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mercredi 15 octobre 2025
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L’avion sans papiers et le citoyen sans droit !

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Air Algérie

En Algérie, il ne se passe pas une journée sans que la réalité ne se confonde avec la fable. Nous vivons dans une jungle où le sérieux flirte avec le grotesque, où la bureaucratie se déguise en tragédie, et où le citoyen joue malgré lui un rôle dans une pièce dont il n’a jamais vu le script.

Prenons cet avion du sud, censé relier Alger à Ouargla. Un vol programmé, billets payés, passagers en règle. Tout semble normal, jusqu’à l’instant fatidique : la machine n’a pas ses papiers. Pas de certificats, pas de documents de vol. L’avion est là, imposant sur le tarmac, mais il est nu, sans identité. Un fantôme mécanique, cloué au sol.

Dans d’autres pays, ce serait un scandale national. Ici, c’est juste une journée ordinaire. On dirait presque un rituel : on fait croire au départ, on ouvre la passerelle, on aligne les passagers, puis on claque la porte. Rideau. Le citoyen, client naïf, découvre qu’il n’est pas voyageur mais spectateur, coincé dans un théâtre où les acteurs improvisent mal.

Et c’est là que la farce devient mythe. Car dans notre folklore administratif, l’avion peut exister sans papiers, comme un djinn du désert, visible mais intouchable. Quant au pilote, mystère. Était-ce un stagiaire de passage ? Un cousin recommandé par le ministère ? Un chauffeur de bus recyclé pour l’occasion ? Ou pourquoi pas un illuminé qu’on a mis là « pour voir » ? Dans notre imaginaire, peu importe. Ici, on cherche le pilote moins dans le cockpit que dans les couloirs ministériels.

Mais le vrai drame surgit lorsqu’un député ose filmer la scène avec son téléphone. Scandale ! Non pas à cause de la compagnie aérienne qui balade ses passagers comme du bétail. Non, le crime, c’est d’avoir appuyé sur « enregistrer ». La police surgit, lève le ton, joue du doigt accusateur. Le smartphone, nouvelle arme de destruction massive, devient soudain plus dangereux qu’un missile.

Tout est dit : l’État craint plus une vidéo virale qu’un crash aérien. Filmer un avion sans papiers, c’est exposer une vérité que personne ne veut voir. Filmer des passagers humiliés, c’est briser le tabou qui protège l’incompétence.

Et quand celui qui filme n’est pas un simple citoyen mais un député, représentant du peuple, la scène bascule dans l’absurde absolu. Car enfin, si un élu, mandaté pour contrôler l’action publique, se fait interdire de filmer par un policier, c’est plus qu’un excès de zèle : c’est l’effacement symbolique du peuple lui-même. Le policier n’obéit pas à la loi, il obéit à une peur diffuse : celle de « l’étranger », de « l’espionnage », de la main invisible qui verrait ce que nous préférons cacher.

Ironie suprême : on filme librement dans les aéroports du monde entier – de Paris à Istanbul, de New York à Dubaï – mais pas dans ceux de l’Algérie. Ici, une caméra ne montre pas : elle menace. Ici, l’image n’éclaire pas : elle trahit.

La loi, pourtant, est claire. Le citoyen a le droit de filmer dans l’espace public, sauf dans les zones militaires ou les procédures sécuritaires sensibles. Mais allez expliquer cela à des agents formés à l’école du « tais-toi et avance ». Chez nous, la loi est un buffet : chacun y pioche ce qui l’arrange. Résultat : l’avion sans papiers devient tolérable, mais le citoyen qui filme devient suspect.

Dans ce théâtre de l’absurde, la confusion entre mythe et réalité atteint son paroxysme. L’avion fantôme existe bel et bien, mais ne décolle jamais. Le député, en filmant, ne fait qu’exercer son droit de regard, mais on le traite comme un espion. La police, censée protéger l’ordre, défend l’absurde. Et le passager, celui qui a payé son billet, finit par se demander s’il n’a pas rêvé le voyage.

On rit, faute de mieux. On rit de ces avions clandestins qui rappellent Icare attaché au sol, de ces pilotes invisibles qui n’existent que dans les couloirs ministériels, de ces policiers qui confondent un smartphone avec une kalachnikov. On rit pour ne pas pleurer.

Car au fond, tout cela n’est qu’un épisode parmi tant d’autres. Entre le mythe et la réalité, entre l’avion sans papiers et le citoyen sans voix, il ne reste qu’une certitude : demain apportera une nouvelle scène, un nouvel épisode de cette série nationale où l’ironie et le désespoir tiennent lieu de scénario.

Et dans ce pays où la satire est quotidienne, on n’attend plus le prochain vol. On attend le prochain gag.

Zaim Gharnati

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« Gaza, on arrive » : la Flottille du Sumud défie le blocus israélien

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Flottille Somoud

Après onze jours de retard dus aux tempêtes et à deux attaques de drones dans le port de Tunis, la Flottille du Sumud a repris la mer, en route vers Gaza, pour briser le blocus israélien et acheminer de l’aide humanitaire.

« Nous partons malgré les contretemps, qu’ils viennent de l’intérieur ou de l’extérieur. Le message est clair : nous continuons, sans faiblir », a déclaré le comédien irlandais Tadhg Hickey, à bord du plus grand navire de la flottille.

