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jeudi, 6 novembre 2025
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Depuis quand sommes-nous devenus Arabes ?

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Drapeaux amazighs
Tout en imposant l'arabisation, l'amazighité de l'Algérie a été non seulement niée mais aussi combattue par tous les présidents depuis l'indépendance.

Cette histoire d’arabisation du pays fera encore couler beaucoup d’encre tant que d’aucuns continueront à traiter de traîtres, tous ceux qui osent remettre en question ce qui se trame sur notre dos (voir l’éditorial du journal El-Djeich, de ce mois d’octobre. Au lieu d’arrondir les angles, nos militaires brandissent la menace. C’est bien plus facile.)

« Leur part d’honneur leur est dérobée et le sera toujours tant qu’ils n’écriront pas les bulletins eux-mêmes », Le cheval d’orgueil, Pierre Jaques Helias. Citation tirée de « Les sept piliers de la sagesse » de D. H. Lawrence, plus connu sous l’appellation Lawrence d’Arabie.

D’aucuns s’imaginent que nous ne sommes « Arabes » que depuis la déclaration d’Ahmed Ben Bella de Tunis, alors que c’est la France, plus d’un siècle plus tôt, qui avait fait circuler cette idée dès ses premières années d’invasion et de conquête !

Retour sur une falsification qui dure et perdure !

« Nous sommes Arabes » est une déclaration martelée trois fois par le premier président algérien dans l’euphorie des lendemains de l’indépendance de l’Algérie. Cette déclaration relève donc d’un évènement historique qui ne devait soulever aucune polémique, sauf que telle déclaration est d’un mépris flagrant envers l’écrasante majorité des Algériens.

Mais quel était le contexte et le sens de ladite déclaration ?

Il faut rappeler que Ben Bella et Bourguiba étaient deux « Frères ennemis » qui appartenaient à deux camps politiques diamétralement opposés. Le premier était tiers-mondiste, non-aligné, attaché à la sphère culturelle arabo-musulmane. Bourguiba était pro-occidental, francophile.

Au lendemain de l’indépendance, le premier président algérien rend une courte visite de courtoisie à son voisin et « Frère » tunisien. Le « Combattant suprême » avait conseillé, avec insistance, à son hôte d’inscrire l’Algérie dans la Francophonie. La déclaration de Ben Bella était donc une réponse du berger à la bergère, qui devait être sans lendemain.

Voilà pour la petite histoire concernant le « nous sommes Arabes » éructé trois fois par Ben Bella en 1962 !

Est-ce à dire que notre falsification génétique s’est opérée au lendemain de l’indépendance ? Et que nenni ! L’entière responsabilité incombe à la France, qui s’était attelée à faire de même aux premières années de la colonisation ! 

En effet, à partir de l’invasion par la France, les Africains du Nord, c’est à dire les Numides, les Berbères, les Carthaginois etc., ont commencé à être appelés des Arabes ! et la France avait gaiement encouragé l’arabité en Algérie …

Mais pourquoi cela, diriez-vous ? À priori cela n’a aucun sens…mais ce n’est pas ainsi que nos colons entrevoyaient les choses.

Pour faire passer la pilule d’une invasion « pacifique » de nos terres, la France procède à une véritable propagande pour faire admettre l’idée et expliquer que L’ALGÉRIE était un territoire vierge peuplé par quelques tribus de nomades !

C’est bien plus facile d’envahir une terre vierge qu’un territoire habité par des « indigènes ». L’argument avancé étant que « les Arabes sont arrivés et la France ne fait que les chasser. Ces Arabes n’ont qu’à retourner en Arabie Saoudite ou ailleurs » … !? Et ceux qui sont restés ne pouvaient prétendre à aucune autre génétique que celle qui l’attèle à celle de l’Arabie.

Parallèlement, Il fallait absolument, pour la France, de faire oublier l’héritage de Sifax, de Jugurtha, des rois berbères et d’effacer même la langue pour imposer l’arabité et ainsi faire admettre l’invasion de nos terres en expliquant à ceux qui voulaient bien les entendre que cette terre vierge n’a pas d’histoire sinon celle qui la rattache aux pays arabes !

La France était donc le premier moteur dans l’arabisation de l’Algérie.

