Vendredi 20 juin, au Théâtre de la Sucrière, en plein air, dans le parc François Billoux à Marseille, un spectacle singulier viendra résonner sous les étoiles. La Discrétion, adaptation scénique du roman éponyme de Faïza Guène, convie le public à une traversée vibrante entre mémoire, silence hérité et parole reconquise.
Dans cette fresque intime et collective, on suit le destin d’une famille venue d’Algérie. Les parents, eux, ont appris à se faire discrets. À ne pas troubler l’ordre. À se fondre dans le décor. Mais leurs enfants, eux, ont grandi dans cette tension muette, cette dignité contrainte, cette colère transmise sans mots. Alors, ils ont refusé de se taire.
Porté par les voix puissantes de Meriem Medjkane et Amal Kateb, le spectacle, mis en scène par Dina Mousawi, tisse les fils du récit, du chant et de l’image. Hakim Hamadouche (mandoluth), Sylvie Paz (chant), Nadia Tighidet (percussions) et Kheireddine M’kachiche (violon) accompagnent cette parole ressurgissante dans une composition musicale aux accents méditerranéens, mêlant rage douce et mémoire vive. Shiraz Bazin-Moussi, à travers ses projections, ajoute une dimension visuelle à cette œuvre qui transcende les frontières et les générations.
Ce spectacle, entre récit théâtral et concert narratif, interroge la place de ceux qu’on a toujours sommés de se faire petits, et la façon dont le silence des uns devient le cri des autres. Une œuvre nécessaire sur la transmission, l’exil, et la puissance du non-dit.
Un moment rare, entre la chaleur d’une nuit d’été et la brûlure d’une histoire qu’on n’oublie pas
En Algérie, c’est vouloir défoncer des portes ouvertes que de rappeler que les résultats des élections et référendums de toutes sortes ont toujours été falsifiés. Ils sont organisés pour nous annoncer des chiffres totalement saugrenus, en faveur du candidat ou du programme choisi par le régime militaro-civil. Des 80% aux 98%, en veux-tu en voilà, de Ben Bella à Tebboune !
Mais, qu’en est-il du premier référendum populaire organisé pour l’indépendance de l’Algérie ?
Dans un récent article (*), nous avions rappelé que le « oui » pour l’autodétermination l’avait emporté par le taux record de 99,72% des suffrages exprimés, avec un taux de participation de 91,87%, sur une population « d’indigènes » qui s’élevait alors à environ 10 millions, et celle des pieds-noirs et des juifs à 1.3 million.
Examinons donc ces chiffres de plus près.
Le rapport « partisans de l’Algérie française » sur le nombre « d’autochtones » était d’environ 13% !
En toute logique, à supposer que la totalité du corps électoral algérien a voté « oui » – ce qui reste à démontrer – les chiffres se rapprochant le plus de la réalité sont donc : environ 87% de « oui » et 13% de « non » à minima extrême, en gardant les mêmes proportions pour les taux de participation, d’un côté comme de l’autre.
Sans comptabiliser toutes sortes « d’indigènes » acquis à la cause de leurs « ancêtres les Gaulois », familles de bachaghas, agents d’administration, etc. Les résultats annoncés sont de ce fait totalement irrationnels !
Il n’est pas difficile de supputer sur les raisons d’une telle manipulation des chiffres. Voulant se débarrasser de l’Algérie, et craignant que Colombey-les-deux églises ne se transforme un jour en « Colombey-les-deux mosquées » (c’est lui-même qui aurait fait une telle confidence à un proche), le grand Charles voulait tout simplement, par ce « oui » massif, convaincre les récalcitrants et autres «quarterons de généraux » que l’indépendance de l’Algérie était irréversible.
Imaginez un peu que l’on annonça des chiffres mitigés, du style 55% de « oui » et 45% de « non » ! C’eût été une fracture encore plus large qui se serait creusée entre les uns et les autres ! Une guerre civile encore plus sanglante que celle déclenchée par l’OAS aurait fatalement eu lieu !
Je m’arrête là pour les supputations. Toujours est-il que l’on ne nous fera pas croire que le taux de 99,72% est conforme à la réalité ! Car si tel était le cas, cela voudrait dire que seuls 20.000 partisans de « l’Algérie française » se seraient déplacés aux urnes sur les 600.000 que comptait le corps électoral de ceux qui se considéraient français !?
Sacrée couleuvre à avaler ! Bon appétit pour ceux qui ont faim ! Les 580.000 restants sont soit restés chez eux, soit ont voté « oui », comme tout le monde … !?
En conclusion, la fraude électorale a commencé sous De Gaulle, et cela s’est perpétué avec qui vous savez…
Moralité : De Gaulle le savait déjà, la démocratie n’était pas au programme pour l’Algérie ! Tous ses successeurs à la tête de l’État français ont suivi, « en toute alacrité », le chemin tracé par le grand Charles vis-à-vis de notre destinée. La preuve ? La première assemblée avec une liste unique pour des résultats presque connus d’avance, comme d’ailleurs la première présidentielle du 15 septembre 1963 avec pour seul candidat Ahmed Ben Bella et un score de 99,60 % des voix. Epatant !
Que dire de la guerre déclenchée par Israël contre l’Iran ? La réponse est qu’elle ne manquera pas d’entraîner les Etats-Unis dans son sillage, ce qui conduira immanquablement à un embrasement régional dont nul ne sortira indemne.
Du point de vue militaire, les israéliens ont plusieurs atouts à faire valoir et jouer face à l’Iran : a) la supériorité aérienne incontestable, b). le soutien militaire, et logistique des Etats-Unis et de l’Europe ;c.) le soutien financier et logistique de certains régimes arabes, riches mais complètement inféodés aux Etats-Unis ( L’Arabie Saoudite, les émirats Arabes, le Koweït et dans une moindre mesure le Qatar..) ; d) des pays arabes pusillanimes et pauvres, mais si redevables aux Etats-Unis pour l’aide qu’ils en reçoivent qu’ils consentent à ouvrir leur espace aérien aux avions de chasse israéliens pour s’attaquer à l’Iran ( Egypte, Jordanie…).
