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Attentat contre le général Rashid Dostum à Kaboul: 23 morts et 107 blessés

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Afghanistan

Attentat contre le général Rashid Dostum à Kaboul: 23 morts et 107 blessés

L’attentat suicide qui a visé dimanche à Kaboul le général Abdul Rashid Dostum, chef de guerre et vice-président de retour d’exil, a fait au moins 23 morts et 107 blessés, selon un nouveau bilan du ministère de l’Intérieur.

« Ce bilan pourrait encore évoluer », a précisé lundi le porte-parole du ministère Najib Danish. L’attaque a été revendiquée par les jihadistes du groupe Etat islamique.

Parmi les victimes, le bureau de l’AFP à Kaboul pleure un de ses collaborateurs, le chauffeur Mohammad Akhtar, 31 ans, père de quatre enfants dont un bébé de quelques mois.

Employé de l’Agence depuis 2007, il est le second collaborateur de l’AFP tué dans un attentat en moins de trois mois après la mort, le 30 avril, du chef de la photo, Shah Marai, également frappé par un attentat suicide.

Le kamikaze s’est fait sauter au milieu d’une foule dense qui attendait l’homme fort de Jowzjan de retour d’un an d’exil en Turquie, à la sortie de l’aéroport international de Kaboul: mais le convoi de voitures blindées venait de passer et le général Dostum et sa suite sont indemnes.

Le porte-parole de la police de Kaboul, Hashmat Stanikzai, a souligné dimanche que neuf membres des forces de sécurité ont été fauchés par l’explosion de forte puissance, qui a répandu d’innombrables pièces de métal alentour.

Accusé de viol sur un rival fin 2016, Dostum avait quitté l’Afghanistan pour Ankara en mai 2017, officiellement pour raisons de santé. 

Rentré à bord d’un avion affrété par le gouvernement afghan, il a été accueilli en héros par une délégation d’officiels et des dizaines de partisans.

D’ethnie ouzbèke, âgé d’une soixantaine d’années, Rashid Dostum collectionne depuis des décennies les faits de guerre et les pires exactions – comme la mort de 2.000 talibans enfermés dans des conteneurs. Il doit reprendre ses fonctions de vice-président.

A l’approche des élections législatives d’octobre et présidentielle prévues en 2019, le président Ashraf Ghani cherche à ramener le calme dans le Nord, le fief de Dostum, menacé par les poussées des talibans et de l’EI.

Auteur
AFP

 




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Grandeur et misère du patrimoine (II)

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Marqueur d’identité, porteur de repères culturels et maillon de l’économie

Grandeur et misère du patrimoine (II)

De nombreux sites archéologiques de haute importance comme le mausolée Medghacène ont subi d’énormes dégradations.

Patine du temps et mépris des hommes

L’équipe dirigée par l’Algérienne Aïcha Malek, qui a travaillé pendant quatre ans sur le site historique de Lambaesis dans le cadre de la coopération algéro-française a exhumé plusieurs pièces archéologiques de valeur et a surtout mis au jour la mosaïque dite de Phrixos et Hellé, dénommée Le sacrifice manqué, pièce unique dans son genre. Les membres de l’équipe des archéologues avancent que des informations importantes ont été recueillies sur le site historique de Lambèse en rapport avec l’architecture, la construction, le décor et les mosaïques au cours de la période allant du 2e au 4e siècle.

Depuis que des sites archéologiques, à ciel ouvert ou enfouis sous terre, et des monuments historiques parsemant le territoire algérien ont commencé à être inventoriés et classés sous l’administration coloniale, une grande partie d’entre eux ont subi la patine du temps et surtout le mépris et l’agression des hommes. Les pouvoirs publics continuent à procéder à l’opération de classification au fur et à mesure que les chercheurs et les techniciens en la matière soumettent des dossiers et des fiches techniques inhérents aux sites à préserver et à classer.

L’on apprend ainsi que 400 sites culturels et monuments ont été classés depuis 1999. De même, treize secteurs ont été protégés et trois nouveau parcs ont été créés depuis cette date (parcs de l’Atlas saharien, de Tidikelt et de Tindouf).

La loi 98-04, qui a remplacé le décret de 1967 hérité de l’administration française, a permis, selon d’ »élaborer des plans pour protéger les secteurs protégés, les sites archéologiques ainsi que l’adoption de règles juridiques définissant les normes et les conditions de rénovation » (2), selon l’ancienne ministre de la Culture.

Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a affirmé, le mois d’avril dernier, que « l’Etat protège et préserve le patrimoine matériel et immatériel », précisant que « plus de 1000 agents de sécurité relevant de l’Office national de la protection des biens culturels sont en charge de cette mission (…) L’aménagement des sites archéologiques exige la mobilisation des moyens, des enveloppes financières et des expertises en matière de protection et d’aménagement » (3).

En tout état de cause, l’Algérie est appelée à faire d’immenses efforts tendant à protéger les mille et une richesses qui garnissent les différents points du territoire national. Ces efforts sont surtout ceux relevant des modalités de l’application des lois et règlements relatifs à la protection des sites culturels et naturels. Cela est d’autant plus nécessaire que notre pays est signataire des lois et conventions internationales, à l’image de la convention de Ramsar (1971) relative à la protection des zones humides et à la convention de Paris (1972) relative à la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.

Les atteintes et les faiblesses dont souffrent les sites et biens culturels ou naturels affectent, de façon aussi aiguë, les métiers d’artisanat et les produits du terroir; ce qui constitue, en quelque sorte, l’ancienne économie. Une économie qui suppose des connaissances, un savoir-faire et des pratiques; donc, une culture. Ces pratiques et connaissances ont été transmises par la mémoire de génération en génération, jusqu’à, disons, la période « pré-pétrolière » ou « pré-rentière » de notre économie. L’activité de masse dans les métiers d’artisanat et des produits du terroir s’est approximativement « éteinte » au milieu des années 1970. C’était le moment d’inflexion, la césure entre les métiers liés au monde rural et l’agriculture, d’une part, et le début de la massification du travail salarié, doublé d’une intense mobilité due à l’exode rural, d’autre part.

Un maillon de l’activité économique

Aujourd’hui que la crise des prix des hydrocarbures est devenue une réalité qui s’est inscrite dans la durée, le discours sur la diversification de l’économie nationale- censée réduire la dépendance du pays vis-à-vis des hydrocarbures, et travailler ainsi pour assurer sa sécurité économique- a investi presque toutes les instances administratives et les structures techniques, sans que des perspectives réelles et tangibles puissent être dégagées dans ce sens. L’amélioration du climat des affaires, tendant à favoriser l’émergence d’un nouveau processus d’industrialisation du pays, peut contribuer à cet objectif majeur de la sécurisation économique du pays et à la création d’une plus-value sociale susceptible de rehausser le niveau de vie des populations et de réaliser les objectifs de développement humain. Cependant, tout en étant un maillon fort de la chaîne du processus du développement du pays, l’industrie a besoin d’être complétée par d’autres activités génératrices de richesses, de revenus et de postes d’emplois.

L’Algérie n’a pas encore exploité toutes ses potentialités en la matière. Agriculture, agroalimentaire, transferts financiers de la diaspora algérienne, tourisme, artisanat et d’autres créneaux encore, ont besoin d’être explorés, étudiés et proposés à l’investissement. À lui seul, l’artisanat peut jouer un rôle non négligeable dans la renaissance de l’économie familiale. Des pays voisins, à l’image du Maroc, ont fait de ce secteur un maillon important de l’économie, faisant vivre des milliers de ménages, particulièrement dans une heureuse jonction avec l’activité touristique, grosse consommatrice de produits artisanaux, sans négliger les opérations d’exportation vers l’étranger. Les consommateurs étrangers de produits locaux sont ainsi doublement ciblés: par l’achat local lors des déplacements de touristes et par l’exportation.

La relance de ce secteur en Algérie n’a pas encore bénéficié de toutes les conditions requises, et ce, nonobstant la présence établie de pratiques et de traditions fort étendues, résultant de la transmission intergénérationnelle, et ce, malgré les aléas charriés par les impératifs et les travers de la nouvelle économie.

Des pans entiers de la mémoire collective, de savoir-faire et de précieux métiers dépérissaient au moment où le pays était englué dans la rente pétrolière. Une aisance qui a autorisé toutes les dérives, à commencer par l’importation de produits estampillés « artisanat » et qui relèvent souvent de la pacotille.

Au cours des grands salons et festivités d’artisanat, d’envergure nationale ou mondiale, la haute administration affiche souvent de grands objectifs, comme celui de promouvoir le produit artisanal local et « le mettre en concurrence avec les produits étrangers ». Tout un défi à relever au moment où l’économie nationale a besoin d’un nouveau souffle et la culture algérienne d’un nouvel air qui la fasse connaître aux quatre coins du monde. Car, le produit d’artisanat, outre qu’il a une valeur d’usage et d’échange, surtout porteur de valeurs culturelles du pays qui le fabrique; une sorte de « marqueur » d’identité.

