10 mars 2025
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Boudjemaâ au pays des moines

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Chroniques du temps qui passe

Boudjemaâ au pays des moines

On ne sut pas ce que Le charbonnier venait faire dans cette histoire déjà assez compliquée avec des familles des moines assassinées qui revenaient à la charge auprès de François Hollande et un juge antiterroriste, Marc Trévidic, qui persistait à vouloir de nouvelles auditions en Algérie. Sans doute le vieil artiste voulait-il parler de ce documentaire de Malik Aït Aoudia et Séverine Labat,  Le martyre des sept moines de Tibhirine, dont on a cru, trop tôt, qu’il avait rétabli une certaine vérité à propos du crime de Tibhirine et dont on découvre qu’il n’a pas du tout impressionné les familles des victimes, résolues plus que jamais, à obtenir du gouvernement algérien « la levée des entraves apportées à la poursuite de l’instruction ». Leur colère tranche avec la jubilation de nos amis algériens, journalistes et opposants, qui célébrèrent avec exubérance ce qu’ils appelèrent les « preuves irréfutables » de la culpabilité exclusive du GIA dans l’odieux assassinat. Le pouvoir algérien n’en demandait pas tant. Mais c’est là tout l’anachronisme désuet d’une façon de faire de la politique qui condamne au devoir ridicule de défendre le diable et d’un certain journalisme catéchiste et pavlovien qui se croit obligé de délivrer des prix de vertu, d’élever des statues, de condamner aux échafauds et, au final, de s’exonérer du devoir de rigueur. Dans cette controverse autour de l’assassinat des sept moines, nous avons agi avec la belle assurance des bienheureux,  sûrs de la suprématies du bien sur le mal, du patriotisme sur l’infidélité, assurance qui, en plus d’être sans conséquence du fait que tant d’abrutis la partagent, nous dépouille de toute  clairvoyance.  Car, à bien y réfléchir, si cette « vérité longtemps tronquée »  n’a pas aveuglé de son éclat les familles des moines ni le juge Trévidic, c’est d’abord parce que ce régime d’Alger que l’on cherche absolument à innocenter, n’est digne de foi pour personne, encore moins maintenant qu’il a exhibé une formidable disposition au mensonge et à la magouille, à l’occasion de cet interminable et pathétique feuilleton du Val-de-Grâce. Des hommes qui jurent recevoir des instructions de la bouche d’un président notoirement aphasique, ne sauraient s’offusquer qu’on doute de leur version des choses.

Nous sommes, cela dit, nombreux à avoir succombé à ce journalisme adolescent qui se gavait de certitudes et n’accordait aucune place au doute. Nous avons tous été, pendant un temps, otages de nos emportements, théoriciens de l’arrogance, parfois adulateurs du maquereautage politique, ennemis personnels de la vérité, ses Antéchrist même. Mais, aujourd’hui que nous approchons d’une certaine grâce de l’âge dont on dit qu’elle dispense enfin de l’obligation d’être sot, pourquoi s’obstiner à toujours témoigner de cette assurance excessive dans des débats cruciaux qui font appel à l’intelligence et à la rigueur plutôt qu’au reflexe du panégyriste ?  Au lendemain de la diffusion du documentaire sur France 3, nos amis eurent l’allégresse prompte et la jubilation facile, exultant à propos d’une « révélation explosive » qui n’en était sans doute pas tout à fait une. Dans leur enthousiasme débordant, ils ont oublié, en effet, que les chefs islamistes ont toujours reconnu la responsabilité du GIA de Zitouni dans l’assassinat des sept moines. Mais pour ajouter, aussitôt, que le dit Zitouni était sous l’influence des services algériens ! Dans le documentaire de Malik Aoudia et de Séverine Labat, Ali Benhadjar n’a ainsi fait que répéter ce qu’il avait déjà dit en 1997 http://www.algeria-watch.org/farticle/tigha_moines/benhadjar.htm « Lorsque se produisit la dérive du GIA sous la conduite de Zitouni manipulé par les services de sécurité avec des fetwas et des directives aberrantes, ils annulèrent nos engagements et dévièrent de notre voie en rendant licite le sang, les biens et l’argent de ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux. Il n’y a pas à s’étonner si ces valets honteux en arrivèrent à enlever les moines et à les tuer » Le film de n’apporte donc pas vraiment d’éléments nouveaux, sauf que le sieur Benhadjar a omis de réitérer que Zitouni avait agi sous influence du DRS. Comment expliquer cette distraction ? Je ne vois que la sournoiserie, n’osant pas imaginer la censure  

Oui, vu sous cet angle, le film de Malik Aït Aoudia et Séverine Labat, est à l’exact opposé du Charbonnier qui, lui, ne prétendait rétablir aucune autre vérité que celle du cinéma. C’est, du moins, ce que l’on retient de l’émouvant livre que lui consacre Boudjema Kareche, L’héritage du charbonnier,  « le livre à voir », nous dit Ghada Hamrouche, ma petite reporter préférée au Matin, petite femme effacée que je voyais mûrir dans la perplexité, aujourd’hui rédactrice en chef d’un quotidien que Kheireddine avait bâti sur le doute avant de nous quitter et de le laisser orphelin d’une incertitude. Peut-être est-elle faite pour ce journal elle qui a trop douté d’elle-même, de ce doute de soi dont je souhaite pour elle qu’il ne se limitera pas à l’humilité et qu’il prendra assez vite la forme la plus exaltée, presque délirante de l’orgueil, celle-là qui caractérisa Kheireddine, c’est à dire croire et douter à la fois, douter par une répulsion de sa propre intelligence. Alors oui, « un livre à voir », façon de rappeler que Boudjemaâ est l’enfant du cinéma et que, gagné aujourd’hui par une cécité quasi-totale, il a troqué le réflexe, communément humain, de regarder vivre les hommes contre le privilège divin de seulement les sentir. Les sentir douter, parfois espérer, souvent se chercher. C’est pourquoi il faut lire et écouter Boudjemaâ : il ne raconte pas l’existence qui s’affiche sous nos yeux, mais celle, authentique, qu’il traverse dans le noir de sa solitude. C’est cette existence-là qui obsède les créateurs, de Zinet à Beloufa, et donc de Bouamari. Une vie dans Alger que lui seul, Boudjemaâ sait encore évoquer, parce qu’Alger ne se visite pas, il n’y a jamais rien à y voir, Alger se surprend, se pénètre. Alger se devine ! Elle se devine à un parfum, à une glycine têtue, à un bruissement, à ses fontaines imperturbables, à sa menthe obstinée, à ses putains désespérées, oui, écoutez-le raconter Alger, l’Alger qui se capte à un vertige andalou, à une dernière prière de la dix-huitième mosquée et vous saurez pourquoi la cité n’est jamais aussi belle que dans ses tourments. C’est ainsi qu’Alger en est venue à forcer les hommes au génie.  Le génie dont parle Boudjemaâ, c’était celui de faire du cinéma sous Boumediene et le parti unique sans s’abandonner aux créations plates et démagogiques, insultes à l’homme et ses espoirs les plus hauts. C’est à cela pourtant, que semble vouloir nous contraindre aujourd’hui Madame Toumi dont je ne désespère pas qu’elle réalise un jour que s’occuper de la culture d’un peuple, c’est-à-dire de sa mémoire, de sa conscience collective, de sa continuité historique comme a dit un grand esprit, de son mode de penser et de vivre, s’occuper de la culture d’un peuple ce n’est pas la régenter, c’est tenter de la frôler dans sa gravité. La plus impardonnable façon de trahir, c’est de vouloir soumettre la liberté à la culture et la culture à la liberté.  Du temps de la dictature, nous eûmes une mère, Nedjma, parce que des esprits clairvoyants ont frayé un chemin à la création dans le ventre hideux du système autoritaire. Des artistes ont pu ainsi s’évader à l’intérieur de l’imaginaire d’un peuple, nous laissant Nahla, Tahia ya Didou et, bien entendu, Le charbonnier. Aujourd’hui, à l’époque de la supposée démocratie, sous un gouvernement qui a peur de sa propre société, il n’y a plus de place que pour des prestataires cinématographiques, sous l’ombre de quelques pâles apostrophes de Femmes savantes, sans Molière pour caricaturer ces nouveaux personnages solidement sots  qui confondent des impressions primitives, naïves, avec l’authenticité et qui appellent leurs opinions « convictions ». Le nouveau pouvoir a compris qu’à elles deux, la culture et la liberté, imposeraient leur loi, l’une parlant pour l’autre, et qu’à l’inverse, séparées, elles seraient progressivement réduites à rien. C’est pour cela que Nedjma n’enfante plus.