Malgré les dégâts considérables qui lui ont été infligés par les missiles iraniens, Israël ne désespère pas de se venger bientôt et de prendre le dessus sur l’Iran : les B-2, les F 16, F22, F35 et les portes avions américains, USS CARL, USS Nimitz sont déjà en route pour le Proche-Orient et ne manqueraient pas de s’impliquer dans une attaque massive contre l’Iran. Cette armada américaine est de nature à ragaillardir Netanyahou qui n’attend que l’occasion pour en finir une fois pour toute avec son ennemi juré : L’Iran.
Côté iranien, les atouts sont également nombreux :a) la variété des missiles continentales classiques et hypersoniques, les drones dont le nombre semble important selon les experts ; b) la technicité des différentes forces armées dont dispose l’Iran, et le professionnalisme reconnu aux usagers de ces divers armes ; c) la marine de guerre que possède L’Iran et, qui serait selon de nombreux experts, fort efficiente ;d) la capacité de nuisance, enfin, dont dispose l’Iran et qui pourrait mettre toute la région du Golfe, d’une partie de l’Asie et de l’Océan Indien en feu. La fermeture du détroit d’Ormuz, l’attaque des voies maritimes d’où transitent le pétrole et les diverses marchandises, le bombardement des bases militaires américaines, fixes ou mobiles, et qui se trouvent justement dans les pays arables pro-américains favorables à la normalisation avec Israël, pour ne pas dire favorables à la soumission consentante (l’Arabie saoudite, les Emirats arabe unis, l’Egypte, le Maroc, et j’en passe) aux diktats américano-sionistes.
En parlant de la guerre actuelle, il est impossible de dissocier Israël des Etats -Unis et de croire que ces deux nations sont distinctes ou divergentes quant aux intérêts économiques, politiques et stratégiques. Israël est un des Etats nord-américains que n’en sépare que la distance et l’ancrage géographique et humain. Partant de ce constat, on peut d’ores et déjà affirmer sans risque d’erreur qu’Israël n’est que l’envers de la médaille des Etats-Unis, et vice versa.
Toucher dans ces conditions aux intérêts et à la sécurité d’Israël, c’est attenter à la sécurité nationale américaine, et partant aux intérêts des Etats-Unis dans cette région du monde, riches en pétrole et en minerais diverses.
En dépit du fait que c’est Israël qui a agressé l’Iran, Les Etats-Unis considèrent que la victime de ce conflit est bel et bien Israël et qu’ils se doivent de le défendre contre les menaces que représenteraient les centrales nucléaires et la poursuite de l’enrichissement de l’uranium. Israël a le droit d’avoir une bombe atomique, selon les Etats-Unis, pour assurer leur sécurité et maintenir en respect toute la région du Moyen-Orient, mais pas l’Iran ni un autre pays de la région, fusse-t-il ami et serviteur aplati des Etats-Unis.
Alors qu’ils sont sortis des négociations sur le nucléaire en 2015, et claquer les portes des dernières négociations malgré la volonté de l’Iran de les poursuivre, les Etats-Unis n’entendent et ne visent qu’une chose depuis de longues années : faire tomber le régime des Mollahs par la force pour remettre les rênes de l’Etat aux mains de l’opposition iranienne qu’ils ont embobinée et qui s’est laissée embobinée par eux.
Le programme nucléaire, et l’épouvantail qu’ils agitent de « la bombe atomique » qui serait une menace existentielle pour l’Etat d’Israël, n’est en vérité qu’un argument parmi d’autres qui lui permet de justifier une attaque contre l’Iran aux fins d’en finir avec la République islamique, pointe avancée de la résistance à l’hégémonie américano-israélienne dans cette région du monde, si convoitée par ses richesses et ses voies maritimes stratégiques
Le président Trump qui ne fait pas dans la nuance, et qui fait de surcroît, montre d’un souverain mépris envers certains chefs d’Etats, notamment arabes, est un homme qui prise la force et brave la raison. Les Etats-Unis, pense-t-il, est une puissance mondiale capable de défier toutes les nations du monde, d’insulter leurs chefs d’Etats et de menacer d’assassiner quiconque oserait menacer les intérêts américains de par le monde, et ce sentiment de puissance suffit à le dispenser de toute réflexion logique.
C’est ce comportement du président américain, qui agit en entrepreneur- capitaliste des Etats-Unis, qui va sans doute le décider à entrer en guerre aux côtés d’Israël dans les prochains jours ou semaines à venir, et nul ne pourra l’arrêter. Ni la Russie, ni la Chine ni aucune autre puissance régionale ne pourra le faire.
Mais le risque d’un telle action, si elle venait à se produire, comme je le prédis, aura des conséquences d’une gravité incommensurable et pourrait conduire inéluctablement à une guerre régionale totale dans laquelle les Etats-Unis, en dépit de leurs arsenal militaire incomparables, n’en sortiraient pas complètement indemnes et les bénéfices qu’ils envisageaient d’engranger d’une telle action inconsidérée, se transformerait en pulpe amère…
Quant à leur protégé israélien, il aura perdu la place et le prestige relatif qu’il avait aux yeux de certaines nations amies et ne pourra plus jamais concrétiser le projet grandiose qu’il caressait depuis 1948 : construire le Grand Israël, qui englobera tous les pays arabes actuels, en sus de la partie de la Palestine occupée
On pourra sans doute détruire le potentiel iranien, affaiblir le régime momentanément, mais on ne pourra jamais venir à bout de la volonté farouche d’un peuple pour qui, contrairement à certaines monarchies arabes viles et avilies, la dignité, l’attachement à l’honneur, le sens de la virilité et l’amour de la patrie sont des valeurs hautement sacrées.
Telles sont les conclusions que l’on pourraient en tirer de ce qui précède.
Seg wass n 13 yunyu, Israël ikker ad ihudd akk imukan n tmurt n Iran, anida i skaren tussna nukliyar, akken ad d-snulfun tabumbet aṭumik.
Israël issurug irennu lbumbat seg igenni s tmesrufag-is, Iran ittarra tiyita, ittazen yal missile ɣer tmurt n Israël. D ṭṭrad, akka tmettaten yemdanen ur nuklal, akkin tmettaten yemdanen.
Tiyita s lbumbat n imukan n tussna nukliyar, si tmurt ɣer tayeḍ, ur illi d amaynut di 2025. Mačči d tikkelt tamezwarut.
Asmi tekker tmurt n Irak di 1975 akken ad tebnu asenfar nukliyar Osirak (réacteur nucléaire Osirak) (1), idis n Beɣdad, s tallelt n Fransa, uget n tmura i igan anezgum, di ddra n udabu n Saddam Husein iteddun, ma yufa, ad iṭṭef deg ufus-is azekka tabumbet aṭumik.