Malgré des bateaux endommagés lors de la traversée depuis Barcelone et des critères de sécurité stricts, seize navires espagnols ont repris le voyage. Ils seront rejoints par dix-huit navires italiens, transportant plus de 300 passagers de plus de 45 nationalités, parmi lesquels activistes, élus et personnalités publiques. Deux navires partenaires accompagnent la flottille : un navire d’observation juridique et le Lifesaver 2, navire de sauvetage italien.

Bruno Gilga, porte-parole de la Flottille mondiale Sumud, insiste : « Nous transportons de l’aide humanitaire, mais aussi le soutien des peuples du monde entier au peuple palestinien. »

Parmi les passagers figurent l’eurodéputée Rima Hassan, l’actrice Adèle Haenel et plusieurs députés français insoumis, dont Marie Mesmeur, Emma Fourreau et Thomas Portes. Hassan, déjà présente sur une flottille précédente interceptée par Israël, rappelle l’urgence de l’action : « Nos gouvernements sont responsables de la poursuite du génocide à Gaza. »

158 parlementaires européens ont adressé une lettre ouverte à leurs ministères des Affaires étrangères pour demander une protection immédiate des participants.

La Flottille du Sumud avance malgré les obstacles, déterminée à faire entendre sa voix et à livrer un message de solidarité internationale au peuple de Gaza.

G.D.

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Les habitants assiégés de Gaza racontent l’horreur de l’offensive terrestre israélienne

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Gaza
Les enfants gazaouis payent cher la guerre que mène l'armée israélienne dans la bande de Gaza.

L’armée israélienne a lancé mardi 16 septembre une vaste offensive terrestre sur la ville de Gaza. Baptisée « Chariots de Gidéon 2 » et dénoncée comme un « carnage » par l’ONU, cette opération vise le cœur urbain de l’enclave, avec l’engagement de plusieurs brigades.

Plus rien, ni aucune pays ne retient l’armée israélienne, celle qu’on dit « la plus morale du monde » pour commettre ses carnages. Même ses anciens officiers ont des haut de cœur quand ils voient les massacres de civils dans la bande de Gaza.

À Gaza, l’offensive terrestre est en cours, rapportent les médias du monde, tous interdits d’accès à cette bande de terre désormais à la merci de l’armée israélienne. La population de Gaza qui refuse de quitter sa terre est traquée, bombardée et affamée nuit et jour.

Ceux qui ne sont pas partis sont désormais enfermés chez eux, souvent sans moyens de fuir, et racontent l’horreur d’une ville assiégée. Selon une annonce de l’armée israélienne de mercredi 17 septembre, l’armée de l’Air « et les forces de l’artillerie ont frappé plus de 150 cibles » à travers la ville de Gaza « en soutien aux troupes manœuvrant dans la zone » depuis mardi 16 septembre. 

De son côté, la Défense civile de Gaza a annoncé mercredi la mort d’au moins  12 personnes dans des frappes ou tirs israéliens sur l’ensemble du territoire depuis le début de la journée. Cela après avoir fait état de plus de 46 morts mardi.

Depuis le quartier de Cheikh Radwane, Reeme témoigne au micro de Maral Quttinieh et de la correspondante de Rfi à Jérusalem. Terrifiée, cette mère de cinq enfants qui ne dorment plus reste terrée chez elle, le téléphone pour seul lien avec l’extérieur : « La situation est très difficile. Nous sommes assiégés et nous entendons le bruit des chars. Les enfants ont très peur, surtout la nuit. Nous détestons la nuit. Le bruit des chars est effrayant et celui des avions, terrifiant. Nous avons peur de sortir, de peur d’être tués. Les chars encerclent la maison, puis reviennent. Nous sommes totalement incapables de sortir. »

Dans une autre rue, au nord de la ville, Ahmad vit la même situation. Il est bloqué chez lui avec sa famille, dix personnes au total. Un drone survole sa maison en permanence. « La situation est très mauvaise, très difficile, nous ne pouvons ni entrer ni sortir. Nous sommes encerclés par un quadricoptère. À tel point que j’ai besoin d’eau pour les enfants, et je suis absolument incapable de sortir. Si j’essaie, je serai tué et ils resteront assoiffés à m’attendre », raconte Ahmad, qui affirme que des corps sans vie jonchent la rue, mais que personne n’ose les récupérer.

Exode massif de Gazaouis

Au lendemain de l’annonce du début de l’offensive terrestre, des dizaines de milliers d’habitants fuient la ville avec leurs affaires au milieu de ruines. Selon l’armée israélienne, 40 % de la population aurait déjà quitté la ville. Le flot de déplacés se poursuit dans une atmosphère de panique. Les routes pour fuir sont embouteillés, certains y passent plus de 13 heures. L’armée a aujourd’hui annoncé l’ouverture d’un second corridor sur la rue Salah al-Din pour 48 heures à partir de ce midi. Mais quoi qu’il arrive, les zones au sud sont déjà surpeuplées. Dans la ville de Gaza, il reste 700 000 civils encore. Les quartiers résidentiels ont été réduits à l’état de gravats. Il y a des tirs d’hélicoptères, de drones, des frappes.

Depuis plusieurs jours, tout est visé : les écoles, mais aussi les centres de santé, le toit de l’hôpital pédiatrique al-Rantisi a été bombardé dans la nuit de mardi à mercredi, affectant les réservoirs d’eau, les générateurs. « Désormais les patients fuient les hôpitaux, car ces établissements censés les protéger sont devenues les cibles répétées de bombardements », décrivent des médecins de cette structure. Des patients atteints de cancers, des enfants sous respirateurs, « mais ils abandonnent leurs lits d’hôpital », racontent-ils, « non pas parce qu’ils sont guéris, mais parce qu’ils craignent que ces lits ne deviennent leur tombe ».