Les méthodes et procédés de production, tout en gardant leur marque d’activité artisanale, ne peuvent être figés dans le temps. Leur modernisation- pour réduire les coûts de production, améliorer qualitativement le produit (forme, galbe, couleur, dimensions,…)- est une nécessité inscrite dans la logique d’évolution des métiers. Les pouvoirs publics ont toujours avancé cette ambition de bâtir des « passerelles », de créer une fertile confluence entre les produits de l’artisanat et du terroir, d’une part, et le secteur du tourisme, d’autre part. Ce sont deux segments qui, partout dans le monde, se fécondent mutuellement et interagissent aussi bien sur le plan symbolique (culture, identité, mémoire) que sur le plan commercial et économique.

Néanmoins, la réalité du terrain est beaucoup plus nuancée, entendu que ces deux secteurs ont longtemps pâti des conditions générales du pays qui ont projeté notre économie sur la pente glissante de la rente pétrolière, maintenant ainsi à la marge non seulement le tourisme et l’artisanat, mais aussi l’agriculture, la pêche et tous les gisements des produits du terroir.

Pot de terre contre pot de fer ?

Les populations algériennes ont su, par le passé et jusqu’à il y a une quarantaine d’années, exploiter et transformer les ressources que leur a offertes la nature, pour en faire une source de vie et de revenu, mais également un produit culturel marqueur d’identité, d’une mémoire et d’esthétique bien spécifiques. Les métiers ancestraux- tapisserie, dinanderie, joaillerie, poterie, vannerie, etc…-, sont les témoins d’un labeur, d’une adresse, d’un savoir-faire, d’une industrie (au sens étymologique du mot), d’une vision esthétique et symbolique bien particuliers, constitutifs de la personnalité, de la mémoire et de l’identité de tout un peuple.

Néanmoins, ce patrimoine, dont on essaye d’arborer les atours dans les occasions festives (salons de l’artisanat, ateliers, concours), qui se déroulent au niveau national ou à l’étranger, est aujourd’hui franchement menacé dans son existence. Il n’y a pas que le manque d’intérêt des pouvoirs publics ou leur inaction qu’il faudrait montrer du doigt, mais également la politique générale du gouvernement sur le plan du commerce extérieur qui a permis d’inonder le marché avec une « braderie » de faux artisanat venant de Chine et d’autres pays qui nous présentent une fabrication industrielle en série, « typée » en strass, sous forme de pièce artisanale prétendue de haute extraction culturelle.

Pourtant, l’Unesco définit l’artisanat en ces termes: « On entend par produits artisanaux les produits fabriqués par des artisans, soit entièrement à la main, soit à l’aide d’outils à main ou même de moyens mécaniques, pourvu que la contribution manuelle directe de l’artisan demeure la composante la plus importante du produit fini… La nature spéciale des produits artisanaux se fonde sur leurs caractères distinctifs, lesquels peuvent être utilitaires, esthétiques, artistiques, créatifs, culturels, décoratifs, fonctionnels, traditionnels, symboliques et importants d’un point de vue religieux ou social » (4).

L’action ou le concours des pouvoirs publics est moins à chercher dans la mobilisation des fonds souhaités pour le soutien du créneau de l’artisanat, que dans la régulation et la réglementation du commerce extérieur, ainsi que dans l’accompagnement des artisans dans l’acquisition de la matière première, la formation et la recherche de débouchés commerciaux. Avec un tel encadrement de l’activité artisanale, s’il arrivait à se mettre en place, les experts misent sur la possibilité de créer quelque millions d’emplois dans ce secteur, compte non tenu des activités liées aux produits du terroir (figue, cerise, miel, glands de chêne, fraise, arbouses, châtaigne,…).

Dans un monde en pleine globalisation, où l’industrie et les nouvelles technologies de l’information et de la communication constituent les produits essentiels d’une uniformisation rampante des valeurs culturelles et de la vision esthétique, les produits d’artisanat- à côté des autres produits culturels (chansons, littérature, peinture, théâtre, contes,…)- peuvent constituer l’ « exception » qui sauvera les spécificités identitaires et contribuera à la connaissance et à l’enrichissement mutuels des peuples. Ce que l’Europe a voulu défendre face à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sous la dénomination d’ « exception culturelle », peut bien être appliqué aux produits d’artisanat, émanant d’un fonds culturel authentique, considéré comme porteur de la richesse de toutes les valeurs de l’humanité. À condition que le pays producteur en fasse, le premier, une valeur sacrée qui transcende le simple aspect commercial, même si elle y est soumise.

A. N. M.

Renvois

(2) El Moudjahid du 15 octobre 2011

(3) APS du 13 avril 2017

(4) http://www.unesco.org/new/fr/culture/themes/creativity/creative-industries/crafts-and-design/

Auteur
Amar Naït Messaoud

 




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La vérité des faits est dans mes écrits

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Opinion

La vérité des faits est dans mes écrits

Le disciple de Jdanov s’est encore manifesté. C’est positif, car cela permet aux personnes intéressées de prendre connaissance de la vérité des faits.

Par sa première intervention sur « Algérie Patriotique » (1) et une seconde sur « Le Matin d’Algérie » (2), Merdaci montre soit ignorer cette vérité des faits, ce qui est inacceptable de la part d’un professeur d’université digne de ce nom, soit qu’il a déjà lu ces faits, mais qu’il les occulte, ce qui relève de la calomnie et de la manipulation des lecteurs.

À ce comportement, je vois deux hypothèses. D’une part, Merdaci s’auto-dresse un portrait flatteur qui lui permet de mieux être médiatisé parmi les Algériens. D’autre part, il participe à la cabale de ceux qui veulent occulter ma voix, après avoir occulté mon travail théâtral passé en Algérie, et censuré mon travail récent, en 2012, également en Algérie (3). Merdaci montre qu’il s’ajoute à cette cabale, et cela de deux manières. D’une part, dans le texte de AP, il a fait l’éloge de Omar Fetmouche, l’ex-commissaire du Festival International de Théâtre, qui fut le fossoyeur de ma réalisation théâtrale de 2012 en Algérie : « Alhnana, ya ouled ! » [La tendresse, les enfants!] (4). D’autre part, il affirme, à propos de mes réalisations : « il serait bien embarrassé de citer ses œuvres jouées sur les planches algériennes. » Là, c’est le comble de l’imposture. En effet, à ce sujet, combien de fois, dans mes contributions à la presse, je n’ai pas renvoyé à mon ouvrage exposant mes œuvres présentées en Algérie ? (5) Je me suis même permis de publier un article à ce propos (6). Qu’un lecteur superficiel et empressé ne lise pas le livre, pas même l’article, et me calomnie, c’est compréhensible ; mais que dire quand il s’agit d’une personne se présentant comme « professeur de l’enseignement supérieur, critique et écrivain » (7) ?

Venons à une autre critique de Merdaci. Il écrit : « Comment Kadour Naïmi peut-il s’étaler aussi longuement sur les « harkis » ? Quelle est sa compétence pour traiter de ce sujet ? Est-il historien, sociologue, psychologue ? Il n’y a rien, en vérité, qui puisse l’accréditer à publier un feuilleton de seize numéros sur un thème qui lui échappe, qu’il nourrit de ses fantasmes politico-culturels. À partir de quel réel se positionne-t-il ? »

Là encore, soit Merdaci n’a pas lu mes ouvrages (8), soit il les occulte. On y découvre « à partir de quel réel » je me « positionne ». Outre qu’on le constate, également, dans toutes mes contributions de presse (autogestion sociale, culture libre et solidaire, patriotisme internationaliste), et encore dans l’étude même consacrée au harkisme, puisque son titre complet est : « Contre l’idéologie harkie, pour une culture libre et solidaire ».  

Notons, au passage, un jugement. Pour le « professeur » Merdaci, un simple citoyen ne peut pas se hasarder à écrire sur un thème, par exemple l’idéologie harkie, s’il n’est pas « historien, sociologue, psychologue ». N’est-ce pas là manifester un mépris vulgairement « élitiste » pour un simple citoyen autodidacte qui présenterait une contribution sur ce thème ?… Si l’on suit le jugement du « professeur », un citoyen algérien dépourvu des qualités universitaires mentionnées par Merdaci doit uniquement se taire et lire les textes des « professeurs d’université », et un Joseph Proudhon n’avait aucun droit à écrire, puisqu’il était un ouvrier autodidacte. Dans les deux cas, citoyen algérien sans diplôme universitaire ou ouvrier autodidacte, ils ne faisaient que « nourrir » leurs « fantasmes politico-culturels ».

Revenons au portrait que Merdaci a présenté de mes idées, donc de ma personne. En réalité, la vérité sur mon parcours existentiel, et cela depuis ma naissance, sur mes actes personnels, sur mes travaux, sur mes choix politiques, éthiques et professionnels, tout a été écrit, et se trouve librement accessible sur internet, sur mon site personnel comme sur wikipedia (9). Pour le reste, j’ai déjà exprimé mon opinion sur les déclarations de Merdaci lors de ma réponse à sa “mise au poing” (10).