Adabu n Saddam ittwassen, illa d yiwen gar wid iqqnen takmamt i tmurt-is, s tikli n ḥed-tnin n ukabar Baas. D tasnaref /dictature yufraren gar tmura taârabin.
Anezgum-nni, ur iqqim d awal kan sɣur tmura i yudsen Irak : di 1980, tezwar tmurt n Iran tessureg lbumbat ɣef Osirak, thudd ayen iwumi tezmer ; di 1981, terna tmurt n Israël tefka timesrufag thudd amur-is, taggara d Marikan-USA, thudd Ozisak mi tekcem Irak di 1991. Iqqim ass-a d ixerban.
Tuttra d-yufraren : amek tezmer tmurt ad tekcem tamurt nniḍen, s tmesrufag-is, akken ad thudd imukan deg ttnawalen tabumbet aṭumik ?
D ayen illan neɣ d ayen ur nelli d abrid, d tamuɣli n uḥezzeb akken azekka ur tekkat tmurt-nni timura yellan idis-is, neɣ tid ur nelli deg ubrid n tsertit-is, acku, tabumbet atumik mačči d urar.
Sin imedyaten kan i yettwassnen deg umaḍal, d USA i yewwten tamurt n Japan di ṭṭrad wis sin n umaḍal : Hiroshima deg wass n 6 ɣect 1945, akked Nagazaki deg wass n 9 ɣect 1945, akken Japan ad issers uzzal, ad yefk mayna.
Azal n 200 000 yemdanen i yemmuten di snat tyitwin-nni, negrent temdinin i snat, iqqim-d waṭan n radyuaktivity acḥal n iseggasen i yimezdaɣ n tmurt-nni.
Di temsalt n Israël, akken tewwet Iran ass-a i tewwet yakan Irak di 1981, acku i snat tmura-nni (Iran akked Irak n Saddam) llant ttberriḥent akken ad snegrent tamurt n Israël, « tamurt n Sehyun iḥeqren Aâraben di Palestine !». D win i d asenfar n Khomaini si 1979 mi yeṭṭef adabu « ineslem » di Teheran : « nnger n Israël ».
Taɣennant n udabu « ineslem » i yeṭṭfen amkan di Iran, irra takmamt i yimezdaɣ n tmurt, syin isbedd asenfar ameqqran akken ad d-isnulfu tabumbet nukliyar, akked yal amrig/arme swayes izmer ad iwwet timura nniḍen. Ass-a yeznuzu imisilen i tmurt n Russia di ṭṭrad-is mgal Ukrainia.
Maca asenfar-is ameqqran d aseqdec n Plutonium akken ad issiweḍ ad isker tabumbet aṭumik, s tuffra n tiddukla AIEA (2), akked tmura iqerben ur neqbil asenfar-nni, akked USA.
Tabumbet tineslemt !
Timura akk n umaḍal i d-isnulfan tabumbet aṭumik (USA, Russia, Fransa, Legliz, China, India, Pakistan, Israël), yiwet deg-sent ur d-tenṭiq s yisem n ddin aṛumi/azekri, azekri orthodoxe, andwi, ineslem, uday, neɣ war ddin.
Ɣas akken, di 1998, mi d-tesnulfa tmurt n Pakistan (3) tabumbet-is, nesla i kra n tmura tinselmin i yesberriḥen « s usnulfu n tbumbet tineslemt » !
Zun inselmen zemren tura ad rren ttar s tbumbet n Pakistan. Maca tamurt-nni n Pakistan ur tekcim deg urar n ixuniyen inselmen.
D tamurt n Iran, tin i yellan gar ifassen n At Igennuren inselmen si 1979, i ikecmen annar akken ad tesker tabumbet « ara yesnegren tamurt n Israël ». D awal i d-inna acḥal n tikkal Aâyatullah Xumeyni, i yenna win ibedden deffir-s, Ali Khamenei, i yellan ass-a.
Israël isnufa-d tabumbet aṭumik acḥal iseggasen aya, maca ar ass-a ur d-inni netta s timmad-is ayen illan. Israël iga tabumbet, maca issusem. Ma d tamurt n Iran, tettberriḥ qbel ad tizmir ad tewwet. Ass-a d nettat i yettewten !
Tuttra nniḍen : ayɣer ikkat Iran ad issenger tamurt n Israël, zun mačči d imdanen ?
Azal n 2000 km i yellan gar-asent tmura-nni, ur telli talast gar-asent, ur illi wugur n tlisa. Maca, i Iran, zun tamurt n Israël tekkes akal i Palestine tineslemt, issefk ad tenger. Ad ifru wugur illan gar Wudayen akked Waâraben n Palestine s nnger n Israël.
Afrurex n tbumbitin aṭumik di yal tamurt d ugur ameqqran.
Ass-a, 8 tmura deg umadal i ikesben tibumbitin aṭumik. D ayen illan, maca ur issefk ad d-rnunt tiyaḍ izemren ad ilint gar ifassen n iduba ur deg llin ifergan.
D ayen i d-wwin talalit n tifrat/traité n umaḍal TNP (Traité de non-prolifération des armes nucléaires) di 1968 (4).
Ass-a deg umaḍal, timura ikesben tibumbitin gant-tent zun d afrag ɣef yiman-nsent : « ma tewwet-iyi-d, nek ad k-in-wteɣ, taggara ad nenger akken akk nella ». D aḥezzeb-nni i yeddan, i yerran aḍar i yal yiwen.
Si 1945 ar ass-a, ala Russia n Poutine i yesɣalen s tbumbitin aṭumik yal tikkelt i tefcel si mi tesker ṭṭrad akken ad tekcem tamurt n Ukrainia si furar 2022. Poutine isɣal irennu akken timura nniḍen (USA akked tmura n Urupa), ur d-keccment annar ad allet tamurt n Ukrainia. D tiḥila n tsertit kan.
Tabumbet aṭumik ur tezmir ad tili s wudem n ddin-a neɣ ddin-in.
Tabumbet d asfar n nnger, ur teqqin ɣer yiwen ddin akken ibɣu yili. Issefk ad ilin ifergan s tlalit n igerwan imaynuten akken ad qqiment i lebda di tesrafin deg llant, acku ulac ammud/lfayda i tmurt ara yezwiren azekka ad tewwet yis.
