12 mars 2025
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El Hoceima-Taghzut commémore la mort de Fikri sous surveillance

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Le Rif

El Hoceima-Taghzut commémore la mort de Fikri sous surveillance

La ville d’Al-Hoceïma, qui fut l’épicentre de plusieurs mois d’une contestation populaire dans le nord du Maroc, a commémoré sous haute surveillance ce week-end la mort tragique il y a un an d’un vendeur de poisson de 31 ans.

« Le mois (d’octobre) a été calme, mais il y a eu des contestations hier (samedi) dans le centre », a déclaré à l’AFP un commerçant de 45 ans, qui accepte de parler sous condition d’anonymat dans une ville très surveillée par les autorités.

Le 28 octobre 2016, la mort effroyable de Mouhcine Fikri –broyé dans une benne à ordures en tentant de récupérer sa marchandise confisquée par les autorités– avait suscité une indignation populaire profonde, suivie de plusieurs mois de manifestations. Des policiers qui lui ont saisi sa marchandise auraient lancé au chauffeur du camion-benne de faire fonctionner sa benne alors que Fikri était à l’intérieur. La mort atroce de ce jeune a été une étincelle d’une longue révolte qui dure depuis cette date. Depuis, le mouvement populaire appelé Hirak n’a cessé de dénoncer la « marginalisation » de la région du Rif. Une plateforme de revendications populaires a même été votée et rendue publique par ce mouvement.

Une vague d’arrestations avait suivi tandis que les autorités promettaient parallèlement de relancer les projets de développement et sanctionnaient des responsables accusés d’avoir entravé certains projets. Dans son discours du trône, Mohamed VI a reconnu la « légitimité » des revendications des Rifains, tout en poursuivant cependant les arrestations et la répression du mouvement.

« Les protestations sont moins importantes qu’avant », assure un commerçant d’Al-Hoceïma qui « ne sort plus » lui-même depuis plusieurs semaines.

Escarmouches 

Samedi, dans cette ville balnéaire bouclée par les forces de l’ordre, le jour-anniversaire de la mort du vendeur de poissons a cependant été marqué par quelques escarmouches et arrestations, a constaté un photographe de l’AFP.

Les partisans du mouvement de contestation « ont essayé de manifester mais la police les a empêchés de se rassembler », explique un jeune homme de 19 ans sous couvert d’anonymat.

Dimanche, le centre-ville était complètement calme et le dispositif des forces de l’ordre avait été allégé. 

Le comité de soutien des prisonniers du Hirak –la mouvance, le nom donné localement au mouvement de contestation– avait appelé à manifester en mémoire de Mouhcine Fikri et pour la libération des détenus. 

Entre 200 et 300 militants du Hirak ont été arrêtés ces derniers mois, selon les sources. Certains ont déjà été condamnés à de lourdes peines de prison, d’autres attendent leur procès.

Les autorités locales avaient interdit toutes les manifestations parce qu’elles « interviennent après le retour de la sécurité et de la quiétude dans la province », selon leur communiqué officiel. Elles ont aussi affirmé que les manifestations annoncées ne « respectaient pas les procédures légales ». 

Vendredi, le père du vendeur de poisson avait aussi fait part de son « rejet catégorique de l’exploitation du décès de son fils à des fins suspectes », dans un communiqué relayé par l’agence de presse officielle marocaine MAP. 

Sa déclaration était intervenue trois jours après la décision du roi du Maroc Mohammed VI de limoger plusieurs ministres et hauts responsables, après un rapport énumérant des « dysfonctionnements » dans le programme de développement destiné à Al-Hoceïma-Taghzut, un des motifs de colère des contestataires du Rif.

« Les choses ont l’air de s’arranger », estime Mohamed, 65 ans, quincailler et père de sept enfants qui veut « rester optimiste » et « voit le futur positivement ».

« Pour l’instant rien n’a changé: il nous faut des hôpitaux, du travail et la liberté », tempère un homme de 29 ans qui survit grâce à des petits boulots.

« Le limogeage des ministres est une bonne chose (…) Le futur dépendra du prochain gouvernement, soit ça s’arrange, soit ça empire », avertit pour sa part le jeune homme de 19 ans, qui contrairement à beaucoup à Al-Hoceïma est tout à fait prêt à parler « politique ». Mais sous couvert d’anonymat.

Auteur
Avec AFP

 




L’Iran veut être le maître absolu en Irak

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Moyen-Orient

L’Iran veut être le maître absolu en Irak

Plus on avance, plus Téhéran se confirme comme sa volonté hégémonique sur l’Irak. Les récents évènements du Kurdistan irakien viennent encore une fois de souligner cette alarmante réalité.

Selon Reuters,  » un haut responsable militaire iranien avait averti à plusieurs reprises les dirigeants kurdes du nord de l’Irak de se retirer de la ville pétrolière de Kirkouk ou de subir les assauts des forces irakiennes et des combattants alliés iraniens », ont déclaré les officiels kurdes.

Le général Qassem Soleimani, commandant des opérations étrangères des Gardiens de la Révolution iraniens, s’est rendu dans le Kurdistan irakien pour rencontrer les dirigeants kurdes au moins trois fois au cours de ce mois, avant la campagne éclaire du gouvernement de Bagdad pour reconquérir les territoires nordiques, affirme la même source.

« La visite de Soleimani … avait pour but de donner aux décideurs une occasion de dernière minute de ne pas commettre une erreur fatale », a déclaré le législateur, qui a préféré l’anonymat comme d’autres personnes interviewées sur cette question. « Il est vrai qu’il s’agit d’un dossier très sensible ».

Les Pasdaran iraniens pour faire face aux Kurdes irakiens

D’autres responsables de la sécurité du Kurdistan irakien attestent de la présence des forces des Gardiens de la Révolution iranien (Pasdaran / CGRI) aux côtés de l’armée régulière irakienne et des milices chiites de ce pays, pour intervenir dans une éventuelle confrontation avec les peshmergas kurdes.

« Nous ne sommes pas attaqués seulement par l’Armée irakienne et les Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) », a indiqué, dimanche 15 octobre, Chuan Chamerani, l’un des commandants des forces peshmergas, à la chaîne de télévision kurde Rodav. « Nous avons des informations qui attestent à 100 % la présence des forces du CGRI parmi les assaillants », a ajouté le commandant de la 2e Brigade des peshmergas de Kirkouk.

