19.9 C
Alger
mardi 1 juillet 2025
Accueil Blog Page 28

Skikda lance la 1re rencontre Ciné-Rusicada : de l’écriture à l’écran

0
Ciné Rusicada

Sous le regard lumineux de la Méditerranée, dans cette ville que les anciens appelaient Rusicada, Skikda inaugure du 21 au 25 juin 2025 la première édition de la Rencontre Ciné-Rusicada, un événement ambitieux dédié à l’art cinématographique. Placée sous le thème « De l’écriture à l’écran » (From Script to Screen), la manifestation entend explorer les passerelles entre texte et image, entre pensée et mise en scène.

Organisée par la Direction de la culture de la wilaya de Skikda, dirigée par Madame Taharat Sabhia, cette initiative veut faire de la ville un carrefour du cinéma en Algérie orientale. Une ambition assumée : penser le cinéma dans ses dimensions littéraires, techniques, esthétiques et sociales, tout en mettant en valeur le patrimoine culturel et historique local.

Une programmation riche et ouverte

Pendant cinq jours, la salle El Alia accueillera un public varié : professionnels du 7e art, critiques, étudiants de l’INSMAS, cinéphiles et simples curieux. Plus de 20 personnalités du cinéma algérien et international seront présentes. Au programme : projections, master class, conférences, débats et exposition.

Le matin, place aux films documentaires (de 10h à 12h). Le soir (de 17h30 à 20h), des courts et longs métrages algériens seront projetés, suivis d’échanges avec les réalisateurs. Le tout dans une volonté d’éducation à l’image et de valorisation de la mémoire cinématographique nationale.

Ateliers, débats et mémoire partagée

Quatre master class seront organisées à la Maison de la Culture Mohamed Serradj :

– Sur l’écriture dramatique avec Ismaïl Soufit,

– Sur l’intelligence artificielle et les outils de scénarisation avec Sara Berretima,

– Sur les usages de l’IA en cinéma avec Khaled El Kebbich,

– Et sur le jeu d’acteur face caméra avec le grand Hassan Kachach.

Deux conférences majeures structureront la réflexion :

– « L’importance du cinéma, de son industrie et son impact sur l’environnement », avec Fayçal Sahbi, Yacine Bougazi, Abdelkrim Kadri et Djamel Mohamedi,

– « Le tournage en Algérie et l’exploitation du patrimoine culturel », animée par Nassroun Bouhil et Fayçal Chebani.

Un espace d’exposition consacré à la mémoire du cinéma algérien sera également présenté, en partenariat avec le Centre Algérien de la Cinématographie (CAC) et l’Association Adhwaa Cinéma.

Une vitrine du cinéma algérien contemporain

Parmi les films projetés, les spectateurs pourront découvrir des œuvres emblématiques et inédites :

– Min Ajlik de Khaled El Kebbich,

– Gare Aïn El Hadjar de Lotfi Bouchouchi,

– Frantz Fanon d’Abdenour Zahzah,

– Zighoud Youcef de Mounès Khammar,

– Héliopolis de Djaffar Gacem,

– Halim Erra’d de Mohamed Ben Abdallah,

– L’Avion jaune de Hajer Sabata,

– La Saqia (premier film algérien en 3D) de Noufel Klach,

– Accept Me d’Elyès Boukhamoucha, dédié aux enfants atteints d’autisme et de trisomie,

– La Force de l’Âme de Djamel Bacha,

– Olivia de Chawki Boukaf,

– Et Exception, hommage à la Palestine, du cinéaste Ezzedine Shallah.

Côté documentaire, on notera la diffusion de Cayenne ou l’histoire d’un enfer de Saïd Aoulmi et Les Nymphes de la liberté d’Abdelrahmane Cheriet.

Une couverture médiatique nationale

L’événement bénéficiera d’une large couverture médiatique : émissions spéciales sur la télévision publique, Canal Algérie, Echorouk News, avec la participation des journalistes Amir Nebache et Assia Chalabi. La presse écrite et audiovisuelle locale est également mobilisée.

Un hommage aux figures du cinéma algérien

La clôture verra la remise d’hommages à plusieurs figures marquantes du cinéma national, dont :

– Le réalisateur Mohamed Hazourli, pour l’ensemble de son œuvre,

– Djamel Bacha, primé à de nombreuses reprises,

– Et Ali Namous, acteur principal du film Zighoud Youcef.

Ciné-Rusicada se veut un trait d’union entre générations de cinéastes, un espace de transmission, et un hommage vibrant à la capacité du cinéma à penser, rêver et faire voir autrement. À Skikda, l’image retrouve ses racines dans l’écriture, et le cinéma, sa vocation première : toucher l’âme et raconter notre temps.

Djamal Guettala

- Publicité -

Prime touristique en Algérie : une mesure annoncée sans suite

6
Tebboune
Tebboune

Annoncée en décembre 2024 par le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune, lui-même, la revalorisation de l’allocation touristique à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs devait entrer en vigueur dès janvier 2025. Cependant, à ce jour, sa mise en œuvre reste incertaine, suscitant des interrogations au sein de l’opinion publique et du Parlement.

Alors prime ou pas prime touristique ? Il faut dire que cette annonce irréfléchie car jamais anticipée a suscité tellement d’attente qu’elle risque de finir comme la flopée de promesses sans lendemains du chef de l’Etat. La preuve ? En haut lieu, chacun se refile la patate chaude.

Lors de la séance parlementaire du mercredi 4 juin, plusieurs députés ont interrogé le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, sur la date d’entrée en vigueur de cette mesure. En réponse, le ministre a indiqué que cette question relevait des prérogatives de la Banque d’Algérie, soulignant que celle-ci dispose d’une autonomie de gestion et d’un cadre réglementaire spécifique.

