9.9 C
Alger
Accueil Blog Page 31

Mostefa Hamouda : « Batna est une source inépuisable d’inspiration »

0
Mostafa Hamouda
Mostafa Hamouda

Avec Égards et écarts et Batna, un cri décrit !, Mostefa Hamouda offre deux ouvrages profondément ancrés dans son rapport à l’écriture et à sa ville natale. Entre mémoire personnelle et vécu collectif, il explore l’âme de Batna, ses contrastes, sa beauté et ses contradictions.

Dans ses pages, la ville n’est pas seulement un décor, mais une véritable protagoniste, une voix qui résonne entre souvenirs intimes et mémoire collective. L’écrivain y mêle poésie, authenticité et regard critique sur le présent. Ses livres se veulent à la fois un hommage et un cri, une manière de dire que Batna continue de vivre à travers les mots et les générations.

Mostefa Hamouda a accepté de répondre aux questions du Matin d’Algérie, partageant sa vision de l’écriture, de la mémoire et de son attachement indéfectible à Batna. Son témoignage éclaire un parcours littéraire qui dépasse le simple récit personnel pour toucher à l’universel.

Le Matin d’Algérie : Quand on lit Batna, un cri décrit !, on a l’impression que la ville elle-même parle à travers vos mots. Comment Batna vous inspire-t-elle au quotidien ?

Mostefa Hamouda : Batna est effectivement une ville qui m’inspire profondément. Chaque rue, chaque monument, chaque personne que je rencontre ici a une histoire à raconter et une émotion à partager. Je trouve mon inspiration dans les détails quotidiens, dans la vie des gens, dans l’histoire de la ville et dans sa beauté naturelle. Batna est pour moi une source inépuisable de créativité et d’inspiration, et je suis reconnaissant de pouvoir la vivre et la partager à travers mes mots.

Le Matin d’Algérie : Vos deux nouveaux livres, Égards et Écarts et Batna, un cri décrit !, viennent d’être publiés. Pouvez-vous partager un moment ou une image qui vous a poussé à écrire ces histoires ?

Mostefa Hamouda : Pour Égards et Écarts, j’ai été inspiré par les moments de connexion et de désillusion que nous vivons tous dans nos relations. Un moment clé a été une conversation avec un ami qui m’a fait réaliser l’importance des regards et des silences dans nos interactions.

Pour Batna, un cri décrit !, c’est l’amour pour ma ville natale qui m’a poussé à écrire. Une image m’a marqué : celle des gens qui se rassemblent dans les moments difficiles, montrant solidarité et force collective. J’ai voulu capturer cette essence dans mon livre.

Le Matin d’Algérie : La littérature peut-elle vraiment « faire vivre » une ville ? Comment vos écrits tentent-ils de capturer l’âme de Batna ?

Mostefa Hamouda : La littérature peut effectivement faire vivre une ville en capturant son essence, son histoire et sa culture. À travers mes écrits, je tente de saisir l’âme de Batna : ses paysages, ses habitants, ses traditions et ses émotions. Pour moi, l’écriture est un moyen de préserver la mémoire de la ville et de transmettre son esprit aux générations futures.

Le Matin d’Algérie : On sent dans vos textes un mélange de mémoire personnelle et de vécu collectif. Comment jonglez-vous entre ces deux dimensions ?

Mostefa Hamouda : Je puise dans mon expérience personnelle pour évoquer des émotions universelles. Je cherche un équilibre entre les détails intimes de mon vécu et les thèmes plus larges que les lecteurs peuvent partager. Cela me permet de proposer une écriture à la fois personnelle et collective, qui résonne sur un plan émotionnel et intellectuel.

Le Matin d’Algérie : Lors de cette rencontre, vous vous adressez à un public de toutes générations. Quel message particulier aimeriez-vous faire passer aux jeunes Batnéens ?

Mostefa Hamouda : Aux jeunes Batnéens, je voudrais dire que je suis fier de vous voir grandir et évoluer dans cette ville que j’aime tant. Je vous encourage à être curieux, à apprendre, à créer et à innover. Votre ville est votre terreau, votre source d’inspiration et votre avenir. Mais surtout, veillez à son hygiène ! Je suis convaincu que vous ferez de grandes choses et rendrez Batna encore plus belle et plus forte.

Le Matin d’Algérie : Avez-vous un souvenir précis de Batna — une rencontre, une ruelle, un événement — qui a marqué l’écriture de vos livres ?

Mostefa Hamouda : Pour moi, tout Batna est un éternel souvenir.

Le Matin d’Algérie : Les titres de vos ouvrages évoquent des contrastes et des nuances (Égards et Écarts). Quelles contradictions de la vie batnéenne vouliez-vous explorer ?

Mostefa Hamouda : Exactement ! La vie, ce sont des contrastes et des nuances. Oui, c’est bien ça la vie.

Le Matin d’Algérie : Organiser un événement culturel dans sa ville natale, est-ce pour vous un acte de partage, de transmission, ou un mélange des deux ?

Mostefa Hamouda : C’est surtout renouer avec l’authenticité.

Le Matin d’Algérie : Si vous deviez faire découvrir Batna à quelqu’un qui ne la connaît pas, à travers vos mots, par où commenceriez-vous ?

Mostefa Hamouda : Par son âme, qui est unique au monde.

Le Matin d’Algérie : Après cette rencontre et la sortie de vos ouvrages, quels défis ou projets littéraires vous excitent le plus pour l’avenir ?

Mostefa Hamouda : J’ai déjà un autre ouvrage en gestation, entamé, qui traite de l’avènement technologique. Il s’intitulera De Bell à Bitcoin.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

L’auteur sera présent au SILA 2025, le jeudi 30 octobre, pour une vente-dédicace de ses ouvrages.

- Publicité -

« L’affaire Ben Barka » : enquête et révélations sur un crime d’État

0

Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka disparaît à Paris. Opposant à Hassan II, roi du Maroc et figure du tiers-mondisme, il devait être reçu à l’Élysée le lendemain. Depuis, sa disparition reste un mystère qui hante l’histoire politique du Maghreb et de la France.

