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Donald Trump mettra-t-il un terme à la crise entre le Maroc et l’Algérie ?

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Drapeau

Une déclaration inattendue relance, ce lundi 20 octobre, les spéculations autour d’un possible rapprochement entre Maroc et Algérie. L’homme d’affaires américain Steve Witkoff et l’ancien conseiller spécial de la Maison-Blanche Jared Kushner ont affirmé qu’un accord de paix entre les deux pays voisins serait “imminent”.

 Dans une interview accordée à la chaîne CBS, Witkoff a déclaré : « Nous travaillons actuellement sur le dossier Algérie-Maroc. Notre équipe y est engagée et, à mon avis, il y aura un accord dans les soixante prochains jours. »

L’homme d’affaires a même précisé qu’il s’agissait, selon ses termes, d’un « accord de paix historique », censé mettre fin à des décennies de tension entre les deux voisins maghrébins.

Cette annonce intervient alors que les relations entre Alger et Rabat sont gelées depuis plusieurs années. Les deux pays n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 2021, et la frontière terrestre reste fermée depuis 1994. Le principal point de discorde demeure la question du Sahara occidental, dossier hautement sensible qui a empoisonné les relations bilatérales depuis l’indépendance des deux États.

Si un tel accord venait à se concrétiser, il constituerait un tournant historique pour la région, rompant avec plus d’un demi-siècle d’une crise grave, avec fermeture des frontières, renvoi des ambassadeurs, le tout sur un fond trouble de rivalités politiques et géostratégiques.

La diplomatie parallèle version Trump

Ni Witkoff ni Kushner n’occupent de fonctions officielles au sein de l’administration américaine actuelle. Toutefois, leur influence découle de leur rôle central dans les Accords d’Abraham de 2020, qui avaient conduit plusieurs pays arabes à normaliser leurs relations avec Israël.

Cette nouvelle initiative s’inscrit dans une logique de diplomatie parallèle, souvent utilisée par Donald Trump pour avancer ses priorités géopolitiques en marge des canaux diplomatiques traditionnels. Elle pourrait aussi servir ses ambitions politiques alors qu’il cherche à consolider son image de négociateur international.

Malgré cet optimisme, la route vers un accord de paix reste semée d’embûches. Les positions sur le Sahara occidental demeurent profondément antagonistes, et la méfiance accumulée depuis des décennies ne saurait être dissipée en quelques semaines. Aucune réaction officielle n’a, pour l’heure, été enregistrée ni à Alger ni à Rabat.

Les analystes soulignent toutefois que cette médiation américaine pourrait ouvrir une fenêtre diplomatique, à condition qu’elle s’accompagne d’une réelle volonté politique des deux capitales.

Une Afrique du Nord à la croisée des chemins

Un accord, s’il venait à voir le jour, pourrait redessiner les équilibres régionaux et redonner corps à des projets de coopération maghrébine longtemps gelés. La réouverture de la frontière terrestre constituerait un signal politique fort et un levier économique majeur pour les deux pays.

Reste à savoir si l’annonce de Witkoff et Kushner marque le début d’un processus diplomatique sérieux ou s’il s’agit d’un simple effet d’annonce. Une chose est sûre : le dossier algéro-marocain est désormais au centre d’un nouvel épisode de la diplomatie américaine — avec Donald Trump en toile de fond.

La rédaction

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France : la défiance à l’égard des institutions et personnels politiques atteint des records, selon un sondage

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Macron
Macron

Cette étude d’Ipsos révèle notamment une perte de confiance envers Emmanuel Macron qui tombe à son plus bas niveau (22%), soit une chute de 22 points depuis 2017.

La crise politique a des conséquences importantes sur la confiance des Français. Selon une étude annuelle Ipsos BVA, publiée lundi 20 octobre, la défiance envers les institutions et le personnel politique a sensiblement augmenté en 2025, dans un climat d’instabilité persistante.

Cette étude pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès, le Cevipof et l’Institut Montaigne, nommée « Fractures françaises », révèle un rejet croissant de tout l’écosystème politique, illustré par la confiance envers la présidence de la République qui tombe à son plus bas niveau (22%), soit une chute de 22 points depuis 2017. Les partis politiques restent, eux aussi, massivement rejetés, avec à peine 10% de confiance (-4 points par rapport à 2024), un étiage jamais constaté depuis 2019.

Avant la démission de Sébastien Lecornu le 6 octobre, qui est depuis redevenu Premier ministre, 77% du panel interrogé a déclaré ne pas faire confiance à l’Assemblée nationale. Un résultat qui grimpe à 83% après cette même démission. Malgré l’instabilité, les Français demandent pour 43% une nouvelle dissolution de l’Assemblée (+12 points par rapport à l’automne 2024), et 58% appellent à une démission d’Emmanuel Macron (+6 points).

Les maires et le RN surnagent dans la période

Au-delà des institutions, la confiance accordée aux hommes et femmes politiques semble brisée : 87% des Français estiment qu’ils agissent principalement pour leurs intérêts personnels (+4 points depuis 2024), et 66% pensent qu’ils sont corrompus (+3 points).

A cinq mois des prochaines élections municipales, les maires apparaissent comme les derniers acteurs politiques qui conservent encore un véritable crédit auprès de la population, avec près de sept Français sur dix (68%) qui leur font confiance, un score qui reste loin devant toutes les autres institutions nationales.

Autre exception : l’image du Rassemblement national, qui continue de s’améliorer. Ainsi, 47% des Français estiment désormais que le RN est « capable de gouverner le pays », soit une hausse de 3 points depuis 2024. Ils sont aussi 42% à juger que le RN est le parti le plus proche de leurs préoccupations.

Le parti à la flamme reste jugé « dangereux pour la démocratie » pour 49% des sondés, et « xénophobe » pour 47%. Soit le plus bas niveau pour ces questions depuis le début de l’étude en 2014.

L’enquête a été réalisée en ligne du 1er au 9 octobre 2025, auprès d’un échantillon de 3 000 personnes représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. La marge d’erreur est comprise entre 0,4 et 1,8 point.

Francetvinfo

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La Tech, l’or et la « légitimité » des Etats : le triangle du XXIᵉ siècle

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Marché financier
Image par Pete Linforth de Pixabay

Jamais les marchés n’auront autant incarné nos contradictions. Alors que les actions des géants de l’Intelligence Artificielle (IA) s’envolent —Nvidia +1530 %, Palantir +2265 % en trois ans —, l’or atteint simultanément des sommets historiques à 4 250 dollars l’once, une envolée de +157 % sur la même période.