Au début du mois de septembre dernier, à l’issue des négociations apparemment infertile entre Qassem Soleimani et Massoud Barezani, plusieurs agences de presses s’étaient fait l’écho des menaces du commandant en chef de la force Qods des Pasdaran contre le Kurdistan irakien. « Jusqu’à présent j’appelais le Hachd al-Chaabi à ne pas attaquer le Kurdistan irakien. Je ne le ferai plus », aurait notamment dit le Général iranien, selon des dépêches de presse non confirmées.

En 2016, la RFI révélait que fort de 80.000 miliciens, le Hachd al-Chaabi avait été constitué et entièrement financé et armé par Téhéran.

Il y a de quoi s’inquiéter du rôle que va jouer le Hachd al-Chaabi dans les futures élections en Irak, préconise Mohamed Salem Abdulhussein al-Ghaban, un ancien ministre chiite irakien, dans une interview accordée à l’agence de presse officielle iranienne, Fars.

« Il y a en effet de quoi se préoccuper vue la part de lion de Hach al-Chaabi dans les évolutions militaires et politiques de l’Irak », ajoute l’ancien ministre dans cette interview du 10 octobre. « Cette milice s’est abstenue de s’introduire dans la ville de Kirkourk lors des récents évènements, laissant la place à l’Armée et à la police fédérale. N’empêche que le Hachd al-Chaabi est doté d’une importante structure et qu’il est fort probable qu’il présente une influente liste électorale aux prochains suffrages », explique al-Ghaban. (http://www.farsnews.com/newstext.php?nn=13960705000196)

La nouvelle stratégie américaine qui vient d’être tracée par Donald Trump, à l’égard de l’Iran, a désigné les Pasdaran comme une entité terroriste. Malgré le désaccord qui subsiste des deux côtés de l’Atlantique sur la suite à donner à l’accord sur le nucléaire conclu en juillet 2015 entre Téhéran et les 5+1, les points de vue des Américains et des Européens convergent quant au rôle déstabilisateur des Pasdaran dans la région.

« Cet accord est-il suffisant ? Non », avait récemment déclaré le chef d‘État français, Emmanuel Macron, à des journalistes à New York, en marge de l‘Assemblée générale des Nations unies. « Il ne l‘est pas, compte tenu de l’évolution de la situation régionale, de la pression croissante que l‘Iran exerce dans la région … « 

Une chose est certaine : ni la France, ni l’Europe, ni les États-Unis ne peuvent plus continuer d’être des spectateurs passifs des ingérences des Pasdaran dans des pays de la région.

Auteur
Hamid Enayat

 




File d’attente interminable et pagaille devant l’Institut français d’Alger

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Enseignement :

File d’attente interminable et pagaille devant l’Institut français d’Alger

Qui a dit que la langue française n’a pas d’avenir en Algérie ? La preuve ? L’Institut français d’Alger a été pris d’assaut ce dimanche matin par une grande foule de jeunes venus des quatre coins de l’Algérie pour s’inscrire au TCF (Test de Connaissance du français).
 
Ils sont des centaines, voire en milliers à venir passer les tests. Les images relayées par les réseaux sociaux sont impressionnantes. Des files d’attente interminables devant le portail de l’Institut et qui débordent sur les ruelles attenantes.

Les candidats au TCF sont pour la plupart des jeunes bacheliers qui veulent poursuivre leur études en France, le TCF est indispensable dans la procédure de Campus France. 

Devant cette situation, l’Institut français d’Alger a rendu public un communiqué de presse dans lequel il informe les candidats que les inscriptions devront être organisées par ordre alphabétique : « Un très grand nombre de candidats , lit-on dans le communiqué , s’est présenté pour s’inscrire aujourd’hui (dimanche 29 octobre 2017) au Test de connaissance du français (TCF) dès l’ouverture des portes de l’Institut français d’Alger .

« Les candidats, poursuit le communiqué, pourront s’inscrire à partir du lundi 30 octobre et toute la semaine, de 8h30 à 16h30, selon le calendrier suivant :

Les candidats dont les noms commencent par les lettres :
– A, B, C, D, E : lundi 30 octobre 2017 ;
– F, G, H, I J, K : mardi 31 octobre;
– L,M,N,O,P,Q : mercredi 1er novembre (IF ouvert à titre exceptionnel);
– R,S,T,U,V,W,X,Y,Z : jeudi 2 novembre.

Nous rassurons les candidats souhaitant passer le TCF pour la procédure Campus France. Ils pourront le faire dans les délais. En effet, l’Institut français a doublé ses capacités d’inscription et de passation du test », conclut le communiqué.

Ces images ont beaucoup inspiré les internautes algériens surtout qu’elles interviennent la veille du 1er Novembre, date symbolique pour les Algériens. Certains internautes  les ont trouvés  « humiliantes » pour une jeunesse algérienne en quête d’avenir meilleur, alors que d’autres y voient une pièce à conviction contre un  régime qui a échoué sur tout les plans. Par ailleurs, cet engouement est une autre preuve que le système éducatif imposé par la nomenklatura depuis un demi-siècle est en parfait décalage avec les attentes populaires. 

 

Auteur
Jugurtha Hannachi

 




Un ministre britannique visé par une enquête

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Scandales sexuels:

Un ministre britannique visé par une enquête

 Le gouvernement britannique a annoncé dimanche une enquête sur les agissements du ministre du Commerce international, qui a reconnu avoir demandé à sa secrétaire d’acheter des sex toys, au moment où plusieurs hommes politiques sont accusés d’avoir eu des attitudes inappropriées envers leurs collaboratrices.

Ce ministre et député conservateur, Mark Garnier, a reconnu dimanche dans le journal The Mail on Sunday avoir affublé sa secrétaire d’un surnom à caractère sexuel et lui avoir donné de l’argent pour acheter deux sex toys, tout en affirmant que « cela ne constituait absolument pas du harcèlement sexuel ».

Une enquête va être menée pour déterminer si le code de conduite ministériel a été violé, a annoncé le ministre de la Santé, Jeremy Hunt, sur BBC 1. Il a ajouté que la Première ministre Theresa May allait écrire au Speaker (président) du Parlement John Bercow, à propos d’accusations de harcèlement et d’agressions sexuels visant plusieurs parlementaires.

Selon la presse britannique, au moins quatre députés sont visés par ces accusations qui ont été qualifiées de « profondément préoccupantes » par une porte-parole de la Première ministre. Downing street avait prévenu que des « mesures sérieuses » seraient prises contre des ministres ayant agi de manière inappropriée.

Par ailleurs, l’ancien ministre conservateur Stephen Crabb a reconnu dimanche avoir envoyé des messages « explicites » à une jeune femme de 19 ans qu’il avait reçue pour un entretien d’embauche en 2013. Stephen Crabb avait dû démissionner l’an dernier après un incident du même type.

