12.9 C
Alger
Accueil Blog Page 29

Maroc–Algérie : la main tendue de Rabat et le silence d’Alger

9
Mohammed VI
Mohammed VI

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a affirmé, dans un entretien accordé à la deuxième chaîne de télévision nationale (2M) et rapporté par le quotidien londonien Al-Qods Al-Arabi, que la résolution des différends entre le Maroc et l’Algérie « n’a jamais été aussi proche » à condition, a-t-il insisté, « que la volonté politique soit au rendez-vous ».

Cette déclaration, survenue au lendemain de l’adoption par le Conseil de sécurité d’un nouveau texte soutenant la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental, résonne comme une invitation directe à la réconciliation entre les deux voisins. « Le Maroc et l’Algérie n’ont pas besoin de médiation », a déclaré Bourita. « Personne ne connaît mieux l’Algérie que le Maroc, et personne ne connaît mieux le Maroc que l’Algérie. Nous pouvons régler nos différends nous-mêmes », a-t-il ajouté, soulignant que « le dialogue direct est préférable à toute médiation ».

Le chef de la diplomatie marocaine a par ailleurs estimé que « les relations entre les deux pays et la question du Sahara sont plus proches d’un règlement qu’elles ne l’ont jamais été », tout en précisant que cette perspective reste tributaire d’un engagement politique mutuel.

Ces propos interviennent dans un contexte marqué par un nouvel appel du roi Mohammed VI, adressé vendredi soir à son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour un « dialogue fraternel et sincère » en vue de bâtir « des relations fondées sur la confiance et la bonne entente ». Un message de conciliation qui tranche avec le climat de méfiance persistant entre les deux capitales, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis août 2021 et les frontières terrestres fermées depuis 1994.

Jusqu’à présent, Alger n’a pas officiellement réagi à cette double ouverture — royale et ministérielle — de Rabat. Le silence observé par les autorités algériennes pourrait s’expliquer par le contexte politique sensible entourant la question du Sahara occidental, dossier central de la rivalité entre les deux pays. L’Algérie soutient la thèse de l’autodétermination défendue par le Front Polisario, tandis que le Maroc revendique la souveraineté sur le territoire et met en avant son plan d’autonomie comme « la seule solution réaliste et crédible ».

À noter qu’au début du mois d’octobre dernier, Massoud Boulos, conseiller de Donald Trump pour l’Afrique et le Moyen-Orient, a entamé une médiation discrète entre Rabat et Alger. Selon des sources diplomatiques citées par Al-Qods Al-Arabi, l’émissaire américain aurait promis un règlement du différend entre les deux voisins « dans un délai de soixante jours », nourrissant ainsi l’espoir d’un dégel progressif des relations.

Lors du vote du Conseil de sécurité, l’Algérie, non membre du Conseil, n’a pas pris part à la séance. Le texte, présenté par les États-Unis, a été approuvé par onze pays sur quinze, tandis que la Russie, la Chine et le Pakistan se sont abstenus. Pour Rabat, ce résultat confirme, selon Bourita, « le soutien international croissant à la proposition marocaine ».

Reste à savoir quelle lecture fera Alger de cette nouvelle séquence diplomatique. L’appel de Bourita à un « dialogue sans médiation » et la main tendue du roi pourraient ouvrir une brèche dans le mur du silence — à moins que la diplomatie algérienne ne préfère attendre l’issue de l’initiative américaine avant de réajuster sa position. Dans tous les cas, la balle semble désormais dans le camp d’Alger.

Samia Naït Iqbal

- Publicité -

Soudan : les paramilitaires des FSR rackettent les habitants d’El-Fasher

0
Les paramilitaires des Forces de soutien rapide de Hemedti
Les paramilitaires des Forces de soutien rapide de Hemedti tuent et rançonnent la population.

Au Soudan, plus d’une semaine après la prise de la ville d’El-Fasher par les Forces de soutien rapide du sinistre général Hemedti, les demandes de rançons se multiplient, selon de nombreux témoignages.

Les paramilitaires obligent leurs détenus à envoyer ces demandes à leurs proches réfugiés dans d’autres pays, notamment au Soudan du Sud. RFI a pu recueillir le témoignage d’un Soudanais réfugié au camp de Gorom, dont nous ne révélons pas l’identité pour sa sécurité. Il dit avoir fait libérer deux de ses cousins en envoyant de l’argent à un milicien FSR par une application bancaire. 

Les trois premiers jours et alors que les images des atrocités commises par les FSR déferlaient sur les réseaux sociaux après la prise d’El-Fasher, Ali n’a reçu aucune nouvelle de ses proches. Et puis, une demande de rançon est arrivée par la messagerie Facebook de son cousin. Ce dernier expliquait qu’il avait fui, avec un autre cousin d’Ali, et que tous deux étaient retenus par les FSR qui exigeaient une rançon. « « Si tu ne paies pas, ils vont nous tuer » disait son message. Ils ont fait un appel vidéo montrant mes cousins avec leurs armes pointées sur sa tête. Les FSR m’ont dit : « Tu n’as que deux jours, si tu n’envoies pas l’argent, tu ne reverras jamais tes cousins » », explique-t-il.