La planète financière célèbre le triomphe de la raison artificielle tout en se ruant vers le refuge le plus archaïque qui soit, comme si l’avenir prometteur des transformations de l’IA et la fin du monde cotaient désormais sur le même marché.

Deux actifs censés s’exclure montent ensemble : le risque et la peur, la promesse du futur et la couverture contre la fin.

Les investisseurs n’ont plus une foi unique, ils en ont deux, contradictoires mais simultanées. Ils croient à la toute-puissance du code informatique et à la fragilité de la civilisation. Ils misent sur l’intelligence artificielle pour reconstruire la croissance, et sur l’or pour survivre à l’échec de cette promesse.

Ce qui se joue ici dépasse les courbes : c’est le récit même du capitalisme contemporain qui vacille. Là où autrefois le progrès et la stabilité marchaient main dans la main, ils avancent désormais dos à dos.

La foi du Nord : l’algorithme comme religion

Les investisseurs des pays développés s’abandonnent à une nouvelle mystique, celle de l’intelligence artificielle. Ils croient que les machines sauveront la croissance, que les algorithmes répareront ce que les gouvernements ont détruit, et que les data remplaceront la diplomatie. Le progrès technique devient la dernière idéologie universelle, une théologie du calcul où le code se substitue à la loi, et la prédiction à la politique.

Les ingénieurs remplacent les hommes d’État comme gardiens du destin collectif.
Les citoyens doutent des institutions, mais croient aux mises à jour logicielles.
Les investisseurs ne font plus confiance aux devises, mais aux start-up.
Le capitalisme ne cherche plus à produire, il cherche à croire.

Pour la première fois depuis la machine à vapeur, le capitalisme s’imagine infini.
L’intelligence artificielle promet d’abolir la rareté, la fatigue, l’erreur — jusqu’à la mort du doute.
Les bénéfices futurs sont actualisés à l’infini, comme si la technologie annulait le temps.
Les marchés, eux, se sont faits métaphysiques, s’ils pensent que l’IA peut tout prédire, alors plus rien ne peut surprendre — et donc tout vaut plus, les entreprises technologiques n’ont plus de prix.

Mais derrière cet enthousiasme algorithmique se cache un autre récit, celui du désespoir d’un monde qui ne croit plus en ses dirigeants. La Tech est devenue le dernier substitut à la confiance politique.

La détresse du Sud : des États devenus fantomatiques
Pendant que les investisseurs du Nord se laissent envoûter par les promesses de l’IA, les peuples du Sud, eux, fuient des États devenus fantomatiques, incapables de s’imposer comme entités tangibles : infrastructures en déliquescence, institutions minées par la suspicion, populations délaissées se repliant sur des réseaux informels ou choisissant l’exode.

À quoi bon un drapeau flottant au vent avec une monnaie nationale, si les territoires qu’il surplombe ne recèlent que du néant ?

Lorsque la protection, l’équité et l’espérance se réfugient dans des enclaves communautaires, des factions armées ou des migrations forcées, l’État se mue en abstraction bureaucratique – tolérée par les puissances étrangères, mais reléguée à l’insignifiance par ceux qu’elle devrait élever.

Aujourd’hui, la planète des investisseurs s’enflamme pour les promesses de l’intelligence artificielle, tandis que des centaines de millions de personnes dans le Sud Global cherchent encore un abri, une justice, une école ou un dispensaire pour se soigner.

L’Occident parie sur la machine ; le Sud réclame encore la légitimité de ses Etats.
L’un veut abolir les contraintes de la réalité, l’autre cherche simplement à en retrouver une.

Ce contraste n’est pas seulement économique, il est existentiel. Le Nord rêve d’un monde dématérialisé ; le Sud réclame encore de la matière — des routes, de la nourriture, de l’eau, de la dignité.

Les uns déploient des réseaux neuronaux ; les autres cherchent des réseaux électriques. Le fossé n’est plus entre riches et pauvres, mais entre ceux qui croient encore à la promesse d’un futur, et ceux qui peinent à tenir le présent.

L’or : la revanche du réel

Pendant que les entreprises de la Tech fabriquent des promesses, la planète redécouvre la plus vieille valeur refuge : l’or.
Le métal ne produit rien, n’innove pas, ne distribue aucun dividend ni intéret — et pourtant il redevient la seule vérité quand tout vacille.
Chaque lingot acheté est un aveu de doute, un bulletin de défiance silencieux.

La Chine, la Russie, l’Inde, la Turquie ou le Brésil en remplissent leurs coffres, c’est la dédollarisation par la gravité. L’or est la monnaie des nations méfiantes, des économies blessées, des peuples trahis. Dans les villages du Sahel ou les ruelles du Venezuela, il circule comme une contre-monnaie de la confiance. Quand la parole de l’État ne vaut plus rien, le métal pèse ce que la légitimité ne vaut plus.

Ainsi, la ruée vers l’or et la foi dans la Tech ne s’opposent pas, elles se complètent.
Elles disent la même chose que le monde a perdu confiance.
Le Nord se protège de la faillite du système ; le Sud, de la faillite de l’État.
Les uns achètent des puces ; les autres, de la poussière d’or. Mais tous achètent la même chose : une assurance contre la fin.

Deux faillites jumelles : celle des monnaies et celle des États

Ce que les marchés vivent sur les écrans, les peuples du Sud le vivent dans la chair.
La perte de confiance monétaire et la perte de légitimité politique ne sont que les deux faces d’un même effondrement économique, politique et moral.
Là où les investisseurs n’ont plus foi en la valeur de leurs monnaies, les citoyens n’ont plus foi en la parole de leurs gouvernants. Le capital symbolique – celui de la confiance – s’est évaporé.

Le résultat est identique : la fuite

Fuite vers les cryptos ou vers les exils. Fuite des capitaux au Nord, des cerveaux au Sud. Les deux mondes fuient la même chose, la promesse trahie d’un ordre stable. Il n’y a plus d’hommes ou femmes d’Etat, il n’y a dans plusieurs pays que des gestionnaires du déclin ou des comptables du chaos.

Dans les marchés comme dans les institutions, la crédibilité s’est dissoute.
Et dans cette érosion, l’humanité redécouvre son vide : sans foi, il n’y a ni monnaie, ni État, ni avenir.

La légitimité : la vraie valeur refuge

La seule ressource durable du XXIe siècle, ce n’est ni le pétrole, ni le lithium, ni les data, c’est la légitimité. C’est elle qui convertit le pouvoir en autorité, la richesse en prospérité, la loi en justice. Sans elle, les États se désagrègent en zones grises, et les marchés se perdent dans les bulles.

