Alpha Ndiaye et Mademba Diop ont 16 ans quand ils débarquent en Europe pour combattre sous le drapeau français. Le roman s’ouvre sur un drame : Mademaba tombe, blessé à mort et demande à son ami d’enfance de lui couper la gorge pour mettre fin à sa souffrance. Alpha refuse, mais finira par obtempérer. Puis, il portera dans ses bras le cadavre de son ami d’enfance jusqu’à la prochaine tranchée. Se retrouvant désormais seul dans la folie du grand massacre, Alpha perd la raison et distribue la mort, semant l’effroi. Il tranche les chairs ennemies, estropie, décapite, éventre. Sa sauvagerie scandalise, entraînant son évacuation…

Né à Paris de parents franco-sénégalais et maître de conférences à l’université de Pau, David Diop a déclaré que son livre est né de l’émotion qu’il a ressentie en lisant des lettres de poilus. Mais les tirailleurs n’ont pas laissé de lettres. Partant des documents de l’époque, il a imaginé la bravoure, le racisme, le désarroi, la folie… Cela donne un récit évocateur, époustouflant de lucidité d’analyse et d’humanité.

Frère d’âme, par David Diop. Editions du Seuil, 176 pages, 17 euros. 

Les heurs et malheurs de la société multiculturelle, avec Zadie Smith

Le prologue sur lequel s’ouvre Swing Time, le cinquième roman de la Britannique Zadie Smith, est révélateur du talent et de la maturité de son auteur. Il résume en une poignée de pages la leçon morale de ce récit et les drames intérieurs qui ont conduit le personnage-narrateur à un moment-clef de sa vie d’adulte. Réfugiée dans un appartement londonien, loin des turbulences du monde qu’elle fuit, la narratrice surfe sur le Net, et tombe sur un extrait de Swing Time (film avec Fred Astaire en rôle principal auquel le roman de Smith emprunte son titre). Elle comprend tout d’un coup le sens de ce film qu’elle avait si souvent regardé pendant son adolescence pour la beauté de la danse, sans avoir compris la moquerie et le racisme derrière « les yeux écarquillés, les gants blancs, le sourire à la Bojangles » d’un Astaire grimé en Noir ! C’est un grand moment de saisissement et de prise de conscience de soi.

Jamaïcaine par sa mère et anglaise par son père, Zadie Smith s’est fait connaître en 2000 en faisant paraître son premier roman Sourires de Loup qui est une saga tragi-comique du Londres multiculturel. Devenue romancière emblématique de l’Angleterre multiculturelle, avec à son actif des romans, des essais, des nouvelles, elle raconte dans Swing Time, l’histoire de deux jeunes filles métisses grandissant dans un quartier populaire de Londres. Elles ont en commun le rêve chevillé au corps de devenir des danseuses. La vie en décidera autrement.

Swing Time, par Zadie Smith. Traduit de l’anglais par Emmanuelle et Philippe Aronson. Collection « Du monde entier », éditions Gallimard, 471 pages, 23,50 euros. 

Dans la tête d’un kamikaze, avec Yasmina Khadra

Khalil est le nouveau roman sous la plume du prolifique Yasmina Khadra, cet ancien officier de l’armée algérienne recyclé en romancier. Et quel romancier ! Ses livres ont été traduits dans quarante-deux langues, adaptés au cinéma, au théâtre. Son nouvel opus est voué à connaître une popularité similaire, tant il est maîtrisé, profond et en résonance avec les inquiétudes de notre époque.

Le héros éponyme, Khalil, est un jeune kamikaze qui s’apprête ce vendredi 13 novembre 2015 à faire actionner la ceinture d’explosifs autour de sa taille qui est censé ensanglanter Paris. Puisant sa trame dans la réalité tragique de notre temps, le roman invite le lecteur à comprendre les motivations de son héros et nous entraîne dans les abîmes de sa conscience fragile. Avec une justesse d’analyse, le romancier algérien décrypte ici les vertiges du jeune kamikaze tombé dans les griffes d’une idéologie suicidaire. On ne sort pas indemne de cette plongée dans les ténèbres d’un monde malade de sa brutalité.

Khalil, par Yasmina Khadra. Editions Julliard, 264 pages, 19 euros.

Auteur
RFI

 




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Ouyahia vire un sénateur pour implication dans une affaire de corruption

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RND

Ouyahia vire un sénateur pour implication dans une affaire de corruption

Le secrétaire général du parti du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia a décidé de radier « définitivement » des rangs du parti, le membre du Conseil de la nation, élu à Tipasa, Boudjouher Malik pour « son implication dans une affaire de corruption », a annoncé jeudi le RND sur sa page Facebook.