Plus de soixante ans plus tard, Stephen Smith et Ronen Bergman publient, aux éditions Grasset, dans la catégorie Essais et Documents L’affaire Ben Barka, un travail qui mêle enquête rigoureuse, analyse historique et révélations inédites. L’ouvrage explore minutieusement le contexte géopolitique et les mécanismes de l’enlèvement, en reconstituant le rôle des barbouzes français, des officines gaullistes, de services secrets étrangers et de diplomates impliqués dans l’ombre.

« Les ravisseurs savaient exactement où frapper, quels corridors emprunter, quelles identités emprunter », écrivent les auteurs, donnant au lecteur la sensation glaçante d’une opération planifiée dans ses moindres détails. Une note des services secrets français, citée dans le livre, insiste : « Tout doit être exécuté avec discrétion. Aucune trace ne doit subsister. »

L’ouvrage dépasse la simple narration d’un fait divers. Il permet de comprendre l’implication supposée du Mossad, des services tchécoslovaques et de certains officiers français, tout en analysant la compromission au plus haut niveau de l’État français. Les archives inédites consultées par Smith et Bergman – notes manuscrites, listes de contacts et instructions précises – permettent d’éclairer des zones d’ombre longtemps restées opaques.

Au-delà de l’intrigue, le livre replace la disparition de Mehdi Ben Barka dans le cadre plus large de la guerre froide et des luttes d’influence au Maghreb. « La disparition de Ben Barka n’était pas qu’un fait divers tragique : elle met en lumière les tensions de tout un siècle, les alliances secrètes et les manipulations d’États », écrivent les auteurs.

Ce travail d’essai-documentaire met également en lumière l’homme derrière l’événement : un intellectuel engagé, symbole d’un tiers-monde en quête de justice et de souveraineté, dont la mémoire continue de traverser les générations. L’ouvrage montre comment les choix et manœuvres politiques de l’époque ont façonné les relations internationales et l’histoire de la région.

« L’affaire Ben Barka » combine enquête journalistique, documentation historique et analyse critique. Il éclaire un crime d’État longtemps occulté et restitue au lecteur la complexité des forces en jeu. Comme le soulignent les auteurs : « Chaque indice retrouvé contribue à reconstituer la vérité », soulignant que derrière l’histoire officielle se cachent souvent des réalités ignorées.

À travers cet essai, Smith et Bergman offrent une lecture nécessaire pour comprendre non seulement la disparition tragique de Mehdi Ben Barka, mais aussi les enjeux géopolitiques, diplomatiques et sécuritaires qui continuent de peser sur le Maghreb et ses relations avec la France.

Mourad Benyahia

Stephen Smith, Ronen Bergman. Essais et Documents

Éditions : Grasset

- Publicité -

Déchoir pour régner !

7

Un pouvoir qui menace de retirer la nationalité ne gouverne plus. Il trie. Il ne débat pas. Il efface.

On nous vend la “dignité nationale”. Vaste mot pour un petit geste : barrer des noms. Comme si un pays se protégeait avec une gomme. L’Algérien, ce n’est pas un badge plastifié. C’est une mémoire, une cicatrice, une voix. Ça ne se débranche pas par décret.

Déchoir. Le verbe dit tout. On ne contredit plus, on descend d’un cran. On ne répond pas aux idées, on vise les porteurs. Ce n’est plus de la censure, c’est de l’amputation symbolique. L’État ne dispute pas. Il renvoie. À l’extérieur, de préférence. À nulle part, si possible. Au fond, la peur a changé de costume. Hier, elle bâillonnait. Aujourd’hui, elle expulse. Même corps. Nouvel uniforme.

Fin octobre 2025, une proposition de loi sur la déchéance de nationalité est déposée au bureau de l’APN par le député Hichem Sifer (RND). Le texte vise des faits commis depuis l’étranger : atteinte aux « intérêts supérieurs de l’État », atteinte à l’unité nationale, ou allégeance à une puissance étrangère. Statut : proposition enregistrée et en cours d’examen ; aucun calendrier de débat, aucun vote, aucune promulgation.
Précédent : un projet similaire avait été retiré en 2021 après une vive contestation.

On connaît la chanson : “sécurité”, “cohésion”, “intérêt supérieur”. Le lexique est noble, la manœuvre est basse. Dans les vieilles démocraties qu’on adore prendre de haut, la déchéance est rare, honteuse, bornée. Ici, on rêve d’en faire un levier. Un outil de guichet. L’État-douanier : “Toi tu rentres, toi tu dégages.” Le concierge de la patrie, clefs en main, humeur variable.

Qu’est-ce qu’un pays qui menace ses enfants de non-appartenance ? Un pays en panique. Un pouvoir qui n’a plus la force de convaincre. Alors il trie pour régner, comme on filtre des commentaires sur un réseau social. Mais un peuple n’est pas une page à modérer.

On me dira : “Il y a des lignes rouges.” Soit. Alors débattons-les. Devant tous. Avec des juges, des textes, des preuves, des limites claires. Pas avec une gomme tenue à la main par le politique du moment. La citoyenneté est un droit, pas un abonnement premium.

L’histoire, chez nous, sait compter les reniements. On a déjà tenté l’excommunication interne. On a jeté des révolutionnaires entiers dans l’ombre parce qu’ils gênaient le récit officiel. Résultat : eux sont restés dans les mémoires, leurs censeurs dans les notes de bas de page. La bêtise, elle, a traversé les régimes. Fidèle. Obstinée.

La nation n’est pas un salon privé. Ce n’est pas un cocktail où l’on choisit ses invités. C’est une maison ouverte aux courants d’air, aux conflits, aux contradictions. Quand on commence à bannir l’Algérien de l’Algérie, on ne protège rien : on rétrécit la maison. On la rend inhabitable, même pour ceux qui y restent.

Il faut le rappeler sans trembler : on ne déprogramme pas une appartenance. On ne débranche pas une naissance. On ne retire pas d’une poitrine l’air qui l’a faite.