Dans le Sud global, la légitimité devient la frontière entre l’effondrement et la renaissance. L’Indonésie ou Singapour l’ont compris, la confiance se gagne par la performance, l’inclusion et la justice.
Un État est légitime, non pas parce qu’il est reconnu internationalement, mais parce qu’il répond aux besoins de ses citoyens. Un peuple ne croit pas à un drapeau, mais à une promesse tenue.

Demain, la technologie construira des outils, mais seule la confiance construira des nations. L’intelligence artificielle pourra anticiper des famines, prévenir des crises, détecter la corruption, mais encore faut-il que les gouvernants veuillent s’en servir pour le bien commun. La technologie sans légitimité des Etats n’est qu’un pouvoir sans boussole.

Le Sud, laboratoire de la refondation mondiale

C’est au cœur de l’instabilité que naissent les grandes renaissances.
Et si la fracture du Sud global, loin d’être une fatalité, devenait l’opportunité fondatrice du XXIᵉ siècle ?
Berceau des défis majeurs de notre temps — climatiques, démographiques, technologiques —, le Sud n’est pas condamné à subir le désordre du monde, il peut en devenir l’architecte du renouveau.

Déjà, des expériences émergent : plateformes citoyennes pour suivre la gestion des budgets publics, IA prédictives pour anticiper les famines ou les sécheresses.
Autant d’initiatives qui prouvent qu’une autre modernité est possible, enracinée dans la réalité du terrain.

Le Sud peut ainsi transformer la technologie en instrument de légitimité, et non en bulle spéculative. Car l’innovation, lorsqu’elle sert la justice, la transparence et la dignité, devient le ciment d’un nouvel ordre mondial, un ordre fondé sur la confiance, non sur la domination.

Le monde de demain ne se divisera plus entre riches et pauvres, mais entre sociétés crédibles et sociétés désavouées, entre celles qui inspirent confiance et celles qui la perdent.
Et sur ce terrain décisif, le Sud détient un avantage, celui d’avoir connu la fragilité, et d’avoir appris à rebâtir.

Le Sud pourrait réconcilier progrès et légitimité, technologie et humanité.

Enfin, le XXIᵉ siècle s’ouvre sur une équation inédite : la technologie promet l’infini, l’or rappelle la peur, et la légitimité des Etats devient la condition de survie.
Entre la foi dans les machines et la fuite vers les refuges anciens, l’humanité cherche un cap — un sens, une boussole, un horizon commun.
Or, cette boussole ne se trouve ni dans les algorithmes ni dans les lingots d’Or, mais dans la confiance retrouvée entre les peuples et leurs États.
C’est elle, et elle seule, qui transformera la puissance en civilisation, la richesse en avenir, le progrès en justice. 

Ould Amar Yahya

Economiste, banquier et financier

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Nicolas Sarkozy : l’Élysée, la Santé et Monte-Cristo

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Nicolas Sarkozy

Avant d’entrer à la prison de la Santé, Nicolas Sarkozy a rencontré Emmanuel Macron. Parmi ses trois livres autorisés, il a choisi Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas et La Vie de Jésus de Jean-Christian Petitfils. Entre grandeur et chute, la politique rejoint la littérature.

Vendredi 17 octobre, Emmanuel Macron a reçu Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Une entrevue brève mais lourde de sens, quatre jours avant l’incarcération de son prédécesseur à la prison de la Santé. Le président de la République a justifié ce geste par une « attention humaine » envers un ancien chef d’État « dans l’épreuve », tout en rappelant son attachement à « l’indépendance de la justice ». L’équilibre est délicat : compassion personnelle d’un côté, neutralité institutionnelle de l’autre.

Le lundi suivant, l’ancien président franchissait une autre porte, celle de la prison. La France découvrait alors une image inédite : un ex-chef d’État condamné à une peine ferme pour corruption et trafic d’influence. Ce passage de l’Élysée à la Santé a tout d’une tragédie républicaine : la grandeur déchue, la solitude retrouvée.

Parmi ses rares occupations autorisées, Nicolas Sarkozy avait le droit d’emporter trois livres avec lui. Il a choisi les deux tomes du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas — vous savez, celui dont le héros Edmond Dantès est injustement emprisonné — et La Vie de Jésus de Jean-Christian Petitfils. Ce choix en dit long : la vengeance, la foi et la rédemption. Trois clés de lecture possibles d’un destin politique qui oscille désormais entre silence, réflexion et survie symbolique.

L’analogie avec Dumas s’impose presque d’elle-même. Dans son château d’If, Edmond Dantès médite sur la trahison et la justice des hommes. Sarkozy, enfermé dans sa cellule, peut y lire son propre reflet : celui d’un homme convaincu d’avoir été victime d’un système qu’il a, paradoxalement, contribué à construire. Le roman devient alors miroir : celui d’une République où la justice ne fait plus de distinction entre l’ancien locataire de l’Élysée et le citoyen ordinaire.

Ce tête-à-tête littéraire entre un détenu de fiction et un président déchu interroge. Que reste-t-il à l’homme de pouvoir lorsqu’on lui retire tout pouvoir ? Peut-être la lecture, dernier refuge des consciences en exil. Les Misérables pour croire encore à la rédemption, Surveiller et punir pour comprendre le mécanisme, ou L’Étranger pour accepter l’absurde.

Dans l’histoire, certains ont fait de la prison un lieu d’écriture : Gramsci, Genet, Mandela. D’autres y ont trouvé le silence. Chez Sarkozy, la question demeure : fera-t-il de cette épreuve une retraite spirituelle, une revanche politique ou une simple parenthèse ?

Mais une chose est sûre : entre les murs de la Santé, il ne sera pas seul. À ses côtés, Dumas lui tiendra compagnie — et Jésus, sans doute, lui prêtera quelques mots de consolation.

Et nous, simples spectateurs d’un chapitre inédit de la Ve République, nous pouvons au moins nous poser une question : si le sort nous enfermait à notre tour, quel livre choisirions-nous pour tenir debout ?

Mourad Benyahia

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 Rebond : La fabrique des crétins universitaires ! », dites-vous 

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Université algérienne

Cher Monsieur Gharnati, Enseignant retraité, je m’estime encore concerné par vos propos : « La fabrique des crétins universitaires ! » et ne saurais rester indifférent, sauf à renier mon passé d’écolier, de collégien…, d’universitaire.