« Ces histoires, si elles sont vraies, sont évidemment totalement inacceptables », a réagi le ministre de la Santé sur BBC1. « Il y a des parents dont les filles étudient la politique dans l’espoir d’obtenir un emploi à Westminster et ils doivent être sûrs que si elles obtiennent ce travail, leurs filles ne seront pas l’objet de certains des comportements que nous observons », a-t-il ajouté.

Samedi, le chef des travaillistes, Jeremy Corbyn avait affirmé qu’une « culture dégradante existe et prospère dans les coulisses du pouvoir, dont Westminster », « une culture qui a toléré les violences faites aux femmes depuis bien trop longtemps ».

Le même jour, le ministre britannique de l’Environnement, Michael Gove, avait présenté ses excuses pour une blague douteuse évoquant Harvey Weinstein.

Entrer dans le studio de BBC Radio 4, « c’est comme entrer dans la chambre à coucher de Harvey Weinstein -on espère émerger avec sa dignité intacte », avait déclaré le ministre en direct à la radio, en référence au producteur américain accusé de harcèlement sexuel, d’agressions sexuelles et de viols. Une blague qui avait suscité rires et applaudissements dans le studio mais avait été largement condamnée sur les réseaux sociaux.

Auteur
AFP

 




Le tarif de l’eau potable sera revu à la hausse

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Algérie

Le tarif de l’eau potable sera revu à la hausse

 Une hausse de la tarification de l’eau potable n’est pas exclue à l’avenir, a déclaré samedi à Bouira le ministre des Ressources en eau, Houcine Necib, au cours d’un point de presse tenu en marge de sa visite dans la wilaya où il a inauguré une série de projets relevant de son secteur. 

« Une hausse du prix du mètre cube (d’eau) n’est pas exclue dans les mois à venir. Le citoyen doit savoir que ce prix est subventionné par l’Etat pour qu’il soit vendu au citoyen à un prix symbolique qui est de 20 dinars actuellement, mais le coût réel du mètre cube d’eau potable évalué par l’Algérienne des Eaux (ADE) est de 60 dinars », a soutenu M. Necib en réponse à une question sur le sujet.

Le ministre a saisi cette occasion pour souligner l’ampleur des projets engagés par l’Etat dans le secteur des ressources en eau en vue de satisfaire la demande à travers toutes les communes du pays en matière d’eau potable.

Il a rappelé, à ce propos, que le gouvernement allait consacrer, en 2018, une enveloppe de 100 milliards de dinars dans le cadre des programmes communaux de développement (PCD), dont la priorité absolue est de booster le renouveau rural, par le biais d’une série de projets à engager, notamment l’alimentation en eau potable, a expliqué M. Necib.

Auteur
APS

 




Bientôt 20 ans pour l’un et 40 ans pour l’autre (2)

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Matoub Lounès –M’hamed El Anka :

Bientôt 20 ans pour l’un et 40 ans pour l’autre (2)

« Le recul de la musique «classique» provoqué par la réduction de ses adeptes laisse toute sa place au déploiement de ce nouveau genre qu’El-Anka ne cessa d’enrichir par des créations et des rythmes nouveaux dans la mouvance à la fois du moghrabi, de l’algérois et des rhapsodies du pays kabyle. Le jeu époustouflant et unique du Cardinal, sa voix à la sonorité, à la gravité et à l’amplitude rares, un tantinet nasillarde, restituent la psychologie du peuple, ses états d’âme et reflète son sens de l’esthétique et de l’appréciation. Cette musique et ces chants peuvent tout exprimer, tous les sentiments que les hommes peuvent éprouver, leurs ennuis aussi. Ce n’est pas un genre artificiel que des lubies auraient produit ; il est né des eaux primordiales dont sont irrigués des hommes », écrira Kader Fethani. (3)

L’art appris auprès de maîtres émérites de Si Saïd Larbi, Omar Bébéo, Mustapha Oulid al-Meddah, Si Hacène al-Kherraï ou de Yahia al-Kouliane, puis, plus tard, auprès de cheikh Nador et cheikh Saïdi, un des plus prestigieux chantres de l’époque, un des dignes héritiers, avec Laho Serror, de l’un des plus prestigieux maîtres de la musique classique algéroise, Mohamed Sfindj, cet art, il l’offrira au peuple.

Et s’il a poli son langage auprès de Sid Ahmed Ibn Zekri, un des plus brillants érudits du vieil Alger,qui lui corrigeait le style, lui faisait découvrir de grands poètes algériens comme Sidi Lakhdar Ben Khlouf, Sidi Mohammed Ben M’saïb, Sidi Kaddour al-Achouri, cheikh Ben Smaïne, cheikh Mustapha Driouèche, s’il a poli son langage et appris les proverbes utilisés dans le chant populaire, c’est pour en faire des quasidate qui « atteignent » le peuple.

Pour le peuple, c’était un délice divin. El-Anka savait, dans une délectation morose, incarner dans la voix et le doigté les vicissitudes d’un monde amer qui fait s’assombrir l’azur, pleurer les nuages, s’incliner les astres ( El-Meknassia, El-Fraq, El-H’mam…). Il savait sublimer l’amour, acquis ou inaccessible, courtois ou sensuel, en force tonifiante, explosant en cela des préjugés ancestraux et tenaces ( Yamna, Dhif Allah, Youm el-djemâa…), révéler ses tares et sa vanité à la société ( Soubhane Allah…), et dire les suaves gorgées des alcôves bachiques ( Gheder Kassek, Es Saqi…).

El-Anka n’a pas attendu d’être invité dans le sanctuaire de la musique algéroise ; il y est entré par effraction. Il a mis sens dessus-dessous les compositions mièvres et figées pour les réinventer dans des envolées, une vigueur et des accents presque subversifs et irrévérencieux pour les conservateurs. Dans la musique d’El-Anka, le classique est fortement chahuté et, en définitif, dynamité par ses propres moyens. Les versions déglinguées du harasse (le démolisseur) font une impressionnante irruption dans tous les milieux, l’avènement du phonographe l’introduisant jusque dans les foyers d’Alger et de son hinterland. » (3)

Matoub Lounès emprunta le même chemin.
Dès qu’il sentit la colère monter au sein de la population qui revendiquait le droit à l’identité, Matoub rompit avec le « style convenu », celui qu’il avait adopté dans son premier album Ayizem (Le lion), à 22 ans, c’est-à-dire le style qui chante la Kabylie traditionnelle, l’exil, l’attachement aux parents, l’amour des femmes, sujets qu’on retrouve dans son le 45 tours Ahaya Thilawin, une chanson dédiée aux femmes.
« Peu avant le soulèvement kabyle d’avril 1980 ( “Printemps kabyle”), Matoub Lounès s’engage dans une chanson plus sociale, rejetant la métaphore qui est la marque de la chanson populaire kabyle et algérienne en général. Il devient l’un des fondateurs du MCB (Mouvement culturel berbère) » (4)
Comme pour El-Anka, Matoub s’attira les foudres de la vieille garde.

