Ali Haddad, l'ancien propriétaire d'El Palace, actuellement en prison.
L’État algérien vient officiellement de récupérer l’un des joyaux immobiliers détenus à l’étranger par l’oligarchie de l’ère Bouteflika : l’hôtel El Palace de Barcelone. Cet établissement cinq étoiles, parmi les plus anciens et prestigieux de la capitale catalane, appartenait depuis 2011 à l’homme d’affaires Ali Haddad, aujourd’hui incarcéré pour corruption et détournement de fonds publics.
Selon une enquête du quotidien espagnol La Vanguardia, la restitution du bien ne résulte pas d’une décision judiciaire, mais d’un accord à l’amiable conclu entre l’État algérien et Haddad. Le transfert de propriété a été enregistré au registre foncier de Barcelone en août dernier, sous la formule juridique du « paiement en compensation d’une dette », impliquant un consentement mutuel. Autrement dit, Haddad aurait accepté de céder l’hôtel à la puissance publique en contrepartie d’une régularisation financière.
Le bâtiment avait été acquis en décembre 2011 auprès du groupe espagnol Husa, propriété de l’ex-président du FC Barcelone Joan Gaspart, pour un montant d’environ 80 millions d’euros. D’après les documents produits lors du procès de l’ex-patron du groupe ETRHB, l’achat avait été financé par trois crédits bancaires et un prêt privé, et grevé d’une hypothèque de 26 millions d’euros auprès de la banque Santander. Ce lourd passif a finalement été pris en charge par le Fonds national d’investissement (FNI), bras financier de l’État algérien, lors du transfert de propriété.
Dans son discours du 10 octobre dernier, Abdelmadjid Tebboune avait évoqué la récupération de plusieurs avoirs mal acquis, évalués à 30 milliards de dollars, mentionnant notamment un « hôtel cinq étoiles en Espagne acheté avec de l’argent volé ». Tout laisse penser qu’il s’agissait du Palace de Barcelone. Pour le reste des actifs récupérés, on attend toujours !
L’opération El Palace s’inscrit dans le vaste chantier lancé en 2022 par les autorités pour rapatrier les biens et fonds spoliés par les hommes d’affaires proches de l’ancien régime, via des procédures judiciaires ou des règlements à l’amiable avec les détenus.
Elle marque ainsi une étape symbolique dans la politique de récupération des richesses nationales dissimulées à l’étranger — tout en soulevant la question de la transparence des « accords » conclus avec les anciens oligarques. Au prix de quel deal ces biens sont-ils récupérés ? Un travail de recension publique des biens mal acquis en Algérie et à l’étranger est nécessaire si la justice (donc le pouvoir actuel) donner quelque transparence à son action.
La campagne « Contre la criminalisation du travail civil » a annoncé mardi que le nombre d’associations dont l’activité a été suspendue pour un mois connaît une hausse significative en Tunisie. Selon cette campagne, ce phénomène est le signe d’un escalade inquiétante visant le droit à l’organisation et à l’action humanitaire.
Parmi les associations concernées figurent notamment l’Association tunisienne des femmes démocrates, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, l’Association tunisienne de recherche sur le développement et Manamti.
La campagne souligne que ces mesures, encore préliminaires et sujettes à mise à jour, révèlent selon elle une volonté du gouvernement de frapper toute voix critique et de restreindre le travail associatif libre, s’attaquant à un acquis majeur de la Révolution tunisienne.
Le cadre légal invoqué pour ces suspensions est le décret n°88 de 2011, qui régit les activités des associations. Toutefois, plusieurs organisations rapportent que des décisions similaires ont été prises contre d’autres structures, sous prétexte de financements étrangers, sans annonce officielle de ces dernières.
Ramadan Ben Omar, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, a déclaré à Reuters que les audits financiers présentés comme justification sont en réalité un prétexte pour réduire au silence les voix indépendantes. Il a précisé que tous les financements de son organisation sont légaux et connus des autorités.
Cette suspension a suscité une réaction immédiate de solidarité de la part d’autres associations locales et régionales, ainsi que d’organisations politiques et de droits humains. Ces dernières estiment que la mesure constitue une pression sur l’espace civil et un ciblage des organisations indépendantes, appelant les autorités à revenir sur leur décision et à respecter la liberté d’organisation et le travail associatif.
Depuis avril 2025, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux fait face à une série de contrôles financiers et fiscaux, que ses responsables considèrent comme un processus de restriction de l’espace civil indépendant et une tentative d’assujettir les voix libres.
Djamel Kaouane et Hamid Grine, anciens ministres de la Communication, lourdement condamnés.
Le tribunal économique et financier de Sidi M’hamed a rendu, mardi 28 octobre 2025, son verdict dans le dossier dit « ANEP 2 », l’une des affaires les plus emblématiques des dérives de la gestion de la publicité publique sous l’ère Bouteflika. Hamid Grine et Djamel Kaouane en prennent à la place de tout le monde.
Deux anciens ministres de la Communication, Djamel Kaouane et Hamid Grine, ont été condamnés respectivement à huit et quatre ans de prison ferme pour abus de fonction et dilapidation de fonds publics, dans un dossier qui met à nu le système de favoritisme ayant longtemps structuré les rapports entre pouvoir politique et presse nationale.
