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lundi 14 juillet 2025
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Les USA envisagent d’ajouter 25 pays africains à la liste des pays interdits d’entrée sur le territoire

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Trump
Trump punit l'Algérie

Washington veut rallonger la liste des interdictions de voyages aux États-Unis. Le gouvernement américain envisagerait d’imposer des restrictions de voyage ou interdictions totales d’entrées pour les ressortissants de 36 pays, dont 25 du continent africain. Washington souhaite que ces pays remplissent certaines conditions de sécurité. Ils disposent de 60 jours pour se mettre en règle.

Trente-six pays sont concernés, dont 25 pays africains, parmi lesquels la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Niger et le Sénégal, selon une note interne consultée par le Washington Post et ensuite par Reuters. Le document, signé par le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, a été envoyé samedi 14 juin 2025 aux diplomates des pays concernés. Ceux-ci disposent de 60 jours pour remplir certaines conditions.

Plusieurs critères dans le viseur du gouvernement

Donald Trump avait déjà imposé des mesures restrictives à plusieurs pays lors de son premier mandat. Bis repetita mercredi 4 juin aux États-Unis. Donald Trump a remis en place un « travel ban » qui interdit cette fois aux ressortissants de douze pays d’entrer sur le territoire américain. Sept États africains sont concernés : le Tchad, le Congo-Brazzaville, la Guinée-équatoriale, l’Érythrée, la Libye, la Somalie et le Soudan. Le Tchad réplique à Trump et suspend les visas pour les citoyens américains.

Pour justification, Washington indique que certains pays ne seraient pas en mesure de fournir des « documents d’identités fiables » ou auraient « trop de fraude dans l’administration ». Pour d’autres, un nombre important de leurs ressortissants aux États-Unis auraient « dépassé la date limite de leur visa ».

Liste des principaux pays africains potentiellement ciblés par l’interdiction d’entrée aux États-Unis

Angola 

Bénin

Burkina Faso 

Cap-Vert

Cameroun

Côte d’Ivoire

République Démocratique du Congo

Djibouti

Éthiopie

Égypte

Gabon

Gambie

Ghana 

Liberia 

Malawi 

Mauritanie

Niger

Nigeria 

Sao Tomé-et-Principe

Sénégal

Soudan du Sud

Tanzanie

Ouganda

Zambie

Zimbabwe

Avec RFI

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Hamadi Guella : « J’ai été inspiré par mon vécu »

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Hamadi Guella

Franco-Tunisien, Hamadi Guella a grandi entre les 19e et 20e arrondissements de Paris, un décor urbain qui pulse dans son premier roman, De béton et de plumes. Héritier d’un père, grand artiste et compositeur-interprète, et d’une mère enseignante en lettres qui a ouvert des jeunes au théâtre, Hamadi Guella porte dans son écriture la richesse d’une mémoire familiale marquée par l’engagement et la création.

Son engagement dans le secteur associatif, notamment à travers des articles pour l’éducation populaire, infuse son œuvre d’une sensibilité sociale profonde. Dans De Béton et de Plumes, classé comme un roman contemporain à dimension sociale et poétique, Guella explore les luttes et les espoirs de personnages confrontés aux contraintes de la ville, un écho aux parcours d’exil et de résilience. À l’heure où les crises, comme la guerre en Ukraine, rappellent les urgences de l’accueil des réfugiés, ce roman résonne comme un plaidoyer pour une humanité partagée, où chacun, fuyant les dangers, la misère ou la famine, mérite dignité et solidarité. Dans cet entretien accordé au Matin d’Algérie, Hamadi Guella dévoile les inspirations et les réflexions qui tissent ce récit vibrant des héros du quotidien.

Le Matin d’Algérie : Votre roman s’intitule “De béton et de plumes”. Pourquoi ce choix de contraste ? Que symbolisent pour vous ces deux éléments ?

Hamadi Guella : Évidemment, le béton évoque pour tout le monde le décor urbain. Il définit un espace ou en tout cas une catégorie d’espaces dans lequel des êtres humains évoluent et partagent une certaine réalité. C’est un élément minéral, solide, qui une fois planté dans le sol, trace les contours d’un paysage immuable qui repousse ou rassure selon l’appréhension que l’on peut en avoir. À leur insu, ou non, il est une des composantes de l’identité des citadins qu’ils soient parisiens ou banlieusards dans le cas de mon livre. À l’inverse, les plumes sont des éléments organiques, elles évoquent à la fois la fragilité des êtres vivants mais aussi la possibilité qui leur est donnée de prendre leur envol, et par là même, de s’émanciper des contraintes terrestres. Ces deux mots définissent bien mon récit où les personnages sont confrontés à des situations face auxquelles ils doivent opter pour la résilience ou la résignation. 

Le Matin d’Algérie : Le livre met en scène plusieurs personnages ancrés dans la ville. Comment avez-vous construit ces figures ? Sont-elles inspirées de rencontres réelles, de vous-même, ou sont-elles purement fictionnelles ?

Hamadi Guella : Un mélange de tout cela. J’ai été inspiré par mon vécu, mais également par mes observations au fil des années, que ce soit dans le milieu du travail ou dans tous les contextes divers et variés dans lesquels j’ai pu évoluer. Mon livre est une sorte d’hommage aux héros du quotidien qui subissent de plein fouet la colonialité, les discriminations, le patriarcat et j’en passe…

Le Matin d’Algérie  La ville, Paris et sa banlieue, joue un rôle presque organique dans le récit. Peut-on parler de la ville comme d’un personnage à part entière ?