Un État digne tient par la loi, la raison, la contradiction. Un pouvoir fragile tient par la peur et le tampon. Entre les deux, il faut choisir. Et vite. Car un jour vient où, à force d’effacer les autres, on se retrouve seul au tableau. Avec sa peur. Et un passeport inutile.

Zaim Gharnati.

- Publicité -

L’État algérien récupère l’hôtel El Palace à Barcelone, autrefois propriété d’Ali Haddad

2
El Palace d'Ali Haddad récupéré par l'Etat algérien
El Palace d'Ali Haddad récupéré par l'Etat algérien

Le prestigieux hôtel El Palace, l’un des établissements les plus anciens et les plus emblématiques de Barcelone, change de mains. Selon les informations révélées par le quotidien espagnol La Vanguardia et reprises par El Debate, le 28 octobre 2025, la propriété de l’hôtel revient désormais à l’État algérien, via le Fonds national d’investissement (FNI), un organisme public rattaché directement au Premier ministre algérien.

Ce transfert, conclu discrètement durant l’été 2025, marque la fin d’un long contentieux autour de l’homme d’affaires Ali Haddad, décrit par le média espagnol comme figure centrale du capitalisme d’État sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika. Condamné en Algérie pour corruption et détournement de fonds publics, l’homme d’affaires Ali Haddad avait acquis l’hôtel en 2011 auprès de l’ancien président du FC Barcelone, Joan Gaspart, pour un montant estimé entre 54 et 80 millions d’euros.

Un actif emblématique au cœur du dispositif anti-« iassaba » (la bande)

L’affaire El Palace illustre le nouvel activisme économique et judiciaire du gouvernement algérien, engagé depuis 2019 dans une campagne de récupération des avoirs transférés illégalement à l’étranger par les proches de l’ancien régime. Abdelmadjid Tebboune a fait, selon la vulgate officielle, de la lutte contre « l’issaba » — le réseau d’oligarques liés à Bouteflika — un axe majeur de sa gouvernance.

Au cours d’une récente allocution devant les hauts gradés de l’armée, Abdelmadjid Tebboune a annoncé la récupération d’actifs d’une valeur estimée à 30 milliards de dollars, laissant entendre, sans la nommer, la restitution d’un hôtel de luxe à l’étranger — une allusion que La Vanguardia interprète comme visant précisément El Palace de Barcelone. Quant aux autres actifs récupérés, malin celui qui serait à même de les sérier.

Une restitution par « dation en paiement », non par jugement

Particularité notable : le transfert de propriété ne résulte pas d’une décision judiciaire, mais d’une dation en paiement (Dación en Pago), un mécanisme juridique espagnol qui suppose un accord amiable entre les parties. Ce dispositif permet à un débiteur de céder un bien à son créancier pour éteindre sa dette — une voie plus discrète que la saisie judiciaire.

Selon les registres consultés par La Vanguardia, cette formule laisse penser qu’un accord a été trouvé entre l’État algérien et Ali Haddad, malgré les déclarations officielles excluant toute négociation avec les anciens oligarques. L’hôtel, d’une valeur cadastrale de 53 millions d’euros, est grevé d’une hypothèque de 26 millions d’euros contractée auprès de la banque Santander, désormais à la charge du FNI algérien.

Une affaire aux ramifications diplomatiques

Cette restitution s’inscrit dans le contexte sensible des relations entre Alger et Madrid, mises à l’épreuve depuis le revirement du gouvernement de Pedro Sánchez en mars 2022, lorsque l’Espagne a soutenu publiquement le plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. Malgré la crise diplomatique qui s’en est suivie, les deux capitales ont maintenu un canal de coopération judiciaire sur les dossiers financiers liés aux oligarques algériens.

Selon des sources diplomatiques citées par La Vanguardia, la représentation espagnole à Alger a traité avec « diligence » les demandes algériennes de coopération dans la localisation et la restitution des biens mal acquis. Une délégation algérienne s’est d’ailleurs rendue à Madrid récemment dans le cadre de la commission bilatérale de sécurité, où la question des avoirs détournés a été abordée.

Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, s’est rendu à Alger la semaine dernière, dans ce qui apparaît comme un signe d’apaisement entre les deux pays.

Une gestion toujours liée à l’ancien réseau

Depuis 2014, la gestion commerciale de l’établissement est assurée par Royal Blue Bird, société dirigée par Radia Bouziane Allaoui, une ressortissante algérienne naturalisée espagnole, proche de l’entourage d’Ali Haddad. L’entreprise n’a pas souhaité commenter les informations publiées par la presse espagnole.

Sur le plan légal, la propriété a été transférée en août 2025, bien que l’enregistrement définitif soit encore en cours. Le greffe espagnol a récemment émis un avis défavorable sur la formalisation du transfert, sans en préciser les motifs. Toutefois, le droit espagnol prévoit que la cession prend effet dès la signature notariale, indépendamment des délais d’enregistrement administratif.

Un symbole de souveraineté économique

Au-delà du scandale, la reprise d’El Palace par le FNI illustre la volonté d’Alger de reconstituer un patrimoine public dilapidé durant les années fastes de la « présidence Bouteflika ». Elle s’inscrit dans un processus de réhabilitation financière et politique, visant à tourner la page d’une décennie marquée par la collusion entre pouvoir et affaires.

En reprenant possession de ce joyau hôtelier, l’Algérie envoie un signal fort : celui d’un État qui cherche à restaurer son autorité et sa crédibilité internationale, tout en cherchant à solder les comptes d’un passé économique opaque.

Samia Naït Iqbal

# Source principale : « El Palacio de Barcelona pasa a manos del Estado argelino tras años de litigio con el magnate Ali Haddad », La Vanguardia, 27 octobre 2025.

Article repris et analysé par : El Debate, édition du 28 octobre 2025.

- Publicité -

AI AI AI, ou comment dire que nous ne sommes pas faux !

0

Comment répondre quand vous devenez la question. Proposition.