La justice a également condamné Amine Echikr, ancien président-directeur général de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP), à huit ans de prison ferme, tout en ordonnant la confiscation des comptes bancaires des principaux accusés et le versement d’indemnités au profit du Trésor public. D’autres responsables de l’agence, dont M. Chérif, ex-directeur de la branche communication et signalétique, et B. Ammar, ancien directeur général d’une filiale de messagerie rapide, ont écopé de peines allant de quatre à cinq ans de prison ferme.
Ces condamnations interviennent après que le parquet avait requis des peines particulièrement lourdes lors des audiences du procès tenu à la mi-octobre en cours, soit dix ans de prison et une amende d’un million de dinars contre Djamel Kaouane et Amine Echikr, et six ans de prison contre Hamid Grine. Les autres prévenus encouraient entre cinq et sept ans d’emprisonnement. Le verdict, prononcé le 28 octobre 2025, vient ainsi clore un procès emblématique du vaste mouvement de reddition des comptes engagé depuis 2019.
L’affaire ANEP 2 met en lumière un système de détournement et de clientélisme où les annonces publiques, instrument stratégique de soutien à la presse, auraient été attribuées à des journaux fictifs ou créés de toutes pièces, souvent en échange d’une bienveillance éditoriale. L’enquête a révélé une exploitation abusive des quotas publicitaires au profit de titres proches du pouvoir, au détriment de la transparence et de la concurrence équitable.
Pour de nombreux observateurs, ce procès dépasse le simple cadre pénal : il soulève la question structurelle de la dépendance économique de la presse algérienne à la publicité publique, longtemps utilisée comme levier de contrôle politique.
Avec l’affaire ANEP 2, c’est toute une page du rapport opaque entre pouvoir et médias qui est dévoilée — sans pour autant dissiper les interrogations sur la capacité du secteur à construire un modèle réellement indépendant et transparent. Pas seulement, même si ces ministres ont leur part de responsabilité, tout le monde sait en Algérie que les ministres et PDG ne sont que des seconds couteaux. Les vrais décideurs sont ailleurs et demeurent intouchables.
Avec Égards et écarts et Batna, un cri décrit !, Mostefa Hamouda offre deux ouvrages profondément ancrés dans son rapport à l’écriture et à sa ville natale. Entre mémoire personnelle et vécu collectif, il explore l’âme de Batna, ses contrastes, sa beauté et ses contradictions.
Dans ses pages, la ville n’est pas seulement un décor, mais une véritable protagoniste, une voix qui résonne entre souvenirs intimes et mémoire collective. L’écrivain y mêle poésie, authenticité et regard critique sur le présent. Ses livres se veulent à la fois un hommage et un cri, une manière de dire que Batna continue de vivre à travers les mots et les générations.
Mostefa Hamouda a accepté de répondre aux questions du Matin d’Algérie, partageant sa vision de l’écriture, de la mémoire et de son attachement indéfectible à Batna. Son témoignage éclaire un parcours littéraire qui dépasse le simple récit personnel pour toucher à l’universel.
Le Matin d’Algérie : Quand on lit Batna, un cri décrit !, on a l’impression que la ville elle-même parle à travers vos mots. Comment Batna vous inspire-t-elle au quotidien ?
Mostefa Hamouda : Batna est effectivement une ville qui m’inspire profondément. Chaque rue, chaque monument, chaque personne que je rencontre ici a une histoire à raconter et une émotion à partager. Je trouve mon inspiration dans les détails quotidiens, dans la vie des gens, dans l’histoire de la ville et dans sa beauté naturelle. Batna est pour moi une source inépuisable de créativité et d’inspiration, et je suis reconnaissant de pouvoir la vivre et la partager à travers mes mots.
Le Matin d’Algérie : Vos deux nouveaux livres, Égards et Écarts et Batna, un cri décrit !, viennent d’être publiés. Pouvez-vous partager un moment ou une image qui vous a poussé à écrire ces histoires ?
Mostefa Hamouda : Pour Égards et Écarts, j’ai été inspiré par les moments de connexion et de désillusion que nous vivons tous dans nos relations. Un moment clé a été une conversation avec un ami qui m’a fait réaliser l’importance des regards et des silences dans nos interactions.
Pour Batna, un cri décrit !, c’est l’amour pour ma ville natale qui m’a poussé à écrire. Une image m’a marqué : celle des gens qui se rassemblent dans les moments difficiles, montrant solidarité et force collective. J’ai voulu capturer cette essence dans mon livre.
Le Matin d’Algérie : La littérature peut-elle vraiment « faire vivre » une ville ? Comment vos écrits tentent-ils de capturer l’âme de Batna ?
Mostefa Hamouda : La littérature peut effectivement faire vivre une ville en capturant son essence, son histoire et sa culture. À travers mes écrits, je tente de saisir l’âme de Batna : ses paysages, ses habitants, ses traditions et ses émotions. Pour moi, l’écriture est un moyen de préserver la mémoire de la ville et de transmettre son esprit aux générations futures.
