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mercredi 2 juillet 2025
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Mali : plus de 100 militaires tués à Boulikessi par les jihadistes du Jnim

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Armée malienne
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Au Mali, le Jnim, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans lié à al-Qaïda, a diffusé pendant la nuit de nouvelles images et un nouveau bilan de l’attaque du camp militaire de Boulikessi survenu dimanche 1er juin dans la région de Douentza, dans le centre du pays.

Le Jnim revendique plus de 100 militaires maliens tués lors de l’attaque et 22 capturés et retenus en otage. RFI a pu recouper ces chiffres auprès de sources locales, notamment sécuritaires maliennes. L’armée et les autorités de transition demeurent silencieuses sur le nombre de soldats tombés au combat. 

« Le nombre de morts est intolérable, commente une source sécuritaire malienne. La pression n’a jamais été aussi forte. » Cette source confirme le bilan du Jnim, avec plus de 100 militaires tués à Boulikessi. Au lendemain de l’attaque, cette même source évoquait déjà « plus de 90 corps ramassés ». Depuis, d’autres dépouilles ont été retrouvées aux alentours du camp. Des supplétifs russes de Wagner figureraient parmi les victimes, selon plusieurs sources sécuritaires et civiles maliennes. Wagner a habituellement des hommes stationnés à Boulikessi et patrouille régulièrement dans la zone. Aucun corps de mercenaire russe n’a cependant été exhibé dans les publications du Jnim qui a égrené ces derniers jours des vidéos effroyables. 

22 soldats capturés

Les jihadistes affirment également détenir 22 soldats maliens capturés dimanche et retenus en otage depuis. Des vidéos montrent ces soldats par petits groupes. Ils s’ajoutent aux autres militaires déjà capturés lors de précédentes attaques dont le nombre précis n’est pas connu. Le Jnim détient aussi, parfois depuis des années, plusieurs dizaines de civils – administrateurs de l’État, humanitaires, professeurs ou encore habitants de villages refusant de conclure des accords locaux. Le groupe jihadiste diffuse enfin des images du butin pléthorique récupéré à Boulikessi : des armes et des munitions notamment mais aussi plusieurs véhicules. 

Doctrine du silence

Devant l’ampleur de la tragédie, l’armée malienne avait reconnu dimanche l’attaque de Boulikessi et la mort de soldats ayant « combattu jusqu’à leur dernier souffle » mais sans donner aucun bilan. Quant à l’attaque du camp de Dioura, le 23 mai, qui avait fait une quarantaine de morts, elle n’a jamais été reconnue par les autorités. Officiellement, cette attaque n’existe pas. 

Au lendemain de la prise du camp de Boulikessi, lundi 2 juin, le Jnim menait une série d’actions simultanées contre des cibles militaires à Tombouctou. Le Jnim a revendiqué « une dizaine de morts et de blessés » dans ces attaques. L’armée s’est félicitée d’avoir « déjoué une tentative d’infiltration » à Tombouctou et « neutralisé 14 terroristes » sans évoquer le nombre de militaires tués. Le dernier communiqué de l’armée, publié ce mercredi, est consacré aux « lourdes pertes » qui auraient été infligées aux « terroristes » dans le secteur de Diafarabé. Sollicitée par RFI, la communication de l’État-major n’a pas donné suite.

Cette doctrine du silence sur les soldats tombés au combat est clairement assumée. Par le passé, des responsables militaires ou politiques ont déjà expliqué qu’il s’agissait de ne pas faire le jeu de l’ennemi et de ne pas saper le moral des troupes, dans un contexte de guerre antiterroriste.

Transparence et funérailles

Dans la population malienne, certains estiment que les citoyens n’ont effectivement pas à être informés de ces réalités sensibles du terrain et jugent que c’est l’affaire de l’État et de l’armée, à l’œuvre pour la sécurité du pays et la souveraineté nationale. 

D’autres jugent que le régime en place cherche uniquement à cacher aux Maliens la réalité de la situation sécuritaire du pays pour se maintenir au pouvoir et réclament plus de transparence. Ces Maliens souhaiteraient également que les militaires tombés au champ d’honneur aient droit à des funérailles officielles et que les familles n’aient pas à attendre parfois plusieurs semaines avant d’apprendre la mort d’un fils ou d’un mari – RFI a reçu plusieurs témoignages en ce sens. Des demandes qui s’expriment moins ouvertement : ceux qui osent évoquer le sujet sont traités d’« apatrides » par les soutiens des militaires au pouvoir et violemment disqualifiés pour leur prétendu « manque de patriotisme ». 

RFI

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Nassima Bouheraoua : « Il y a désormais un avant et un après l’IA »

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Nassima Bouheraoua
Nassima Bouheraoua

Consultante en transition numérique et docteure en sciences politiques, Nassima Bouheraoua allie expertise théorique et pratique de terrain. Formatrice au sein de l’Institut euro-méditerranéen de la formation continue (IEMFC). Basée à Marseille, elle intervient dans le cadre de formations consacrées aux mutations technologiques, en particulier à l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les environnements professionnels.

Depuis un an, elle conçoit et anime des programmes à destination de cadres publics, d’ingénieurs et de dirigeants, en France comme à l’étranger. Ses interventions s’adressent à des structures engagées dans une transformation numérique profonde, aussi bien en Afrique qu’en Europe.