Cette déclaration contraste avec les annonces précédentes du ministre, qui, en mars dernier, avait affirmé que les préparatifs techniques étaient presque finalisés et que les premiers versements pourraient débuter deux semaines après l’Aïd el-Fitr, célébré le 31 mars. Depuis lors, malgré la mise en place de guichets dédiés dans les aéroports, les ports et les postes frontières terrestres, la mesure n’a toujours pas été activée.

Conséquences sur le marché des changes

Ce retard a des répercussions visibles sur le marché parallèle des devises, où la demande reste forte face à une offre officielle toujours restreinte. Le taux de change de l’euro sur le marché noir atteint actuellement 258 dinars à la vente, contre 150,56 dinars au taux officiel. Cet écart de plus de 100 dinars reflète non seulement la désarticulation entre les deux circuits, mais aussi les limites actuelles des politiques de régulation monétaire.

Dans ce contexte, l’écart entre l’annonce politique et la réalité opérationnelle compromet les efforts de stabilisation du marché des devises. Il alimente également une perte de confiance dans les canaux bancaires officiels, alors même que les autorités tentent de renforcer leur crédibilité auprès des citoyens et des investisseurs.

Un signal contradictoire

Le remplacement de l’ancien ministre des Finances, soupçonné d’avoir ralenti la mise en œuvre de la mesure, avait été interprété comme une volonté présidentielle de relancer le processus. Pourtant, les mois passent sans que la situation n’évolue sensiblement, donnant l’impression d’un signal politique sans réel prolongement administratif.

En définitive, cette prime touristique, pensée comme un instrument de soutien aux voyageurs et de lutte contre le marché informel, demeure à ce jour une promesse non tenue. L’absence de calendrier clair entretient la confusion et nuit à la lisibilité des politiques économiques, à un moment où les Algériens attendent des réponses concrètes à des préoccupations immédiates.

Sofiane Ayache

- Publicité -

Djouher Amhis-Ouksel, grande figure des lettres algériennes, s’est éteinte

2
Djouher Amhis-Ouksel

L’Algérie perd l’une de ses figures intellectuelles les plus marquantes. Djouher Amhis-Ouksel, éminente pédagogue, essayiste et poétesse, est décédée ce jeudi à l’âge de 97 ans. Considérée comme la « doyenne » de l’éducation et de la littérature nationales, elle laisse derrière elle un héritage intellectuel et culturel exceptionnel.

Née en 1928 à Ath Yenni, en Kabylie, Djoher Amhis-Ouksel s’est imposée très tôt comme une pionnière dans un pays alors en quête de repères éducatifs et culturels. Admise en 1945 à l’école normale de Miliana, elle entame un parcours exemplaire dans l’enseignement. D’abord institutrice à Thénia pendant une dizaine d’années, elle deviendra ensuite professeur de lettres au lycée de Médéa, où sa rigueur et sa passion pour la littérature ont marqué plusieurs générations d’élèves.

En 1968, elle est nommée inspectrice de l’éducation nationale, accédant ainsi à un poste de haute responsabilité dans un secteur en pleine reconstruction après l’indépendance. Cette reconnaissance institutionnelle n’entamera en rien son attachement à la transmission directe du savoir. Quelques années plus tard, elle choisit de revenir à l’enseignement de la littérature à Alger, fidèle à ses convictions pédagogiques.

Retraitée depuis 1983, Djoher Amhis-Ouksel n’a jamais cessé de nourrir le débat intellectuel. Bien au contraire : sa retraite marque le début d’une riche production littéraire. Dans ses essais, elle s’attache à éclairer les œuvres d’auteurs majeurs, contribuant à les rendre accessibles à un large public. Sa poésie, quant à elle, conjugue finesse stylistique et profondeur des émotions.

Son engagement en faveur de la culture et de la transmission a été salué à plusieurs reprises. Elle a notamment reçu le Prix Mahfoud-Boucebci en 2012, suivi du Prix de la fondation Nedjma en 2013, deux distinctions qui témoignent de la reconnaissance de ses pairs et des institutions.

Samia Naït Iqbal

Œuvres répertoriées par Wikipedia

  • Le Prix de l’honneur. Une lecture de  » Le Grain dans la meule » de Malek Ouary. Alger: Casbah éditions, 2007
  • D’une rive à l’autre. Une lecture de « La Terre et le Sang » et « Les Chemins qui montent » de Mouloud Feraoun. Alger : Casbah éditions, 2009
  • Taâssast. Une lecture de « La Colline oubliée » de Mouloud Mammeri. Alger: Casbah éditions, 2011[13]
  • La Voie des ancêtres. Une lecture de « Sommeil du Juste » de Mouloud Mammeri. Alger: Casbah éditions, 2012
  • Dar Sbitar. Une lecture de « La Grande Maison » de Mohammed Dib. Alger :Casbah éditions, 2012
  • Le Chant de la sitelle. Espace livre, 2012
  • L’Exil et la Mémoire. Une lecture des romans de Taos Amrouche. Alger: Casbah éditions, 2013
  • Benhadouga, la vérité, le rêve, l’espérance. Alger: Casbah éditions, 2013
  • Tahar Djaout, ce tisseur de lumière. Alger: Casbah éditions, 2013
  • Mimouni, l’écrivain témoin et conscience. Alger: Casbah, 2015
  • Assia Djebar, une figure de l’aube. Alger: Casbah éditions, 2016

Distinctions

  • Prix Mahfoud-Boucebci 2012, pour l’ensemble de sa carrière littéraire et en reconnaissance de son action auprès de la jeunesse[14].
  • Prix de la fondation Nedjma 2013 (avec six autres autrices: Inam Bioud, Maïssa BeyRabia Djelti, Leïla Hamoutène, Fatima Bakhaï et Hadjer Kouidri)[15].
- Publicité -

Imazighen : Histoire, mémoire et identité à Gran Canaria

1

La ville historique de Gran Canaria, Gáldar, accueillera un évènement exceptionnel sur la question amazighe, du 11 au 13 juin 2025. Cette rencontre scientifique dont les dix-neuf interventions sont réparties sur quatre panels thématiques : « Langue et linguistique », « archéologie et histoire », « anthropologie et sociologie » et « poésie et arts visuels ».