Depuis le 7 octobre 2023, Shady est sans nouvelles directes de sa femme et de ses trois enfants, restés à Gaza. Père de famille originaire de Gaza actuellement bloqué à Ramallah, il raconte l’épreuve de ceux qui tentent de fuir. « L’exode est quelque chose de très, très difficile. C’est très éprouvant. C’est très triste de devoir faire ses adieux à sa famille, à sa maison. On sait qu’il y a 90 % de probabilités de partir et de ne rien retrouver en revenant. Ni rue, ni maison, ni proches, ni voisins, ni la maison dans laquelle on a grandi », souffle-t-il à la correspondante de Rfi à Ramallah.

Pour ceux qui fuient, tout doit tenir dans ce que l’on peut porter. Et pour beaucoup, partir est devenu hors de portée financière. Il détaille : « Il faut payer le transport, louer un terrain, acheter une tente, financer les achats du quotidien… Les gens à Gaza n’ont plus d’argent. »

L’armée israélienne veut accélérer ces départs. Elle annonce ce mercredi aux habitants de Gaza l’ouverture d’une deuxième route d’évacuation pour 48 heures, le long de la rue Salah al-Din. Au total, Israël prévoit de mobiliser 130 000 réservistes pour mener son offensive au sol contre le Hamas. Deux divisions participent déjà à cette nouvelle offensive, bientôt rejointes par une troisième.

« Jusqu’à maintenant, les forces d’occupation bombardent le nord de Gaza et la ville de Gaza. Elles veulent pousser les gens à partir d’eux-mêmes de chez eux. La situation est catastrophique. Les gens ne se sont même pas remis des autres crises comme celle de la faim… Voilà, c’est ça la situation catastrophique dans laquelle est Gaza aujourd’hui… », déplore Shady.

Ces dernières semaines, le chef d’état-major de l’armée avait multiplié les mises en garde : cette offensive est un piège mortel pour les soldats et un risque pour la vie des otages. Eyal Zamir s’est finalement conformé aux décisions politiques.

Une opération risquée pour Israël

Le général Israel Ziv, aujourd’hui retraité, décrit également cette opération comme étant à haut risque. La ville de Gaza, le général Ziv la connaît bien : il a commandé la division Gaza lors de la seconde Intifada (soulèvement, en arabe). Selon lui, cet engagement terrestre représente un défi majeur pour l’armée israélienne.

L’offensive au sol a été précédée d’une intense campagne aérienne et de renseignement, mais intervenir dans une zone densément peuplée reste une entreprise extrêmement complexe. Cette fois, plusieurs brigades, soit plusieurs milliers de soldats, sont mobilisées. Face à eux, quelques centaines de combattants du Hamas, munis principalement d’armes antichars et d’armes légères.

Mais les hommes du Hamas ne s’engagent jamais dans des combats frontaux. Ils multiplient les pièges, les embuscades, les tireurs isolés, dissimulés dans les ruines. Ils se servent de la population civile et des otages encore en vie comme boucliers humains. « S’il y a trop de morts, ce sera un échec », avertit le général Ziv.

Autre difficulté : la planification. Les troupes israéliennes se sont préparées à plusieurs semaines de combats, mais aucune date de fin n’a été fixée. Et dans les rangs de l’armée, les critiques se multiplient. Beaucoup estiment que le rapport coût-bénéfice de l’opération est mal maîtrisé, confie le général Ziv.

Avec Rfi

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Hajer Bali : « La mémoire de nos sociétés a été entrecoupée de blancs »

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Hajer Bali

Avec Partout le même ciel, Hajer Bali poursuit un travail littéraire où s’entrelacent l’intime, le social et l’historique. Romancière attentive aux voix de la jeunesse et aux traces laissées par la mémoire collective, elle explore dans ce nouveau livre les tensions de l’adolescence, les héritages familiaux, mais aussi les questionnements philosophiques qui traversent nos sociétés

À travers ses personnages et leurs trajectoires, Hajer Bali interroge autant la condition individuelle que l’appartenance collective. Partout le même ciel s’impose ainsi comme un roman où se croisent les luttes intérieures et les échos de l’Histoire, dans un mouvement qui relie l’intime à l’universel.

Dans cet entretien accordé à Le Matin d’Algérie, elle revient sur ses choix d’écriture, ses personnages et sa vision du rôle de l’écrivain.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire Partout le même ciel ? Y a-t-il un événement ou une émotion particulière qui a déclenché ce récit ?

Hajer Bali : Pas spécialement. En fait, il s’agit pour moi de poursuivre le chemin, de continuer mes recherches, surtout dans la forme, d’expérimenter le travail sur les dialogues, sur les voix intérieures, et aussi sur l’Histoire, ou comment elle interfère dans le quotidien des gens ordinaires.

Le Matin d’Algérie : Wafa et Adel occupent le cœur du roman. Comment avez-vous construit leur psychologie et leur complicité adolescente ?

Hajer Bali :Ils sont à l’image de la jeunesse que j’observe autour de moi. J’essaye de pénétrer leur intériorité, et de dénouer, un peu, la complexité de ma société, à travers eux.

Le Matin d’Algérie : Votre roman mêle des scènes très concrètes (le quotidien, la famille, le quartier) à des réflexions philosophiques profondes. Comment avez-vous trouvé cet équilibre ?