De nombreuses demandes de rançons

Ali a immédiatement commencé à collecter de l’argent via son application bancaire auprès de 20 membres de sa famille élargie. En deux jours, il est parvenu à la somme exigée par les FSR : 2 000 dollars par personne, soit 4 000 dollars pour sauver ses deux cousins. « J’ai donc envoyé l’argent sur le compte du membre des FSR. Ils ont ensuite relâché mes cousins et les ont emmenés dans le village de Tawila. De là-bas, mon cousin m’a appelé et m’a dit qu’ils avaient été relâchés et étaient en sécurité ».

Selon Ali, de très nombreuses familles réfugiées à Gorom ont elles aussi reçu des demandes de rançon. Il déplore l’inaction de la communauté internationale face aux graves crimes en cours au Soudan.

« Dans notre groupe, il y avait des femmes, des enfants et des personnes âgées. Ils sont allés jusqu’à fouiller les couches hygiéniques des femmes et les couches des bébés à la recherche d’argent ou de bijoux. Ils ont séparé les hommes et les femmes dans notre groupe. Ils ont libéré certains et ont pris des jeunes à un entrainement rapide de deux heures. Ils les ont ensuite envoyés aux combats en les plaçant en première ligne », raconte Mohamad, 56 ans, qui a fui El-Fasher mais a été pris en piège dans des accrochages à la sortie de la ville.

Crimes de guerre à El Fasher

Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a averti lundi que les atrocités commises par les Forces de soutien rapide (FSR) dans la ville d’El-Facher pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

«Ces atrocités s’inscrivent dans un contexte de violence plus large qui ravage toute la région du Darfour depuis avril 2023. De tels actes, s’ils sont avérés, pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au sens du Statut de Rome», texte fondateur de la cour, a déclaré dans un communiqué le bureau du procureur de la CPI, qui siège à La Haye.

Après 18 mois de siège, les FSR ont pris fin octobre El-Facher, dernier verrou stratégique qui échappait à leur contrôle au Darfour, vaste région de l’ouest du Soudan.

En cours depuis avril 2023, le conflit au Soudan a fait des milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l’ONU.

 De nouvelles images satellites et l’ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d’El-Facher, près d’une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation « absolument apocalyptique » et « véritablement terrifiante » sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l’université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne « montrent aucun mouvement à grande échelle » à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est « morte, capturée ou cachée ».

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d’objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. « Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles », conclut-il.

Avec RFI/AFP et agences

- Publicité -

Mali : rançon en échange d’otages et poursuite du blocus, comment le Jnim resserre l’étau sur Bamako

0

Au Mali, les jihadistes du Jnim ont libéré la semaine dernière deux otages émiriens et un Iranien, en échange d’une rançon de 50 à 70 millions de dollars et de matériel militaire. Le blocus sur les importations de carburant entamé début septembre se poursuit, entraînant l’arrêt de nombreuses activités, la fermeture des écoles et la raréfaction de certains produits.

Les attaques jihadistes sur les routes maliennes sont quasi quotidiennes et, ces derniers jours, plusieurs ambassades ont appelé leurs ressortissants à quitter le Mali dès que possible. Le Jnim se renforce et resserre l’étau sur Bamako, privilégiant l’étouffement économique à l’assaut par les armes. Analyse.

Les trois hommes, deux Émiriens et un Iranien, avaient été capturés à une trentaine de kilomètres de Bamako le 23 septembre dernier, dans un aérodrome privé de la commune de Sanankoroba. Des négociations pour leur libération avaient très rapidement été enclenchées, via plusieurs intermédiaires, sous l’égide des services maliens de renseignement. La libération a finalement pu avoir lieu 29 octobre dernier. D’après les informations révélées par notre confrère Wassim Nasr de France 24, que RFI a pu recouper depuis, une rançon de 50 à 70 millions de dollars a été versée. Plusieurs tonnes de matériel militaire – véhicules et armement – ont aussi été livrées au groupe jihadiste. Selon plusieurs sources, un échange de prisonniers a également eu lieu.

Dans les caisses du Jnim

« Le versement d’une rançon colossale constitue une injection de liquidités immédiate et massive dans les caisses du Jnim, explique Bakary Sambe, directeur à Dakar du centre de recherche Timbuktu Institute. Ce n’est pas une simple rentrée d’argent, ça pourrait être un accélérateur stratégique : le groupe peut convertir des fonds en capacité opérationnelle concrète, avec l’achat d’armes lourdes, d’explosifs, de drones de reconnaissance ou d’attaque, des armes légères ou des systèmes de communication cryptée ».

« À cela s’ajoute la livraison de matériel exigée en échange de la libération des otages, poursuit Bakary Sambe, avec des véhicules tout terrain renforcés, carburant, pièces détachées, voire armes légères, ce qui renforce directement la logistique et la mobilité du groupe. Cela pourrait aussi faciliter un recrutement accéléré, et surtout une amplification de la propagande : chaque rançon payée est présentée comme une taxe sur les « croisés économiques« , légitimant le jihad économique et attirant de nouvelles recrues. Il est clair qu’à court terme, c’est une montée en puissance exponentielle, analyse le directeur du Timbuktu Institute. Plus de raids, plus sophistiqués et surtout une capacité à tenir des zones sous blocus prolongé, comme les axes Kayes-Bamako ou Bamako-Ségou ».