Hamadi Guella : Disons que la ville, pour celles et ceux qui y habitent, a une telle incidence sur nos vies qu’on peut difficilement se définir sans elle. Elle cornaque notre quotidien par bien des aspects. Le temps que l’on passe dans les transports, la promiscuité qu’on y subit, le manque d’espace, le stress, le rythme effréné mais aussi les rencontres et la proximité avec l’autre, le mélange de cultures, sont autant d’éléments qui nous façonnent. Alors oui, concernant mon livre, la ville y est omniprésente et peut tout à fait s’apparenter à un personnage à part entière, du reste, elle constitue la toile de fond ou le fil directeur qui relie les histoires les unes aux autres.

Le Matin d’Algérie : Votre écriture mêle poésie, réalisme social et humour discret. Comment avez-vous trouvé ce ton singulier ? Est-ce le fruit d’un long travail ou quelque chose de spontané ?

Hamadi Guella : Mon écriture fait écho à ma personnalité, c’est le cas, je pense, pour tous les auteurs. Comme vous l’avez évoqué dans votre question, ce premier ouvrage est empreint de réalisme social. Mes personnages subissent des expériences souvent douloureuses, mais il s’agissait aussi d’insister sur ce qui définit leur humanité, l’humour vient naturellement agrémenter la narration car toutes et tous, autant que nous sommes, fluctuons entre joie et tristesse et parvenons souvent à prendre du recul et à tourner en dérision la fatalité. J’essaye d’avoir un style soutenu pour dépeindre le mieux possible la complexité des situations, mais je tiens également à introduire une bonne dose de spontanéité et de rigolade par moments, telle est ma façon d’appréhender la vie.

Le Matin d’Algérie : Le roman évoque des trajectoires souvent précaires, cabossées, mais toujours dignes. Quel regard portez-vous sur la notion de “réussite” telle qu’on l’entend aujourd’hui ?

Hamadi Guella : C’est une excellente question. Je suis heureux que vous me la posiez. Nous vivons dans une époque où la réussite rime bien souvent avec confort financier. Dans les médias, des « personnalités » existent avant tout par ce qu’elles possèdent ou par le Buzz et non par ce qu’elles ont accompli. Je pense aux personnalités issues des émissions de télé-réalité par exemple, ou au phénomène des influenceurs qui accumulent des sommes d’argent improbables en vantant les mérites de tel ou tel produit. Ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres… Je n’ai rien contre le fait de posséder de l’argent ou contre celles et ceux qui en font leur priorité mais il me semble que tout de même, il y a d’autres façons de s’accomplir et de donner du sens à nos existences. Que ce soit par l’engagement politique ou le don de soi, entre autres, ou par toutes les voies possibles et inimaginables. Je refuse de résumer les humains à de vulgaires machines à consommer. En décrivant ces trajectoires, j’ai essayé de mettre en valeur la grandeur d’âme que l’on peut rencontrer chez le commun des mortels. Pour conclure simplement, et pour vous répondre, je dirais que la véritable réussite consiste à côtoyer le bonheur au plus près. Il ne devrait s’agir que de cela

Le Matin d’Algérie : L’éducation populaire traverse aussi votre parcours. Peut-on lire votre roman comme un prolongement littéraire de cet engagement ?

Hamadi Guella : Disons que j’ai une propension à décrire et à dénoncer les travers de notre société, en tout cas de mon point de vue, de par le parcours qui fut le mien. J’ai effectivement écrit plusieurs articles dans le cadre de l’éducation populaire et mon premier livre est teinté de cet engagement. Néanmoins, il s’agit d’une œuvre de fiction où le réalisme des situations n’a d’intérêt que s’il est sublimé par la teneur littéraire du tout. J’espère donc avoir réussi à sublimer les tranches de vie de mes personnages en stimulant la conscience de mes lecteurs tout en parvenant à susciter des émotions.

Le Matin d’Algérie : Vous décrivez un quotidien dur, mais jamais misérabiliste. Comment avez-vous évité l’écueil du pathos ou du cliché ?

Hamadi Guella : Parce que je pense que les êtres humains sont bien plus complexes et mystérieux que ce qu’ils paraissent. Je ne suis pas très friand des films ou des romans à bouton, qui catégorisent les personnages dans le camp du bien ou du mal, du vice ou de la vertu, de la force ou de la faiblesse. C’est intéressant que vous me posiez cette question, car j’ai vraiment cherché à introduire de la nuance dans mes histoires, à ouvrir des portes sans en fermer d’autres.

Mes personnages se questionnent, hésitent, et naviguent entre les gouttes comme ils le peuvent comme la plupart des mortels. Au final, ce qui leur donne du corps, ce ne sont pas tant leurs victoires ou leurs défaites mais plutôt leur éveil.

Le Matin d’Algérie : La question des origines, de la mémoire familiale ou sociale affleure par moments. Quelle place occupe cette thématique dans votre travail ?

Hamadi Guella : Nous sommes toutes et tous le fruit d’un contexte social et d’une éducation, c’est inévitable. Nous sommes également un maillon d’une longue chaîne culturelle qui nous a précédé. Comme le dit Aimé Césaire dans Discours sur la négritude : « je ne crois pas que l’on arrive au monde le cerveau vide comme on y arrive les mains vides ».

Ainsi, avant même de nous dépatouiller avec ce que la vie nous met dans les pattes, poursuivant ainsi notre formation, nous sommes équipés d’une somme de moyens de défense, d’outils et de recours qui sont propres à notre famille et à notre environnement social.

Pour ma part, en tant qu’auteur, je suis forcément influencé par le legs de mes parents. J’ai la chance d’être le fils d’un grand artiste, compositeur interprète, aujourd’hui décédé, et d’une mère qui a enseigné les lettres toute sa vie et fait découvrir le théâtre à des jeunes qui n’en auraient probablement pas eu l’occasion autrement, j’ajoute à cela leur engagement politique de tous les instants. Je suis conscient d’avoir cette chance, mon penchant pour la création et mes engagements ne viennent pas de nulle part.