Il est nécessaire d’ajouter quelques observations.

Quand Merdaci a émis des critiques sur les écrivains Sansal, Daoud et sur l’homme de théâtre Bénaissa, j’ai formulé mon accord avec ces observations ; elles étaient conforme à mon opinion, sauf les outrances langagières indignes d’un intellectuel digne de ce nom.

En outre, effectivement, je lui ai proposé la création d’une association de solidarité entre intellectuels algériens patriotes. Mais quand je lui ai exprimé la solidarité à ce projet de Nils Anderson, un réel ami du peuple algérien (11), Merdaci s’est retiré de la proposition, avec le motif qu’il a exprimé dans son intervention sur « Le Matin d’Algérie ». J’ai pris acte de la divergence. Pour ma part, l’Algérie fait partie d’une planète, je suis donc patriote et internationaliste, car je respecte tous les peuples, et souhaite leur solidarité, dans le respect de leurs spécificités. Ce ne sont pas la carte d’identité ou le passeport qui démontrent une fidélité à un peuple, autrement que penser des étrangers qui ont lutté au côté du peuple algérien durant la guerre de libération nationale ?

Notons une observation particulière de Merdaci. Concernant un de mes poèmes, il déclare à mon propos : « Il ajoute, toutefois : «Si vous m’incinérez | parfumez mes poussières | et répandez-les dans l’air». Dans les pratiques funéraires musulmanes, il n’y a pas d’incinération, admise dans les rites chrétiens ou agnostiques. Là est la duplicité de Naïmi (…) » Ici, nier le droit de se faire incinérer selon un libre choix, en le traitant de « duplicité », n’est-ce pas utiliser le langage d’un mufti obscurantiste d’Arabie Saoudite ?

Comme quoi, à la conception élargie et actualisée du terme « harki », que j’ai proposée au débat, j’ajoute celle que me suggèrent les deux textes mentionnés de Merdaci à mon encontre. Il existe aussi une catégorie particulière de harkis : concernant les faits, ils choisissent de servir le mensonge au détriment de la vérité, parce que cet asservissement sert des intérêts individuels ou de clan, masqués sous de « bons » sentiments, du genre « Je suis plus algérien que toi ! ». Au sujet de ce type d’intellectuels, deux essais sont éclairants : « La trahison des clercs », de Julien Benda, et « Les chiens de garde » de Paul Nizan.

Une dernière chose. Est-ce trop demander aux lecteurs du « Matin d’Algérie » de prendre d’abord le temps de lire mes livres (auxquels je veille toujours à renvoyer dans mes articles) avant d’émettre leurs commentaires ? Ne serait-ce pas plus honnête comme comportement, si l’on désire réellement connaître la vérité des faits et apporter au débat une contribution utile ?

K. N.

Email : kad-n@email.com

Notes

(1) Voir https://www.algeriepatriotique.com/2018/07/11/mise-point-a-propos-concept-mtorni/

(2) Voir https://lematindalgerie.compour-en-finir-avec-la-querelle-de-mots-de-la-caducite-la-verite-du-sens

(3) Voir Mohamed Kali, “Y A-T-IL UN CAS KADDOUR NAÏMI ? Polémique en scène”, in http://www.elwatan.com/hebdo/artsetlettres/polemiqueenscene30032013

208424_159.php

(4) “Éthique et esthétique au théâtre et alentours”, livre 4, librement accessible ici : http://www.kadour-naimi.com/f-ecrits_theatre.html

(5) Voir “Éthique et esthétique au théâtre et alentours”,  op. cité.

(6) https://lematindalgerie.comrappel-pour-memoire-occultee-sur-une-partie-du-theatre-algerien

(7) Il signe ainsi ici https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/28/contribution-dabdellali-merdaci-breve-adresse-a-naturalise-honteux/

(8) Respectivement “Ethique et esthétique…” déjà mentionné, ma thèse de licence en sociologie (in https://bib.uclouvain.be/opac/ucl/fr/chamo/chamo:683489?i=0#.) et mon essai “LA GUERRE, POURQUOI ? LA PAIX, COMMENT ?…”, librement accessible ici : http://www.kadour-naimi.com/f_sociologie_ecrits_guerre_paix.html

(9)Respectivement https://www.kadour-naimi.com/f-FRANCAIS.htm et https://fr.wikipedia.org/wiki/Kadour_Naimi

(10) https://www.algeriepatriotique.com/2018/07/15/droit-de-reponse-a-mise-point-de-m-merdaci/

(11) Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Nils_Andersson_(%C3%A9diteur)

Auteur
Kaddour Naïmi

 




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Salim Yezza : la police politique toujours à l’œuvre

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Opinion

Salim Yezza : la police politique toujours à l’œuvre

Salim Yezza est victime d’une cabale judiciaire dont les motivations et finalités politiques restent occultes et obscures.

Ce citoyen résidant à l’étranger est accusé de graves délits par un magistrat de Ghardaïa. Les accusations portées contre lui relèvent de la qualification de “subversion” que l’article 612 bis du Code de procédure pénal exclut de toute prescription. Si l’on s’en remet à la procédure engagée à l’encontre du militant Chawi, natif de T’Kout, la justice aurait affaire à un dangereux « fellaga » ! Seulement, face à cet “ennemi de l’intérieur” les autorités algériennes ont pris un très très long délai pour “actionner” la machine judiciaire. Les citoyens que nous sommes censés être pourraient se considérer en droit d’attendre une explication sur l’attentisme de la justice dans ce qu’elle nous présente, aujourd’hui, comme gravissime.

Effectivement, les faits pour lesquels la liberté de ce concitoyen est restreinte remontent à 2014-2015 ; alors que la procédure judiciaire qui le vise à les sanctionner date, quant à elle, du 10 juillet… 2018 !

Pourtant, en décembre 2014, Yezza était rentré sur le territoire national en accompagnateur de la chanteuse Dihya. Il avait même pris part aux activités de cette personnalité culturelle. Et comme l’interview qui lui est reprochée remonte à janvier 2014, l’on peut légitimement s’interroger sur le manque de réactivité d’une justice qui attendra 2018 pour se manifester. La question se pose donc de savoir ce qui a empêché l’action publique à l’époque ou, à contrario, ce qui l’a activé aujourd’hui. Cela, d’autant que les faits qui lui sont reprochés ne sont pas banals. La “subversion” n’est pas chose à traiter à la légère, du moins quand il s’agit vraiment de subversion !

Yezza n’a pas été inquiété en décembre 2014 ; ni, d’ailleurs, quelques mois plus tard au cours du premier semestre 2015. Comment expliquer cela ? Parce qu’entre la situation de 2014-2015 et celle de 2018 il y a forcément l’une des deux qui est inexplicable, anormale et incompréhensible. Les procès de Kameleddine Fekhar et ses camarades datent de 2017, ce qui signifie que le dossier était ouvert à la période où Yezza s’était rendu en Algérie ; alors que maintenant, il est censé être clos et ne plus donner lieu à des poursuites. Or dans les deux moments, jamais le nom de Yezza n’a été cité par une source judiciaire en liaison avec les affaires de Ghardaïa. Comment surgit-il alors en juillet 2018 ?

Supposons que les magistrats de Ghardaïa considèrent sincèrement que Yezza peut être confondu pour les fameuses questions n° 17, 22 et 24 pour lesquels des sentences ont été prononcées au tribunal de Médéa (les accusés ont tous été blanchis du reste des accusations portées dans les 23 autres questions). Pourquoi, dans ce cas son nom n’a jamais été cité dans ces affaires ? Pourquoi n’a-t-il pas été condamné par contumace ? Pourquoi aucune convocation ne lui a été adressée à son lieu de naissance ou par le biais du consulat dont il relève ? L’explication serait-elle une question de compétence ? Parce que les propos et les actions que Salim a tenus et menés ne l’ont pas été sur l’espace de compétence du tribunal de Ghardaïa. Ce dernier aurait-il compétence pour des faits survenus à Paris ou sur le Net ? Comment aurait-il cette compétence et sur quelle base légale ? Yezza n’ayant pas mis les pieds sur le territoire de compétence du tribunal qui le poursuit, la procédure engagée est, selon toute vraisemblance, entachée de nullité sur le plan judiciaire. Pour le moins elle est judiciairement bancale.

D’ailleurs ce mandat du 10 juillet 2018 pose de nombreux autres problèmes. Yezza est rentré sur le territoire national par l’aéroport de Biskra. Quels sont les moyens dont disposent les magistrats de Ghardaia pour avoir cette information au sujet d’un citoyen non poursuivi ? Raisonnablement il n’y en a pas ! Salim ne faisait l’objet d’aucun mandat, il n’est ni terroriste, ni trafiquant, ni criminel international, il est donc tout à fait légitime de demander à savoir qui a jugé utile de signaler sa présence ? Sur quelle base ce signalement a-t-il été fait, pour quelles raisons et finalités ? Nous sommes là devant un faisceau d’interrogations qui ressuscitent ce qu’on nous dit avoir été liquidé par les autorités algériennes : à savoir la Police politique.