Il faut savoir, qu’il y avait beaucoup plus de berbérophones avant l’arrivée de la France qu’après son départ !

À son tour, le FLN n’avait fait que continuer « l’œuvre » française en perpétuant et en accélérant la politique désastreuse d’acculturation du pays !

Ma parole, ils se sont tous ligués contre nous ! Et si France devait un jour présenter des excuses pour tous les crimes commis pendant l’occupation, elles ne sauraient être complètes sans un alinéa qui stipule clairement : « Pardon d’avoir voulu éradiquer vos gènes et d’avoir voulu vous arabiser ! »

Il est utile de rappeler que le FLN avait fait une campagne violente d’arabisation en détruisant de plus en plus l’héritage Amazigh. Et ce ne sont pas les petits pas timides vers l’enseignement de Tamazight partout en Algérie qui y changeront la donne 

Il faut savoir aussi que le FLN a fait, et continue de faire, la guerre aux Amazigh comme la France en son temps.

La France est partie et le FLN continue à gérer les affaires suivant le même schéma ! La feuille de route ayant, sans doute, été dictée par de Gaulle. 

Pour preuve, aujourd’hui, les membres du FLN, les membres du gouvernement algérien, les hauts gradés militaires etc., ont quasiment toute leur vie en France ; leur immobilier, leurs comptes bancaires, leurs résidences etc…CQFD !

Et cela perdure en l’an de grâce 2025 ! Et ça fait semblant de se mettre en colère chaque fois que le pays est critiqué.

En résumé, il est temps de corriger l’Histoire, en rendant l’héritage culturel du pays à ses seuls occupants depuis des millénaires ; les Amazigh ! Ce n’est qu’à travers cette dynamique de reconnaissance que l’on pourra effectivement parler d’Algérie nouvelle ! Tout le reste n’est que traficotage et verbiage infécond !

On ne peut terminer tel texte sans rendre hommage à Kateb Yacine qui avait défié les moustaches de Boumediene par une logique implacable : « Si nous sommes Arabes, pourquoi nous arabiser ? Et si nous ne le sommes pas, pourquoi nous arabiser ? »

Kacem Madani

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Un papy ne scrolle pas !

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Ordinateur
Image par Pexels de Pixabay

Mais oui, je sais, un homme de mon âge ne devrait pas avoir un compte sur un réseau social. Et surtout un ancien prof. Mais je vous jure que je ne suis que dans le réseau du troisième âge, celui qu’ont déserté les jeunes, vous devinez lequel.

J’avais dit un jour d’une manière provocatrice que les jeunes ont fui ce réseau, on va être enfin seuls entres gens intelligents !

Qu’est-ce qu’un papy fait dans ce « machin » qui n’est franchement pas le lieu d’une grande instruction ? Eh bien c’est peut-être dans cette question qu’il y trouve la réponse.  

Car à bien examiner la chose je me suis aperçu que c’était essentiel. Pourquoi ? Parce qu’un esprit ne peut être perpétuellement dans le sérieux de la culture et de l’écrit. C’est en quelque sorte un plongeon dans la réalité des échanges quotidiens spontanés et ne pas se prendre au sérieux. 

Sur ce réseau social, on fait semblant de nous disputer sur le forum d’Athènes. « Mais non, mon cher ami, vous dites des bêtises ! » dit l’un et l’autre répond… ». Monsieur (avec ce ton cérémonieux de la réplique), moi j’ai été magistrat, je sais de quoi je parle ! »…  (Hier, un gars sympathique, je retranscris ses mots avec mauvaise foi car ils étaient sympathiques et cordiaux).

Nous ne faisions pas autre chose lorsqu’on était gamin en Algérie. On s’instruisait à l’école puis nous disions des bêtises avec nos camarades ou nous écoutions celles de tata Hlima. Et pour elle, la barrière de l’instruction était lorsqu’elle n’avait plus de mots pour nourrir sa colère contre sa voisine (celle-là aussi vous la connaissez depuis le temps que je vous en parle).