Ses textes à la rudesse candide vaudront à Matoub Lounès quelques inimitiés dans le milieu artistique et intellectuel kabyle. Quand on lui reprochait son franc-parler et ses positions extrémistes sur la défense de la culture kabyle, il répondait qu’il était souvent mal à l’aise avec l’élite algérienne : “Ce n’est pas mon monde. Ma pensée, je l’exprime devant le public et non pas par des paraphrases interminables.”

Le berbérité occupe une bonne place dans ses chants, ses interviews et même dans se vie quotidienne. Il était un militant berbère indépendant.
Il va, lui aussi, faire des textes violents, à la mesure de la violence qui étouffe les poitrines de la population, il désacralise tout et utilise les idées et les mots qui choquent, ceux qu’utilisent les jeunes impétueux :
« Y a-t-il solution au dilemme?  Taluft amek ara tekfu
Même si solution il y a  Xas tebɣa ad-tekfu
En mesurons-nous le prix?  Acu ara d-teg ma tekfa
Les esprits furent souillés   Allaɣ yekcem burekku
Dès le jour premier  Deg-wass amenzu
Quand on nous a orientés vers la Mecque  M’akken s wehhan lqebla
Pour parasiter nos âmes  Izi a s yekcem s aqru
Par le verbe creux    I medden ad ifettu
Qui prétend que religion est panacée  D ddin i ddwa n-lmeÌna »
(Texte écrit le 18 octobre 1994, une semaine après sa libération par ses preneurs d’otage

C’est ainsi que Matoub, après El-Anka, devint la voix de ceux qui n’en avaient pas.
« Le bouillant chanteur, adulé par les jeunes pour sa liberté de parole et sa participation aux émeutes d’octobre 1988 en Kabylie, au cours desquelles il sera blessé », dira cette irrévérence connaîtra son apothéose avec « Kassamen », une version de l’hymne national bien particulière.
On a pu parler, à propos de cette audace, de « sentiment antipatriotique » de Matoub.
Allusion perfide qui sous-entend que l’artiste était un détestable séparatiste.
Matoub se revendiquait Algérien. Kabyle et Algérien.
Voilà ce qu’il écrivait en 1994 :

« J’évoquais tout à l’heure cette maturité que j’ai le sentiment d’avoir acquise au cours de ces quinze jours de cauchemar. Elle doit être réelle car, avec le recul dont je suis capable aujourd’hui, je me sens plus fort. Est-ce l’effet de l’immense soulagement apporté par ma libération? Ou de ces réflexions menées au long de ma séquestration, au cours desquelles j’ai analysé mes engagements, mes prises de position et mon combat? Peut-être les deux à la fois. Quoi qu’il en soit, une force nouvelle m’habite. Il y a encore peu de temps, je limitais mon combat à la Kabylie. Je dois apprendre à me battre pour la société algérienne dans son ensemble. Les témoignages venus de partout, de Tlemcen, d’Annaba, d’Oran, la chaleur qu’ils dégageaient, les encouragements qu’ils contenaient m’ont fait profondément réfléchir. Ce n’est pas suffisant de se battre pour soi lorsque le destin d’une nation est en jeu. En somme, je pourrais presque dire que je ne m’appartiens plus : ce nouveau souffle de vie, cette résurrection, tout ce que je dois aux miens, il faut maintenant que je le traduise dans mon combat. » (2)

Matoub était fou de l’Algérie, mais pas l’Algérie soumise à l’intégrisme islamiste, 

« En revanche, il y a une autre Algérie, l’Algérie réclamée par Lounes Matoub et autres.Une Algérie qui a su demeurer contre les invasions barbares, profondément attachée à ses racines, à son histoire millénaire. Le rebelle considérait la Kabylie tout comme l’Algérie de même que l’Afrique du nord comme n’étant pas arabe. Il a une vision unique pour la question de la berbérité. Autrement dit, il militait en Kabyle, mais en même temps, il pensait à Tamazgha* » (4)
En somme l’un chantait pour les Algériens étranglés par les colons ; l’autre pour leurs fils, étranglés par ceux qu’il appelle « les nouveaux colons »
Ainsi va l’Algérie.

M.B.

(1) Bachir Hadj Ali : El-Anka et la tradition châabi 
(2) Extrait de Rebelle, Stock, 1995 
(3) Rachid Iseksioui (http://membres.multimania.fr/tawiza1/TawizaPDF160/PDF/9.pdf)
(4)Noureddine Fethani, le Soir d’Algérie, 22/11/2010.

*Tamazgha désigne le « monde berbère », c’est-à-dire ce qui constitue selon eux la patrie historique du peuple berbère. Il comprend l’ensemble de 5 pays (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie), et partiellement 4 autres pays (nord du Mali, nord du Niger, une partie de l’ouest de l’Égypte, les territoires espagnoles de Melilla, Ceuta et les Îles Canaries).
Tamazgha est l’expression du nationalisme berbère puisqu’il affirme l’existence d’une nation et d’un peuple unis transcendant les sous-groupes berbères et les frontières géopolitiques actuels.

Matoub chante El Anka : https://www.youtube.com/watch?v=8tGS4_86JUU

 

Auteur
Mohamed Benchicou

 




Lionel Galand est mort

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Grand berbérisant

Lionel Galand est mort

Maître incontesté des Etudes de linguistique berbère, Lionel Galand est décédé hier samedi en fin d’après-midi, informe Ramdane Achab qui tient l’information de source familiale.

Maître incontesté des Etudes de linguistique berbère, Lionel Galand (97 ans) est décédé hier samedi en fin d’après-midi, informe Ramdane Achab qui tient l’information de source familiale. Parmi les oeuvres de Lionel Galand répertoriées sur Wiikipedia :

Galand, Lionel : Langue et littérature berbères. Vingt-cinq ans d’études, Paris, Éditions du CNRS, 1979.

Galand, Lionel : Inscriptions antiques du Maroc – Inscriptions libyques, Paris, Éditions du C.N.R.S., 1966.

Galand, Lionel (dir.) : Lettres au Marabout. Messages touaregs au Père de Foucauld, Paris, Belin, 1999.

Galand, Lionel : Études de linguistique berbère, Louvain/Paris, Peeters, 2002.