À ces interventions se rajoute la projection de deux films, un rifain et un autre canarien (11 juin). Le colloque sera clôturé par une table-ronde ayant pour thème « Amazighs : présent et aspirations pour l’avenir » et enfin place sera faite à la musique avec une soirée artistique, le 13 juin, animée par trois groupes amazighs, un de Melilla et deux des Canaries.

Le colloque intitulé « Imazighen : Histoire, mémoire et identité » est organisé par le Gouvernement des Canaries, la Ville autonome de Melilla, le Cabildo de Gran Canaria, la Mairie de Gáldar, sous la direction scientifique de Jorge Onrubia Pintado ; et c’est le Musée et parc archéologique « Cueva Pintada » de Gáldar qui accueille les travaux de ce symposium.

PROGRAMME

11 juin 2025

CONFERENCE INAUGURALE.

Berbère / tamaziɣt : études et évolutions
Kamal Nait Zerad
Inalco, Paris – France
.
CINEMA DOCUMENTAIRE.

Ziara. Au-delà du seuil (2013)
Canarias amazigh, sur les traces des anciens Canariens (2017)
avec la participation de Sonia Gámez Gómez, réalisatrice de Ziara et historienne, et Antonio Bonny Farray, réalisateur de Canarias amazigh et associé de Desenfoque Producciones.

LANGUE ET LINGUISTIQUE

La langue amazighe : caractéristiques, renouveau et défis.
Meftaha Ameur
Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Maroc.
Présentation en français avec interprétation simultanée en espagnol.

Que savons-nous de l’ancienne langue amazighe ?
Carles Múrcia
Université de Barcelone.
Présentation en espagnol avec interprétation simultanée.

Histoire de la langue amazighe des Canaries
Rumen Sosa Martín
Conseil régional de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’activité physique et des sports, Gouvernement des Canaries.
Présentation en espagnol avec interprétation simultanée en français.

L’amazigh à Melilla : une langue d’Europe
Mohand Tilmatine
Université de Cadix, Espagne.
Présentation en espagnol avec interprétation simultanée en français.

12 juin 2025

ARCHEOLOGIE ET HISTOIRE.

Les amazighophones. Linguistique historique et archéologie.
Jorge Onrubia Pintado
Université de Castille-La Manche, Espagne.
Présentation en espagnol avec interprétation simultanée en français.

La périodisation et la terminologie relatives aux autochtones dans les études historiques sur l’Afrique du Nord antique.
Mansour Ghaki
Institut national du patrimoine, Tunisie.
Présentation en français avec interprétation simultanée en espagnol.

Les Berbères à l’époque médiévale, entre textes et archéologie.
Abdallah Fili
Université Chouaib Doukkali, Maroc.
Présentation en français avec interprétation simultanée en espagnol.

Les Berbères en al-Andalus : hommes et femmes
Par Helena de Felipe
Université d’Alcalá, Espagne.
Présentation en espagnol avec interprétation simultanée en français.

Les populations amazighes des Îles Canaries
Par Verónica Alberto Barroso
Tibicena, Arqueología y Patrimonio S.L., Espagne.
Présentation en espagnol avec interprétation simultanée en espagnol.

Les « Berbères » entre le XVe et le XXIe siècle : définitions de soi entre références locales et amazighité
Malika Assam
Université d’Aix-Marseille, France.
Présentation en français avec interprétation simultanée en espagnol

Permanence amazighe aux Canaries et constructions identitaires
Juan Francisco Navarro Mederos
Université de La Laguna, Tenerife.
Présentation en espagnol avec interprétation simultanée en français.

Témoignages berbères écrits dans le temps et dans l’espace
Renata Ana Springer Bunk
Chaire culturelle d’études berbères, Université de La Laguna, Tenerife.
Présentation en espagnol avec interprétation simultanée en français.

13 juin 2025

ANTHROPOLOGIE ET SOCIOLOGIE.

Les sociétés amazighes au prisme de leur dynamisme. Présentation de quelques situations dans l’Anti-Atlas, le Maroc central et le Rif.
El Khatir Aboulkacem
Institut royal de la culture amazighe, Maroc.
Présentation en français avec interprétation simultanée en espagnol.

Organisation sociale de la Kabylie, des Aurès et du Mzab. Approche comparative.
Dahbia Abrous
Inalco, Paris – France.
Présentation en français avec interprétation simultanée en espagnol.

Aspects matériels et immatériels de la culture amazighe actuelle en Tunisie et dans le nord de la Libye
Neila Saadi
Université de Tunis, Tunisie.
Présentation en français avec interprétation simultanée en espagnol.

Les Touaregs, Amazighs du désert : un peuple menacé.
Par Hélène Claudot-Hawad
Centre national de recherche scientifique, France.
Présentation en français avec interprétation simultanée en espagnol.

POESIE ET ARTS VISUELS.

