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Braquage à Illizi : 30 milliards de centimes dérobés dans un bureau de poste

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Une course poursuite serait engagée

Braquage à Illizi : 30 milliards de centimes dérobés dans un bureau de poste

Un bureau de poste a été la cible samedi d’un braquage dans la commune frontalière de Debdeb (wilaya d’Illizi) et une somme de 300 millions DA a été dérobée, a-t-on appris des services de la wilaya.

Un groupe de trois (3) individus, muni d’une arme à feu, a mené cette attaque contre le bureau de poste, a-t-on indiqué.

Une enquête a été ouverte par les services de la Gendarmerie nationale pour élucider cette affaire, a-t-on ajouté.

Auteur
APS

 




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Immigration au Canada: Le traitement des demandes passe de 32 mois à moins d’un an

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Nouvelles mesures pour attirer les immigrants

Immigration au Canada: Le traitement des demandes passe de 32 mois à moins d’un an

Pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement du Québec apporte des changements importants dans la sélection des personnes souhaitant y immigrer .

Le nouveau système, qui entre en vigueur aujourd’hui, permettra au gouvernement de choisir des candidats dont le profil répondra aux besoins socioéconomiques des régions ( sans apporter de précisions sur la nature des emplois ciblés). Avec cette nouvelle façon de procéder, il promet de faire passer le délai de traitement des demandes de 32 mois à moins d’un an.

Cette nouvelle méthode met fin au modèle du premier arrivé, premier servi pour les candidats admissibles au Programme régulier des travailleurs qualifiés du Québec. Ce modèle faisait en sorte que les personnes souhaitant s’établir au Québec ne pouvaient soumettre une demande qu’à certains moments de l’année, en fonction des quotas établis. Dorénavant, elles pourront s’inscrire à n’importe quel moment et leur profil sera conservé dans une banque de candidats.

En vertu du nouveau règlement, ces personnes devront d’abord transmettre un formulaire de déclaration d’intérêt au ministère de l’Immigration du Québec. Grâce à cette déclaration, le gouvernement analysera les compétences des demandeurs, notamment leur expérience professionnelle, leur formation scolaire et leur connaissance du français.

Une note leur sera attribuée, suivant des critères de sélection. Le ministère pourra ensuite choisir ceux qu’il souhaite inviter à présenter une demande de certificat de sélection, qui peut mener à la requête de résidence permanente.

Auteur
Radio Canada

 




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Issad Rebrab et Cévital assiégés

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Le groupe de services portuaires Serport a demandé à tous les PDG et directeurs généraux des ports algériens de refuser le débarquement de conteneurs contenant le matériel industriel de Cevital destiné à son projet d’usine de trituration de graines oléagineuses à Béjaïa.

Décidément, le blocage injustifié du projet d’usine de trituration de graines oléagineuses du groupe Cevital prend de plus en plus l’allure d’une entreprise d’acharnement contre le célèbre homme d’affaires algérien Issad Rebrab.

En effet, selon les derniers rebondissements de cette scabreuse affaire qui, rappelons-le, dure depuis près d’un an et demi, les autorités portuaires auraient désormais pris leurs devants pour étendre à tous les ports du pays l’interdiction du débarquement de tout équipement destiné au projet d’usine de trituration de graines oléagineuses du groupe Cevital.

Ainsi, selon les informations révélées avant-hier par le média électronique TSA, le groupe de services portuaires Serport a demandé à tous les présidents-directeurs généraux et directeurs généraux des ports algériens de refuser le débarquement de conteneurs contenant le matériel industriel de Cevital destiné à son projet d’usine de trituration de graines oléagineuses à Béjaïa.

Cevital/Djelloul Achour (PDG de Serport) : à quoi joue Bouteflika ?

«J’ai l’honneur de vous demander de ne pas procéder au débarquement de conteneurs contenant du matériel destiné pour l’usine de trituration pour le compte de Cevital», ordonne en ce sens la direction de Serport aux directeurs généraux et PDG de tous les ports algériens, dans une instruction datée du 18 juillet dernier et dont TSA a repris une copie.

Anticipant sur l’éventualité où les équipements visés auraient déjà été déchargés, la même instance somme les directeurs des ports de les maintenir sur place et de «demander aux services des Douanes leur réembarquement et leur réexportation», selon les termes de ladite instruction, signée par la direction de Serport.

In El Watan

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Sid Ahmed Ghozali : « Le président algérien n’a jamais été élu, il a été désigné par un système opaque »

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Il affirme que le peuple a été corrompu par l’État

Sid Ahmed Ghozali : « Le président algérien n’a jamais été élu, il a été désigné par un système opaque »

L’ancien chef du gouvernement d’Algérie, Sid Ahmed Ghozali (5 juin 1991 – 8 juillet 1992) réagit à la perspective d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, dans une entrevue accordée au journal électronique français letelegrame.fr. 

Dans cette entrevue, Sid Ahmed Ghozali croit que l’État a réussi à corrompre le peuple en donnant l’illusion que ce gouvernement est le seul capable d’assurer la pérennité des acquis sociaux . «La position du peuple vient de ce qu’il a été corrompu par le pouvoir. Pour vous donner un exemple : je ne suis qu’un seul des 100 000 anciens cadres de l’État qui soient pensionnés. On a multiplié par trois nos pensions en faisant comprendre que ce gouvernement est le seul pouvoir qui garantit les pensions. Les gens craignent par conséquent pour leur avenir et perdent tout jugement libre. Ils ne se rendent pas compte », explique l’ancien chef du gouvernement qui tient cependant à préciser que le même gouvernement ne pourra plus payer les pensions de quiconque.