C’est la seule explication plausible. Il n’y a qu’un service de police politique pour tenir le journal de l’expression des opinions et positions de citoyens auxquels seul le militantisme peut être reproché. La question n’est donc pas celle d’une procédure judiciaire pour “subversion” mais bel et bien celle d’un procès politique qui mérite le qualificatif de guet-apens. Une cabale judiciaire dans lequel la justice est l’auxiliaire de la police politique. Si l’on valide cette lecture, les choses deviennent plus lisibles. D’abord et avant tout transparaît son caractère menaçant et intimidant pour tous nos résidents à l’étranger.

Le message est clair, tout voyage au pays peut se conclure par un emprisonnement que la toute puissante police politique peut documenter et refiler à une justice auxiliaire qui ne rechigne à aucune basse besogne. C’est donc une sommation adressée à toutes ces voix qui, avec plus ou moins de bonheur, tentent d’exprimer une opinion, un avis. C’est l’ordre de la sommation, de choisir entre le silence et l’exil.

Ces voix posent problème à des régents qui ne peuvent plus, comme au temps de la sinistre “amicale”, envoyer des barbouzes pour casser de l’opposant. Et encore moins, envisager d’engager des assassins pour allonger la liste, déjà longue, des Khider, Krim et autres Mecili. Alors ils inversent la mécanique.

La justice est censée être transparente. À la constatation de faits répréhensibles, il lui revient d’engager des poursuites sans se soucier de la possibilité matérielle d’appréhender ou pas le justiciable. C’est ce que le législateur a très largement prévu. Mais cela ne peut pas être la ligne de conduite des régents et de leur police politique, plus portés sur la fourberie, l’embuscade et le traquenard.

Au prix de multiple violations de la loi, la volonté de faire de Salim Yezza un exemple au service de cette nouvelle terreur est manifeste. Que leur importe que cela soit en violation des garanties constitutionnelles énoncées en matière de liberté d’opinion, de conscience, de liberté de circulation … ? Que leur importe que cela se fasse par un plus grand discrédit d’une justice déjà largement, malmenée et égratignée. ?

Le Mekhzen ne se soucie pas de ces détails lorsqu’il s’agit de mater une parcelle émancipée du Bilad Essiba.

Auteur
Mohand Bakir

 




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Héberger des corpus de langue kabyle sur Tatoeba

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Langues, plateformes d’hébergement et corpus linguistiques

Héberger des corpus de langue kabyle sur Tatoeba

Pour accélérer la création et le partage gratuit de corpus linguistiques à des fins d’analyse et de TAL, l’équipe localisatrice a sollicité les propriétaires de la plateforme Tatoeba pour introduire la langue kabyle parmi  les langues disponibles et pouvoir ainsi introduire des corpus en langue kabyle.

Pour rappel, Totoeba est une plateforme hébergeant des corpus de plusieurs langues au monde. Ces corpus sont ouverts aux usages divers traitant des langues humaines.

Comme le kabyle, toutes les langues berbères peuvent postuler à l’ouverture de leur locale si elles disposent de contenus propres et si elles sont codifiées dans la norme iso 639-3 et c’est le cas de tacawit, tarifit, tamzabit et plusieurs autres recensées et consolidées par ladite norme.

La langue kabyle sera disponible prochainement sur l’interface de Tatoeba. La localisation du site se fait via la plateforme Transifex à l’adresse : https://www.transifex.com/tatoeba/. Le projet est libre et ouvert à la communauté. L’aide de la communauté est souhaitable pour corriger les erreurs de localisation éventuelles.

Les DLCAs, centre de recherche ou institutions en relation avec les langues berbères en général ou la langue kabyle en particulier peuvent utiliser Tatoeba pour intégrer et télécharger des corpus. Les corpus consistent en phrases issues du langage quotidien ou de productions libres de droit. Ils peuvent être (corpus) issus de la littérature populaire (proverbes, dictons, contes, poésie populaire, chants populaires, devinettes, blagues..), mais aussi de romans, nouvelles, poésie, textes de chansons, script de films, pièces de théâtres kabyles mais libre de droit. Les auteurs s’ils sont détenteurs exclusifs des droits de leurs productions, peuvent aussi accorder le droit à cette plateforme pour héberger des phrases issues de leur production.

La version kabyle de la plateforme Tatoeba sera accessible sur l’adresse : https://tatoeba.org/kab.

Les contributeurs devront créer leurs comptes avant de pouvoir introduire des phrases.

Il est aussi appréciable que les futurs contributeurs puissent traduire des phrases à partir du kabyle ou vers le kabyle au lieu d’ajouter uniquement des phrases issues de la production kabyle. Les traductions confirmées seront aussi utilisées dans certains types d’analyses et de traitements par les spécialistes du TAL. L’aide des étudiants et diplômés de nos DLCAs sera très attendue, car il ne s’agit pas de localisation qui lui est un langage technique, mais de vrai corpus linguistiques qui seront utilisés dans le cadre de travaux de TAL appliqués à langue Kabyle que ce soit par la communauté libre du Web ouvert ou les universités elles-mêmes à travers le monde. Totoeba, offre aussi la possibilité d’enregistrer des lectures. Ces enregistrements seront aussi de la matière pour le traitement vocal de la langue.

Nous signalons qu’un corpus étiqueté en tant que langue berbère a déjà été introduit par d’autres contributeurs depuis plusieurs années sur la plateforme Tatoeba. La majorité de ces entrées appartiennent à la langue kabyle. Mais il très difficile, voire impossible de traiter un tel corpus à l’aide des techniques informatiques car plusieurs langues sont mélangées sous la même étiquette linguistique (ber – berbère), d’où la nécessité de les séparer puisque Tatoeba est capable de gérer toutes les langues berbères codifiées dans la norme iso 639-3 (Exp. Mozabit :  https://iso639-3.sil.org/code/mzb, Chawi : https://iso639-3.sil.org/code/shy). Il est à signaler que les langues codifiées dans ISO 639-3 ne sont pas toutes présentes sur la norme ISO 639-2 où figure aussi la langue kabyle. Les langues d’ISO 639-2 sont aussi candidates à l’intégration sur tous les systèmes informatiques même si celle-ci ne sont pas officielles. La réalité sociolinguistique, la loi de la production et de la demande sociale/politique régit en général ces normes.

Linguistiquement, les langues berbères ne suivent pas toutes les mêmes schémas. Le système flexionnel et dérivationnel, les pronoms autonome ou affixes… ne sont pas les mêmes.  Certaines de ces langues présentent aussi des écarts grammaticaux. Les outils informatiques ne peuvent pas dans ce cas traiter ces données. La codification des règles linguistiques pour une utilisation unifiée pour l’ensemble des langues berbères dans le cadre de projet de TAL n’est donc pas une tâche aisée.

D’autre part, ces corpus  étiquetés dans leur propres langues, encouragera les locuteurs à introduire leur propre contenu mais aussi, utiliser la graphie qui leur sied.

Certains ont déjà commencé à contribuer sous le nom de la langue kabyle. Nous encourageons vivement nos étudiants et diplômés des DLCAs, INALCO et autres institutions académique, à rejoindre en masse et exploiter ce nouvel outil qui est destiné. Nous remercions tous ceux qui nous ont prêté mains forte pour réaliser ce projet.

Par ailleurs, et suite à l’article de la semaine passée à propos de LibreOffice, nous confirmons la sortie de la version Alpha (test) de cette suite bureautique contenant le pack linguistique kabyle disponible pour toutes les plateformes : Windows, Linux et masOS.

Vous pouvez la télécharger via ce lien: https://www.libreoffice.org/download/download/?type=deb-x86_64&version=6.1.0&lang=kab

Le programme d’installation ne sera disponible en kabyle que lorsqu’on fournit toute la localisation (100%), nous sommes à 78% mais l’interface est à présent disponible.

Il est important de signaler les erreurs à l’équipe sur notre page FB (Tarbaεt n Imsidag Iqbayliyen et Sideg Ifecka umḍinen) ou VK (Sideg – Asideg aqbayli n ifecka umḍinen)

Nous rappelons qu’il s’agit de la version initiale pour tester et vérifier les traductions.

TAL : Traitement automatique des langues naturelles.

DLCA : Département de langue et culture Amazigh

ISO : International Organization for Standardization ou organisation internationale de normalisation.

 

Auteur
Belkacem Mohamed

 




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Le redouté général Abdul Rashid Dostum est rentré à Kaboul

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Afghanistan

Le redouté général Abdul Rashid Dostum est rentré à Kaboul

Le général Abdul Rashid Dostum, chef de guerre redouté du nord de l’Afghanistan et premier vice-président, a regagné Kaboul dimanche après un an d’exil, accueilli en héros, a constaté l’AFP.