Hajer Bali : C’est tout ce qui nous traverse. Les réflexions (De Slim, particulièrement, personnage qui est plus âgé, la quarantaine) essayent d’introduire une analyse plus profonde, en lien avec nos filiations, nos héritages, toujours dans le but de dévider la bobine, de démêler les nœuds, pour comprendre ce qui nous constitue comme société.

Le Matin d’Algérie : Le passage à l’âge adulte et les confrontations avec le monde adulte sont centraux. Que cherchez-vous à montrer sur l’adolescence et ses épreuves ?

Hajer Bali :Je ne fais qu’observer. L’adolescence, comme celles du monde entier, est l’âge où se constitue la personnalité de l’individu. Tout est épreuve, désirs d’émancipation, révolte. Pour Wafa et Adel, c’est leur amour, prisonnier des conventions, c’est la famille, comme frein à leur liberté, c’est la société qui regarde et qui juge…

Le Matin d’Algérie : La scène où Wafa et Adel font face à l’agression de la mère est intense et complexe. Que représente pour vous le lien entre violence, justice et miséricorde ?

Hajer Bali :Ils agressent donc cette vieille femme, rencontrée au marché, et qu’ils suivent jusque chez elle. La raison, c’est juste qu’ils ont besoin d’argent, mais ils ne sont pas criminels. Ils auront par la suite des remords, ils seront même terrorisés à l’idée qu’ils auraient pu lui faire très mal. Pour répondre à votre question, je dirai que la violence, partout dans le monde, est souvent la conséquence de l’injustice (qui est la première des violences). La miséricorde, lorsqu’on a la foi, est accordée par Dieu et permet le pardon chez les humains.

Le Matin d’Algérie : Vous décrivez le quotidien avec une précision quasi sensorielle. Comment travaillez-vous ces détails pour qu’ils deviennent poétiques sans être didactiques ?

Hajer Bali :Je traque les propos qui pourraient être des clichés, ou des idées reçues. Je travaille à les effacer lorsque je les détecte dans mon texte. Et en même temps, j’essaye de puiser au fond de moi la parole juste. Sans prétendre, justement, être didactique, mais, au contraire, en fouillant au plus profond de mes personnages. C’est pour ça que j’ai recours à leurs voix intérieures, pour faire en sorte qu’ils soient le plus sincères, les plus vrais possibles, dans leurs contradictions aussi bien que dans leurs lâchetés, mais aussi dans leurs beautés.

Le Matin d’Algérie : Le roman contient des références à Ibn Arabi et au mouvement du point. Pouvez-vous nous expliquer le rôle de ces symboles dans l’histoire ?

Hajer Bali : Il s’agit des réflexions de Slim. La poésie d’Ibn Arabi, à cause de sa complexité, à mon avis, ne peut être saisie que si on se l’approprie par bribes, en y mettant nos propres sentiments. Slim cherche des réponses dans la pensée d’Ibn Arabi. Il y découvre cette notion de chemin, de point, de déclenchement du mouvement. Et ça, ça l’intéresse, de comprendre l’origine, s’il y en a, du mouvement et aussi, de savoir que nous suivons tous une trajectoire, la nôtre propre, qui va rencontrer une autre trajectoire etc. Ou pas ! Mais le principal, dans tout ça, c’est qu’il y ait mouvement. D’où son bonheur lorsque le « Hirak » (Qui veut dire Mouvement) se déclenche.

Le Matin d’Algérie : La mémoire, les souvenirs et le passage du temps traversent le récit. Est-ce un fil conducteur de votre réflexion sur la vie ?

Hajer Bali : Oui. La mémoire de nos sociétés a été entrecoupée de blancs. Elle n’est pas linéaire et bien retracée par les livres d’histoire, comme pour les autres sociétés, qui n’ont pas connu les invasions, colonisations, aliénations. C’est pour ça, selon moi, que l’on se retrouve avec des souvenirs brisés, incomplets, que nous tentons de fabriquer avec des bouts de récits, des histoires partagées, ou des idéalisations. Le temps s’efface parfois, ce qui fait que mes personnages vont chercher jusqu’aux pierres, les récits des hommes préhistoriques à travers les gravures rupestres de l’Atlas. Le temps s’accélère aussi lors des révolutions qui nous portent, qui nous font vivre plus intensément.

Le Matin d’Algérie : La relation entre Wafa et sa mère, mais aussi avec son frère, est très particulière. Comment voyez-vous le rôle de la famille dans la construction de l’identité des jeunes ?

Hajer Bali : La famille peut être autoritaire, même tyrannique, en même temps qu’aimante. C’est ça le paradoxe auquel fait face Wafa. Pour moi, la famille est un socle important pour la construction de l’identité de l’enfant, mais dès l’adolescence, ce socle devient lourd et empêche l’émancipation de l’individu, il devient même liberticide. La présence d’un adulte, autre que les parents, auprès du jeune, peut être plus bénéfique, à ce moment-là. Le lien familial, peut redevenir, avec le temps, plus sain, et même émancipateur. Mais l’acte de briser le lien, à l’adolescence, est important. Tous les psychanalystes vous le diront. Wafa, qui est une femme, subit les remontrances de sa mère, qui s’inquiète pour elle. Notre société surveille les femmes. Wafa, malgré son amour pour Adel, veut continuer à l’aimer sans la contrainte du mariage, mais ce n’est pas possible. Du coup, la mère fait preuve d’autorité. Le mariage devient libérateur, qu’il soit désiré ou non.

Le Matin d’Algérie : Le quartier, la ville, la mer : ces lieux sont très présents dans le roman. Quelle importance accordez-vous à l’espace dans vos récits ?