À l’issue de l’une de ses sessions de formation, elle a accepté de répondre aux questions du Matin, revenant sur son parcours, ses motivations, son usage des modèles de langage (LLM), les compétences clés à transmettre, les outils mobilisés, ainsi que les enjeux éthiques qui traversent ces nouvelles pratiques. Elle évoque également sa veille technologique et les échanges qu’elle entretient avec les publics qu’elle forme.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a motivée à devenir formatrice ?

Nassima Bouheraoua : Ma motivation à devenir formatrice est née d’une rencontre à l’aéroport de Batna avec le président de notre institut, M. Redha Guerfi. L’opportunité de travailler avec des spécialistes de différents pays, d’échanger des expériences autour de l’intelligence artificielle et de la transition numérique a fortement éveillé ma curiosité et mon enthousiasme pour la formation. Cela s’inscrit dans la continuité de mon expérience de plusieurs années dans le consulting pour les entreprises.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qu’un LLM (Large Language Model) et pourquoi est-il intéressant ?

Nassima Bouheraoua : Un LLM (Large Language Model) est l’une des technologies les plus fascinantes de ces dernières années. Au-delà de son utilisation intuitive, il permet une prise en main immédiate et offre une expérience ludique pour les apprenants. Le plus difficile est finalement de s’en détacher ! Un LLM comme ChatGPT devient un compagnon disponible à tout moment, capable de répondre à toutes sortes de questions.

Le Matin d’Algérie : Quel type de public formez-vous ?

Nassima Bouheraoua : Depuis un an, je forme des cadres de la fonction publique, des ingénieurs et des chefs d’entreprises à l’international. Malgré leurs différences, ces apprenants partagent une compréhension commune des enjeux civilisationnels et de la nécessité de maîtriser une technologie cruciale pour l’avenir.

Le Matin d’Algérie : Quelles sont les compétences clés pour utiliser les LLM ?

Nassima Bouheraoua : Les compétences essentielles pour utiliser les LLM sont la curiosité et la persévérance. Ce domaine connaît une accélération exponentielle, et plus on s’y engage tôt, plus on est capable de l’utiliser à bon escient.

Le Matin d’Algérie : Quels outils utilisez-vous dans vos formations ?

Nassima Bouheraoua : Nous utilisons principalement l’incontournable ChatGPT, ainsi qu’une quinzaine d’autres outils essentiels pour l’étude des intelligences artificielles, tels que Make, N8N, Hugging Face, Deepseek, et bien d’autres. Nous adaptons les formations et les outils au profil des apprenants pour qu’ils correspondent au mieux à leurs pratiques quotidiennes.

Le Matin d’Algérie : Comment abordez-vous les enjeux éthiques liés aux LLM ?

Nassima Bouheraoua : L’étude des enjeux éthiques est incontournable lorsqu’il s’agit de données personnelles. Il serait irresponsable d’utiliser des technologies dites « gratuites » sans comprendre ce que nous payons indirectement pour ces services. Car, en réalité, rien n’est jamais gratuit. Même avec des abonnements payants, les garanties offertes aux utilisateurs restent limitées. L’anonymisation des données, la cybersécurité des systèmes et un investissement sérieux dans la souveraineté numérique sont des sujets cruciaux à développer par les autorités compétentes pour garantir un usage bénéfique.

Le Matin d’Algérie : Quels sont les enjeux liés à la popularisation des outils d’intelligence artificielle ?

Nassima Bouheraoua : Les outils d’intelligence artificielle ont bénéficié d’un tsunami de marketing depuis trois ans. Les médias, les réseaux sociaux, les politiciens et les PDG de grandes startups diffusent quotidiennement une abondance d’informations. Certains sont même victimes de l’IA, leur image étant utilisée pour propager de fausses informations.

L’enjeu majeur est d’apprendre à distinguer l’information de la propagande pour saisir les bonnes opportunités au bon moment. Beaucoup d’apprenants craignent d’être remplacés par l’IA dans leur travail. Certains secteurs connaîtront sans doute une réforme profonde due à l’automatisation de certaines tâches, et il faudra être prêt à évoluer aux côtés de ces nouveaux outils.

Le Matin d’Algérie : Quel impact l’IA a-t-elle sur les pratiques professionnelles et personnelles ?

Nassima Bouheraoua : Il y a un avant et un après l’IA. Conçue par des techniciens, mais aussi des psychologues, des linguistes et des spécialistes en neurosciences, l’IA est intuitive, utile, sympathique, mais surtout extrêmement addictive. Une fois maîtrisée, elle devient indispensable, à l’image de l’ordinateur portable ou du téléphone connecté à la 3G. Les structures avec lesquelles je travaille constatent une amélioration de la productivité et des résultats financiers indéniables. Une bonne transition numérique permet d’optimiser les processus, de cibler le marketing et de satisfaire les clients. Tout cela me rend très enthousiaste pour l’avenir.

Le Matin d’Algérie : Comment suivez-vous l’évolution du domaine de l’IA ?

Nassima Bouheraoua : Il est crucial de suivre l’évolution de l’IA au quotidien pour en optimiser l’utilisation. Les revues et publications universitaires, comme celles du MIT, permettent une veille sérieuse et efficace. Les publications des principaux fournisseurs d’IA, tels que Google, Microsoft ou OpenAI, sont également précieuses. De plus, les expériences partagées par des spécialistes renommés, comme Ethan Mollick (conseiller en cybersécurité à la Maison Blanche) ou Lee Boonstra (ingénieur logiciel chez Google), sont très enrichissantes. Comme le dit Elon Musk à propos des universités américaines : « Le savoir est disponible sur Internet, l’école n’est qu’un lieu de socialisation. »

Entretien réalisé par Djamal Guettala  

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L’échec sous influence !