Je suis assez conscient de ce que j’avais voulu apprendre à mes élèves et étudiants, de ne surtout pas s’emmurer dans le sérieux de l’instruction. Dès lors qu’on lui a donné son temps, il faut en sortir. L’intelligence humaine n’est pas seulement dans le monde de l’éducation. Il faut qu’ils s’éclatent, comme ils disent, et prennent leur jeunesse à pleins bras. Rencontrer des camarades, dire des bêtises sur un réseau social etc…

Comme je ne peux plus sauter à la corde, porter un gros écouteur sur les oreilles en risquant la surdité ou tenter la mort en faisant de la trottinette électrique, alors je fais ce que je peux pour m’évader. Je dis des bêtises avec mes amis dans ce territoire numérique devenu une maison de retraite.

Vous me diriez que je peux partager des moments de réflexions et d’échanges avec mon Algéroise. Je vous répondrai qu’elle et moi sommes un tout depuis plus d’un demi-siècle. La réflexion et l’échange se font à tout moment de notre vie. Où que je sois, elle est avec moi. On ne peut pas toujours parler à soi-même, cela attirerait la curiosité des gens.

Non, les séniors, ne sont pas accrocs aux réseaux sociaux. Ils se sont suffisamment construit une carapace pendant des décennies, ils peuvent entrer sans crainte dans cet outil avec un grand discernement. Ils peuvent sortir de leurs réflexions pour s’instruire du monde, avec ce qu’il a de beau ou de futile mais en tout cas essentiel.

Mais jamais, jamais, même si on me menace de m’arracher les yeux, je n’irai dans cet empire de débilité et d’extravagance jusqu’au vulgaire qu’ils nomment Tac Tac, Tic Tic ou, c’est plus conforme à ce qu’ils font, Toc Toc.

Dites-moi les jeunes, c’est bien scroller que se dit la frénésie avec laquelle on fait dérouler les images, non ? En fin de compte c’est comme vos cours, vous les scrollez.

Mince, je viens de me rendre compte que je parle au mur car j’ai dû faire fuir tous les jeunes de mes chroniques depuis longtemps. Revenez, nous scrollerons avec les mots et les paragraphes, avec les vérités ou les grosses erreurs, avec la modestie ou la vanité. 

Vous me comprendrez et je vous comprendrai car nous tchatchons tous.  Sur les réseaux sociaux comme dans la vie. Et vous me répondrez au bas de la chronique, « Monsieur, j’ai l’honneur et respectueuse intention de corriger vos propos tant ils sont un tantinet stupides ! ».

Je vous jure que beaucoup me parlent comme cela. Prenez le dictionnaire pour un tantinet. Car avec ces gens-là, la définition de l’intelligence est consubstantielle à la grandiloquence. Laissez ouvert le dictionnaire pour consubstantiel et grandiloquence.

Revenez et arrêtez de scroller, on va tous rigoler ensemble. Les papys ne scrollent pas mais ils aiment aussi dire des bêtises.

Boumediene Sid Lakhdar

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Le Djurdjura c’est top… mais le Jura c’est pas mal non plus !

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J’adore  »Les Rousses » dans le Jura français à cette époque de l’année. Les couleurs y sont à couper le souffle et j’en veux pour preuve la photo ci-jointe. Elles vont d’un vert frais à un orange chatoyant avant de décliner sur un marron plutôt chaud. On se croirait au Canada… même la cabane y est.

Cependant, une petite note vient atténuer cet enchantement : si vous regardez attentivement, au coin en haut à droite de l’image, en arrière-plan, vous pouvez deviner quelques conofères, plus précisémment des épicéas, grisonnants et squelettiques. Ils sont victimes du réchauffement climatique. Ce constat concerne toutes les forêts jurassiennes et le phénomène avance vite, hélas.

La frontière Suisse est au bout du champ, juste de l’autre côté de ces arbres. Une route sinueuse qui n’a rien à envier à celles de notre haute Kabylie, descend vers Genève, à une trentaine de kilomètres en contre-bas, en passant par le col de la Faucille. En hiver, comme le col de Tighrourda ou celui de Tizi N’kouilal, ce col peut parfois être fermé à la circulation car la neige abondante y fait son territoire.

Pour l’histoire,  »Les Rousses » sont le lieu où Krim Belkacem, à la tête de la délégation algérienne, a négocié les accords d’Évian. Le Bâtiment ( »Le Yéti  »), où se sont réunies les deux délégations pendant plusieurs jours, a été choisi pour sa position stratégique, à deux pas de la frontière Suisse, ce qui pouvait permettre une exfiltration rapide et sécurisée de la délégation algérienne en territoire neutre.