Galand, Lionel : Regards sur le berbère, Milan, Centro Studi Camito-Semitici, 2010. 

Voir aussi https://prosopo.ephe.fr/lionel-galand

 

 




Quels apports des Franco-Amazighs à la République ?

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Rencontre citoyenne de France

Quels apports des Franco-Amazighs à la République ?

Au cours des dernières années, des phénomènes nouveaux d’une haute gravité se sont imposés dans la société française, notamment les attentats, le communautarisme religieux, les atteintes à la laïcité, les difficultés d’intégration, la dislocation des liens sociaux, etc. Cela suscite en retour, la montée du sentiment d’insécurité, des crispations identitaires, le rejet de l’Autre, le racisme et les discriminations.

Les citoyennes et citoyens français d’origine amazighe (berbère), de culture laïque, qui constituent une communauté ancienne et socialement bien ancrée, sont confrontés comme tous les Français à ces tensions et ont pris conscience du danger qui guette la société. Prenant leur responsabilité citoyenne, ils agissent quotidiennement dans les associations socioculturelles et professionnelles ou comme élu-es locaux sur les territoires où ils vivent.

Aujourd’hui ils ont besoin de se retrouver, d’échanger sur leurs expériences et leurs pratiques et d’unir leurs volontés pour faire entendre leurs propositions alternatives pour la sauvegarde des valeurs républicaines gravement menacées.

Le but de cette rencontre est également d’appeler les politiques publiques particulièrement, à reconsidérer cette composante importante de la diversité française et s’appuyer sur ses actrices et ses acteurs pour promouvoir les valeurs humaines universelles (respect de la pluralité, de la liberté, l’égalité en droits…), fondamentales pour l’épanouissement personnel, le bien vivre ensemble et la cohésion sociale et nationale.

Cette rencontre ouverte à tous, sera animée par des universitaires, des élu-es, des responsables associatifs, des opérateurs économiques, des artistes, des citoyennes et des citoyens socialement engagés. Ils confronteront leurs analyses et leurs expériences en vue de déboucher sur des recommandations concrètes qui seront adressées aux différentes instances concernées.

Le programme se décline sous la forme de conférences et de tables rondes réunissant des actrices et des acteurs exprimant leurs expériences et leurs propositions.

P r o g r a m m e 

Le 11 novembre 2017 : 8h30 – 17h30

8h30 : Accueil des participant-es

9h00 : Ouverture de la rencontre : Kamira Nait Sid, Présidente du CMA et Belkacem Lounès, coordinateur du CNAF, Conseiller municipal.

9h20 : Conférence 1 : La communauté franco-amazighe

Modérateur : Yalla Seddiki, Docteur en Lettres Modernes

  • les Amazighs de France, une communauté forte, ancienne mais invisible, Didier Le Saoult, Université Paris-VIII

  • la culture amazighe et les valeurs de la République, Rachid Ridouane, chercheur au CNRS et enseignant à l’Université de Paris-Sorbonne.

Débats

11h : Conférence 2 : Autres regards et alternatives

Modérateur : Mohand Kacioui, journaliste

  • La protection et la promotion de la laicité et des autres principes de la République, Karim Akouche, écrivain, poète, dramaturge

  • La Méditerranée, avenir de l’Europe ? François Alfonsi, Président de l’Alliance Libre Européenne (ALE), ancien Député au Parlement Européen, Maire d’Osani (Corse)

  • Le rôle de la diaspora dans la construction d’une autre relation avec les pays d’origine, Joel Broquet, Président du Partenariat Eurafricain.

Débats

12h00 : Déjeuner

13h30 : Paroles et expériences des acteurs et leurs propositions

– Table-ronde 1 : Panel de grands témoins élu-es, opérateurs économiques, artistes: témoignages d’expériences, parcours vécus, par des acteurs-citoyens, de différentes régions de France.

Modérateur : Maitre Lila Benane, avocate au Barreau de Paris

Intervenants : Boussad Boucenna, sociologue, auteur de «ces enfants d’immigrés qui réussissent» – Madjid Boutemeur, physicien, chercheur au CERN – Hamid Chabani, Conseiller Départemental de Seine-St-Denis et Conseiller municipal de Drancy – Nora Cheddad, styliste-créatrice de mode amazighe – Akli-D, chanteur – Said Zidat, directeur de société de consulting et Professeur associé à l’Institut français du pétrole, Kader Chibane, Adjoint à la coopération et aux relations internationales de la Ville de St-Denis.

Débats

– Table-ronde 2 : Panel de grands témoins actrices/acteurs associatifs: analyses d’expériences, suggestions et réponses possibles aux défis de démocratie, d’intégration, de laicité, de citoyenneté et de vivre ensemble.

Modérateur : Nassim Said, Spécialiste en droit international et en géopolitique

Intervenants : Nadia Akkar, association Tudert et Conseillère municipale de la Ville de Pierrefitte-sur-Seine-Ahmed Benyachi, associationTiwizi-59, Lille – Louisa Djaoui, ACB-68, Mulhouse – Malik Houha, association Cercle Apulée, Paris – Brahim Medjoubi, association Amazigh, Nantes.

Débats.

16h30 : Présentation et discussion des recommandations finales et perspectives.

17h30 : Clôture de la rencontre

Lieu de la rencontre :

Maison des Mines et des Ponts et Chaussées

270, rue St-Jacques 75005 Paris

NB : En raison du nombre limité des places disponibles et pour des raisons de sécurité, l’inscription est obligatoire pour participer à cette rencontre. Inscrivez-vous avant le 21/10/2017 en donnant vos nom, prénom, adresse, tel, par email à : rencontrecitoyenne-paris2017@laposte.net

Organisation : CMA en partenariat avec le CNAF.

 

 




Première journée de chirurgie et de médecine vétérinaire

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Batna :

Première journée de chirurgie et de médecine vétérinaire

L’institut vétérinaire et des sciences agronomiques de l’université Hadj Lakhdar, Batna-1 a organisé, hier samedi, une 1ère journée de chirurgie et de médecine vétérinaire.

La rencontre a été  organisée et présidée à l’auditorium par  Melizi Mohamed, professeur et doyen de la faculté en collaboration avec le professeur Ayachi A, ainsi le docteur, praticien, Aissi Adel. Melizi Mohamed ,le doyen de la faculté des sciences vétérinaires et des sciences agronomiques a indiqué au Matin d’Algérie,  que cette 1re journée de chirurgie et de médecine vétérinaire a été consacrée à plusieurs axes dont la chirurgie et l’imagerie vétérinaires, la médecine et la reproduction des animaux domestiques, l’anatomie et pathologie vétérinaire. Cette rencontre entre spécialistes a permis aussi de regrouper un bon nombre de participants venus de six wilayas. Elle a par ailleurs a permis non seulement aux enseignants chercheurs, docteurs, vétérinaires et étudiants de parler de la recherche profonde dans le but de ressortir des résultats scientifiques mais encore d’améliorer les synthèses, outils et les mécanismes  de celles-ci.