Parcourant fiévreusement d’un trait votre texte, je l’ai perçu comme un pavé jeté dans la mare. Mais je crains que la mare ne soit trop visqueuse, trop engluée, pour pouvoir manifester un quelconque remous. Et c’est une mare vautrée au creux d’une léthargie bavarde que rien ne peut ébranler, une mare indifférente au reflet des saisons qui se mirent narquoisement à son aplomb, une mare déjà « glauque », affreusement eutrophisée et qui ne peut générer le moindre soubresaut vital qui reste à espérer …

Par-delà tout lyrisme, voilà mes objections énoncées en quelques alinéas qui pourraient vous paraître véhéments à l’endroit de votre pertinent billet, à savoir :

  • Portée de votre intitulé : « La fabrique des crétins universitaires ! »
  • « Crétins universitaires » ?
  • Télescopage entre foi et raison, au chant de قَسَمًا
  • Une polyphonie discordante
  • Un constat désobligeant
  • Au-delà de votre constat
  • Ce qui a échappé à votre constat 

Portée de votre intitulé : « La fabrique des crétins universitaires ! »

Vos propos portent essentiellement sur le corps enseignant, vaguement sur les institutions : ministre, wali, recteur sont évoqués du bout des lèvres. Vous aviez été sans doute vous-même universitaire, jusqu’à devenir un journaliste capable d’aligner des assertions percutantes. Et ce sont bien les enseignants universitaires qui vous ont formé au journalisme. N’est-ce pas ? Apparemment, ils vous ont suffisamment instruit à écrire drôlement bien, sur un ton plaisant et même sarcastique. Tous les ministres et directeurs centraux de la haute administration étaient des universitaires. Convenez donc que tous ces universitaires ne sont pas tous des crétins – et certainement pas des idiots. Il y a là un problème avec l’intitulé de votre article. Vous semblez restreindre le crétinisme exclusivement aux enseignants que vous pointez d’un doigt accusateur, les offrant en pâture…

« Crétins universitaires » ?

Ce n’est certainement pas la faute à l’Université que vous qualifiez « d’enclos pour adultes », ni au corps enseignant que vous stigmatisez de « chercheurs qui ne cherchent rien », si de très nombreux médecins, que vous traitez de « crétins universitaires », se trouvent au chômage, contraints de s’exiler. Le crétinisme prend racine bien plus loin, ailleurs que dans le champ universitaire, ici et là, dans la pesante oisiveté face à une grave carence d’activités socioculturelles. Vous semblez imputer le crétinisme exclusivement à une médiocrité des universitaires. Il y a certes des enseignants médiocres comme partout ailleurs. « Tous commandent, personne ne produit. », affirmez-vous d’emblée. Pas tous, seulement quelques-uns… Et en guise de production, ils co-signent les articles de leurs thésards : « les seuls qui subissent à genoux dans la poussière de [leur] fiches jaunies », reconnaissez-vous. Vous semblez ignorer qu’il y a de très bons enseignants, significativement nombreux, certes pas la majorité. Plusieurs universités sont de plus en plus visibles au-delà des frontières et reconnues par des publications dans des revues internationales de renom. 

Télescopage entre foi et raison, au chant de قَسَمًا

Le déroulement des exposés s’ouvre par un « mélange des genres : verset du Coran, hymne national » que vous dénoncez courageusement. Il y a là, en effet, un prosélytisme exhibé à tout bout de champ, pour intimider quelques velléités, parfois pour agresser quelques voix plus audacieuses. Un peu plus, et on obligerait le chirurgien à poser son scalpel, le temps de l’appel à la prière. Il y a là, comme vous le constatiez, une forme de « subvention » sur le serment de la foi, au mépris de « la substance » qui reste à générer scientifiquement par les voies de l’observation et de la déduction fondée en raison. Aujourd’hui encore, la religion s’interroge sur le rapport de la croyance à la raison déductive. Et c’est une question encore ouverte dont la réponse est loin d’être triviale. Entre science et religion, il y a une antinomie irréductible qui reste à considérer dans les limites de l’entendement, tout autant que celles de la foi. 

Une polyphonie discordante

Un tout autre mélange des genres, que vous dénoncez si bien, est le discours polyglotte, harassant, creux, en peine de consistance, en peine de substance, mixant l’anglais et le français truffé de dardja. Il est à craindre qu’on ne devienne analphabète trilingue, alors que nos voisins sont tout au moins parfaitement bilingues. Là est le mérite de votre implacable constat que nous ne saurions ignorer, ni même négliger. D’emblée, vous affirmez « qu’on ne [nous] lit nulle part ». Ayez maintenant la bienveillance de nous donner la possibilité de nous exprimer médiatiquement, comme vous l’aviez fait brillamment. C’est alors que vous pourriez aisément nous juger sur ce que nous écrivons. 

Un constat désobligeant

Par-delà votre ton éprouvé dans un réalisme cru par lequel vous dénonciez courageusement des comportements malsains (« doctorats achetés, plagiés, pléthore de docteurs, carence de penseurs …), j’ai trouvé dans votre amer perception quelques vérités irréfutables. Votre constat est bien réel. Et il faut bien le reconnaître, sauf à se boucher la vue. Cependant, votre appréhension de la vérité ne va pas plus loin que la description des faits que vous tentez de restituer objectivement. Et c’est déjà bien. Et vous êtes bien dans votre rôle ! En vous limitant sciemment à une description objective des faits – ce qui n’est pas toujours facile – votre constat ne parvient à proclamer qu’une demi-vérité. 

Votre billet décrit des faits largement connus. Votre mérite est d’avoir pointé des méfaits, sans pouvoir vous interroger fermement sur les circonstances qui les ont générés. J’ose espérer qu’ils susciteront des échanges constructifs. J’aurais voulu que votre constat eu été éprouvé par les enseignants eux-mêmes et d’expurger ainsi leur noble mission de pratiques malsaines. N’ayons crainte, le pouvoir a besoin de nos critiques pour mieux se regénérer…

Au-delà de votre constat

Il vous reste à avouer les causes. Les voici en quelques mots : Ce qui nous « manque cruellement », ce n’est pas tant « l’intelligence vivante », mais un projet de société possible et acceptable, fondé sur deux idées de base porteuses d’émancipation et d’espérance, à savoir : l’éducation et la santé. Là est notre prospérité, notre bien-être. Que serions-nous sans l’école, sans la médecine, sans l’université ? Là est la question fondamentale. Ce n’est pas à l’école, en tant que telle, qu’il faut s’attaquer ; ce serait même une grave erreur, comme le déplore JP Brighelli. Apparemment, vous n’avez pas bien saisi les faits qu’il dénonce vigoureusement, s’insurgeant courageusement contre tout un système éducatif qui tend à infantiliser les enseignants. Brighelli ne s’attaque pas exclusivement aux enseignants, quand bien même il pourrait se le permettre, lui-même étant un brillant agrégé de Lettres.