C’est ainsi qu’on est venu à oublier même la saison des mimosas. Impardonnable.

Eh bien oui, c’est aussi cela l’héritage du charbonnier.

C’était 25 ans avant l’assassinat des moines.

Auteur
Par Mohamed Benchicou

 




La tendresse et l’humour d’un auteur hors-pair

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Bruce Jay Friedman

La tendresse et l’humour d’un auteur hors-pair

« De tous les membres de l’école juive américaine, Bruce Jay Friedman est, paradoxalement, l’un des plus célèbres aux Etats-Unis et l’un des moins connus en France. Mais peut-être Friedman a-t-il le tort de ne ressembler à personne. Si l’on voulait lui découvrir des parentés, il faudrait imaginer une   sorte d’accouplement des contraires, quelque chose comme l’enfer de Flannery O’Connor traversé par le rire de Mark Twain ou la visite des Marx Brothers. » C’est ce qu’a écrit Claude Bonnefoy dans le Nouvel Observateur du lundi 27 octobre 1969 lors de la sortie de « L’imprésario de l’au-delà » aux éditions du Seuil.
Sous une couverture qui représente un immense cercueil noir d’où émerge un soutien-gorge rose, Bruce Jay Friedman a publié en 1965 une « Anthologie de l’Humour Noir ». Il était un des écrivains les plus qualifiés pour cette entreprise. Ses deux romans « Stern » et « Mom » ainsi que son recueil de nouvelles, « L’imprésario de l’au-delà », tous parus au Seuil et tous traduits par Solange Lecomte, sont en effet d’excellentes illustrations de ce genre, à la fois pathétique et comique, qui doit beaucoup à une certaine tradition juive qui nous rappelle parfois le meilleur de Gogol et de Charlie Chaplin.

« Stern » est le récit d’une crise dans la vie d’un jeune bourgeois new-yorkais. Le héros de ce roman a trente-quatre ans. Il possède une maison avec jardin en banlieue, une situation, une femme, un enfant, un chien. La pelouse est miteuse, la maison est à vingt-cinq minutes de la gare et la gare est à plus d’une heure de train du bureau, et, finalement, rien ne lui plait plus. Stern est mordu par les chiens du voisin, un autre voisin a bousculé sa femme et traité son fils de youpin. Le gosse n’a pas de camarades de jeux dans cette banlieue « chrétienne ». Stern trouve son métier intolérable. Avide d’être aimé, il a une femme laide, négligente, larmoyante… Il n’arrive pas à se faire des amis et n’a réussi  ni socialement, ni professionnellement ni sentimentalement.

Stern tombe malade — ou se croit malade, ce qui revient au même — et fait une crise nerveuse. Comme le dit très justement Saul Bellow, Stern est « un Schlemiel scrupuleux mais inefficace dont les émotions brûlantes et réprimées se transforment en ulcère d’estomac. Faible, innocent, plein de bonnes intentions, Stern est la victime toute indiquée pour perdre la bataille contre ses voisins et contre le monde… »

Cette tentative d’exploration, sur le mode tragi-comique, d’une vie privée dans un quartier de la périphérie new-yorkaise, se rattache à d’autres romans américains de ces années tels que « L’homme de gingembre » de James Patrick Donleavy (qui vient de mourir au mois de septembre 2017). Ce qui fait l’originalité de « Stern », c’est peut-être le ton de l’auteur, qui réussit, avec le minimum d’artifices, à amuser — et à effrayer en même temps — le lecteur moyen. Le roman, cependant, n’est ni désespéré ni désespérant. Bruce Jay Friedman sait choisir le détail comique, accumuler les évènements originaux, laisser le lecteur sur une impression d’humour et de tendresse.

« Mom » a été moins bien accueilli que « Stern » par les critiques et les lecteurs. Le livre, moins original, moins achevé que le précédent, emprunte peut-être davantage à la réalité quotidienne et, à ce titre, mérite l’attention de tous ceux que fascinent les aspects divers de l’American way of life.

On pourrait résumer en quelques mots l’intrigue de « Mom » : c’est, d’un certain point de vue, le récit de quelques mois de la vie d’un jeune américain encore entortillé dans le cocon maternel.

Joseph, un petit israélite new yorkais, a dix-sept ans. Il a terminé, sans gloire, ses études secondaires. Il a déposé une demande d’inscription à l’université de Columbia mais ne connaîtra la décision du comité des admissions que dans le courant de l’été. En attendant, il accepte un job mal rémunéré dans un camp de vacances. Il s’y ennuie et se fait renvoyer au bout de quelques semaines. Il s’est blessé dans ce camp. Il soignera, pendant des jours, son bras malade. Cet été est vraiment très pénible pour lui à tous les points de vue.