Les chiens ne font pas des chats, paraît-il. En revanche, je tiens absolument à insister sur le fait que tout est possible dans la vie et je tire mon chapeau à celles et ceux qui ont réussi à sortir de leur condition pour s’accomplir. Tout l’honneur leur revient.

Le Matin d’Algérie : La structure du roman repose sur des fragments de vie qui se croisent. Avez-vous pensé à un montage particulier, presque cinématographique ?

Hamadi Guella : La structure de mon roman n’était pas figée dès le départ. J’ai écrit une première série de textes que j’ai laissé de côté quelque temps puis j’ai repris la plume pour poursuivre l’aventure. Si j’avais une idée assez claire des personnages que je voulais créer et de leurs péripéties, la structure à proprement parler s’est dessinée au fil du temps.

Par ailleurs, comme vous l’avez remarqué, il y a environ quatre textes qui n’ont pas forcément de rapport direct avec le reste de la trame générale. Ils viennent intervenir comme des escapades poétiques ou loufoques au milieu du tout. Je tenais beaucoup à cela. Ceci dit, lorsque j’ai écrit mes textes, j’ai peut-être utilisé un procédé proche de la conception cinématographique, inconsciemment. En tout cas, la chronologie et l’articulation des différents textes m’a demandé beaucoup de réflexion.

Le Matin d’Algérie : Quels sont les auteurs, les lectures, qui vous ont influencé dans l’écriture de De béton et de plumes ?

Hamadi Guella : Question difficile, j’aurais du mal à faire le lien entre mon style et mes diverses lectures. Si je devais citer un auteur chez lequel j’admire les descriptions et le sens de la formule, sans hésiter, je citerais Honoré de Balzac, en particulier : Scènes de la vie de province.

Dans un registre moderne et complètement différent, et qui a sûrement influencé la structure de De Béton et de plumes, je pense au roman de Ryan Gattis : Six jours. Un autre livre m’a beaucoup parlé récemment, il s’agit de : Les grands, de Sylvain Prudhomme. Je ne sais pas si ce livre m’a influencé mais je l’ai dévoré. Voilà, quelques-uns…

Le Matin d’Algérie : Vous publiez ici un premier roman. Qu’avez-vous appris de ce processus ? L’écriture a-t-elle changé quelque chose dans votre vie, votre rapport au monde ?

Hamadi Guella : Alors j’ai écrit un premier roman, certes, mais j’écris depuis longtemps. Je pense que le goût de l’écriture est une des composantes de ma personnalité. Elle m’accompagne depuis des années, je ne serais pas le même sans elle. Disons que l’écriture, au même titre que d’autres éléments de mon quotidien, fait de moi ce que je suis. Ce n’est pas un coup de tonnerre qui est survenu sans prévenir, cela s’est construit au fil du temps. J’espère continuer aussi longtemps que possible.

Le Matin d’Algérie : Si vous deviez glisser un mot, une pensée, une phrase à celles et ceux qui liront votre livre, qu’aimeriez-vous leur dire ?

Hamadi Guella : Pensez à ce que nous partageons, à ce que nous avons de commun dans nos moments de joie comme dans nos expériences malencontreuses. Et surtout : n’essentialisez pas les gens !!!! Nous valons plus que cela.

Entretien réalisé par Djamal Guettala

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Conseil des ministres : orientations pour une meilleure performance économique et sociale

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Conseil des ministres

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présidé ce dimanche une réunion du Conseil des ministres consacrée à plusieurs dossiers prioritaires, allant de la préparation de la saison des récoltes à la prise en charge des femmes victimes de violences, en passant par l’accueil de la diaspora algérienne et le développement du programme Famille productive.

Une moisson 2025 voulue sous le signe de la performance

En tête de l’ordre du jour, la saison agricole 2025 a retenu toute l’attention du chef de l’État. Le président Tebboune a exigé un sursaut d’efficacité pour obtenir des résultats supérieurs à ceux enregistrés en 2024. Il a ordonné la tenue, à l’issue de la campagne, d’une réunion d’évaluation des performances, saluant les efforts des agriculteurs et des cadres du secteur. Le chef de l’État a également instruit un renouvellement en profondeur de l’organisation du secteur agricole, avec une mise en avant des véritables acteurs de terrain, loin des pratiques de représentation formelle.

Le président Tebboune a salué les résultats encourageants du programme « Famille productive », en particulier le taux élevé de remboursement des crédits accordés aux femmes. Il a qualifié cette réussite de preuve de discipline et de sérieux. Ce programme, a-t-il affirmé, doit devenir un outil d’émancipation économique et sociale des femmes algériennes, dans le respect des valeurs culturelles nationales.

M. Tebboune a appelé à élargir ce dispositif, notamment en direction des femmes rurales, en misant sur leur potentiel dans la production artisanale et la valorisation du patrimoine culinaire traditionnel, très prisé aussi bien à l’échelle locale qu’internationale. Il a également encouragé la structuration de ces projets en réseaux économiques capables de jouer un rôle actif dans le tissu productif national.

Prise en charge des femmes victimes de violences : un engagement réaffirmé 

Le chef de l’État a réitéré son engagement pour le renforcement du rôle et des droits des femmes dans la société algérienne. Il a insisté sur la poursuite des efforts en faveur des mécanismes de protection et de prise en charge des femmes victimes de violences, dans une optique de justice sociale et de cohésion nationale.

Congé estival de la diaspora : simplification des conditions d’accueil dans les ports et aéroports du pays 

Autre priorité : l’amélioration des dispositifs d’accueil des Algériens résidant à l’étranger, notamment durant la saison estivale. Le président a insisté sur la nécessité d’assurer un service public de qualité dans les aéroports et ports du pays. Il a enjoint les services concernés de lever les obstacles inutiles et de garantir un passage fluide aux détenteurs de passeports algériens, en particulier dans le contexte de forte affluence estivale.