M. Ouyahia s’est référé dans sa décision aux dispositions des statuts du parti adopté lors de son 5e Congrès, ainsi qu’au règlement intérieur adopté par son Conseil national, a-t-on ajouté de même source. Le sénateur élu à Tipasa a été « définitivement » radié des rangs du parti, suite à « son implication dans une affaire de corruption portant atteinte à la réputation du RND, de ses militants et élus« , précise la même source

Auteur
APS

 




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Un centre d’entraînement des renseignements attaqué par Daech en Afghanistan

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Après une attaque contre des civils

Un centre d’entraînement des renseignements attaqué par Daech en Afghanistan

Une attaque contre un centre d’entraînement des services de renseignement afghans, revendiquée par l’organisation Etat islamique, n’a pour une fois pas fait de victimes civiles jeudi à Kaboul, où l’EI avait commis la veille « un crime de guerre » en tuant des dizaines d’étudiants, selon Amnesty international.

« L’opération de nettoyage est terminée », a annoncé le porte-parole de la police de Kaboul, Hashmat Stanikzai. « Deux assaillants étaient impliqués. Tous deux ont été tués. Il n’y a pas d’autres victimes. »

Les deux hommes armés étaient montés dans un immeuble en construction, d’où ils avaient visé un camp d’entraînement du NDS (Direction nationale de la sécurité, les services de renseignement afghans). Ils avaient ensuite échangé des tirs pendant des heures avec les forces de sécurité venues les déloger, ont raconté plusieurs responsables.

Des images filmées par la télévision privée Tolonews avaient montré des véhicules militaires patrouillant dans la zone, que survolait un hélicoptère.

L’assaut, revendiqué par l’Etat islamique via son canal de propagande Amaq, intervient au terme d’une semaine déjà sanglante pour l’Afghanistan.

Il s’est produit moins de 24 heures après un attentat-suicide fatal à au moins 37 personnes contre une école d’un quartier chiite de Kaboul, déjà revendiqué par l’EI.

Des lycéens pour la plupart âgés de 16 à 18 ans, d’après l’Unicef, y préparaient les concours d’entrée de l’enseignement supérieur. 

« Des enfants ne sont pas, et ne doivent jamais être, les cibles de violences », a souligné l’agence onusienne, qui a qualifié l’attentat de « déplorable ».  « Viser délibérément des civils et des lieux d’éducation est un crime de guerre », a dénoncé Amnesty international dans un communiqué.

Les gouvernements occidentaux qui renvoient les migrants afghans « par milliers » vers leur pays d’origine, qui n’est « sans aucun doute (…) pas sécurisé », commettent des « violations du droit international », a-t-elle ajouté. 
 

« Ils nous tuent » 

Les proches et les familles de neuf victimes, très émus, ont assisté jeudi à un enterrement collectif. Une pelleteuse a creusé neuf tombes dans le sol aride. Certains pleuraient, d’autres étreignaient les cercueils.

« Il tuent nos personnes éduquées. Tous les jours, ils nous tuent… Mort à votre cessez-le-feu et à vos négociations de paix fantôme », a hurlé l’une des personnes présentes, en référence aux velléités de négociations de Kaboul avec les talibans pour mettre un terme à 17 années de guerre. 

Les insurgés sont sous pression depuis des mois pour accepter d’ouvrir des négociations de paix avec le gouvernement afghan.

Les talibans avaient observé en juin un cessez-le-feu inédit de trois jours à l’occasion de la fin du ramadan, relançant les espoirs de paix après quelque 17 années de guerre.

« Chaque jour, nous sommes témoins d’attaques meurtrières à Kaboul et dans d’autres grandes villes. Je pense que les talibans ne croient pas en des discussions de paix », a pourtant estimé Shahenshah Shahin, un petit commerçant rencontré dans Kaboul.

« Les talibans vont essayer d’avoir l’ascendant pendant ces discussions, donc on ne peut pas exclure davantage d’attaques d’ici à un cessez-le-feu », a indiqué l’analyste Rahimullah Yusufzai, spécialiste des talibans.

« C’est la saison des combats et les talibans voudront accumuler les victoires avant l’hiver », a-t-il ajouté.

Jeudi dernier, ils avaient lancé un assaut sur Ghazni, que l’armée afghane, appuyée par des raids aériens américains, a mis plusieurs jours à repousser. Un calme précaire est revenu mercredi dans cette ville stratégique située à deux heures de route de Kaboul.

D’après l’ONU, des rapports font état de 150 civils tués dans ces combats.

De petits quartiers de Ghazni commençaient à recevoir de l’aide humanitaire jeudi, alors que les téléphones portables se remettaient progressivement à fonctionner après des jours sans accès au réseau.

Les insurgés ont aussi réussi à s’emparer mardi d’une base militaire dans la province de Faryab (Nord-Ouest), dans laquelle au moins 100 militaires étaient stationnés.

D’après l’ONU, le conflit a tué près de 1.700 civils sur les six premiers mois de l’année, un record depuis dix ans. La moitié de ces victimes sont mortes dans des attentats, attribués majoritairement à l’EI.

Auteur
AFP

 




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Meursault et les parkingueurs  

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La chronique naufrage

Meursault et les parkingueurs  

Aujourd’hui, Zoubir Aissi est mort.