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Manipulation
Image par Gerd Altmann de Pixabay

Je suis effondré lorsque le temps mis dans un gros investissement, dans une lutte acharnée pour contribuer modestement à l’effort collectif de la société afin d’améliorer l’élévation intellectuelle des jeunes, s’écroule dans une grande déflagration. 

Les colères, les accusations, les indignations et les désespérances, je les ressens comme tout le monde. Mais il est des circonstances, lorsque la déroute creuse un trou abyssal, en face desquelles je reste sans voix et sans réaction.

Il n’y a pourtant que banalité dans le métier d’enseignant de le constater chaque jour. Si nous excluons les élèves et étudiants qui s’arrachent dans les efforts et dont les résultats restent hélas insuffisants, il en est d’autres qui constituent une réalité quotidienne de l’échec par le comportement.

L’enseignement n’est pas un miracle lorsque le moindre effort est absent. C’est une légende de penser que dans ces conditions extrêmes les enseignants les plus formés et les plus pédagogues réussiraient plus que d’autres. En tout cas pas dans une proportion qu’on essaie de nous le faire croire.  

Mes chers lecteurs, malgré ce recul que je viens d’exposer sur des fatalités d’échec, il en est un pour lequel je ne peux garder ma sérénité et mon obligation de recul. Celui dont je vais vous parler menace toujours mon calme, même s’il reste contenu par la stupéfaction comme je l’avais précisé.

Je ne l’exposerai qu’à travers l’exemple des jeunes filles car je n’ai rencontré que ce cas. Il est bien entendu de ma connaissance que c’est aussi valable pour les jeunes garçons. Cela doit être aussi inquiétant pour l’analyse qui va suivre. 

Commençons par une anecdote. Les étudiantes sont, comme pour toute la jeunesse dans le monde, accaparées par Tik Tok et autres immersions profondes. À chaque fois, par provocation malicieuse, je pose la même question, c’est une influenceuse, non ?

Et comme à chaque fois la réponse est oui, c’est une star parmi les influenceuses. Et bien entendu à chaque fois je pose une autre question, c’est un métier ? Vous semblez êtres plus fascinés par la demoiselle que par le produit qu’elle présente ou le conseil qu’elle prodigue.

Le drame est dans leur réponse la plus commune, celle-là est très célèbre. Elle a des centaines de folowers (là, je fais mon intéressant en répétant ce mot des jeunes) et gagne beaucoup d’argent. 

C’est à ce moment, mes chers lecteurs, où je reste sans voix, celui où je vois tout s’écrouler. Avec un travail et des moyens gigantesques de la société à leur destination, voilà ce que devient le but des élèves ou étudiantes. Faire le pitre dans une vidéo et détruire, pour ma part, quarante ans de trime à faire mon métier du mieux que j’ai pu.

Dans l’écran qui est entre leurs mains, je perçois tout l’échec du monde à travers ces jeunes filles. Tout d’abord par un langage très approximatif, pour ne pas dire catastrophique, et une gestuelle  qui sont la signature reconnaissable de l’échec scolaire. Nous les reconnaissons et nous les débusquons au premier mot entendu et geste vu. L’expérience ne se trompe jamais à ce sujet. 

Comment se fait-il, après des années, depuis le primaire, des élèves et étudiantes continuellement scolarisées en arrive-t-elles à ce point de régression et de désastre que sont les influenceuses ?

Comment en sont-elles arrivées à ce niveau de langage, de réflexion et d’exposé oral qui n’atteignent même pas le niveau de langage de nos anciens qui étaient pourtant illettrés et n’avaient pas cette chance de bénéficier de ce que ces jeunes filles ont eu à leur disposition (c’est un fait que je rappelle souvent dans mes chroniques) ?

Voilà ce qu’elles ont retenu des rêves promis par l’instruction scolaire, des lectures de  romans qui sont de merveilleux moments d’évasion et de culture, des connaissances fantastiques de l’histoire et géographie, de la magie profonde des mathématiques (bon, pour cette dernière discipline, je suis mal placé pour donner des leçons) et ainsi de suite.

De toutes les valeurs intellectuelles qui sont notre travail pour les leur inculquer, voilà le résultat. Des prestations qui me tétanisent tant elles se retrouvent au fond du trou, à des années lumières des promesses d’avenir si élevées de leur parcours scolaire.

Un show qui n’a qu’un objectif, la célébrité et l’argent obtenus en fascinant  des jeunes filles qui les écoutent en espérant obtenir la clé d’entrée dans leurs ténèbres. La vitesse de propagation de l’épidémie est vertigineuse pour celles qui veulent être à l’égal des déesses Tik Tiktoniennes. C’est la course aux likes et à l’exubérance pour entrer dans le Panthéon des charlatans de haute lignée.  

Des désespoirs identiques ont toujours existé. Comme les footballeurs qui abandonnent leurs études pour des gains faramineux, des rappeurs qui en gagnent autant en dédaignant tout ce qui avait été construit pour leur élévation intellectuelle et ainsi de suite.

Que les lecteurs ne se méprennent pas, la réussite au football ou dans le rap n’est pas à remettre en cause ou à insulter, je serai le dernier des imbéciles. Ce qui est en cause est l’image exclusive de la notoriété et de l’argent qu’ils inculquent aux jeunes. L’excuse d’être les incitateurs à faire du sport pour l’apport mental et physique est elle aussi une légende.