«Ce dont je suis sûr – que dans deux ou trois ans, le gouvernement ne pourra plus payer les pensions. Je sais que tous les Algériens et les autres observateurs s’inquiètent de l’avenir de l’Algérie, de l’après-Bouteflika, mais nous sommes en pleine perversion. La population algérienne se tait parce qu’elle est dans une fuite en avant économique et sociale», précise-t-il encore.

Sans concession, Sid Ahmed Ghozali tire à boulets rouges sur Bouteflika et le système qui l’a mis en place et qui l’impose depuis 19 ans. «C’est une erreur d’envisager la personne qui pourrait remplacer Bouteflika parce que le président algérien n’a jamais été élu, il a été désigné par un système opaque et donc c’est tout le système qui doit changer», explique-t-il.

Par ailleurs, l’ancien chef du gouvernement sous Chadli estime que les algériens ont vécu leur printemps « arabe » en 1988 et que l’émergence des islamistes n’est pas étrangère à ce même pouvoir.  « En vérité, la Constitution de février 1989 n’a jamais été respectée jusqu’à maintenant. Après 1988, il y eut la décennie noire du terrorisme (26 décembre 1991 – 8 février 2002) et les Algériens sont restés traumatisés. Le pouvoir en place, qui n’est pas totalement étranger à l’irruption de l’islamisme et du terrorisme, a même fait croire au peuple que, s’il s’amuse à faire aujourd’hui un printemps arabe, il vivra ce qu’il a vécu dans les années 90, quand il y eut des dizaines de milliers des morts. », analyse le septuagénaire. 

Quant à la menace terroriste, Ghozali pense que l’Algérie l’a vaincue militairement mais que les conditions de sa pérennisation demeurent. «Nous avons vaincu militairement le terrorisme en Algérie mais les conditions sociales et économiques qui ont favorisé l’émergence de l’islamisme demeurent. Le chômage, la pauvreté et la corruption ont fait des progrès considérables et les islamistes exploitent la rupture entre la population et le pouvoir pour essayer de s’imposer eux-mêmes au pouvoir», explique encore l’ancien chef du gouvernement.
 

Auteur
B. Karima

 




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Belmadi:  » Il nous faut beaucoup de travail pour redresser la barre »

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Première déclaration de l’entraineur national

Belmadi:  » Il nous faut beaucoup de travail pour redresser la barre »

Quelques heures seulement après le second round qu’il a eu ce jeudi, 2 août, avec le président de la Fédération algérienne de football (FAF) KheireddineZetchi et le manager de l’équipe nationale Hakim Meddane, le site FAF.DZ s’est rapproché de Djamel Belmadi, le nouveau sélectionneur national, pour recueillir ses premières impressions sur ses nouvelles fonctions et ce qui l’attend à la tête des Verts.

Vous êtes de retour en sélection algérienne, mais cette fois dans la peau de son sélectionneur, quelles impressions cela vous fait ?
 

‘’En toute honnêteté, je suis animé de la même fierté et joie que quand j’ai porté pour la première fois le maillot de la sélection.

La seule différence à présent se situe au niveau de la responsabilité qui est devenue plus grande et plus importante que quand j’étais joueur. Cette nouvelle responsabilité m’honore et me motive.’’

Votre nom a été cité à maintes reprises de par le passé pour le poste du sélectionneur de l’Algérie, après plusieurs tentatives on peut dire que cette fois ci c’est la bonne.

‘’Effectivement, mon nom a été cité mais sans plus.Quelque part, cela m’arrangeait car j’avais besoin de fourber mes armes et de faire mes preuves avant d’endosser une telle responsabilité.’’

Et vous vous sentez en mesure de répondre et d’assumer cette nouvelle responsabilité ?
 

‘’Si je ne le suis pas ou que je sentais qu’il y avait le moindre doute, je n’aurai jamais accepté de m’assoir à la table des négociations. Je pense que je suis bien armé pour accomplir cette mission. J’ai l’expérience qu’il faut, je suis quand même dans le coaching depuis 10 ans. Cela va forcément m’aider dans mes nouvelles fonctions.’’

Comment se sont fait les contacts avec la FAF ?
 

‘’Cela remonte à deux jours quand Hakim Meddane m’a contacté pour me soumettre le projet de prendre la sélection. J’ai eu un premier contact avec lui avant de rencontrer le président où on a approfondi les discussions.’’

Le courant est vite passé entre vous apparemment ?
 

‘’Oui. On a parlé du fonctionnement de la sélection, de la vision du travail, de ce qu’il faut apporter pour sortir l’EN de sa mauvaise passe. On s’est rendu compte que nos idées convergeaient et qu’une collaboration était possible.’’

Votre mission débutera au mois de septembre avec un match officiel dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2019 contre la Gambie Des appréhensions particulières à ce sujet ?
 

‘’Ce que je sais, c’est que la mission d’entrainer la sélection algérienne n’est pas facile. Il nous faut beaucoup de travail pour redresser la barre. Je suis animé d’une envie de relever ce défi. Et puis rien n’est insurmontable, il suffit d’y croire et d’y travailler avec l’aide et la contribution de tout le monde.’’

Votre contrat court jusqu’en 2022, soit au prochain mondial du Qatar.Revenir dans ce pays dans la peau d’un mondialiste vous emballe certainement ?
 

‘’Evidemment, pas uniquement pour moi mais pour l’Algérie surtout. Nous étions absents au dernier Mondial en Russie et je supposer que cela a fait beaucoup de mal aux algériens. Mais avant d’arriver à cette date de 2022, nous aurons entre temps deux CAN à disputer et plus proche de nous des éliminatoires à négocier dès le mois de septembre. Donc on va aller étape par étape. Les choses se construirons au fur et à mesure.’’