Face à une nouveauté, difficile de savoir comment réagir sans être ni bête, ni fermé.
Je suis sur le point de publier un nouveau livre. Mais, un livre, comme une image, une voix au téléphone et bientôt tout le reste de l’univers connu, sont suspectés d’être des faux, de vrais faux. Elle est là, la nouveauté, dans le fait de le savoir, que cela pourrait être un vrai faux.

Vivre en état de suspicion chronique nous pend au nez, autant que de tomber sous le regard, forcément louche, de suspicieux innombrables à qui on ne peut pas donner tort.

 
Je ne suis pas en mesure de juger si l’Intelligence artificielle (IA) a un penchant plus ou moins prononcé pour le faux. Les humains, qui ont la chance d’être équipés d’une intelligence naturelle, sont eux aussi pratiquants fervents d’imitation et d’approximation, probablement d’une manière plus inconsciente. La question qui m’occupe pour le moment, et qui vaut le coup d’être partagée, est ailleurs.

Un nouveau livre arrive et avec lui un doute d’une nature nouvelle.

Je me demande s’il faut le dire. Oui, s’il faut dire aux lecteurs que ce livre, comme les autres, comme les photos ou l’auteur en personne sont de vrais vrais.

Figurez-vous que c’est plus compliqué que prévu.

Je n’ai pas envie de transformer tout ce que je produis en support à nutrIAscore coloré engagé, ou en acte de survIAlisme littéraire qui clamerait ma réalité.

Le résultat serait sans aucun doute moche et pénible.

Mais marquer le coup, raconter d’une façon ou d’une autre que cela ne me gêne pas que l’on joue avec l’IA, mais que dans mon coin ce n’est pas ma manière de faire, pourquoi pas.

Mais, comment ?

Comment dire ce quelque chose sans en faire des tonnes ?

En attendant mieux, et ne trouvant pas d’exemple auquel me raccrocher, j’ai ajouté dans un petit coin de mon site Internet la mention née par voie naturelle:

sansIAjoutée

Est-ce une bonne proposition ? Avez-vous envie, en tant qu’écrivains, journalistes, ou je ne sais quoi, de le dire ? Serons-nous un jour contraints de le faire ? Vous êtes éditrice, éditeur, comment y pensez-vous ? Accorderiez-vous, en lectrices et lecteurs, un regard, une valeur différente, à un média ou un simple post doté de cette mention ?

Ici, en bas à droite, pour les curieux qui voudraient voir la nouveauté dans son milieu naturel.

Et vous, vous préférez au naturel, sansIAjoutée ?

Marcus Hönig

https://www.marcushonig.com

- Publicité -

« Le bonheur d’être Gaulois », de Jean-Paul Savignac : redécouvrir une civilisation vivante

3
Jean-Paul Savignac

À travers Le bonheur d’être Gaulois : mœurs, coutumes et croyances, publié aux éditions Imago, Jean-Paul Savignac propose une plongée fascinante dans la Gaule ancienne. Loin des clichés du « barbare » ou du guerrier primitif, l’auteur dresse le portrait d’un peuple raffiné, joyeux et profondément humain.

Entre érudition et sensibilité, son ouvrage fait revivre une civilisation vibrante, pleine de poésie, de rites et de savoirs, offrant une réflexion originale sur la mémoire et l’identité culturelle.

Jean-Paul Savignac est un écrivain, linguiste et professeur de lettres classiques français, spécialiste de la langue grecque, officier des palmes académiques, reconnu pour ses travaux sur la langue gauloise, la mythologie et les civilisations celtiques. Formé aux lettres anciennes, il a traduit des auteurs grecs tels que Pindare et Eschyle, et s’est spécialisé dans l’histoire des mentalités et la culture préromaine. Son parcours allie rigueur universitaire et sensibilité poétique, ce qui lui permet de restituer la Gaule avec une profondeur rarement atteinte.

Dans cet ouvrage, Jean-Paul Savignac entreprend une véritable redécouverte du monde gaulois, longtemps déformé par les sources romaines. Son objectif est de restituer l’humanité, la créativité et la pensée de ce peuple à travers les données archéologiques, les textes antiques et les mythes celtiques transmis par la tradition orale irlandaise et galloise. Il développe ainsi une approche originale mêlant érudition, imagination et profondeur spirituelle, avec un engagement clair : rendre aux Gaulois leur dignité intellectuelle et artistique.

Le Bonheur d’être Gaulois explore la civilisation gauloise du IVᵉ siècle avant J.-C. au Ve siècle après J.-C., de la Gaule indépendante à son intégration dans l’empire romain. Jean-Paul Savignac s’attache à restituer la complexité d’une culture souvent réduite à des clichés scolaires ou folkloriques. Pour cela, il croise les sources : découvertes archéologiques récentes, témoignages des auteurs grecs et latins souvent biaisés et traditions mythologiques irlandaises et galloises. Ce triple regard offre une vision globale du monde matériel, symbolique et religieux des Gaulois.

Un des aspects les plus originaux de sa démarche réside dans la volonté de dépasser l’image d’un peuple avant tout guerrier ou dominé par Rome. Jean-Paul Savignac choisit de mettre en avant la vie quotidienne, les fêtes et les émotions : banquets, musique, parole poétique, artisanat, relations sociales et affectives, amour, amitié, mais aussi science, médecine et sagesse orale. Il montre que les Gaulois étaient des observateurs attentifs de la nature et du cosmos, des inventeurs et des penseurs dont la culture était profondément enracinée dans la joie et la créativité.

La structure de l’ouvrage est thématique et particulièrement riche. Les chapitres tels que « Assouvir la soif et l’appétit », « Chérir les êtres », « Goûter les choses », « Face au monde », « Le gala reviviscent » et « Les enchantements immatériels » explorent successivement la gastronomie et les banquets, les relations humaines et affectives, les plaisirs esthétiques, le rapport à la nature et au sacré, la fête et la mémoire, ainsi que la pensée immatérielle et spirituelle. Cette organisation en mosaïque permet au lecteur de comprendre la culture gauloise dans toutes ses dimensions, loin des visions réductrices héritées des historiens romains.