Ma d tamurt n Iran – « adabu ineslem » n Ali Khamenei, mačči imezdaɣ n tmurt – azekka ad tegrurej, ad tbeddel udem, ad tekkes tfekkalt illan ɣef tmurt, ad idiren yemdanen di tlelli-nsen.
Illa wawal n zik, d tamsirt : « Ma tseɣleḍ, ewwet. Ma ur tezmireḍ, ur sɣal ».
Aumer U Lamara
Timerna / Notes :
1. Osirak est le nom d’un ancien réacteur nucléaire expérimental de 70 MW situé en Irak dans le centre de recherche nucléaire d’Al-Tuwaitha, dans la banlieue sud-est de Bagdad.
Il est construit en 1975 par la France et était officiellement destiné à des recherches civiles sur le nucléaire. Plusieurs pays redoutaient qu’il serve à développer la bombe atomique pour le régime irakien. Le 30 septembre 1980, le réacteur Osirak est attaqué par des avions militaires iraniens. Un an plus tard, le 7 juin 1981, il est pulvérisé par l’armée de l’air israélienne lors de l’opération Opéra. En 1991, il est de nouveau ciblé, par l’armée américaine lors de la guerre du Golfe.
2. L‘Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) est une organisation des Nations unies basée à Vienne (Autriche) ; elle est créée en 1957. Elle compte 180 États membres en 2024.
3. Pakistan d tamurt tineslemt tamezwarut i yessekren lbumba aṭumik deg wass n 28 di maggu 1998.
4. Le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est un traité international conclu en 1968 et signé par un grand nombre de pays. Il vise à réduire le risque que l’arme nucléaire se répande à travers le monde, et son application est garantie par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Pascal Bielskis est un écrivain, auteur, poète et chanteur français dont l’œuvre plonge ses racines dans la scène alternative de sa ville natale, Bordeaux. Avant d’embrasser la littérature, il s’est illustré dans la musique — notamment dans le rap — cette traversée musicale marque durablement son écriture : une langue rythmée, fluide, portée par un rapport organique et viscéral à la parole.
Son chemin d’écrivain débute avec des textes à la frontière du poème et du récit, animés par une écriture spontanée qu’il qualifie parfois d’« automatique ». En 2016 paraît 00:32 (Éditions Collections de Mémoire), recueil de fragments poétiques explorant l’errance mentale, les émotions floues, les états de bascule. Ce premier livre pose les jalons de son style : images sensorielles, atmosphères nocturnes, langue brute et tendue. L’année suivante, Grande mesure (Éditions Collections de Mémoire, 2017) approfondit cette voie. Dans ce livre, récit et poésie s’entrelacent avec plus d’ampleur, marquant une nouvelle étape : l’écriture gagne en construction sans perdre sa fièvre première.
En 2018, avec Angles olfactifs (Éditions Grand Chic), il amorce un tournant vers la nouvelle, s’attachant au pouvoir narratif des sensations. Chaque texte y devient une plongée sensorielle où les odeurs ravivent souvenirs, vertiges, et basculements subtils.
Ses influences se dessinent avec netteté : l’âpreté du quotidien et l’humour noir de Charles Bukowski, la musique syncopée et les ellipses de Louis-Ferdinand Céline, la liberté rythmique et existentielle de la Beat Generation (Kerouac, Ginsberg). À cela s’ajoute l’empreinte de la chanson française poétique — Léo Ferré, Alain Bashung — et du rap littéraire, de NTM à Oxmo Puccino en passant par Casey, qui ont profondément forgé son oreille.
Peu à peu, Bielskis affirme une voix originale, à la fois urbaine, sensorielle et indisciplinée. Ce travail prend une nouvelle ampleur avec Un appartement festif (Éditions Grand Chic, 2020), puis dans sa seconde édition enrichie, Un appartement festif (Éditions Zola Ntondo, 2022). Ce livre brosse un tableau à la fois acide et tendre de la nuit bordelaise, entre fêtes en apnée, marginalité vibrante, solitude latente et créativité souterraine. Il y esquisse une galerie de personnages en déséquilibre, dans une atmosphère électrique, où l’intime frôle le politique. Le ton oscille entre récit intime, chronique sociale et poème narratif.
Dès lors, Zola Ntondo, maison indépendante bordelaise, devient son éditeur de référence. Ensemble, ils initient une collaboration soutenue. En 2023, il publie Angles olfactifs – Intense (Éditions Zola Ntondo), version enrichie du recueil de 2018, suivi de Les salles sanglantes (Éditions Zola Ntondo, 2023), une fiction grinçante sur les tensions sociales dans les lieux publics, où les cinémas deviennent le théâtre d’une violence latente.
En 2024, deux nouveaux titres paraissent chez le même éditeur : L’utopie des insectes (Éditions Zola Ntondo), récit allégorique sur les dynamiques sociales et la transformation collective, et Pas assez sanglant ? (Éditions Zola Ntondo), roman-satire mêlant polar, critique sociale et humour noir.
Bielskis y explore les frictions entre intime et collectif, chair et béton, violence sourde du monde contemporain et éclats fugitifs de grâce. Fidèle à son style — nerveux, musical, habité — il signe une œuvre dense, marquée par des fulgurances et une lucidité rare.
Le style de Pascal Bielskis se distingue par sa liberté formelle, son oralité affûtée, et une tension constante entre lyrisme et trivialité. Il écrit avec les nerfs, le souffle, mais aussi une attention aiguë aux marges, aux corps, aux vibrations du réel. Sa langue, tendue comme une batterie nerveuse, oscille entre violence et nuance, à l’image des poètes de la désobéissance et des narrateurs du bitume.
Artiste transversal, il incarne une littérature vivante, incarnée, qui se déploie autant dans les livres que dans la performance. Il capte sans romantisme mais avec acuité et tendresse la micro-société bordelaise : ses failles, ses dérives, ses beautés cabossées. Son œuvre, à la fois profondément locale et étrangement universelle, interroge les liens, les marges, les désirs d’intensité et les faux semblants de notre modernité.
En quelques années, Pascal Bielskis s’est imposé comme une voix singulière dans le paysage littéraire contemporain. Entre indépendance farouche et ancrage territorial, il trace une trajectoire libre, à la croisée des genres, des disciplines et des sensibilités. Une écriture qui ne cherche ni à séduire ni à se conformer, mais à percuter, troubler, et dire — sans fard — ce qui palpite sous la surface.