Dans le même temps, les jihadistes du Jnim resserrent inlassablement leur étau sur la capitale malienne, Bamako. Le blocus sur les importations de carburant entamé début septembre se poursuit, entraînant l’arrêt de nombreuses activités, la fermeture des écoles et la raréfaction de certains produits. Les attaques jihadistes sur les routes maliennes sont quasi quotidiennes et, ces derniers jours, plusieurs ambassades ont appelé leurs ressortissants à quitter le Mali dès que possible. C’est le cas des États-Unis, du Canada, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Espagne, de l’Italie ou encore de l’Australie.

Un « étouffement progressif » plutôt qu’un « assaut frontal »

Pour autant, les jihadistes ne semblent pas préparer un assaut militaire contre la capitale malienne, mais plutôt œuvrer à un épuisement économique destiné à fragiliser le régime de transition en place. « Plusieurs aspects m’inspirent la prudence sur l’imminence d’un assaut frontal sur Bamako qui, estime le directeur du Timbuktu Institute, n’est ni dans la doctrine, ni dans les capacités actuelles du Jnim. Ce n’est pas son objectif. Le groupe a dû apprendre des expériences passées [notamment l’occupation et l’administration des régions du nord du Mali pendant dix mois en 2012, NDLR] et a fait le choix stratégique de l’étouffement progressif : une guerre d’usure économique et politique, qui délégitime le régime sans jamais s’exposer à une bataille conventionnelle qui serait perdue d’avance ».

Depuis juillet dernier, plusieurs attaques ont ciblé des sites industriels ou miniers, notamment dans la région de Kayes, qui représente 80% de la production d’or du Mali, sa principale richesse. On peut citer la cimenterie Diamond Cement Factory à Kayes – trois ingénieurs indiens avaient été enlevés – et plusieurs mines de la région de Kayes (une dizaine de salariés chinois kidnappés). La mine de lithium de Bougouni, exploitée par l’entreprise britannique Kodal Minerals, a également subi plusieurs raids. Sans parler, bien évidemment, des destructions de plusieurs centaines de camions citernes depuis deux mois sur les routes reliant Bamako au Sénégal ou à la Côte d’Ivoire, qui ont créé une pénurie d’essence massive dans tout le pays et jusqu’à Bamako.

« Le Jnim veut que Bamako s’effondre de l’intérieur »

« Le Jnim, dans le contexte actuel, ne veut pas ipso facto prendre et gouverner Bamako, il veut que Bamako s’effondre de l’intérieur, analyse Bakary Sambe, avec des chutes de recettes d’exportation, la fuite des investissements directs et un mécontentement populaire, surtout que le régime avait promis la sécurité et la souveraineté avec Moscou. Aujourd’hui, le Jnim essaie de renvoyer l’image d’un échec cuisant. C’est une guerre par asphyxie, mais aussi par une stratégie de décrédibilisation, en démontrant tous les jours qu’il y a une incapacité à assurer la sécurité des populations ». 

Dans une note à paraître ce mardi, le Timbuktu Institute développe une analyse fouillée sur cette « Offensive du Jnim : entre « jihad » économique et menace des intérêts étrangers ».

Dans un communiqué diffusé ce lundi, l’armée malienne affirme avoir ciblé « une importante base terroriste » près de Sirakoro, région de Bougouni, dans le centre du pays. Selon l’état-major, le site servait « à la planification d’attaques contre les convois de citernes de carburant ». L’armée malienne revendique « plus d’une dizaine de terroristes neutralisés » et du matériel détruit ou récupéré. Cette opération aura « sans nul doute, selon le communiqué, des répercussions significatives sur l’approvisionnement en hydrocarbures ».

Rfi

- Publicité -

Mme Lila Somé : « Aux jeunes qui doutent, il n’est jamais trop tard pour rebondir »

0
Mme Lila Somé,

À l’occasion du Festival Vivacité, grand rendez-vous marseillais dédié à la vie associative et citoyenne, nous avons rencontré Mme Lila Somé, la directrice de l’École de la Deuxième Chance (E2C) de Marseille et son équipe. Cet festival a permis de mettre en lumière des initiatives porteuses d’espoir pour la jeunesse.

L’E2C Marseille, véritable tremplin pour les jeunes sortis du système scolaire sans diplôme, leur offre une seconde chance d’apprendre, de se former et de s’insérer dans le monde professionnel. Rencontre avec Mme Lila Somé.

Le Matin d’Algérie : Pouvez-vous présenter l’E2C Marseille et ses missions principales ?

Mme Lila Somé : L’École de la 2e Chance (E2C) Marseille est un dispositif innovant d’insertion socio-professionnelle qui s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans, sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification. Notre mission principale est de les accompagner dans la construction de leur projet professionnel, et de les aider à accéder à un emploi ou à une formation qualifiante. L’E2C repose sur une pédagogie individualisée, basée sur l’approche par compétences et le lien avec le monde de l’entreprise.

Le Matin d’Algérie : Depuis combien de temps l’E2C existe-t-elle à Marseille et quels ont été ses principaux succès ?

Mme Lila Somé : L’E2C Marseille a été créée en 1998, 1er établissement amené à fédérer un réseau comptant désormais 146 sites-écoles répartis dans toute la France et les territoires d’outre-mer. Depuis plus de 25 ans, nous avons accompagné des milliers de jeunes vers une insertion sociale et professionnelle durable. Nos principaux succès, ce sont avant tout les parcours réussis de nos anciens participants : aujourd’hui près de 60 % d’entre eux accèdent à l’emploi ou à une formation qualifiante à l’issue de leur passage chez nous. Nous sommes aussi fiers des partenariats solides que nous avons construits avec les entreprises locales. En 2019, forts de ces succès, nous avons ouvert un 2ème site sur Marseille afin de mener notre action plus efficacement dans les quartiers sud de la ville.