Les acteurs sont souvent exposés aux dangers notamment les maladies  transmises directes ou indirectement par l’animal  de manière générale,telles que la rage, le tétanos, tuberculose, la grippe aviaire, la malaria et sans pour autant oublier la leishmaniose, le paludisme, la brucellose, l’hépatite A.

De ce fait, des recommandations à ce sujet ont été données par Melizi Mohamed, à commencer par la nécessité d’une coopération entre l’institut vétérinaire, les vétérinaires praticiens et tous les acteurs de la santé et la production animale. Ensuite multiplier les rencontres scientifiques entre les différents acteurs de la santé animale et humaine afin de résoudre les problèmes de la santé publique. Il y a également la mise en place de laboratoires spécialisés pour établir des diagnostics certifiés et éviter les recours aux traitements symptomatiques, à titre d’exemple, l’usage abusif d’antibiotique par les vétérinaires a induit une antibiorésistante chez les patients en médecine, d’où la difficulté de traiter les malades, ainsi que la création d’une formation continue pédagogique des scientifiques par l’institut vétérinaire et les sciences agronomiques.

           

 

Auteur
Abdelmadjid Benyahia

 




Espoir, respect et unité dans la diversité (2)

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Le problème du temps

Espoir, respect et unité dans la diversité (2)

Dans la précédente contribution fut promis l’examen des agents sociaux autres que le peuple. Cependant, à propos de ce dernier, les commentaires sur le journal ou parvenus à mon courrier privé m’obligent à fournir des éclaircissements supplémentaires sur des points fondamentaux.

1. L’espoir est-il permis ?

Du message privé d’Omar Tarab, voici les extraits qui paraissent devoir être cités   :

« Vous êtes un indéfectible optimiste, cher ami. Vous insistez à croire, dans ce lambeau que fut le royaume numide, à une âme algérienne et encore plus fort à sa renaissance (?), comme si elle a déjà connu une première. (…)

Les idées énoncées dans votre analyse sont d’une solvabilité sans conteste, cependant elles seront entendues dans une société apaisée, sans haine ni jalousie malsaine.

N’ayant pas peur des mots : le fruit est pourrie, les mentalités sont exécrables, 55 ans de matraquage idéologique le plus scélérat, associé à la présence d’une religion omnipotente, ont produit un nouveau type d’Algérien, un être hybride qui prie dieu et croit au diable.

Il supplie l’un ou l’autre en fonction de ses peurs et de ses envies. L’Algérien a connu au cours de ses années d’indépendance une régression telle que ne subsiste dans son esprit qu’un seul besoin, le premier cité dans la pyramide de Maslow (manger- dormir et sexe). Jamais un pays n’a été autant envahi par l’obscurantisme et la décadence des mœurs que l’Algérie d’aujourd’hui. 

Vous proposez la constitution de diverses organisations civiles pour « recréer  » le tissu social. Comment serait-ce possible, cher Kadour, quand au sein même de sa propre famille on ne s’écoute  plus ?

Vous savez que la famille est la pierre angulaire d’une société qui s’inscrit dans le progrès. En Algérie, la famille a littéralement éclatée après l’estocade portée par le wahhabisme. (…) Dans les familles algériennes, les sujets de discussion tournent invariablement sur la religion dans ses aspects les plus rigoristes.

Je ne suis pas un pessimiste invétéré, croyez moi, j’ai, il n’y a pas longtemps, été quelqu’un qui croyait a un sursaut salutaire après la guerre civile.

Mais la population, exposée durant les années de feu aux yeux de l’opinion internationale, pour plaider la cause du pouvoir, fut, aussitôt « l’accalmie  » revenue, remise sous l’éteignoir, asservie plus que jamais par les tyrans.

Mérite-t-elle le respect ? Aucun, je dirai, partant du principe que celui-ci se mérite, et quant à croire à sa probable unité, c’est autant attendre… Godot. »

Pour sa part, dans un commentaire sur le journal, Haroun Hamel, en  fournissant certains arguments, affirme : « La lutte de libération n’a jamais réussi à forger une conscience collective citoyenne. »

Voici des observations pour répondre à ces intéressants propos.

La « renaissance » dont il est question concerne l’affirmation du peuple algérien, considéré comme majorité significative, sans minimiser les défections et complicités avec l’occupant colonial.

La naissance se concrétisa durant la guerre de libération nationale, malgré les carences graves qui ont marqué cette lutte (contrainte dans certains cas, massacres de civils, « bleuite », MNA, etc.)

À ma connaissance (je ne suis pas historien), c’est la seule et unique fois où l’on a pu parler, non seulement au pays mais dans le monde, de « peuple algérien », en tant qu’agent social assez uni et impact pour s’opposer à la domination étrangère dont il était victime, au point d’y mettre fin.

Que cette victoire fut moins militaire (comme chez les Vietnamiens) que politique n’enlève pas l’essentiel à ce que fut cet acte de résistance majoritaire, conclu par une libération contre le colonialisme.

Quel pays, quel peuple, dans l’histoire du monde n’a pas connu ces vicissitudes ? Un exemple suffit, celui du peuple français. Durant la domination romaine, les occupants n’ont-ils pas joué de l’opposition entre Francs et Gaulois ? Durant la domination nazie, les occupants n’ont-ils pas joué entre la partie résistante du peuple français, et sa partie collaborationniste avec les nazis ? Enfin, la résistance française au nazisme n’a-t-elle pas vécu des divisions, notamment entre gaullistes et communistes ?

Dès lors, pourquoi voir des défauts uniquement au peuple algérien, pour le condamner, comme s’il est le seul à présenter des divisions antiques ou modernes ?

Par conséquent, la question se pose : une « renaissance » du peuple algérien, comme agent social majoritairement uni et solidaire, est-elle utopique ou réaliste ?

Omar Tarab, pour affirmer la première hypothèse, invoque les graves traumatismes subis par ce peuple, avec les divisions qu’ils ont entraînés, jusque dans les familles.

Cela est indéniable. Omar a raison d’insister sur la gravité de ces traumatismes au sein même de la famille, noyau social fondamental.

