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États-Unis : le président syrien al-Charaa n’obtient qu’une levée temporaire des sanctions

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Ahmed al Charaa et Donald Trump.
Ahmed al Charaa et Donald Trump. Crédit photo : Infos Minute

À la suite de la rencontre entre Ahmed al-Charaa et Donald Trump à Washington, l’ambassade de Syrie aux États-Unis va reprendre l’essentiel de ses opérations.

Mais sur le volet des sanctions qui grèvent toujours l’économie syrienne, et malgré la bonne volonté du président américain, Ahmed al-Charaa va devoir se contenter d’un moratoire de six mois, alors que c’est la priorité du nouveau régime syrien afin de relancer son économie, minée par dix ans de guerre civile.

La visite d’Ahmed al Charaa est une première dans l’histoire de la Syrie depuis son indépendance. Jamais les Assad n’ont été reçus à Washington. Après avoir pris le pouvoir à Damas et chassé le dictateur Bachar al Assad, l’ancien chef du groupe djihadiste, Hayat Tahrir al-Sham, Ahmed al Charaa se voit accueilli par Donald Trump. Mais pas pour rien. L’objectif est une recomposition de l’échiquier du Proche-Orient avec en toile de fond l’isolement de l’Iran et la neutralisation de ses satellites comme le Hezbollah.

La Syrie rejoint la coalition internationale de lutte contre le groupe État islamique. Le nouveau président syrien, reçu par Donald Trump à la Maison Blanche moins d’un an après son accession au pouvoir, en a pris l’engagement. Une volte-face spectaculaire pour cet ancien jihadiste, qui avait combattu les troupes américaines en Irak.

Quant aux sanctions économiques, Ahmed al-Charaa obtient un nouveau sursis de 180 jours. Autrement dit, une exemption temporaire de six mois. Donald Trump ne pouvait pas faire mieux, car ces sanctions ont été votées en 2019 par le Congrès. La décision finale – les abandonner pour de bon – appartient aux parlementaires américains.

Ce sont des mesures très strictes, prises à l’époque contre le régime de Bachar el-Assad. Elles coupent la Syrie du système bancaire international et interdisent les investissements ou les transactions en dollars. Or, la Maison Blanche sait qu’il y a tout à reconstruire sur le sol syrien, et qu’il y a beaucoup d’argent à la clé pour les entreprises américaines.

Depuis des mois, l’administration Trump fait pression sur les élus. Le Sénat a dit « oui » pour mettre fin aux sanctions. Mais la Chambre des représentants rechigne encore. Certaines personnalités politiques s’inquiètent ouvertement pour les minorités syriennes. Mais la presse américaine y voit aussi l’influence d’Israël, qui mènerait un lobbying discret auprès de ses soutiens politiques aux États-Unis afin de maintenir la Syrie dans son actuel état de faiblesse économique.

Avec RFI

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Les nouvelles rencontres d’Averroès : penser la Méditerranée, respirer le monde

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Marseille – Théâtre de La Criée, 28 octobre 2025. C’est dans la salle du Théâtre national de La Criée qu’a été présentée, lors d’une conférence de presse à laquelle Le Matin d’Algérie était convié, la nouvelle édition des Nouvelles Rencontres d’Averroès.

Ce rendez-vous marseillais emblématique, héritier de trois décennies de débats autour de la Méditerranée et des idées, entame un nouveau cycle sous la houlette d’une équipe renouvelée.

« Avec du souffle et pas de frontières » — cette phrase du poète André Velter résume l’esprit que veut insuffler ce collectif à la fois fidèle à l’héritage du fondateur Thierry Fabre et tourné vers de nouveaux horizons. Autour de Rémi Baille, écrivain et membre de la revue Esprit, Sobhi Bouderbala, historien à l’université de Tunis, Chloë Cambreling, journaliste et ancienne productrice à France Culture, Julien Loiseau, professeur d’histoire à Aix-Marseille Université, et des directrices Nadia Champesme et Fabienne Pavia, les Rencontres ambitionnent de faire de Marseille un port d’attache des idées et un espace de citoyenneté partagée.

La conférence a également mis en lumière La Bibliothèque Bleue, moment phare du cycle 2025, prévu le vendredi 21 novembre à 19h à La Criée. Cette soirée réunira les voix critiques de Chloë Cambreling, Julien Loiseau, Rémi Baille, Sobhi Bouderbala et Ariane Mathieu (du magazine L’Histoire), sous la modération de Fabienne Pavia. Conçu comme une émission de radio en direct, le plateau invitera le public à découvrir les coups de cœur littéraires en sciences humaines et sociales de l’année, autour de la Méditerranée comme cadre, sujet et horizon de pensée.

Produites et organisées par l’association Des livres comme des idées, qui porte également le festival Oh les beaux jours !, ces Rencontres s’inscrivent dans une dynamique d’ouverture et de transmission. Leurs actions s’appuient sur des dispositifs durables tels qu’Averroès Junior — en milieu scolaire — et le Collège de Méditerranée, nouvelle forme d’université populaire à l’échelle régionale.

Dans un monde traversé par les crises, les guerres et les replis identitaires, les Nouvelles Rencontres d’Averroès se veulent un havre pour la pensée libre, un lieu où les idées circulent entre les rives, entre passé et présent, entre histoire et actualité.

Et quand la Méditerranée devient théâtre du tumulte, Marseille — fidèle à son rôle de carrefour — rappelle que la culture peut encore être ce souffle commun, cet espace d’écoute et de résistance, où chaque livre, chaque mot, chaque rencontre, cherche à redonner sens au monde.