Ce qui a échappé à votre constat 

Permettez-moi de soulever un tout autre problème inquiétant, celui du rapport entre temps scolaire et temps des vacances. Depuis notre Indépendance, jusqu’aux années 70-80, les écoles, lycées… et universités étaient intensément fréquentés. Il faisait bon d’y vivre. Et nous y restions tard le soir pour des cours de promotion sociale et même pour se détendre par des loisirs et toutes sortes d’activités culturelles. Maintenant, tous ces lieux d’acquisition des connaissances et d’épanouissement sont désertés dès cinq heures de l’après-midi, au profit d’autres où règne une grande propreté, une grande sérénité. Entendez, cher Monsieur, que je n’ai rien contre ces lieux de recueillement, étant élevé dans un islam ultra-rituel. Je souhaite simplement que la libre fréquentation des uns ne doit pas inhiber la nécessité de la fréquentation des autres, mais devraient aller plutôt la main dans la main comme l’affirme le Saint Coran… 

J’observe, avec amertume, une réduction du temps de scolarité effective depuis au moins une trentaine d’années. Je suis peiné de voir nos enfants abandonnés à un total désœuvrement durant de long mois d’étouffement, de fin mai à fin septembre, particulièrement pour les filles, pendant que les garçons sont contraints au « trabendisme », à défaut d’activités culturelles. « Oisive jeunesse / A tout asservie, / Par délicatesse / J’ai perdu ma vie. / Ah ! Que le temps vienne / Où les cœurs s’éprennent… » se lamente le poète disparu. En considérant les vacances d’hiver et de printemps, l’année scolaire se réduit tout au plus à 7 mois. Il y a là un désengagement du Système éducatif très dommageable vis-à-vis de l’école faite en principe pour nous construire, pour nous donner à comprendre, voire à réfléchir, à nous émanciper, là est notre graal, notre esthétique, notre humilité. 

Aussi, permettez-moi de me présenter à vous en quelques mots : Enseignant à l’INA durant 20 ans où j’ai eu à monter un centre de calcul, puis MC à Paris VI durant 3 ans, au Rectorat de Rouen durant 8 ans, Hydrogéologue agréé en Haute Normandie et en Ile-de-France durant 20 ans… Adhérant à l’AFPS et à l’UP2V, participe à un atelier philo de l’INRIA depuis une dizaine d’années. Retraité depuis 2020, je me suis mis à écrire ce qui me passe par la tête, avec une liberté de parole parfois à mes dépens, Sinon comment s’émanciper ?

Veillez pardonner mon lyrisme, parfois mélancolique, comme une espèce de prière qui m’habite à mon insu. Là est ma faiblesse, ma blessure, ma musique intérieure. Je vous serai très reconnaissant de bien vouloir publier mon texte comme « droit de réponse ». Dans cette attente, recevez cher Monsieur mes cordiales salutations. 

Abdallah Khammari

Google Books : A. Khammari s’est consacré à la description des systèmes hydrologiques et à la protection des captages d’AEP, assurant diverses consultations UNESCO, SOFRCO, ANRH… Il est aussi l’auteur d’un essai épistémologique sur Bachelard et la mathématique des sciences expérimentales paru en 2021 et d’un Plaidoyer pour l‘Hydrosphère, 2024, chez L’Harmattan. 

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Sept mineurs algériens en Espagne : leurs parents réclament leur retour

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Adolescents Haraga algériens

Les sept mineurs algériens, âgés de 14 à 17 ans, qui ont rejoint l’Espagne de manière irrégulière, feront prochainement l’objet d’une procédure de retour vers l’Algérie à la demande de leurs parents, selon Ultra Algérie.

L’affaire, survenue le 4 septembre dernier, avait rapidement attiré l’attention des médias et des réseaux sociaux après la diffusion de vidéos montrant les adolescents lors de leur arrivée sur l’île d’Ibiza à bord d’une petite embarcation.

Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a confirmé que les parents des mineurs avaient officiellement demandé à récupérer la garde parentale et à rapatrier leurs enfants en Algérie. Il a précisé que la procédure était en cours, supervisée par le parquet espagnol, chargé de vérifier l’ensemble des documents fournis par les autorités algériennes. Le ministre a insisté sur la volonté claire des parents de voir leurs enfants revenir au pays, soulignant le caractère prioritaire de cette démarche.

De son côté, le ministre algérien de l’Intérieur, des Collectivités locales et du Transport, Saïd Sayoud, a indiqué que les efforts pour ramener les mineurs se poursuivent. Il a également rappelé que l’Algérie et l’Espagne partagent la même vision dans la lutte contre l’émigration irrégulière, réaffirmant l’importance de la coopération bilatérale dans ce domaine.

Les sept adolescents avaient quitté l’un des côtes algériennes de manière illégale, motivés par des facteurs souvent liés à la précarité économique et sociale et à un manque de perspectives dans leur environnement. Leur traversée du territoire méditerranéen à bord d’une embarcation de fortune avait été risquée et illustre la vulnérabilité des mineurs face aux réseaux de migration clandestine.

À leur arrivée, les autorités espagnoles ont pris en charge les mineurs conformément aux procédures légales en vigueur pour les cas d’immigration irrégulière. Des examens médicaux et des entretiens ont été effectués afin d’évaluer leur état physique et psychologique, tandis que les autorités algériennes ont lancé une enquête pour comprendre les circonstances exactes de leur départ.

L’affaire a relancé le débat sur l’augmentation des départs de mineurs algériens vers l’Europe. Selon plusieurs observateurs, ces tentatives sont souvent le résultat d’une combinaison de facteurs sociaux, économiques et familiaux, et mettent en lumière la nécessité de renforcer l’accompagnement éducatif et social des jeunes. Les appels à la sensibilisation sur les risques liés à la migration irrégulière se font plus pressants, tout comme la promotion de programmes familiaux de prévention et de protection des mineurs.

En parallèle, l’accord entre l’Algérie et l’Espagne concernant le rapatriement des mineurs et la réactivation du « protocole de mobilité et de retour » pour les migrants irréguliers constitue une avancée dans la coopération bilatérale et une réponse concrète aux préoccupations des familles et des autorités.

Cette affaire rappelle que derrière les chiffres et les reportages sur la migration, il existe des histoires humaines, où les choix et les risques des jeunes se heurtent aux réalités sociales et légales. Selon Ultra Algérie, le suivi de ces mineurs et le retour dans leur pays seront scrutés de près, reflétant l’attention portée à la protection des droits et du bien-être des adolescents dans ce contexte complexe.