La furigraphie pour résister à l’étouffement des horizons.
Hawad,
Poète et peintre touareg.
Présentation en amazigh, espagnol et français.

Mémoire des pierres.
Lahbib Fouad,
Peintre, calligraphe et poète amazigh marocain.
Présentation en amazigh, espagnol et français.

TABLE RONDE DE CLOTURE.
Amazighs : présent et aspirations pour l’avenir
avec la participation de :
El Khatib Aboulkacem, Dahbia Abrous, Masin Ferkal, Hawad, Rachid Raha, Neila Saadi, Rumen Sosa Martín et Mohand Tilmatine.
Modérateur : Jorge Onrubia

CONCERT
Spectacle musical avec la participation des groupes :
Ithri Moraima (Melilla) et Arife te Ínsula (Îles Canaries).

Inscriptions pour suivre le symposium

https://simposioamaziges.com/fr/inscripciones

Télécharger le programme

- Publicité -

Amour Abdenour au Dôme de Paris : une célébration musicale pour une légende vivante

0
Amour Abdenour

Le 7 juin 2025 à 20h30, la scène mythique du Dôme de Paris – Palais des Sports, prêtera ses lumières et son acoustique légendaire à l’un des plus grands représentants de la chanson kabyle : Amour Abdenour. 

Cet événement marquera un tournant dans la carrière de l’artiste, mais aussi un moment fort dans l’histoire de la musique kabyle sur la scène internationale. Dans ce lieu prestigieux, qui a accueilli les géants de la chanson mondiale, se jouera un concert d’exception, porté par une voix familière aux cœurs de milliers d’auditeurs depuis plus d’un demi-siècle.

Ce n’est pas tous les jours qu’un artiste entre dans l’histoire en se hissant au sommet d’une scène qui a vu défiler des icônes comme The Beatles, Bob Dylan, Pink Floyd, Dalida, Johnny Hallyday, mais aussi Charles Aznavour, Céline Dion, Jacques Brel, Tina Turner, Stromae ou encore Michel Sardou. Le Dôme de Paris, véritable temple musical, vibrera cette fois au rythme de la musique kabyle, portée par l’une de ses plus nobles voix.

Certains artistes traversent les âges avec une grâce qui défie le temps. Amour Abdenour est de ceux-là. À 73 ans, il incarne la constance, la passion et la fidélité à une culture qu’il n’a jamais cessé d’honorer. Ses chansons ne sont pas de simples compositions : elles sont des fragments de vie, des récits intimes et collectifs, où s’entrelacent l’amour, la terre, la douleur de l’exil et la beauté d’une langue ancienne et vivante.

Originaire de Leflaye, dans la vallée de la Soummam, il grandit dans un environnement profondément enraciné dans la culture kabyle. Très tôt, il développe un rapport intime à la musique, qui deviendra son principal mode d’expression. C’est dans ce creuset d’influences, entre traditions et ouverture, qu’il forge un style musical singulier, oscillant entre modernité et héritage.

Depuis de longues années, il compose, enregistre et chante inlassablement. Ses titres –Defregh lbaz, Ah Ya Dini, Lahwa, Wahdi, Etteset kunwi, Tifirelas, Lebhar – sont devenus des piliers de la chanson kabyle, des classiques que l’on fredonne avec nostalgie, fierté et tendresse.

Mais l’homme ne s’est pas contenté de la scène. En parallèle de sa carrière artistique, Amour Abdenour a exercé pendant plusieurs années le métier de géomètre-topographe, un métier rigoureux qu’il a embrassé jusqu’en 1995, avant de se consacrer entièrement à sa passion : la musique. Une trajectoire qui reflète à la fois sa discipline, sa polyvalence et son intégrité.

L’apport d’Amour Abdenour à la culture kabyle est immense. Il a su, tout au long de sa carrière, préserver et moderniser un patrimoine musical et linguistique riche, tout en ouvrant des passerelles vers des sonorités plus contemporaines. Son œuvre est à la fois une mémoire vivante de la Kabylie et une force de transmission.

Ses textes, finement ciselés, portent la voix d’un peuple, ses joies, ses luttes, ses espoirs. Il a inspiré toute une génération d’artistes kabyles et berbères, qui reconnaissent en lui un maître, un repère, une conscience artistique et identitaire. Son engagement discret mais constant en faveur de la langue amazighe, de la dignité culturelle et de la liberté d’expression fait de lui une figure profondément respectée, bien au-delà du cercle musical.

Le concert du 7 juin 2025, organisé par Future Yal Production, s’annonce comme un moment rare, presque solennel, où se mêleront musique, émotions et hommage. Il sera accompagné d’un grand orchestre, dans une scénographie à la hauteur de l’événement. Plus qu’un spectacle, ce sera un rituel collectif, un appel à la mémoire, une célébration de l’identité et de la transmission. 

Le rendez-vous est pris. Un événement historique en perspective, à la croisée de la musique, de la mémoire et de l’émotion.

Brahim Saci

- Publicité -

Kamar Idir ou la lumière en contrechamp

0
Kamar Idir

Kamar Idir n’est pas né ici, mais il y est devenu visible. Marseille ne l’a pas attendu, elle l’a reconnu. Il y est arrivé sans fanfare, fuyant la mort lente de l’Algérie des années noires, un sac d’espoir sur le dos, les mains encore pleines d’argile, de dessins d’école, de gestes manuels appris à la hâte.

Kamar Idir ne s’est jamais contenté de survivre : il a tendu l’oreille, braqué l’objectif, capté les battements faibles de celles et ceux qu’on ne regarde jamais. Depuis, il fait jaillir la lumière là où l’on ne veut voir que l’ombre.