Djamal Guettala 

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Berlin s’en mêle : Steinmeier appelle Tebboune à gracier Boualem Sansal

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Frank-Walter Steinmeier et Tebboune
Frank-Walter Steinmeier et Tebboune. Crédit photo : DR

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier est sorti de sa réserve ce lundi 10 novembre en adressant un appel solennel à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Comme Alger ne peut plus parler à Paris, c’est Berlin qui prend les choses en main.

Dans un geste diplomatique rare, le chef de l’État allemand a demandé à Alger d’accorder la grâce présidentielle à l’écrivain Boualem Sansal, détenu depuis près d’un an, et a proposé que ce dernier soit transféré en Allemagne pour y recevoir des soins médicaux.

« Un geste humanitaire », a plaidé Steinmeier, soulignant l’âge avancé de l’auteur franco-algérien, 76 ans, et son état de santé jugé fragile. Derrière cette initiative, c’est une double dimension — politique et morale — qui se dessine : celle d’un écrivain malade devenu, malgré lui, le symbole d’une crise diplomatique majeure entre Alger et Paris, mais aussi celle d’une personnalité intellectuelle dont la détention choque une partie de l’opinion européenne.

Une condamnation lourde de sens

Arrêté le 16 novembre 2024 à Alger, Boualem Sansal a été condamné en appel, le 1er juillet dernier, à cinq ans de prison ferme pour « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué » et « possession de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ».

La justice algérienne lui reproche notamment une interview accordée au média français d’extrême droite Frontières, dans laquelle Boualem Sansal soutenait que l’Algérie aurait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant au Maroc. Ces propos avaient provoqué une vague d’indignation à Alger et relancé le débat sur les frontières héritées de l’époque coloniale, un sujet particulièrement sensible dans la région.

L’affaire Sansal, révélateur d’un climat tendu

Au-delà du cas personnel de l’écrivain, l’affaire Sansal s’inscrit dans une période de fortes turbulences diplomatiques entre l’Algérie et la France. Depuis un an, les relations bilatérales ont connu un gel quasi total : suspension de la coopération migratoire, échanges diplomatiques limités et départ de plusieurs responsables politiques impliqués dans la gestion du dossier algérien. Le soutien par Emmanuel Macron au plan de Mohammed VI pour le Sahara occidental a mis le feu aux poudres : rappel de l’ambassadeur et déclarations rageuses s’en sont suivies. En France, l’extrême droite se donne depuis à cœur joie à descendre en flammes l’Algérie.

Sur France Inter, ce lundi matin, le patron de la DGSE, Nicolas Lerner, a pourtant laissé entrevoir des « signaux » positifs venus d’Alger, évoquant une possible reprise du dialogue. « Il n’est dans l’intérêt d’aucun des deux pays de rester dans cette situation de blocage », a-t-il déclaré, appelant à la libération de Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes, également détenu en Algérie.

L’Allemagne, nouvel acteur dans le dossier

En s’adressant directement à Abdelmadjid Tebboune, le président allemand introduit une nouvelle donne diplomatique. Cette intrusion dans le dossier ne peut avoir été faite sans la main de la France derrière. Si le rôle de Steinmeier est en principe honorifique, son intervention publique traduit une inquiétude croissante à Berlin quant à la dégradation du climat politique en Algérie et à l’image du pays sur la scène internationale.

Proposant d’accueillir Boualem Sansal pour qu’il bénéficie de soins adaptés en Allemagne, Steinmeier s’inscrit dans une logique de médiation humanitaire, tout en renforçant le positionnement moral et culturel de son pays en faveur des libertés d’expression. Une manière pour Berlin de s’affirmer sur le terrain des droits humains, tout en évitant la frontalité diplomatique qui a plombé les échanges entre Alger et Paris.

Vers une issue possible ?

À Alger, les autorités n’ont pas encore officiellement réagi à la demande allemande. Mais l’appel de Steinmeier pourrait constituer une porte de sortie honorable pour le pouvoir algérien, lui permettant d’adopter un geste d’apaisement sans apparaître sous pression française.

Reste à savoir si Abdelmadjid Tebboune, souvent réticent aux injonctions étrangères, saisira cette opportunité. Gageons que oui, car le président allemand lui offre une porte dérobée pour sortir de cette isolement qui frappe sa diplomatie. L’affaire Sansal, devenue emblématique de la tension entre mémoire, liberté et diplomatie, continue en tout cas de mettre en lumière la difficulté des régimes autoritaires à tolérer la parole critique, même lorsqu’elle vient d’une plume respectée à l’international.

Mourad Benyahia avec Agences 

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Liberté académique en question : l’annulation d’un colloque sur la Palestine au Collège de France

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Henri Laurens
Henri Laurens. Crédit photo : DR

La récente annulation du colloque sur la Palestine organisé par l’historien Henry Laurens au Collège de France a provoqué une onde de choc dans le monde académique. Prévu initialement les 13 et 14 novembre 2025, cet événement scientifique a été suspendu pour des raisons qui semblent plus liées à des pressions administratives et médiatiques qu’au contenu intellectuel lui-même.

François Héran, titulaire de la chaire « Migrations et sociétés » au Collège et récemment retraité, a publié une lettre ouverte adressée à l’administrateur de l’institution, Thomas Römer. Dans ce courrier, il exprime sa consternation face à l’annulation, qu’il considère comme une illustration de la « cancel culture » au sein même d’une institution académique prestigieuse. Héran dénonce ce qu’il perçoit comme une tentative d’imposer une forme de censure déguisée, qui limite la liberté d’expression et le débat scientifique sur des sujets sensibles.