Aussitôt le contrat signé votre première tâche déjà est d’établir la liste des joueurs concernés par cette confrontation face à la Gambie, quand est-ce que comptez-vous le faire ?
 

‘’A la mi-août, je pense qu’on va établir une liste élargie qu’on va dégraisser par la suite au fur et à mesure en fonction des donnés qu’on aura entre les mains.’’

Avez-vous déjà constitué votre staff ?
 

‘’Non, pas encore.Mis à part Azziz Bouras qui sera l’entraineur des gardiens de but. Je ferai appel à un entraineur adjoint et à un préparateur physique. J’aurai aimé disposer de mon staff que j’avais au Qatar, mais les membres de ce dernier ont préféré rester en place. Je ferai donc autrement, mais avec des hommes que j’aurai à choisir et qui s’inscriront dans la démarche de travail que nous adopterons pour le bien et le meilleur de l’équipe nationale.’’

Auteur
FAF

 




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Nation et patrie

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Grand angle

Nation et patrie

L’histoire de l’Algérie (comme celle des autres pays), trafiquée quand pas occultée par les vainqueurs du moment, est la première responsable de la confusion régnante entre nationalisme et patriotisme. Les « élites » au pouvoir confondent volontairement nationalisme et patriotisme. Il suffit de citer l’exemple des États-Unis, l’«exemple » de la « démocratie » (oligarchique capitaliste). Là, l’idéologie dominante préconise le « patriotisme »  comme soutien au pays pour la « défense de ses intérêts nationaux ». À l’examen, on constate que ces derniers se traduisent par des… agressions impérialistes, en vue de mettre la main sur des ressources naturelles étrangères et sur des territoires comme bases militaires. Il est donc nécessaire de distinguer « nationalisme » et « patriotisme », et de savoir leur contenu concret. Il est indispensable, pour ne pas être le dindon d’une farce, de porter un éclairage sur cette confusion volontairement produite et entretenue par les dominateurs et leurs mandarins, quelque soit le masque derrière lequel ils se présentent.  

Commençons par des considérations sémantiques. J’ignore ce qui en est en tamazight, mais, en arabe classique et en dziriya (arabe parlé algérien), l’équivalent des mots « nation » et « patrie »  donnent : pour « nation » الوطن (al watàne), et pour « patrie » الوطن الأم (al watàne al oum), littéralement « la nation de la mère ». Pour « patriote », nous avons الوطني (al mouwatine), ce qui est plus proche de « nationaliste » que de « patriote ». Nous avons donc, déjà, au niveau langagier, une difficulté. Contrairement au français (et à d’autres langues comme l’italien, l’anglais ou le chinois),  la dzirya (et plus largement l’arabe classique) ne disposent pas d’une nette distinction entre nation / nationaliste et patrie / patriote. Ce qui pose problème. Comme chacun sait, le langage est la manifestation d’un état des connaissances, d’une conception intellectuelle (et idéologique) de la réalité.

Dernièrement, en Algérie, s’est créée un mouvement appelé « al Mouwatana ». À son sujet, on lit, par exemple :

« Revigorés sans doute par l’écho de leur initiative, l’appel au président de la République pour renoncer au cinquième mandat, les 14 cosignataires de l’appel, essentiellement des figures de l’opposition et de la société civile, ont décidé de se doter d’un espace de concertation et d’initiatives pratiques.

« Dénommé “citoyenneté-démocratie” (Mouwatana), cet espace, mis en place à l’issue d’une réunion tenue au siège de Jil Jadid, à Alger, le 6 juin dernier, vise à “contribuer au véritable changement dont a besoin le pays”, selon un communiqué publié hier par ses signataires. » (1)

Précisons que le gérant de cet espace se nomme mouvement « mouwatana ».

Notons que la dénomination française de cet « espace » ne correspond pas à celle arabe. Il est vrai que « citoyenneté » se rend en dziriya (et arabe classique) par « mouwatana ». Mais pourquoi en dziriya n’a été retenu que ce terme, et pas, également, l’équivalent de « démocratie », qui, pourtant, existe en dziriya (et arabe classique) : « dimogratiya » ?… Ce terme n’a-t-il pas besoin d’être connu et popularisé en Algérie, autant que « mouwatana » ? Pourquoi cette exclusion ? (3)

Venons à l’aspect historique concret, du moins tel que je l’ai vécu personnellement. Ce qu’on appela, avant et pendant la guerre de libération, le nationalisme algérien était en réalité un patriotisme. On disait, en français : «Nous sommes des patriotes » ; et quand nous affirmions : «Nous sommes des nationalistes », ou en dziriya des « mouwatinine », on entendait par ce mot des « patriotes ». Pour les personnes qui l’ignoreraient, voici la différence substantielle (en espérant qu’elle ne soit pas simpliste), soumise à débat, dans le cadre limité d’une contribution dans la presse.

Le nationalisme se voit généralement accolé l’adjectif « chauvin ». De fait, généralement, le nationalisme se manifeste sous forme d’opposition entre les habitants (toutes classes sociales confondues ; confondues également oligarchie dominante et peuple dominé) d’une nation, délimitée par un territoire, et ceux d’une autre nation (avec les mêmes confusions), proche ou lointaine.