Voilà la raison, mes chers lecteurs, pourquoi de tous les échecs, c’est celui de constater le drame de la nouvelle terre promise par les influenceuses qui me bouleverse. Par la maturité, par la fatigue de ma désespérance de toutes les autres catastrophes précédentes et tellement banales ? Je ne sais pas.

 Je sais, je sais, une personne qui se prétend vouloir être ouvert d’esprit, surtout un ancien enseignant, ne devrait pas dire cela ni le penser. Mais je ne peux pas, c’est irrésistible, dès que j’en vois une par-dessus l’épaule d’un jeune dans le métro ou ailleurs, je ne peux pas me contrôler. Je demande pardon à ceux qui ont tellement trimé dans le système scolaire, pour m’enseigner le recul et l’ouverture d’esprit. Je n’y arrive pas pour les influenceuses !

Non, je n’y arrive pas !

Boumediene Sid Lakhdar

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Des avocats dénoncent l’information judiciaire infondée visant Karim Tabbou

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Karim Tabbou
Karim Tabbou, victime du harcèlement judiciaire.

Le collectif de défense de Karim Tabbou a rendu public un communiqué sur l’arbitraire qui touche le porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS).

M. Karim Tabbou, opposant politique, fait l’objet de plusieurs poursuites judiciaires depuis 2019.

La dernière a été enclenchée à son encontre en date du 25 mai 2023.

À l’issue de son audition de première comparution effectuée ce même jour, le juge d’instruction en charge du dossier, validant le réquisitoire du parquet, l’a placé sous le régime du contrôle judiciaire, assorti de dispositions lourdes et inédites.

Des conditions qui entravent gravement sa liberté :

1. Interdiction de quitter le territoire national

2. Confiscation de son passeport

3. Obligation de se présenter pour émargement chaque lundi dans une caserne relevant de la direction de la sécurité intérieure

4. Interdiction de participer à des regroupements politiques ou à des conférences de presse

Le but évident est d’empêcher l’homme politique d’exercer toute activité, en le privant de sa liberté de parole et de circulation.

Le 19 août 2024, le militant Karim Tabbou a été retenu pendant plusieurs heures dans une caserne, puis reconduit par des agents de la sécurité intérieure pour être présenté devant le juge d’instruction, qui a ordonné un durcissement des obligations liées à son contrôle judiciaire.

Par ordonnance datée du 19/08/2024, il a été signifié à notre mandant l’interdiction de participer à toute conférence de presse ou prestation médiatique, ainsi que toute activité (publication ou diffusion) sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook.

L’homme politique Karim Tabbou s’est également vu interdire de quitter le territoire de la cour de Tipaza, à l’exception du lundi de chaque semaine pour s’acquitter de l’obligation d’émargement, telle qu’imposée par l’ordonnance du juge d’instruction du 25/05/2023 précitée.

L’appel introduit à l’encontre de cette ordonnance a été vain.

Le 25 septembre 2024, la chambre d’accusation a confirmé les interdictions imposées à notre mandant, se contentant d’annuler l’obligation de ne pas quitter les limites du territoire de la cour de Tipaza.

De toute évidence, cette mesure de mise sous contrôle judiciaire, imposée à M. Karim Tabbou depuis plus de deux ans, est en totale contradiction avec les dispositions de la loi fondamentale, qui consacre clairement le principe de la présomption d’innocence.

Elle est également en parfaite contradiction avec les dispositions légales encadrant cette matière, ainsi qu’avec les conventions internationales dûment ratifiées par l’État algérien.

En l’espèce, il est particulièrement regrettable que les dispositions légales aient été superbement ignorées (article 125 bis 01 du Code de procédure pénale).

En effet, les interdictions imposées à notre mandant ne sont pas prévues par cette disposition.

La durée légale de cette mesure de contrôle judiciaire est, elle aussi, largement dépassée depuis fort longtemps…

Au-delà de son caractère injuste et injustifié, ce contrôle judiciaire, qui perdure depuis deux ans, se révèle être un véritable moyen de chantage et de persécution judiciaire et politique.

La volonté manifeste d’entraver par des moyens “judiciaires” les activités politiques et militantes de M. Karim Tabbou n’est plus à démontrer.

L’instruction judiciaire diligentée à son encontre, homme politique et personnalité publique, viole les règles élémentaires de droit. Pis encore, elle a été engagée et prolongée depuis deux ans, en totale défiance des règles de procédure.

Bien que le juge d’instruction ait déclaré l’instruction close par une ordonnance de renvoi en date du 07/01/2024, la chambre d’accusation a ordonné sa poursuite.

Il est inutile de préciser que, depuis cette date, aucun acte de procédure n’a été accompli.

Par la présente, nous, collectif d’avocats défenseurs de Karim Tabbou, militant et opposant politique, déclarons solennellement que notre mandant est soumis à une information judiciaire infondée, doublée d’un contrôle judiciaire d’une rigueur exceptionnelle et d’une longévité dramatique.

L’objectif de cette manœuvre éhontée ne fait plus de doute : exercer une pression sur cet homme politique engagé, pour le faire renoncer à ses convictions.

Ainsi, au lieu d’assurer la garantie des libertés et le respect de la loi, l’appareil judiciaire a été transformé en outil de pression, de chantage et d’intimidation.

Nous affirmons notre ferme conviction : le combat pour l’avènement d’un État de droit mérite notre soutien et notre engagement.