L’avion spécialement affrété par le gouvernement afghan pour le ramener d’Ankara s’est posé sur l’aéroport international de Kaboul à 16H30 (midi GMT), attendu sur le tapis rouge par une haie d’officiels et de partisans enthousiastes.

Dostum, qui doit reprendre ses fonctions de vice-président malgré les accusations de viol qui l’avaient poussé au départ en mai 2017, est apparu sur la passerelle en costume de ville, chemise blanche et cravate rouge, entouré de sa garde personnelle.

Il a été immédiatement assailli par la foule, en majorité des membres de la communauté ouzbèke en habits traditionnels et s’est frayé un difficile chemin jusqu’à son énorme 4 x 4 blindé noir pour gagner ses bureaux de vice-président, devant lesquels des centaines de partisans l’attendent également.

Le second vice-président Sarwar Danish et l’ex vice-président Ahmad Zia Massoud, frère du défunt commandant Ahmad Shah Massoud, plusieurs fois trahi par Dostum, étaient présents ainsi que l’autre figure du nord, Atta Mohammad Noor, et le leader de la communauté hazara chiite, Mohammad Mohaqiq. 

Atta, Massoud et Mohaqiq sont les figures de proue de l’opposition au président Ashraf Ghani.

Dostum est le deuxième chef de guerre afghan à regagner la capitale avec les honneurs après Gulbuddin Hekmatyar, surnommé par la presse « le boucher de Kaboul », rentré en mai 2017 après vingt ans d’exil.

Auteur
AFP

 




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Pour en finir avec la querelle de mots : de la caducité à la vérité du sens

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Opinion

Pour en finir avec la querelle de mots : de la caducité à la vérité du sens

Je ne connais pas personnellement Kadour Naïmi, qui m’interpelle à nouveau véhémentement dans Algérie patriotique (15 juillet 2018) après Le Matin d’Algérie (6 juillet 2018). Travaillant depuis longtemps sur le champ culturel national, je me rappelle lointainement l’éphémère expérience du « Théâtre de la Mer » à laquelle il a participé vers la fin des années 1960. Fut-elle prometteuse pour être renouvelée ? À cette période, déjà, le « Prolet Kult », à Saïda, témoignait d’un théâtre hors les murs, défiant la léthargie des institutions nationales du 4e art, qui devait compter dans l’évolution du théâtre coopératif, jusqu’à nos jours. Kadour Naïmi aurait pu approfondir cette entrée généreuse dans le théâtre algérien. Il excipe du titre de dramaturge (« artiste de théâtre connu », argue-t-il) mais il serait bien embarrassé de citer ses œuvres jouées sur les planches algériennes. Il aurait écrit des dizaines de pièces, qui ne sont autant de projets avortés.

Répondant à ma contribution sur Slimane Benaïssa (AP, 31 mars 2018), Naïmi m’avait posé des questions pour approfondir ce débat, auxquelles j’ai apporté de nécessaires précisions (AP, 1er avril 2018). Ce fut un échange courtois. Naïmi, qui avait obtenu de la direction d’Algérie patriotique mon mail, m’avait écrit pour m’inviter à réfléchir à la création d’une association ou d’un site en ligne, proposant un « Appel pour une Association Algérienne pour une Culture Libre et Solidaire ». Il me l’avait fait parvenir – comme à d’autres personnes qui y ont souscrit – pour discussion et enrichissement afin d’en faire la base théorique de la future association. Or, il avait requis la participation de personnalités étrangères à cet échange. Je lui avais écrit pour me désengager de ce projet, estimant qu’une réflexion sur la culture nationale ne devait concerner que l’expertise d’Algériens. Cette option internationaliste, je la refusais autant dans le champ culturel que dans le champ politique. Il en avait pris acte, et moi mes distances. Jusqu’à son texte de conclusion de sa contribution sur les « harkis » où il glosait hasardement le concept « mtorni » (AP, 7 juillet 2018, LMA, 6 juillet 2018), m’impliquant directement, mettant en cause une démarche intellectuelle, qu’il entendait « redresser ».

Je me devais de lui répondre. Kadour Naïmi a été apparemment inquiété par le dernier paragraphe de ma « Mise au point » (AP, 12 juillet 2018), lui demandant de clarifier son lieu de parole. Il y consacre l’essentiel de son pensum sans faire avancer les choses d’un iota. Pourtant, il n’infirme rien de ce que j’ai écrit sur sa participation à Mai 1968 en France (« le plus important mouvement populaire révolutionnaire, depuis le front populaire en 1936 », surenchérit-il) ; sur ses démêlés avec des politiciens communistes et syndicalistes italiens, semblables à leur frères d’Algérie, irrécupérables chiens de garde, agents du Grand Capital ; sur sa présence de cinq ans en Chine. Enfin, sur ce singulier cheval de Troie qu’il a enfourché en un temps brumeux. Il faudra bien y revenir.

De quelques distinguos

Je voudrais, auparavant, faire justice de certaines assertions de Naïmi, qui m’accuse de parler sans rien prouver, tout en me prêtant un parcours politique à la mesure de ses vaines attentes :

1) Le confusionnisme mental. Kadour Naïmi a eu vraisemblablement maille à partir avec ceux qu’il appelle les « communistes » et les « progressistes », qui l’auraient malmené sans répit, sans indiquer de date précise, dans cette période de sacro-saint mot d’ordre de « soutien critique » du Parti de l’Avant-garde socialiste (PAGS) au régime issu du coup d’État du 19 juin 1965 du colonel Boumediene. Leurs attaques furent-elles si rudes pour le contraindre à quitter définitivement le pays ? Il ne s’en explique pas, déployant un éprouvant effort pour m’incorporer à cette famille politique, ne manquant pas de penser et d’affirmer : « […] Merdaci fait partie et/ou défend cette ‘‘gauche communiste’’ et les ‘‘progressistes’’ algériens du ‘‘soutien critique’’ ». Ainsi, les faits seraient si simples dans leur énoncé : je continue et prolonge ce terrifiant hallali du « parti du ‘‘soutien critique’’ ». Insurmontable paranoïa ?

Cette détestation  de la « gauche communiste » algérienne, Kadour Naïmi, qui revendique crânement sa carte du défunt Parti de la Révolution socialiste (PRS) de Mohamed Boudiaf et militer dans des organisations d’extrême gauche européennes, veut lui donner la consistance de l’histoire. Outre ma parenté avec le « parti du ‘‘soutien critique’’ », ma démarche intellectuelle est assignée à celle d’Andreï Aleksandrovitch Jdanov, théoricien tardif du « réalisme socialiste » dans la défunte Union soviétique, développé  avant lui par Lénine et Plekhanov, relisant Marx et Engels. Et à ce titre donc, je ne suis pas loin des fomenteurs de goulags et d’exécutions expéditives. La belle affaire ! Je me souviens avoir introduit mes étudiants de Théorie littéraire, à l’Université, aux premières sociologies littéraires dans le monde socialiste d’antan, notamment la « théorie du reflet » et le « réalisme socialiste » confrontées à de vives lectures des textes.

Avant de s’attaquer au « formalisme » dans les arts, principalement dans la musique de Chostakovitch, Andrei Jdanov pouvait réviser les thèses du Hongrois Georg Lukacs sur la crise de la littérature bourgeoise occidentale post-balzacienne. Était-ce, seulement, l’émule de Béria qu’esquisse dans une piètre caricature Naïmi ? Jdanov représente le moment régressif d’une pensée critique de l’art dans l’Union soviétique. Naïmi l’a-t-il étudié ? Le Jdanov, qu’il évoque comme la dernière des injures, à qui il me renvoie présomptueusement, est un épouvantail né dans les discussions avinées de demi-intellectuels de tripots à bière, à Alger, Paris ou Naples. Ces comparaisons brutales et sommaires ne soulignent que les méfaits de l’inculture, du vulgaire prêt à porter culturel.

Je voudrais paraphraser Louis Aragon dans « La Rose et le réséda » (La Diane française, Paris, Seghers, 1944) et nommer : « Celui qui croyait au ‘‘soutien critique’’ | Celui qui n’y croyait pas ». Je n’étais pas de cette chapelle qui croit au « soutien critique », un très bel oxymore, qui est plus qu’un programme – et, d’aucune autre ; mais comme le dit le poète cette « clarté sur nos pas » s’appelle l’Algérie. Le PCA et ses nombreux démembrements, passés ou actuels, réunit des hommes et des femmes qui ont été et qui restent utiles à leur pays, qui lui ont apporté une part, toujours exigeante et émouvante, d’engagements et de courage. Je n’insulterai jamais cette histoire, même si le communisme n’est pas mon histoire.