L’historien souligne que le programme du colloque, préparé par Henry Laurens, est le fruit d’un travail rigoureux et documenté, portant sur l’histoire de la Palestine depuis le dernier tiers du XVIIIe siècle jusqu’aux enjeux contemporains du conflit israélo-palestinien.

Le colloque devait aborder la montée du mouvement sioniste, le mandat britannique, les relations européennes et arabes, ainsi que les implications des décisions de l’ONU et des puissances européennes dans le conflit. Selon Héran, aucune ligne du programme ne justifie le soupçon d’antisémitisme invoqué pour motiver l’annulation.

La lettre ouverte de François Héran critique également la logique institutionnelle qui semble désormais primer sur l’expertise académique. Il ironise sur le fait que l’autorisation des colloques doive passer par l’administrateur et obtenir l’assentiment du ministre de la Recherche, et que le recrutement ou l’intervention des professeurs soit soumis à l’approbation de l’opinion publique et médiatique. Il regrette en particulier la disparition progressive du concept d’« engagement » dans la recherche scientifique, qui a longtemps été associé à la liberté intellectuelle et à la responsabilité morale des chercheurs.

L’affaire met en lumière un dilemme profond dans les institutions académiques françaises : comment concilier rigueur scientifique, liberté de débat et sensibilité politique dans des domaines politiquement chargés ? Le cas du colloque sur la Palestine illustre les tensions croissantes entre exigence académique et pression sociale ou médiatique, et soulève des questions sur la capacité des institutions à protéger l’indépendance intellectuelle de leurs enseignants-chercheurs.

Dans un contexte européen marqué par une attention accrue aux questions de politique internationale et de droits humains, cette annulation pose également la question de la responsabilité historique et morale des États et des institutions face à des sujets sensibles. La liberté académique, en tant que principe fondamental, est ici confrontée aux risques de censure indirecte, de polarisation médiatique et de récupération politique.

Pour les universitaires et observateurs, l’affaire rappelle que le rôle des institutions comme le Collège de France n’est pas seulement de transmettre des savoirs, mais aussi de garantir un espace de réflexion critique, où des sujets controversés peuvent être examinés avec rigueur et impartialité. L’annulation de ce colloque constitue donc une étape symbolique, qui pourrait influencer la manière dont les chercheurs abordent des sujets sensibles à l’avenir.

En définitive, la controverse autour du colloque de Henry Laurens révèle une tension persistante entre liberté académique et contraintes institutionnelles et sociales. Elle interroge la place de l’historien et du chercheur dans un environnement où la pression médiatique et politique peut, parfois, primer sur la science et la rigueur intellectuelle.

Mourad Benyahia 

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Belaïd At Ali : Sbiṭar (Tazmamt n°9, asebter 466) 

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Belaid At Ali

Dduklent d tarbaât ɣer sbiṭar, ad d-awint ddwa sɣur temrabḍin n Irumyen.

1. Aâdidi : D talemmast, taɣezfant, irna teǧhed, d tahrawant, armi ula d irgazen ttagaden-tt i wemseččew. Ayen i yas-d-inna uqerruy-is ad t-id-ini. Nettat ad d-tawi ddwa i taâbbuṭ-is.

2. ‘’Akufi’’ : (nettat isem-is Mesaâd, lakin qqaren-as akka, degmi tcuff s tuzert am ukufi) segmi taâwej tɣenjurt-is, tegumma ad taf i zwaǧ. Truḥ tesaâdda-d kra n wussan ɣur gma-s di Lezzayer, daɣ netta tḥefḍ-d sin imeslayen n trumit, tettzuxxu yis-sen ula nebla lmaâna. Nettat, d aqerruy-is.

3. ‘’Tamesaâuṭ’’ : D tamɣart, nettat ur iẓri ḥed dacu i d lehlak-is, tettruḥu kan tettawi-d ddwawi.

4. Tilawin nniḍen, akken aṭas, d tarbaât, mkul yiwet d ddwa i teḥwaǧ.

5. La sœur blanche, tamrabeṭ n Irumyen. Ur tessin ara taqbaylit ad tt-tfhem wala ad tt-tehḍer. Aâni… d tajḍit ɣer tmurt.

Beddent ɣer sdat tebburt n sbiṭar, segmi mazal lḥal, la traǧunt akka agemmaḍ, deg ubrid n Urumi, ad d-teffeɣ ‘’la sœur’’ ad tebdu tikci n ddwawi. Yaf, tabaɛ, dinna ɛument tlawin n tuddar nniḍen, ttraǧunt nutenti. Lakin mkul taddart ddukulent akken d tagemmuct.

La ttraǧunt… ttraǧunt… aṭas ayagi…

Yiwet tmeṭṭut : Annaɣ a Reppi ! Aâni ur d-teldint ara yakk tabburt ass-agi ?…

Tamesaâuṭ : A yell-i… nekkunti dacu ar aɣ-yerren s Adɣaɣ ! Ayagi aql-i mmuteɣ !

Tameṭṭut nniḍen : Akka-agi a yell-i mkul ass ; ɣef cwiṭ n ddwa alamma neqqim dagi ass kamel… yura…

‘’Akufi’’ : Axaṭer dagi ulac n serbis ! Lukan di Lezzayer…

Aâdidi : Dɣa kem berka ! Imi truḥeḍ kan yippas (yiwen wass) ɣer Lezzayer, dɣa Lezzayer, Lezzayer !