Columbia refusant de l’admettre en son sein, Joseph essaie d’entrer dans un autre établissement d’enseignement supérieur. Il réussit finalement à se faire admettre dans une des deux mille universités américaines, l’une des moins exigeantes et des moins brillantes du Middle West, Kansas Land. Il y débute sa carrière d’étudiant, sous l’égide de sa mère, qui l’a accompagné et qu’il ne renverra chez elle qu’à la fin du premier trimestre.  Joseph, cependant, n’est pas le héros du livre. Celui-ci est dominé par le personnage de la mère, la redoutable « Mom », dont le personnage a été déjà dessiné dans le roman précédent sous les traits de la mère de Stern — « une grande femme voluptueuse » qui porte « des pantalons de Toréador » — et sera repris dans d’autres œuvres de Friedman. Mom a quarante-cinq ans et une plantureuse féminité. Elle a un mari — un artisan qui fabrique des canapés et qui vient d’acquérir une voiture —, une fille d’une vingtaine d’années, vaguement fiancée. Ni l’un ni l’autre ne comptent à ses yeux. Elle méprise son mari, qui est une sorte d’impuissant, et elle ne s’intéresse qu’à son fils, qu’elle protège contre tous les ennemis, toutes les embûches possibles, et dont elle guide à tous les tournants l’éducation et la carrière. « Mom » force tous les retranchements. Elle oblige le directeur du camp de vacances à donner un emploi de serveur à Joseph. Elle s’installe en face du camp, de l’autre côté du lac, pour surveiller la situation. Elle obtient d’une divorcée récidiviste qu’elle intervienne auprès d’un officier de marine qui a des relations avec les gens de Kansas Land. Elle essaie de séduire le commandant Vanderhuysen — et y réussit presque trop bien. Finalement, elle inscrit Joseph à Kansas Land, l’accompagne en avion, reste avec lui pour guider ses premiers pas. Débrouillarde, autoritaire, totalement dépourvue de tact, elle s’impose auprès de tous, même auprès de ceux qui la trouvent un peu trop voyante.

Il est certain qu’elle exagère dans ses rapports avec son fils. Elle se vante devant lui un peu trop souvent des compliments, réels ou imaginaires, que lui valent ses attraits. Elle croit que tout le monde l’admire et, sans doute, croit-elle aussi de bonne foi qu’elle met tout en œuvre pour aider son fils. Or, celui-ci, blessé par cet étouffement, ce débordement d’amour, finira par en avoir assez. Quand sa mère s’en va, il éclate : « …il se mit à crier des injures à sa mère, d’abord d’une voix normale, puis de toutes ses forces, pour se libérer : « Pour qui te prends-tu ?… Tu n’as vraiment rien de formidable !… Je n’ai jamais pu te supporter, même une seconde », hurla-t-il encore et il continua sur le même ton jusqu’à ce que le sifflement du train fût devenu trop faible pour couvrir sa voix… »

    Mais est-il vraiment libéré de sa mère ? Serait-ce un inceste larvé et inavoué ? Restera-t-il toute sa vie une victime de sa mère ? « Mom » n’est pas seulement le roman de la femme juive accaparante et inconsciemment incestueuse. On pourrait même affirmer que Bruce Jay Friedman a reculé devant le sujet, peut-être parce qu’inconsciemment il craignait plus ou moins d’offenser sa propre mère. Le roman vaut aussi par les autres monstres qu’il nous décrit. Les personnages secondaires sont presque tous aussi affreux et fascinants.

Lorsque Joseph, au camp, trouve un flirt, c’est une jeune fille étrange que son propre père appelle Dracula, et dont le cou se démanche quand on la caresse, avec un « drôle de bruit » de tuyau qui se dévisse :

« Après avoir jeté un regard du côté de la salle, Joseph posa les lèvres, à travers le soutien-gorge, sur les bords des seins de la jeune fille dont la tête pivota alors violemment sur ses épaules, tandis que sortait de sa gorge une sorte de « Brrrrr » ressemblant à ces bruits de tuyauterie qui vous réveillent parfois la nuit.

    — Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda Joseph en délaissant son sein.

    — C’est une des choses que je ne peux pas empêcher, dit-elle. N’y fais pas attention.

    …le père vient à leur rencontre.

    — Eh bien, demande-t-il, ma petite Dracula n’est-elle pas une personnalité délicieuse ? »

Le père de Joseph est plus qu’un monstre : un tragique. Un jour, Joseph l’accompagne à son travail. Le père montre à son fils l’endroit où il achète tous les jours le journal. Dans le métro, il précise : « D’habitude, je me mets au fond, de ce côté-ci, et je me tiens à la courroie. » Il fait visiter à Joseph le lugubre atelier où il fabrique des divans, lui présente son patron qui offre à l’adolescent un morceau de cuir en souvenir. Après quoi, le père montre à Joseph un vieux Grec tout voûté :

— Celui-là, c’est moi qui suis son patron.

A midi, père et fils vont prendre un sandwich, en vitesse, dans une cafétéria inconfortable et encombrée. La journée terminée, le père déclare :

— Cela fait vingt ans que je suis dans le métier.

Et, reprenant le métro :

L’humour de Bruce Jay Friedman a été rarement aussi noir que dans ces deux ou trois pages consacrées au père. N’allez pas croire que tout, dans ce livre, est noir. « Mom » est aussi et surtout un roman amusant mais souvent affreusement triste. Pour avoir une idée plus complète de l’œuvre de Friedman, il faut lire ses nouvelles.

Dans « L’imprésario de l’au-delà », nous trouvons plusieurs personnages qui ont des traits communs avec « Mom » : l’ennemie, pour beaucoup de personnages de Friedman, c’est la femme, qui ampute ou étouffe, et pas seulement dans des œuvres telles que « Mom » ou que la nouvelle intitulée, d’une façon précise, « L’ennemie ».

Lotito est la victime de plusieurs filles qui le poursuivent et se jouent de lui. Celle qui lui arrache ses derniers quatorze derniers dollars et l’entraîne dans un cimetière de voitures, refuse, après l’avoir provoqué, de se soumettre à lui et l’abandonne blessé, meurtri par un sentiment d’humiliation profonde. Dans une autre nouvelle, Stefano, écrasé de dettes, trompé et abandonné par sa femme, a besoin de quelqu’un à qui parler de ses problèmes : il engagera un  jardinier noir pour lui servir de psychanalyste.

« Scuba Duba » est une histoire douce-amère qui abonde en traits comiques. Le héros est, comme Stern, un malheureux névrosé, et comme Joseph, une victime de sa mère.

Ce jeune américain, en vacances en France sur la Côte d’Azur, a une bonne situation dans la publicité et aime, à sa façon sa femme et ses deux enfants. Sans s’en rendre compte, il est absolument insupportable. Sa femme en est venue à lui préférer la présence d’un plongeur sous-marin noir, puis d’un autre noir, poète celui-là, avec lequel elle refera sa vie. Il ne peut accepter cette situation. Il consulte sa mère et son psychiatre, essaie de faire revenir sa femme, se fâche contre les amants de sa femme,  oublie son « libéralisme » pour devenir carrément raciste et repousse les consolations d’une jeune voisine en bikini. L’art de Bruce Jay Friedman est de nous montrer le tragique du personnage à travers une atmosphère de comédie et de farce — parfois un peu crue.

Formé comme Salinger à l’école du New Yorker, Friedman a, tout comme l’auteur de « L’attrape-cœurs », un domaine de prédilection limité. Il sait, toujours comme Salinger, fabriquer et rendre vraisemblable n’importe quel genre de dialogue et construire ses personnages à l’aide d’une conversation habilement reproduite — ou de quelques répliques échangées.