2) La relation au pouvoir. Il est vraiment commode pour Kadour Naïmi de me camper en chasseur de provendes officielles et de privilèges et de s’interroger sur le fait que je n’ai pas quitté le pays. Le système au pouvoir, depuis 1962, ne m’a jamais rien donné et je ne lui ai jamais rien demandé. Lorsque je me présente dans des débats publics, je le fais en mes qualités acquises par mon travail : mon titre de professeur des Universités est inaliénable, il est une reconnaissance de mes pairs, ce n’est pas une récompense politique ; écrivain, j’en suis, actuellement à dix-sept essais de critique et d’histoire littéraires publiés sous mon nom ; critique, je m’autorise de cette longue œuvre de plus d’un quart de siècle de lectures de textes littéraires et de faits culturels rassemblées dans deux premières publications (Cahier de lectures I, 2008, II, 2011, Constantine, Médersa). Je ne m’identifie pas à cette « couche d’intellectuels, dans tous les domaines, dont le théâtre, qui a toujours […] bénéficié de privilèges en termes de postes administratifs, en échange de ‘‘soutien critique’’ au régime en place », légèrement alléguée par mon contradicteur. Qui s’interroge sur les raisons pour lesquelles je n’ai pas quitté mon pays lorsque ceux qui, à son exemple, l’ont abandonné y reviennent honteux, en catimini. J’appartiens à cette Algérie qui a défendu par sa constance et par son ouvrage quotidien, au-delà des errements des pouvoirs politiques, de leurs oligarques et de leurs maffias, l’espérance d’une nation.

Tous ceux qui n’ont pas quitté l’Algérie – il convient d’entendre qui n’ont pas pris la nationalité d’un autre pays – seraient donc d’incurables clients du « système » ? Raisonnement trop court, en effet. Naïmi n’existe pas en Algérie, à l’exception de ses récentes contributions dans Algérie patriotique et Le Matin d’Algérie. Il n’y réside plus depuis de nombreuses décennies, défaisant le lien national. J’ai, pour ma part, apporté dans mon pays ma modeste contribution au débat culturel national, souvent à charge contre les politiques culturelles du gouvernement. Ainsi, à titre d’exemple, lorsqu’il fallait s’opposer à la « Caravane Camus », initiée en 2010 par Yasmina Khadra, écrivain et directeur du Centre culturel algérien, à Paris, approuvée par le gouvernement de M. Ouyahia, à la censure par le même gouvernement du livre égyptien et d’écrivains algériens au Sila, dénoncer l’absence de la littérature algérienne (toutes langues confondues) dans l’École algérienne.

J’ai publiquement mis en cause la création par le gouvernement et son actuel ministre de la Culture d’un Prix littéraire au nom d’Assia Djebar, reconnue par la communauté universitaire en Occident dans les dernières années de sa vie, au moment où elle était élue à l’Académie française, comme une des théoriciennes de la « littérature migrante », promouvant l’image de l’écrivain sans frontières. En Algérie, cette conception de la littérature et de l’écrivain, coupés de leurs racines et de leur histoire, retarde l’émergence d’un espace littéraire national autonome. Elle est discutée dans plusieurs de mes études, notamment dans mon ouvrage Engagements. Une critique au quotidien (Médersa, 2014).

Lorsque l’intelligentsia d’Alger se taisait, j’ai défendu et honoré l’algérianité de l’écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri, que lui déniait l’écrivain et journaliste Tahar Benaïcha. J’ai, souvent, soutenu, seul, la contradiction à Boualem Sansal et Kamel Daoud, écrivains sans talent, portés littéralement par l’établissement français, armés face à leurs compatriotes par le lobby sioniste des lettres françaises dirigé par l’écrivain Pierre Assouline, sanctifiés par le philosophe aux mains sales Bernard-Henri Lévy.

L’Algérien, qui n’est pas sorti de la colonie, même s’il ne l’a pas connue, donne raison aux analyses d’Albert Memmi sur les décolonisations ratées, notamment au Maghreb (Cf. Portrait du décolonisé arabo-musulman et de quelques autres, Paris, Gallimard, 2004), il chérit et adore tout ce qui est consacré par l’ancien colonisateur, la France, sans recul critique, sans en rechercher les tortueux soubassements. C’est l’ancien chroniqueur du « Monde », Éric Chevillard, qui torpille la langue de Yasmina Khadra « qui écrit faux comme une casserole » (Cf. Défense de Prosper Brouillon, Paris, Noir sur Blanc, 2017) ; c’est Françoise Nyssen, patronne des éditions Actes Sud, actuelle ministre de la Culture du président Macron, qui reconnaît le travail de « réécriture » de son équipe éditoriale du Meursault, contre-enquête (2014), premier opus de Kamel Daoud ; ce sont les propres protecteurs de Boualem Sansal, membres du jury Goncourt, qui déplorent l’inanité de son style de bureaucrate infatué. Lorsque j’avais signalé ces déconvenues de nos « grands écrivains » dans des journaux algériens, bien avant ces Français bien intentionnés, les bonnes âmes et les dîneurs affétés des cantines bourgeoises d’Alger m’avaient accusé de jalousie. Ces combats pour la culture nationale algérienne n’appartiennent pas à Kadour Naïmi. Il était en voyage, ailleurs. Alors passons.

3) Une improbable querelle de mots. Au fond, cet échange avec Naïmi ne serait qu’une querelle de mots. Il me reproche ainsi de l’avoir qualifié de « tribunitien », un terme qui ne figure pas dans les dictionnaires qu’il a consultés sur le Net. En fait, il est bien mentionné dans les dernières éditions de dictionnaires français disponibles dans les librairies algériennes. Il est ainsi attesté par « le Robert » dans sa forme adjectivale : « du tribun, de l’art populaire » (2017, p. 1962). Le processus de transformation de la langue intègre souvent le passage de la forme adjectivale à la forme substantive ; cela s’appelle une substantivation, phénomène courant de néologie. Ainsi, lorsque dans le contexte politique, on parle d’un « rouge » – qui horripile Naïmi, s’il est Algérien ou Italien –, il s’agit moins de tonalité chromatique (adjectif) que d’affiliation politique à un parti de la gauche communiste (substantif). La reconnaissance et la confirmation de ces transformations linguistiques par les dictionnaires de langue est lente et il convient de signaler que la totalité des mots nouveaux introduits dans leurs éditions annuelles est rejetée par l’Académie française, gardienne de l’orthodoxie lexicale. Ces derniers mois, il est possible d’observer la semblable transformation lexico-sémantique dans les discours politiques et dans les médias : le  « tribunitien » se rattache à l’art de la tribune ; c’est bien ce qui caractérise Kadour Naïmi, « ergotant » – c’est son propre terme – pendant trois mois, d’avril à juillet 2018, sur le terme « harki » dans Algérie patriotique et dans Le Matin d’Algérie.

L’usage du concept « mtorni » sur lequel Naïmi me reprend relève du processus de signification (ou valeur) des mots. Des lecteurs, réagissant à ma « Mise au point », l’ont situé dans son sens premier, celui de la conversion au christianisme, œuvre de la mission évangélique des Pères blancs dans l’Algérie coloniale. Il me semble avoir bien expliqué dans mes contributions le sémantisme de « mtorni », une réalité conceptuelle nouvelle dans le champ culturel algérien, un glissement fondamental d’opinions, d’idéologies et de statut, signalant dans les exemples traités le mouvement de l’Algérie vers la France, avec ce que cela engage de retournement, toujours propitiatoire – et, pas seulement dans le cas du dramaturge Slimane Benaïssa, assurant la défense et illustration de l’interculturel et du « métissage culturel ». Un même signifiant donc, deux signifiés, de la période coloniale à la période actuelle. L’idée de transfert, de déplacement, présente dans le sème principal du vocable de la période coloniale, ne signale plus un fait religieux mais un marqueur sociopolitique.

J’avais utilisé, au début des années 2010, dans différentes contributions dans la presse nationale le terme « harki » pour désigner par analogie la transition du fusil à la plume, armes électives du mercenaire. Je notais ainsi à propos de la plus vindicative opération de dénationalisation des littératures de langue française dans le monde : « La ‘‘littérature-monde en français’’, dans son scénario algérien, est au mieux un enrôlement crépusculaire de harkis, spadassins de la plume après l’avoir été du sabre et du fusil. Et Sansal, dans une fumeuse logique de carrière qui ne recule devant aucune forfaiture, en est la recrue la plus extravagante. (« Quand Boualem Sansal veut ‘‘déradicaliser’’ la critique », Reporters [Alger], 17 avril 2016). Le romancier Rachid Boudjedra a apporté dans Les Contrebandiers de l’Histoire (Tizi Ouzou, Les Éditions Frantz Fanon, 2017) de précieux éclaircissements à ce débat sur les défections à la nation algérienne, à sa culture, plus spécialement à sa littérature.