‘’Akufi’’ : A yell-i ! Aâni ad iyi-tekkseḍ ur heddreɣ ara ?…

Aâdidi : Ad am ikkes Reppi anzaren-nni pakli (n wakli) !… mer kan ad as-qqarent « sut Udɣaɣ akk ttruḥunt ɣer Lezzayer » !…

‘’Akufi’’ : A nnger-im, aâni tufiḍ Lezzayer, tugiḍ-tt ! ‘’Semmum laâdri’’ (1) !… Pudem-im (n wudem-im) !…

Aâdidi : Ala a yexti, pudem-im kan kem ! N tɣenjurt-im !…

‘’Akufi’’ : (tezzi diɣen ɣer tmeṭṭut-nni taberranit) : A yell-i nniɣ-am, a lemmer di Lezzayer, ad tili ata aṭas ayagi ideg tewwiḍ ddwa, truḥeḍ s axxam-im, maâna dinna tifermliyin  leḥḥunt serbis, serbis…

Tameṭṭut-nni : Tiffer… tiffermi… ?

‘’Akufi’’ : Ti-fer-mli-yin, ih dinna akka i d ismawen-nsent. Mačči am tigi n dagi, ad tent-ixdaâ Reppi, ur am-ttakent ddwa alamma…

Aâdidi : A yell-i, ad kem ixdaâ Reppi kan kem !… Nek ssneɣ-tent kra degmi d-ruḥeɣ ɣur-sent fkant-iyi ddwa, ḥliɣ. Ur d-wjiɛeɣ ara di tbermlin, neɣ tibermilin-im !… yerna dɣa a taxeddaât, ihi acimi d-truḥeḍ ass-agi ɣur-sent ?… Mi d iwermilin i tḥemmleḍ ?…

‘’Akufi’’ : Acimi d-ruḥeɣ ?… Aâni d lemzegga-nsent ? D la lwan ad iyi-fkent ddwa bessif !… D berzidan i tent-id-ittxellisen si Fransa !…

Aâdidi : Ad iberreẓ Reppi aqerru-im dɣa ! Alma d deqqal ad as-tiniḍ i Massur (ma sœur) !… (dɣa la sœur atta teldi-d tabburt, kra din n tlawin kkrent ɣef ubrid, guggint ɣur-s, zzint-as, mkul yiwet d akken tettaâggiḍ : « Nnaɣ a Massur ! Annaɣ a Massur ! D nek i d tamezwarut, nnaɣ a Massur ttxil-m ! (la sœur tugad ad tt-aâfsent, temdel diɣen tabburt).

La sœur : Doucement ! Doucement !

‘’Akufi’’ : A Massur, sivupli, mwa jiswi buku malad !… sivupli !…

La sœur : (i Ukufi) Viens toi.

(taâdda-d tkufit ɣer la sœur, ad as-temmal akk s trumit dacu i tt-iqerḥen. La sœur teddem-d tiaâqqayin, la sent-id-tḥesseb s afus. S yahin akkin, Aâdidi ur tufi yara akken ad d-taâddi ɣer leḥris-nni n tlawin, la d-treffed kan afus-is s igenni, acebbub ixreb, la d-tesmermuɣ).

Aâdidi : A Massur ! A Massur ! Ur as-ttak ara ddwa i m-yinzer-nni ! A Massur ! Tura kan i yam-tedaâ s ccer ! A Massur ! Irna tezwar-d deg-s !!!

La sœur : (i Ukufi) :  Qu’est-ce qu’elle raconte celle-a ? (dacu i d-tḥekku ta ?)

‘’Akufi’’ : A Massur, i fu pa likuti, ili ful. (ur as-smeḥsis ara i tin, tesleb).

La sœur : Ah ! Bien.

(Di syen aâddint tilawin nniḍen, wwint mkull yiwet d ddwa i yas-ilaqen. Taâddi akken ula d Tamesaâut, ma d Aâdidi, dɣa segmi simal la trennu s usmermeɣ, mi d-tqerreb ula d nettat nnuba-s, ad as-tini la sœur : « toi la folle, laisse-nous tranquille », sakin la tt-ttarrant kan ɣer deffir… ar tt-ttarrant ɣer deffir… armi ruḥen akk tlawin, teqqim-d kan nettat  weḥd-s d taneggarut. Ula d sut Udɣaɣ ; niqqal urǧant-tt, urǧant-tt… taggara-ya, ruḥent, tedda yid-sent Kufi. Teḍher-as i Aâdidi, ala Tamesaâut i ibedden weḥd-s deg ubrid n Urumi la tt-tettraǧu. Taâddi sakin ɣer temrabeṭ, tefka-yas-d taqeraâtt n waman n ddwa i taâbbuṭ-is, di syen tsubb-d s abrid, taf-d Tamesaâût, ruḥent, dduklent. Ass yaâdda di nsaf. Tiyiḍ ahat wḍent yagi s axxam).

Aâdidi : Meqqar d kem turǧaḍ-iyi , ad am-iḥerz Reppi tamgart-im.

Tamesaâut : Hi aâni ad kem-in-ǧǧeɣ ad n-truḥeḍ weḥd-m ?…

Aâdidi : A yell-i !… daya !… tin yeḍran yid-i ass-agi ur tt-tettuɣ ara !…

Tamesaâut : Ayexti !… Ula d kem !… Di laânaya n Reppi dacu ara kem-yawin ad tesmermuɣeḍ akken, neɣ acimi yakk ara teskecmeḍ iman-im deg wayen i kem-ixḍan ?…

Aâdidi : I yi-ixḍan ?… A yell-i nek ɛuddeɣ… maâna… d tidet ɣur-m lḥeqq… lemmer ḥsiɣ akka…

Tamesaâut : Mer ḥsiɣ akka ! Mer ḥsiɣ akka !… daya kan i tessnemt ad tinimt !… Maâna alamma ifut lḥal !… Mer ḥsiɣ akka …

(Tamesaâut tkemmel akken testemtum, la tleḥḥu tekna i taârurt-is ɣef taâkkazt ; ma d Aâdidi tebra kan i tuyat-is. Taswiɛt)

Tamesaâut : Mektiɣ-d yiwen usefru, wissen ma tessneḍ-t ?