Enfin, la réunion s’est conclue par l’adoption de décisions relatives à des nominations et fins de fonctions dans plusieurs postes de responsabilité au sein de l’administration.

Samia Naït Iqbal

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Soraya Chekkat : «Tant qu’il y aura des geôles, nous serons les voix des enfermés »

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Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires et du Comité Georges Abdallah PACA, Soraya Chekkat
Des membres du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires et du Comité Georges Abdallah PACA, Soraya Chekkat

À Marseille, la mobilisation s’intensifie pour la libération de Georges Abdallah, prisonnier politique depuis 40 ans. À l’approche d’une nouvelle audience décisive, les collectifs redoublent d’initiatives pour briser le mur du silence qui entoure sa détention. Parmi eux, le FUIQP Marseille et le Comité Georges Abdallah PACA, coorganisateurs de la rencontre du 12 juin, portent une parole lucide et déterminée.

Militante, membre active du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires et du Comité Georges Abdallah PACA, Soraya Chekkat incarne cette génération de lutte qui ne sépare pas la mémoire du combat, ni la solidarité de la conscience politique. Dans cet entretien, elle revient sur le sens d’un engagement indéfectible, sur la criminalisation du soutien à la Palestine, et sur la nécessité de bâtir un front populaire contre l’arbitraire.

Le Matin d’Algérie : Pourquoi organiser une rencontre publique à Marseille autour de Georges Abdallah à ce moment précis, à quelques jours de l’audience du 19 juin ?

Soraya Chekkat : Il s’agit de rendre visible le plus largement possible la situation de Georges Ibrahim Abdallah, un camarade enfermé en France et à ce jour le plus vieux prisonnier politique d’Europe. Il est important d’amplifier la mobilisation puisque la construction d’un rapport de solidarité en masse est primordiale pour le soutien aux prisonniers politiques. Il est nécessaire de rappeler qui il est, de recontextualiser son histoire politique et son engagement.

Il faut aussi que Georges sache qu’il n’est pas seul, que nous ne l’oublions pas. À deux jours de son audience, une énième demande de libération a été déposée, encore une fois la justice le libère, mais cette fois-ci sans qu’il soit nécessaire un arrêté d’expulsion du gouvernement.

Pour autant, le parquet a fait appel et ne cesse d’arguer d’éléments aussi intenables les uns que les autres pour justifier de son maintien en détention. Nous devons dénoncer cette mascarade car il s’agit bien d’un maintien en détention pour raison politique : Georges refuse de renier son engagement envers la Palestine.

Le Matin d’Algérie : En quoi le combat de Georges Abdallah résonne-t-il aujourd’hui avec la situation dramatique que traverse le peuple palestinien à Gaza ?

Soraya Chekkat : Georges Ibrahim Abdallah est un soutien historique de la cause palestinienne, un résistant, un combattant, un militant politique. Il est de la lutte du peuple palestinien. Membre du Front populaire de la Palestine, il n’a jamais renié son attachement et son engagement pour la libération de la Palestine historique. Il est enfermé à ce titre. Sa situation est intimement liée à la situation en Palestine.

L’oppression immonde qu’il subit est à rapprocher de toutes les répressions mises en place par la France à l’encontre des militants pro-palestiniens, qu’ils soient politiques, associatifs, syndicalistes…

Le Matin d’Algérie : Comment analysez-vous la répression actuelle menée par le gouvernement français contre les collectifs de solidarité avec la Palestine ?

Soraya Chekkat : Je l’analyse comme une logique du continuum colonial. Il n’y a rien d’étonnant dans un pays dont le soutien à la colonisation est systémique puisqu’historique. Le système capitaliste qui fait loi en France explique cette dynamique de répression. Les voix décoloniales sont aussi anticapitalistes et antiracistes. Le soutien à la Palestine éveille notre conscience de classe, celle des damnés de la terre et des plus précaires, travailleurs ou pas. Depuis toujours les classes laborieuses ont été estampillées de dangereuses… Le système n’a pas d’autre choix que de les faire taire.

Historiquement, rappelons qu’en France on a noyé des Algériens dans la Seine quand ils demandaient l’indépendance de l’Algérie, ou encore que les marcheurs de 1983 contre le racisme ont été invités à retirer leur keffieh en arrivant à l’Élysée. Georges Abdallah fait d’ailleurs le lien dans son discours de 1987, appelant nécessairement à la convergence de toutes les figures de la lutte anticoloniale. Il disait alors : « Vous m’avez condamné comme vous avez condamné les bandits des Aurès ».

Le Matin d’Algérie : Quels objectifs politiques, humains ou militants vous fixez-vous à travers cette soirée du 12 juin ?

Soraya Chekkat : Nous espérons élargir le champ de la convergence, convaincre toujours plus de la nécessité de libérer Georges et tous les prisonniers politiques, élargir un rapport de force afin de répondre à toutes les tentatives de faire taire le soutien à la Palestine.

Le Matin d’Algérie : Que répondez-vous à celles et ceux qui, par méconnaissance ou par crainte, hésitent encore à rejoindre la mobilisation pour Georges Abdallah ?

Soraya Chekkat : Je les invite à lire ses discours (cf. blog de Georges Abdallah), à écouter ses interventions, à venir échanger avec nous. Toute une machination a été mise en place dans les années 80 afin de diaboliser notre camarade. Aujourd’hui on le sait, nul diable, nul terroriste, simplement un homme digne, fort de ses convictions, un communiste arabe rentré en résistance lorsque son pays, le Liban, a été agressé, engagé pour une société progressiste, faite de droit et d’égalité, émancipée du joug capitaliste et de la tutelle barbare que représente le colonialisme. Il est de nos luttes, nous sommes de son combat.