La langue gauloise occupe une place centrale dans l’analyse de Jean-Paul Savignac. Linguiste, il rappelle que la parole, orale et poétique, était un instrument de savoir et de transmission. Les druides, gardiens de la mémoire et des connaissances, jouaient un rôle essentiel dans la cohésion sociale. Par cette attention à la langue et à l’oralité, Jean-Paul Savignac replace la culture gauloise dans le contexte plus large des civilisations fondées sur la mémoire et le verbe, où l’oralité tient lieu d’écriture.

L’auteur met également en lumière la continuité de cette culture jusqu’à nos jours. Les toponymes, certaines expressions, fêtes saisonnières ou coutumes rurales trouvent encore leur origine dans cet héritage ancien. Le texte de Jean-Paul Savignac montre que la culture gauloise n’a jamais été totalement effacée : elle subsiste dans notre langue, nos symboles et notre imaginaire collectif, offrant une résonance contemporaine inattendue.

Jean-Paul Savignac insiste aussi sur les banquets et les fêtes, qui étaient des moments de transmission culturelle, de convivialité et de célébration de la vie. Il détaille la manière dont la musique, la parole poétique et les rituels accompagnaient ces événements, révélant l’importance de la sensibilité artistique et de la mémoire collective dans la société gauloise. Ces descriptions donnent au lecteur un aperçu vivant et incarné du quotidien et des valeurs de ce peuple, souvent ignorées par les historiens classiques.

Le rôle de l’artisanat et de la beauté matérielle est également souligné. Jean-Paul Savignac évoque les objets fabriqués par les Gaulois, bijoux, poteries, armes ornées, comme le reflet d’une société inventive et attentive à l’esthétique. L’art et la technique, la maîtrise des matériaux et l’attention au détail témoignent d’un raffinement qui contraste avec l’image de « barbares » véhiculée par la tradition historique.

Un autre point fort de l’ouvrage réside dans la méthodologie adoptée par Jean-Paul Savignac. Il combine avec rigueur sources archéologiques, textes antiques et traditions celtiques, mais aussi imaginaire et sensibilité poétique, pour reconstituer la civilisation gauloise. Cette démarche pluridisciplinaire lui permet de restituer une image nuancée et vivante d’un peuple longtemps réduit à une caricature guerrière.

Le livre ne se limite pas à l’histoire : il constitue un véritable essai culturel et poétique. Jean-Paul Savignac invite à réfléchir sur la continuité des civilisations, la transmission des savoirs et l’importance de la mémoire collective. En valorisant un peuple attaché à la convivialité, à la fête, à la parole et à la beauté du monde, il propose un modèle d’harmonie entre l’homme, la communauté et la nature qui trouve un écho dans les préoccupations contemporaines.

Le lecteur découvre également une approche philosophique : le rire, le banquet, le dialogue et la musique sont autant de moyens de cultiver l’harmonie et le bonheur. La vie gauloise, loin de se réduire à la survie ou à la guerre, apparaît comme une célébration de la créativité humaine, du lien social et de la communion avec la nature. Cette dimension spirituelle enrichit la lecture et dépasse largement le cadre d’une simple étude historique.

Jean-Paul Savignac renouvelle enfin notre perception de la civilisation gauloise dans une perspective identitaire et culturelle. Loin de la vision stéréotypée héritée de Rome, il redonne aux Gaulois une place dans l’histoire européenne ancienne. Son ouvrage insiste sur la curiosité, la créativité et la sophistication de ce peuple, célébrant la poésie, la pensée, la musique et l’artisanat. Il démontre que les Gaulois étaient des penseurs et des artistes, profondément connectés à la nature et à leur environnement spirituel.

L’écriture de Jean-Paul Savignac, claire et vivante, rend ces connaissances accessibles à un large public. Il s’adresse autant aux passionnés d’histoire ancienne et d’archéologie qu’aux curieux souhaitant comprendre une civilisation longtemps mal comprise. Par son approche humaniste, il montre comment l’étude des Gaulois peut enrichir notre compréhension de l’humanité et des héritages culturels.

Le Bonheur d’être Gaulois s’inscrit dans un contexte contemporain où les sociétés occidentales s’interrogent sur le patrimoine, l’identité et la spiritualité. En proposant une vision apaisée et inspirante de la Gaule, Jean-Paul Savignac fait écho aux aspirations modernes à la simplicité, à l’enracinement et à l’harmonie. Il montre que la redécouverte d’un passé lointain peut nourrir notre présent et offrir des repères culturels et philosophiques précieux.

L’ouvrage dépasse largement le cadre de l’étude académique. Il agit comme un pont entre l’histoire et la conscience contemporaine, réveille un héritage oublié et invite à réfléchir sur la mémoire collective. Jean-Paul Savignac propose une redécouverte incarnée de la Gaule : non pas un simple champ de fouilles ou un épisode oublié de l’histoire, mais une civilisation vibrante et foisonnante d’idées, d’émotions et de symboles. Par son écriture claire et son regard empathique, il rend ce monde disparu proche et familier pour le lecteur.

Le bonheur d’être Gaulois se lit comme une célébration de la vitalité gauloise : un peuple animé par la joie, la fête, l’amour du beau et le respect des forces naturelles. Jean-Paul Savignac restitue l’esprit d’une culture enracinée dans la communauté, la parole poétique, la musique, les rituels et la quête de sens. Les Gaulois n’étaient pas seulement des guerriers affrontant César, mais aussi des artisans, conteurs, savants et observateurs du monde. En redonnant vie à leurs coutumes et croyances, l’auteur invite à comprendre leur profondeur culturelle et spirituelle.