Ce bâtiment est toujours debout, à la sortie du bourg. Une stèle y rappelle cet événement et porte les noms des membres des deux délégations. Il est vrai que les opposants, adeptes d’une « Algérie française », étaient à l’affût de toute information sur les lieux possibles de ces transactions pour en empêcher le déroulement.

Mouloud Cherfi

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Le ministre des Moudjahidine : 20 000 drapeaux nationaux au stade Hocine Aït Ahmed

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Drapeau national à Tizi-Ouzou

Le ministre des Moudjahidine, Abdelmalek Tacherift, a donné le coup d’envoi de la caravane pour l’acheminement de 20 000 drapeaux nationaux au stade Hocine Aït Ahmed.

C’est la dernière idée lumineuse de ce ministre qui doit bien s’ennuyer au demeurant. Pourquoi donc Abdelmalek Tacherift se sent obligé subitement de noyer le stade Hocine Aït Ahmed de drapeaux nationaux ? Que craint-il donc ? Il ne faut pas être naïf, cette mesure populiste a un objectif. Le pouvoir entend par ces 20 000 drapeaux nationaux faire oublier le drapeau de Tamazgha, symbole des militants de l’identité amazighe de toute l’Afrique du Nord.

Ce ministre qui a survécu à trois remaniements ministériels a une mission. Cette action, sans nul doute, validée et actionnée à partir de la présidence, ne fait que poursuivre la décision de l’ancien chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah de traquer et d’emprisonner tous les porteurs de drapeaux amazighs pendant le hirak en 2019.

Sofiane Ayache

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Corruption : peine réduite pour l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh

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Tayeb Louh

La chambre criminelle du tribunal d’Alger a prononcé, mardi 14 octobre, une réduction de peine en faveur de l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh, a rapporté le site de langue arabe, Ennahar online. 

L’ex ministre sous Bouteflika a été condamné à trois ans de prison, dont deux ans ferme et une année avec sursis, pour fausse déclaration de patrimoine et enrichissement illicite, en application de la loi anticorruption. Cette décision intervient après un premier jugement qui lui avait infligé quatre ans de prison ferme et une amende de 200 000 dinars.

Lors de l’audience, l’ancien ministre a nié l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. Il a notamment justifié l’absence de déclaration d’un bien immobilier à Staoueli par l’absence de titre définitif au moment de son entrée en fonction en 2017. Concernant une villa achetée à Dely Ibrahim pour 10 milliards de centimes, il a expliqué que cette somme provenait de la vente d’un autre bien et de revenus familiaux.

La défense a multiplié les arguments de procédure, soulevant dix moyens de nullité relatifs à la compétence juridictionnelle, à la prescription des faits et à la régularité des investigations. Elle a notamment soutenu que certaines mesures avaient été prises avant l’entrée en vigueur de la législation anticorruption ou sans autorité compétente.

L’ancien ministre avait été placé en détention provisoire en août 2021 dans le cadre d’une vaste enquête du pôle économique et financier. Il avait déjà été condamné dans un autre dossier pour entrave au bon fonctionnement de la justice, avec une peine de trois ans ferme. Il est également poursuivi dans une affaire connexe impliquant un ancien haut responsable du ministère et un homme d’affaires.

La rédaction

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Sakina Cylia Lateb : « La littérature est un 5e pouvoir au service de la transformation africaine »

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Sakina Cylia Lateb
Sakina Cylia Lateb

La journaliste et écrivaine algérienne Sakina Cylia Lateb a pris part à la troisième édition du Festival International du Livre et des Arts Assimilés du Bénin (FILAB), tenue du 9 au 11 octobre 2025 à Cotonou, sur le campus de l’Université d’Abomey-Calavi. Sa présence a été largement saluée et a contribué à faire rayonner la littérature algérienne au cœur du dialogue culturel africain, réunissant auteurs, éditeurs, journalistes et passionnés venus de toute l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Présidente de l’Union des Écrivaines Africaines, Sakina Cylia Lateb incarne une génération de femmes déterminées à conjuguer création, engagement et transmission. Journaliste, communicante, biologiste et pédagogue, elle place la littérature au centre d’un projet d’émancipation intellectuelle et sociale, tout en œuvrant pour la visibilité des voix féminines et la formation des jeunes. Dans cet entretien, elle revient sur son parcours, sa vision et les ambitions qu’elle porte pour une Afrique qui écrit son avenir à l’encre de la dignité et du savoir.