Bruce Jay Friedman possède un don remarquable d’humour et nous fait sourire souvent. Ce romancier comique qui peut dépeindre des situations affreuses et exposer ses personnages à de cruelles souffrances n’est jamais monstrueux ni cynique. Il aime ses congénères, il aime la nature, il regarde l’homme avec indulgence et sympathie.

Cet humoriste est, au fond, un tendre.

Auteur
Par Kamel Bencheikh

 




Algériens, la note du 25 octobre pour l’acquisition n’a rien changé !

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Naturalisation française

Algériens, la note du 25 octobre pour l’acquisition n’a rien changé !

Cette note avait été, rapidement, relayée par la communauté algérienne sur les réseaux sociaux. L’espoir de pouvoir obtenir la nationalité française s’est transformé en désillusion. Il me semble indispensable de revenir dessus et d’en faire une explication de texte. Quelles conditions fallait-il remplir pour pouvoir y prétendre ?

La première, être né en France ou dans un territoire ou département d’outre-mer (DOM et TOM) avant le 1er janvier 1963.

La seconde, être né d’un parent lui-même né en Algérie.

La troisième condition, être mineur au moment de l’indépendance de l’Algérie (en 1962, la majorité pour les Algériens était fixée à 18 ans et non à 21 ans contrairement aux citoyens Français).

La quatrième, et pas des moindres, être titulaire, au moment de la demande, d’un titre de séjour et non d’un simple visa de court ou long séjour.

Alors, qui est concerné par cette note ministérielle ?

Très souvent interrogé par des ressortissant algériens, désireux de savoir si cette note du ministre français de l’Intérieur du 25 octobre 2016 est venue bouleverser le droit à l’acquisition de la nationalité française, il me semblait indispensable d’y apporter un éclairage.

Soyons clairs, ce texte n’a absolument rien changé !

Il n’est qu’une note d’informations à l’attention de l’ensemble des préfets de France et des DOM TOM en vue de rappeler la procédure en matière de réintégration de la nationalité des personnes appelées « les Chibanis ».

D’ailleurs, ce texte n’est que l’interprétation de l’article 21-13-1, alinéa 1 du code civil français.

En effet, cet article dispose que « Peuvent réclamer la nationalité française, par déclaration souscrite en application des articles 26 à 26-5, les personnes qui, âgées de soixante-cinq ans au moins, résident régulièrement et habituellement en France depuis au moins vingt-cinq ans et sont les ascendants directs d’un ressortissant français ».

Bon nombre d’Algériens se sont précipités sur cette note espérant pouvoir réintégrer la nationalité française. Il n’en est rien !

Ce texte ne concerne donc que les Algériens, résidents en France de longue date, et remplissant plusieurs conditions.

La première, et donc celle qui écartera un très grand nombre de candidats vivant hors de France et des DOM TOM, séjourner en France, « dont la résidence en France est souvent ancienne et qui témoignent et qui témoignent d’un attachement fort à notre pays » rappelle le ministre de l’Intérieur dans sa note, et être en possession d’un titre de séjour (généralement une carte de résident de 10 ans) depuis au moins vingt-cinq années.

La deuxième condition, être âgé de plus de 65 ans.

La troisième condition, être le parent d’un enfant français.

Ces trois conditions cumulatives ne peuvent donc pas être remplies par les Algériens résidant en Algérie ou à l’étranger.

En effet, la condition de présence effective sur le territoire français sera attentivement examinée, en situation régulière et en possession d’un titre de séjour.

Cette note, contrairement à ce que certains avaient annoncé n’a absolument rien bouleversé pour les Algériens vivant en Algérie.

Farid Messaoudi est juriste

Ex-Responsable du service juridique de la LDH e t ex-Chargé de mission auprès de la FIDH

Auteur
Par Farid Messaoudi

 




Les prévisions des ministres des Finances et du Commerce sont difficilement réalisables

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Abderrahmane Mebtoul:

Les prévisions des ministres des Finances et du Commerce sont difficilement réalisables

 Prenant en compte dans l’évaluation des importations, l’assurance et le fret (CAF) et pour les exportations, évaluées FOB (sans assurance et sans fret), selon la Banque d’Algérie, seule source donc officielle autorisée, les exportations FOB  ont été de 34,57 milliards de dollars en 2015 et 29,05 milliards de dollars en 2016. 

1- Les importations FOB ont été  de 52,65 milliards de dollars en 2015 et 49,44 milliards de dollars en 2016..Ainsi le solde global de la balance des paiements  a été négatif de 27,54 milliards de dollars en 2015  et 26,59  milliards de dollars pour 2016. 

Selon les documents du FMI analysant la balance des paiement  seul document valable contrairement à la balance commerciale quo ne fait que mentionner les importations/exportations des biens,  les sorties net de service  seraient de 7,0  en 2017  pour une sortie totale de 10,4  milliards de dollars en 2017, pour 2018 une sortie totale de services  de 9,8 milliards de dollars avec un solde net 6,5 milliards de dollars, une sortie totales de devises services en 2019 de 9,8 milliards de dollars avec un solde net de 6,5 milliards de dollars  et pour 2020 une sorties totale de 9,8 milliards de dollars pour un solde net de 6,2 milliards de dollars. 

Quant aux transferts légaux de capitaux par  les firmes étrangères,  entre trois/quatre   milliards dollars an entre 2017/2020, tout en ne prenant pas  en compte durant cette période  des nombreux projets rentrant dans le cadre de la généralisation de la règle 49/51%.

2– Qu’en est-il des neuf premiers mois  de 2017 du solde de  la balance commerciale ?  Selon  les statistiques douanières reprises par l’APS,  le  déficit commercial de l`Algérie a atteint 8,14 milliards de dollars contre un déficit de 13,11 milliards de dollars sur la même période de 2016, soit une baisse de près de 38% avec un  taux  de couverture des importations par les exportations,  de  76% contre 62% à la même période de 2016. 

Les exportations totales ont été évaluées à  25,78 milliards de dollars (mds usd) contre 21,82 mds usd sur la même période de 2016 (+18,2%) soit au même rythme fin 2017 34,37 milliards de dollars. Les exportations d’hydrocarbures se sont établies à 24,41 milliards de dollars contre 20,52 milliards de dollars durant la même période en 2016, enregistrant ainsi une hausse de 19%, représentant un montant de 3,89 milliards de dollars surtout  par l’effet  prix. Les exportations hors hydrocarbures sont marginales, 1,38 milliard de dollars, avec la prédominance des produits dérivées des hydrocarbures  pour  973 millions de dollars en demi-produits, soit  70% du total.  

Les importations se sont  en s’établit durant les neuf premiers mois de 2017  à 33,92 mds usd contre 34,93 mds usd. Au même rythme, les importations de biens, malgré toutes les restrictions,  s’établiront fin 2017 à 45,23 milliards de dollars, montant auquel,  il faudra ajouter le solde net du transfert des services et  des mouvements de capitaux hors Algérie.  