Dans cet entretien, Pascal Bielskis nous ouvre les portes de son univers littéraire et sonore, où la poésie se mêle à la rue, à la fête, à l’écorchure du réel. Écrivain, performeur, ancien rappeur, il explore les marges avec une langue vive, syncopée, organique. De Bordeaux à ses pages, il compose une œuvre hybride, entre roman fragmenté, manifeste urbain et cri intime. Il revient ici sur son parcours, ses influences, sa vision de l’écriture, et les projets qui prolongent sa recherche d’une parole libre, mouvante, insoumise.
Le Matin d’Algérie : Votre écriture oscille entre poésie, récit et musique. Où prennent vie vos textes en premier : dans l’esprit, dans la chair ou dans l’expérience vécue ?
Pascal Bielskis : Je pense que mes textes prennent vie en premier dans l’esprit. Je cultive constamment mon « jardin imaginaire ». Je regarde au moins un film par jour (en moyenne entre 350 et 400 dans une année), je lis des livres tous les jours. Je regarde aussi des opéras. Toutes ces histoires me font penser à un autre sujet, ou à un autre biais de rédaction. Je conseille d’ailleurs aux auteurs et écrivains qui subissent ce que j’appelle « le syndrome de la page blanche ». Donc oui c’est par l’esprit que je visualise mes futurs projets. Et comme tout romancier notamment, une part de vécu apparaît de temps à autre dans mes œuvres.
Le Matin d’Algérie : Dans 00 h 32, vous plongez dans l’errance mentale et les émotions mouvantes. Quelle impulsion initiale a nourri l’écriture de ce recueil ?
Pascal Bielskis : J’ai fait 27 ans de scène (principalement en tant que rappeur) et quand il a fallu que cela s’arrête j’étais pendant un certain temps angoissé. Je fais partie de ces artistes qui pensent toujours à l’après, au projet suivant. Un membre important de ma famille a subi une longue maladie et malheureusement a perdu son combat. À cette époque, j’avais du mal à me coucher tôt. Alors j’ai commencé à écrire des textes de nuit sur Facebook. Il fallait que j’écrive, une thérapie qui fait très souvent ses preuves. Un ami qui était graphiste dans une petite maison d’édition m’a dit qu’on pourrait éditer un livre de recueil de mes textes nocturnes. Au début je n’y croyais pas trop, entre la déception de la fin de ma carrière musicale et l’inconnu de se projeter vers la littérature. Mais mon ami m’a dit de continuer à écrire et qu’un jour il reviendrait me proposer de nouveau de publier un recueil. La première fois qu’il m’a demandé si je me sentais prêt, j’ai dit oui. « 00h32 » est né. Et le début de ma carrière d’auteur/écrivain avec.
Le Matin d’Algérie : Zola Ntondo est aujourd’hui votre maison d’édition privilégiée. Qu’est-ce qui vous lie si profondément à cette structure indépendante ?
Pascal Bielskis : Je connais Zola Ntondo depuis près de 30 ans. Nous avons partagé beaucoup de scènes ensemble, dans des registres différents. Il s’avère qu’il suivait de près mon parcours littéraire tandis que lui poursuivait des études poussées au Conservatoire de Musique de Bordeaux. Un jour je lui ai proposé de corriger et mettre un page le livre d’une personne (j’avais un autre emploi à l’époque qui m’empêchait de faire cette tâche). J’ai proposé à Zola Ntondo de le faire, il a accepté et comme il avait l’expérience d’auto-entrepreneur il s’est dit qu’il pouvait créer sa maison d’éditions. C’est ainsi que sa maison d’édition est née et notre proximité a fait que nous nous sommes rapprochés. Le premier livre publié par les éditions Zola Ntondo est une réédition de mon roman « Un appartement festif ».
Le Matin d’Algérie : Bukowski, Céline, la Beat Generation… Vos influences littéraires sont multiples et marquées. Comment ces héritages se répercutent-ils dans votre façon d’écrire ?
Pascal Bielskis : De la même manière que pour cultiver mon jardin imaginaire. Ces influences me semblaient proches du Rap et du Spam, je me sentais dans mon univers, une certaine zone de confort pour aborder ce monde magnifique mais immense qu’est la littérature. Ces influences sont les premières arrivées mais depuis quelques années j’ai lu les grands classiques de la littérature occidentale : L’Iliade et L’odyssée d’Homère, La Divine Comédie de Dante, Faust de Goethe, du Shakespeare et du Molière, le Paradis Perdu de John Milton, Les frères Karamazov de Dostoïevski… Mais la littérature contemporaine ou plus ancienne du Moyen Orient m’intéresse tout autant.
Le Matin d’Algérie : La ville, et plus particulièrement Bordeaux, est omniprésente dans votre œuvre. Quelle place tient-elle dans votre imaginaire ? Est-ce un décor, un personnage, un terrain de jeu ?
Pascal Bielskis : Bordeaux est quelque part un « petit Paris » puisque Paris intra-muros est peuplé de provinciaux et notamment pas mal de Bordelais. Ayant été très souvent sur Paris j’y ai retrouvé des similitudes. Bordeaux est une ville de Province avec une histoire riche (et bien entendu, contrastée, on dit que seuls les peuples heureux n’ont pas d’histoire…). Avec Internet, les distances se rapprochent et les villes se ressemblent au final de plus en plus je trouve. Alors il est plus facile pour moi de placer ma ville dans mes histoires. Cela devient donc à la fois un décor, un personnage et un terrain de jeu. Mais Paris n’est jamais très éloigné. Un roman futur se passera en plein centre de Paris, à Châtelet les Halles.
Le Matin d’Algérie : Vous citez souvent Bukowski, Céline, la Beat Generation, mais aussi des figures du rap et de la chanson. Comment ces influences dialoguent-elles entre elles dans votre écriture ?
Pascal Bielskis : Je peux vous répondre, le rythme. Le rythme de l’écriture, d’une phrase, d’un chapitre guide souvent mes écrits.
Le Matin d’Algérie : Quelle place accordes-tu au lecteur dans ton écriture ? Penses-tu à lui en écrivant, ou est-ce un dialogue qui ne s’installe qu’après coup ?