Le Matin d’Algérie : Comment avez-vous accueilli votre nomination à la présidence de l’Union des écrivaines africaines ?

Sakina Cylia Lateb : Présider l’Union des écrivaines africaines est à la fois un honneur et un devoir. Je suis fière de servir mon continent et de contribuer à son essor à travers la formation de la jeunesse et l’autonomisation des femmes. C’est une responsabilité que j’assume avec passion et engagement.

Le Matin d’Algérie : Quels sont, selon vous, les grands défis auxquels les femmes écrivaines africaines font face aujourd’hui ?

Sakina Cylia Lateb : Les femmes africaines sont fortes, créatives, ambitieuses, talentueuses et résilientes. Pourtant, elles ne sont pas encore suffisamment mises en avant. Il est essentiel que les institutions continentales et la société civile s’impliquent davantage pour valoriser leurs activités et leur donner la visibilité qu’elles méritent.

Le Matin d’Algérie : L’Union des écrivaines africaines a pour ambition de fédérer des voix issues de divers horizons culturels et linguistiques. Comment conciliez-vous cette diversité dans vos actions ?

Sakina Cylia Lateb : L’Union des Écrivaines Africaines est une fondation internationale, culturelle et labellisée. Elle dispose de représentants et de partenaires à travers le monde. Cette diversité est notre richesse : elle permet un dialogue fécond entre les cultures. Nous sommes reconnaissantes envers nos collaborateurs africains et européens pour leurs actions et leurs initiatives rassembleuses.

Le Matin d’Algérie : Quels projets concrets souhaitez-vous lancer ou renforcer durant votre mandat ?

Sakina Cylia Lateb : Nous avons lancé des programmes de formation pour la jeunesse, des coachings dédiés à l’autonomisation des femmes, ainsi que des actions en faveur de la primo-édition. Être édité lorsqu’on est jeune auteur relève souvent du parcours du combattant. Nous œuvrons aussi à favoriser la libre circulation entre les pays africains, car notre ambition est de faire de l’Afrique un continent sans frontières : un pays-monde.

Le Matin d’Algérie : Quel rôle la littérature peut-elle jouer, selon vous, dans la transformation des sociétés africaines contemporaines ?

Sakina Cylia Lateb : La littérature est, à mes yeux, un cinquième pouvoir. Elle peut changer les mentalités, éveiller les consciences et permettre à l’Afrique et à l’Africain de se hisser au niveau international. C’est une force douce mais déterminante pour l’avenir de nos sociétés.

Le Matin d’Algérie : Votre parcours est marqué par la communication, les médias et la formation. Comment cette expérience nourrit-elle votre engagement littéraire ?

Sakina Cylia Lateb : Je suis diplômée en biologie, en journalisme et en éducation spécialisée. Mon engagement se déploie dans plusieurs domaines : la santé, la sensibilisation sur les grandes thématiques sociétales, la formation de la jeunesse, la protection de l’environnement, le développement personnel et l’indépendance affective et économique des femmes. Pour faire bouger les lignes, il faut transformer les comportements, les paradigmes et les biais cognitifs — et cela passe avant tout par l’éducation.

Le Matin d’Algérie : Parlez-nous de Talwith Mediacom : quelles sont ses missions dans le paysage africain ?

Sakina Cylia Lateb : Talwith Mediacom est l’annexe formative de l’Union des Écrivaines Africaines. Nous formons des étudiants et des professionnels dans divers domaines — sciences expérimentales, sciences humaines, technologies, artisanat — et nous les accompagnons dans la création d’entreprises. C’est un espace d’apprentissage et d’émancipation.

Le Matin d’Algérie : Quelles passerelles souhaitez-vous établir entre les écrivaines du continent et celles de la diaspora ?

Sakina Cylia Lateb : Nous organisons régulièrement des rencontres nationales, régionales, continentales et internationales. Ces événements permettent aux écrivains confirmés, aux auteurs africains et à ceux de la diaspora de partager leurs expériences et leurs savoir-faire. Ce dialogue nourrit la création et renforce notre unité culturelle.