Aâdidi : Anwa ?

Tamesaâut : D asefru-nni kan n temɣarin, maâna  nek gummaɣ ad t-ttuɣ :

A yiles illan d aksum

Dacu k-irran d ilili

Aqerru yerwa lehmum

Uli d-ternuḍ keččini

Tura ddunit i leqzub

ɣas ma d ccer yettmenni

Ma ur tettcebbiḥeḍ ara i laâyub

Susem kan xir-ak a mmi !…

Lamaâna atan ula d isefra, alamma ifut lḥal i ten-id-nettawi. Nessen ad nini « mer ḥsiɣ akka » !… « Mer ḥsiɣ akka » !…  

Belaïd At Ali

Timerna/notes :

1. « Semmum laâdri « : semmum lqiqeb i wuccen ; semmum-it tẓurin i wuccen… 

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L’ancien président français Nicolas Sarkozy sort de prison

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Nicolas Sarkozy

L’ancien président français Nicolas Sarkozy est sorti de prison. La cour d’appel de Paris a ordonné, lundi 10 novembre, la remise en liberté de l’ancien président français, incarcéré depuis le 21 octobre 2025 à la Santé après sa condamnation dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle. 

Malgré sa lourde condamnation par la justice, Nicolas Sarkozy ne s’est pas éternisé derrière les barreaux. La prison, « c’est dur, c’est très dur, ça l’est certainement pour tout détenu, je dirais même que c’est éreintant », a déclaré l’ancien président.

Après vingt jours de détention provisoire, l’ancien président est sorti de prison. La cour d’appel de Paris a suivi le parquet général et a décidé, lundi 10 novembre, sa remise en liberté sous contrôle judiciaire. La demande avait été déposée par ses avocats dans les minutes qui ont suivi son entrée en détention à la prison de la Santé à Paris, le 21 octobre.

Estimant que « le risque de pression, de concertation ne pouvant pas être totalement écarté » sur ses coprévenus mais surtout sur « un certain nombre de témoins-clés », particulièrement les ex-dignitaires du régime Kadhafi disséminés à travers le monde, la justice a interdit à l’ex-président de sortir du territoire français. De plus, la cour lui a imposé une « interdiction de contact » élargie, avec d’anciens responsables libyens comme avec de hauts responsables de la justice française, notamment le garde des Sceaux Gérald Darmanin, constatant sa « capacité à actionner différents services de l’État » en tant qu’ex-président.

L’ancien président comparaissait en visioconférence, en veste bleu foncé, pull et chemise. Son épouse, Carla Bruni, et deux de ses fils, Pierre et Jean, ont pris place sur les bancs du public.

Nicolas Sarkozy, 70 ans, avait été incarcéré en raison de sa condamnation à cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt assorti d’une exécution provisoire pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite pour un ex-président dans l’histoire de la République française et qui a suscité de vifs débats.

Il s’agit aussi d’une première dans l’Union européenne où aucun ancien chef d’État n’a connu l’emprisonnement. Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris l’a reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007. Il a aussitôt fait appel.

Plus que la condamnation, c’est le mandat de dépôt l’envoyant en prison, non susceptible de recours, qui avait suscité la stupeur. Pour les juges, il est justifié par la « gravité exceptionnelle » des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par « la haine ».

Les critères de la mise en liberté en question

Nicolas Sarkozy devra être remis en liberté sous contrôle judiciaire, éventuellement assigné à résidence avec un bracelet électronique. En attendant, en prison, l’ex-président a été placé à l’isolement, mais deux officiers de sécurité étaient installés dans une cellule voisine. Des dispositions justifiées par « son statut » et les « menaces qui pèsent sur lui », selon le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez.

Fin octobre, Nicolas Sarkozy a reçu la visite du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, une entrevue qui a suscité des critiques, notamment de magistrats. Dans une rare prise de position, le plus haut procureur de France, Rémy Heitz, y avait vu un « risque d’obstacle à la sérénité » et donc « d’atteinte à l’indépendance des magistrats » avant le procès en appel.

Parmi les trois condamnés avec mandat de dépôt par le jugement du 25 septembre, la cour d’appel a déjà mis en liberté sous contrôle judiciaire l’ex-banquier Wahib Nacer, 81 ans, mais a maintenu en détention l’intermédiaire Alexandre Djouhri. Pour ce dernier, condamné à six ans d’emprisonnement avec incarcération immédiate et 3 millions d’euros d’amende, la cour a considéré qu’il présentait des garanties « particulièrement faibles » face à son risque de fuite.

Dans son cas, la justice a également considéré que « les risques de pressions continuent d’exister » sur des témoins de l’affaire, notamment l’ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bechir Saleh, condamné dans le dossier et en fuite.

Dans les deux cas, le président Olivier Géron a précisé au préalable qu’en statuant sur une demande de mise en liberté, « les critères d’appréciation de la juridiction d’appel sont nécessairement différents de ceux de la juridiction de premier degré » et que ces décisions ne présageaient en rien de l’issue du procès en appel, qu’il devrait diriger.

Très attendu, ce nouveau procès libyen devrait se tenir à partir du mois de mars 2026, même si les dates précises n’ont pas encore été officiellement annoncées.