Le jeune Algérien  a disparu dans la fleur de l’âge, tabassé à mort par des parkingueurs dans une plage de Bejaia. Il a laissé une famille orpheline et traumatisée pour avoir refusé de payer le parking sauvage. Paix à son âme !

Le ministre de l’Intérieur a maintes fois insisté sur la gratuité des plages. Oui, mais derrière une caméra. Le littoral est colonisé par  la mafia qui squatte encore les plages. Des groupes de lâches ont pu défier une République ! Et quand une mafia réussit, ça prouve que l’Etat est «faible». Que l’anarchie l’emporte sur la loi. C’est la logique.

Les déclarations des responsables ne deviennent ainsi que blabla et marivaudage. Ils ne s’inquiètent pas parce qu’ils ne passent pas leurs vacances sur les plages publiques parmi les victimes ; ils adorent plutôt cette «Algérie vue du ciel» qui cache sa misère et tue ses  propres enfants. Il faut regarder l’Algérie d’en bas pour sentir le poids d’une mort pour quelques dinars.

Le terrorisme  de l’espace public est né et il faut désormais commencer à faire l’inventaire des victimes  en commençant par Zoubir !

En Algérie, le verbe tuer a été «gracié» tout comme ces condamnés lors de la fête d’Indépendance. Il ne signifie rien. La mort de Zoubir a valu quelques minutes de tristesse hypocrite, de deuil virtuel, et un silence éternel. Il y a eu des morts avant lui, dans l’espace public, pour une banalité. Et il y en  aura après lui aussi. L’impunité et l’insouciance règnent. Chaque jour vécu est un échappement à la mort. Autrement dit, le citoyen ne vit pas mais échappe à la mort tant que la menace le guette quotidiennement. Et c’est pourquoi l’Algérie est un pays absurde.

Les islamistes ne se manifestent pas pour ce genre d’affaires. Ils prient dans la rue pour annuler une activité artistique, jamais pour dénoncer un meurtre. Leur hypocrisie leur fait oublier ce verset qui dit que sauver une âme est comme sauver toute l’humanité. La vie ne les intéresse pas ; ils pensent à la mort qui leur offrira houris et miel.

Vu sa profondeur, la mort de Zoubir ressemble à un roman. Un roman précis : L’Etranger de Camus. Les deux ont des points communs : une plage, un soleil de plomb et un meurtre.

La fiction a été  publiée en 1942. Meursault tue un Arabe sur une plage d’Alger et accuse le soleil brûlant. Il sombre ensuite dans la philosophie de l’indifférence pour faire face à l’absurdité de la vie. Une remarque : le narrateur a décrit la plage mais n’a pas parlé des parkings sauvages et des parasols et tentes à louer. Dans les années 1940, il suffisait donc d’un short et d’une serviette pour aller à la plage.

Avec le temps, le roman a été dénaturé en Algérie pour devenir un complexe postcolonial. Un document politique, pas une œuvre littéraire. Tant d’Algériens détestent Camus et ses personnages de papier ; celui qui aime sa littérature est un harki littéraire, un partisan de l’Algérie-française, et un Algérien qui nourrit les fantasmes colonialistes. Leurs arguments  sont les suivants : le meurtre sans raison et la non-dénomination de la victime (Arabe) sont la preuve que Camus a effacé l’identité algérienne et qu’il était contre l’Indépendance de l’Algérie. Voilà est une analyse mythique qui se lègue d’une génération à l’autre.

Le roman n’est pas le sujet de cette chronique. Tout ce petit rappel a été fait pour arriver à  ce constat : depuis 1942, Meursault, un personnage fictif, dérange la conscience algérienne par son homicide commis dans un contexte colonial;  en 2018, dans une Algérie indépendante, Zoubir Aissi, un être humain en chair et en os, a été assassiné par des Algériens et sa mort ne dérange personne.

Contrairement à la victime  de Meursault, Zoubir avait une famille, une vie, une histoire, une identité, et surtout un NOM. Paradoxalement, l’Algérie se souviendra éternellement de Meursault,  jamais de Zoubir ou ses semblables, morts étrangers dans leur propre pays. L’Algérie est un pays absurde parce que la fiction dérange sa population plus que la réalité amère.

Sur la pierre tombale de Zoubir, il vaut mieux graver ce vers paraphrasé de Baudelaire : «Homme libre, toujours tu craindras la mer !»

Auteur
Tawfiq Belfadel, écrivain-chroniqueur

 




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La désignation élective présidentielle d’avril 2019 ((IV)

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Manoeuvres au sommet

La désignation élective présidentielle d’avril 2019 ((IV)

Le pouvoir commettra une grave erreur si d’aventure il n’écoutait pas les clameurs (1) qui ont surgi, du stade du 5-Juillet, à l’occasion de la finale de la coupe d’Algérie 2018.