Le Matin d’Algérie : On sent dans vos textes un mélange de mémoire personnelle et de vécu collectif. Comment jonglez-vous entre ces deux dimensions ?
Mostefa Hamouda : Je puise dans mon expérience personnelle pour évoquer des émotions universelles. Je cherche un équilibre entre les détails intimes de mon vécu et les thèmes plus larges que les lecteurs peuvent partager. Cela me permet de proposer une écriture à la fois personnelle et collective, qui résonne sur un plan émotionnel et intellectuel.
Le Matin d’Algérie : Lors de cette rencontre, vous vous adressez à un public de toutes générations. Quel message particulier aimeriez-vous faire passer aux jeunes Batnéens ?
Mostefa Hamouda : Aux jeunes Batnéens, je voudrais dire que je suis fier de vous voir grandir et évoluer dans cette ville que j’aime tant. Je vous encourage à être curieux, à apprendre, à créer et à innover. Votre ville est votre terreau, votre source d’inspiration et votre avenir. Mais surtout, veillez à son hygiène ! Je suis convaincu que vous ferez de grandes choses et rendrez Batna encore plus belle et plus forte.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous un souvenir précis de Batna — une rencontre, une ruelle, un événement — qui a marqué l’écriture de vos livres ?
Mostefa Hamouda : Pour moi, tout Batna est un éternel souvenir.
Le Matin d’Algérie : Les titres de vos ouvrages évoquent des contrastes et des nuances (Égards et Écarts). Quelles contradictions de la vie batnéenne vouliez-vous explorer ?
Mostefa Hamouda : Exactement ! La vie, ce sont des contrastes et des nuances. Oui, c’est bien ça la vie.
Le Matin d’Algérie : Organiser un événement culturel dans sa ville natale, est-ce pour vous un acte de partage, de transmission, ou un mélange des deux ?
Mostefa Hamouda : C’est surtout renouer avec l’authenticité.
Le Matin d’Algérie : Si vous deviez faire découvrir Batna à quelqu’un qui ne la connaît pas, à travers vos mots, par où commenceriez-vous ?
Mostefa Hamouda : Par son âme, qui est unique au monde.
Le Matin d’Algérie : Après cette rencontre et la sortie de vos ouvrages, quels défis ou projets littéraires vous excitent le plus pour l’avenir ?
Mostefa Hamouda : J’ai déjà un autre ouvrage en gestation, entamé, qui traite de l’avènement technologique. Il s’intitulera De Bell à Bitcoin.
Entretien réalisé par Djamal Guettala
L’auteur sera présent au SILA 2025, le jeudi 30 octobre, pour une vente-dédicace de ses ouvrages.
Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka disparaît à Paris. Opposant à Hassan II, roi du Maroc et figure du tiers-mondisme, il devait être reçu à l’Élysée le lendemain. Depuis, sa disparition reste un mystère qui hante l’histoire politique du Maghreb et de la France.
Plus de soixante ans plus tard, Stephen Smith et Ronen Bergman publient, aux éditions Grasset, dans la catégorie Essais et Documents L’affaire Ben Barka, un travail qui mêle enquête rigoureuse, analyse historique et révélations inédites. L’ouvrage explore minutieusement le contexte géopolitique et les mécanismes de l’enlèvement, en reconstituant le rôle des barbouzes français, des officines gaullistes, de services secrets étrangers et de diplomates impliqués dans l’ombre.
« Les ravisseurs savaient exactement où frapper, quels corridors emprunter, quelles identités emprunter », écrivent les auteurs, donnant au lecteur la sensation glaçante d’une opération planifiée dans ses moindres détails. Une note des services secrets français, citée dans le livre, insiste : « Tout doit être exécuté avec discrétion. Aucune trace ne doit subsister. »
L’ouvrage dépasse la simple narration d’un fait divers. Il permet de comprendre l’implication supposée du Mossad, des services tchécoslovaques et de certains officiers français, tout en analysant la compromission au plus haut niveau de l’État français. Les archives inédites consultées par Smith et Bergman – notes manuscrites, listes de contacts et instructions précises – permettent d’éclairer des zones d’ombre longtemps restées opaques.
Au-delà de l’intrigue, le livre replace la disparition de Mehdi Ben Barka dans le cadre plus large de la guerre froide et des luttes d’influence au Maghreb. « La disparition de Ben Barka n’était pas qu’un fait divers tragique : elle met en lumière les tensions de tout un siècle, les alliances secrètes et les manipulations d’États », écrivent les auteurs.
Ce travail d’essai-documentaire met également en lumière l’homme derrière l’événement : un intellectuel engagé, symbole d’un tiers-monde en quête de justice et de souveraineté, dont la mémoire continue de traverser les générations. L’ouvrage montre comment les choix et manœuvres politiques de l’époque ont façonné les relations internationales et l’histoire de la région.
« L’affaire Ben Barka » combine enquête journalistique, documentation historique et analyse critique. Il éclaire un crime d’État longtemps occulté et restitue au lecteur la complexité des forces en jeu. Comme le soulignent les auteurs : « Chaque indice retrouvé contribue à reconstituer la vérité », soulignant que derrière l’histoire officielle se cachent souvent des réalités ignorées.