Avec RFI

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Des « signaux » algériens pour une reprise des relations avec la France, selon le patron de la DGSE

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Macron Tebboune
Macron invite Tebboune-à paris

Le patron de la DGSE, Nicolas Lerner, évoque des « signaux » algériens en faveur d’une reprise du dialogue avec la France. Sommes-nous à la veille d’une détente après un an de crise sans précédent ?

La stratégie de tension a encalminé les relations algéro-françaises. Plus d’un an après le déclenchement d’une grave crise diplomatique entre Paris et Alger, suite à la reconnaissance par la France du plan marocain pour le Sahara occidental, le directeur de la DGSE, Nicolas Lerner, a affirmé lundi 10 novembre percevoir des « signaux » de la part de l’Algérie laissant entrevoir une possible reprise du dialogue entre les deux pays.

Invité sur France Inter, le chef des renseignements extérieurs français a déclaré :

« Aujourd’hui, nous avons des signaux qui viennent de la partie algérienne sur une volonté de reprise du dialogue. »

Il a précisé qu’il s’agissait de « signaux à la fois publics et non publics », tout en réaffirmant la position de la France :

« La France y est prête, la France y a toujours été prête, mais elle rappelle ses exigences, notamment la libération de nos deux compatriotes. »

Une crise née à l’été 2024

Les relations entre Paris et Alger se sont brutalement détériorées à partir de juillet 2024, après plusieurs différends politiques et judiciaires. Pas seulement, le soutien d’Emmanuel Macron pour le plan de Mohammed VI pour le Sahara occidental a mis en rogne le régime algérien qui a rappelé son ambassadeur à Paris. A l’époque, les autorités algériennes, avaient par la voix du ministère des Affaires étrangères algérien, exprimé « leur profonde réprobation ».

La crise avait éclaté dans un contexte de tensions plurielles ravivées et d’accusations croisées d’ingérence, avant de s’envenimer à la suite de l’arrestation de deux ressortissants français en Algérie.

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal avait été interpellé le 16 novembre 2024 à Alger et condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale ». Quelques semaines plus tard, le journaliste Christophe Gleizes, correspondant de SoFoot, un hebdomadaire français, était condamné en première instance à sept ans de prison ferme pour « apologie du terrorisme ». Il est accusé d’avoir eu des contacts avec des militants du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, classé depuis 2021 comme organisation terroriste par le régime. Détenu dans la prison de Tizi-Ouzou, Christophe Gleizes doit comparaître en appel le 3 décembre prochain.

Ces affaires ont entraîné la suspension de plusieurs échanges bilatéraux, la réduction de la coopération sécuritaire et le rappel temporaire des ambassadeurs et diplomates. Paris avait qualifié la situation de « rupture grave de confiance », tandis qu’Alger dénonçait une « campagne hostile » menée par certains médias français.

Des canaux restés ouverts malgré tout

Malgré ce gel diplomatique, Nicolas Lerner a insisté sur le maintien d’un minimum de contacts entre les services des deux pays :

« Les canaux de communication n’ont jamais été coupés », a-t-il assuré, estimant toutefois que la coopération antiterroriste avait atteint « un point extrêmement bas ».

Pour le patron de la DGSE, il n’est dans « l’intérêt d’aucun des deux pays de rester dans cette situation de blocage ». Il dit espérer que les signaux actuels puissent permettre d’amorcer une désescalade progressive.

« Si les services algériens étaient en capacité de détecter une menace sur le territoire national, je veux croire qu’ils la signaleraient », a-t-il ajouté, soulignant l’importance de maintenir une confiance minimale entre partenaires face aux défis sécuritaires communs.

Premier constat : la grâce que pourrait accorder Tebboune à l’écrivain Boualem Sansal suite à la demande du président fédéral allemand constitue le premier signe probant de la volonté des autorités algériennes d’oublier la crise pour aller de l’avant. L’autre constat : c’est la première fois que les médias publics cite Boualem Sansal sans le charger de qualificatifs odieux.

L’occasion, il est vrai, est importante pour passer à côté. Que cela soit pour l’Algérie dont la diplomatie est devenue inaudible ou pour la France dont deux citoyens sont détenus en Algérie. En France, même si l’extrême droite et ses appendices comme Bruno Retailleau et Xavier Driencourt, l’ancien ambassadeur il y a un net changement de ton de la part des officiels.

Même si officiellement les relations sont rompues entre les deux capitales, plusieurs « missi dominici » s’emploient depuis plusieurs mois pour renouer les fils du dialogue entre les deux capitales. Après le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France, Chems-Eddine Mohamed Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris, est considéré comme la voix officieuse du régime algérien. En face l’archevêque d’Alger, Jean-Paul Vesco, a été reçu plusieurs fois par Tebboune. Ces audiences ne sont pas sans raison dans un travail de coulisses pour rétablir les relations avec Paris. Enfin, la nomination de Laurent Nuñez au ministère de l’Intérieur français en lieu et place de l’anti-Algérie, Bruno Retailleau, a permis de baisser la tension entre les deux pays. Homme de dialogue le nouveau ministre de l’Intérieur a fait montre de beaucoup de tact sur le dossier Algérie.

Sofiane Ayache/AFP

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Le président allemand demande à Tebboune de gracier Boualem Sansal

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Frank Walter Steinmeir
Frank Walter Steinmeir. Crédit : DR

Le Président fédéral d’Allemagne, M. Frank-Walter Steinmeier, a demandé au chef de l’Etat, M. Abdelmadjid Tebboune, d’accomplir un geste humanitaire en graciant l’écrivain Boualem Sansal, détenu depuis un an, indique, ce lundi, un communiqué de la Présidence de la République.