Le Matin d’Algérie : Quels profils de jeunes peuvent bénéficier de votre programme et comment les sélectionnez-vous ?

Mme Lila Somé : Notre programme s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans, sans diplôme ou qualification, sortis du système scolaire ou professionnel et en cumul de vulnérabilités. Il faut également que le jeune ait un justificatif d’identité en cours de validité. La sélection se fait essentiellement sur la base de la motivation. Après une réunion d’information collective, chaque jeune bénéficie d’un entretien individuel afin de préciser son projet et ses attentes. Ce que nous recherchons, c’est une envie de s’en sortir et de construire un projet même s’il n’est pas encore clairement défini.

Le Matin d’Algérie : En quoi consiste exactement la formation tremplin proposée par l’E2C ?

Mme Lila Somé : La formation tremplin de l’E2C est un parcours individualisé d’environ 6 mois (en fonction du besoin du jeune), qui alterne des périodes en centre de formation et des stages en entreprise. Le dispositif est gratuit et rémunéré grâce au soutien de la Région SUD. L’objectif est de permettre au jeune de définir un projet professionnel réaliste, d’acquérir des compétences de base et de développer son savoir-être en entreprise. Chaque parcours est unique, construit en fonction des besoins et des objectifs du jeune.

Le Matin d’Algérie : Comment accompagnez-vous les jeunes dans la définition et la réalisation de leur projet professionnel ?

Mme Lila Somé : Chaque jeune est suivi par un formateur-référent qui l’accompagne tout au long du parcours. Ensemble, ils travaillent à identifier les centres d’intérêt, les compétences, et les opportunités professionnelles possibles. Les stages en entreprise permettent d’explorer plusieurs métiers. Des ateliers de coaching, des rencontres avec des professionnels, et des immersions aident aussi à affiner et valider le projet professionnel.

Le Matin d’Algérie : Quels types de stages ou d’alternances sont proposés aux participants et comment sont-ils choisis ?

Mme Lila Somé : Les stages sont choisis en fonction du projet professionnel du jeune, ou parfois pour lui faire découvrir un secteur qu’il ou elle ne connaît pas encore. Nous avons des partenariats dans des domaines très variés : commerce, bâtiment, restauration, aide à la personne, numérique, etc. Les jeunes que nous accueillons ont le statut de stagiaire de la formation professionnelle et ont donc vocation à développer leurs compétences sur le terrain, en entreprise. Nous préparons les jeunes à cela.

Le Matin d’Algérie : Comment l’E2C prépare-t-elle les jeunes à monter en compétences dans leur domaine choisi ?

Mme Lila Somé : Nous travaillons sur les compétences fondamentales (français, mathématiques, numérique), mais aussi sur les compétences transversales : ponctualité, communication, esprit d’équipe, confiance en soi… Le jeune peut aussi suivre des modules spécifiques à son projet (prépa métiers, certifications, ateliers techniques…). Le contact avec l’entreprise est central, car c’est en situation réelle que les compétences prennent tout leur sens.

Le Matin d’Algérie : Quels soutiens ou encadrements sont proposés tout au long du parcours pour assurer la réussite des participants ?

Mme Lila Somé : Chaque jeune bénéficie d’un accompagnement individualisé avec un formateur référent, mais aussi d’un encadrement global : accompagnement social, aide à la mobilité, soutien psychologique si besoin, mise à disposition d’outils numériques. Notre équipe pluridisciplinaire est très engagée. Nous travaillons également avec un réseau de partenaires pour lever certains freins périphériques à l’insertion.

Le Matin d’Algérie : Quels sont les principaux débouchés pour les jeunes après leur passage à l’E2C Marseille ?

Mme Lila Somé : À la sortie, les jeunes peuvent intégrer une formation qualifiante (21% en 2024) ou accéder directement à un emploi (20% en 2024). Certains créent même leur propre activité. L’important, c’est que chacun sorte avec un projet solide et réaliste, adapté à ses envies et à son potentiel. Nous assurons également un suivi post-parcours pendant plusieurs mois pour sécuriser les suites.

Le Matin d’Algérie : Quel message souhaiteriez-vous adresser aux lecteurs du Matin d’Algérie, notamment aux jeunes qui hésitent encore à rejoindre votre programme ?

Mme Lila Somé : À tous les jeunes qui doutent, je voudrais dire ceci : il n’est jamais trop tard pour rebondir. L’E2C Marseille est un lieu où vous êtes accueillis sans jugement, où on croit en vous mêmes si vous avez décroché. Vous n’êtes pas seuls. Si vous avez envie de vous construire un avenir, même sans diplôme, vous êtes les bienvenus. Osez faire le premier pas, le reste, on le construira ensemble.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

- Publicité -

France–Algérie : les signaux d’un retour au dialogue

4
Tebboune Macron
Tebboune et Macron.

À l’occasion du 71ᵉ anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne du 1ᵉʳ novembre 1954, le président français Emmanuel Macron a adressé un message de félicitations à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune.