À travers cet essai, Smith et Bergman offrent une lecture nécessaire pour comprendre non seulement la disparition tragique de Mehdi Ben Barka, mais aussi les enjeux géopolitiques, diplomatiques et sécuritaires qui continuent de peser sur le Maghreb et ses relations avec la France.
Un pouvoir qui menace de retirer la nationalité ne gouverne plus. Il trie. Il ne débat pas. Il efface.
On nous vend la “dignité nationale”. Vaste mot pour un petit geste : barrer des noms. Comme si un pays se protégeait avec une gomme. L’Algérien, ce n’est pas un badge plastifié. C’est une mémoire, une cicatrice, une voix. Ça ne se débranche pas par décret.
Déchoir. Le verbe dit tout. On ne contredit plus, on descend d’un cran. On ne répond pas aux idées, on vise les porteurs. Ce n’est plus de la censure, c’est de l’amputation symbolique. L’État ne dispute pas. Il renvoie. À l’extérieur, de préférence. À nulle part, si possible. Au fond, la peur a changé de costume. Hier, elle bâillonnait. Aujourd’hui, elle expulse. Même corps. Nouvel uniforme.
Fin octobre 2025, une proposition de loi sur la déchéance de nationalité est déposée au bureau de l’APN par le député Hichem Sifer (RND). Le texte vise des faits commis depuis l’étranger : atteinte aux « intérêts supérieurs de l’État », atteinte à l’unité nationale, ou allégeance à une puissance étrangère. Statut : proposition enregistrée et en cours d’examen ; aucun calendrier de débat, aucun vote, aucune promulgation. Précédent : un projet similaire avait été retiré en 2021 après une vive contestation.
On connaît la chanson : “sécurité”, “cohésion”, “intérêt supérieur”. Le lexique est noble, la manœuvre est basse. Dans les vieilles démocraties qu’on adore prendre de haut, la déchéance est rare, honteuse, bornée. Ici, on rêve d’en faire un levier. Un outil de guichet. L’État-douanier : “Toi tu rentres, toi tu dégages.” Le concierge de la patrie, clefs en main, humeur variable.
Qu’est-ce qu’un pays qui menace ses enfants de non-appartenance ? Un pays en panique. Un pouvoir qui n’a plus la force de convaincre. Alors il trie pour régner, comme on filtre des commentaires sur un réseau social. Mais un peuple n’est pas une page à modérer.
On me dira : “Il y a des lignes rouges.” Soit. Alors débattons-les. Devant tous. Avec des juges, des textes, des preuves, des limites claires. Pas avec une gomme tenue à la main par le politique du moment. La citoyenneté est un droit, pas un abonnement premium.
L’histoire, chez nous, sait compter les reniements. On a déjà tenté l’excommunication interne. On a jeté des révolutionnaires entiers dans l’ombre parce qu’ils gênaient le récit officiel. Résultat : eux sont restés dans les mémoires, leurs censeurs dans les notes de bas de page. La bêtise, elle, a traversé les régimes. Fidèle. Obstinée.
La nation n’est pas un salon privé. Ce n’est pas un cocktail où l’on choisit ses invités. C’est une maison ouverte aux courants d’air, aux conflits, aux contradictions. Quand on commence à bannir l’Algérien de l’Algérie, on ne protège rien : on rétrécit la maison. On la rend inhabitable, même pour ceux qui y restent.
Il faut le rappeler sans trembler : on ne déprogramme pas une appartenance. On ne débranche pas une naissance. On ne retire pas d’une poitrine l’air qui l’a faite.
Un État digne tient par la loi, la raison, la contradiction. Un pouvoir fragile tient par la peur et le tampon. Entre les deux, il faut choisir. Et vite. Car un jour vient où, à force d’effacer les autres, on se retrouve seul au tableau. Avec sa peur. Et un passeport inutile.
El Palace d'Ali Haddad récupéré par l'Etat algérien
Le prestigieux hôtel El Palace, l’un des établissements les plus anciens et les plus emblématiques de Barcelone, change de mains. Selon les informations révélées par le quotidien espagnol La Vanguardia et reprises par El Debate, le 28 octobre 2025, la propriété de l’hôtel revient désormais à l’État algérien, via le Fonds national d’investissement (FNI), un organisme public rattaché directement au Premier ministre algérien.
Ce transfert, conclu discrètement durant l’été 2025, marque la fin d’un long contentieux autour de l’homme d’affaires Ali Haddad, décrit par le média espagnol comme figure centrale du capitalisme d’État sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika. Condamné en Algérie pour corruption et détournement de fonds publics, l’homme d’affaires Ali Haddad avait acquis l’hôtel en 2011 auprès de l’ancien président du FC Barcelone, Joan Gaspart, pour un montant estimé entre 54 et 80 millions d’euros.
Un actif emblématique au cœur du dispositif anti-« iassaba » (la bande)
L’affaire El Palace illustre le nouvel activisme économique et judiciaire du gouvernement algérien, engagé depuis 2019 dans une campagne de récupération des avoirs transférés illégalement à l’étranger par les proches de l’ancien régime. Abdelmadjid Tebboune a fait, selon la vulgate officielle, de la lutte contre « l’issaba » — le réseau d’oligarques liés à Bouteflika — un axe majeur de sa gouvernance.