Hajer Bali : Mes personnages évoluent dans leur espace, un espace assez étroit, en somme. Le quartier, le banc en face de la mer, l’appartement de Slim, la plage en famille pour Wafa, le café pour Slim. Ces espaces font toute leur vie. Cela, par contraste, permet de focaliser sur l’importance du voyage qu’ils font ensemble jusqu’à Biskra. Ce voyage est une respiration. Il permet, en quelque sorte, de sortir de soi, de briser toutes les défenses, les empêchements.

Le Matin d’Algérie : Votre style alterne entre narration vivante et méditation philosophique. Comment concevez-vous le rôle de l’écrivain face au monde qu’il décrit ?

Hajer Bali : L’écrivain, selon moi, fait son chemin avec plus ou moins de sincérité. Je souhaite, par mes écrits, partager avec les lecteurs, un regard sur une société, par le biais de détails ordinaires de la vie. Les développements-méditations, me servent à inscrire tout ça dans l’universel, dans une sorte de continuité du monde, qui ne doit pas nous exclure, comme peuple, du mouvement de la modernité et de l’histoire.

Le Matin d’Algérie : Si vous deviez résumer en une phrase ce que vous souhaitez que vos lecteurs retiennent de Partout le même ciel, quelle serait-elle ?

Hajer Bali : Amour:  Foi, révolution, c’est le même ciel pour tous, les mêmes joies, les mêmes précipices.

Entretien réalisé par Djamal Guettala

Le roman est publié aux Éditions Belfond, France, le 21/08/2025, et aux Éditions Barzakh, Algérie, le 28/08/2025.

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7000 € et un billet de retour : la France incite les détenus étrangers à rentrer chez eux

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Harraga

Dans le département des Hauts-de-Seine, les autorités françaises ont lancé un programme destiné à encourager les détenus étrangers en situation irrégulière à quitter volontairement le territoire. Chaque mois, le préfet Alexandre Brugère se rend dans les prisons pour présenter aux détenus cette alternative aux expulsions forcées.

Le dispositif offre un billet d’avion pour le pays d’origine et une aide financière pouvant atteindre 1 200 euros, majorée de 600 euros par enfant à charge. Les bénéficiaires peuvent également recevoir une subvention pour un projet de réinsertion professionnelle dans leur pays, allant jusqu’à 7 000 euros selon la nature du projet.

Les ressortissants algériens sont les plus nombreux à profiter du programme : 17 retours volontaires ont été enregistrés depuis janvier 2025, plaçant l’Algérie en tête des nationalités concernées. Au total, 131 retours volontaires ont eu lieu dans le département depuis le début de l’année, un chiffre proche de celui de 2024.

Le préfet Brugère souligne que cette approche répond à la fois à la surpopulation carcérale et aux difficultés administratives liées aux refus de certains pays d’émettre des laissez-passer pour leurs ressortissants sous OQTF (Obligation de quitter le territoire français). « Vous n’avez plus votre place en France et vous n’êtes pas les bienvenus », rappelle-t-il aux détenus, tout en leur offrant une sortie « dans la dignité ».

Pour les bénéficiaires, ce programme constitue une opportunité de réinsertion avec un soutien financier pour lancer une activité professionnelle ou un projet entrepreneurial. Pour la France, il permet de réduire les coûts liés aux expulsions forcées et de gérer plus efficacement la population carcérale.

Ainsi, cette initiative illustre la stratégie française : incitation financière et fermeté administrative, avec le retour volontaire présenté comme la solution privilégiée pour les détenus étrangers.

Djamal Guettala

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Algérie-Maroc : le pouvoir d’écraser les Amazigh, à qui mieux mieux !

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drapeau Amazigh
Les Amazighs sont la cible première des régimes d'Alger et de Rabat. Objectif : annihiler cette identité.

On a beau cogiter le problème algéro-marocain dans tous les sens, on arrive toujours au même constat, à savoir que les deux pays vivent sous des régimes despotiques sous lesquels les peuples autochtones sont restreints à leurs simples aspects folkloriques, et le citoyen réduit au silence.

Aux dernières nouvelles, l’Algérie pointe du doigt la répression qui s’abat sur les libertés publiques au Maroc. C’est à croire que les yeux du pouvoir sont munis de filtres qui court-circuitent tous les dépassements que vit le peuple Algérien. Violences amplifiées par le comportement sauvage de tous ces baltaguias graciés à diverses occasions et que l’on a dressé contre le peuple pour lui faire peur et le réduire à un silence pervers.

Combien de prisonniers meurent chaque année dans les geôles de sa majesté Mohammed VI et de celles de 3amhoum Tebboune ?

Bien sûr on ne peut que déplorer la mort d’hommes, mais peut-on pour autant oublier le fait qu’aussi bien du côté monarchique de sa majesté que du régime militaire d’Alger, on n’hésite pas à emprisonner, voire éliminer toute voix discordante à une musique qui remonte à la Djahilia, celle de la conquête de nos contrées par l’épée ?

“Win idiruḥan yebwid rebiss da mɛiwen”, 

“Kemel ayen id-yugran ulla d-ṛebbi d-ayla n-sen” 

Chaque envahisseur ramène son Dieu comme soutien

Pourquoi les contester si même Dieu leur appartient ?

Postulait Lounis Aït Menguellet, il y a plus de 30 ans !

Côté, monarchique, comment oublier l’affaire Mehdi Ben Barka ? Cet opposant au roi Hassan II, assassiné le 29 octobre 1965. Avec l’aide du gouvernement français, faut-il le rappeler ? Comme quoi la France est cette amie qui nous veut tant de bien, nous les autochtones !