Le geste n’a rien d’exceptionnel mais il vaut son pesant de symboles en ces mois de glaciation entre Alger et Paris. Dans cette lettre rendue publique par la présidence de la République, le chef de l’État français exprime à « tout le peuple algérien » ses « chaleureuses félicitations et ses meilleurs vœux ». Un geste symbolique, mais significatif, après plusieurs mois de gel dans les relations entre Alger et Paris.

Depuis le début de l’année, les relations bilatérales ont en effet traversé une phase de tensions marquées par la suspension des échanges politiques de haut niveau, avec rappel des ambassadeurs, sur fond de divergences d’abord sur la question du Sahara occidental avant que la crise ne déborde également sur la mémoire coloniale, la question migratoire, le traitement des ressortissants algériens en France et le refus des autorités algériennes d’accueillir les ressortissants expulsés de France. A ce panier à problèmes s’est ajoutée l’affaire de la tentative d’enlèvement de l’influenceur Amir Dz, lourdement condamné par contumace en Algérie. La justice française accuse

Or, depuis quelques semaines, plusieurs signaux émanant des plus hautes autorités françaises laissent entrevoir une volonté de relancer le dialogue. Outre le message du président Macron, les déclarations récentes du nouveau ministre français de l’Intérieur, favorables à une approche plus pragmatique et respectueuse envers Alger, ont été perçues comme un geste de détente.

Du côté algérien, la réponse semble tout aussi mesurée que réceptive. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a réagi avec retenue au vote, par l’Assemblée nationale française, d’une résolution non contraignante présentée par le Rassemblement national appelant à l’abrogation des accords de 1968 sur la circulation et le séjour des ressortissants algériens. En estimant que ce texte « n’engage pas l’État français », Attaf a clairement choisi d’éviter la surenchère et d’inscrire la réaction d’Alger dans une logique d’apaisement.

Ce double mouvement – geste présidentiel à Paris et ton mesuré à Alger – traduit une forme de reprise de contact politique, après une longue période de crispation. Le contexte international, marqué par les recompositions géopolitiques en Méditerranée et au Sahel, ainsi que les intérêts partagés dans les domaines énergétique et sécuritaire, plaide pour une normalisation rapide entre les deux capitales. L’autre élément encourageant est la dernière sortie de Laurent Nunez, ministre de l’Intérieur français. Celui-ci a estimé que la stratégie de tension n’est pas payante.

Reste à savoir si cette nouvelle séquence marquera un véritable tournant ou si elle se limitera à une parenthèse diplomatique de circonstance. Mais à travers ce message du 1ᵉʳ Novembre, Paris semble vouloir rouvrir la voie d’un dialogue pragmatique avec Alger, tandis que cette dernière, sans renoncer à ses positions de principe, semble prête à en saisir le signal.

Maintenant que le conseil de sécurité a voté la résolution sur le Sahara occidental, le bon sens diplomatique reprendra-t-il sa place enfin entre les deux capitales ?

La rédaction

- Publicité -

L’Espagne examine la demande d’extradition de l’ancien sénateur Abdelkader Djedia

0
Abdelkader Djedia
Abdelkader Djedia, ex-sénateur algérien en fuite en Espagne.

L’ancien sénateur algérien Abdelkader Djedia a comparu, lundi, devant une juridiction nationale espagnole à Madrid dans le cadre d’une audience préliminaire consacrée à la demande d’extradition formulée par les autorités algériennes.

Cette procédure, qui soulève des questions à la fois politiques et juridiques, met en lumière les tensions persistantes entre liberté d’expression parlementaire et poursuites pénales en Algérie.

L’affaire remonte à décembre 2019, lorsque Abdelkader Djedia, élu de la wilaya de Ouargla, avait pris la parole au Conseil de la nation pour dénoncer la gestion jugée « défaillante » des régions du Sud et appeler à une participation accrue des populations locales dans la politique énergétique, notamment autour de l’exploitation du gaz de schiste.

Ces propos, relayés par plusieurs médias, ont été perçus par les autorités comme des déclarations portant atteinte à l’intérêt national. Poursuivi pour outrage à corps constituépublication d’enregistrements portant atteinte à l’intérêt national et diffusion de nouvelles susceptibles de troubler l’ordre public, le parlementaire a vu son immunité levée en octobre 2023, une décision entérinée par la Cour constitutionnelle en février 2024.

Jugé par contumace, Abdelkader Djedia a été condamné à trois ans de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars algériens (environ 3 320 euros). Peu après, il a quitté l’Algérie pour l’Espagne, où il a sollicité la protection des autorités judiciaires.

L’audience de Madrid marque le premier acte d’une procédure qui s’annonce sensible. L’Espagne, liée à l’Algérie par des accords de coopération judiciaire, devra déterminer si les accusations visant Djediat relèvent du droit commun ou s’inscrivent dans un contexte politique. Cette distinction sera déterminante dans la décision finale sur l’extradition.

La défense de l’ancien sénateur soutient que les poursuites ont une nature éminemment politique, visant à sanctionner un discours critique à l’intérieur d’une institution parlementaire. Plusieurs organisations de défense des droits humains ainsi que l’Union interparlementaire (UIP) ont exprimé leurs inquiétudes à ce sujet. L’UIP a d’ailleurs adressé une demande de clarification au Parlement algérien concernant les conditions dans lesquelles l’immunité de Djediat a été levée et les garanties offertes à la défense.