Le Matin d’Algérie : Comment percevez-vous la place de la jeunesse et des nouvelles technologies dans la promotion de la littérature africaine ?

Sakina Cylia Lateb : Les nouvelles technologies doivent être perçues comme un support, un outil d’accompagnement — mais jamais comme un substitut à la plume et à l’encre. L’essence de la littérature demeure l’écriture, la pensée, le mot.

Le Matin d’Algérie : Enfin, quel message adressez-vous aux jeunes femmes africaines qui rêvent d’écrire ?

Sakina Cylia Lateb : Croyez en vos rêves et battez-vous pour les réaliser. Rien n’est impossible. L’avenir appartient à celles et ceux qui osent écrire leur propre histoire.

Entretien réalisé par Djamal Guettala

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Madagascar : la rue défie Andry Rajoelina, le président en fuite

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Manifestants à Madagascar
Manifestants à Madagascar

Le pouvoir vacille à Antananarivo. Le président Andry Rajoelina, figure emblématique d’un Madagascar tourmenté par la pauvreté et les promesses brisées, s’est réfugié dans un lieu tenu secret.

Après trois semaines de manifestations meurtrières, menées principalement par une jeunesse sans avenir, le régime s’effondre morceau par morceau : les forces de sécurité ont rejoint la rue, jurant de ne plus obéir à leurs supérieurs.

L’image est forte : un président qui avait conquis le pouvoir par un coup d’État en 2009, célébré jadis comme le symbole d’une génération moderniste, désormais traqué par la colère populaire. À 51 ans, Rajoelina se retrouve pris au piège de son propre système — celui d’un pouvoir qui promettait le développement mais a livré la misère, la corruption et les coupures d’eau et d’électricité à répétition.

Dans la capitale, la place du 13-Mai, cœur historique de la contestation, a repris vie. On y chante, on y pleure, on y enterre les morts tombés sous les balles de la répression. Le cercueil d’un jeune manifestant, porté à bout de bras, a traversé la foule dans un silence de dignité. Sur les banderoles, un symbole inattendu : la tête de mort issue de la culture manga, devenue signe de ralliement d’une génération Z qui, de Santiago à Antananarivo, revendique un autre rapport au pouvoir.

Les appels à la démission se multiplient, même dans les rangs militaires. Mais les chefs rebelles se gardent de s’emparer du pouvoir — conscients qu’un nouveau coup d’État isolerait davantage ce pays dépendant de l’aide étrangère. Le Premier ministre, un ancien général, tente d’apaiser la situation, parlant de « fraternité entre soldats ». Mais sur le terrain, la fracture est consommée.

Le paradoxe Rajoelina saute aux yeux : arrivé au pouvoir par la force, il met aujourd’hui en garde contre toute tentative de coup d’État. Il a limogé son gouvernement, tenté un ultime discours télévisé — retardé par la prise du siège de la télévision nationale par des militaires dissidents —, mais plus personne ne semble l’écouter. Le pays, riche en ressources minières, est exsangue ; les jeunes, majoritairement au chômage, ne croient plus à ses promesses.

« Je suis confiante en un avenir meilleur », disait une étudiante lundi sur la place. Ces mots, simples, sonnent comme un verdict : le pouvoir a perdu la rue, et sans doute la légitimité morale.

Madagascar, longtemps marginalisée sur la scène africaine, rejoue un scénario familier : celui d’une démocratie fragile, écartelée entre la soif de changement et les vieux réflexes autoritaires.

La fuite d’Andry Rajoelina marque peut-être la fin d’un cycle politique ouvert il y a seize ans. Mais elle révèle surtout une aspiration plus profonde : celle d’un peuple qui refuse de mourir dans le silence et la résignation.

Synthèse Mourad Benyhia

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Burkina Faso : des journalistes et magistrats «enlevés» par des agents de renseignement

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Le capitaine Ibrahim Traoré
Le capitaine Ibrahim Traoré, le nouveau dictateur burkinabé.

Au Burkina Faso, plusieurs responsables de rédactions ont été interpellés lundi 13 octobre par des hommes se présentant comme des membres de l’Agence nationale du renseignement. Ils ont été conduits vers des destinations inconnues.