Propos recueillis Djamal Guettala

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L’Algérie vise « l’autosuffisance en blé dur d’ici 2026 » 

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Récolte de blé en Algérie

Le ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche, Youcef Cherfa, a annoncé un objectif ambitieux : atteindre l’autosuffisance en blé dur d’ici 2026, mettant fin à la dépendance aux importations.

Cette vision optimiste a été partagée par le ministre lors du coup d’envoi de la campagne moisson-battage dans le nord et les hauts plateaux. Selon M. Cherfa, cette avancée majeure est le fruit des prévisions de production exceptionnelles pour la saison agricole 2024-2025. 

La campagne actuelle s’annonce « prometteuse » avec des rendements élevés. Concernant l’orge, des progrès notables ont été enregistrés, permettant d’envisager une couverture significative de la demande locale dès l’année prochaine. Le ministre a d’ailleurs souligné que cette saison est nettement supérieure à la précédente.

Les régions du sud du pays se distinguent particulièrement, affichant des résultats « excellents » en matière de production céréalière. Le rendement moyen y dépasse les 55 quintaux par hectare, atteignant même un impressionnant 80 quintaux dans certaines zones.

Au-delà des céréales, l’Algérie mise sur la diversification de ses cultures industrielles. La culture du colza a été étendue sur 21 000 hectares, une initiative cruciale pour soutenir la production nationale d’huile de table. Une première expérience de culture de soja est également en cours sur 100 hectares, avec l’ambition de produire localement des huiles et des aliments pour animaux.

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Bac 2025 : le ministre de l’Éducation entretient le doute sur un retour à la coupure d’Internet

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Mohamed El Saghir Saâdaoui,
Mohamed El Saghir Saâdaoui,

Alors que l’Algérie vit, pour la première fois depuis des années, une première journée d’examen du baccalauréat sans coupure généralisée d’Internet, le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed El Saghir Saâdaoui, n’écarte pas un éventuel retour à cette mesure controversée si aucune alternative efficace n’est trouvée.

S’exprimant ce dimanche à Alger lors d’une conférence de presse organisée à l’issue du lancement officiel des épreuves du bac, M. Saâdaoui a souligné que son département étudiait actuellement plusieurs solutions techniques pour garantir la sincérité des examens, tout en évitant d’avoir recours à des interruptions du réseau. « Le secteur se concentre aujourd’hui sur la méthode la plus appropriée pour assurer l’intégrité des épreuves », a-t-il affirmé, tout en rappelant que « la crédibilité du bac ne saurait être compromise ».

Cependant, le ministre reconnaît que le recours à la coupure d’Internet reste encore envisagé « parmi les dispositifs possibles », bien que les efforts se poursuivent en parallèle pour identifier des alternatives « plus efficaces et moins préjudiciables ».

Une mesure sous le feu des critiques

L’Algérie a instauré, depuis plusieurs années, des coupures d’Internet — totales ou partielles — durant les examens du baccalauréat, afin de prévenir les fuites de sujets via les réseaux sociaux. Si cette mesure a permis d’endiguer certaines pratiques frauduleuses, elle a également soulevé une vive polémique, notamment parmi les acteurs économiques, les entreprises numériques et les citoyens, en raison de ses effets néfastes sur les activités commerciales, bancaires et les services en ligne.

Face à cette levée de boucliers, les autorités ont progressivement réduit la durée des coupures lors des sessions précédentes, tout en explorant d’autres voies, comme le blocage ciblé de certains sites ou le renforcement de la surveillance au sein des centres d’examen.

Vers un changement de stratégie ?

« Si une méthode alternative permet de garantir le même niveau de sécurité sans perturber les autres secteurs, elle sera adoptée », a indiqué le ministre, faisant référence aux plaintes récurrentes des opérateurs économiques impactés par ces coupures.

Cette déclaration, en demi-teinte, laisse entendre que la suppression définitive de la coupure d’Internet n’est pas encore actée. Elle traduit aussi les dilemmes auxquels est confronté le gouvernement, pris entre les exigences de transparence des examens et celles d’un environnement économique de plus en plus numérisé.

En attendant, l’expérience de cette première journée sans interruption du réseau national est scrutée de près, autant par les responsables du secteur que par l’opinion publique, qui espère voir émerger une solution durable conciliant efficacité et modernité.

Samia Naït Iqbal

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5 individus ayant cambriolé une bijouterie à Ben Aknoun arrêtés

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Sureté de la wilaya d'Alger

Les services de la Sûreté de la wilaya d’Alger ont procédé, au cours de la semaine écoulée, à l’arrestation de cinq individus pour avoir cambriolé une bijouterie à Ben Aknoun, a indiqué, jeudi, un communiqué de ces services.

« Les éléments de la Brigade de lutte contre la grande criminalité de la 3ème Division de la police judiciaire, ont procédé à l’arrestation des suspects pour leur implication dans le cambriolage d’une bijouterie dans le commune de Ben Aknoun », précise la même source.

L’opération fait suite à « un appel parvenu au Centre de Commandement et de Contrôle (CCC) de la Sûreté de la wilaya d’Alger, signalant qu’une bijouterie, dans la commune de Ben Aknoun, avait été cambriolée à l’aide d’armes blanches prohibées, dont les auteurs avaient tenté de s’enfuir à bord de motocycles ».

« Les investigations approfondies menées sur le terrain ont permis d’identifier et d’arrêter les cinq suspects, de récupérer des bijoux en métal jaune, six téléphones mobiles, des armes blanches prohibées de différents types et calibres, outre des outils utilisés dans cette opération de vol », ajoute la même source.