Côté régime autoritaire d’Alger, comment oublier l’assassinat du Dr Kamel Eddine Fekhar, dont les larmes des siens n’ont pas encore séchées, et tous ces jeunes que l’on ne cesse de mettre au cachot depuis que le clown A. a remplacé le bouffon B. ?

Pourquoi ces assassinats et ces emprisonnements sinon qu’aussi bien du côté des colons de Rabat que de celui des envahisseurs d’Oujda, on adhère à la suprématie de la Oumma, et que d’un côté comme de l’autre, pour entraver tout libre choix, on décrète « Islam religion d’État » ? 

Quant aux autochtones ils n’ont qu’à prendre la valise ou choisir de vivre dans ce cercueil géant coincé entre l’extrême Est et le far Ouest. 

On pourrait disserter à l’infini sur ces régimes colonialistes, mais il suffit de parcourir ce poème de Harold Pinter dédié à l’assassinat Mehdi Ben Barka pour appréhender les procédés de ces sans-scrupules qui se prétendent croyants. Comment diable peut-on se prétendre croyant quand on a les mains tachées du sang de tant d’innocents ?

« Son corps n’a jamais été retrouvé.

Où a-t-on trouvé le corps mort ?

Qui a trouvé le corps mort ?

Le corps était-il mort quand on l’a trouvé ?

Comment a-t-on trouvé le corps mort ?

Qui était le corps mort ?

Qui était le père ou la fille ou le frère ?

Où l’oncle ou la sœur ou la mère ou le fils ?

Du corps mort et abandonné ?

Le corps était-il mort quand on l’a abandonné ?

Le corps était-il abandonné ?

Par qui a-t-il été abandonné ?

Le corps mort était-il nu ou en costume de voyage ?

Quelle raison aviez-vous de déclarer le décès du corps mort ?

Avez-vous déclaré la mort du corps mort ?

Quels étaient les liens avec le corps mort ?

Comment avez-vous su la mort du corps mort ?

Avez-vous lavé le corps mort ?

Lui avez-vous fermé les deux yeux ?

Avez-vous enterré le corps ?

L’avez- vous laissé abandonné ?

Avez-vous embrassé le corps mort ? »

Et ça se dit commandeur des croyants !

Quant au régime d’Alger, qui ne redoute pas de tomber un jour ou l’autre dans ses griffes et connaître l’avilissement le plus abject qu’un être humain puisse infliger à un autre ? Celui d’une vie entre quatre murs pendant que le soleil inonde ciel et terre.

Tout un continent Amazigh colonisé par quelques hordes sauvages ! cela est unique dans l’histoire des hommes. Pour combien de temps encore nos peuplades seront-elles soumises par les descendants des banou-hilal ? Verrons-nous enfin quelques rayons de lumières avant notre rendez-vous final avec les vers de terre ? Combien de générations leur faudra-t-il sacrifier pour réaliser que pouvoirs et peuples algériens et marocains représentent des entités non miscibles.

On a beau les secouer dans tous les sens pendant les périodes de turbulences, ils finissent toujours par se repositionner automatiquement de part et d’autre d’une certaine ligne de démarcation. Les peuples l’ont compris depuis des millénaires, les pouvoirs finiront-ils par comprendre aussi et enfin abdiquer face à des peuples qui vibrent en phase avec le slogan : « Corrigez l’histoire, l’Afrique du Nord n’est pas arabe » ?

Kacem Madani 

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Le FFS veut renouer avec ses fondamentaux : à la recherche du temps perdu 

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Le FFS sur le terrain
le P/APW, Sid Ali Youcef et des cadres de la fédération de Tizi-Ouzou, lors d'une rencontre de proximité avec les comités de villages (Crédit photo : APW de T.O.)

Après une parenthèse de compromis avec le pouvoir, le Front des forces socialistes (FFS) tente de reprendre la main. Et redécouvre les « dures réalités » auxquelles sont confrontés les Algériens.

Un temps accusé d’avoir délaissé son rôle d’opposition démocratique – en acceptant de « jouer le jeu » lors des dernières présidentielles et en voyant son premier secrétaire, Youcef Aouchiche, briguer un mandat présidentiel contre Abdelmadjid Tebboune – le plus ancien parti d’opposition du pays durcit à nouveau son discours. Sa dernière déclaration nationale, publiée le 11 septembre, marque un net retour aux fondamentaux : critique frontale du régime, dénonciation de « l’unilatéralisme », de la « judiciarisation du politique » et d’un « système incapable de se conformer à ses propres règles ».

Le texte, dense et accusateur, dresse un tableau sombre : blocages institutionnels, crise économique, chômage endémique, dépendance chronique aux hydrocarbures, inflation et « explosion du marché informel ».

Il appelle à un « Nouveau Contrat Politique et Social », fruit d’un dialogue national inclusif, pour refonder l’État sur la primauté du droit et bâtir un modèle économique affranchi de la rente. Les propositions de réforme – abrogation des lois liberticides, limitation de la détention préventive, séparation des pouvoirs, indépendance de la justice – rappellent le registre historique d’un parti qui s’est toujours voulu la conscience démocratique du pays.

Mais cette inflexion radicale intervient à quelques mois d’échéances locales et législatives décisives. Difficile, dès lors, d’y voir seulement un sursaut éthique. Le repositionnement du FFS, s’il lui permet de renouer avec une base militante ébranlée par les années de compromis, porte aussi l’empreinte d’un calcul électoral. Le parti ne s’en cache guère : la déclaration précise que ces thèmes structureront sa campagne à venir.