Au cours d’une récente allocution devant les hauts gradés de l’armée, Abdelmadjid Tebboune a annoncé la récupération d’actifs d’une valeur estimée à 30 milliards de dollars, laissant entendre, sans la nommer, la restitution d’un hôtel de luxe à l’étranger — une allusion que La Vanguardia interprète comme visant précisément El Palace de Barcelone. Quant aux autres actifs récupérés, malin celui qui serait à même de les sérier.
Une restitution par « dation en paiement », non par jugement
Particularité notable : le transfert de propriété ne résulte pas d’une décision judiciaire, mais d’une dation en paiement (Dación en Pago), un mécanisme juridique espagnol qui suppose un accord amiable entre les parties. Ce dispositif permet à un débiteur de céder un bien à son créancier pour éteindre sa dette — une voie plus discrète que la saisie judiciaire.
Selon les registres consultés par La Vanguardia, cette formule laisse penser qu’un accord a été trouvé entre l’État algérien et Ali Haddad, malgré les déclarations officielles excluant toute négociation avec les anciens oligarques. L’hôtel, d’une valeur cadastrale de 53 millions d’euros, est grevé d’une hypothèque de 26 millions d’euros contractée auprès de la banque Santander, désormais à la charge du FNI algérien.
Une affaire aux ramifications diplomatiques
Cette restitution s’inscrit dans le contexte sensible des relations entre Alger et Madrid, mises à l’épreuve depuis le revirement du gouvernement de Pedro Sánchez en mars 2022, lorsque l’Espagne a soutenu publiquement le plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. Malgré la crise diplomatique qui s’en est suivie, les deux capitales ont maintenu un canal de coopération judiciaire sur les dossiers financiers liés aux oligarques algériens.
Selon des sources diplomatiques citées par La Vanguardia, la représentation espagnole à Alger a traité avec « diligence » les demandes algériennes de coopération dans la localisation et la restitution des biens mal acquis. Une délégation algérienne s’est d’ailleurs rendue à Madrid récemment dans le cadre de la commission bilatérale de sécurité, où la question des avoirs détournés a été abordée.
Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, s’est rendu à Alger la semaine dernière, dans ce qui apparaît comme un signe d’apaisement entre les deux pays.
Une gestion toujours liée à l’ancien réseau
Depuis 2014, la gestion commerciale de l’établissement est assurée par Royal Blue Bird, société dirigée par Radia Bouziane Allaoui, une ressortissante algérienne naturalisée espagnole, proche de l’entourage d’Ali Haddad. L’entreprise n’a pas souhaité commenter les informations publiées par la presse espagnole.
Sur le plan légal, la propriété a été transférée en août 2025, bien que l’enregistrement définitif soit encore en cours. Le greffe espagnol a récemment émis un avis défavorable sur la formalisation du transfert, sans en préciser les motifs. Toutefois, le droit espagnol prévoit que la cession prend effet dès la signature notariale, indépendamment des délais d’enregistrement administratif.
Un symbole de souveraineté économique
Au-delà du scandale, la reprise d’El Palace par le FNI illustre la volonté d’Alger de reconstituer un patrimoine public dilapidé durant les années fastes de la « présidence Bouteflika ». Elle s’inscrit dans un processus de réhabilitation financière et politique, visant à tourner la page d’une décennie marquée par la collusion entre pouvoir et affaires.
En reprenant possession de ce joyau hôtelier, l’Algérie envoie un signal fort : celui d’un État qui cherche à restaurer son autorité et sa crédibilité internationale, tout en cherchant à solder les comptes d’un passé économique opaque.
Samia Naït Iqbal
# Source principale : « El Palacio de Barcelona pasa a manos del Estado argelino tras años de litigio con el magnate Ali Haddad », La Vanguardia, 27 octobre 2025.
Article repris et analysé par : El Debate, édition du 28 octobre 2025.
Comment répondre quand vous devenez la question. Proposition.
Face à une nouveauté, difficile de savoir comment réagir sans être ni bête, ni fermé. Je suis sur le point de publier un nouveau livre. Mais, un livre, comme une image, une voix au téléphone et bientôt tout le reste de l’univers connu, sont suspectés d’être des faux, de vrais faux. Elle est là, la nouveauté, dans le fait de le savoir, que cela pourrait être un vrai faux.
Vivre en état de suspicion chronique nous pend au nez, autant que de tomber sous le regard, forcément louche, de suspicieux innombrables à qui on ne peut pas donner tort.
Je ne suis pas en mesure de juger si l’Intelligence artificielle (IA) a un penchant plus ou moins prononcé pour le faux. Les humains, qui ont la chance d’être équipés d’une intelligence naturelle, sont eux aussi pratiquants fervents d’imitation et d’approximation, probablement d’une manière plus inconsciente. La question qui m’occupe pour le moment, et qui vaut le coup d’être partagée, est ailleurs.
Un nouveau livre arrive et avec lui un doute d’une nature nouvelle.
Je me demande s’il faut le dire. Oui, s’il faut dire aux lecteurs que ce livre, comme les autres, comme les photos ou l’auteur en personne sont de vrais vrais.