Les auteurs préconisant ce nationalisme sont les oligarchies dominant les peuples. En fonction de leurs intérêts matériels spécifiques, ces oligarchies entrent en conflit. Pour l’affronter et le résoudre, ces membres de l’oligarchie manipulent le peuple. La propagande est simple depuis l’existence des nations sur terre : « Nous sommes les civilisés, et nos ennemis sont des barbares !… Ils nous menacent ! Nous devons donc nous défendre ! »  Les colonialistes et impérialistes contemporains n’ont rien inventé ; ils n’ont fait et continuent à faire rien d’autre que le remake du même scénario. En effet, il a toujours fonctionné, dans l’antique Grèce comme dans l’antique Chine. Dès lors, inutile de changer de recette fondamentale. Seules les méthodes de propagande changent en fonction des découvertes techniques.

Ce genre de nationalisme a créé, sur toute la planète, les nations, puis les empires. Ces entités ont produit les « civilisations », mais celles-ci comprenaient toutes les guerres dont les seules victimes ont été et demeurent les peuples, et cela au bénéfice des oligarchies qui les envoyaient et continuent à les envoyer conquérir sinon mourir. Dans tous ces cas, le nationalisme chauvin impérialiste est présenté en patriotisme noble.

Cependant, il arrive, quoique rarement, que des soldats des deux armées adverses prennent conscience de n’être que des ouvriers et des paysans n’ayant aucun conflit entre eux, mais qu’ils subissent la même exploitation de la part de leurs dominateurs réciproques. Alors, ces soldats, manipulés pour s’entre-tuer, retournent leurs armes contre leurs commandants. Ces derniers les jugent comme « traîtres à la patrie » et  fusillent les révoltés qui ont fraternisé. Autrement, c’est la révolution sociale qui éclatet, et les fusillés seraient les commandants, considérés comme membres de l’oligarchie régnante.

Voilà comment est entretenue volontairement la confusion entre « nation » et « patrie », nationaliste et patriote.

Or, les authentiques patriotes aiment et défendent leur patrie, à savoir le territoire où ils sont nés, non pas en tant qu’oligarchie opposée à une autre oligarchie, mais en tant que peuple. Et ce peuple ne s’oppose pas à un autre peuple, car les deux sont soumis à une condition semblable d’exploitation et de domination. Voilà pourquoi, pour nous limiter à deux exemples, durant leur guerre de libération nationale, les patriotes vietnamiens veillaient à distinguer les agresseurs états-uniens du peuple des États-Unis, et les patriotes algériens avaient la même attitude concernant le peuple français et les colonialistes français.

En effet, celui qui sépare et oppose les peuples fait toujours, volontairement ou de manière stupidement inconsciente, le jeu des oligarchies qui gèrent ces peuples. Car la séparation réelle et fondamentale n’est pas entre les peuples, mais entre leurs minorités dominatrices, chacune voulant acquérir le plus de richesses possible au détriment d’une autre. Dès lors, toute personne consciente de ces faits conçoit son patriotisme comme défense de son propre peuple contre les accapareurs de ses ressources naturelles et de son territoire ; mais, également, cette même personne étend son patriotisme à tous les peuples de la planète, car le principe qu’il défend pour sa patrie est valable pour toutes les patries de la terre. Là est la validité de l’expression « citoyen du monde », et la haine que lui manifestent toutes les oligarchies dominantes et leurs scribes « intellectuels ».

Historiquement, les consciences les plus éclairées, de tout temps, ont appelé à cette conscience planétaire. Limitons-nous à citer, pour l’antiquité, Diogène de Synope en « Occident », Zhuang Zi en « Orient », et, pour l’époque moderne, les diverses formes qui furent appelées « internationalisme ». Celui « prolétarien » fut le plus connu, puis il y eut le « mouvement des non-alignés » anti-impérialiste.

Hélas !.. Très vite, l’internationalisme « prolétarien » fut d’abord saboté par ceux-là même qui déclaraient le pratiquer. Karl Marx expulsa, de manière totalement anti-démocratique, les anti-étatistes de l’Association Internationale des Travailleurs ; à ses yeux, ils avaient le tort de contester sa dictature personnelle sur l’association, et celle du parti communiste allemand (2). Puis, les dirigeants de la révolution russe se mirent rapidement à privilégier, au nom du « réalisme » (autre forme de la « real-politik » bismarckienne bourgeoise) la « révolution dans un seul pays », au détriment de la révolution mondiale. Certes, ce nationalisme se révéla être un patriotisme, durant la résistance à l’invasion nazie. Mais, par la suite, on constata le lamentable et tragique échec de la prétention de l’oligarchie étatique russe à dominer les autres nations, à travers des partis « communistes » locaux soumis à son diktat nationaliste, travesti en « internationalisme prolétarien ». Les Chinois en eurent l’expérience (et la leçon)  la plus amère.

En outre, n’oublions pas ce qui caractérisa la seconde guerre mondiale. Dans les pays à capitalisme privé, le chauvinisme nationaliste le plus abject fut érigé en patriotisme le plus héroïque, et cela avec la bénédiction des partis social-démocrates. Ce nationalisme porta l’oligarchie française et ses mandarins « intellectuels » à traiter le peuple allemand (volontairement confondu avec sa classe dominante) de « barbares germaniques ». De même, l’oligarchie allemande et ses mandarins « intellectuels » agirent de manière identique : ils considérèrent le peuple français (volontairement confondu avec sa classe dominante) de « barbares latins ». Conséquence : les deux peuples se massacrèrent, tandis que les membres de leurs oligarchies réciproques s’enrichirent, notamment les banquiers et les industriels de l’armement (et, par conséquent, leurs serviteurs).