En outre, « deux motos utilisées dans le vol et deux casques utilisés pour la dissimulation, ont été récupérés, poursuit la même source, notant qu' »après l’achèvement des procédures légales, les suspects ont été présentés devant les juridictions territorialement compétentes pour constitution d’une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime, vol avec circonstances aggravantes, et violence avec usage d’armes blanches prohibées ».

APS

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Mohamed Iguerbouchène : entre deux mondes, une œuvre, une époque effacée

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Mohamed Iguerbouchène :

Mohamed Iguerbouchène est né le 13 novembre 1907 dans le village kabyle d’Aït Ouchène. Aîné d’une fratrie de onze enfants dans une famille modeste, il révèle très tôt un talent musical exceptionnel qui attire l’attention de Bernard Fraser Ross, un peintre écossais en voyage en Algérie. Séduit par les dons du jeune garçon, Ross finance sa formation en Europe. Mohamed Iguerbouchène quitte alors l’Algérie vers 1919 pour un exil artistique qui le mène à Londres, puis à Vienne.

Il aurait étudié au Royal College of Music et à la Royal Academy of Music de Londres, bien que ces informations ne soient pas formellement confirmées. En revanche, son passage à Vienne est avéré, où il remporte plusieurs prix en piano, harmonie, contrepoint et orchestration. Dès ses débuts, il adopte une démarche musicale originale, alliant la rigueur des formes classiques européennes à la richesse modale et rythmique des traditions nord-africaines. Cette synthèse caractérise l’ensemble de son œuvre.

Sous le pseudonyme d’Igor Bouchène, adopté pour faciliter son intégration dans les milieux artistiques européens, il se fait connaître dans les années 1930 avec des compositions orchestrales ambitieuses comme Kabylia Rapsodie No. 9, Arabic Rapsodie No. 7 ou Moorish Rhapsody, diffusée par la BBC en 1939. Son catalogue compte environ 160 œuvres orchestrales : concertos, poèmes symphoniques, quatuors, mais aussi pièces pour instruments traditionnels tels que le qanûn, le oud ou la derbouka. Son écriture dépasse l’exotisme simpliste et témoigne d’une connaissance approfondie des traditions berbères et arabes, intégrées dans un langage symphonique rigoureux.

Parallèlement, il compose pour le cinéma. En 1928, il signe la musique de Aziza, l’un des premiers longs-métrages tunisiens. En 1937, il coécrit avec Vincent Scotto la bande originale de Pépé le Moko (Avec Jean Gabin), succès du cinéma français repris à Hollywood dans Algiers (1938). Il participe aussi à Dzaïr, Les plongeurs du désert (1946), Le Songe de chevaux sauvages (1962), ainsi qu’à plusieurs courts-métrages de Jean Mercier tels que Glaciers, Eaux vives ou Les Hommes bleus.

Sa contribution à la chanson arabo-berbéro-andalouse est également majeure. Il écrit plus de 50 chansons avec Salim Halali, dans un style mêlant flamenco, rythmes orientaux et mélodies berbères, qui rencontrent un grand succès à Paris, Alger et Casablanca. Il accompagne aussi Mohamed el Kamel et Rachid Ksentini, contribuant à faire briller un art nord-africain en pleine mutation.

À Paris, il côtoie Cheikh El Hasnaoui, Farid Ali, Missoum Amraoui et probablement Slimane Azem et Hamid Hamici, partageant scène et radio. Ses conseils, son savoir-faire et sa vision influencent toute une génération d’artistes.

Cependant, son parcours connaît une rupture durant la Seconde Guerre mondiale. Il travaille pour Paris-Mondial, une radio vichyste destinée à diffuser la propagande dans les colonies, où il dirige la section musicale destinée au monde arabe. Cette fonction lui vaut des soupçons de collaboration.

En 1957, il revient en Algérie, encore sous domination française, et prend la tête de l’orchestre de Radio-Alger. Il compose, dirige, encadre et transmet. Mais après l’indépendance, son passé controversé et ses liens avec les institutions coloniales lui valent marginalisation et oubli. Il meurt à Hydra en 1966, dans l’anonymat, atteint de diabète, sans que son œuvre ne soit alors reconnue à sa juste valeur.

Pourtant, l’héritage de Mohamed Iguerbouchène est immense. Il fut l’un des premiers compositeurs algériens à écrire pour le cinéma et à concevoir une musique orchestrale profondément enracinée dans le patrimoine nord-africain tout en dialoguant avec les courants européens.

Son travail annonce les musiques hybrides du Maghreb contemporain, longtemps avant leur reconnaissance académique ou populaire. Il incarne un pont vivant entre la tradition orale des montagnes kabyles et les scènes symphoniques européennes.

J’ai personnellement eu la chance de fréquenter de nombreux musiciens issus de cette double tradition. Dans les conservatoires parisiens, du CRR au CNSMDP, réputé parmi les meilleurs au monde aux côtés de Berlin, Vienne, Lausanne ou Londres, j’ai appris l’humilité et la joie du partage musical. Ces valeurs se retrouvent chez des figures marquantes de notre musique : Youcef Abdjaoui, El Hachemi Guerouabi, Matoub Lounès, Amar El Achab, Reda, El Djilali, Abdel Madjid Meskoud, Kamel Messaoudi, Cid Messaoudi, ou encore Aït Meslayen, ami de Si Tayeb Ali et de Slimane Azem, qui m’a soutenu et présenté à son producteur à Asnières en 1994.

Au fil de ces rencontres, j’ai compris l’importance d’une mémoire musicale vivante, généreuse et ouverte. Autrefois, les grands se soutenaient mutuellement. El Hadj M’hamed El Anka prit Cheikh El Hasnaoui sous son aile, comme ce dernier le relate dans un reportage de Mehenna Mahfoufi. Cette transmission fraternelle contraste avec l’individualisme souvent observé à notre époque.