« Harki » est un terme du mouvement national algérien avant d’être intégré dans le langage politique après l’indépendance. En Algérie, c’est une expression péjorative ; en France, c’est une qualification administrative attribuée à des mercenaires indigènes de l’Armée française, transplantés, au lendemain  de la proclamation du cessez-le-feu, dans ce pays et parqués dans des forêts et des hangars désaffectés de friches industrielles. Contrairement à l’Algérie, le terme « harki » n’a pas un sens disruptif en France, puisqu’il est accepté par les descendants directs des soudards de l’Algérie française (Cf. Fatima Besnaci-Lancou, Fille de harki, Paris, Éditions de l’Atelier, 2005). On peut en relever des emplois différenciés en France et en Algérie, mais son usage universel n’est pas établi : les présidents Poutine (Russie), Xi Jinping (Chine) et Trump (USA) ne l’ont pas inscrit dans leur vocabulaire. Et ne le feront jamais.

 Toujours dans le discours de Naïmi, mais aussi dans celui des lecteurs d’Algérie patriotique et du Matin d’Algérie, le mot « exil ». Naïmi utilise une sorte de circonvolution, introduisant la notion d’« éloignement géographique » (AP, 15 juillet 2018). Dans les dictionnaires de langue, l’exil prend le sens d’« expulsion de la patrie avec la défense d’y retourner » (« Le Robert », 2017, p. 716) ; il peut aussi être un « exil volontaire ». Mais malgré les interdictions décrétées, l’exilé a toujours enracinée en lui l’idée du retour dans la patrie. J’ai déjà cité dans de précédentes contributions les cas, largement discutés dans l’histoire, de Lénine et Ho Chi Minh, et dans l’Algérie contemporaine, de Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf, Ahmed Ben Bella, opiniâtres exilés politiques, irrémédiablement algériens dans la terrible adversité de pouvoirs qui ne les ont pas épargnés. Et dans l’histoire de la littérature mondiale, il y a des parcours édifiants d’écrivains exilés : les Français Victor Hugo à Guernesey et Georges Bernanos à Rio de Janeiro, le Chilien Pablo Neruda à Paris, le Colombien Gabriel Garcia Marquez à Madrid, L’histoire a tourné et ils sont rentrés chez eux sans l’ombre d’une défection. L’exilé n’est pas une personne qui quitte volontairement son pays pour rechercher ailleurs une meilleure vie et prendre une nouvelle nationalité ; il ne peut être assimilé juridiquement à un naturalisé, qui a opté pour un résolu saut de frontières. C’est précisément ce qui caractérise Slimane Benaïssa, Anouar Benmalek, Salim Bachi, Mohamed Kacimi, Merzak Allouache, Sid Ahmed Aggoumi, Mohamed Sifaoui, et bien d’autres, toujours bienvenus et honorés dans une Algérie officielle sans mémoire, qui oublie – et absout ? – leur défection et les replace sur scène pour d’inénarrables comédies. Alors, pour rejoindre et saluer l’écrivain et blogueur Youcef Benzatat, j’ose la question : c’est quand Madame Lila Haddad Lefèvre ? Du persiflage ? Il faut bien avoir lu les déclarations souillées de haine sur l’Algérie et les Algériens de certains de ces mtornis devant lesquels les propos de la journaliste belge d’origine algérienne seraient des gazouillis de moineau à la presqu’aube.

L’aggiornamento national

Comment Kadour Naïmi peut-il s’étaler aussi longuement sur les « harkis » ? Quelle est sa compétence pour traiter de ce sujet ? Est-il historien, sociologue, psychologue ? Il n’y a rien, en vérité, qui puisse l’accréditer à publier un feuilleton de seize numéros sur un thème qui lui échappe, qu’il nourrit de ses fantasmes politico-culturels. À partir de quel réel se positionne-t-il ? J’ai insisté dans ma « Mise au point » sur cet arrière-plan moral : lorsqu’on s’adresse aux Algériens dans un débat public, il faut leur dire qui nous sommes et d’où nous venons. Naïmi fournit une réponse biaisée. Il évoque un exil – qui semble si définitif pour ne plus l’être – et se couvre d’un subtil « éloignement géographique ».

J’ai découvert récemment et incidemment, avec un profond effarement, que Kadour Naïmi est un Italien d’origine algérienne, « un citoyen italien », correspondant pleinement à la définition du mtorni que je propose. La notice biographique de l’intéressé, consultable sur le Net, est publiée à l’occasion de la parution dans son pays d’adoption d’une nouvelle : « Kadour Naïmi, d’origine algérienne, est citoyen italien. Lettre de Rome d’un E-C est sa première nouvelle publiée. Il est auteur et metteur en scène de théâtre, ainsi que scénariste et réalisateur de documentaires et de films. Il a également publié des articles de sociologie. D’autres informations sont disponibles sur son site professionnel ». Voici le cheval de Troie, hideux masque sur la triste figure du naturalisé, qui finit par tomber. Un naturalisé italien qui fait la leçon aux Algériens sur les « harkis » ? Il aurait été plus indiqué, par respect envers ses lecteurs algériens et le pays qui l’a accueilli et lui a accordé sa nationalité, que Kadour Naïmi dise d’où il vient, qui il est. Il y a, en l’espèce une tromperie, une horrible tromperie. Lorsqu’on a pris la nationalité de la France ou de l’Italie, comme c’est le cas pour Benaïssa et Naïmi, qu’on vit au cœur de ce retournement, cela suppose une loyauté à toute épreuve pour se ranger derrière un drapeau, un hymne, une histoire.

Lorsque je débattais avec Kadour Naïmi dans les pages d’Algérie patriotique et dans des mails, il était le compatriote qui rattachait son nom à la sympathique expérience du « Théâtre de la Mer ». Poursuivre une discussion avec l’inattendu mtorni Naïmi, ce serait banaliser le fait.

Il y a une conclusion essentielle à tirer de ce débat. L’idée de nation et d’identité nationale reste opaque pour l’extrême majorité des Algériens ; elle ne leur a pas été enseignée par l’École pour faire partie de leur culture (certains diraient ADN ou logiciel), ni par le milieu familial et la société. Même ceux qui appartiennent à la première génération de l’indépendance ont déserté en masse le pays lors de la mortelle dérive antinationale des années 1990 (islamisme, vagues continues d’émigration, naturalisations massives) pour jeter dans les caniveaux d’Europe, de France particulièrement, leur identité originelle. Naïmi aurait l’excuse de l’avoir fait bien avant eux… Combien d’Algériens savent ce qu’est une patrie, ce qu’elle représente. Cette défaillance s’observe dans des réactions de lecteurs : qu’un Algérien prenne la nationalité d’un autre pays est vécu par eux comme une promotion, parce qu’ils n’y ressentent pas une défection au pays commun, à son histoire et son devenir. Ils peuvent encore s’enflammer pour un chanteur d’origine algérienne, naturalisé français, puis marocain, qui n’hésitera pas à prendre une quatrième nationalité. Sans doute, un héros. Que Slimane Benaïssa revienne présider le Festival international du théâtre de Bejaia et Merzak Allouache le Festival du film arabe d’Oran, manifestations culturelles gouvernementales, cela ne relève que de leur art. Non, le mtorni n’a jamais trahi, il n’a fait que quitter ce pays aux appellations barbares que taguent les jeunes sur les murs de nos cités.

Que penser, en cet été 2018, de ces drapeaux algériens dans les stades russes de la Coupe du monde de football encourageant l’équipe de France et fêtant dans les rues de Paris sa victoire ? L’Algérie reste symptomatiquement un morceau de l’ancien empire colonial français et l’ambassadeur de France à Alger, maître des visas, est dans l’esprit de beaucoup d’Algériens plus important que le président de la République et son gouvernement. Il est loisible, pour certains, d’opposer désormais à l’idée arriérée, antimoderne, de nation et d’identité nationale la guerre de conquête de l’espace et son progrès technologique où ni la France ni l’Europe unie n’ont leur place, qui ne concerne que trois pays dans le monde, les États-Unis d’Amérique, la Russie et la Chine, qui triompheront sur la lune ou sur Mars avec leur drapeau, leur hymne et leur histoire. Ni les citoyens de la Grande Amérique ni ceux du plus petit État du monde n’abdiquent leur identité et nationalité, des Algériens, de plus en plus nombreux, peuvent le faire sans état d’âme. Pour beaucoup d’entre eux, qui ont transmis cette fêlure à leurs enfants, la blessure quasi-pathogène de la rupture coloniale reste ouverte, cinquante-six après l’indépendance de leur pays à laquelle ils ne croient pas. Et leur propension à s’enrôler dans la « harga » pour changer de vie et de pays est une menace potentielle de millions de migrants aux portes de l’Europe. Dans les nations avancées, la loyauté envers son pays se mérite. On en est éloignés.

(*) Professeur de l’enseignement supérieur, écrivain et critique.