C’est dire que ce que certains appellent une « querelle de mots » ne reconnaissent pas toute la vérité, par exemple s’agissant de « nationalisme » et de « patriotisme ». En effet, les mots sont le produit de positions sociales, et celles-ci sont, en première ou dernière instance, l’émanation du conflit social fondamental qui oppose les nantis et les démunis. Par conséquent, pour ne pas être victime des mots et de la phraséologie, il faut toujours veiller à découvrir ce qui se cache derrière les mots comme position sociale. Bien entendu, cette précaution est rejetée par les nantis, et moquée par les scribes « intellectuels » à leur service.

Voici pourquoi, encore une fois, il est absolument indispensable de distinguer nationalisme et patriotisme. Le premier sert uniquement les oligarchies dominantes, au détriment des peuples ; le second sert le peuple au sein duquel on nait, mais également les autres peuples. Ainsi, l’on comprend que le nationalisme est intrinsèquement fauteur de guerres (auparavant esclavagistes puis féodales, capitalistes aujourd’hui) où les peuples s’entre-tuent tandis que les oligarchies s’enrichissent. Au contraire, le patriotisme défend la coopération égalitaire universelle des peuples, en les considérant des parties d’une unique espèce humaine, ayant le droit et le devoir de jouir, au-delà des spécificités culturelles, de liberté conjuguée à la solidarité. Par conséquent, l’important n’est pas la nationalité qu’une personne possède, mais, d’abord, dans quelle partie de la barrière sociale cette personne est positionnée : celle des dominateurs ou celle des dominés, et cela quelque soit la nationalité. Car le patriotisme est internationalisme solidaire, dans le sens le plus authentique du terme.

Que l’on me permette de relater comment, personnellement, j’y suis arrivé. Dans le quartier de ma naissance, « Algraba-village nègre » à Sidi Belabbès, habitait près de chez nous une famille espagnole. L’époux s’était exilé dans notre ville, suite à la victoire des fascistes du général Franco contre les républicains. Et cet Espagnol était anarchiste autogestionnaire. Son épouse et ma mère étaient amis, du fait que mon père et l’Espagnol étaient tous deux des ouvriers manuels. L’épouse espagnole donna ce conseil à ma mère : « Il faut que ton petit Kadour aille à l’école. C’est le seul moyen de le sortir de la misère que nous vivons, nous, familles prolétaires. » Ma mère suivit ce généreux conseil. Donc, en partie, ma scolarisation est due à la suggestion d’une Espagnole, sur conseil de son époux libertaire.

Quelques années après, mon oncle maternel revint d’Indochine. La misère matérielle et  culturelle l’avait porté à s’engager dans l’armée coloniale. Elle l’envoya combattre contre les patriotes vietnamiens. Ils le capturèrent et lui expliquèrent : « Frère ! Tu t’es trompé d’ennemi et d’ami. Nous, comme toi, sommes colonisés par l’oligarchie française. Et nous combattons pour l’indépendance de notre patrie. Pourquoi, toi, Algérien, ne retournerais-tu pas dans ta patrie afin de lutter pour la dignité de ton peuple?… Les colonialistes nous stigmatisent comme « communistes » au service de la Russie. En réalité, nous sommes d’abord des patriotes luttant pour libérer notre pays du colonialisme. Et nous voulons que tous les peuples colonisés libèrent leur patrie du colonialisme et de l’impérialisme. Toi et nous, nous avons à être solidaires ! »… Bien entendu, l’oligarchie coloniale française taxa ces propos de « lavage de cerveau ». Cependant, mon oncle comprit où était son devoir de patriote : non pas servir le nationalisme colonialiste français, mais libérer son Algérie de la domination coloniale de la « nation » française. De retour au pays, mon oncle prit contact avec  l’armée de libération nationale. Elle lui demanda de rester dans l’armée coloniale comme agent de renseignement. Il accomplit correctement sa mission. Voilà comment, à travers l’histoire de mon oncle, j’ai découvert la nécessaire solidarité entre les peuples opprimés.

En outre, durant la guerre de libération nationale, le Front de Libération Nationale nous mettait en garde : ne pas confondre l’armée et l’administration colonialistes avec le peuple français. Il fallait au contraire rechercher la solidarité du peuple français avec le combat patriotique algérien contre l’oligarchie coloniale de France. Là, encore, j’ai appris la nécessité de la solidarité entre le peuple agressé et celui dont provient l’armée d’agression. En outre, durant la même guerre de libération nationale, j’appris avec plaisir le soutien à la lutte de notre peuple de la part d’autres peuples de la planète. Voilà comment l’enfant et l’adolescent que j’étais à découvert, non pas dans les livres mais dans la réalité quotidienne, l’importance de la solidarité internationale entre les peuples, comment le patriotisme authentique est synonyme de coopération entre les peuples, et comment le nationalisme impérialiste se travestit en « patriotisme ».

À l’époque actuelle, notamment, le chauvinisme nationaliste se présente comme « défense des intérêts de la nation ». Citons deux cas significatifs. Suite à l’attaque contre les tours jumelles de New York, le gouvernement états-unien proclama le « Patriot Act » (et non pas le « national » act) : ainsi, l’appel s’adressait à tout le peuple des États-Unis, confondu volontairement avec l’oligarchie impérialiste de ce pays. Autre exemple. En présence du mouvement migratoire actuel des « damnés de la terre » », provoqué d’abord et surtout par les oligarchies néo-coloniales, ces dernières conditionnent leurs peuples, pour sauver la « nation », à s’opposer à la nouvelle « invasion des barbares » (4).