Photographe, audiographe, arpenteur de silences, il est ce qu’on appelle, faute de mieux, un passeur d’histoires. Mais les siennes n’ont rien de folklorique ni d’académique. Ce sont des histoires avec de la poussière plein la bouche, de l’exil plein les poches, des blessures qu’on transmet faute de les panser. Kamar ne raconte pas, il écoute. Il laisse remonter la parole comme on exhume des vestiges dans la terre chaude d’un quartier oublié.

Dans les studios de Radio Galère, depuis plus de quinze ans, il fabrique de la mémoire orale, artisanale, résistante. Il accueille les vivants et les abîmés. Il laisse les voix parler longtemps, sans couper, sans trahir. Il sait que certaines vérités prennent du temps à se formuler. Lui-même a mis des années à trouver la sienne.

Il y a dans ses images une pudeur radicale. Rien de spectaculaire, mais tout un monde. Il photographie sans voler, il capte sans dominer. On y devine la tendresse des visages abîmés, la fierté muette des exilés du quotidien. Avec Présence invisible, publié en 2008, il avait déjà signé une œuvre coup-de-poing : photos, entretiens, fragments de vie, tressés comme un chant mêlé de rage et de grâce.

Kamar Idir ne fait pas carrière. Il fait mémoire. Il ne cherche pas l’actualité, mais ce qui dure — ce qui saigne, ce qui tremble, ce qui refuse de disparaître. Il est ce funambule des marges, cet équilibriste entre deux rives, cet homme qui a compris qu’on ne peut rien bâtir sur l’oubli.

Crédit Kamar Idir

Militant sans banderole, poète sans strophe, il agit à hauteur d’homme. Dans les rues, les places, les radios libres, les murs écaillés de Marseille, il répare ce qu’il peut : des liens, des regards, des histoires brisées. Et ce faisant, il fait de l’art un geste de justice. Une caméra à la main, un micro dans l’autre, il continue de marcher.

Toujours du côté des invisibles.

Djamal Guettala  

- Publicité -

Relizane : peines de prison pour des fraudeurs au BEM

0
Justice

Le tribunal d’Oued Rhiou, dans la wilaya de Relizane, a prononcé des peines de deux ans de prison ferme à l’encontre de plusieurs individus impliqués dans des actes de fraude lors des examens du Brevet d’enseignement moyen (BEM). 

L’information a été rendue publique ce jeudi par un communiqué du procureur de la République près le même tribunal.

Le communiqué détaille que les 1er et 2 juin 2025, des candidats ont été appréhendés en flagrant délit de fraude. Ils utilisaient des moyens de communication à distance, notamment des dispositifs Bluetooth, pour tricher dans les épreuves d’éducation civique et de mathématiques. Cette opération a été menée grâce à la participation de la dénommée « B.A.L. », avec l’implication de « A.M.F. », « F.M.A. » et « B.A.O. ».

Présentés hier, mercredi, devant le procureur de la République près le tribunal d’Oued Rhiou, les mis en cause ont été poursuivis en comparution immédiate. La principale accusée, « B.A.L. », a été inculpée pour « atteinte à l’intégrité des examens finaux de l’enseignement moyen par fuite de réponses à l’aide de moyens de communication à distance », tandis que les autres ont été poursuivis pour « complicité ». Ces chefs d’accusation sont conformes aux articles 42, 44 et 253 bis 7 du Code pénal.

Le procès s’est déroulé le même jour (procédure de citation directe). Tous les accusés ont été reconnus coupables et condamnés à deux ans de prison ferme et à une amende de 300 000 dinars. Le tribunal a également ordonné leur incarcération immédiate et la confiscation des moyens de fraude utilisés pour commettre le délit.

La rédaction

- Publicité -

Algérie : c’est fini ! le forcing arabo-islamiste a porté ses fruits !

8
Mokri

Depuis de nombreuses années, sur ces colonnes du « La Matin d’Algérie », nous ne cessons d’alerter sur le forcing qu’exercent les islamistes sur l’École et la société. La récente polémique déclenchée par le président du RCD, accusé de vouloir dédiaboliser le mouvement Rachad, n’est pas de bon augure pour la suite. Circulez ! Il n’y a plus rien à voir.

Comment aurait-on pu éviter tel forcing quand on sait que ces hurluberlus ont toujours combattu les avancées des kouffars, notamment, et surtout, en termes de droits humains ?

Pour rappel, les islamistes et les salafistes n’ont jamais accepté la Déclaration des droits de l’Homme ; en 1948, l’Arabie saoudite fait partie des cinq pays qui ne l’ont pas signée. Pour eux, les droits que cette déclaration reconnaît à tous les êtres humains sans distinction ne sont pas adaptés à leur religion. Ils ne concernent donc pas les musulmans. Les droits que l’islam reconnaît à l’être humain sont meilleurs, car issus du divin alors que ceux de la Déclaration universelle des droits de l’Homme sont issus de la pensée humaine.

Malgré cette position en totale opposition de phase avec toute évolution démocratique qui se respecte, le RCD n’a jamais cessé de flirter avec les islamistes algériens. L’on se souvient de la fameuse accolade entre notre docteur national et un dirigeant islamiste, sous prétexte d’un front uni contre le pouvoir, pour ne citer que ce baiser empoisonné qui nous avait tous assommés ! Sans compter la fameuse déclaration « je ne permettrai à personne de se dire plus musulman que moi » énoncé par le même docteur. Cette chronique ne se veut en aucun cas un pamphlet contre Saïd Sadi. Il nous reste tant à apprendre de lui, même de ces petits dérapages.