Djamal Guettala 

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La communication sur l’Historial de l’Algérie

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La cavalerie numide

« Mais le pays enchanté d’aujourd’hui continue de se nourrir des sucs anciens ; de l’exaltant aventure d’hier, celle de la guerre de libération nationale et de loin, de l’image d’Adrar n’Leaz ». Mouloud Mammeri

Au propre, c’est certainement les réseaux sociaux qui diffusent le plus d’informations propagées par les influenceurs qui agissent sur toute l’étendue de la toile. De surcroît, on assiste à un phénomène médiatique d’où la diffusion des images de l’Algérie avec de courts commentaires subjuguant l’internaute incrédule.

Certes, comme le remarquent justement un certain nombre de professionnels, beaucoup d’informations ne sont pas du tout fiables, qu’il faut sans cesse aller à la source pour la vérifier. De telle façon que l’intelligence artificielle (IA) contribue d’une manière exponentielle à l’amalgame du réel et du virtuel. Pas plus d’une fiction ou d’un simulacre, les vidéastes se donnent à cœur joie à la propagation des textes films où parfois, faute d’une propagande active, ils se déchaînent à fond pour compenser leur isolement social ou médiatique.

En ce qui nous concerne en tant qu’usagers des réseaux sociaux et mis à part la rivalité récriminatrice entre les influenceurs, on ne peut que se résoudre à l’identification des objets, images et discours confondant d’un fond amazigh, vestiges d’accessoires vestimentaires, culinaires, architecturaux, musicaux, etc.

L’entreprise médiatique qui se veut compensatrice de la totalité anthropologique par ailleurs introuvable de l’homme algérien et par extension maghrébine, et au mieux en devenir, dont la spécificité amazighe est fortement discutée, pose un problème de fond au chercheur. Pris en tenaille par l’idéologie nationaliste des États, le devenir amazigh de l’Afrique du Nord et du Sahara relève plus du folklore que d’une introspection sur l’identité de la Tamazgha.

À bien des égards et plus particulièrement, les vidéastes algériens comblent le vide historique par la mise en ligne de la variété régionale des tenues vestimentaires, de l’art culinaire, des danses populaires et des chants, etc. Bien qu’organisés lors des défilés de mode, de salons et autres festivals, ces spectacles folkloriques expriment plus des attitudes compensatrices ou le manque du sujet désirant des psychanalystes qu’une réelle inventivité culturelle.

Sauf, à l’exception de la mode vestimentaire où les créateurs essaient d’adapter la tenue traditionnelle à la modernité du costume ; il y aurait autant à dire de la chanson populaire que des plats culinaires. La palette musicale offre certainement beaucoup plus d’innovations du genre que dans d’autres domaines où le conservatisme l’emporte sur tout le reste. Une fois dit cela, le monumental de l’Algérie, qui offre des images sublimées de la nature algérienne quelque peu frelatée par l’expressionnisme français du XIXᵉ siècle, offre aux visiteurs le spectacle trop sublime de l’Algérie.

Les images des monuments célébrant tel ou tel roi ou prince ne peuvent raconter l’histoire de l’Algérie sans la critique historique.

Pour beaucoup, l’explication historienne reste à faire pour faire advenir l’historicité amazighe dont on a besoin pour mieux définir la profondeur historique du pays. Certainement, il y a des sujets polémiques de l’histoire qui fâchent et qui suscitent ou qui sont traités superficiellement par les différents courants idéologiques. Nous pensons à la friction au sujet d’Aksel et d’Okba ibn Nafaa qui oppose les « Berbéristes » aux « Panarabistes ».

Face à la difficile conciliation des positions, il y aurait à s’en tenir aux faits de la conquête musulmane et de la résistance amazighe. Pour autant, les interprétations abusives de l’historiographie arabo-musulmane insèrent le discours des influenceurs spécialistes ou amateurs de l’histoire des Berbères dans un narratif contrevenant à la réalité historique.

On ne saurait se méprendre de telle sorte lorsqu’on reproduit sur les réseaux sociaux les cartes des dynasties « arabo-musulmanes » sans la contextualisation des rapports permanents entre les tribus et l’État et la flexibilité des frontières floues des dynasties régnantes (1).

Par ailleurs, l’appropriation des techniques de la guerres des Numides par l’armée algérienne ou la reprise du récit des guerres puniques du grand Aguellid Massinissa et de l’extension de son Etat pour dit-on récupérer les territoires de l’Est loués aux Phéniciens par l’ancêtre chef de la tribu maxitane, le fameux Hiarbas, posent l’épineux problème de l’interprétation de l’Histoire commune des Maghrébins.

La mise en valeur par la télévision algérienne de la stature du chef et unificateur de la Numidie montre à quel point la négation de soi n'est pas une fatalité. Tout au contraire, le débat s'élargit un peu plus pour que l'amazighité soit une affaire de tous les Maghrébins et non pas limitée à la question nationale. 

Du simple fait que la revendication de la terre des ancêtres (Akal ou Tamurt) (2) par Massinissa soit corroborée par l’élévation par les habitants de Dougga (Tunisie) et ceux de Sabratha (Libye) d’un mausolée (cénotaphe) en son honneur montre bien l’étendue de l’influence numide et de surcroît l’histoire commune des populations nord-africaines.

Il va de soi que le récit gréco-romain est trop réducteur pour compenser la méconnaissance de l’histoire antique des Amazighs, mais toujours est-il qu’on peut se contenter de quelques réajustements idéo-cognitifs pour reconstituer le cadre social, économique et politique autrement que par la gigantesque fresque historique élaborée par l’historien français Stéphane Gsell dans ses huit volumes de l’Histoire ancienne de l’Afrique du Nord ou les brèves synthèses historiques élaborées par tel ou tel historien.

Remarque sur la variété des traditions régionales

Le fait que les diverses traditions régionales ayant survécu aux différentes influences étrangères ne soit pas dû à la permanence d’une culture pouvant le cas échéant échapper à la diffusion des valeurs venant d’ailleurs mais plutôt à sa capacité d’adaptation aux nouvelles situations historiques. Toutefois, le gradient de l’isolat a pu contribuer à sauvegarder quelques spécimens invariants sans pour autant échapper à la radiation culturelle. Mais il se peut que l’essentiel de la résistance culturelle provienne de l’incapacité des États à uniformiser toutes les traditions vestimentaires, culinaires, musicales, etc., en un système unique d’expression.

Alors ! rien n’est moins sûr avec la volonté de l’État national lorsqu’il entend réduire cette expression à une seule voix.