Compte tenu de l’âge avancé de Boualem Sansal et de la fragilité de son état de santé, le Président allemand a proposé que Sansal soit autorisé à se rendre en Allemagne afin d’y recevoir des soins médicaux, précise la même source.

Arrête le 16 novembre 2025, à l’aéroport d’Alger pour ses opinions, il a été placé en détention avant d’être condamné à 5 ans de prison ferme.

Boualem Sansal est un citoyen algérien et français, et lauréat du Prix de la paix des libraires allemands. Le 1er juillet 2025, il a été condamné en appel en Algérie à une peine de prison et à une amende, rappelle le communiqué.

«J’ai demandé à mon homologue algérien la grâce de Boualem Sansal. Un tel geste serait l’expression d’un esprit humanitaire et d’une grande clairvoyance politique. Il refléterait les relations personnelles de longue date que j’entretiens avec le Président Abdelmadjid Tebboune, ainsi que les excellents rapports entre nos deux pays», a déclaré le Président allemand.

Cette demande relayée par les médias publics sonne comme une volonté de libérer cet écrivain de 80 ans dont la détention a éclaboussé l’image du régime algérien.

La rédaction

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« L’Algérie, ma mère et moi », de Smaïn Laacher : un livre tout pudeur

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L'Algérie, ma mère et moi

C’est un livre dense, intimiste et touchant qu’est L’Algérie, ma mère et moi que vient de publier Smaïn Laacher aux éditions Grasset.

Il se situe à mi-chemin entre le témoignage intime et la réflexion sociologique. L’auteur, universitaire et sociologue, explore sa relation avec sa mère, elle-même issue de l’émigration algérienne vers la France en 1952, peu avant la guerre d’indépendance. Il y évoque pêle-mêle le déracinement de la mère, l’installation en France, la difficulté à appartenir pleinement à la terre d’accueil ou à la terre d’origine, l’impérieuse obligation de faire face à la vie, au veuvage et la dure réalité de l’immigration. Ce que l’auteur raconte en pelures sur sa mère est sans doute commun à des milliers de femmes exilées par mariage et confrontées à cet autre pays et univers étrange et étranger.

Avec L’Algérie, ma mère et moi, publié chez Grasset, le sociologue Smaïn Laacher signe un texte à la fois intime et universel. Derrière le récit d’un fils face à sa mère se dessine le portrait d’une génération entière, ballottée entre deux terres et deux langues, entre la mémoire de l’Algérie et la réalité de la France.

Né en Algérie et arrivé enfant en France, Laacher n’en est pas à son premier livre sur la migration. Mais ici, il délaisse les concepts pour le murmure des souvenirs. Sa mère, arrivée en 1952 d’un village des Aurès  pour rejoindre son mari ouvrier, ne s’est jamais vraiment installée. Elle vit, écrit-il, « dans l’imaginaire de son pays de naissance ». Le fils, lui, grandit dans un autre monde : celui de la langue française, de l’école républicaine, de la modernité. Entre eux, un mur invisible : celui des mots qui ne passent pas.

Le récit se lit comme une enquête du cœur. Une photographie de cette mère qui dut mener sa vie, avec ses codes. « Il fallait lui montrer notre allégeance par des mots répétés quasi mécaniquement », écrit Smaïn Laacher. L’Algérie, ma mère et moi est propre histoire écrite sans emphase avec la rigueur du chercheur et la pudeur du fils.

Il décrit les gestes, les silences, les phrases cassées de cette mère analphabète dans la langue du pays d’accueil. Ce qui l’intéresse, sans doute, ce n’est pas seulement la douleur du déracinement, mais le malentendu durable entre deux cultures qui cohabitent sans se comprendre. La France, écrit-il, a offert à ses enfants la liberté d’apprendre, mais au prix d’une séparation : « Ma mère ne savait pas ce que je devenais. Elle me perdait dans une langue qu’elle ne parlait pas. »

Dans ce texte bref mais dense, Laacher fait dialoguer deux voix : celle du sociologue qui ausculte les migrations, et celle du fils qui tente de sauver, par les mots, ce que le silence a englouti. La relation mère-fils devient le miroir d’une fracture plus large : celle entre les générations d’immigrés et leurs enfants nés en France, entre la fidélité au pays d’origine et l’appel du pays d’accueil.Il confie cette fracture permanente entre la mère et ses enfants.

La prose est simple, limpide. Elle est tout en retenue, pleine de pudeur. Son écriture, dépouillée, presque clinique, n’en est que plus bouleversante. Il y a une considération non feinte à cette maman qui a élevé ses enfants seule dans ce pays qui lui est resté étranger.

On sent la gratitude, mais aussi une certaine mélancolie : celle d’un homme bien conscient que l’intégration n’efface jamais tout à fait la nostalgie du pays perdu, que chaque langue apprise laisse derrière elle un territoire perdu. Que l’apprentissage d’une autre langue pour ces personnes est comme un arrachement à la première. À travers la figure de sa mère, c’est tout un pan de l’histoire franco-algérienne que Laacher fait surgir, dans sa complexité et sa tendresse.

L’Algérie, ma mère et moi questionne notre rapport collectif à la mémoire migratoire. Ce n’est pas un livre sur la guerre d’Algérie, mais sur ses séquelles silencieuses : la difficulté à transmettre, à parler, à se comprendre d’une rive à l’autre. 