La connotation entre le pouvoir et l’islamisme n’est plus à démontrer. Le dernier forcing concernant l’enseignement de la langue de Shakespeare du primaire aux cursus universitaires ne souffre pas de la moindre ambiguïté quant à la volonté du pouvoir de renforcer l’islamisme dans ses rouages jusqu’à ce que la toute la société finisse par abdiquer à leurs balivernes.

De nombreux observateurs ne cessent de mettre en relief le ridicule de cet entêtement à vouloir remplacer le français par l’anglais. Il va sans dire que le peu de moyens logistiques dont dispose le pays rend ce remplacement suicidaire à l’irréversible.

Et cela arrange bien les islamistes de tous bords. Du simple fait que la francophonie reste encore le seul rempart contre le projet d’abrutir davantage la société et la rendre docile et préoccupée exclusivement par la comptabilité des points cumulés pour mériter une place de choix au trépas.

Il va sans dire que si le projet d’angliciser l’école est maintenu, cela sonnera le glas pour toute avancée démocratique au pays, et il ne restera plus à nos démocrates qu’une solution unique : abdiquer et se rendre à la mosquée pour donner un coup de main discursif de la bonne parole du haut des minbars.

Le forcing des islamistes sur l’École et la société ne date pas d’hier : on se souvient de ces professeurs d’arabe qui venaient nous apprendre le Coran quelques années avant l’indépendance. Les envahisseurs de 1962 savaient déjà que le peuple allait être formaté selon les préceptes de la djahilia et que ce n’était qu’une question de temps. Selon certains témoignages, « maman la France » n’est pas étrangère à cette mise sur orbite, puisque Abdelhamid Mehri nous a révélé que c’est De Gaulle en personne qui aurait exigé l’arabisation de l’Algérie (*). Il n’y a rien à dire, quel que soit l’angle de vision sous lequel on analyse nos déboires, l’ombre du Général n’est pas très loin.

De l’arabisation à l’islamisation, il n’y a qu’un tout petit pas. À cet égard, l’Algérie a fait de sacrés bonds.

Force est de constater que plus de 60 années plus tard, les efforts des uns et des autres n’ont laissé au pays qu’un canal unique de cheminement, celui de l’islamisme aveugle. Et ce ne sont pas nos coups de gueule à répétition ni les compléments éclairés de nos fidèles commentateurs qui y changeront quoi que ce soit !

L’élimination du français à l’école constitue la dernière bataille qui permettra aux islamistes de gagner définitivement la guerre idéologique et d’enterrer définitivement le pays. Par Dionysos, que j’eusse tant aimé me tromper !

Kacem Madani

(*) https://www.lexpressiondz.com/nationale/larabisation-nous-a-ete-imposee-par-de-gaulle-38281

- Publicité -

Georges Abdallah : une détention politique qui dure depuis 40 ans

0
Mobilisation pour Georges Abdallah
Mobilisation pour Georges Abdallah

Militant communiste libanais et combattant de la cause palestinienne, Georges Ibrahim Abdallah est incarcéré en France depuis 1984. Condamné en 1987 à la réclusion à perpétuité pour complicité dans l’exécution de deux agents des services secrets américain et israélien, il est pourtant libérable depuis 1999. Malgré de multiples demandes et décisions judiciaires en faveur de sa libération, il demeure derrière les barreaux, en grande partie à cause de pressions politiques, notamment des États-Unis et d’Israël.

Pour comprendre les enjeux de cette détention politique, les appels réitérés à sa libération et les mobilisations internationales en son nom, Le Matin d’Algérie a rencontré des membres de la Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (CUpLGIA), qui œuvrent inlassablement pour faire connaître ce combat.

Le Matin d’Algérie : Depuis quand existe la Campagne unitaire pour la libération de Georges Abdallah, et quels sont ses objectifs principaux ?

CUpLGIA : La Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (CUpLGIA) existe depuis le début des années 2010. Elle rassemble des collectifs, syndicats, organisations politiques, associations, militant·es et individus engagés pour la libération de ce prisonnier politique. Son objectif est d’organiser la solidarité en France et à l’international, d’amplifier la pression politique et de rappeler que Georges Abdallah est un militant révolutionnaire emprisonné parce qu’il n’a jamais renié ses engagements, notamment envers la cause palestinienne et anticolonialiste.

Le Matin d’Algérie : Pourquoi Georges Abdallah reste-t-il emprisonné alors qu’il est libérable depuis plus de vingt ans ?

CUpLGIA : Cette incarcération relève d’un véritable acharnement politique. Georges Abdallah a été reconnu libérable depuis 1999, et une libération conditionnelle lui a même été accordée par la justice française en 2013, sous réserve d’un arrêté d’expulsion. Mais cet arrêté n’a jamais été signé par le ministre de l’Intérieur de l’époque. Les autorités françaises ont cédé aux pressions des États-Unis et d’Israël, qui ne veulent pas de sa libération. Il s’agit donc d’une détention politique, qui bafoue le droit et révèle l’indépendance toute relative de la justice dans ce dossier.

Le Matin d’Algérie : En quoi son engagement révolutionnaire et son refus de renier ses convictions dérangent-ils autant ?

CUpLGIA : Georges Abdallah n’a jamais exprimé de repentir ni renié ses engagements révolutionnaires. Cela fait de lui une figure de résistance qui dérange profondément l’ordre établi. Il incarne la solidarité internationaliste, la lutte contre l’impérialisme, contre le sionisme et pour la libération de la Palestine. Le système veut faire de lui un exemple dissuasif pour toute une génération militante. S’il était libéré, il redeviendrait un symbole vivant de ces luttes.