La décision de l’Audience nationale espagnole, dont la date de délibération n’a pas encore été fixée, pourrait constituer un précédent important. Au-delà du cas personnel de l’ancien sénateur, le verdict sera observé comme un indicateur de la manière dont la justice espagnole évalue les garanties judiciaires offertes en Algérie et la compatibilité des demandes d’extradition avec les principes européens relatifs à la liberté d’expression et à la protection des élus.

Samia Naït Iqbal

- Publicité -

Contourner les États belliqueux pour faire la paix ?

1
Forum de Paris sur la Paix,

Un forum, qui vient de se tenir en Europe, met de l’avant une idée basée sur les divers acteurs de la société civile pour arriver à contourner les pays qui ont des réticences à promouvoir des processus de paix.

C’est environ 4 000 participants du monde entier, 25 ministres et plus de 15 chefs d’État et de gouvernement qui ont assisté au Forum de Paris sur la Paix, qui s’est déroulée les 29 et 30 octobre et dont le thème était, « Nouvelles coalitions sur la paix, les peuples et la planète ». Ceux-ci ont écouté environ 500 intervenants et participé à près de 90 tables rondes et conférences.

Contourner les États belliqueux

Le fondateur et directeur général du forum de Paris sur la Paix, Justin Vaïsse, n’y va pas par quatre chemins. « Nous sommes déterminés à remplir notre mission : réinventer la diplomatie dans un monde en mutation. » Il visait cette année à construire de nouvelles coalitions tentant de promouvoir la paix dans les conflits qui confrontent les nations et les populations de la planète.

L’ex-patron de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui est actuellement le vice-président de ce forum, Pascal Lamy, considère qu’il y a un lien entre les guerres, les conflits, les changements climatiques, la perte de la biodiversité et le recul de la démocratie. Ce Forum tente donc de prendre ensemble tous ces phénomènes et de changer les manières de coopérer à l’international. « Nous voyons bien que les nations souveraines, qui sont 200 sur cette planète, ont de plus en plus de mal à se mettre d’accord pour faire les choses ensemble », affirme-t-il en pointant qu’en matière de climat ou de paix, il faut que toutes les parties prenantes travaillent ensemble pour espérer réussir.

Le Forum veut donc depuis huit ans contourner les États réfractaires aux propositions de paix en s’adressant directement à des acteurs dont l’intérêt est de parvenir à des résultats tangibles. Sont visé les grosses organisations de la société civile, telle WWF ou Greenpeace qui ont en commun avec le business, de grandes institutions académiques et avec des élus de grandes villes, d’obtenir à court terme des résultats qui sont ce que les populations veulent, sans être bloqué par des objectifs et des intérêts de dirigeants de pays réfractaires à la paix.

Nouvelles coalitions

« Quand nous nous penchons au chevet d’un monde brutalisé et chaotique, ce n’est pas simplement pour l’analyser : c’est pour agir, c’est pour coaliser les acteurs en vue de le transformer », affirmait Justin Vaïsse lors de la clôture de l’événement.

Trois nouvelles coalitions ont été formées lors de ce forum. Celle pour la paix a travaillé sur la crise des Grands Lacs sur le continent africain, les défis au Moyen-Orient et en Ukraine, la protection des démocraties, ainsi que la gouvernance de l’IA. L’ancien Premier ministre israélien, Ehud Olmert, y a mis de l’avant la nécessité d’une solution à deux États en Palestine. Michelle Bachelet, ancienne Haute-Commissaire aux droits de l’Homme à profiter de l’occasion pour annoncer sa candidature au poste de Secrétaire général des Nations unies.

Dans celle pour les peuples qui a touché l’intégrité de l’information et les médias indépendants, en présence du Prix Nobel de la paix, Maria Ressa, a été adoptée par 29 États une déclaration politique collective pour renforcer l’action multilatérale, augmenter les ressources pour promouvoir une information fiable et contrer la manipulation.

En ce qui concerne celle pour la planète, qui soulignait le 10e anniversaire de l’Accord de Paris et préparait la COP 30 au Brésil, a été soulignée l’urgence de réduire les émissions de méthane, d’accélérer la reforestation et de renforcer la coopération nord-sud. Le président de la COP 30, André Aranha Corrêa do Lago, a réussi à obtenir un large consensus sur la nécessité de réduire concrètement les émissions de méthane du secteur énergétique et d’accélérer l’élimination du charbon.

L’autosuffisance de l’Afrique

L’autosuffisance de l’Afrique en matière alimentaire en 2030 et comment rétablir une justice économique pour les pays émergents ont aussi été des sujets importants. « On a commencé à deux, trois, maintenant on est 30 ou 50 organisations qui travaillent ensemble dans cette direction », continue Pascal Lamy. Selon lui, l’Afrique dispose d’un maximum de ressources naturelles dont l’économie mondiale a besoin. En même temps, ce continent est très durement frappé par le réchauffement climatique et par la diminution de la biodiversité.

La question serait donc comment mobiliser la valeur de ces ressources naturelles dans une économie internationale qui, dans beaucoup de cas, ne leur donnent pas leur vraie valeur. « Si on donne un prix négatif, on pénalise les émissions de carbone et que l’on rémunère l’absorption de carbone, beaucoup de forêts et de cultures africaines sont capables de faire ça, alors on leur donnera une valeur qui permettra à des investisseurs de faire de l’argent avec ces ressources naturelles qui sont dans la plupart des cas, et le cas africain, beaucoup plus propre qu’ailleurs. »

Pascal Lamy, qui prône ce que des organisations comme les Nations Unies appellent une seule santé pour les gens, les pays et la nature, considère qu’on ne peut pas, dans un monde malade, ne pas avoir de conflit.