Souhaitons que les enfants et adolescents du monde ne tomberont pas dans le piège du nationalisme, et découvriront la valeur du patriotisme, en tant que liberté solidaire entre tous les peuples de la terre.

K. N.,

Email : kad-n@email.com

Notes

(1) https://www.liberte-algerie.com/actualite/naissance-du-mouvement-mouwatana-294536

(2) Voir James Guillaume, “L’Internationale, documents et souvenirs” in https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:James_Guillaume

(3) Dans un essai de prochaine publication, « Défense des langues populaires : le cas algérien », je relève le conformisme fainéant des intellectuels arabes. Ils se sont contenté du néologisme “dimocratiya”, alors qu’ils disposent de l’expression “houkm a chaab” (pouvoir du peuple). Cette expression traduit fidèlement le terme “démocratie”, en plus elle est tout-à-fait compréhensible par le peuple.

(4) Voir, notamment, Samuel Hutington, “Who are We ? The challenge to America’s national identity” (Qui sommes-nous ? Le défi de l’identité nationale américaine).

Auteur
Kaddour Naïmi

 




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Le FFS à la croisée des chemins

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Polémique

Le FFS à la croisée des chemins

Que se passe-t-il donc au sein du plus vieux parti d’opposition ? Depuis son dernier congrès extraordinaire , ce parti a connu des mutations et des changements en profondeur dont les militants que nous avons interrogés peinent à saisir la portée.

Le FFS n’est pas défunt, mais affronte une énième crise interne qui risque de lui en coûter encore. Une pédagogie de la tension neutralise l’appareil.

Dans cette ambiance de purges et de coups bas, la vulgate partisane serait encline à évoquer un travail de sape mené par « la police politique », comme à chaque fois que le parti a vu sa direction se déchirer entre clans dont les contours, les ambitions et les intérêts n’ont pas toujours été clairs.

Mais une chose est claire : le congrès extraordinaire du congrès du 20 avril a redistribué les cartes au sein de la direction du parti.

Le  drapeau noir hissé

Après l’ère du règne autoritaire des Balloul et Bouaiche, un nouveau clan a pris le contrôle de l’appareil du FFS, conduit par Ali Laskri et Mohand Amokrane Chérifi, expert économique à l’ONU et ancien bras droit de feu Aït Ahmed. Une opération d’élimination des hommes proches de l’ancien appareil est menée de main de maître depuis quelques mois. 

Le leitmotiv des « nouveaux maîtres du FFS » est « remettre le FFS à ses militants ». Voilà un argumentaire qui pourrait plaire à cette base oubliée, qui ne comprend plus, depuis pas mal d’années, les décisions qui viennent d’en haut. Mais hélas, ceux qui connaissent la cuisine interne du FFS savent que l’allusion est faite à la neutralisation des frères Balloul à qui Aït Ahmed a «confié» le FFS – eh oui, il faut rappeler que c’est Aït Ahmed qui a cédé le parti à ce clan – graduellement depuis le début des années 2000.

Dès la fin du congrès, Ali Laskri et Mohand-Amokrane Chérifi ont mis en œuvre leur plan de réorganisation en profondeur. Sous le prétexte (défendable) de rajeunissement des structures du parti, ce plan a consisté à ramener du sang neuf tout en s’employant à éloigner l’ensemble de cadres du parti dits « proches des Balloul », à l’image de Madjid Reouar, le député Chaffaa Bouaiche et Salima Ghezali et bien sûr Karim et Aziz Balloul. Mais le FFS n’est pas à sa première opération de «purge ». Depuis le premier congrès post-Octobre 1988 et l’élimination de bon nombre d’anciens cadres du parti comme Yaha Abdelhafidh, jusqu’à Rachid Halet, les militants ont dû avaler bien des couleuvres.

Bref. Dans la foulée, Ali Laskri a invité tous les militants qui ont été éloignés du FFS. Bonne idée à priori. Des émissaires ont été même envoyés à certains pour revenir au parti, selon notre source. Entretemps, les sections et les fédérations ont été remplacées par des commissions administratives spéciales (CAS).

Ali Laskri et le premier secrétaire Hadj Djilani veillent personnellement à ce que « leurs hommes soient placés à la tête de chaque section ». Le FFS est presque le seul parti politique qui n’a pas pris de « congé ». Il tourne à plein régime sans pour autant que l’air devienne sain au sein de ses structures. Les sections de Paris et de Canada, qui semblent échapper à la mainmise de l’équipe dirigeante ont été tout simplement gelées par Mohamed Hadj Djilani. La voie royale pour reprendre tranquillement leur contrôle, car ces sections sont parmi les plus importantes eu égard au poids de l’émigration dans la capitale français et au Canada.

L’objectif des «nouveaux maîtres du FFS » (même si ceux-ci furent un temps d’anciens proches des Balloul), est clair : triompher au prochain congrès dont l’organisation est prévue pour le premier semestre de l’année prochaine, probablement même avant les élections présidentielles.

Mais Ali Laskri et ses compagnons, dans la précipitation de la mise en œuvre de leur plan, ont commis beaucoup d’erreurs, selon ce fin observateur des arrière-cuisines du parti. Résultat de ces décisions erratiques ? D’anciens militants qui avaient gagné un temps d’autres formations politiques, y compris le MAK, ont été nommés à des postes de responsabilités.

Ce genre de décision malheureuse, selon un vieux militant, ont permis ces derniers temps au clan des Balloul-Bouaiche, soutenu ouvertement par Jugurtha Aït Ahmed, de revenir sur la scène et de manœuvrer dans les coulisses ? «Ce clan, largement contesté au FFS, reproche au clan de Laskri de « bénéficier du soutien de la presse du régime en place et de celle des ennemis du FFS, ce qui n’est pas habituel », nous confie notre source. Ces rapprochements « inhabituels » pour ce parti d’opposition intriguent en effet les militants.