Figurez-vous que c’est plus compliqué que prévu.
Je n’ai pas envie de transformer tout ce que je produis en support à nutrIAscore coloré engagé, ou en acte de survIAlisme littéraire qui clamerait ma réalité.
Le résultat serait sans aucun doute moche et pénible.
Mais marquer le coup, raconter d’une façon ou d’une autre que cela ne me gêne pas que l’on joue avec l’IA, mais que dans mon coin ce n’est pas ma manière de faire, pourquoi pas.
Mais, comment ?
Comment dire ce quelque chose sans en faire des tonnes ?
En attendant mieux, et ne trouvant pas d’exemple auquel me raccrocher, j’ai ajouté dans un petit coin de mon site Internet la mention née par voie naturelle:
sansIAjoutée
Est-ce une bonne proposition ? Avez-vous envie, en tant qu’écrivains, journalistes, ou je ne sais quoi, de le dire ? Serons-nous un jour contraints de le faire ? Vous êtes éditrice, éditeur, comment y pensez-vous ? Accorderiez-vous, en lectrices et lecteurs, un regard, une valeur différente, à un média ou un simple post doté de cette mention ?
Ici, en bas à droite, pour les curieux qui voudraient voir la nouveauté dans son milieu naturel.
À travers Le bonheur d’être Gaulois : mœurs, coutumes et croyances, publié aux éditions Imago, Jean-Paul Savignac propose une plongée fascinante dans la Gaule ancienne. Loin des clichés du « barbare » ou du guerrier primitif, l’auteur dresse le portrait d’un peuple raffiné, joyeux et profondément humain.
Entre érudition et sensibilité, son ouvrage fait revivre une civilisation vibrante, pleine de poésie, de rites et de savoirs, offrant une réflexion originale sur la mémoire et l’identité culturelle.
Jean-Paul Savignac est un écrivain, linguiste et professeur de lettres classiques français, spécialiste de la langue grecque, officier des palmes académiques, reconnu pour ses travaux sur la langue gauloise, la mythologie et les civilisations celtiques. Formé aux lettres anciennes, il a traduit des auteurs grecs tels que Pindare et Eschyle, et s’est spécialisé dans l’histoire des mentalités et la culture préromaine. Son parcours allie rigueur universitaire et sensibilité poétique, ce qui lui permet de restituer la Gaule avec une profondeur rarement atteinte.
Dans cet ouvrage, Jean-Paul Savignac entreprend une véritable redécouverte du monde gaulois, longtemps déformé par les sources romaines. Son objectif est de restituer l’humanité, la créativité et la pensée de ce peuple à travers les données archéologiques, les textes antiques et les mythes celtiques transmis par la tradition orale irlandaise et galloise. Il développe ainsi une approche originale mêlant érudition, imagination et profondeur spirituelle, avec un engagement clair : rendre aux Gaulois leur dignité intellectuelle et artistique.
Le Bonheur d’être Gaulois explore la civilisation gauloise du IVᵉ siècle avant J.-C. au Ve siècle après J.-C., de la Gaule indépendante à son intégration dans l’empire romain. Jean-Paul Savignac s’attache à restituer la complexité d’une culture souvent réduite à des clichés scolaires ou folkloriques. Pour cela, il croise les sources : découvertes archéologiques récentes, témoignages des auteurs grecs et latins souvent biaisés et traditions mythologiques irlandaises et galloises. Ce triple regard offre une vision globale du monde matériel, symbolique et religieux des Gaulois.
Un des aspects les plus originaux de sa démarche réside dans la volonté de dépasser l’image d’un peuple avant tout guerrier ou dominé par Rome. Jean-Paul Savignac choisit de mettre en avant la vie quotidienne, les fêtes et les émotions : banquets, musique, parole poétique, artisanat, relations sociales et affectives, amour, amitié, mais aussi science, médecine et sagesse orale. Il montre que les Gaulois étaient des observateurs attentifs de la nature et du cosmos, des inventeurs et des penseurs dont la culture était profondément enracinée dans la joie et la créativité.
La structure de l’ouvrage est thématique et particulièrement riche. Les chapitres tels que « Assouvir la soif et l’appétit », « Chérir les êtres », « Goûter les choses », « Face au monde », « Le gala reviviscent » et « Les enchantements immatériels » explorent successivement la gastronomie et les banquets, les relations humaines et affectives, les plaisirs esthétiques, le rapport à la nature et au sacré, la fête et la mémoire, ainsi que la pensée immatérielle et spirituelle. Cette organisation en mosaïque permet au lecteur de comprendre la culture gauloise dans toutes ses dimensions, loin des visions réductrices héritées des historiens romains.
La langue gauloise occupe une place centrale dans l’analyse de Jean-Paul Savignac. Linguiste, il rappelle que la parole, orale et poétique, était un instrument de savoir et de transmission. Les druides, gardiens de la mémoire et des connaissances, jouaient un rôle essentiel dans la cohésion sociale. Par cette attention à la langue et à l’oralité, Jean-Paul Savignac replace la culture gauloise dans le contexte plus large des civilisations fondées sur la mémoire et le verbe, où l’oralité tient lieu d’écriture.