Au moins trois magistrats de la chambre d’instruction à la cour d’appel de Ouagadougou ont également été emmenés ces derniers jours. C’est la première fois que des magistrats sont « enlevés ».

Au sein de la magistrature, plusieurs sources confirment l’enlèvement de trois magistrats, en fin de semaine dernière. Parmi eux, Urbain Meda, qui avait assuré la police des débats au cours du procès sur l’assassinat du président Thomas Sankara.

Les deux autres sont Benoit Zoungrana, enlevé dimanche, et Seydou Sanou, « porté disparu » depuis samedi, de source judiciaire. L’avocat Arnaud Sempebré reste lui aussi introuvable selon ses proches.

Plusieurs journalistes ont par ailleurs été interpellés lundi. Le quotidien l’Observateur Paalga, doyen de la presse privée burkinabè, a alerté sur « l’interpellation » de son directeur des rédactions par des individus se présentant comme des « éléments de l’ex-agence nationale du renseignement ». Selon la rédaction, « il a été immédiatement embarqué à bord d’une fourgonnette vers une destination inconnue ». Le journal dit être sans nouvelles d’Ousseini Ilboudo.

Même scenario au Journal le Pays, autre quotidien privé. Son rédacteur en chef adjoint Michel Nana a reçu la visite d’hommes se présentant comme étant de l’ex-Agence nationale du renseignement, alors qu’il était en conférence de rédaction. Lui aussi a été conduit vers une destination inconnue.

Le Burkina est plongé ces dernières années dans une crise multidimensionnelle avec une succession de coups d’Etat et les attaques des terroristes islamistes qui sèment la mort dans le nord du pays notamment.

Le 30 septembre 2022, un groupe de militaires menés par le capitaine Ibrahim Traoré, chef de l’unité des forces spéciales antijihadistes « Cobra », annonce à la télévision nationale la mise à l’écart du chef de la junte Paul-Henri Damiba. Celui-ci est « accusé d’avoir trahi l’idéal commun de départ de libérer les territoires occupés, des zones jadis paisibles étant passées sous contrôle terroriste » depuis le premier coup d’État. Les putschistes ont bien promis de remettre le pouvoir aux civils, mais ce ne fut qu’une promesse, comme celles faites par les putschistes du Mali et du Niger.

La rédaction/Rfi

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Marwan Barghouti : Israël refuse de libérer le « Mandela palestinien»

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Marwan Barghouti

Marwan Barghouti est l’une des figures les plus emblématiques de la politique palestinienne contemporaine. Souvent surnommé le « Nelson Mandela palestinien », il incarne à la fois la résistance palestinienne et l’espoir d’un leadership capable d’unifier les différentes factions politiques de la région.

Né le 2 juin 1959 à Kober, près de Ramallah, Barghouti s’engage très tôt dans le militantisme politique. À 15 ans, il est arrêté et condamné à quatre ans de prison pour son appartenance à Fatah, alors considéré comme illégal par les autorités israéliennes. Cette première expérience carcérale marque le début d’un engagement sans concession en faveur de la cause palestinienne.

Après sa libération, il poursuit des études en histoire et en sciences politiques, puis gravit rapidement les échelons au sein de Fatah. Dans les années 1990, il devient secrétaire général de Fatah en Cisjordanie occupée, s’imposant comme une voix influente, respectée tant par les cadres politiques que par la population. Sa popularité repose sur son charisme, son intégrité et sa capacité à négocier entre des forces souvent antagonistes, notamment Fatah et Hamas, qui représentent deux visions différentes de l’avenir palestinien.

En 2002, au cœur de la Seconde Intifada, Barghouti est arrêté par l’armée israélienne. Il est accusé d’avoir organisé et dirigé plusieurs attaques ayant entraîné la mort de civils israéliens. Jugé par un tribunal israélien, il est condamné à cinq peines de réclusion à perpétuité et 40 ans supplémentaires de prison. Barghouti a toujours nié toute implication dans ces attaques et a refusé de reconnaître l’autorité du tribunal qui l’a jugé, affirmant que sa détention relevait d’une volonté politique de neutraliser l’une des figures les plus charismatiques de la résistance palestinienne.