Aujourd’hui, Mohamed Iguerbouchène, aussi appelé Mohamed Ygerbuchen ou Igor Bouchène, est redécouvert par quelques passionnés, chercheurs et musiciens. Son nom retrouve peu à peu la place qu’il mérite dans l’histoire de la musique algérienne moderne. Il incarne un art sans frontières, enraciné, complexe et universel. Sa vie et son œuvre, longtemps occultées, tracent une ligne de force entre mémoire et avenir, oubli et reconnaissance.

La relation entre Mohamed Iguerbouchène et El Hadj M’hamed El Anka illustre un point de convergence fascinant entre deux univers musicaux majeurs, symboles de la richesse et de la complexité de la musique algérienne du XXe siècle. Ces deux géants incarnent chacun à leur manière la rencontre entre une musique populaire savante et une musique classique moderne, deux faces complémentaires d’une culture en pleine transformation.

El Hadj M’hamed El Anka, père fondateur du chaâbi algérien, est un maître du mandole, compositeur et interprète d’un genre ancré dans les traditions populaires urbaines d’Alger. Son œuvre modernise et diffuse le chaâbi, en capturant l’âme populaire tout en y insufflant une qualité musicale raffinée et une expressivité unique.

Mohamed Iguerbouchène évolue dans un univers hybride et innovant, mêlant rigueur et formes classiques occidentales aux modes, rythmes et couleurs berbères et arabes. Son travail orchestral et cinématographique témoigne d’une volonté de créer une musique savante enracinée dans le patrimoine nord-africain, tout en dialoguant avec les grands courants européens.

Malgré leurs approches différentes, ils partagent l’ambition de faire rayonner la musique algérienne à l’échelle nationale et internationale, valorisant ses racines tout en l’adaptant aux évolutions du monde moderne. El Anka fut souvent mentor pour de nombreux jeunes artistes kabyles et nord-africains, contribuant à leur formation et insertion. Il est probable que Mohamed Iguerbouchène ait fait partie de ces réseaux. El Anka joua aussi un rôle central dans la formation de chanteurs comme Cheikh El Hasnaoui, autre lien clé entre ces univers. Ce dernier, collaborant étroitement avec Iguerbouchène à Paris, témoigne d’un cercle d’influences et de transmissions mêlant tradition et innovation, musique populaire et musique savante, Kabylie et cosmopolitisme.

Cette rencontre symbolise la richesse d’une musique algérienne capable de fédérer des héritages divers dans un dialogue fécond. Leur double héritage illustre une musique vivante, plurielle, qui continue d’inspirer les générations contemporaines, à la croisée des chemins entre tradition et modernité.

La relation entre Mohamed Iguerbouchène et Slimane Azem est moins documentée, mais ils ont probablement échangé. Tous deux figures importantes de la musique algérienne en France, ils évoluaient dans des cercles culturels proches. Iguerbouchène, compositeur érudit, faisait le pont entre musique classique européenne et musiques populaires nord-africaines, tandis que Slimane Azem, chanteur kabyle engagé, fréquentait le milieu kabyle parisien. Plusieurs témoignages évoquent un cercle d’artistes proches où Iguerbouchène jouait un rôle de conseiller musical, et Azem était un interprète majeur. Cette interaction illustre la richesse des réseaux culturels nord-africains en exil.

Par ailleurs, Slimane Azem était proche de Mohamed el Kamel, avec qui il travaillait et dont il suivait les conseils. Mohamed el Kamel a collaboré étroitement avec Iguerbouchène, bénéficiant de son expertise musicale et de ses arrangements raffinés. Par ce biais, une relation indirecte mais significative unit Iguerbouchène et Azem, témoignant d’un réseau d’influences et de soutien mutuel entre artistes kabyles à Paris. Ce cercle de collaborations et d’amitiés a enrichi et diffusé la musique kabyle dans la diaspora, faisant d’Iguerbouchène un véritable mentor au sein de cette communauté musicale.

Iguerbouchène a entretenu une relation professionnelle et artistique étroite avec Mohamed el Kamel, chanteur, compositeur, musicien et dramaturge, actif dans la diaspora nord-africaine parisienne. Grâce à ses compétences en composition et arrangement, il accompagnait el Kamel, lui apportant un soutien musical précieux pour affiner son répertoire et enrichir ses interprétations. Leur collaboration illustre parfaitement le rôle d’Iguerbouchène comme pont entre musique savante et traditions populaires kabyles, participant à moderniser tout en respectant l’authenticité.

Mohamed Iguerbouchène et Allaoua Zerouki ont tous deux évolué dans le milieu musical algérien, partageant un fort attachement à la musique kabyle et à la valorisation des traditions nord-africaines. Allaoua Zerouki, chanteur kabyle reconnu, Iguerbouchène, compositeur et orchestrateur érudit, fut mentor et conseiller pour de nombreux artistes de la diaspora.

Bien que leur collaboration directe soit peu documentée, ils se sont probablement côtoyés, notamment à Paris, où la scène kabyle et maghrébine était dense et interconnectée. Leur relation s’inscrit dans ce réseau d’artistes cherchant à préserver, réinventer et promouvoir la musique kabyle à travers des arrangements sophistiqués et des influences classiques. Iguerbouchène, par son expertise en composition et orchestration, a sans doute contribué, même indirectement, à l’évolution artistique de Zerouki et d’autres chanteurs kabyles de son temps.

Cette proximité témoigne de la dynamique culturelle forte au sein de la diaspora algérienne, où musiciens partageaient savoir-faire, influences et expériences pour faire vivre un héritage musical en mutation.

Mohamed Iguerbouchène a aussi côtoyé Missoum Amraoui, chanteur et compositeur reconnu, avec qui il partageait des affinités artistiques profondes. Tous deux évoluaient dans le même cercle musical parisien, où la scène kabyle en exil cherchait à préserver et renouveler ses racines culturelles.