PS | Ce droit de réponse, adressé le 18 juillet 2018, a été censuré par Algérie patriotique qui publie deux jours après un poème de Kadour Naïmi dans lequel il me répond – indirectement – sur son identité juridique. Il n’écrit pas expressément qu’il n’est pas Italien, il ne dément rien, ce qui serait clair. Il exprime dans un poème testamentaire (« À la vie ! ») une nostalgie du cimetière d’Oran « au soleil et le plus près de la mer ». Mais ce n’est qu’une image faible poétiquement. Il ajoute, toutefois : « Si vous m’incinérez | parfumez mes poussières | et répandez-les dans l’air ».

Dans les pratiques funéraires musulmanes, il n’y a pas d’incinération, admise dans les rites chrétiens ou agnostiques. Là est la duplicité de Naïmi, éperonnant son cheval de Troie. Qu’il ait le courage d’écrire publiquement qu’il n’est pas un citoyen italien, résidant dans ce pays depuis bientôt un demi-siècle. Matteo Salvini, l’actuel ministre de l’Intérieur d’extrême droite, traqueur de migrants, se ferait un plaisir de lui répondre et de le confondre. Naïmi est un activiste connu de l’extrême gauche italienne, un habitué de ses publications maoïstes, dont il utilise les techniques de communication et d’agit-prop éprouvées. Il le fait si bien pour subjuguer, ici et là, des lecteurs.

Auteur
Abdellali Merdaci (*)

 




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Opération de démolition de plus de 350 habitats illicites à Batna

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Urbanisme

Opération de démolition de plus de 350 habitats illicites à Batna

La wilaya de Batna, notamment les quartiers nouvellement créés à proximité du centre-ville du chef-lieu de wilaya, est en train de vivre de grands changements au niveau de l’urbanisation et par voie de conséquence au niveau social et économique.

Cette fois-ci aucune des constructions illicites n’a été épargnée. Une opération ciblée est menée depuis le 17 décembre 2017 à ce jour, a-t-on appris auprès des services techniques de l’APC de Batna. Selon nos sources, il a été procédé à une opération de démolition de 350 habitats illicites sur décisions des autorités administratives.

Sachant que ces constructions ont été réalisés illicitement à travers plusieurs quartiers du centre-ville, tels que la route de Tazoult, quartier Saddek Chabchoub, cité les frères Lambarkia, quartier Salsabil, Cité Tamachite, 1 et 2. Nous avons appris que ces constructions ont été bâties pour certaines durant la nuit et les week-ends. Plus grave, il y en a qui ont été construites directement  sur des pipelines (conduite de gaz ) et d’autres sur les conduites d’eau.

A noter, que depuis son installation, le  wali de Batna Siouda Abdelkhalek a décidé la démolition de plusieurs constructions non seulement illicites mais aussi considérées comme des points noirs à travers la wilaya. A commencer par la démolition de vieux marchés Souks dit “Chiffonne”, et l’autre marché  de vieux meubles. Un autre marché de 49 baraques installé depuis les années 1980, considéré comme point noir en plein centre-ville de Batna a été également rasé, l’espace gagné va permettre le désengorgement et la libre circulation des usagers et les voitures.

D’autres structures qui ne servaient presque à rien ont été  également  affectées à des administrations fonctionnelles qui se trouvent actuellement  dans le besoin.  Interrogé à ce propos, le premier responsable de la wilaya a indiqué au Matin d’Algérie lors d’un point de presse, que la  gestion déléguée ne pourra pas être une réussite tant que les commissions de contrôle et de suivi ne font pas leur travail. Au pire des cas, si nous n’agissons pas dans l’immédiat,  Batna sera complètement rongée par les constructions illicites et les quartiers délabrés.

Batna

Il n’y a pas que le centre-ville qui soit touché par le phénomène. Des bidonvilles sont apparus un peu partout à proximité de la ville, tels que  (Tamachite, quartier sud, Kharriette Elhamas, cité Arar et la route de Tazoult, souligne-t-il.  Pour ainsi dire, d’autres opérations de démolition d’habitats et autres érigés sur des assiettes de terrain appartenant  à la direction du domaine et à la conservation des biens d’Etat ont créé ces derniers temps ,une grande polémique dans la wilaya de Batna. Saisies de cette question, les autorités locales auraient reçu des instructions fermes pour la démolition de ces constructions, a-t-on appris auprès de la même source. Affaire à  suivre…

Auteur
Abdelmadjid Benyahia

 




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Les médicaments à base de Valsartan retirés de la vente des pharmacies

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Santé

Les médicaments à base de Valsartan retirés de la vente des pharmacies

Le ministère de la Santé a annoncé jeudi sa décision de retirer, « sur la base du principe de précaution », les lots de 16 spécialités pharmaceutiques à base de Valsartan (seul ou en association).

Cette impureté, qui a été identifiée au cours de la fabrication de la substance active par le laboratoire chinois, est classée comme probablement cancérogène mais elle ne représente pas de « risque aigu pour le patient », assure-t-on de même source.

La décision de retirer ces lots des laboratoires Inpha Medis, Merinal, Nad Pharmadic et Taphco intervient suite à l’alerte internationale mettant en garde contre la présence d’une impureté appelée « N-nitroso diméthylamine (NDMA) » contenue dans une substance active fabriquée par la société chinoise Zhejiang Huahai Pharmaceuticals, a précisé le ministère de la Santé dans un communiqué.

Dans ce cadre et à l’instar de ce qui se fait à l’échelle mondiale, le ministère de la Santé a instruit les directeurs de la santé et de la population des wilayas, la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), les fabricants locaux concernés, les officines pharmaceutiques ainsi que les opérateurs en charge de la distribution de procéder au « retrait immédiat des lots des 16 spécialités pharmaceutiques concernés par le défaut de qualité ».

Le Valsartan est indiqué dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque, de l’hypertension artérielle ou de l’infarctus du myocarde récent.

« Comme il s’agit d’un retrait basé sur le principe de précaution, les patients qui suivent un traitement à base de Valsartan ne doivent prendre aucune décision sans en référer à leur médecin traitant concernant la conduite à tenir », a préconisé le ministère.

Auteur
APS

 




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Le festival Raconte-Arts à Tiferdoud : 420 artistes pour des animations éclectique

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Animation

Le festival Raconte-Arts à Tiferdoud : 420 artistes pour des animations éclectique

Le coup d’envoi de la 15ème édition du festival Raconte-Arts a été donné jeudi soir au village Tiferdoud (70 km au Sud-est de Tizi-Ouzou), en présence d’une multitude d’artistes et de citoyens venus des quatre coins du pays.

La manifestation organisée par la Ligue des arts cinématographiques et dramatiques de Tizi-Ouzou, et qui s’étalera jusqu’au 26 juillet avec la participation de pas moins de 400 artistes venus de toutes les régions du 

pays et de plusieurs pays étrangers constitue « un hymne à la citoyenneté », a indiqué, Arezki Diche, président de la Ligue des arts cinématographiques et dramatiques.

De son côté, M’barek Menad, membre de la ligue organisatrice souligne que c’est là « un nouveau défi que nous (les organisateurs) relevons aujourd’hui en perpétuant l’existence de cette dynamique enclenchée il y a 14 ans et qui suscite toujours un intérêt vivace auprès des citoyens ».

Dès les premières heures de la journée des groupes de racontaristes, artistes et citoyens, ont commencé à affluer vers le village Tiferdoud, dont l’ensemble des habitants se sont mobilisés pour la réussite de la manifestation. « C’est un honneur pour nous d’accueillir la manifestation et nous avons mobilisés tous les moyens, humains et matériels, nécessaires pour sa réussite », indique Mohamed Salem Sadali, membre du comité du village.

Présent sur les lieux, le président de l’Assemblée populaire de wilaya (APW), Youcef Aouchiche, a salué l’initiative en relevant que « pareilles manifestations sont à encourager car elles renforcent le lien social et ravivent la participation citoyenne dans la gestion de la chose publique », affirmant que l’institution qu’il préside « est prête à accompagner et soutenir ce genre de festivités ».

Intitulée « Tizi n laryah » (Les vents hurlants), cette 15ème édition accueille pas moins de 420 artistes, dont une centaine d’étrangers, de différentes disciplines artistiques. Les artistes nationaux participant à cette édition « viennent des quatre coins du pays et représentent différentes disciplines, tandis que les étrangers viendront de cinq pays à savoir la « France, l’Italie, l’Espagne, la Russie et deux artistes du Congo, a-t-on appris auprès des organisateurs.

Un riche programme tout en couleurs et en sonorités a été concocté pour cette édition comprenant de la musique, du théâtre, de la peinture, du conte, de la poésie et pour la première fois, a-t-on souligné, « un atelier de cirque destiné aux enfants ».

Il est, également, prévu tout au long de ce festival, une série de conférences et tables rondes qui traiteront de divers sujets en relation avec la vie en société et le développement de la citoyenneté, dont l’une sera consacrée aux « modes de structurations traditionnelles dans la société algérienne », à travers une analyse de la Siga, dans l’Ouest du pays, la Azaba, dans la région de Ghardaïa, et Thajmaath, en Kabylie.

Auteur
APS

 




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