« Salima Ghezali sera notre candidate au prochain congrès et elle fera son entrée politique dès septembre prochain », nous confie une source du FFS. La hache de guerre est déterrée.

Au moment où les deux clans se livrent une bataille sans merci, des milliers de militants restent dans l’expectative et ne savent plus sur quel pied danser. Si la plupart des 900 élus du FFS ont choisi leur clan, les vrais militants de base ne savent pas quoi faire. « La plupart des militants ne comprennent pas vraiment ce qui se passe au sein de leur parti. D’autres sont restés neutres et n’espèrent qu’une issue favorable à leur parti », susurre ce jeune militant.

« C’est la politique des clans, comme le pouvoir. Les deux clans sont pareils. On ne peut pas choisir entre la peste et le choléra. La solution à mon sens est dans une troisième voie. Il faut que les militants de base réagissent et écartent les deux clans de l’appareil du parti et remettent le FFS entre de bonnes mains », nous déclara un ancien cadre du FFS. Mais cette option est peu probable vu que le temps urge. D’autant qu’une bonne partie des intellectuels et cadres de valeur du FFS ont pris leurs distances.

Sur le plan national, le parti est devenu inaudible, ses dernières propositions et sorties sont très peu relayées. Pendant que l’appareil du parti s’agite, sur le terrain, hormis une poignée de communiqués, le FFS est devenu quasiment absent.

Qu’est devenu le FFS des grands rassemblements populaires des années 1990 ? Que reste-t-il de ce mouvement né dans les entrailles des luttes de l’été 1962 ? Peu de choses finalement. Et la crise perpétuelle dans laquelle il patauge arrange en premier lieu le régime en place qui voit dans la neutralisation des partis ayant une base populaire comme une preuve de sa force.

Si ce parti né le 29 septembre 1963 refuse de mourir, les coups de dague qui lui sont portés au plus profond de son organisation ne seront pas sans conséquences. Installés dans leur superbe, les clans en œuvre pourront-ils se surpasser et éviter l’humiliation d’une énième guéguerre les mois prochains ? Attendons de voir.

Auteur
Yacine K.

 




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Le député Chafaa Bouaiche suspendu des structures du FFS

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Même soutenu par Jugurtha Aït Ahmed

Le député Chafaa Bouaiche suspendu des structures du FFS

La descente aux enfers se poursuit pour Chafaa Bouaiche, député de Bejaia. Plusieurs sources internes et externes relayées par les médias révèlent que Bouaiche est suspendu de ses fonctions organiques au sein du FFS par la direction. Selon notre source, Bouaiche est susceptible de passer en commission de discipline qui pourrait lui valoir une exclusion pure et simple du parti. 

Nous venons d’apprendre que Jugurtha Aït Ahmed a apporté dans un tweet son soutien à Chafaa Bouaiche (voir ci-bas).

La chute de Chafaa Bouaiche

Le député de Bejaia est connu pour ses esclandres politiques. Et la campagne de dénigrement contre Laskri n’est pas passée au sein de la nouvelle direction. Pas seulement celle-ci lui reproche aussi de mener des actions au nom du parti sans l’aval de ce dernier, a-t-on appris. 

Après avoir été un homme très influent au sein du FFS, Chafaa Bouaiche vit manifestement la disgrâce. Celle-ci commencé pour ce très polémique personnage quand il a été évincé du secrétariat national. Comme au demeurant les frères Bahloul, un trio qui faisait la pluie et le beau temps au sein du FFS.

En juin dernier, Chafaa Bouaiche n’a pu rester à son poste de chef du groupe parlementaire du FFS.

Tout porte à croire que la nouvelle direction du FFS entend mettre de l’ordre dans ce parti qui commençait à partir à vau-l’eau après le retrait de Hocine Aït Ahmed. Dans ce marigot de luttes internes, il reste à savoir si Bouaiche gardera son mandat de député si le FFS lui retire la couverture partisane ?

L’enjeu : le congrès 

Le FFS devrait organiser son prochain congrès ordinaire au printemps 2019. Certaines sources disent que son organisation est souhaitée avant la présidentielle. Aussi, si l’actuelle direction fait le ménage au sein des structures du parti c’est pour ne pas se retrouver avec un problème interne à la veille d’une échéance importante. 

FFS

Auteur
La rédaction

 




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Le piège du snobisme littéraire

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Conseil de lecture aux jeunes

Le piège du snobisme littéraire

Deux œuvres célébrissimes, un même personnage, mais deux transpositions de la légende totalement différentes. Cela me permet de présenter deux conseils radicalement opposés pour des œuvres censées, toutes les deux, être très difficiles. L’une, absolument incompréhensible, relève du snobisme des « experts ». L’autre est injustement considérée comme inaccessible aux jeunes alors qu’il faut absolument la leur recommander.

Commençons par la première.

Il ne s’agit pas dans ce premier volet de la présentation d’une œuvre proprement dite mais d’un avertissement.

Lorsque vous êtes en scolarité, vous ne risquez rien, les professeurs ont cette mission de faire aimer et analyser la littérature. Comme ils sont intelligents et ont un programme (plus ou moins libre), le choix se porte toujours sur de grands auteurs.

Or, tous ces grands vous sont accessibles si votre niveau de français est suffisant. Pas la peine d’être le premier de la classe. Mais lorsque vous commencez à sortir du réseau d’instruction, vous risquez de rencontrer des margoulins, comme il y en a toujours, pour nourrir leur pouvoir sur les autres.