Parallèlement, une offensive de terrain s’organise pour retisser le lien avec la population, notamment en Kabylie, son bastion historique. Samedi 13 septembre, une délégation conduite par le président de l’APW de Tizi-Ouzou, Dr Sid Ali Youcef, a rencontré les comités de villages et des citoyens de Tizi Ghenif. Discussions « franches et intenses », écoute « sérieuse » des doléances liées au développement local, à l’emploi ou aux infrastructures : ces rencontres, qui se multiplient dans la wilaya (Aït Mendes, Aït Koufi, Boghni…), visent à réactiver une proximité mise à mal.

En réaffirmant son ancrage populaire et un discours d’opposition intransigeant, le FFS espère rallier à nouveau des militants et électeurs qui, pour beaucoup, avaient vu dans ses récents compromis une dérive, sinon une compromission. Reste à savoir si ce retour aux sources suffira à regagner une influence nationale dans un paysage politique verrouillé, ou s’il ne sera perçu que comme une manœuvre pour « rattraper le temps perdu ».

Samia Naït Iqbal

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L’APS fustige la répression au Maroc : qui croira que «l’herbe est plus verte» en Algérie ?

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Détenus d'opinion
Il y a près de 250 détenus d'opinion en Algérie

L’Agence officielle algérienne (APS) s’est encore une fois illustrée en publiant, à l’occasion de la Journée internationale de la démocratie, une dépêche fustigeant la répression des libertés publiques au Maroc. C’est un peu l’histoire de la bosse du chameau.

La vénérable agence officielle du pouvoir y relaie un communiqué de la principale organisation marocaine de défense des droits humains dénonçant « l’extension du champ de la répression » et « la persistance des arrestations politiques ». 

Jusque-là, rien d’étonnant : la critique du voisin marocain est un registre familier des médias publics algériens — et la réciproque vaut pour la presse marocaine. Ce qui surprend, ce n’est pas la dénonciation en soi, mais le ton indigné adopté par une agence de presse d’État dont le pays offre un tableau loin d’être exemplaire, presque miroir de celui du makhzen que l’organisation marocaine des droits humains dénonce.

Car qui, en Algérie, pourra se laisser convaincre que « l’herbe est plus verte » de ce côté-ci de la frontière ?

Depuis le soulèvement pacifique du Hirak en 2019, le paysage des libertés publiques s’est considérablement rétréci. Les manifestations hebdomadaires ont été interdites dès 2021. Les syndicats autonomes – enseignants, fonction publique, santé – peinent à organiser grèves ou rassemblements sans pressions ni interdictions.

Les associations indépendantes, qu’elles soient culturelles, environnementales ou de défense des droits humains, doivent franchir un véritable parcours d’obstacles administratifs, souvent sans aboutir. Plusieurs organisations, telles que la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, ont été suspendues ou dissoutes.

Sur le plan politique, le pluralisme existe sur le papier mais reste corseté. Les partis d’opposition non alignés voient leurs activités entravées : refus d’agrément, interdiction de réunions publiques, restrictions sur les congrès internes.

Quant à la presse, elle fonctionne sous une double contrainte : dépendance économique à la publicité publique et arsenal juridique – lois sur la cybercriminalité, l’information ou la sécurité de l’État – qui permet de poursuivre des journalistes pour des motifs vagues de « diffusion de fausses nouvelles » ou d’« atteinte à l’unité nationale ». Le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle est interdite de tout écrit ou parole qui ne cadre pas avec la propagande officielle.

Les organisations de défense des droits humains, de Reporters sans frontières à Amnesty International, relèvent régulièrement des cas de journalistes, d’activistes ou de simples internautes poursuivis ou emprisonnés pour leurs opinions. Depuis 2020, des centaines de prisonniers d’opinion ont été recensés, même si leur nombre fluctue au gré des amnisties ponctuelles et de nouvelles arrestations.

En Algérie, il n’y a plus de syndicats libres, plus de journal ou télévision qui échappe au contrôle et à la surveille des limiers de la censure et de la sécurité. C’est tout le pays qui est placé sous éteignoir.

Bien sûr, souligner les atteintes aux droits au Maroc est légitime : la critique des dérives autoritaires ne connaît pas de frontières. Mais quand elle émane d’un organe de presse d’État dont le pays est lui-même critiqué pour des restrictions similaires, la dénonciation sonne comme une leçon mal placée. Défendre la démocratie exige d’abord de balayer devant sa porte.

À défaut, la posture critique se transforme en exercice de propagande, où l’hôpital se moque de la charité.

Sofiane Ayache

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Bonum Publicum

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Trump
Image par kalhh de Pixabay

De chronique en chronique je ne sais plus quel mot évoquer pour définir les actes et paroles de Donald Trump. Stupéfiant, incroyable, inimaginable, scandaleux et ainsi de suite. Je vous laisse le choix du  qualificatif pour la dernière frasque de l’inénarrable personnage pour lequel on est certain que la psychiatrie ne fait pas de miracle.

Voici l’histoire du moment, elle en laissera bien d’autres à suivre comme ont succédé tant d’autres. Venant de l’Utha, l’avion présidentiel, Air Force One, atterrit avec à son bord un cercueil accueilli avec les honneurs d’état. Le défunt est transporté par l’équivalent de la garde républicaine et le vice-président américain.