Mais, dans l’histoire, combien de fois la famille, dans des sociétés déterminées, n’a pas été la victime d’influences traumatisantes ? Le plus fameux de ce genre d’événement fut Jésus-Christ lui-même, affirmant (citation de mémoire) : « Je suis venu diviser les familles, le mari de son épouse, les parents de leurs enfants… », etc. Et cela fut ainsi. L’une des conséquences de cette prédication fut, notamment, un événement, plus tragique que celui commis dans l’algérien village de « Bentalha » : la nuit de la « Saint-Barthélémy », dans la capitale même de la France.

Cependant, l’évolution des événements a permis aux peuples, en l’occurrence à celui français, de progresser.

Toutefois, d’autres divisions sont survenues au sein des nations : l’apparition des classes sociales de l’époque industrielle : exploité-e-s d’une part, exploiteurs de l’autre.

Là, les castes dominantes ont constaté, venant des exploité-e-s, les résistances diverses mais constantes : casse des machines, grèves, révoltes violentes dans la rue, organisations de partis ouvriers visant le changement social en leur faveur. Ainsi, la caste dominatrice fut contrainte d’adapter le système capitaliste, de manière à le faire perdurer. Nous en sommes là, aujourd’hui.

Mais, encore dans ce cas, les castes dominantes savent, en général, apprendre de l’histoire. Elles ont trouvé, actuellement, deux parades, pour maintenir leur système exploiteur. D’une part, au sein des pays industrialisés, créer un consensus social, assuré par des élections, certes démocratiques, mais où, comme par hasard, les élus représentent toujours les intérêts de la classe capitaliste. D’autre part, au niveau de la planète, créer un nouvel ennemi commun, bouc émissaire : après le « communisme », lamentablement échoué, voici l’islamisme. Ainsi, dans les pays industrialisés, la famille et le peuple retrouvent une relative unité, permettant au système social de perdurer. Et, dans les pays dominés, la famille et le peuple sont obnubilés, comme chacun le constate, par des questions de religion ; elles les détournent des problèmes économiques (exploitation) et sociaux (domination).

Oui, il peut y avoir des résistances : en Europe, la révolte des populations de régions, culturellement spécifiques. Dernier cas : la Catalogne (cherchant l’indépendance). En Italie, la Vénétie et la Lombardie (voulant plus d’autonomie). Au Moyen-Orient : le peuple kurde (désirant son unité, dispersée entre quatre autres pays). En Tamazgha, les Amazighes (opprimés par les linguistiquement arabophones), sans oublier les Indigènes d’Amérique latine, notamment au Chiapas.

Non, ces considérations ne sont pas un éloignement de l’argument principal : le peuple algérien. Il s’agit simplement de montrer, du moins espérons-le, un fait social fondamental : les sociétés et les peuples sont soumis à des variations qualitatives, à des flux (progrès) et à des reflux (régressions). Telle est l’histoire de l’humanité toute entière. Le peuple algérien en fait partie, avec ses spécificités.

Combien de fois on a cru des peuples complètement disloqués pour les voir se réaffirmer. Il en fut ainsi de tant de peuples colonisés, notamment le peuple chinois. Dans sa période la plus régressive, pas moins de cinq puissances impérialistes l’envahirent et le dépouillèrent de tout ce qu’ils pouvaient tirer. En particulier, la guerre dite de l’opium, produit introduit par la Grande-Bretagne, a des ressemblances frappantes avec l’opium qu’est, aujourd’hui en Algérie (et ailleurs), la manipulation de la religion pour soumettre le peuple.

Pour juger de manière convenable, c’est-à-dire objective, la situation de peuple algérien, il  semble donc indispensable de la placer dans le contexte historique non seulement national mais mondial, d’une part. D’autre part, il faut examiner les événements dans le long terme, celui des phases historiques. Ainsi, par exemple, on constatera des similitudes significatives entre les guerres de religion qui ont marqué le Moyen-Age européen, et les actuelles guerres de religion dans les pays musulmans. Dans le premier cas comme dans le second, les sociétés devaient affronter le problème de leur modernisation sur tous les plans, de l’économique au culturel. Cela porte à dire que, du point de vue de l’évolution historique, les sociétés musulmanes actuelles, notamment du Moyen-Orient et de Tamazgha, sont en retard d’environ quatre siècles par rapport à celles chrétiennes européennes.

Oh ! Ne tirons pas de cette observation qu’en Algérie (et dans les autres société musulmanes) il ne faut rien faire, et attendre que l’évolution historique se fasse d’elle-même, vers le progrès. N’ayons pas, non plus, l’illusion marxiste (matérialisme historique et dialectique) qui prétendait que les sociétés évoluent « automatiquement », suite aux rapports s’établissant entre développement des forces productives et situation des rapports de production. Cette conception a été largement infirmée par l’évolution historique.  

Comme en Europe, dans les pays musulmans, les citoyen-es les plus conscient-e-s, les plus éclairé-e-s ont leur rôle à jouer pour réaliser le changement social positif. Et cela ne va pas, hélas !, sans difficultés, ni drames, ni tragédies. Telle est l’histoire humaine : ses progrès passent, malheureusement, par les larmes et le sang des opprimé-e-s et de celles-ceux qui les défendent.

Tout cela étant dit, l’examen de l’histoire de l’humanité en général, et de celle de sa partie occupant le territoire de l’Algérie, n’autorisent-elles pas, en définitif, l’optimisme ?

On objectera qu’une guerre nucléaire peut mettre fin à tout. Mais, aussi, un gros météore, provenant de l’espace, peut pulvériser la petite planète Terre. Alors, faut-il se résigner ou combattre et espérer ?… Nous savons que des scientifiques, pour une fois unis, s’occupent à conjurer la menace spatiale. Quand à la guerre nucléaire, il s’agit de combattre ses partisans. Cela est possible, cela se fait, il faut renforcer les rangs. Enfin, s’agissant du peuple algérien, rien n’est joué, pas de « fin de l’histoire ». La partie la plus consciente de ce peuple le démontre chaque jour, à travers ses associations et ses manifestations, ces dernières plus ou moins virulentes, en fonction de l’exaspération des conditions de vie.

Espérons que cet ensemble de considérations puisse montrer que l’optimisme que me prête l’ami Omar n’est pas béat, mais repose sur des constations historiques et sociales objectives. L’histoire montre que là où les experts affirment l’inertie des peuples, ils finissent par être démentis par l’arrivée de « Godot » : la soif de liberté, l’exigence de démocratie véritable. Autrement, pourquoi l’humanité n’est pas restée à l’esclavage antique, ou au stade de Cro-Magnon ?