Par ailleurs, nous restons persuadés que malgré le fait que la justice a été détournée de sa mission première qui est celle de protéger la société, les libertés et les droits, la répression ne pourra venir à bout du combat des voix libres éprises de justice et de liberté.

Le collectif de défense de Karim Tabbou

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Le mouton algérien : animal sacré ou idole des files d’attente ?

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Moutons

Ah, le mouton de l’Aïd en Algérie… Au départ, simple offrande pieuse, humble bête à sacrifier, il est devenu la star de la scène nationale. Et pas n’importe quelle star : une créature divine, vénérée par les annonces ministérielles, promise à la grandeur des chiffres officiels.

Cinq millions de têtes, disaient-ils au début. Puis un million aujourd’hui. Une générosité qui, comme par magie, se contracte au fil des semaines. Sans doute un miracle administratif. Les chiffres changent au gré des micros, mais le désespoir, lui, reste fidèle au rendez-vous.

Les Algériens n’ont plus le luxe de la patience. Ils campent la nuit entière, lampadaires pour seuls témoins, sacrifiant leur sommeil et parfois leur dignité. Les files d’attente s’allongent comme des processions macabres, où l’agneau est plus précieux que l’oxygène. Certains y voient une communion de la foi ; d’autres, un cirque où le mouton est le roi.

La scène est digne d’un théâtre de l’absurde : un mouton à trois ou quatre millions de dinars, offert en priorité aux fonctionnaires. La justice sociale s’écrit en bélier gras et en cornes dorées. Mais qui est vraiment sur la liste ? Qui se cache derrière ces cartons d’invitation dressés à l’entrée des enclos ?

Le gardien, lui, change de rôle. Le jour, il est l’humble serviteur de l’État. La nuit, il devient le « Rabb » des lieux, le dieu des moutons. Sa parole est loi, son silence est trahison. Il décide qui repartira avec un mouton et qui n’aura même pas un soupçon de laine à se mettre sous la dent. Ses poches, elles, se remplissent plus vite que l’enclos. Et le peuple, la tête baissée, attend un signe de clémence.

Pendant ce temps, les bras longs s’activent. Ceux qui n’ont jamais connu la queue ou la frustration. Ils arrivent, un signe, un sourire, et hop : le plus beau mouton dans le coffre, les meilleurs morceaux pour les meilleurs contacts. Le reste ? Il finira au barbecue des pauvres, si jamais il reste un peu de viande.

La générosité de l’Aïd, dans ce théâtre d’ombres, se transforme en spectacle de rapine. Une foire où les voix des gradés sont plus puissantes que les cris des agneaux. Les barons de la liste s’en sortent toujours. Les petits, eux, se battent pour un espoir, un os, un peu de foi.

À la fin, un bilan officiel sera fièrement annoncé. On dira combien de moutons ont été distribués. On racontera les beaux discours, les images d’archives d’une solidarité retrouvée. Mais la réalité, elle, est ailleurs. Elle est dans ces files d’attente interminables, dans ces nuits passées à supplier pour un agneau. Dans les visages fatigués, les voix qui s’élèvent et les poings qui se serrent.

Car en Algérie, la charité est un sport de combat. Le mouton de l’Aïd, censé rassembler les cœurs et les familles, devient le symbole d’un système où même la foi se négocie. Le sacrifice, autrefois geste d’unité, est détourné par les petits dieux de l’enclos.

Et, pendant que les gradés remplissent leurs congélateurs, le petit peuple, lui, reste en plan. Dans ce pays où l’agneau est plus qu’un animal, où l’État devient le marchand et le peuple son client captif, le mouton de l’Aïd n’est plus une offrande. Il est la rançon d’une générosité piétinée.

Zaim Gharnati

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Karim Benkrimi : l’amour au temps du Corona

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Karim Benkrimi
Karim Benkrimi

Longtemps immergé dans l’univers rigoureux de la finance, Karim Benkrimi dévoile aujourd’hui une facette plus intime et poétique de sa personnalité. Né en 1960 à Kouba (Alger), il entame sa carrière en 1985 au sein de la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR), où il se distingue par sa rigueur et son expertise. Diplômé en banque (DES), il publie plusieurs ouvrages spécialisés, notamment La Problématique de la gestion des crédits (2008) et Crédit bancaire et économie financière (2011).

Mais au-delà des chiffres, une autre passion sommeille : l’écriture. En 2023, il franchit un nouveau cap en publiant une série de romans d’une grande sensibilité, centrés sur la mémoire, les blessures intimes et les luttes identitaires :

– On ne guérit pas facilement de l’enfance
– Ravages… au rivage
– Le jeune combattant pour la liberté
– Le fruit défendu

Son dernier roman, L’amour au temps du Corona, paru en 2025 aux Éditions El Amir à Marseille, mêle amour, confinement et écologie. Dans un monde paralysé par la pandémie, deux hommes, Rachid et Alain (Rams), s’affrontent dans une lutte amoureuse pour conquérir le cœur de Sarah. Mais ce triangle amoureux est également un prétexte pour aborder des enjeux plus vastes : la crise environnementale et notamment la protection du milieu marin, thème central du livre.

À travers une écriture fluide et évocatrice, Benkrimi tisse des liens entre les émotions humaines et les fragilités de la planète. L’eau, omniprésente dans le récit, devient à la fois source de vie et symbole d’un monde blessé. L’auteur nous rappelle que l’amour et la nature partagent une même vulnérabilité, et que protéger l’un revient à sauvegarder l’autre.