3- Dans ce cas que penser de la déclaration du ministre des finances  intervenant en ce mois d’octobre 2017 ( source APS)  devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN) pour qui  le déficit du Trésor public couvert principalement par le recours au financement non conventionnel qu’à l’horizon 2020,

 Dans ce cadre, les besoins de financement sont estimés à 570 milliards de dinars en 2017, 1815 milliards de dinars en 2018 et 580 milliards de dinars en 2019. Le déficit du Trésor devrait connaître des baisses successives en passant de 2 344 milliards de dinars en 2017 à 1 963 milliards de dinars en 2018 puis à 55 milliards de dinars en 2019.Toujours selon le ministre,  les réserves de change de l’Algérie devraient baisser à 85,2 milliards de dollars à fin décembre 2018 et à 76,2 milliards de dollars à fin 2020.

Le ministre des finances a déclaré officiellement que les réserves de change établies à 102 milliards de dollars en septembre 2017 clôtureront à 97 milliards de dollars fin 2017, le FMI prévoyant 93 milliards  de dollars  et moins de 60 milliards de dollars fin 2018.  Dans ce cas les sorties de devises durant l’année 2018 seront seulement de  85 milliards de dollars moins 97 milliards de dollars soit  12 milliards de dollars et entre 2018 et 2019  seulement 9 milliards de dollars.

4- Les prévisions du niveau des importations à 30 milliards de dollars et  des réserves de change 2018 de 85,2 milliards de dollars du ministre des finances ne   peuvent être réalisées qu’à six conditions:

  •  La première condition, que le financement non conventionnel s’adresse aux segments productifs et que par  ailleurs cette mise à la  disposition du dinar ne permette pas  à certaines entreprises dont Sonatrach et Sonelgaz ou autres   d’importer en devises  ce qui est utopique ;
  •  La deuxième condition, concerne une restriction des  importations de biens et services ne dépassant pas 25/30 milliards de dollars avec le risque d’étouffer tout l’appareil productif dont le taux d’intégration  secteur d’état et secteur privé ne dépasse pas 15% et également le risque de tensions sociales avec les effets inflationnistes
  • La troisième  condition, pour atténuer le déficit budgétaire : continuer le glissement du dinar à la baisse tant par rapport au dollar qu’à l’euro (inflation importée) et favoriser l’émission monétaire, grâce à la modification de la loi sur la monnaie et le crédit, par une inflation interne, l’inflation étant un impôt indirect réalisant une épargne forcée. Mais là aussi  cette politique ne risque-elle pas  de conduire à de vives tensions sociales d’autant  plus qu’elle pénalise les revenus  fixes et nivelle par le bas les couches moyennes qui n’ont d’autres revenus  que leurs salaires?
  • La quatrième condition, de profondes réformes structurelles dont les effets attendus sont de 4/5 ans, si on commence aujourd’hui, permettant une dynamisation des  exportations hors hydrocarbures, notamment par une révision de la politique des subventions généralisées et l’intégration progressive de la sphère informelle au sein de la sphère réelle. Or, nous sommes à une  année et demi de l’élection présidentielle, la préoccupation étant  de stabiliser le corps social et   un projet en phase de maturité met en Algérie entre trois à quatre années si des projets rentables (cout/qualité selon les normes internationales), sont lancées en 2018, ils seront opérationnels horizon 2022 ;
  • La  cinquième  condition, un prix du pétrole minimum de 70 dollars, le pétrole et gaz de schiste n’étant pas  rentable avant 5 à 10 ans ;
  • La sixième condition, une augmentation de la production de Sonatrach  d’environ 30% entre 2017/2019.

5- En résumé, l’Algérie en ce mois d’octobre 2017, ne connait pas encore de crise financière mais une crise de gouvernance. Mais le risque sans correction de l’actuelle politique économique est d’aller droit vers le FMI horizon 2019/2020 ou cohabiteront crise financière et crise de gouvernance. La  solution la plus sûre  est d’avoir une vision stratégique, loin de tout replâtrage, les tactiques  pour paraphraser les experts militaires, devant  s’insérer au sein d’une fonction objectif stratégique ce qui fait cruellement défaut actuellement, le ministre de l’industrie venant  de faire savoir officiellement aux assises du FCE en ce mois d’octobre que l’on ne peut élaborer de véritable stratégie notamment industrielle sans données fiables inexistantes selon lui.

Or, l’Algérie a un répit de seulement trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions  sociales 2018/2020. Les sorties de devises biens-services-transferts légaux de capitaux ont été d’environ de  60 milliards de dollars en 2016. En fonction des données précédentes les sorties de devises pour 2017, biens-services-transferts légaux de capitaux devraient s’établir à environ 55 milliards de dollars  pour une entrée de devises variant entre 33/34 milliards de dollars. A moins d’un sursaut national les prévisions des ministres tant du commerce que  des finances quant au niveau des importations de biens et services  et des réserves de change entre 2018/2019 sont difficilement  réalisables et risquent d’être démenties. Les lois économiques sont souvent insensibles aux slogans politiques. 

Auteur
Abderahmane Mebtoul

 




Les Amuseurs de la République

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Chroniques du temps qui passe

Les Amuseurs de la République

Le gang des Amuseurs de la République est à l’œuvre ! Leur nouvelle création de 2013, provisoirement intitulée « Le président peut-il encore gouverner ? », originale et désopilante, basée sur l’allusif, un nouveau style baladin qui consiste à contourner la triste réalité nationale pour s’attarder sur l’ailleurs, raconte les tribulations du chef de l’État d’une île mystérieux, une contrée fantasmagorique dont je suis incapable de vous dire le nom. A croire certains spécialistes versés dans le monde du burlesque, il s’agirait de Fantasyland, un pays magique de Disneyland où les contes de fées et les histoires qui ont inspiré les films d’animation de Disney prennent vie, comme par magie. Cela expliquerait, sans doute, le fait que le nouveau spectacle « Le président peut-il encore gouverner ? », vient d’être enrichi de plusieurs déclinaisons tout aussi drôles les unes que les autres, comme « Le quatrième mandat, c’est fini ! », un gag qui a rencontré un succès foudroyant, « La succession est ouverte », avec Benflis en guest-star ou  « Saïd Bouteflika limogé », une fiction loufoque montée avec adresse et dans laquelle des observateurs avertis ont cru reconnaître à la fois, la main d’un célèbre manipulateur et un plagiat de Discoveryland, monde de Disney où les prédictions des grands visionnaires prennent vie.