En conciliante exigence scientifique et sensibilité poétique, Jean-Paul Savignac rend hommage aux Gaulois et, par extension, à l’humanité elle-même. Il invite à dépasser les préjugés historiques et à réfléchir à la diversité culturelle et à la richesse des héritages oubliés. Pour toute personne intéressée par l’histoire ancienne, l’archéologie, les langues anciennes ou les mythologies celtiques, cet ouvrage constitue une lecture stimulante et fondatrice, offrant à la fois connaissances, plaisir et réflexion.

Le Bonheur d’être Gaulois de Jean-Paul Savignac est un ouvrage accessible, érudit et profondément humaniste. Il propose une redécouverte sensible de la Gaule, célébrant la créativité, la joie et la sagesse de ce peuple. Loin de se limiter à une étude académique, Jean-Paul Savignac offre un regard vivant et poétique sur une civilisation dont l’héritage continue de résonner dans notre culture, notre langue et notre imaginaire.

Brahim Saci

Le bonheur d’être Gaulois : mœurs, coutumes et croyances, éditions Imago

- Publicité -

Abdelaziz Guechir, l’élégance née à Collo

0
Abdelaziz Guechir
Abdelaziz Guechir

Il y a des joueurs qui passent, et d’autres qui restent dans les mémoires sans jamais avoir eu besoin de bruit. Abdelaziz Guechir, enfant de Collo, fait partie de cette seconde catégorie : les artistes discrets, les seigneurs du ballon qui marquent leur époque par la justesse de leur jeu et la droiture de leur parcours.

Les racines : Collo, la mer et le ballon

Né à Collo, petite ville accrochée à la Méditerranée, Guechir grandit dans une ambiance de passion sportive et de camaraderie. Là-bas, le ballon n’est pas un loisir, c’est un prolongement naturel du corps.

Au sein du Wifak de Collo, il s’impose très tôt. Dans les années 1980, alors que le club vit son âge d’or, le jeune milieu de terrain étonne par sa vision du jeu et son calme. À peine promu chez les seniors, il réussit à s’imposer parmi les plus anciens — un exploit dans un club où la concurrence faisait rage.

L’étoile s’élève à Batna

Au début des années 1990, le Chabab de Batna (le fameux CAB) repère ce talent pur et le recrute.

C’est là que tout bascule : Guechir devient rapidement le chef d’orchestre de l’équipe.

Sa lecture du jeu, sa technique épurée, ses passes laser et son sang-froid en font le métronome du milieu batnéen.

Sous ses ordres silencieux, le CAB retrouve la voie de la gloire. En 1993, il joue un rôle déterminant dans la montée en Division 1, après un duel homérique contre le voisin, la Mouloudia de Batna.

Les supporters se souviennent encore de cette saison, de ses gestes précis et de cette élégance qui le distinguait des autres.

La consécration nationale

Sa régularité et sa maîtrise lui valent la reconnaissance nationale. En 1993, il est convoqué en équipe d’Algérie par Rabah Madjer, avant de rejoindre la sélection de Fergani pour la CAN 1996 en Afrique du Sud.

Sous le maillot vert, il confirme ce qu’il a toujours été : un joueur d’équilibre, un penseur du jeu. Pas de fioritures, pas de coups d’éclat inutiles, mais une efficacité et une lucidité rares.

Il dispute plusieurs rencontres amicales et officielles, laissant une belle impression auprès de ses coéquipiers comme des techniciens.

La fidélité comme destin

Malgré les offres séduisantes venues de clubs de renom, l’administration du CAB refuse de le libérer. Guechir reste fidèle à ses couleurs. Une fidélité qui, si elle l’honore, lui coûte sans doute une carrière plus large.

Mais il ne se plaint jamais. Il continue de se battre pour son équipe, offrant à Batna son expérience et son talent.

En 1997, il conduit le club vers deux finales prestigieuses : la Coupe d’Algérie et la Coupe du 1er Novembre. Deux épopées qui scellent définitivement son statut de figure emblématique du football batnéen.

L’expérience et le retrait

Au tournant des années 2000, Guechir rejoint la JSM Skikda, où il apporte sa rigueur et son sens du collectif. Là encore, il laisse une trace : celle d’un professionnel exemplaire, respecté de tous.

À la fin de sa carrière, il revient à ses origines, à Collo, cette ville bleue qu’il n’a jamais quittée de cœur. Il prend les rênes du Wifak Collo, son club formateur, en tant que président, avant de se retirer définitivement du monde du football, avec une pudeur fidèle à son tempérament.

Abdelaziz Guechir, c’est aussi une certaine idée du football algérien : celui des années authentiques, où le maillot comptait plus que le contrat. Ceux qui l’ont côtoyé parlent d’un homme droit, modeste, à l’écoute, profondément attaché à sa région et à ses racines.

Son passage a laissé une empreinte durable — celle d’un joueur élégant, d’un coéquipier loyal et d’un dirigeant intègre.

Héritage d’un seigneur du milieu

Aujourd’hui encore, dans les cafés de Collo ou les ruelles de Batna, son nom revient avec émotion.

« Guechir, c’était le cerveau du jeu », disent les anciens supporters.

Et cette phrase, souvent répétée, dit tout : Abdelaziz Guechir n’a peut-être pas eu la carrière qu’il méritait, mais il a eu mieux — le respect éternel de ceux qui savent ce que veut dire jouer juste

Djamal Guettala 

- Publicité -

Vol au Louvre : Zemmour relance sa croisade anti-algérienne

4
Eric Zemmour, le chef de Reconquête
Eric Zemmour, le chef de Reconquête, repart en guerre contre l'Algérie.

Le polémiste d’extrême droite Éric Zemmour a profité du spectaculaire cambriolage du musée du Louvre pour relancer son discours anti-immigration, ciblant une fois de plus la communauté algérienne en France. Décidément, Zemmour est en manque de carburant !

L’affaire, qui a secoué Paris la semaine dernière, concerne un vol audacieux : quatre individus ont réussi à s’introduire dans le musée le plus célèbre du monde et à dérober, en à peine huit minutes, huit bijoux de la couronne estimés à près de 88 millions d’euros. Deux suspects ont été arrêtés : l’un d’origine algérienne, interpellé à l’aéroport Charles-de-Gaulle alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Alger, l’autre d’origine malienne.