 À ne pas manquer : Le public algérois aura l’opportunité de rencontrer Karim Benkrimi lors d’une vente-dédicace organisée par la librairie El Ijtihad le jeudi 5 juin 2025 à partir de 14h, au 9, rue Hamani-Arezki (ex rue Charras), Alger-Centre. L’auteur y présentera un florilège de ses romans, tous publiés par les Éditions El Amir, sous la direction de Madame Kasdi Hayet.

Une belle occasion de découvrir un écrivain engagé, d’échanger autour de son œuvre et de repartir avec des livres dédicacés.

Djamal Guettala  

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Farida Aït Ferroukh au 15e Art : la chanson kabyle, un pont entre les rives

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Farida Aït Ferroukh

Le vendredi 13 juin, le public marseillais a rendez-vous avec une voix experte sur les cultures d’Afrique du Nord. Farida Aït Ferroukh, maîtresse de conférences à l’Inalco (Sorbonne Alliance) et docteure en anthropologie, animera une conférence exceptionnelle au 15ème Art, un espace culturel du nord de Marseille. L’entrée est libre.

Intitulée « Balises d’une trajectoire musicale sur les deux rives de la Méditerranée », cette intervention portera sur la chanson kabyle, perçue comme un vecteur d’expression identitaire, notamment en période de crise ou d’anomie sociale.

À travers un regard croisé entre les mondes d’ici et de là-bas, Aït Ferroukh proposera une lecture sensible et documentée des étapes-clés de la constitution du répertoire kabyle, aussi bien sur le sol algérien que dans les territoires de l’exil. Le propos s’articulera autour de figures emblématiques du chant kabyle, d’œuvres phares, replacées dans leur contexte de production, de diffusion et de pérennisation.

Au cœur de sa réflexion : la transformation du chanteur en ambassadeur culturel, se substituant à l’image traditionnelle du mâle-guerrier, pour devenir intellectuel du groupe, porte-voix d’un peuple en quête de reconnaissance, de mémoire et de dignité.

Ce moment de partage s’annonce riche et émouvant, tant pour les passionnés de musique que pour les amoureux de l’histoire et des cultures de la Méditerranée.

Djamal Guettala  

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Mort de Nahel en France : le procès du policier attendu en 2026

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Nahel

Près de deux ans après la mort tragique de Nahel Merzouk, adolescent de 17 ans tué par un tir policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, la justice française avance à pas lents mais décisifs.

Le parquet de Nanterre a requis le renvoi du policier, Florian M., devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine pour homicide volontaire. Le procès pourrait se tenir entre le deuxième et le troisième trimestre 2026, a-t-on appris de source judiciaire.

La mort de Nahel, survenue le 27 juin 2023, avait provoqué une onde de choc nationale. Filmée par un passant, la scène glaçante — un tir à bout portant, malgré l’absence de mise en danger manifeste — avait rapidement fait le tour des réseaux sociaux. Et déclenché une vague de colère dans tout le pays.

Un pays en feu, une jeunesse à bout

Des nuits de violences urbaines ont embrasé les banlieues françaises, de Marseille à Lille, en passant par Lyon et Strasbourg. Ces émeutes, d’une intensité rarement vue depuis 2005, ont mis à nu un mal-être profond : celui d’une jeunesse souvent stigmatisée, issue des quartiers populaires, en mal de reconnaissance et de justice.

En Algérie comme en France, le nom de Nahel est devenu un symbole. Celui d’une fracture sociale et raciale que les pouvoirs publics peinent à refermer.

Une réponse judiciaire différée

Initialement placé en détention provisoire, le policier mis en cause a été libéré sous contrôle judiciaire en novembre 2023. Cette décision a été mal reçue par la famille de Nahel et une partie de l’opinion publique. Des manifestations ont été organisées, notamment à Nanterre, où la tension reste palpable.

Le procès, prévu pour 2026, pourrait marquer un tournant. Rarement un policier a été renvoyé devant les assises pour des faits aussi graves dans ce contexte. Ce choix du parquet traduit la gravité des faits mais aussi la volonté d’une justice qui entend — peut-être — se montrer exemplaire après des années d’impunité perçue.

Darmanin au passé, Retailleau au présent

Il est à noter que Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait qualifié les images du drame de « choquantes ». Depuis septembre 2024, il a quitté ce poste pour devenir ministre de la Justice. C’est désormais Bruno Retailleau qui tient les rênes de la Place Beauvau.

Ce glissement politique est plus qu’un détail : il révèle la volonté de durcissement sécuritaire du pouvoir en place, dans un contexte de crispation identitaire et de montée de l’extrême droite dans le débat public.

Une mémoire vive

Nahel, d’origine algérienne par sa mère, incarne malgré lui cette jeunesse des banlieues, souvent perçue comme un corps étranger dans la République. En France comme en Algérie, sa mort continue de résonner. Elle pose des questions fondamentales : sur la place des enfants d’immigrés, sur la brutalité policière, sur les limites de l’État de droit.

À Nanterre, un an après les faits, le quartier Pablo-Picasso reste marqué. Une fresque murale, des bougies, des mots. La mémoire reste vive. Et la colère, latente.

Le procès à venir ne dira pas tout. Mais il dira quelque chose. D’un pays. D’un silence. D’une urgence.

Djamal Guettala

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Election présidentielle anticipée : Bensdira donne le coup d’envoi !!!