Le débat autour de la fameuse contrée dont parlent nos opposants et nos journalistes est toujours en cours, mais une chose semble cependant certaine : il ne s’agit pas de l’Algérie. La lecture de l’éditorial d’un des membres les plus influents des Amuseurs, ne laisse, à ce propos, aucun doute. Le respectable analyste décrit, en effet, une province étrange mais démocratique, où la succession du président se réaliserait dans « le respect de la souveraineté du peuple, sans contrainte, et dans la transparence », détails qui excluent, de facto, l’hypothèse Algérie. La chose relève d’ailleurs du bon sens : la maladie d’un chef d’État n’étant handicapante qu’en démocratie, système où l’opinion garde le droit de regard sur la gouvernance, la question « Le président peut-il encore gouverner ? » devient, du coup, parfaitement inadaptée à l’Algérie. Chez nous, Dieu merci, pareille complication nous est épargnée, les citoyens que nous sommes n’étant consultés ni sur l’état de santé du chef de l’État, ni sur sa désignation ni encore moins sur sa reconduction. En retour, ce dernier régnerait sans rien nous devoir. C’est tout le privilège de ce que les Russes appellent les vybori bez vybora (élections sans choix), privilège qui s’ajoute, pour des autocraties comme l’Algérie, à celui d’être parfaitement gouvernables à partir d’un lit d’hôpital. La prouesse paraît d’autant plus à la portée de notre chef de l’État que notre cher pays où le Conseil des ministres ne se réunit jamais, est unanimement reconnu comme l’unique de la planète à fonctionner sous le mode du pilotage automatique, personne n’y gouvernant et, conformément aux vybori bez vybora, personne n’y étant gouverné.

Tout ça pour dire que l’interrogation « Le président peut-il encore gouverner ? », en plus d’être parfaitement incongrue pour un pays où la sagesse autocratique l’emporte sur la véhémence démocratique, pose incontestablement un problème inédit : dans quelle catégorie classer les chimères généreusement imaginés par une si brillante équipe d’analystes et de brillants politologues dont le seul mérite aura été de nous apprendre que  la grande famille du pouvoir illégitime pouvait, finalement, être aussi drôle que les Simpson ? Dans le théâtre, on avait inventé la comédie, le vaudeville, la bouffonnerie, la parodie, le burlesque, le sketch, le pastiche, la satire, la clownerie, l’arlequinade, la facétie… Aucun de ces styles ne paraît, cependant correspondre au grotesque de la situation. Ah ! peut-être dans la pantalonnade, qui n’est pas ce que vous pensez mais, dans le théâtre italien, une posture comique assez drôle dans laquelle excellait le pantalon, qui n’est pas non plus ce que vous pensez, mais un personnage du théâtre vénitien qui porte traditionnellement cette sorte de culotte et qui a laissé son nom pour désigner un homme sans dignité et sans consistance !

Depuis on a cependant su que « pantalonnade » veut dire, en même temps que ce que vous pensez, subterfuge grotesque pour sortir d’embarras. Rappelons-nous : la théorie du « président malade et démissionnaire » avait déjà permis, en 2005, d’avorter les grosses contestations autour des effets catastrophiques de la fameuse Charte pour la paix. Val-de- Grâce I avait étouffé le scandale politique. Le régime s’est servi de nouveau, en 2006, de la théorie du « président malade et démissionnaire » pour briser le débat houleux qui commençait à s’installer autour du projet d’amendement de la Constitution. A quoi bon débattre, se disait-on, d’un projet mort-né, compromis par la santé défaillante du président ? Dans les deux cas, le régime a obtenu, par l’esbroufe, un répit salutaire qu’il a su habilement exploiter. Aujourd’hui, en 2013, Bouteflika substitue le débat autour de la corruption de Chakib Khelil, c’est-à-dire la corruption imputable à sa famille politique, par un débat sur l’AVC et ses conséquences sur la gouvernance. Val de Grâce II continue le boulot diversion de Val de Grâce I !  Comme en 2004, le régime utilise la presse  minaudière et l’opposition maniérée pour reconduire “légalement” et dans le cadre du “pluralisme”, le président Bouteflika à la tête du pays ! Encore une fois, un des subterfuges par lesquels s’éternisent les autocraties dans nos pays, aura magnifiquement fonctionné. Ainsi pendant que d’éminents esprits nous rebattent la thèse du « président malade et démissionnaire », que dit et que fait le principal intéressé ? Il affirme à qui veut l’entendre : « Grâce à Dieu, je me porte très bien » ; il prépare la population à l’émotion du « retour au pays » ; il multiplie les flagorneries en direction de l’opinion publique ; il n’oublie pas de « remercier » la presse qu’il gratifie d’une journée spéciale le 22 octobre… Tout cela débouche sur une information capitale : la décision de postuler pour un quatrième mandat est déjà prise !

 

 

Alors, je crois bien que, faute d’antécédents dans le genre théâtral, l’on soit obligé de rapprocher la manœuvre complice à laquelle se prêtent une partie de notre presse et de notre opposition, d’une pantalonnade tout à fait remarquable d’adresse et d’inventivité et dont on rirait volontiers si elle n’était un discours de diversion qui finit par laisser au régime l’initiative politique. Nous avons juste oublié que le diable, devant les nigauds, entreprend toujours  de jouer au nigaud. Tout autocrate compte sur la bêtise humaine pour enfourcher le monde et l’étrangler de ses sangles. Il suffit de laisser croire. Gouverner c’est faire croire a dit Machiavel. C’est cela, le but de la politique, pour Machiavel, ce n’est pas la morale mais la réussite : obtenir et conserver le pouvoir !

Finissons par un clin d’œil à la journée du 3 mai, pour évoquer le  « papier » si précieux pour un journaliste et dire que toute cette histoire ressemble, en effet, à celle du papier plié en quatre qu’on découvre au détour d’une ruelle, que l’on ramasse avec une curiosité difficilement contenue, que l’on  fourre dans la poche avec cupidité,  que l’on ouvre, enfin, avec angoisse pour découvrir que la trouvaille, au final, n’était qu’un prospectus de vente au rabais…  Il sera alors l’heure pour l’île mystérieuse de fermer ses portes. Rendez-vous dans quatre ans pour une autre séance de fantasmagorie. Entre-temps nous aurons au moins appris que la politique n’est pas un jeu mais un art de la dissimulation au nom de l’efficacité. Et l’efficacité, ici, consistait, tout simplement, tout bêtement, serai-je tenté de dire, à s’assurer de sa propre succession en 2014 !

M.B.

10 mai 2011

Auteur
Par Mohamed Benchicou

 




« Le stade d’Oran sera livré en mars 2018 »

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El Hadi Ould Ali:

« Le stade d’Oran sera livré en mars 2018 »

« Je suis de près l’évolution des travaux dans les différents chantiers du complexe sportif d’Oran qui abritera l’essentiel des compétitions sportives des jeux méditerranéens et je dois dire que les choses avancent bien dans ce registre, ce qui nous permet d’être optimistes quant à la livraison des nouvelles infrastructures dans les meilleurs fixés » , a déclaré M.Ould Ali à l’APS en marge de la clôture du tournoi de l’amitié organisée par l’association ‘‘la Radieuse’’ à Oran.

Outre le stade olympique de 40.000 place, le complexe nautique, ainsi que la salle Omnisport et le village méditerranéen, seront tous au rendez-vous selon les délais impartis à la société chargée par la réalisation de ces ouvrages , a-t-il encore assuré.