Michel Gourd

- Publicité -

Gaza : un tapis rouge sur les ruines, le cinéma comme résistance

1
Cinéma à Gaza

Gaza, théâtre de la guerre et de la destruction, a récemment vu se dérouler un événement presque improbable : le Festival international du cinéma féminin, une initiative courageuse du Dr Ezzaldeen Shalh.

Dans ce territoire où les bombes laissent des cicatrices visibles et invisibles, un tapis rouge poussiéreux a accueilli les films et les spectateurs, symbole tangible d’un espoir que la violence ne peut anéantir.

Parmi les œuvres présentées, le film La Promesse d’Imane, de Nadia Zouaoui, a trouvé sa place dans ce festival singulier. Pour la réalisatrice, l’expérience est saisissante : « Quand on m’a proposé de présenter mon film à Gaza, j’ai cru à une mauvaise blague. Un festival de films de femmes en pleine guerre semblait absurde… et pourtant, il existe. » Ce paradoxe illustre toute la force de l’événement : dans un lieu où la vie quotidienne est constamment menacée, le cinéma devient un outil de mémoire, de résistance et d’espoir.

Le festival a ouvert avec The Voice of Hind Rajab, le film de la réalisatrice tunisienne Kawthar Ben Hania, déjà salué à Cannes, à Venise et au TIFF, et en lice pour les Oscars. Le film retrace la tragédie de la petite Hind, morte sous les bombes alors qu’elle tentait d’appeler à l’aide la Croix-Rouge. Lors des ovations, Ben Hania a insisté : « Le cinéma peut préserver la mémoire et résister à l’amnésie. » Ces mots résonnent profondément dans un territoire où la mémoire est sans cesse mise à l’épreuve.

Au-delà de la symbolique, le festival agit concrètement : il donne à voir et à entendre les histoires de femmes, souvent invisibles, et offre aux enfants un espace d’espoir et de projection. Nadia Zouaoui raconte l’émotion de ces jeunes spectateurs, leurs yeux brillants devant des films qui parlent de courage, de résilience et de droits des femmes. Dans un contexte de guerre, le festival devient un laboratoire de citoyenneté et de liberté, un lieu où l’art peut modeler l’avenir.

Pour la réalisatrice, le festival ne se limite pas à la projection de films. Il est un acte de résistance, une manière de dire que même dans les pires circonstances, la culture survit, se transmet et transforme. L’image du tapis rouge sur les ruines n’est pas seulement poétique : elle est politique. Elle affirme que, malgré la violence, la faim et la destruction, l’espoir persiste et que le cinéma peut en être le vecteur.

Enfin, Nadia Zouaoui évoque Imane Chibane, héroïne de son film, comme symbole de cette continuité : « Elle aurait été fière de savoir que son histoire a trouvé sa place dans ce festival de tous les espoirs. » Gaza démontre ainsi qu’au milieu des bombes et de la ruine, la résistance culturelle et la mémoire collective demeurent invincibles.

Ce festival, improbable et nécessaire, rappelle que le cinéma est un outil de mémoire, de dignité et de combat, capable de toucher les générations présentes et futures. À Gaza, même sur les ruines, un tapis rouge peut fleurir — et avec lui, l’espoir.

Djamel Guettala

- Publicité -

Réunion du Conseil des ministres :  sécurité routière, transition numérique et relance agricole au menu

0
Conseil des ministres

La réforme du Code de la route, la promotion des services de confiance pour les transactions électroniques, et le raccordement des grands projets agricoles au réseau électrique national sont les dossiers examinés, ce dimanche 2 octobre,  lors d’une réunion du Conseil des ministres présidé par le chef de l’Etat, A. Tebboune. 

Trois axes, qui traduisent, selon la lecture du communiqué de la Présidence, une volonté de modernisation simultanée des infrastructures, de l’économie et du cadre réglementaire.

Sécurité routière : un arsenal de mesures inédit

Ainsi, le projet de loi sur le Code de la route est  jugé « exemplaire » dans sa rigueur et sa cohérence. Ce texte, fort de plus de 50 nouvelles dispositions sur un total de 193 articles, entend s’attaquer de front au fléau des accidents de la circulation, en agissant sur l’ensemble de la chaîne : écoles de conduite, conducteurs, véhicules et dispositifs de contrôle.

Le communiqué rappelle que le président a insisté sur la nécessité de doter les forces de sécurité de moyens technologiques modernes, notamment pour le paiement électronique des amendes, la détection de la consommation de stupéfiants et la vérification du poids des chargements. 

Il a également ordonné la mise en place de contrôles médicaux réguliers et inopinés pour les conducteurs professionnels, ainsi que l’adoption d’un dispositif d’assermentation des agents de contrôle, afin de lutter contre les faux rapports et les déclarations mensongères. Ces mesures visent à simplifier les procédures judiciaires et renforcer la crédibilité des enquêtes sur les accidents.