Le Matin d’Algérie : Que représente Georges Abdallah pour les luttes anticolonialistes et les causes palestinienne et libanaise ?

CUpLGIA : Il est une figure de la continuité de la lutte anticoloniale dans le monde arabe, mais aussi en lien avec les mouvements révolutionnaires internationaux. Pour les Palestinien·nes, il est un exemple de constance et de loyauté. Au Liban, une mobilisation existe également. À travers lui, c’est la cause de tous les prisonniers politiques qui est posée : ceux et celles emprisonné·es pour leur engagement politique ou syndical, souvent dans le silence des médias dominants.

Le Matin d’Algérie : Quelles sont les formes actuelles de mobilisation pour exiger sa libération ? Quelle place y tient la jeunesse militante ?

CUpLGIA : Chaque année, une manifestation a lieu à Lannemezan, devant la prison où il est détenu. Des rassemblements, conférences, projections et actions de rue sont aussi régulièrement organisés dans plusieurs villes de France et à l’international. La jeunesse militante est très présente, notamment dans les milieux antiracistes, féministes, écologistes ou anticapitalistes. Beaucoup découvrent Georges Abdallah comme une figure de résistance contemporaine, au croisement de plusieurs luttes.

Le Matin d’Algérie : Quel rôle jouent les médias et les institutions dans le silence ou la stigmatisation autour de cette affaire ? Et que peut faire l’opinion publique ?

CUpLGIA : Le silence médiatique est presque total, à part quelques rares exceptions. Les institutions politiques préfèrent ne pas évoquer cette affaire, ou bien la traiter sous l’angle sécuritaire. Ce blackout contribue à l’oubli. Pourtant, plus l’opinion publique est informée, plus la pression monte. C’est pour cela que le relais médiatique est crucial. Informer, expliquer, témoigner, c’est aussi lutter.

Le Matin d’Algérie : Quel message souhaitez-vous transmettre aux lecteurs algériens et à celles et ceux qui découvriraient Georges Abdallah aujourd’hui ?

CUpLGIA : Nous appelons les lectrices et lecteurs à découvrir qui est Georges Abdallah, à lire ses lettres, à regarder les documentaires sur lui, à relayer ses prises de position. Nous lançons un appel à la solidarité internationale : que partout, des voix s’élèvent pour exiger sa libération. L’Algérie, par son histoire, connaît la valeur de la résistance. Georges Abdallah appartient à cette mémoire-là. Sa liberté est notre responsabilité collective.

Entretien réalisé par Djamal Guettala

Infos Utiles Campagne Unitaire pour la Libération de Georges Abdallah

Campagne.unitaire.gabdallah@gmail.com
Facebook : pour la libération de Georges Abdallah
Instagram : cuplgia
Tweeter : CUpLGIA

- Publicité -

Attentats racistes en France : que représente la menace terroriste d’ultradroite ?

0
Aboubakar Cissé

Pour la première fois, le Parquet national antiterroriste s’est saisi d’un homicide en lien avec cette idéologie. Si la menace n’est pas nouvelle, elle s’est accrue depuis les attentats de 2015.

Il avait annoncé son intention de tuer des personnes d’origine maghrébine et de confession musulmane dans des vidéos postées sur les réseaux sociaux. Le principal suspect du meurtre d’Hichem Miraoui, un Tunisien de 46 ans, à Puget-sur-Argens (Var), est entendu par les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) mardi 3 juin. « Moi, il n’y a pas d’allégeance à Al-Qaïda ou quoi que ce soit. Moi, c’est l’inverse, c’est l’allégeance au bleu-blanc-rouge », avait notamment déclaré Christophe B., 53 ans, avant de passer l’acte, appelant « les Français » à aller « les chercher là où ils sont ». Autant d’éléments qui ont conduit le Parquet national antiterroriste (Pnat) à considérer ces faits comme un possible attentat et à ouvrir une enquête pour assassinat et tentative d’assassinat terroriste.

C’est la première fois que le Parquet national antiterroriste se saisit dans une affaire d’homicide lié à l’extrême droite. La menace n’est pourtant pas nouvelle. Depuis sa création en 2019, le Pnat affirme avoir ouvert seize procédures en lien avec la mouvance d’ultradroite. Les autorités étaient parvenues jusque-là à intervenir avant le passage à l’acte. Christophe B., lui, n’était pas connu des services de renseignements. Etait-il un « loup solitaire », rattaché à des groupuscules ou téléguidé par une idéologie diffusée en ligne ? L’enquête devra le déterminer.

Des individus radicalisés en ligne

« Ces personnes vont beaucoup sur les réseaux sociaux et sont donc imprégnées des discours identitaires liés à la ‘remigration’ et à la thèse du ‘grand remplacement’ portée par l’écrivain Renaud Camus [une théorie complotiste sur la prétendue substitution des populations européennes par des immigrés non européens] », analyse le chercheur indépendant Jacques Leclercq, spécialiste de l’extrême droite et auteur du livre La menace de l’ultra-droite en France. Christophe B. partageait depuis plusieurs années sur Facebook ses commentaires haineux contre la communauté musulmane et les étrangers.

« Les réseaux sociaux constituent la fabrique des nouveaux ‘loups solitaires’ [de l’ultradroite]. Ces personnes finissent par considérer que l’immigration est un problème et passent à l’acte » explique Jacques Leclercq, spécialiste de l’extrême droite à franceinfo

Selon cet expert, « l’ultradroite est un terme un peu générique et pratique pour faire simple, mais qui recouvre plusieurs réalités ».