Sans attendre les conclusions de l’enquête, Eric Zemmour saisit l’occasion pour en faire un symbole de sa rhétorique identitaire surannée. Invité sur France 3, le très agité chef du parti Reconquête a lancé : « L’immigration vole les joyaux de la couronne française. » Epatante sortie de cette individu en mal de lumière médiatique.

Sur la plateforme X (ancien Twitter), il a ajouté : « L’Algérie entre en scène dans la saga du Louvre. L’immigration vole nos trésors, notre civilisation. C’est le djihad quotidien. »

Ces propos, jugés incendiaires, ont déclenché une vague de réactions indignées. Journalistes, militants et internautes ont accusé Zemmour d’attiser la haine et de détourner l’attention des véritables crises que traverse la France : inflation, chômage, logement et montée de la précarité.

« À chaque fait divers impliquant un immigré, Zemmour ressort les mêmes obsessions », dénonce une élue de Seine-Saint-Denis. « Mais il se tait face aux violences policières ou aux scandales d’État. »

Nombreux sont ceux qui ont rappelé que le Louvre lui-même abrite des milliers d’œuvres pillées pendant la période coloniale, notamment en Afrique du Nord et en Asie.

« Parler de vol de civilisation quand le musée expose des objets arrachés à l’Égypte, au Bénin ou à l’Algérie relève du cynisme », a commenté un internaute.

Zemmour, déjà condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale, multiplie depuis des années les attaques contre les Algériens. En 2021, il avait affirmé que « la guerre d’Algérie n’était pas terminée » et que la France devait « reconquérir son identité ».

Sa rhétorique, nourrie d’une nostalgie coloniale assumée, s’essouffle pourtant. Si elle séduit un noyau dur d’électeurs, elle lasse une opinion publique préoccupée par d’autres urgences. Certains analystes estiment que Zemmour, faute de projet politique, mise sur le choc médiatique pour exister.

Dans les banlieues françaises, ses propos ravivent un sentiment d’exclusion. « On travaille, on étudie, on vit ici, et pourtant on reste les boucs émissaires », confie un jeune Français d’origine algérienne à Marseille.

Alors que l’enquête sur le braquage du Louvre se poursuit, les mots de Zemmour rappellent combien le débat sur l’immigration en France reste piégé par les vieilles rancunes de l’histoire coloniale. Entre peur et populisme, la haine devient un fonds de commerce politique — et chaque fait divers, un prétexte à rejouer l’éternel procès de l’Autre.

Mourad Benyahia 

- Publicité -

Tunisie : la « cause du complot » ajournée, entre irrégularités judiciaires et colère populaire

0
Manifestation contre l'arbitraire en Tunisie
Manifestation contre l'arbitraire en Tunisie

La Cour d’appel de Tunis a reporté au 17 novembre 2025 l’examen en appel du dossier dit du “complot contre la sûreté de l’État”. Cette affaire emblématique, qui implique près de quarante opposants tunisiens, symbolise aujourd’hui la dérive autoritaire de Kaïs Saied et la mise au pas d’une justice.

Parmi les accusés figurent d’anciens ministres, des dirigeants de partis politiques, des militants et des figures médiatiques. En avril dernier, le tribunal de première instance avait prononcé des peines allant de quatre à soixante-six ans de prison, dans un verdict jugé “inique et politique” par la défense. Les avocats dénoncent depuis un procès “taillé sur mesure pour écraser l’opposition”.

Une audience reportée dans le flou et la tension

Selon Me Mohamed Ali Bouchiba, membre du collectif de défense, l’audience d’appel prévue le 27 octobre s’est tenue “dans des conditions opaques et irrégulières”. “Les accusés en liberté n’ont pas été convoqués dans les formes légales, tandis que les détenus n’ont pas été extraits de leurs cellules sans explication de l’administration pénitentiaire”, a-t-il précisé à ultra Tunisie. Le report de la séance au 17 novembre a donc été décidé, faute de présence effective des parties.

La tension était palpable aux abords du palais de justice, placé sous haute surveillance policière. Des avocats et journalistes, y compris ceux de l’agence officielle TAP, ont été empêchés d’accéder à la salle d’audience. Face à cette situation, le bâtonnier Boubaker Ben Thabet a décidé de suspendre toute participation des avocats à la procédure jusqu’à correction des irrégularités et respect des principes d’un procès public.

Une justice à huis clos et un peuple en colère

À l’extérieur du tribunal, les familles des détenus et de nombreux militants ont tenu une manifestation pacifique pour réclamer la fin des procès “à distance” et l’ouverture d’une audience publique et contradictoire. Sur les pancartes et dans les chants, les slogans fusaient : “جلسة حضورية حق موش مزية” (“Une audience publique est un droit, pas une faveur”) ou encore “لا عدالة لا قانون شرفاء في السجون” (“Pas de justice, pas de loi, les honnêtes gens sont en prison”).

La militante Chayma Issa, poursuivie elle-même dans ce dossier, a fustigé une “politique d’intimidation et de harcèlement”. “Les accusés, qu’ils soient libres ou incarcérés, subissent un déni de justice. Nous vivons dans la peur, le chantage et la répression”, a-t-elle déclaré. De son côté, Mounia Ibrahim, épouse du détenu politique Abdelhamid Jelassi, ancien dirigeant du parti Ennahdha, a dénoncé “un procès fabriqué de toutes pièces”. Elle a appelé à ce que “les audiences soient retransmises à la télévision publique, financée par les impôts des Tunisiens”.

Des réactions politiques et juridiques en chaîne

Les réactions n’ont pas tardé. Le Parti des travailleurs a dénoncé une “mascarade judiciaire” et un “instrument de vengeance politique”. Le Courant démocratique et le Parti républicain ont parlé d’“une justice aux ordres”, accusant le régime de Kaïs Saïed d’utiliser les tribunaux pour neutraliser toute voix dissidente.