Le Président de la république, qui d’habitude honorait de sa présence physique cette manifestation, a certainement eu la bonne idée d’éviter d’assister à cette cérémonie ! Mais deux symboles, du pouvoir en place, étaient représentés, lors de cette manifestation toute sportive (2). Le Premier ministre A. Ouyahia (3), pour la face civile du pouvoir et le chef d’état-major A. Gaïd-Salah pour celle militaire, chacun venant saluer les équipes finalistes de la coupe d’Algérie de football, version militaire et civile. La foule déchaînée a « scandé » des slogans hostiles à l’institution militaire, l’accusant d’avoir « ruiné le pays », par son implication (ou non) directe ou indirecte dans la gestion du pouvoir, depuis l’indépendance au moins.

S’agissant, du Premier ministre, cette même foule s’en est pris à sa propre personne et à sa famille, pour définitivement lui indiquer qu’il n’avait aucune chance d’accéder au pouvoir suprême, s’il lui restait encore quelques lueurs d’espoirs (4). En même temps, s’agissant en grande partie de supporteurs de la Jeunesse Sportive de Kabylie, natifs de la même région que lui, le message avait une double lecture, l’une intuitu personae et l’autre s’il tentait de vendre au pouvoir l’adhésion de la Kabylie à sa personne, si l’on considère qu’il reste encore une partie des services de sécurité qui serait enclin à l’adouber. En effet, ces insultes personnelles très vulgaires l’excluent de toutes crédibilités de la dimension régionale implicite qu’il a toujours tenté de leur vendre et lui ôtent toute possibilité de représentativité, de quelque nature qu’elle soit.

Pour ceux qui l’ont créé depuis l’ENA (une partie des services de sécurité) il est clair, plus que jamais auparavant, qu’ils devront trouver, dans leurs scénarii de la désignation élective d’Avril 2019, un profil qui suscite moins de rejet de la population en général et de la Kabylie, en particulier, même si tout le monde sait que ce n’est pas le vote populaire qui désigne les Présidents, dans notre pays, depuis l’indépendance (5) ! Un candidat plus « neutre », moins engagé dans l’affairisme réel ou supposé, jouissant d’un minimum de respect d’Est en Ouest, du Sud au Nord et protégeant les intérêts, biens compris, des puissances étrangères qui comptent pour notre pays (USA, France, pays du Golf), est désormais l’oiseau rare à trouver (si ce n’est déjà fait), pour résoudre rapidement l’équation algérienne (6).

Cette démarche s’inscrit dans le cas, de plus en plus plausible, d’un renoncement forcé ou suggéré (7) du Président elliptique à un cinquième mandat, ce qui suscite une agitation particulière, à quelques mois de l’échéance d’Avril 2019. Pour l’instant, les appareils du pouvoir (8) et notamment le « couple maudit » FLN (9) et le RND, sont conscients du fait qu’ils ont le plus à perdre, en cas de renoncement à un cinquième mandat (ou un premier (10), c’est selon). Ils forcent leur destin en faisant mine de démarrer la campagne du 5ème mandat et tentent même, avec un timing précis, de « passer en force » pressant le Président (11) et son premier cercle de sortir de leur mutisme. La « cour présidentielle » avec toutes ses composantes est consciente qu’elle sera sacrifiée à l’Autel du « changement démocratique » sans exception. Elle aura donc à subir, seule, les « procès de la débouteflikation » qui ne manqueront pas de se dérouler, comme de tradition, après chaque changement de Président (12), dans notre pays, depuis l’indépendance (13).

Dès lors et afin d’imposer le cinquième mandat « pour qu’il vienne couronner de succès, le parachèvement de l’œuvre présidentielle (14) depuis 1999 », les grandes manœuvres symboliques ont déjà  commencé, sans grands succès certes et avec des valses hésitations. C’est ainsi que dans ce registre, ont été programmées des «visites algéroises » de terrain dite d’inauguration, d’inspection et de lancement de divers projets, des décisions de valorisation des pensions et retraites (15), des opérations de distributions de logements subventionnés (16), des décisions d’annulation des mesures impopulaires d’augmentation des prix et des tarifs des produits sensibles (17), des taxes sur les actes et documents administratifs, des mesures de financement personnalisé (sur concours définitifs) des zaouïas les plus influentes et enfin, l’édition et la distribution, tout azimut, d’affiches, portraits, tableaux, peintures, cadres, d’émissions audiovisuelles (18) et autres gadgets, intégrant le portrait du Président, dans toutes les activités du pays en remplacement de sa présence physique qui devient pour lui, de plus en plus pénible.

D’autres mesures, comme celle de l’officialisation de tamazight, prise en Conseil des ministres du 27 décembre ou celle de l’annulation des articles autorisant les investisseurs étrangers à bénéficier de concessions agricoles (dans la LFC 2018) et celles interdisant la vente des villa de l’EGT Sahel… s’inscrivent parfaitement dans ce contexte de défiance réciproque (19) qui règne, entre les divers clans au pouvoir, ceux tapis en son sein et ceux apparents, sans compter les lièvres qui viennent d’éclore (20).