Que cet élan vital (car c’est de cela qu’il s’agit, au-delà ou en-deçà des problèmes autres, notamment économique) de l’espèce humaine, à travers sa partie opprimée, soit récupéré par les vautours qui accaparent le pouvoir, cet handicap, jusqu’à présent, a fait malheureusement partie de l’évolution des événements. Cependant, dans le passé comme dans le présent, la partie la plus consciente (du peuple et de ses ami-e-s sincères) s’est efforcée et persiste à trouver la manière pour que l’issue soit au bénéfice du peuple. Sinon à quoi nous servent la conscience et l’instruction dont nous nous vantons ? Simplement à mépriser le peuple parce que asservi et divisé ?

2. Le peuple mérite-t-il le respect ?

Venons à l’autre importante question, posée par Omar : un peuple asservi « mérite-t-il le respect ? »

La question surprend. Cependant, elle est compréhensible. En effet, on peut faire partie d’un peuple et l’aimer au point de le mépriser (tout en se méprisant), en constatant l’asservissement auquel il est soumis.

Mais c’est tomber dans le piège tendu par l’ennemi. L’auto-mépris des opprimés est l’une des  armes psychologiques employées par le dominateur, pour écraser davantage, et définitivement, son esclave.

Non, cher Omar ! L’état d’asservissement dans lequel est tombé le peuple, quel qu’en soit l’horreur, devrait provoquer le mépris non du peuple mais, au contraire, de son oppresseur !

Et ensuite, des personnes ayant un savoir (parce que ne subissant pas les conditions matérielles et psychologiques écrasantes du peuple) devraient, elles aussi, provoquer notre mépris. Parce qu’elles utilisent leur savoir uniquement pour profiter, d’une manière directe ou indirecte, de l’asservissement du peuple, au lieu de l’aider à s’en affranchir.

Comment donc ?… Une caste minoritaire réduit le peuple à des animaux exploitables, à des crétins endoctrinables, à des sous-humains incapables d’accéder à la culture, donc à la conscience, donc à leur droits… Et, en plus, on doit mépriser ces victimes ?

… Que leurs sangsues les méprisent, c’est dans le (dés)ordre des choses. Mais comment peut-on aimer le peuple, être scandalisé et sincèrement peiné par sa situation asservie, et, en plus, le mépriser ?

Alors, il faudrait, d’abord, se mépriser soi-même pour être incapable (malgré le niveau d’instruction et de conscience propre) d’affranchir le peuple de sa scandaleuse situation, d’autant plus qu’on en fait partie, par notre famille. Mais, cela a été déjà dit, au lieu du mépris, il vaut mieux porter secours et aide au peuple. Et trouver, bien que cela soit extrêmement difficile, comment agir positivement au sein de la propre famille. À ce sujet, que l’on m’excuse d’avancer ma propre expérience ; elle est évoquée uniquement pour montrer que je sais de quoi je parle. Car, malgré et à cause de leurs carences, de leur faiblesses, le peuple, notre famille populaire n’en sont pas les premiers responsables, mais les victimes. Et les victimes ne méritent pas le mépris, mais de l’aide de la part de qui les aime, malgré tout et/ou à cause de tout !

3. Un peuple algérien ou plusieurs peuples d’Algérie ?

Dans un commentaire sur le journal, Haroun Hamel écrit : « Tant que vous ne reconnaîtrez pas qu’il existe plusieurs peuples en Algérie, vous demeurerez dans un déni, les mêmes causes induisant les mêmes effets. »

Dans la contribution précédente qui est visée, il semble que le problème examiné est  le concept de peuple. Rappelons qu’il est défini sur la base d’un critère précis : les citoyen-ne-s exploité-e-s / dominé-e-s.

Toutefois, je comprends une objection, qui pourrait, en vérité, sous-tendre l’analyse proposée. En parlant de « peuple algérien », il est possible que l’auteur laisse croire, ou/et que le lecteur puisse  comprendre, que cette expression, en employant l’unité, puisse, par sous-entendu, accorder la primauté aux Arabophones au détriment des Amazighophones (1).

Certes, quand un Amazighophone constate le déni, par les institutions étatiques (également, hélas !, par des citoyen-ne-s arabophones, pourtant opprimé-e-s), de sa langue, de sa culture, de son histoire et de tout ce qui constitue sa spécificité, il est compréhensible de le voir réagir avec appréhension quand on parle de « peuple algérien ». D’où Haroun Hamel qui revendique l’existence de « plusieurs peuples en Algérie ».

Personnellement, je ne vois pas d’inconvénient à cette ultime expression, à deux conditions. 1) Que par peuple soit désigné la partie exploitée-dominée. 2) Que la multiplicité de ces peuples ne soit pas un motif pour causer leur opposition.

D’une part, il serait absurde, du point de vue des asservis, que des opprimés arabophones et des opprimés amazighophones entrent en conflit. Reconnaissons, cependant, que leurs oppresseurs y trouvent leur intérêt, et, donc, font tout pour créer et alimenter ce conflit entre opprimés, en jouant sur l’ « ethnicité » (« Arabes » / « Amazighes »), mise en avant pour occulter l’exploitation économique.

D’autre part, une telle opposition entre opprimés (arabophones et amazighophones) les affaiblirait, face à leurs multiples ennemis, intérieurs et extérieurs. D’où la nécessité d’unité et de solidarité du « peuple algérien » ou des « peuples algériens ». Peu importe l’expression, si les enjeux et les buts sont clairement définis : l’affranchissement du ou des peuple (s) d’Algérie de l’oppression qui pèse sur lui (eux), quelque soit sa forme : économique, politique ou culturelle. Par conséquent, que l’on dise « Vive le peuple algérien ! », « vive le peuple d’Algérie », « Vivent les peuples algériens ! » ou « vivent les peuples d’Algérie ! », toutes ces expressions sont les bienvenues, si elles appellent à la fin de l’exploitation économique et de la domination politique de tou-te-s les citoyen-nes habitant cette portion de la planète Terre nommée Algérie. Alors, disparaîtront les questions d’ « ethnies », pour laisser place, finalement, à une seule humanité, libre et solidaire, riche de ses différences. Ce but exige la conscience claire de la temporalité historique,  et la volonté active d’y contribuer, selon les propres possibilités.

K. N.

kad-n@email.com

 Notes

(1) L’emploi de ces deux termes est justifié par l’aspect linguistique, sans aucune référence à une « ethnie ». En voici le motif : malgré les affirmations péremptoires de certains, la connaissance scientifique n’a pas encore démontré si les Arabophones d’Algérie (et de Tamazgha) sont d’origine moyen-orientale ou des autochtones culturellement arabisés.

 

Auteur
Kadour Naïmi

 




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