Postulats linguistiques et politiques

Afin de conclure sur l’Apothéose de Tizi Ouzou, il semble qu’il y ait au moins deux impératifs nécessaires à l’établissement d’un consensus politique en Algérie. Le premier est certainement la généralisation de l’enseignement du tamazight pour que les Algériens connaissent mieux leur identité et se réconcilient avec leur passé originel.

Le deuxième, qui est certainement le plus complexe à réaliser, est un élargissement total à toutes les formations politiques afin d’asseoir une vraie légitimité démocratique fondée sur la volonté du peuple.

Fatah Hamitouche, amazighologue

Notes :

(1) Nous prévoyons une présentation graphique des cartes géographiques où les États-dynasties, les principautés, les confédérations de tribus et les tribus sous forme d’une superposition dissymétrique sur un plan qui rend le tracé des frontières flou et les territoires mouvants.
(2) Akal ou Tamurt, À la suite de l’article de Mouloud Mammeri sur le sujet (Les mots, le sens et les rêves ou les avatars de Tamurt, Awal, 1986), il y aurait certainement à reconstituer l’histoire de ces mots dans un cadre plus large pour savoir s’ils sont employés de la même manière dans les différents parlers amazighs. Mieux, nous souhaitons élargir le champ de la discussion non seulement comme le fait l’écrivain algérien M. Mammeri à la poésie kabyle, au thème de l’immigration, mais par l’acte politique de Massinissa à l’ontologie (le Dasein), une des branches particulières de l’amazighologie ou une des conditionnalités cognitives de l’amazighologie. Certainement, il y aurait à s’inspirer de l’ontologie heideggerienne pour travailler le terme « Illi » ou acte de présence rendu par « Hi » (Asegzawal), « l’Être-là ».

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Le ministre espagnol de l’Intérieur à Alger : la « route algérienne » au cœur des discussions

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Saïd Saayoud, ministre algérien de l’Intérieur, reçoit le ministre espagnol de l'Intérieur
Saïd Saayoud, ministre algérien de l’Intérieur, reçoit le ministre espagnol de l'Intérieur

La visite du ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, à Alger entamée dimanche 19 octobre et se poursuivant ce lundi 20 octobre 2025, s’inscrit dans une dynamique de relance active du dialogue bilatéral entre les deux pays. Au cœur de cette rencontre : la question migratoire, devenue un enjeu stratégique majeur pour Madrid comme pour Alger, ainsi que l’élargissement de la coopération sécuritaire et technique.

Cette visite intervient sur fond d’une hausse spectaculaire de 75,2 % des arrivées irrégulières aux îles Baléares en un an, et d’une augmentation globale de 22 % sur les côtes péninsulaires espagnoles. Face à cette pression croissante, l’Espagne cherche à renforcer ses mécanismes de coordination avec l’Algérie, partenaire clé sur la « route algérienne ».

Une rencontre bilatérale à forte dimension sécuritaire

La séance de travail a réuni Saïd Saayoud, ministre algérien de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, et son homologue espagnol dans une réunion bilatérale élargie aux délégations des deux pays. Les échanges ont porté sur plusieurs axes prioritaires : lutte contre la migration irrégulière, coopération policière, protection civile et sécurité routière.

Dès l’ouverture des discussions, le ministre algérien a souligné que « l’Algérie ne recourt pas à la migration irrégulière comme instrument de pression ou de chantage politique, contrairement à certaines autres parties ». Selon les données communiquées, plus de 100 000 tentatives de traversée ont été empêchées depuis 2024, et 82 000 migrants ont été rapatriés vers leurs pays d’origine dans des conditions « respectueuses de leur dignité et de leurs droits ». Parallèlement, 15 000 retours volontaires ont été facilités en coopération avec les organisations internationales.

Coopération policière et coordination technique

La coopération policière figure au cœur du dispositif bilatéral. Elle s’est intensifiée ces derniers mois à travers des visites de haut niveau, des formations conjointes et la mise en place d’un programme opérationnel 2025–2026. Celui-ci prévoit notamment : des échanges d’expertise sur la lutte contre les faux documents, la création de centres de renseignement spécialisés, le partage de données biométriques et génétiques et l’accélération des procédures d’entraide judiciaire liées aux flux financiers illicites.

L’objectif affiché est de renforcer les capacités de riposte aux réseaux criminels transnationaux impliqués dans les filières migratoires et la traite d’êtres humains.

Protection civile et sécurité routière : des champs de coopération élargis

Le dialogue bilatéral ne se limite pas au seul dossier migratoire. Dans le domaine de la protection civile, les deux pays s’appuient sur un accord signé en 2013 pour intensifier leurs échanges en matière de formation, de lutte contre les catastrophes naturelles et de prévention des incendies de forêts. Un plan d’action conjoint doit être adopté prochainement par des experts des deux côtés.

La sécurité routière constitue également un volet important de la coopération technique. Des échanges d’expériences ont été engagés autour de la gestion des permis à points, de l’analyse des données d’accidents et de la sensibilisation aux risques routiers.

Migration irrégulière : un enjeu stratégique et politique

Pour Madrid, la maîtrise de la route migratoire algérienne est devenue une priorité nationale. Pour Alger, il s’agit de concilier sécurité, souveraineté et respect de ses engagements internationaux. Les autorités algériennes insistent sur une approche globale associant fermeté opérationnelle et respect des principes humanitaires.

Ce positionnement s’inscrit dans une stratégie plus large visant à affirmer le rôle de l’Algérie comme partenaire incontournable dans la gestion migratoire en Méditerranée occidentale.

Un partenariat pragmatique appelé à se consolider

En conclusion de cette rencontre, les deux parties ont réaffirmé leur volonté de consolider leur partenariat, fondé sur la confiance mutuelle et la convergence d’intérêts stratégiques. La migration irrégulière, qui reste le moteur immédiat de ce rapprochement, pourrait également ouvrir la voie à une coopération plus structurée dans d’autres domaines sécuritaires et civils.

Dans un contexte européen tendu sur la question migratoire, l’Algérie et l’Espagne misent ainsi sur un dialogue opérationnel et pragmatique pour répondre à des défis communs, tout en préservant leurs marges de manœuvre politiques respectives.

Madrid confirme la demande des familles algériennes pour le rapatriement de leurs enfants 

Le ministre espagnol de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska a confirmé que les parents des sept adolescents algériens arrivés illégalement à Ibiza début septembre ont demandé leur rapatriement.