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Hier, lundi 2 juin 2025, l’influenceur algérien, Bensdira, installé à Londres lâche sa bombe : de l’urgence d’élections présidentielles anticipées.

L’individu est connu habituellement pour être le portevoix d’une frange de l’appareil sécuritaire. Et hier, il n’a fait manifestement qu’exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

Tantôt avec Tebboune, tantôt contre lui, selon les circonstances depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir, il semble définitivement avoir pris son parti : Tebboune et son équipe sont devenus désormais un danger pour la nation dit-il. Le constat n’est pas nouveau. Nul besoin d’être un clerc pour comprendre la profonde crise multidimensionnelle qui ronge dangereusement l’Algérie.

Avant d’en arriver à cela, Bensdira évoque le danger réel que représentent les drogues médicamenteuses pour la jeunesse, « les cachets » comme on dit, et la carence ou la mollesse des autorités face à ce fléau qui menace la société. Là aussi, rien de nouveau dans la « nouvelle Algérie ».

Il enchaine, scandalisé, sur le fait que le chef de l’Etat ait accordé une audience officielle à Rodolphe Saladé, le Franco-Libanais d’origine syrienne patron de la chaine de télévision BFM TV et de la compagnie de transport maritime CMA ainsi qu’à l’artiste franco–algérien DJ Snake. Tebboune ayant fort à faire par ailleurs face aux défis actuels pour consacrer son temps à de telles activités argue-t-il. Mais Tebboune s’ennuie au palais d’El Mouradia ! Plus de visite importante. Et l’agenda présidentiel ressemble à un cahier à la rentrée scolaire.

L’influenceur conclut que le chef de l’Etat et son équipe ont failli et ont échoué sur tous les tableaux : éducation, économie, politique ; diplomatie etc.

Mais que peuvent bien signifier les allégations diffusées sur le web d’un Bensdira, d’un Abdou Semmar ou d’un quelconque autre influenceur, analyste, pseudo-analyste, journaliste ou pseudo- journaliste , opposant ou pseudo-opposant installés à l’étranger

En d’autres temps probablement pas grand-chose. Mais en ces temps d’oppression, de bouclage de l’espace médiatique, de laminage de toute velléité de la moindre activité politique, oui, ces personnages, les préoccupations qu’ils soulèvent et les débats qu’ils génèrent ont leur importance.

Oui ces voies sont vitales en ces temps difficiles car elles sont les seules qui osent exprimer la critique et la désapprobation. Bien sûr à partir de l’Europe car à domicile ce n’est plus possible. La vie politique est étrangement, affreusement, terriblement silencieuse plongée dans un coma profond !

Dans ce cas de figure en particulier, au moment où la maison Algérie est à l’arrêt sur tous les plans malgré les fanfaronnades des uns et des autres, chiffres du FMI et de la Banque mondiale à l’appui et chiffres réels du chômage et de l’activité des entreprises occultés, n’en déplaise au président et à son équipe, force est de constater que Bensdira n’a en rien exagéré. Pas plus que toutes les dernières voix critiques qui osent dire tout haut ce que le peuple pense tout bas.

Depuis 1962, année de l’indépendance, menée par une génération brillante qui a pu gagner face à la France et à l’OTAN, l’Algérie n’a jamais connu telle défaillance en matière de gouvernance jusqu’à menacer jusqu’à son existence. Nous sommes sous la direction d’une équipe dépourvu de tableau de bord et de boussole politico-économique. Sous Tebboune c’est l’improvisation quotidienne et des projections au doigt mouillé.

De ce fait, la question posée par Saïd Bensdira est d’actualité et elle mérite d’être posée : ne faut-il pas envisager sérieusement l’organisation d’élections présidentielles anticipées avant qu’il ne soit trop tard ?

Samia Naït Iqbal

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Universités algérienne et française : naufrages incontrôlés ou délibérés ?

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Université algérienne

L’article « L’université algérienne « en rose », dites-vous ? » d’Ahmed Rouadjia nous donne l’occasion de rebondir sur un sujet qui ne cesse de nous hanter depuis que le pouvoir d’Alger a décidé de façon unilatérale de remplacer le français par l’anglais. La déroute s’annonce encore plus dévastatrice que l’arabisation. C’est du suicide délibéré.

Tout enseignant responsable ne peut qu’adhérer à l’analyse percutante proposée par notre professeur retraité concernant la catastrophe de l’université algérienne. Une catastrophe volontairement initiée par des responsables politiques qui n’ont font qu’à leur tête, quitte à sacrifier des générations d’étudiants.

À cet égard, l’université française n’est pas en reste.

Ci-après, une petite colère adressée à mes collègues, en mai 2013, en guise de témoignage à contre-courant de certaines réformes décalées d’un terrain pédagogique exigeant ! Les journalistes de La voix du Nord, auxquels j’avais adressé le texte, s’étaient contentés de reproduire le dernier paragraphe (!?) Comme quoi, en France aussi règne une atmosphère de « j’menfoutisme » inquiétant au sein d’une élite censée jouer le rôle de locomotive intellectuelle !

Où va l’Université française ?  Réformes raisonnées ou aménagements kamikazes ?

Dans les années 1980, un vent de crise, pour ne pas dire de folie, soufflait sur l’Université algérienne. Cette crise avait commencé quand les représentants d’étudiants de filières « Sciences Exactes et Technologiques » s’étaient rendus chez le ministre de l’enseignement supérieur pour se plaindre de la difficulté de certains modules de physique, notamment celui de physique nucléaire (dénoté P013), dispensé en deuxième année.