Enfin, une nouvelle idée géniale vient de germer au sein des communicants du pouvoir et qui consiste à afficher des cadres et autres portraits du Président de la république, en remplacement de sa présence physique, lors de la célébration et la commémoration des fêtes et autres manifestations officielles (économiques, sociales, culturelles, religieuses, nationales et internationales). Il s’agit donc de combler le vide physique par la présence virtuelle, d’un Président ne pouvant visiblement plus prendre part, à ces manifestations, compte tenu de son état de santé. Cadres, portraits, affiches, gadgets, pin’s… à son effigie, tentent de le remplacer  et sont honorés par la garde prétorienne des différents cercles du pouvoir, dignitaires et « populations mobilisées » triées sur le volet, pour la circonstance et certainement alléchée par quelques oboles « sonnantes et trébuchantes ».

L’objectif unique de l’importation de ces nouvelles techniques, est l’accréditation de la thèse, tant au niveau national qu’international, que le Président « est en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels », malgré son handicap apparent et évident. Les « visites par encadrement photographique présidentiel », dans toutes les wilayas et même dans certaines capitales étrangères, en substitution à sa présence physique (21), ont été lancées et serviront de socle médiatique pour sa campagne présidentielle, par défaut. Auparavant, une opération semblable a été tentée par l’organisation de fréquentes « visites de courtoisie de personnalités » comme L. Brahimi (22) mais sans grand succès. Il est fort probable que les communicants du pouvoir programment la combinaison des deux opérations, de nouveau, pour permettre au Président elliptique, de rassurer « la population et toutes les chancelleries ».

Entretemps, Ahmed Ouyahia, le bouc-émissaire programmé, tente de se maintenir à flot et de jouer au plus malin avec le roi de la roublardise (le Président elliptique) en jouant la carte de «l’ennemi intime» et du « fusible consentant ». Or, pour mieux le neutraliser, sachant qu’il demeure le candidat de l’institution militaire, en cas d’émeutes généralisées, le Président de la république s’acharne à lui faire porter, seul, toutes les inepties de la gestion chaotique de cette période de « vaches maigres », en ne ratant aucune occasion pour le désavouer et si possible en l’humiliant (23).

L’opération est simple à comprendre, il s’agit de lui mettre sur le dos un maximum de décisions impopulaires, jusqu’à atteindre la masse critique du socio-politiquement tolérable puis de le répudier en le présentant, aux yeux de l’opinion publique et de la classe boulitique, comme le seul coupable, de cette situation, le «Chitane ».

Nous ne cesserons jamais de penser que les chances d’Ahmed Ouyahia d’accéder à la Présidence de la république, un jour, ne peuvent se réunir que dans la mesure où notre pays s’oriente vers une situation d’émeutes généralisées et que l’institution militaire se trouve contrainte à recourir à l’empêchement constitutionnel, pour destituer le Président de la république. Dans cette fenêtre de tir, une désignation élective présidentielle peut être organisée autour de sa personne, en emportant le consensus des chefs de l’institution militaire, des hommes d’affaires, des pays étrangers qui comptent… le reste de la société « suivra », puisque non concerné, le spectre de la décennie noire étant encore vivace dans l’inconscient collectif de la population. Les fortunes nouvelles, qui se sont constituées, depuis ces vingt dernières années, trop contentes de n’avoir de compte à rendre à personne, sur l’origine de leur fortune passée et prêtes à rempiler pour les vingt prochaines années, viendront en courant en procession, financer tout le montage.

Aussi, s’il peut prendre un certain nombre d’initiatives qui vont dans le « bon sens », sur le plan intérieur, il n’hésitera pas à le faire (24), c’est du reste la lecture que l’on peut faire d’un certain nombre de décisions, pour le moins inopportunes, en période préélectorale. N’ayant pas échappé à la vigilance du clan présidentiel, elles ont toutes été gommées, in extremis, avant même leur examen pour adoption, par les organes idoines. Sur le plan international, sa trouvaille, lors de sa visite à Paris (certainement renouvelée à Nouakchott), relative aux « pieds-noirs », montre bien qu’il est prêt à donner des gages aux pays qui comptent dans le processus de succession en l’Algérie, s’ils venaient à soutenir sa propre candidature.

En effet, la résolution des contentieux algéro-français, qui empoisonne les relations entre les deux pays, depuis les accords d’Evian, est très sensible et peut faire basculer le choix français, sans aucune hésitation. D’ailleurs, le retour de l’ambassadeur X. Driencourt à Alger, est entièrement inscrit dans le cadre des élections d’Avril 2019 et de la « caution » que la France accordera au futur candidat, en fonction de la consolidation de ses intérêts dans notre pays. Dans cette affaire, la « France éternelle » ne peut se permettre de se tromper dans ses choix ni dans la manœuvre à mettre en place car les USA sous l’administration Donald Trump ne leur feront aucune concession, le slogan de campagne « America first » étant de rigueur.