L’auteur met également en lumière la continuité de cette culture jusqu’à nos jours. Les toponymes, certaines expressions, fêtes saisonnières ou coutumes rurales trouvent encore leur origine dans cet héritage ancien. Le texte de Jean-Paul Savignac montre que la culture gauloise n’a jamais été totalement effacée : elle subsiste dans notre langue, nos symboles et notre imaginaire collectif, offrant une résonance contemporaine inattendue.
Jean-Paul Savignac insiste aussi sur les banquets et les fêtes, qui étaient des moments de transmission culturelle, de convivialité et de célébration de la vie. Il détaille la manière dont la musique, la parole poétique et les rituels accompagnaient ces événements, révélant l’importance de la sensibilité artistique et de la mémoire collective dans la société gauloise. Ces descriptions donnent au lecteur un aperçu vivant et incarné du quotidien et des valeurs de ce peuple, souvent ignorées par les historiens classiques.
Le rôle de l’artisanat et de la beauté matérielle est également souligné. Jean-Paul Savignac évoque les objets fabriqués par les Gaulois, bijoux, poteries, armes ornées, comme le reflet d’une société inventive et attentive à l’esthétique. L’art et la technique, la maîtrise des matériaux et l’attention au détail témoignent d’un raffinement qui contraste avec l’image de « barbares » véhiculée par la tradition historique.
Un autre point fort de l’ouvrage réside dans la méthodologie adoptée par Jean-Paul Savignac. Il combine avec rigueur sources archéologiques, textes antiques et traditions celtiques, mais aussi imaginaire et sensibilité poétique, pour reconstituer la civilisation gauloise. Cette démarche pluridisciplinaire lui permet de restituer une image nuancée et vivante d’un peuple longtemps réduit à une caricature guerrière.
Le livre ne se limite pas à l’histoire : il constitue un véritable essai culturel et poétique. Jean-Paul Savignac invite à réfléchir sur la continuité des civilisations, la transmission des savoirs et l’importance de la mémoire collective. En valorisant un peuple attaché à la convivialité, à la fête, à la parole et à la beauté du monde, il propose un modèle d’harmonie entre l’homme, la communauté et la nature qui trouve un écho dans les préoccupations contemporaines.
Le lecteur découvre également une approche philosophique : le rire, le banquet, le dialogue et la musique sont autant de moyens de cultiver l’harmonie et le bonheur. La vie gauloise, loin de se réduire à la survie ou à la guerre, apparaît comme une célébration de la créativité humaine, du lien social et de la communion avec la nature. Cette dimension spirituelle enrichit la lecture et dépasse largement le cadre d’une simple étude historique.
Jean-Paul Savignac renouvelle enfin notre perception de la civilisation gauloise dans une perspective identitaire et culturelle. Loin de la vision stéréotypée héritée de Rome, il redonne aux Gaulois une place dans l’histoire européenne ancienne. Son ouvrage insiste sur la curiosité, la créativité et la sophistication de ce peuple, célébrant la poésie, la pensée, la musique et l’artisanat. Il démontre que les Gaulois étaient des penseurs et des artistes, profondément connectés à la nature et à leur environnement spirituel.
L’écriture de Jean-Paul Savignac, claire et vivante, rend ces connaissances accessibles à un large public. Il s’adresse autant aux passionnés d’histoire ancienne et d’archéologie qu’aux curieux souhaitant comprendre une civilisation longtemps mal comprise. Par son approche humaniste, il montre comment l’étude des Gaulois peut enrichir notre compréhension de l’humanité et des héritages culturels.
Le Bonheur d’être Gaulois s’inscrit dans un contexte contemporain où les sociétés occidentales s’interrogent sur le patrimoine, l’identité et la spiritualité. En proposant une vision apaisée et inspirante de la Gaule, Jean-Paul Savignac fait écho aux aspirations modernes à la simplicité, à l’enracinement et à l’harmonie. Il montre que la redécouverte d’un passé lointain peut nourrir notre présent et offrir des repères culturels et philosophiques précieux.
L’ouvrage dépasse largement le cadre de l’étude académique. Il agit comme un pont entre l’histoire et la conscience contemporaine, réveille un héritage oublié et invite à réfléchir sur la mémoire collective. Jean-Paul Savignac propose une redécouverte incarnée de la Gaule : non pas un simple champ de fouilles ou un épisode oublié de l’histoire, mais une civilisation vibrante et foisonnante d’idées, d’émotions et de symboles. Par son écriture claire et son regard empathique, il rend ce monde disparu proche et familier pour le lecteur.
Le bonheur d’être Gaulois se lit comme une célébration de la vitalité gauloise : un peuple animé par la joie, la fête, l’amour du beau et le respect des forces naturelles. Jean-Paul Savignac restitue l’esprit d’une culture enracinée dans la communauté, la parole poétique, la musique, les rituels et la quête de sens. Les Gaulois n’étaient pas seulement des guerriers affrontant César, mais aussi des artisans, conteurs, savants et observateurs du monde. En redonnant vie à leurs coutumes et croyances, l’auteur invite à comprendre leur profondeur culturelle et spirituelle.