La procédure, supervisée par le parquet espagnol, est en cours d’examen sur la base des documents transmis par Alger. Le ministre algérien Saïd Saayoud a indiqué que les deux pays coopèrent étroitement pour finaliser le retour des jeunes, âgés de 14 à 17 ans.

Samia Naït Iqbal

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La République du tournevis !

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Tebboune
Tebboune reproduit l'échec depuis 6 ans.

On nous l’a vendue comme l’ère du renouveau. L’ère Tebboune, dit-on, serait celle des grandes réformes : réforme de la justice, réforme du code communal et, tout récemment, réforme du code électoral. L’Algérie qui se réforme, encore et toujours, sur le papier. D’ordinaire, ces textes nourrissent d’abord la discussion parlementaire, puis celle des partis politiques, avant de finir dans les cafés où le peuple, entre deux gorgées, s’autorise à philosopher sur l’avenir du pays. Mais ici, rien de tout cela. Le débat n’a plus le temps d’éclore : il est déjà confisqué. Ce qui ressemble à un exercice démocratique finit souvent en manipulation de palais, où chaque réforme devient un outil de contrôle, habilement distribué entre clans rivaux du même pouvoir.

Le code électoral, dernier né de cette série, n’y échappe pas. Présenté comme une mise à jour technique, il n’a en réalité rien d’anodin. Sous couvert d’ajustements administratifs, le pouvoir remet en scène le même théâtre électoral : un scrutin prévu, cadré, anesthésié. Le citoyen y joue le figurant, l’administration la metteuse en scène, et la présidence tient le rôle principal, celui du magicien qui fait disparaître la souveraineté populaire sous un mouchoir légaliste.

À chaque réforme, la promesse est la même : moderniser, moraliser, rationaliser. Des mots qu’on récite comme un psaume sans foi. On réforme la justice pour la rendre indépendante, mais elle reste suspendue au téléphone du pouvoir. On réforme la commune pour la rapprocher du citoyen, mais elle demeure prisonnière du Wali. Et maintenant, on réforme le code électoral pour garantir la transparence, comprendre : pour mieux verrouiller le jeu.

Le problème n’est pas dans le texte, mais dans l’usage du texte. En Algérie, la loi n’est pas un instrument d’équilibre, mais un levier de domination. Elle ne protège pas le citoyen, elle protège le système contre le citoyen. Chaque réforme, aussi noble qu’elle paraisse, devient une opération de maquillage institutionnel. On repeint les murs fissurés, on remplace les ampoules, on change les rideaux, mais les fondations, elles, continuent de pourrir.

Le code électoral en est le parfait exemple. Il ne s’attaque ni à la fraude, ni à la centralisation du pouvoir, ni à la dépendance de l’administration. Il retouche les formulaires, ajuste les délais, harmonise les virgules. C’est la réforme cosmétique par excellence, celle qui donne l’illusion du changement sans rien changer. Pendant ce temps, les partis politiques, ceux qui ne sont ni décoratifs ni dociles, sont mis à l’écart. Le pluralisme devient un mot creux, et la compétition électorale une mise en scène où les dés sont jetés avant même le scrutin.

Résultat : le peuple se tait, non par sagesse, mais par lassitude. On ne croit plus à la vertu du bulletin, ni à la promesse des urnes. Les jeunes désertent les bureaux de vote comme on fuit une salle de spectacle où la pièce se répète depuis des années. Et quand le pouvoir s’étonne du désintérêt populaire, il feint d’ignorer que la confiance, une fois brisée, ne se répare pas par décret.

Ce qu’il faudrait, c’est une vraie refondation : un code électoral discuté publiquement, une autorité indépendante, une administration neutre, une décentralisation réelle. Bref, une démocratie vivante, pas un rituel sous perfusion. Mais pour cela, il faudrait d’abord accepter de perdre un peu de contrôle, et c’est bien là que le bât blesse.

Sous Tebboune, l’air des réformes ressemble à une symphonie jouée sur un piano désaccordé : les notes sont justes sur la partition, mais fausses à l’oreille. On continue à jouer, faute de savoir écouter. Et pendant qu’on réforme tout, on ne change rien.

Bienvenue dans un pays qui démonte ses institutions avec un tournevis et remonte son histoire avec l’amnésie.

Zaim Gharnati

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L’Algérie dit refuser l’instrumentalisation de la question migratoire

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Saïd Sayoud avec son et son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska
Saïd Saayoud avec son et son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska


​Le ministre algérien de l’Intérieur, Saïd Saayoud, a fermement affirmé que « contrairement à a certaines parties, l’Algérie refusait d’utiliser la question de la migration irrégulière comme un moyen de chantage ou de marchandage avec les pays de destination européens ». 

Cette déclaration est intervenue lors d’une rencontre bilatérale tenue ce lundi à Alger avec son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska, en visite de travail.

​Saïd Saïoud a exposé l’ampleur des efforts déployés par les autorités algériennes pour gérer et maîtriser les flux migratoires irréguliers. Selon le ministre, durant les années 2024 et 2025, les services de sécurité ont réussi à déjouer plus de 100 000 tentatives de traversée illégale.

De plus, l’Algérie a procédé au rapatriement de plus de 82 000 migrants vers leurs pays d’origine, en insistant sur le fait que ces opérations se sont déroulées dans des conditions garantissant leur dignité. Ces efforts ont également permis le démantèlement de réseaux criminels transfrontaliers spécialisés dans le trafic d’êtres humains et le crime organisé.

Priorité à l’approche humanitaire

​Malgré les « pressions et les menaces » que représente ce phénomène, le ministre algérien a réitéré le principe selon lequel l’Algérie ne fera pas usage de la question migratoire comme levier politique, contrairement à d’autres acteurs.

Il a souligné que la problématique de la migration doit être avant tout considérée comme une question humanitaire. Saïd Saayoud a insisté sur la nécessité de prendre en compte la souffrance de ces personnes, « semblables à nous », souvent poussées par des circonstances économiques ou des crises à entreprendre cette « aventure dangereuse ».

Le ministre algérien a par ailleurs réaffirmé que la coordination bilatérale avec l’Espagne constitue un pilier fondamental pour la gestion de ce dossier. Il a plaidé pour un échange d’informations accru et l’activation des mécanismes conjoints de lutte contre le crime organisé lié à la migration.

Cette rencontre intervient alors que le ministre de l’Intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, a entamé une visite de travail en Algérie ce dimanche, accompagné d’une délégation de haut niveau, soulignant l’importance stratégique de la coopération entre les deux pays. Une rencontre à huis clos s’est tenue ce lundi en présence des délégations des deux pays.

Samia Naït Iqbal

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