Ils sont déjà à pied de guerre, puisque le secrétaire d’état adjoint est venu déposer sa feuille de route (25), le mois passé, prenant acte du retour des firmes américaines dans le secteur de l’énergie après la nomination d’A. Ould Kaddour (26) à la tête de la Sonatrach. C’est premier état, qui compte sur l’échiquier algérien, à se prononcer sur les élections d’Avril 2019, de manière très diplomatique avec des mots strictement pesés, par lesquels, il a défini le cadre précis dans le quel les prochaines échéances devront se dérouler.

L’institution militaire, refusant soigneusement de faire de l’entrisme dans le débat politique (27), tente d’établir les règles du jeu de la prochaine désignation élective d’avril 2019, sans apparaître ou le moins possible, tout en indiquant les lignes rouges à ne pas dépasser, de manière à maintenir l’illusion d’un « pouvoir civil », concept alibi que le Président A. Bouteflika, a manié avec ruse pour justifier la restructuration opérée au sein du DRS et dans les autres institutions sécuritaires, après que lui-même, fut intronisé, en 1999, par cette même institution militaire.

Décryptant cette autre ruse, le MSP d’A. Makri (28), fidèle à ses traditions politiques, demande à l’institution militaire, tous corps confondus, que lui soit indiquée la direction à suivre lors des prochaines présidentielles, du fait qu’il est persuadé que le choix final est bien entre ses mains. Il use d’un langage codé, sous la forme d’une proposition consensuelle «d’une transition pilotée par l’armée » pour déminer cette échéance électorale. Cette démarche, en même temps qu’elle le remet aux premières loges du jeu boulitique actuel, elle oblige également tous les autres acteurs boulitiques à se déculotter, majorités et oppositions confondues (29) ! Cependant, cette même demande est embarrassante, puisqu’elle oblige l’institution militaire à se déclarer partie prenante dans le processus du choix du prochain président, ce qui remet en cause l’équilibre précaire scellé entre le Président elliptique et le vice-ministre et chef d’état-major de l’ANP. La réaction cinglante de ce dernier fut immédiate puisqu’il va réaffirmer « sa fidélité pleine et entière au Président de la république » et bien évidemment la neutralité de l’institution militaire, ce qu’A. Makri, après avoir rencontré tous les chefs des parties boulitiques, engagés dans le processus, va reprendre, magistralement à son compte, ne se sentant pas concerné par la déclaration d’Ahmed Gaïd Salah… mais la suspicion a fait son chemin et le chef du MSP n’a plus qu’à savourer les fruits de sa démarche politique victorieuse, en réussissant, d’une main de maître, à ouvrir la « boite à Pandore ». Comment le pouvoir va donc gérer ses propres contradictions (30) ? C’est le feuilleton de la rentrée.  

M. G.

Notes

(1) Sans justifier la vulgarité des propos tenus ni partager le contenu de ces insultes, il s’agit simplement d’analyser l’état d’esprit d’un échantillon assez large de la population algérienne, à un moment donné de son évolution, lors d’une manifestation sportive. Mais A. Ouyahia a déclaré savoir qui a organisé cette séance d’insultes et combien il a financé l’opération, sans divulguer de noms promettant ni de porter l’affaire en justice… On verra bien s’il tient ses promesses !  

(2) Faut-il noter une fois encore l’absence du Président de la république, qui d’habitude est toujours présent. Sa présence aurait été une occasion unique de mesurer objectivement « sa popularité » et le lien réel qu’il entretient avec la population.

(3) Pour découvrir les contours du personnage, le témoignage de son chef de cabinet serait utile, in  « Ahmed Ouyahia «raconté» par son directeur de cabinet », par Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran, 23 juin 2015.

(4) Il vient de déclarer au conseil national du RND : « «Je l’ai déjà dit et je le répète aujourd’hui : je ne me présenterai pas à la présidentielle», ajoutant qu’il soutiendra le Président…« pour un 5e mandat, s’il décide de se présenter, car il fait du bon travail » !

(5) La caution intérieure étant définitivement consommée, il ne reste au Premier ministre qu’à aller rechercher celle extérieure. Ses dernières déclarations à Paris, assumées malgré les puissantes protestations des rentiers de la révolution, relatives aux « pieds-noirs » et à leur rôle futur dans la consolidation des relations algéro-françaises, entrent de pleins-pieds dans cette démarche.

(6) Cette hypothèse n’a de sens que dans la mesure où, le Président actuel ne pourra pas assumer physiquement et intellectuellement un autre mandat.

(7) Les tentatives éparses de différentes origines, comme l’association el mowatana, demandent au Président de renoncer au cinquième mandat, de manière de plus en plus intense, bien que leur démarche est ne soit vaine. En effet, en face, il y a un puissant appareil, avec de grands moyens multiples qui œuvrent à valider le fait que sa candidature est acquise et qu’il n’attend de la dévoiler que le moment propice. Reste donc trois inconnues, son état de santé, l’institution militaire et l’étranger.