Par sa clarté, sa sensibilité et son intelligence, ce texte s’impose comme un hommage discret à ces femmes venues d’ailleurs, souvent muettes dans les récits officiels, mais dont le courage a façonné la France d’aujourd’hui. En refermant le livre, on garde en tête l’image d’un fils penché sur la mémoire de sa mère, comme pour lui redonner, à travers l’écriture, la parole qu’elle n’a jamais eue.

Yacine K.

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Participation aux élections : les partis politiques en ordre de bataille

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Elections en Algérie

À mesure que les prochaines échéances électorales approchent, la scène politique algérienne se transforme en un vaste espace de mobilisation et de recomposition stratégique.

Si les formations de l’alliance présidentielle et les partis islamistes affichent une continuité dans leur participation, les forces du camp démocratique, longtemps en retrait, renouent progressivement avec le processus électoral. Une dynamique contrastée mais révélatrice d’un moment politique clé, à la croisée de la consolidation institutionnelle et de la quête de légitimité populaire.

Les partis de l’alliance présidentielle et islamistes dans la continuité

Pour le Rassemblement National Démocratique (RND) et le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), la participation aux scrutins relève d’une évidence. Ces formations, présentes de manière continue dans les assemblées locales et nationales, s’inscrivent dans une logique de permanence institutionnelle.

Le secrétaire général du RND, Monder Boudene, a récemment multiplié les sorties publiques, mêlant symbolique économique et rhétorique patriotique. Lors d’un meeting à Batna, il a comparé la production locale de pommes à « un symbole de souveraineté économique », une métaphore qui lui a valu autant de critiques que d’applaudissements. Derrière le ton populiste de cette déclaration, le message politique demeure clair : valoriser la production nationale et réaffirmer la rupture avec toute forme de dépendance étrangère, en particulier vis-à-vis de la France.

Le MSP, pour sa part, s’illustre davantage par son positionnement critique vis-à-vis de la politique économique du gouvernement. Contestant avec vigueur le projet de Loi de Finances 2026, le parti islamiste, par la voix de son leader, Abdelaali Hassani Cherif, dénonce un texte « abusif » menaçant les équilibres sociaux. Des rencontres régionales d’encadrement ont été lancées dans plusieurs wilayas pour transformer cette critique en mobilisation populaire. Une démarche qui s’inscrit dans une stratégie duale : défendre les acquis sociaux tout en consolidant la base électorale du parti à l’approche du scrutin.

Les partis du camp démocratique : la fin du boycott

À l’opposé, les formations du camp démocratique — en premier lieu le Front des Forces Socialistes (FFS), le Parti des Travailleurs (PT) et le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) — abordent les prochaines élections avec un esprit de reconquête politique. Après plusieurs années de boycott des scrutins post-Hirak, elles réaffirment leur volonté de renouer avec les urnes et de « rendre la parole au peuple ».

Le FFS, par la voix de son premier secrétaire Youcef Aouchiche, plaide pour une « participation large et responsable ». Dans un discours lucide, il a rappelé que « la démocratie ne se décrète pas, elle se construit », insistant sur la nécessité d’une mobilisation citoyenne organisée pour « faire face à la fraude » et œuvrer à une réforme profonde de l’État-nation. Pour le plus ancien parti d’opposition du pays, la participation constitue désormais un acte de résistance démocratique, voire une réaffirmation de son rôle historique.

De son côté, le PT de Louisa Hanoune a officiellement mis fin à sa période de retrait politique. La dirigeante trotskyste, lors d’une rencontre avec les cadres du parti à Alger, a justifié cette décision par la nécessité de défendre le pouvoir d’achat et les droits des travailleurs « à l’intérieur des institutions ». Le retour du PT aux urnes vise aussi à restaurer sa représentativité sociale et son influence parlementaire, après plusieurs années d’absence du débat institutionnel.

Quant au RCD, il avance avec prudence. Bien qu’aucune décision officielle n’ait été annoncée, les signaux internes — réunions locales, réactivation des structures de jeunesse, restructurations organiques — indiquent une préparation active à la participation. 

Le parti, qui reste marqué par sa ligne critique vis-à-vis de la gestion électorale, devrait, une fois encore, insister sur la nécessité de garanties crédibles en matière d’intégrité et de transparence du scrutin. Un  terrain sur lequel le pouvoir sera particulièrement attendu, lui que beaucoup accusent d’avoir longtemps façonné les résultats électoraux à son avantage. L’épisode de la réélection controversée d’Abdelmadjid Tebboune, lors de la présidentielle anticipée de septembre 2024, en est une illustration éloquente.

Vers une reconfiguration du champ politique

Ces repositionnements traduisent un constat partagé : la politique du « siège vide » a montré ses limites. L’absence de forces d’opposition dans les institutions a laissé le champ libre aux partis de l’alliance et aux indépendants, affaiblissant le pluralisme parlementaire. La plupart des analystes estiment désormais que le retour des partis démocratiques pourrait redynamiser la compétition politique, à condition que la participation citoyenne suive.

L’Autorité Nationale Indépendante des Élections (ANIE) a d’ailleurs rappelé l’importance de la révision des listes électorales et de l’inscription des jeunes électeurs, un enjeu crucial dans un contexte marqué par un désenchantement politique persistant.

En somme, les prochaines élections s’annoncent comme un test majeur pour la classe politique algérienne.

Entre les partis de l’alliance présidentielle et ceux de la mouvance islamiste restés dans l’opposition, qui tous ont participé aux joutes électorales post Hirak, et ceux de la reconquête démocratique, cherchant à renouer avec le vote citoyen, c’est la crédibilité même du jeu électoral qui se joue. La bataille s’engage, non seulement pour des sièges, mais pour la réhabilitation du lien entre urnes et confiance populaire.

Samia Naït Iqbal

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