Pascal Bielskis : C’est plutôt un dialogue qui s’installe après coup. Car si je dois penser au lecteur c’est forcément se fermer un lectorat plus large. C’est comme dans la musique. Si vous composez un album et que vous demandez l’avis de tout le monde, vous n’arriverez à aucun résultat clair. Je pense que l’artiste ou un créatif doit accepter cette part de risque. Après c’est différent si le livre est une commande éditoriale spécifique vers un certain lectorat. Mais cette situation ne s’est jamais présentée à moi. Donc je propose et ensuite le public dispose (ou pas).
Le Matin d’Algérie : Quels sont vos projets actuels ou à venir ?
Pascal Bielskis : J’envisage d’écrire un essai dont je tais la thématique pour l’instant. Et ensuite j’ai un projet d’envergure plus large : écrire dans tous les registres littéraires. J’ai fait du recueil de textes, un recueil de poésies, un recueil de 4 nouvelles, des romans… Il ne me manque plus que l’essai et une pièce de théâtre. Mais sinon j’ai 4 projets de livres actuellement en tête.
Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?
Pascal Bielskis : Tout d’abord, encore un remerciement pour ces questions sur mon travail. Je passe aussi le bonjour au peuple algérien. Un de mes deux romans préférés est L’Etranger d’Albert Camus. L’histoire se passe en Algérie. D’ailleurs Albert Camus disait en parlant de quel pays il se revendiquait a répondu : « Mon pays c’est le français ». Je trouve cette phrase magnifique. Et puis n’hésitez pas à suivre mes écrits et projets sur Internet et les réseaux sociaux.
Du lycée de Oum El Bouaghi — ex-Makomedas — aux scènes marseillaises, Mohcen Ferrah trace un chemin singulier, entre jazz, blues et terre chaouie. Membre fondateur du groupe Ithrène, il incarne une musique enracinée et ouverte, tissée de fusion, de mémoire et de résistance. Portrait d’un artisan exigeant.
Il est le plus jeune des musiciens du groupe Ithrène, formé à Oum El Bouaghi, dans la région des Aurès. Dès son enfance, Mohcen Ferrah est plongé dans un univers sonore où résonnent aussi bien Miles Davis que John Coltrane, Led Zeppelin ou Joe Satriani. C’est ce dernier, maître de la guitare instrumentale, qui déclenche chez lui, à 14 ans, une passion durable pour la six-cordes.
Mais l’histoire, comme souvent, commence plus tôt. À l’âge de 7 ans, il pose pour la première fois ses doigts sur une guitare sèche que son grand-père avait offerte à son frère Smail, à l’occasion de sa réussite au BEM. Smail, figure du groupe Les Berbères, lui transmet avec leurs frères Rabah et Hichem bien plus que des accords : une mémoire vivante de la musique amazighe, branchée sur les ondes d’Hendrix et Knopfler.
En 1998, Mohcen monte sur scène. Il étudie le jazz, l’harmonie, la composition, l’improvisation. Très vite, il rafle le premier prix du Festival national de la musique moderne à Oran, deux années de suite (2003 et 2004). Étudiant à l’université, il devient ingénieur en gestion urbaine, sans jamais délaisser sa vocation musicale.
Ithrène, l’étoile chaouie qui brille à contre-courant
Avec Ithrène — « étoile » en chaoui — Mohcen construit, depuis plus de vingt ans, une œuvre musicale exigeante, enracinée dans les sonorités berbères mais nourrie d’influences variées. Jazz, rock, blues et musiques du désert y fusionnent sans jamais trahir la mélodie de base, celle de leur région.
Leur dernier album, New Tindi, est le fruit de deux années de travail acharné. Enregistré dès fin 2009, il mêle empreintes Tergui, touche acoustique et richesse chaouie. « On essaie de faire une musique qui nous ressemble, pas une musique facile », dit Mohcen. Ce disque, diffusé chez Belda, marque une nouvelle étape dans la maturité du groupe.
Mais la reconnaissance nationale reste inégale. À Batna, tout près de leur région natale, ils ne sont que rarement invités. « Batna organise un seul festival dans l’année, dédié à la chanson arabe. Nous, on est berbères. On se sent étrangers dans notre propre bled », lâche-t-il sans amertume mais avec lucidité.
Marseille, exil fertile et enraciné
Installé depuis plusieurs années à Marseille, Mohcen Ferrah n’a rien renié de ses racines. Il continue d’écrire, de jouer, d’arranger. Il a rejoint le groupe Zawia Fama, qui explore les rythmes gnawi, tout en menant ses projets en solo. Il collabore aussi avec son frère Smail Ferrah, toujours actif, pour un futur album de huit titres.
Une soirée entière au service de la musique amazighe
Festival Amazigh à la Sucrière (Marseille) 2025 : Mohcen Ferrah a occupé la scène toute la soirée. En solo, d’abord, pendant la pause, il interprète Thamurth U Chaoui (La Terre chaouie), une pièce instrumentale poignante, portée par un blues enraciné dans sa terre natale. Un moment suspendu, joué avec une retenue bouleversante.
Avant et après cette parenthèse, il accompagne avec brio les artistes invités du festival. En une seule nuit de répétition, il se fond dans des univers variés et sert avec finesse les voix de Ali Idaflawen, Djaafar Aït Menguellet, Si Moh Chenoud, Ali Ferhati, Hamid Matoub, ainsi que celles des jeunes révélations Yelli Yelli et Ymaï. Son jeu, libre et précis, agit comme un lien musical entre les générations et affirme la présence d’un guitariste aussi humble qu’indispensable.
« L’artiste est sacrifié dans ce bled »
Loin de se poser en victime, Mohcen analyse avec une clarté sans concession la place faite aux artistes en Algérie. « Il n’y a pas d’ateliers d’art, pas de formation. On programme des festivités sans construire de vrai réseau. On fait venir des artistes d’ailleurs et on ignore les nôtres. »
Le départ, comme pour son frère Hichem , devient une nécessité. « On quitte avec une grande peine. L’artiste est sacrifié dans ce bled. »
Mais rien n’éteint la flamme. Un nouvel album est en préparation, et Mohcen garde l’espoir que son pays, un jour, se « réveille de son hibernation ». En attendant, il joue, transmet, cherche l’accord juste, dans l’exil volontaire d’un musicien libre.
Dans l’Oran du printemps 2006, une révélation vient fissurer le silence d’une famille : un oncle, longtemps présenté comme exilé, sort en réalité de prison pour des faits liés au terrorisme. Ce secret soigneusement enfoui remonte à la surface, propulsant une jeune fille – jamais nommée dans le roman – dans une quête de vérité, au cœur des non-dits de la « décennie noire ».