Malgré plus de vingt ans d’incarcération, Marwan Barghouti conserve une immense popularité parmi les Palestiniens. Il est perçu par beaucoup comme un symbole de résistance et un leader capable de réunifier les factions divisées, offrant une alternative crédible à la direction actuelle de l’Autorité palestinienne. Selon des sondages récents, il obtiendrait un soutien majoritaire si des élections présidentielles étaient organisées. Son image de « Mandela palestinien » reflète ce mélange d’idéalisme et de pragmatisme politique qui lui permet de transcender les clivages et d’incarner un espoir de réconciliation nationale.

Israël, toutefois, refuse systématiquement de le libérer, même lors des négociations pour des échanges de prisonniers avec le Hamas. Le gouvernement israélien craint que sa libération ne renforce une direction palestinienne unifiée et crédible, capable de défier l’ordre établi dans les territoires occupés. Cette position illustre la complexité du conflit israélo-palestinien et l’impact symbolique que représente la détention de Barghouti sur les dynamiques régionales.

En prison, il reste actif politiquement, menant des protestations pacifiques, notamment des grèves de la faim pour améliorer les conditions des détenus palestiniens. Son nom continue de résonner dans les discussions internationales sur le processus de paix et la possibilité d’une solution à deux États. Marwan Barghouti incarne ainsi un paradoxe : prisonnier depuis plus de vingt ans, celle d’une figure centrale et incontestée du paysage politique palestinien.

Mourad Benyahia – Il Giornale d’Italia

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Trump à Charm el-Cheikh : fin de la guerre à Gaza et espoir pour un Moyen-Orient pacifié

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Trump au Caire

Au cœur de cette initiative, plusieurs mesures concrètes : le désarmement de Gaza et la mise en place d’une force de police civile pour assurer la sécurité et maintenir l’ordre. Trump a précisé que l’exécution des mesures prévues dans le plan de Gaza ne doit pas nécessairement suivre un ordre strict, laissant une marge de manœuvre aux acteurs régionaux pour ajuster les priorités selon les besoins.

Le président américain a également souligné l’importance de la coopération internationale : de nombreux pays ont exprimé leur volonté de participer à la reconstruction de Gaza, tandis que d’autres souhaitent rejoindre le Conseil de la paix pour Gaza, qui pourrait être élargi pour accueillir davantage d’acteurs régionaux et internationaux. L’objectif, selon Trump, est clair : soutenir Gaza sans financer l’incitation à la haine ou la violence, tout en garantissant que le territoire reste désarmé et sécurisé.

Le sommet a également été l’occasion de célébrer des avancées diplomatiques majeures. La libération des otages a été qualifiée de « moment extraordinaire », provoquant une joie immense en Israël et renforçant la crédibilité du processus de paix en cours. Trump a insisté sur l’importance des accords d’Abraham, appelant tous les pays de la région à les rejoindre pour renforcer la stabilité et la coopération.

Dans ses déclarations, le président américain a tenu à rassurer sur l’absence de risques d’escalade : « Il n’y aura pas de troisième guerre mondiale au Moyen-Orient », a-t-il affirmé. Il a également salué le travail de son équipe, mettant en avant Marco Rubio, qu’il considère comme un candidat potentiel au titre de meilleur secrétaire d’État de l’histoire américaine.

Pour Donald Trump, le moment actuel représente une opportunité unique de construire un Moyen-Orient pacifique, basé sur la sécurité, la coopération et la désescalade des tensions. Gaza pourrait devenir un symbole de cette nouvelle ère, un territoire désarmé et stabilisé grâce à l’engagement international et à la volonté des acteurs régionaux. L’administration américaine souhaite ainsi transformer ce compromis local en un succès diplomatique de portée historique.

Ce sommet à Charm el-Cheikh marque, selon le président américain, un tournant dans l’histoire de la région. Entre désarmement, reconstruction, diplomatie et célébration des otages libérés, le message est clair : la paix est possible, le Moyen-Orient peut être sécurisé, et la coopération internationale reste essentielle pour garantir que les prochaines années soient marquées par la stabilité plutôt que par le conflit. Seulement, beaucoup de points cruciaux ne sont pas évoqués et donc loin d’être résolus. La question de la Cisjordanie, la gouvernance de Gaza, la proclamation de l’Etat palestinien ont été mis de côté par les négociateurs, car concentrés sur la fin de la guerre à Gaza et le retour des otages israéliens.

Mourad Benyahia 

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