Une intervention solennelle de Donald Trump à la télévision rend un hommage à l’homme avec une émotion feinte et retenue des larmes. De son bureau présidentiel il rend cet hommage appuyé pour celui qui vient d’être assassiné en proclamant qu’il était « un immense héros de l’Amérique et un extraordinaire exemple pour la jeunesse américaine ».

Ce grand personnage aurait été tué par les forces maléfiques wok de l’extrême gauche américaine accuse le président. Sa femme apparait à son tour à la télévision avec les larmes retenues mais pour elle on ne peut soupçonner la fausseté de la peine. 

Très certainement en accord avec les idées de son mari, elle rappelle au peuple américain que ceux qui ont armé le tueur ne se sont pas rendu compte des terribles conséquences de leur acte pour l’Amérique.

On est passé pas loin de mettre en berne les drapeaux sur les édifices publics. Mais qui est ce personnage qui a droit à l’honneur national vibrant ?

Abraham Lincoln, Luther King,  le président Kennedy (ou son frère), Malcom X ou un autre président assassiné, McKinley ? Ou alors un héros emblématique d’une guerre, un grand écrivain, un prix Nobel pour une découverte qui a contribué à la force scientifique du pays ?

Non, pas du tout, vous êtes loin de la réponse car tous ces grands n’avaient jamais atteint la notoriété et le pouvoir public comme notre héros des temps modernes, infatigable et pugnace militant pour la liberté et la gloire de son pays.  

Ce cercueil qui a eu droit à de grosses dépenses publiques pour un très grand faste est un influenceur politique sur les réseaux sociaux, l’ami et grand appui de Donald Trump pour avoir rassemblé un nombre considérable de jeunes conservateurs à la cause MAGA. Vous l’avez enfin reconnu, l’ultraconservateur Charlie Kirk à propos duquel j’avais rédigé une autre chronique.

Imagineriez-vous dans un autre pays démocratique, un de ceux qui n’ont plus rien à avoir avec la descente aux enfers de la dictature américaine, rendre un hommage national à l’ami politique du président du pays ?  Imagineriez-vous que l’argent public soit ainsi dépensé pour un camarade du président, soutien à sa victoire électorale ?

Bien entendu que les hommages de la nation sont légitimes et nombreux à travers les pays de ce monde. Le fait en lui-même est justifié et légitime même si chacun peut remettre en cause un hommage qu’il juge illégitime. Mais a-t-on vu se déverser un flot d’argent et de temps publics pour un camarade d’école du président ou de sa pauvre tata ?

Donald Trump insulte chaque jour la décence et le droit avec son népotisme et son appétit personnel par la collusion entre le bien public et le bien personnel. Ses enfants, son gendre et lui-même se sont impliqués sans retenue ni complexe aux yeux du monde pour ce qui semble être le seul objectif qui habite et hante le président, soit profiter à son compte du Bonum Publicum (bien public).

Imagineriez-vous les gigantesques dépenses publiques qu’il faudra à l’État américain lorsqu’il s’agira d’organiser les funérailles à la dimension du règne de son imperator ?

Le Trésor américain doit chaque jour déposer un cierge pour que sa vie soit longue, très longue…

Boumediene Sid Lakhdar

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Real Madrid 2-1 OM : une défaite cruelle mais pleine de dignité

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O Marseille

Le 16 septembre 2025, l’Olympique de Marseille a livré une prestation héroïque au Santiago Bernabéu, mais s’est incliné 2-1 face au Real Madrid lors de la première journée de la phase de groupes de la Ligue des champions. Malgré une performance remarquable, les Marseillais ont été privés d’un exploit historique par deux penalties controversés.

Dès la 22e minute, Timothy Weah a ouvert le score pour l’OM, profitant d’une erreur d’Arda Güler au milieu de terrain. Ce but a galvanisé les Marseillais, qui ont résisté aux assauts madrilènes avec une organisation défensive solide et un Gerónimo Rulli impérial dans les buts, réalisant dix arrêts en première période. Les attaquants madrilènes ont été frustrés par la vigilance de la défense phocéenne.

À la 27e minute, Kylian Mbappé a égalisé pour le Real sur penalty, suite à une faute de Geoffrey Kondogbia sur Rodrygo. Ce coup du sort n’a pas ébranlé les Marseillais, qui ont continué à se battre avec détermination. La première période s’est achevée sur ce score de 1-1, avec une impression de supériorité tactique marseillaise.

La deuxième mi-temps a été marquée par un événement dramatique : à la 72e minute, Dani Carvajal a été expulsé pour un coup de tête sur Rulli, laissant le Real Madrid à dix. Les Marseillais ont intensifié leur pressing, multipliant les occasions et mettant les Madrilènes en difficulté. Cependant, la chance leur a tourné le dos. À la 87e minute, un second penalty a été accordé au Real Madrid pour une main de Facundo Medina, suite à un tir dévié de Vinícius Jr. Mbappé a transformé cette occasion, offrant la victoire aux Merengues.

Malgré cette défaite, l’OM a fait honneur à son maillot. La performance de Rulli, les efforts collectifs et la combativité des joueurs ont montré que Marseille pouvait rivaliser avec les plus grands clubs européens. Cette rencontre, bien que perdue, a confirmé la valeur et l’âme de cette équipe, capable de résister, de créer des moments de magie et de faire vibrer ses supporters même au cœur du Bernabéu.

Cette défaite laisse un goût amer, mais elle témoigne surtout de la grandeur d’un OM qui n’a jamais abandonné et qui, malgré les obstacles, a offert une leçon de courage et de fierté sur la scène européenne.

Djamal Guettala

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