Avec Raï Love, Atfa Memaï signe un premier roman poignant, porté par une écriture sensible et une grande justesse psychologique. Née à Constantine en 1987, formée à la psychologie avant de s’orienter vers l’écriture, l’autrice fait de la littérature un espace d’émancipation, un lieu où reprendre le fil de sa propre histoire sans passer par la case survie.
Le silence comme point de départ
L’absence de prénom du personnage principal n’est pas anodine : elle souligne la portée universelle du récit, tout en évoquant l’effacement des voix féminines dans les récits officiels. La narratrice traverse un Oran post-traumatique, hanté par ses fantômes et ses mélodies. Les souvenirs familiaux, l’enquête intime et la confrontation avec un passé refoulé deviennent alors autant d’étapes dans une reconstruction identitaire, où la parole remplace peu à peu le silence.
La musique raï, entre refuge et mémoire
Le roman est profondément traversé par la musique raï, dont les chansons rythment les émotions de la narratrice. Elle y puise une forme de résistance, de consolation et d’expression brute. La figure de Cheb Hasni, chanteur assassiné en 1994 et icône d’une jeunesse algérienne qui voulait vivre, aimer et chanter, plane sur tout le livre comme un hommage discret mais puissant.
Le raï n’est pas ici simple décor sonore : il est langage du cœur, mémoire d’une époque, et exutoire face à la violence du réel.
Une voix libre, une littérature de l’émancipation
Raï Love n’est pas un roman nostalgique, encore moins un roman à thèse. C’est un texte à fleur de peau, qui interroge le poids de la mémoire et le besoin de transmission. Atfa Memaï y exprime une voix libre, qui ne cherche pas à juger mais à comprendre, à dire sans condamner, à écouter sans détourner les yeux.
Loin du pathos ou du repli identitaire, Raï Love affirme avec force que l’écriture peut être un acte de libération. Une manière de se réapproprier le récit, de redonner des mots aux silences imposés, et de rendre visibles les existences ordinaires broyées par l’histoire.
Atfa Memaï sera à Marseille, à la librairie L’Île aux mots, le 10 juillet, pour présenter son roman. Une occasion rare de rencontrer une jeune autrice à la plume déjà affirmée.
Les kitchen orphans savent consommer mais pas cuisiner. Les orphelins de la cuisine sont celles et ceux qui n’ont pas hérité des compétences et des recettes de leurs parents pour préparer un plat traditionnel. Ils préfèrent commander à domicile ou manger dehors.
Il y a pire encore, les individus souffrant de mageirocophobie, peur extrême (et spectrale) de cuisiner, par manque d’assurance en soi. Si, pour tout l’or du monde, la plupart ne régalerait jamais un groupe de personnes, certains ne parviennent même pas à se faire cuire un œuf !
Outre la peur de se blesser, de s’empoisonner, de mal faire, de rater, d’être critiqué, la phobie culinaire la plus courante serait la crainte de rendre malade. Ben dis donc, quelle attention pour son prochain …
Les mageirocophiles sont, en revanche, ceux qui aiment cuisiner. Le mot vient du grec mageiros, cuisinier, et phile, amoureux de. A ne pas confondre avec le très sympathique terme québécois cuisinomanesqui désigne ceux qui se passionnent pour la nourriture et l’art culinaire.
Cet amour tire son origine aussi bien de la volonté de concocter des plats savoureux, originaux, que de satisfaire l’autre, l’hôte. Une forme d’altruisme qui chatouille l’ego et procure une joie personnelle singulière.
Oui mais, une fois devenu client, il faut le reconnaitre, on ne s’intéresse plus qu’au résultat sans une pensée à l’effort, abouti ou non, de celui qui est derrière les fourneaux.
Les chefs de cuisine sont eux les stars des fourneaux. Ils ont le mérite de savoir valoriser les produits de la nature et les transformer en formidables mets. On leur doit la gastronomie, même si l’homme possède cet art naturel depuis la découverte du feu. Pour l’anecdote, c’est en Éthiopie que l’on retrouve les premières traces de repas préparés avec le feu, il y a environ 1,5 million d’années.
Elaboré pour plaire, un plat, même le plus simple, est toujours une symphonie de couleurs et de senteurs qui vise, non seulement à nourrir, mais à offrir du plaisir. Ne parle-t-on pas de plaisirs de la table ? Les cuisiniers, même les moins bons, sont tous mageirocophiles et cuisinomanes.
Avant tout, la mamma qui, en nous donnant la vie, nous a introduits à ce qui deviendra la boussole de notre existence, le goût.
Les habitants du 1er arrondissement ont été invités à choisir un nouveau nom pour la portion située entre la rue Pareille et la place Saint-Vincent de la rue Sergent-Blandan. Une liste de dix noms a été présentée dont celui de Taos Amrouche.
Malika Haddad GrosJean, adjointe déléguée à la Ville inclusive, à la mairie du 1er arrondissement de Lyon a lu ce discours au conseil municipal pour la débaptisation de la rue Sergent-Blandan pour lui donner le nom de Taos Amrouche.
Madame la maire, chers collègues,
Aujourd’hui, nous sommes en passe de présenter une délibération pour inaugurer une rue au nom de Taos Amrouche. Avec cette proposition, si elle est approuvée, nous accomplirons un geste fort. Un acte de justice et de mémoire, mais aussi un geste politique. Car choisir un nom pour une rue, ce n’est pas simplement orner l’espace public : c’est dire qui a compté, qui mérite d’être transmis, et quel récit nous voulons faire vivre collectivement.
Avec Taos Amrouche, nous honorons une femme aux identités multiples, mais aussi une lignée de femmes qui ont lutté pour exister dans un monde qui voulait les taire.
L’histoire de Taos commence avant elle, dans une Kabylie du XIXe siècle, colonisée et patriarcale, avec sa mère, Fadhma Aït Mansour. Fadhma Aït Mansour est née de père inconnu, marquée par la honte sociale, rejetée dès la naissance par sa propre communauté.