Et l’une des œuvres les plus mondialement connues pour être un piège à gogos est Ulysse de James Joyce.

Depuis quarante ans, pour ce qui me concerne car l’œuvre a un siècle, le seul débat sur ce livre consiste à comparer le nombre de pages atteintes par chacun avant d’arrêter la lecture.

C’est que le roman de James Joyce est absolument incompréhensible. Je n’ai pas réussi à aller au-delà de 50 pages. Sans prétention, c’est déjà un score très élevé. Vous trouverez toujours des personnes qui vous expliqueront que si vous ne comprenez rien, c’est parce que le sens est profond.

James Joyce est l’un des romans portés au sommet de la pyramide. C’est pourtant celui pour lequel je n’ai jamais rencontré une personne normale l’ayant lu et compris ou, même, allé jusqu’à la page 100.

Et comme pour les sectes, ceux qui prétendent en détenir la compréhension tentent de vous emprisonner en leur pouvoir intellectuel puisque c’est vous l’illettré, l’ignorant.

Ne tombez jamais dans ce piège pour les romans mais en considérant trois points :

1/ Votre niveau de français.
2/ Votre capacité à lire assez longuement. C’est le cas pour Dostoievski mais c’est l’un des rares cas.
3/ Votre pratique fréquente de lecture conditionne les deux premiers points.

Au-delà, n’ayez aucune crainte. Plus les écrivains sont immenses, plus ils sont simples. Bien entendu, je ne parle pas des essais mais uniquement des romans.

Certains grands écrivains ont les deux facettes. Albert Camus a rédigé des romans et des essais. Si vous choisissez les seconds, vous risquez d’être dans le brouillard si vous n’avez pas d’autres connaissances sur le thème.

Un essai non compris ne fait pas de vous des imbéciles.

Par définition, ils exigent la maîtrise de références, parfois pointues. Nous ne sommes pas dans le cadre du récit, d’une histoire (roman) mais d’un autre univers du livre.

Ulysse de James Joyce n’est ni un roman ni un essai. Il sert de référence pour vous faire croire que vous êtes soumis à des experts.

Et si vous conditionnez le plaisir de la lecture aux avis des experts, arrêtez de lire.

Ce ne serait plus de la littérature mais une religion. Si vous en avez déjà une, gardez-là, c’est pareil.

 

Cette chronique comme les prochaines sont publiées suite à l’aimable proposition de l’auteur. Elles sont également publiée par le Quotidien d’Oran

Auteur
Sid Lakhdar Boumédiene, enseignant

 




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L’Algérie ou ce terrible sentiment d’infériorité culturelle

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Regard

L’Algérie ou ce terrible sentiment d’infériorité culturelle

«Pourquoi notre cinéma peine-t-il à prospérer ?» Ce n’est pas seulement une question de sous, m’a confié récemment un Européen connaisseur et amoureux de l’Algérie.

C’est quoi alors ?, lui ai-je dit tout de go. «Je fais de fréquents allers-retours en Algérie depuis pratiquement le début des années 1970. A l’époque, le cinéma y était très florissant, malgré le peu de moyens à la disposition de ce secteur et l’amateurisme des réalisateurs. Partout, les salles de cinéma attirent des foules nombreuses, c’était le boom! «Quel en est le secret ?». «De la fierté à montrer ce que l’on a et de l’estime de soi». «c’est-à-dire?». «Je vais t’expliquer une chose : un commerçant ne peut jamais vendre un produit, s’il n’est pas convaincu lui-même de son utilité.

L’Algérie avait adopté une voie unique en Afrique du Nord dans ce sens-là. Ceux qui faisaient du cinéma à l’époque donnaient de la considération à ce qu’ils produisaient, aidés en cela par des autorités acquises à la cause de la culture, euphorie de l’indépendance oblige. Résultat : les films locaux sont très demandés!». «et tu penses que ce n’est pas le cas aujourd’hui?». «La semaine passée, j’avais assisté à Paris à une semaine culturelle consacrée au cinéma algérien, n’était-ce la présence de quelques Européens curieux de découvrir la culture du Maghreb, la salle aurait été quasi vide. Dommage!».

« A quoi cela est-il dû à ton avis?» «D’une part, au manque de publicité de la part des chargés de la culture au niveau de l’appareil étatique.

 D’autre part, parfois on a l’impression que les réalisateurs eux-mêmes croient que leurs films intéressent peu le public et y mettent peu d’énergie pour les diffuser ! Comment veux-tu alors que les spectateurs viennent pour les regarder?». «Tu veux dire que c’est le manque d’encouragement des pouvoirs publics, du sponsor et de la publicité qui a freiné notre production cinématographique?». «Pas que ça! ça participe plutôt d’un sentiment d’infériorité culturelle». «Comment ça?» «Regarde! Moi par exemple, j’apprécie beaucoup des films algériens classiques tels que : Omar Gatlatou de Merzak Allouache «Tahia ya Didou» de Mohamed Zinet ou «Chronique des années de braise» de Mohamed Lakhdar Hamina. Des bijoux ! On y trouve de l’humour, de la comédie, du réalisme, de l’histoire et plein d’autres choses originales et enrichissantes. Malheureusement, tout ce trésor est ignoré ! Comme si on n’y retrouve rien de digne à voir ou qu’on a honte de ce que l’on a. Pire, certains considèrent tout ce qui vient de l’intérieur du pays comme ayant peu de valeur, un véritable désastre.» 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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