En conciliante exigence scientifique et sensibilité poétique, Jean-Paul Savignac rend hommage aux Gaulois et, par extension, à l’humanité elle-même. Il invite à dépasser les préjugés historiques et à réfléchir à la diversité culturelle et à la richesse des héritages oubliés. Pour toute personne intéressée par l’histoire ancienne, l’archéologie, les langues anciennes ou les mythologies celtiques, cet ouvrage constitue une lecture stimulante et fondatrice, offrant à la fois connaissances, plaisir et réflexion.
Le Bonheur d’être Gaulois de Jean-Paul Savignac est un ouvrage accessible, érudit et profondément humaniste. Il propose une redécouverte sensible de la Gaule, célébrant la créativité, la joie et la sagesse de ce peuple. Loin de se limiter à une étude académique, Jean-Paul Savignac offre un regard vivant et poétique sur une civilisation dont l’héritage continue de résonner dans notre culture, notre langue et notre imaginaire.
Brahim Saci
Le bonheur d’être Gaulois : mœurs, coutumes et croyances, éditions Imago
Il y a des joueurs qui passent, et d’autres qui restent dans les mémoires sans jamais avoir eu besoin de bruit. Abdelaziz Guechir, enfant de Collo, fait partie de cette seconde catégorie : les artistes discrets, les seigneurs du ballon qui marquent leur époque par la justesse de leur jeu et la droiture de leur parcours.
Les racines : Collo, la mer et le ballon
Né à Collo, petite ville accrochée à la Méditerranée, Guechir grandit dans une ambiance de passion sportive et de camaraderie. Là-bas, le ballon n’est pas un loisir, c’est un prolongement naturel du corps.
Au sein du Wifak de Collo, il s’impose très tôt. Dans les années 1980, alors que le club vit son âge d’or, le jeune milieu de terrain étonne par sa vision du jeu et son calme. À peine promu chez les seniors, il réussit à s’imposer parmi les plus anciens — un exploit dans un club où la concurrence faisait rage.
L’étoile s’élève à Batna
Au début des années 1990, le Chabab de Batna (le fameux CAB) repère ce talent pur et le recrute.
C’est là que tout bascule : Guechir devient rapidement le chef d’orchestre de l’équipe.
Sa lecture du jeu, sa technique épurée, ses passes laser et son sang-froid en font le métronome du milieu batnéen.
Sous ses ordres silencieux, le CAB retrouve la voie de la gloire. En 1993, il joue un rôle déterminant dans la montée en Division 1, après un duel homérique contre le voisin, la Mouloudia de Batna.
Les supporters se souviennent encore de cette saison, de ses gestes précis et de cette élégance qui le distinguait des autres.
La consécration nationale
Sa régularité et sa maîtrise lui valent la reconnaissance nationale. En 1993, il est convoqué en équipe d’Algérie par Rabah Madjer, avant de rejoindre la sélection de Fergani pour la CAN 1996 en Afrique du Sud.
Sous le maillot vert, il confirme ce qu’il a toujours été : un joueur d’équilibre, un penseur du jeu. Pas de fioritures, pas de coups d’éclat inutiles, mais une efficacité et une lucidité rares.
Il dispute plusieurs rencontres amicales et officielles, laissant une belle impression auprès de ses coéquipiers comme des techniciens.
La fidélité comme destin
Malgré les offres séduisantes venues de clubs de renom, l’administration du CAB refuse de le libérer. Guechir reste fidèle à ses couleurs. Une fidélité qui, si elle l’honore, lui coûte sans doute une carrière plus large.
Mais il ne se plaint jamais. Il continue de se battre pour son équipe, offrant à Batna son expérience et son talent.
En 1997, il conduit le club vers deux finales prestigieuses : la Coupe d’Algérie et la Coupe du 1er Novembre. Deux épopées qui scellent définitivement son statut de figure emblématique du football batnéen.
L’expérience et le retrait
Au tournant des années 2000, Guechir rejoint la JSM Skikda, où il apporte sa rigueur et son sens du collectif. Là encore, il laisse une trace : celle d’un professionnel exemplaire, respecté de tous.
À la fin de sa carrière, il revient à ses origines, à Collo, cette ville bleue qu’il n’a jamais quittée de cœur. Il prend les rênes du Wifak Collo, son club formateur, en tant que président, avant de se retirer définitivement du monde du football, avec une pudeur fidèle à son tempérament.
Abdelaziz Guechir, c’est aussi une certaine idée du football algérien : celui des années authentiques, où le maillot comptait plus que le contrat. Ceux qui l’ont côtoyé parlent d’un homme droit, modeste, à l’écoute, profondément attaché à sa région et à ses racines.
Son passage a laissé une empreinte durable — celle d’un joueur élégant, d’un coéquipier loyal et d’un dirigeant intègre.
Héritage d’un seigneur du milieu
Aujourd’hui encore, dans les cafés de Collo ou les ruelles de Batna, son nom revient avec émotion.
« Guechir, c’était le cerveau du jeu », disent les anciens supporters.
Et cette phrase, souvent répétée, dit tout : Abdelaziz Guechir n’a peut-être pas eu la carrière qu’il méritait, mais il a eu mieux — le respect éternel de ceux qui savent ce que veut dire jouer juste
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