Pour le stade olympique, il devrait être livré en mars 2018, selon les assurances des responsables de la société chinoise qui se charge de la réalisation du complexe sportif d’Oran données au chef de l’exécutif de la ville au cours d’une récente visite de ce dernier sur les lieux.
Concernant le complexe sportif dans sa totalité, il devrait être opérationnel en fin de l’année 2019, soit deux années avant le début des jeux méditerranéens que l’Algérie abritera pour la deuxième fois de son histoire.

Revenant sur l’évolution des travaux engagés au niveau les nouveaux stades en construction dans d’autres villes, à l’image d’Alger (Baraki et Douera) et Tizi Ouzou, le responsable de la tutelle, tout en reconnaissant le retard accusé en la matière comparativement au stade d’Oran , a indiqué que le Premier Ministre, M. Ahmed Ouyahia, a dégagé des enveloppes budgétaires pour lever toutes les entraves que rencontrent ces projets et les livrer dans les meilleurs délais.

Auteur
APS

 




Les commentaires sur un accord de l’Opep font monter le prix

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Marché pétrolier

Les commentaires sur un accord de l’Opep font monter le prix

 Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en décembre, référence américaine du brut, a gagné 57 cents pour clôturer à 52,47 dollars sur le New York Mercantile Exchange.

Le ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleh, « a affirmé qu’il ferait +tout ce qu’il faudrait+ pour rééquilibrer le marché. Cette fois-ci, le marché y croit, l’Opep a gagné en crédibilité avec le respect de son accord de réduction », a analysé Phil Flynn, de Price Futures Group.

« Le ministre saoudien de l’Energie est sans doute le plus crédible de tous les ministres des pays producteurs de pétrole. Il a établi un lien de confiance fort avec les investisseurs car ses commentaires ont toujours été suivis d’effets », a ajouté Matt Smith de ClipperData.

Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et quelques pays partenaires dont la Russie se sont engagés fin 2016 à limiter leurs extractions afin de limiter l’offre de brut sur le marché mondial et ainsi tenter de redresser les prix.

Le cartel devrait discuter de l’avenir de son accord de limitation de production avec ses partenaires lors d’une réunion fin novembre à Vienne. Cet accord court actuellement jusque mars 2018.

Les marchés attendaient par ailleurs les données hebdomadaires sur les réserves américaines arrêtées au 20 octobre.

Le Département américain de l’Energie (DoE) publiera ses chiffres en cours de séance mercredi.

Les analystes prévoient une baisse des réserves de brut de 3 millions de barils, une hausse de 1,5 million de barils des réserves d’essence et une baisse de 500.000 barils des réserves de produits distillés, selon un consensus compilé par l’agence Bloomberg.

Les investisseurs gardaient également toujours un oeil sur la situation au nord de l’Irak, les forces irakiennes s’étant déployées dans la région de Kirkouk revendiquée par les kurdes indépendantistes. 

Après trois semaines en octobre, les exportations irakiennes de pétrole ont baissé de 110.000 barils par jour d’un mois sur l’autre, estiment les analystes de Commerzbank.

Ces perturbations pourraient avoir un effet positif pour l’accord de réduction de la production de pétrole de l’Opep et ses partenaires, estiment ces derniers: « Involontairement, l’Irak pourrait respecter l’accord de réduction en octobre pour la première fois cette année (…) contre un respect récemment inférieur à 50% ».

AFP

Auteur
Agence France presse

 




Le centenaire de Mouloud Mammeri, principale attraction

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22e SILA:

Le centenaire de Mouloud Mammeri, principale attraction

Sous la houlette du Haut-commissariat à l’Amazighité (HCA), le SILA 2017 qui coïncide avec le centième anniversaire de la naissance de Mouloud Mammeri, accueille un colloque international de trois jours intitulé « Le sourcier des convergences civilisationnelles universelles », consacré à un des acteurs majeurs de la culture algérienne au XXe siècle et auquel une trentaine d’universitaires algériens et étrangers sont conviés.

Toute l’année 2017 a été dédiée à la célébration du centenaire de la naissance de Mammeri (1917- 1989) qui a laissé trois oeuvres magistrales dans la littérature algérienne: « La colline oubliée », « Le sommeil du juste », et « L’opium et le bâton », outre les pièces de théâtre et des nouvelles.

En sa qualité d’anthropologue, Mouloud Mammeri avait été le premier universitaire à s’intéresser aux contes berbères et à l’Ahelil du Gourara -un chant spirituel d’expression zénète (variante de Tamazight) propre à la région du nord d’Adrar- classé au patrimoine mondial de l’humanité depuis 2008 et auquel Mammeri avait consacré toute une recherche publiée en 1984. APS

Auteur
Agence presse service

 




Le retour d’au moins 5.600 jihadistes, un « défi énorme pour la sécurité »

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Terrorisme :

Le retour d’au moins 5.600 jihadistes, un « défi énorme pour la sécurité »

« Jusqu’à présent, au moins 5.600 citoyens ou résidents de 33 pays sont rentrés chez eux. Il faut y ajouter un nombre indéterminé venant d’autres pays. Ceci représente un défi énorme pour la sécurité et pour les services de police », assure ce groupe de réflexion spécialisé dans les questions de sécurité.

Le califat, qu’avait proclamé en 2014 l’EI à cheval sur l’Irak et la Syrie avec une superficie égale à l’Italie, a perdu 85% de son étendue grâce à une offensive sans précédent menée par des force appuyées par les Etats-Unis ou la Russie.

Pour Soufan, sur « la cohorte de plus de 40.000 étrangers venant de 110 pays ayant afflué pour rejoindre l’EI avant et après la proclamation du califat en juin 2014 (…), il est inévitable que certains resteront attachés à une forme de jihad violent popularisé par l’EI et al-Qaïda ».

« Il est est clair aussi que quiconque veut continuer à combattre trouvera sa voie pour le faire », note le Centre.

Selon Radicalisation Awareness Network (RAN), cité dans le rapport, au moins 30% des quelque 5.000 ressortissants de l’Union européenne qui étaient partis en Syrie et en Irak sont rentrés chez eux.

D’après le président russe Vladimir Poutine, 10% des 9.000 combattants venus de Russie et des ex-républiques soviétiques, onrt fait de même.

Le centre Soufan indique de son côté que c’est de Russie qu’est venu le plus grand nombre de jihadistes (3417), devant l’Arabie saoudite (3244), la Jordanie (3000), la Tunisie (2962) et la France (1910).

L’étude souligne par ailleurs le problème des femmes et enfants qui ont rejoint l’EI.

Elle relève également que la politique des gouvernements vis-à vis des jihadistes de retour aboutit généralement à l’incarcération, « qui ne fait que repousser le problème », ou à la réhabilitation et la réintégration, « mais ces programmes sont notoirement difficiles à concevoir et à faire marcher ».

Soufan tire donc une conclusion pessimiste. « La question de l’identité, le manque de confiance dans les institutions gouvernementales et dans la politique traditionnelle que l’EI a su exploiter ne sont pas prêts de disparaître », affirme-t-il.