(8) Le dernier en date, après le FLN, le RND et TAJ, comme il fallait si attendre, c’est A. Sidi Saïd, au « nom des travailleurs », suivi d’A. Bensalah, Président du Sénat, qui a demandé au Président de la république de se représenter au nom du… Sénat !  Le choix délicat, du directeur de campagne, sera le signal déterminant du choix présidentiel pour l’option du 5ème mandat. Beaucoup de noms sont avancés mais il semble que celui d’A. Sellal soit le plus indiqué selon la formule connue « on ne change pas une équipe qui gagne » !  

(9) La désignation, sans vote de D. Ould-Abbès comme SG du FLN est entièrement dédiée à la mission de contrecarrer, par tous les moyens, les velléités présidentielles du Premier Ministre A. Ouyahia. Mais cette mission est contestée par A. Belayat  qui considère qu’il est plus « expérimenté » pour mener à bien ce genre de missions (sans frasques), que l’actuel SG, d’où l’agitation actuelle.

(10) F. Benabbou explique que le président de la République est malade. Par conséquent, nous allons nous retrouver dans une situation de défaillance présidentielle qui serait un facteur de risque. J’ajoute que le cinquième mandat serait inconstitutionnel. En 2016, le président a fermé le verrou des mandats après l’avoir ouvert en 2008. Désormais, la Constitution ne parle que de deux mandats pour chaque président. Car il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas eu de nouvelle Constitution en 2016, mais une simple révision, de surcroît, adoptée par un pouvoir constitué et non par le pouvoir constituant, qui appartient exclusivement au peuple. Si le président se représente, alors, pour un cinquième mandat, il risque de se retrouver dans une situation inconstitutionnelle. L’armée va finir par entrer en jeu et arbitrer. La société algérienne est très hétérogène. Elle a besoin de s’identifier à la personne du président. Il ne faut pas que le choix se fasse ailleurs et qu’on demande au peuple de le ratifier.

(11) A. Benyounes s’insurge: « Personne ne doit forcer la main et ne doit obliger le président à se représenter pour un autre mandat, comme personne n’a le droit d’empêcher ou d’interdire au président de la République de se porter candidat, en dehors du Conseil constitutionnel». Le MPA est le seul parti qui ne s’est pas prononcé publiquement en faveur d’un 5ème mandat en 2019. Cependant, le MPA est opposé à toute idée de transition et rejette toute idée de crise. Mais, en aucun cas, l’armée ne doit s’immiscer dans les joutes électorales.

(12) Tout le monde se souvient des « procès de la déboumedienisation », menés le sable au clair par une magistrate émérite (Mme Aslaoui) qui a vu des dizaines de cadres incarcérés pour « mauvaise gestion » en application abusive de l’article 421 ! Puis, ce fut le tour des « procès de la déchadlisation » avec son lot de procès en sorcellerie, qui vont également emporter des lampistes, comme d’habitude, dans une opération salutaire dénommée ironiquement « mains propres » !

(13) Cette opération a déjà débuté dans les rangs de deux institutions sensibles, parties prenantes du pouvoir, que sont la police et la gendarmerie. Des charrettes sont en préparation, pour convoyer vers la guillotine des responsables dans d’autres institutions importantes du pouvoir, que sont la magistrature, les collectivités locales, la haute fonction publique (notamment économique et financière) ainsi qu’un certain nombres d’entreprises privées qui ont joui de énormes rentes, dans le cadre des politiques d’investissements publics massifs, mise en œuvre par le pouvoir. Le spectacle promet d’être sanglant… comme d’habitude !

(14) Il ne faut pas oublier que les tenants du pouvoir, tous confondus (civil et militaire) ont une seule hantise, c’est celle de devoir rendre des comptes sur les fortunes colossales accumulées durant ces vingt dernières années. Malgré leurs querelles qui portent uniquement sur le partage entre eux de la rente, ils ne franchiront jamais la ligne rouge qui consiste à permettre un changement systémique, seul capable de donner de l’espoir à la jeunesse de notre pays, par l’introduction des réformes structurelles, même s’il faut mettre le pays « à feu et à sang » (ils l’ont déjà fait).  

(15) Bien que dérisoire et ne rattrapant certainement pas le taux d’inflation, l’arrêté portant revalorisation des pensions, allocations et rentes de sécurité sociale, les revalorise aux taux fixes suivant : 5% pour les pensions et allocations dont le montant est inférieur à 20.000 DA ; 2,5% pour le montant compris entre 20.000 DA et 40.000 DA ;1,5% pour le montant compris entre 40.000 DA et 60.000 DA ; 1% pour le montant compris entre 60.000 DA et 80.000 DA et 0,5% pour le montant égal ou supérieur à 80.000 DA. Ces taux  s’appliquent aussi au montant mensuel de la pension d’invalidité.

(16) Toutes les formules de logements, subventionnés ou pas, ont été additionnées dans cette manifestation, quasi-divine, de distribution de 50.000 logements, puisque programmée Leïlet El-Kadr, sous La haute autorité du Président elliptique, représenté par un cadre peint, en tenue de Targui !