Dans un moment de désespoir tragique, sa mère – la grand-mère de Taos – tentera, un instant de la noyer dans l’eau glaciale de la fontaine de son village pour se donner ensuite, la mort elle-même. Non par cruauté, non pas par manque d’amour, mais pour épargner sa fille, cet enfant de la faute comme elle l’écrivit dans sa biographie « histoire de ma vie » d’un monde sans pitié, sans empathie à l’égard des femmes. Mais dans un sursaut de l’indéfectible amour, elle renoncera à cet acte, puis se battra telle une guerrière pour garder sa fille et la protéger, malgré la pauvreté, l’exclusion et l’opprobre.
Plus tard, Fadhma sera placée dans des couvents missionnaires, où elle subira maltraitances et humiliations. Là encore, c’est sa mère qui viendra la sauver, traversant les montagnes kabyles à pied, en plein hiver, pieds nus, pour l’arracher à la violence. Cette grand-mère, dont l’histoire n’a pas de nom dans les manuels, est une figure centrale de ce que Taos a reçu : la mémoire de la douleur, mais aussi celle du courage et de la dignité.
Taos Amrouche portera cet héritage dans son œuvre. En 1947, elle publie Jacinthe noire, le premier roman écrit par une femme algérienne en langue française. C’est un texte bouleversant, d’une grande intensité poétique, qui parle d’identité fracturée, d’exil intérieur, de filiation et de langue perdue. Mais Taos, c’est aussi les chants kabyles, transmis par sa mère, qu’elle recueille, qu’elle enregistre, qu’elle chante, et par lesquels elle redonne une voix aux femmes kabyles, longtemps réduites au silence.
« Les femmes kabyles chantent ce qu’on ne leur permet pas de dire. », écrivit Taos Amrouche.
Ces chants et ces contes, ont nourri tant de femmes, moi-même, je fus par la voix de ma grand-mère, bercée par leur rythme et leur tristesse mais et surtout éveillée à leur force. Dans ces voix de femmes qui racontent l’attente, l’exil, la violence, mais aussi l’amour, la fidélité et la liberté, d’aucuns entendront leur propre histoire et celle de tant d’autres femmes issues d’héritages mêlés.
« J’ai connu la douleur d’être écartelée entre deux mondes qui s’ignorent et qui se méprisent». — Taos Amrouche
Nous sommes nombreuses à avoir grandi entre deux rives, entre traditions et aspirations, entre la langue de l’école et celle des grands-parents, entre l’injonction au silence et la nécessité de parler. Ce que Taos Amrouche a exprimé dans ses livres, dans ses chants, nous le portons dans notre chair.
Et que dire de l’injustice qui frappa sa famille ? Rejetée après l’indépendance par l’Algérie officielle, ignorée par la France coloniale, elle incarne ce double exil, ou la double absence, la double absence titre d’un grand ouvrage d’Abdelmalek SAYAD, cette situation de ponts fragiles entre deux mondes. Mais elle n’a jamais renoncé à se dire. Elle n’a jamais cessé d’écrire, de chanter, de transmettre.
Aujourd’hui, dans un contexte marqué par la résurgence d’un racisme débridé, porté par des voix institutionnelles, nous devons plus que jamais rappeler que notre République est tissée de diversités, d’histoires entremêlées, de douleurs que seule la reconnaissance peut apaiser.
Et c’est notre rôle, en tant qu’élus, de faire vivre ces récits. Notre mandat est inscrit dans une volonté claire de visibiliser les femmes, celles que l’histoire officielle a oubliées, celles issues des mondes colonisés, des diasporas, des marges, des résistances.
Face à ceux qui, comme notre Ministre de l’intérieur et bien d’autres se réfugient dans une conception fermée de l’universalisme, nous défendons un universalisme vivant, qui se construit dans la reconnaissance des récits pluriels, dans l’égalité concrète et dans le refus de toutes les formes de domination.
Donner son nom à une rue de notre ville, nous reconnaîtrons la place de Taos Amrouche dans notre mémoire collective. Mais nous reconnaîtrons aussi le courage de sa mère, la dignité farouche de sa grand-mère, la voix de toutes les femmes dont l’histoire est à la fois intime et politique. »
Malika Haddad GrosJean
Le sergent Blandan est né à Lyon le 9 février 1819. Il s’engage en 1837 dans l’Armée d’Afrique et il participe à de nombreux combats en Algérie. Ce nom est donc intimement lié à la colonisation et à ses massacres.
Condamnez-la à mort. Tuez-la. Et qu’on en finisse.
Vous l’avez traînée dans la boue. Enfermée. Isolée. Privée d’air, de lumière, de mots.
Vous lui avez volé sa voix, sa santé, sa vie. Et ce n’est pas assez.
Vous continuez. Vous vous acharnez. Il vous reste à lui arracher ce qui lui reste d’humanité.
Le 24 juin, ma sœur Sonia comparaîtra devant une cour criminelle, dans une affaire portée par ceux-là mêmes qui la détiennent.
Ceux qui l’humilient. Ceux qui la brisent. Chaque jour. Chaque heure.
Et pourquoi ? Parce qu’elle a parlé. Parce qu’elle a osé dénoncer ce que tout le monde tait : les conditions de détention, la violence, les humiliations.
Une phrase dans une émission de radio. Et c’est tout un système qui s’est levé contre elle.
Une affaire déjà cassée par la Cour de cassation, qui a dit clairement que ce décret ne s’applique pas aux journalistes.
Une affaire qui aurait dû retourner devant les chambres réunies. Mais non. Vous n’avez pas attendu. Vous avez fixé une date. Vous la jugerez quand même. Même si c’est illégal. Même si c’est honteux. Parce que vous le pouvez.
Et comme si ça ne suffisait pas, vous la rejugerez encore le 30 juin, pour avoir parlé de racisme.
Deux procès. En quatre jours. Deux rafales. Un seul objectif : la faire taire à jamais.
Alors allez jusqu’au bout. Ne faites plus semblant.
Condamnez-la à mort. Étouffez-la. Tirez-lui dessus si ça va plus vite. Mais rendez-nous son corps.
Qu’au moins notre mère puisse cesser d’attendre. Qu’elle puisse pleurer sa fille comme on pleure une morte, pas une vivante qu’on torture en silence.
Qu’elle puisse poser une pierre. Qu’elle ait un lieu à visiter. Un endroit pour déposer son chagrin.
Mais surtout, cessez d’appeler ça justice. Ce n’est pas un procès. C’est une exécution. Froide. Méthodique. Organisée.
Et sachez une chose : le monde vous regarde. Et l’Histoire se souviendra.
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