À la suite de cela, notre ministre (Abdelhak Brerhi) eut l’idée « génialissime» de supprimer, de façon unilatérale, ce P013, perçu comme rempart infranchissable dressé sur le chemin de la réussite de certaines filières scientifiques ! (?) Toutes les tractations qui s’en suivirent pour mettre en garde nos responsables de cette façon de laisser le dernier mot revenir à des étudiants connus pour leur niveau moyen, pour ne pas dire médiocre, sont restées vaines. 

Toujours dans cette décennie annonciatrice de la folie intégriste des années 1990, des lois exhortant la généralisation de la langue arabe, en remplacement du français, furent appliquées de façon si anarchique et expéditive que, en à peine quelques années, l’Université algérienne laquelle, jadis, dispensait des cursus de formation de niveau universel, s’est retrouvée à livrer des fournées d’analphabètes bilingues, dans la plupart de nos centres de formations.

La raison est toute simple, l’Algérie n’avait pas les moyens d’une politique d’arabisation raisonnable, de surcroît irréfléchie. Les enseignants ayant pris la relève des francophones n’étaient pas assez formés pour faire face à l’immensité d’une telle tâche, et les étudiants qui arrivaient à la fac ne maitrisaient pas suffisamment le français pour s’accrocher aux derniers bastions « gaulois ». Ils s’engouffraient, de ce fait, en grande majorité, dans des sections arabisées plus que douteuses. Les enseignants francophones, quant à eux, n’avaient plus d’autres choix que celui de rendre le tablier ou de prendre le chemin de l’exil.

Les derniers débats concernant les propositions d’aménagements des programmes universitaires français appellent à quelques commentaires et interrogations, loin de toute empreinte démagogique, sur la mission de l’Université Française et la mutation perverse qu’elle subit depuis la réforme LMD. Laquelle réforme nous force, d’une année sur l’autre, à reléguer l’intérêt de l’étudiant aux dernières loges de nos préoccupations. À cet égard, il nous semble plus que nécessaire de formuler les questions de fond que soulèvent les réorientations qui se profilent et qui engagent non seulement l’avenir de pans entiers du système éducatif français, mais aussi celui de générations entières d’universitaires :

– En l’état actuel des formations proposées, a-t-on vraiment jaugé le niveau des étudiants qui sortent des lycées afin d’en localiser les lacunes et d’y engager les moyens nécessaires, à même de les combler ?

– Maîtrisent-ils suffisamment la langue de Molière pour nous permettre une deuxième langue en quantité frisant la surdose ? 

– Qu’en est-il alors de leur niveau d’anglais au sortir du lycée ?

Il est bien connu que la non-maîtrise d’une 1ère langue prend des contours de handicap majeur dans toute quête d’assimilation d’une autre. 

– Avons-nous le droit de nous contenter d’un cheminement de nivellement par le bas, des formations universitaires, tel qu’il semble être dicté par la haute hiérarchie, quitte à empiéter sur des valeurs déontologiques que le métier d’enseignant exige ?

– Niveau de formation n’est-il pas tributaire, en premier lieu, de ceux du Lycée, Collège et Primaire ?

– Que reproche-t-on donc à la langue française pour ainsi chercher à la noyer dans une hégémonie linguistique dont il est facile de percevoir les effets dévastateurs à long terme ? 

– Comment peut-on croire que remplacer le français par une autre langue est un gage de réussite et non d’échec, voire de chaos généralisé ?

Autant de questions sur lesquelles il est, me semble-t-il, urgent de se pencher si l’on veut éviter que la déroute du système éducatif algérien ne se reproduise en France.

Du Primaire à l’Université, le système d’enseignement français est souffrant ! Si rien n’est fait, à contre-courant des réformes proposées, il sombrera sous peu dans un état végétatif profond. Alléger les programmes de matières scientifiques dispensées en français, au profit d’une autre langue, conduirait à terme, à une euthanasie irréversible. J’espère me tromper !

Pourtant, à y bien réfléchir, des solutions existent. Parmi ces solutions, une idée partagée par la plupart des collègues des filières scientifiques consiste à combler les lacunes des bacheliers en proposant, dès la première année universitaire, une carte de modules de mathématiques, de physique et de chimie, reprenant les bases de trigonométrie, de calcul vectoriel ainsi que celles de l’analyse fonctionnelle dont l’assimilation constitue le prérequis par excellence à tout programme de sciences appliquées de niveau universitaire. 

Afin d’éviter tout impact psychologique négatif, il ne s’agit évidemment pas de faire perdre une année aux étudiants en proposant une sorte d’année zéro, mais de confectionner des programmes de remise à niveau adaptés et des enseignements complémentaires repartis avec équilibre et pertinence sur les deux premiers semestres des diverses filières scientifiques. Cela ne peut se faire que dès lors que l’idée d’une surdose en langues étrangères est abandonnée au profit des matières fondamentales.

Dans l’intérêt des étudiants, dans celui de l’Université française : Shakespeare oui, mais Molière d’abord !

Concernant l’Algérie, l’évacuation du français au profit de l’anglais est tout simplement suicidaire. Nous l’avons suffisamment mis en relief sur ces colonnes :

Il est temps que nos dirigeants retrouvent la raison pour redresser la barre d’un système éducatif qui ne cesse de péricliter. Ce n’est pas l’anglais baragouiné par quelques illuminés en mal de prestige qui l’en sauvera.

Kacem Madani

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