(17) La saga de la LFC 2018 est digne d’un mauvais feuilleton de sciences fictions. En effet, cette dernière est confectionnée en catimini par le Premier ministre puis fuitée dans le presse, programmée en Conseil des ministres, renvoyée en deuxième lecture, vidée de toute sa substance par le Président pour enfin être adoptée en Conseil des ministres et certainement signée par… ordonnance.    

(18) Une simple vidéo, tournée au siège du parlement européen, par une journaliste L. Haddad, relative à la présidentielle de 2019 et à l’état de santé du Président qui ne pourra pas assumer cette charge, a montré la fragilité et l’incompétence des responsables de la communication du Président. En effet, en réagissant de manière exagérée, ils ont suscité le buzz sur cette vidéo et cette journaliste.

(19) Le Pr Nacer Djabi considère qu’« il y a des mutations dans la société qui font peur au régime ».

(20) Quatre « candidats » lièvres viennent déjà de déclarer leur volonté de se présenter à la candidature suprême, après avoir certainement négocié avec le pouvoir cette dernière.

(21) Cette opération a été inaugurée lors de la commémoration des cérémonies du 5 juillet, fête de l’indépendance, qui a vu toutes les personnalités du pouvoir, se mettre au garde-à-vous et rendre hommage au portrait géant du Président de la république. Les réseaux sociaux s’en sont donnés à cœur joie.  

(22) Lire notre dernier article intitulé : LA DESIGNATION ELECTIVE PRESIDENTIELLE D’AVRIL 2019 (III), in Le Matin. DZ.  

(23) Les désaveux du Premier ministre ne manquent pas, notamment lors de la réorganiser du secteur de l’automobile en rendant publique une liste ne comprenant que cinq (5) constructeurs autorisés à s’installer en Algérie puis en se trouvant forcé d’élargir cette liste afin d’introduire une quarantaine de marques. Ensuite, l’engagement du pacte de Partenariat Public-Privé (PPP), a été désavoué, publiquement, par le FLN, parti de la majorité parlementaire. Enfin, la relecture de la LFC pour 2018, vient couronner cette série de désaveux.

(24) Il vient de répudier du RND, un de ses mentors, A. Bouchouareb, sans doute trop encombrant ou après avoir été informé sur ses relations d’affaires compromettantes.  Finies donc les relations fraternelles du Club des Pins et les soirées intimistes, seule la route du pouvoir compte.

(25) En visite à Alger, jeudi 28 juin, John Sullivan, secrétaire d’État américain adjoint a déclaré « Nous voulons que la volonté populaire des algériens s’exprime à travers une opération démocratique transparente, libre et ouverte ». « Nous voulons travailler ensemble sur les questions de la sécurité dans la région ». « Il est profitable à nos deux pays que l’Algérie soit un marché ouvert pour les IDE ». « Nous voulons augmenter le nombre entreprises qui veulent travailler en Algérie comme Honeywell, Boeing, Pizza Hut… et  élargir le partenariat ». (26) Les relations entre les compagnies pétrolières américaines et la Sonatrach, sous l’autorité d’Oud Kaddour, prennent une dimension toute particulière et il ne serait pas surprenant que la compagnie Haliburton ne revienne sur le marché algérien, ayant contribué à tellement de projets, à l’époque de BRC !

(27) Dans l’éditorial de la revue El-Djeïch, l’ANP réaffirme une nouvelle fois qu’elle est « apolitique » et rappelle ses missions « constitutionnelles ».

(28) L. Dris Ait Hamadouche  considère que, « historiquement, le pouvoir algérien a toujours trouvé le moyen de se recycler et que l’actuel Président de la République, pour singuliers que soient sa politique et son parcours, ne représente pas un cas à part dans l’histoire politique de l’Algérie. Autrement dit, ce n’est pas Bouteflika qui pose problème pour les décideurs mais son éventuel successeur. Dés lors, se pose le problème de la succession et c’est sur sa succession qu’il peut y avoir des dissensions jamais sur sa propre candidature.

(29) En plus de quatre candidats déclarés, quinze petits partis s’unissent pour d’une nouvelle candidature de Bouteflika pour un 5e mandat, après que l’UGTA, par le RND, le TAJ, l’ANR, les organisations estudiantines et les enfants de Chouhada, eurent tôt fait de demander au Président de se « sacrifier » une cinquième fois.

(30) En catimini, le pouvoir pense avoir verrouillé le Conseil Constitutionnel, en faisant prêter serment à cinq nouveaux membres, devant le Président de la République. Le Conseil constitutionnel est composé de 12 membres, dont 4 sont désignés par le président de la République, 2 élus par l’Assemblée populaire nationale (APN), 2 élus par le Conseil de la nation, 2 élus par la Cour suprême et deux élus par le Conseil d’Etat.

 

Auteur
Mourad Goumiri, professeur associé

 




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