Agriculture : électrification et vision à long terme

Le second point de l’ordre du jour a porté sur le raccordement des grands projets agricoles aux réseaux électriques, 

notamment ceux dédiés aux cultures stratégiques. Le ministre de l’Énergie a fait état du branchement de plus de  100 000 exploitations agricoles à l’électricité, ainsi que de la fourniture d’énergie à plusieurs projets d’envergure, menés avec des partenaires nationaux et étrangers tels que « Baladna » (Qatar), Cevital (Algérie) et « BF » (Italie).

Le président Tebboune a souligné l’importance du  projet de ligne électrique Nord-Sud, qualifié de structurant pour le développement territorial et la qualité du service. Il a également plaidé pour  l’exportation du surplus énergétique vers l’Europe et l’Afrique, dans une logique d’ouverture et de valorisation des capacités nationales.

Dans le même registre, le chef de l’État a instruit le gouvernement d’autoriser sans délai l’importation de moissonneuses et de semoirs, y compris d’occasion (moins de cinq ans), afin d’accompagner la relance des filières céréalières et oléagineuses, notamment le maïs et le tournesol. Il a enfin appelé à l’élaboration d’un nouveau projet de loi d’orientation agricole, fondé sur une approche participative et prospective.

Transition numérique : un cadre juridique pour la confiance

Le Conseil des ministres a également adopté le projet de loi fixant les règles générales relatives aux services de confiance pour les transactions électroniques et à l’identification numérique. 

Ce texte s’inscrit dans la stratégie de dématérialisation de l’administration et du commerce, en posant les bases légales de la signature électronique, de l’authentification sécurisée et de la protection des données.

Dans la même dynamique, un  décret présidentiel a été approuvé, autorisant la création d’un bureau extérieur de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) à Alger. Par cette initiative,  le gouvernement  veut donner au  pays les moyens de devenir un pôle régional dans le domaine de l’innovation et des technologies numériques.

La rédaction

- Publicité -

Vote sur l’accord de 1968 : « Une affaire franco-française », estime Ahmed Attaf

3
Ahmed Attaf
Ahmed Attaf

 Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a réagi dimanche soir au vote de l’Assemblée nationale française visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968 sur la circulation, le séjour et l’emploi des ressortissants algériens en France.

Dans un entretien accordé à la chaîne d’information AL24 News, le chef de la diplomatie algérienne a adopté un ton à la fois mesuré et critique, qualifiant cette initiative d’« affaire franco-française » sans incidence directe, pour l’heure, sur les relations entre Alger et Paris.

Circulez il n’y a rien à voir ! Ahmed Attaf vient de renvoyer la petite tempête médiatique créée par le parti d’extrême droite, RN, à l’Assemblée, à une affaire « domestique française ». Le ministre est sans appel. « Sur le fond, cette affaire est une affaire entre l’Assemblée nationale française et le gouvernement français. C’est une affaire intérieure, une affaire franco-française. Elle ne nous concerne pas pour le moment », a déclaré M. Attaf, soulignant le caractère symbolique de la résolution adoptée jeudi dernier à Paris.

Le texte, proposé par le Rassemblement national (RN) et soutenu par des députés de droite (LR et Horizons), n’a pas de portée juridique contraignante, mais a provoqué de vifs débats dans les deux pays.

M. Attaf a exprimé son regret de voir “l’histoire d’un pays indépendant et souverain devenir l’objet d’une compétition électorale anticipée en France”. « Il est attristant de voir un pays aussi grand que la France se livrer à ce genre de manœuvres », a-t-il ajouté.

S’il a tenu à réaffirmer le respect d’Alger pour l’Assemblée nationale française, le ministre a jugé que le vote s’inscrivait avant tout dans une logique politicienne. « La première pensée qui m’est venue en voyant ce vote, c’est que la course à l’échalote se poursuit », a-t-il lancé, en référence à la surenchère observée entre partis français à l’approche des échéances électorales.

Tout en relativisant la portée du vote, M. Attaf a rappelé que l’accord de 1968 reste un “accord intergouvernemental” et donc “un accord international”. À ce titre, il ne pourrait être remis en cause qu’à travers un acte officiel du gouvernement français. « Tant que le gouvernement français ne nous a rien dit à ce sujet, nous considérons que cette affaire reste parlementaire et symbolique », a-t-il précisé.

Le ministre a toutefois laissé entendre qu’Alger suivait le dossier avec attention : « Cette question pourrait concerner l’Algérie si elle devient une affaire de gouvernement à gouvernement », a-t-il averti.

Faisant allusion aux récents signaux d’apaisement venus de Paris, notamment de la part du nouveau ministre français de l’Intérieur, Ahmed Attaf a conclu sur une note prudente mais optimiste : « Nous n’avons rien vu venir, et nous espérons ne rien voir venir. »

Pour l’heure, Alger privilégie donc la retenue et l’observation, considérant le vote du Parlement français comme un geste à usage interne plutôt qu’un acte diplomatique.

La rédaction

- Publicité -

DERNIERS ARTICLES

Christophe Gleizes

Cour de Tizi Ouzou : quel sort pour le journaliste Christophe...

0
Le journaliste sportif français Christophe Gleizes sera rejugé ce mercredi 3 décembre 2025 par la Cour de Tizi Ouzou, plus de six mois après...

LES PLUS LUS (48H)

Christophe Gleizes

Cour de Tizi Ouzou : quel sort pour le journaliste Christophe...

0
Le journaliste sportif français Christophe Gleizes sera rejugé ce mercredi 3 décembre 2025 par la Cour de Tizi Ouzou, plus de six mois après...