« Ni, par conséquent, le phénomène des combattants, qu’ils rejoignent les restes de l’EI ou qu’ils s’engagent dans d’autre groupes à son image qui vont émerger ».

AFP

Auteur
Agence France presse

 




Poker-menteur autour du cadavre Algérie

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Chroniques du temps qui passe

Poker-menteur autour du cadavre Algérie

Nous n’aurons plus jamais les faramineuses recettes pétrolières dont a bénéficié le régime de Bouteflika. L’arrivée de ce dernier au pouvoir avait coïncidé avec l’augmentation de la demande chinoise qui avait fait s’envoler les prix du pétrole en quelques années. Aujourd’hui, nous vivons le scénario inverse. L’exploitation du pétrole non conventionnel en Amérique du Nord va créer dans les cinq prochaines années une augmentation de l’offre qui va faire effondrer le prix du baril. Autrement dit, avec ou sans Bouteflika, le prochain régime se débrouillerait avec un pétrole à moitié prix, moins abondant, et des besoins en hausse !  La tragédie nous arrive en effet, droit sur la gueule !  Le pétrole, les réserves financières en milliards de dollars, c’est fini ! Oui, fini. Les projections les plus optimistes donnent l’Algérie pour importatrice nette de pétrole dès 2020. Au cours des trois mandats du « pouvoir civil » de Bouteflika, il a été gaspsillé l’argent du présent et celui du futur. Les hydrocarbures ont été si outrageusement pompées qu’il ne devrait plus rien rester dans le sous-sol d’ici quelques années, date à laquelle nous serions 40 millions d’Algériens, tous, théoriquement, voués à la précarité puisque Bouteflika aura épuisé les réserves pétrolières sans doter la maison Algérie d’une économie diversifiée  pouvant prendre la relève du pétrole et du gaz naturel. 

En l’espace de cinq ans seulement, la production algérienne de pétrole est passée de 1,6 à 2 millions de barils par jour, soit un bond de 25% ou le double de la moyenne d’augmentation de la production OPEP durant la même période. Les recettes ? Sans s’étaler sur la partie supposée avoir été dérobée par la kleptocratie au pouvoir, elle a surtout engraissé la mafia de l’import via les importations qui ont explosé  entre le premier et le troisième mandat de Bouteflika, passant de 9 milliards de dollars en 1999 à 49 milliards en 2012. Aucun investissement sérieux n’a été engagé dans la production pour doter le pays d’une économie  viable qui prenne le relais des hydrocarbures. Oui, l’Algérie de Bouteflika rappelle la Russie de Boris Eltsine, toutes proportions gardées, une nation chancelante, otage de prédateurs de toutes sortes qui se sont engouffrées au sein de cette faille providentielle pour vider l’Algérie de son sang. Ce fut à leur seul profit  qu’on a  surproduit le pétrole. Aujourd’hui, il est bien tard…L’Algérie redevient pauvre ! Pauvre et sans solution de rechange : quatorze ans après Bouteflika I, le pays n’est plus en mesure de répondre à la demande d’emplois, ni peut-être même à la demande alimentaire.

Les observateurs les plus conscients pensent même que le pire est à envisager. Après 14 années de règne, Bouteflika a mis l’État à la merci de sa population. La fronde des chômeurs peut aller dans n’importe quelle direction, y compris la plus pessimiste,  Bouteflika  ayant abandonné l’investissement productif, comment lutter contre le chômage ? 

Mais cela, cette vérité primordiale, celle-là qu’il faut dire non pour abattre, non pour accabler ni pour décourager, mais pour mobiliser, pour réfléchir, cette vérité qui réveille, personne ne veut la communiquer, je veux dire personne parmi ceux qui ont la responsabilité de la dire. Ou alors, quand une bouche plus courageuse que d’autres la formule, elle est immédiatement contredite par les virtuoses du poker menteur. Quand le PDG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, qui sait de quoi il parle, reconnaît que les gisements de pétrole sont en « déclin » et les réserves sont « modestes », il est immédiatement contredit pas son ministre de tutelle, Youcef Yousfi pour qui « l’Algérie continuera à produire du pétrole et des hydrocarbures en général pendant « de longues années encore ». Et lorsque le ministre des Finances, Karim Djoudi laisse entendre qu’il n’y a plus d’argent en caisse, que les salaires comme les pensions ne seront plus augmentés, il est aussitôt recadré par le chef du gouvernement, Abdelmalek Sellal, qui jure ses grands dieux que tout va à merveille dans ce territoire coupé du monde qui s’appelle l’Algérie. Nos dirigeants fabulateurs pour qui l’art de gouverner se réduit à clamer les fausses bonnes nouvelles et à taire les vraies mauvaises nouvelles, entendent démentir la formule d’Abraham Lincoln : «  Aucun homme n’a assez de mémoire pour réussir dans le mensonge ».  En foi de quoi, ils entreprennent hardiment de duper l’opinion sur l’état de santé d’un président dont ils nous apprennent aujourd’hui qu’il est en convalescence prolongée après nous avoir annoncé, il y a trois semaines, qu’il était entré à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce pour de simples examens complémentaires.  Le léger accident vasculaire se termine ainsi par une lourde vacance du pouvoir mais c’est tout cela, n’est-ce-pas, le charme du poker menteur auquel se livrent avec tant de zèle et si peu de classe, nos dirigeants depuis cinquante ans. Le jeu consiste à faire passer les vessies du bunker pour d’heureuses lanternes, c’est-à-dire produire un bobard, sinon crédible, du moins vraisemblable, quelque chose qui ait  l’allure du « mensonge le plus détestable»  qu’André Gide définit comme étant « celui qui se rapproche le plus de la vérité», quitte à susciter chez l’opinion une réplique par un autre mensonge, le « mensonge fructueux»  dont Sacha Guitry dit qu’il « consiste à faire croire à quelqu’un qui vous ment qu’on le croit ».

L’équation est alors très simple : reconduire Bouteflika, comme le souhaite la mafia, en supposant qu’il garde ses facultés naturelles, revient à reconduire le pouvoir le plus irresponsable qu’ait connu l’Algérie en 50 ans afin qu’il parachève sa besogne de destruction. Ce serait alors un choix suicidaire, consciemment fait pour en finir avec notre pays.

Le général Lebed disait de Boris Eltsine qu’il était, par nature, un destructeur. « Il ne comprend la politique qu’en brisant et en déstabilisant l’environnement. Cela est une qualité en période de transition, mais il est temps aujourd’hui de construire. Boris Eltsine, lui, n’est pas un bâtisseur. »

Alors oui, reconduire Bouteflika, comme le souhaite la mafia, c’est en terminer avec l’Algérie.

Quelle alternative reste-t-il ? Une seule, confirmée par l’histoire récente, dans tous les pays qui ont vécu une situation similaire : un gouvernement de salut national.

Pour cela, il faut le vouloir.

M.B.

 

Auteur
Par Mohamed Benchicou

 




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