Des juristes ont également pris la parole pour alerter sur la dérive. Sana Ben Achour, professeure de droit public, s’est interrogée dans une tribune sur le sens de ces détentions prolongées et de ces procès d’exception : “Nous assistons à une violation systématique du droit à la défense, au nom d’une raison d’État devenue outil de répression. Les lois d’exception défigurent le droit pénal et piétinent la dignité humaine.”

Un tournant inquiétant pour les libertés en Tunisie

Adopté durant la pandémie de Covid-19, le décret autorisant les procès à distance sert désormais à juger des opposants politiques, sans confrontation directe avec les juges. Pour la défense, ce dispositif, détourné de son objectif initial, “instaure une justice virtuelle et autoritaire”.

Au-delà de cette affaire, c’est toute la question de la séparation des pouvoirs et de la liberté d’expression qui se pose dans une Tunisie de plus en plus verrouillée. Six ans après son arrivée au pouvoir, Kaïs Saïed concentre entre ses mains les leviers exécutif, législatif et judiciaire. Les procès politiques, les arrestations arbitraires et le musellement des médias rappellent, pour beaucoup d’observateurs, les heures sombres de l’autoritarisme d’avant 2011.

En Tunisie, l’autocrate Kaïs Saied fait désormais consensus contre sa personne. Et la “cause du complot” n’est plus seulement une affaire judiciaire. Elle est devenue le miroir d’une démocratie en péril, où les opposants politiques, les avocats et les journalistes paient le prix d’avoir voulu défendre un État de droit que le pouvoir, aujourd’hui, semble vouloir effacer.

Mourad Benyahia 

- Publicité -

Cameroun : Paul Biya (92 ans) déclaré vainqueur à la mascarade présidentielle

0
Paul Biya

Le président sortant, à la tête du Cameroun depuis 1982, Paul Biya a été déclaré vainqueur du scrutin par le Conseil constitutionnel.

Lors d’une audience à laquelle n’étaient pas représentées les chancelleries européennes et américaine, le Conseil constitutionnel ce midi a déclaré Paul Biya vainqueur du scrutin avec 53,66 % des suffrages, devant Issa Tchiroma Bakary, 35,19 %, qui a déclaré ne pas reconnaître ces résultats.

Les résultats du scrutin, qui a eu lieu le 12 octobre dernier, ont été dévoilés au lendemain d’une journée de manifestations et de tensions, après que l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary a revendiqué la victoire.

Selon le Conseil constitutionnel et les chiffres officiels annoncés ce lundi 27 octobre, le chef de l’État sortant, du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) est réélu pour sept ans, en remportant 53,66 % des suffrages, avec plus de 2,470 millions de voix. À la tête du Cameroun depuis 43 ans, Paul Biya, 92 ans, entame donc son huitième mandat.

Le principal adversaire de Paul Biya, Issa Tchiroma Bakary, du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) qui a revendiqué la victoire au lendemain du vote et a appelé dimanche ses partisans à manifester, a lui remporté 35,19 % des suffrages, avec plus de 1,622 million de voix, selon les chiffres de l’institution.

Lors des manifestations dimanche à Douala, la capitale économique, quatre personnes sont mortes, selon les autorités.

Tchiroma Bakary dénonce une « mascarade »

De son domicile à Garoua, entouré de ses partisans, Issa Tchiroma Bakary qualifie la proclamation des résultats officiels ce lundi de « mascarade ». 

« Je n’accepte pas ces résultats, le peuple camerounais n’accepte pas ses résultats et le peuple est prêt à livrer bataille aussi longtemps que nécessaire pour récupérer sa victoire.(…) Je me reconnais comme président élu et cette chose-là, j’entends l’assumer. »

Issa Tchiroma Bakary affirme que les tirs des forces de l’ordre ont fait deux morts et des blessés à Garoua et qu’il ne craint pas d’être arrêté. 

Le ministre Grégoire Owona, cadre du parti présidentiel, le RDPC, qui a porté la candidature de Paul Biya, appelle l’ancien membre du gouvernement à la raison : « Il est en train de faire une plaisanterie de très mauvais goût en voulant sacrifier des vies. Il y a déjà des morts. Il sait qu’il ne pouvait pas gagner, et qu’il n’a pas gagné cette élection. Il veut faire un putsch. Il n’a pas pu présenter ses procès-verbaux qui sont au centre de tout le processus électoral au Cameroun. Le programme de la grandeur et de l’espérance de monsieur Paul Biya va réconcilier tous les Camerounais, y compris monsieur Tchiroma. »

Selon la loi camerounaise, les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel sont définitifs et ne sont pas susceptibles de recours.

À l’audience de proclamation des résultats, à laquelle ne se sont pas fait représenter les chancelleries européennes et américaine, le Conseil constitutionnel a annoncé un taux de participation de 57,76 %.

Cabral Libii, est arrivé troisième de la course avec 3,41 %, suivi de Bello Bouba Maïgari avec 2,45 %, et Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya, avec 1,66 %

Les chiffres officiels donnent Issa Tchiroma Bakary en tête dans l’Adamaoua, dans la région Nord et dans le Littoral. Le président Paul Biya, lui, fait ses meilleurs scores, selon l’institution, dans le sud (plus de 90 %) dans le nord-ouest (86,31 %) et dans l’est (73 %).

RFI

- Publicité -

DERNIERS ARTICLES

Livre d'Arezki Khouas

« L’amour dans la chanson kabyle » d’Arezki Khouas : entre pudeur et...

0
Dans L’amour dans la chanson kabyle, Arezki Khouas explore un territoire où se croisent mémoire, pudeur et émancipation. À travers un siècle de création...
Sansal

Le littéraire et le politique

LES PLUS LUS (48H)

Livre d'Arezki Khouas

« L’amour dans la chanson kabyle » d’Arezki Khouas : entre pudeur et...

0
Dans L’amour dans la chanson kabyle, Arezki Khouas explore un territoire où se croisent mémoire, pudeur et émancipation. À travers un siècle de création...
Sansal

Le littéraire et le politique