Nationalistes, révolutionnaristes, néonazis, conspirationnistes, suprémacistes… Dans une interview au Point(Nouvelle fenêtre), la directrice de la DGSI, Céline Berthon, affirmait en janvier que ses services portaient « une attention particulière aux thèses accélérationnistes [selon lesquelles il faudrait accélérer la survenue d’une guerre raciale avant qu’il ne soit trop tard pour l’emporter] et à la tendance de certains individus à vouloir s’armer ». Un pistolet, un fusil à pompe et une arme de poing ont été retrouvés dans le véhicule du suspect de Puget-sur-Argens.

Les groupuscules ou les mouvements d’ultradroite ont leur propre mécanisme de fonctionnement. Composés de quelques personnes, ils ont une structure proche de l’organisation militaire, plutôt hiérarchisée, selon les informations de franceinfo. Mais souvent lorsqu’un leader émerge, le groupe se scinde. En cela, ils diffèrent des organisations jihadistes, malgré un mimétisme dans les symboles : vidéo d’allégeance, volonté de mourir en martyr et fascination pour la violence.

Un climat favorable

Selon Jacques Leclercq, « la violence de l’ultradroite est un continuum depuis les années 1970, avec des périodes plus ou moins fastes ». Plus récemment, l’année 2015 « a constitué un tournant avec la survenance d’attentats terroristes sans précédent sur le sol européen et l’exposition de notre continent à d’importants flux migratoires », analysait l’ancien directeur de la DGSI, Nicolas Lerner, en juillet 2023, dans Le Monde(Nouvelle fenêtre). Après les attentats, une partie des militants du groupe Action des forces opérationnelles (AFO), par exemple, ont « commencé à se dire que parler, ça ne suffit pas, qu’il faut agir », d’après l’historien Nicolas Lebourg, interrogé par dans « Complément d’enquête ».

La pandémie mondiale de Covid-19 a ensuite été le catalyseur, pour l’ultradroite, de sentiments de haine, avec l’émergence de « profils d’un genre nouveau, complotistes ou conspirationnistes », poursuivait l’ex-patron du renseignement dans Le Monde. Nicolas Lerner citait également « la radicalité de certains discours politiques extrêmes ».

« Il est clair que la vie politique de notre pays peut avoir une influence sur la propension de certains à passer à l’acte. » Analyse Nicolas Lerner, ancien directeur de la DGSI dans « Le Monde »

« Ce n’est pas vraiment une nouveauté, mais ce qui change, c’est la caisse de résonance, abonde Jacques Leclecq. Aujourd’hui le climat est délétère et tout est mélangé : la haine du voisin, la religion… »

Les dissolutions inefficaces

Pour lutter contre ce phénomène et sa résurgence, les autorités procèdent régulièrement, depuis deux ans, à la dissolution de groupuscules, comme la Division Martel en novembre 2023, l’emblématique GUD (Groupe union défense) quelques mois plus tard, ou encore Lyon populaire en mai. Mais les têtes coupées repoussent.  Quatre ans après la dissolution du groupe Génération identitaire, connu pour des actions contre les immigrés et contre l’islam, une autre organisation, les Natifs, revendique son héritage.

Treize de ses membres sont d’ailleurs jugés mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour la banderole raciste visant la chanteuse Aya Nakamura lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. Le langage des Natifs est encore « plus radical que celui qu’utilisait Génération identitaire », pointe Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, auprès de l’AFP. Le politologue alerte sur « une fraction de la jeunesse qui vit dans un univers où la guerre civile est proche. Et cette guerre civile est en fait une guerre ethnique ».

Une tendance à la hausse

La situation de l’ultradroite en France s’inscrit dans un « contexte international où l’extrême droite et sa frange ultra ont le vent en poupe », écrit Jacques Leclercq dans son livre. Lors de son audition, suivie par Mediapart(Nouvelle fenêtre), au premier procès des quatre néonazis du « Projet WaffenKraft », condamnés pour avoir préparé des attaques terroristes, le chef de la sous-direction judiciaire de DGSI avait brossé le tableau d’une « nébuleuse mondiale ». L’ultradroite est « perçue comme la menace numéro un dans certaines démocraties occidentales, notamment anglo-saxonnes », avait-il relevé, soulignant que la France n’était « pas à l’abri ».

Un an plus tard, le directeur adjoint du Centre de recherche sur l’extrémisme de l’université d’Oslo expliquait, dans une tribune au Monde, que l’Hexagone était l’un des rares pays d’Europe occidentale où le terrorisme et la violence d’extrême droite s’intensifiaient.

D’après un rapport relayé par la Fondation Jean-Jaurès, l’Allemagne, avec un nombre élevé d’attaques terroristes d’extrême droite par rapport à ses voisins européens, continue de se distinguer. Mais la tendance n’est pas à la hausse outre-Rhin, contrairement à la France et au Portugal, qui ont connu une légère augmentation en 2022. Ce contexte oblige les autorités françaises à redoubler de vigilance. Et à accorder une surveillance particulière aux militants d’ultradroite pour tenter de repérer ceux qui sont susceptibles de passer à l’acte.

Francetvinfos

- Publicité -

DERNIERS ARTICLES

Tebboune

Algérie: « L’ère Tebboune ou le retour d’un leadership algérien »

0
Depuis son investiture à la magistrature suprême en décembre 2019, le président Abdelmadjid Tebboune a engagé l’Algérie dans une mue profonde, à la hauteur...

LES PLUS LUS (48H)

Tebboune

Algérie: « L’ère Tebboune ou le retour d’un leadership algérien »

0
Depuis son investiture à la magistrature suprême en décembre 2019, le président Abdelmadjid Tebboune a engagé l’Algérie dans une mue profonde, à la hauteur...