Iguerbouchène, compositeur et arrangeur expérimenté, apportait souvent son expertise pour enrichir les compositions d’Amraoui, contribuant à un répertoire mêlant tradition kabyle et influences modernes. Leur collaboration témoigne d’une volonté commune de valoriser la musique kabyle et la nécessité de se réinventer hors du pays natal.

Sa relation avec Cheikh El Hasnaoui, figure majeure de la chanson kabyle et du chaâbi algérien, est particulièrement riche et influente. Leur collaboration, principalement dans la diaspora nord-africaine parisienne, visait à préserver et renouveler leurs traditions musicales dans un nouvel environnement. Grâce à sa formation académique européenne et sa maîtrise de l’orchestration, Iguerbouchène devient un mentor et conseiller précieux pour El Hasnaoui. Ensemble, ils transforment le chaâbi, ancré dans la musique arabe et berbère, en y intégrant des éléments inédits qui lui donnent un souffle nouveau.

Avec Iguerbouchène, El Hasnaoui bénéficie d’arrangements sophistiqués mêlant la richesse modale nord-africaine à des rythmes venus d’autres horizons, notamment sud-américains. Cette fusion modernise le chaâbi et élargit son audience au-delà des communautés maghrébines, touchant un public plus cosmopolite à Paris. Leur collaboration symbolise une époque où la musique nord-africaine en exil s’ouvrait à la diversité des sonorités tout en restant enracinée dans son identité culturelle. Elle illustre aussi la solidarité entre musiciens algériens expatriés, s’entraidant face aux difficultés liées à l’exil et à la marginalisation culturelle.

Iguerbouchène joue un rôle fondamental en transmettant son savoir technique et artistique, apportant une dimension symphonique à des musiques souvent perçues comme populaires, et contribuant au succès et à la reconnaissance d’artistes comme El Hasnaoui. Leur partenariat est un exemple marquant de la conjugaison de tradition et innovation pour une musique vivante et durable.

Mohamed Iguerbouchène a également entretenu une relation artistique notable avec Farid Ali, l’un des grands noms de la chanson kabyle engagée. Leur collaboration est marquée par la composition de la célèbre chanson “A yemma sber ur ttru” (“Ô mère, sois patiente, ne pleure pas”), un hymne poignant dédié aux souffrances des mères pendant la guerre d’Algérie.

Sur un texte bouleversant de Farid Ali, Iguerbouchène a su poser une mélodie sobre et profonde, renforçant la portée émotionnelle du message. Cette œuvre, devenue emblématique dans le répertoire militant kabyle, témoigne de la sensibilité d’Iguerbouchène à la cause algérienne et de sa capacité à mettre son art au service d’un combat collectif. Ce partenariat avec Farid Ali illustre à nouveau la manière dont il a su mettre son savoir musical au service d’artistes porteurs d’une parole forte et authentique.

Mohamed Iguerbouchène demeure aujourd’hui une figure essentielle pour comprendre la richesse et la complexité de la musique algérienne moderne. Entre traditions ancestrales et influences européennes, son œuvre témoigne d’une créativité visionnaire et d’un dialogue interculturel remarquable.

Longtemps éclipsé par l’histoire et les enjeux politiques, son héritage renaît désormais, porté par la curiosité des chercheurs et la passion des musiciens.

Il incarne une musique du croisement, celle d’un artiste kabyle confronté aux défis de la modernité et de l’exil, mais fidèle à ses racines. Sa vie et son œuvre offrent une clé pour appréhender la diversité culturelle algérienne et la manière dont la musique peut devenir un vecteur d’identité, de mémoire et de renouvellement.

Brahim Saci

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Ali Ideflawen : les routes qu’on n’oublie pas

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Ali Ideflawen

Il est apparu sur scène comme un souffle venu du passé, discret et puissant à la fois, tel un retour attendu au pays des souvenirs. Marseille, sous le ciel capricieux, s’est tue pour accueillir la voix d’un homme porteur d’une histoire à la fois intime et collective. Ali Ait Ferhat, que tous appellent Ideflawen — l’étoile — semblait charger l’air de la mémoire des montagnes kabyles, de la douleur et de l’espoir mêlés.

Il a entamé Gget-iyi abrid — ouvre-moi la route — et aussitôt un silence sacré a enveloppé la salle. Chaque note semblait réveiller des fantômes bienveillants, chaque mot déployait une lumière ancienne dans l’obscurité. Ce chant n’était pas une simple mélodie, mais le fil ténu qui reliait l’exil aux racines, le passé au présent.

Au cœur du festival Tamazgha, cette chanson s’est élevée en hymne : un appel lancé aux chemins invisibles, aux combats jamais achevés, à l’âme indomptable d’un peuple qui marche toujours, envers et contre tout.

Puis, dans la pénombre, est venue Berwagiya, nom gravé dans la pierre de l’histoire, prison des hommes libres et des âmes rebelles. La voix d’Ali, loin du tumulte, s’est faite murmure, souffle d’une résistance fragile mais éternelle, faisant vibrer le silence d’un cri retenu.

Et soudain, comme une onde éclatant sous la glace, le public s’est levé dans un élan de fierté et de reconnaissance. Les lèvres se sont mises à reprendre les refrains par cœur, emportant avec elles les douleurs, les joies et l’espérance. Ce chant n’était plus celui d’un homme seul, mais d’une foule unie, d’une mémoire vivante qui refuse l’oubli.

Deux chansons, deux routes, deux battements d’un même cœur. Ce soir-là, à Tamazgha, la scène s’est muée en sanctuaire — un lieu où le temps suspend son vol, où les voix anciennes retrouvent leur éclat, où l’étoile Ideflawen continue d’illuminer les chemins du retour.

Djamal Guettala

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Donald’s King

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Trump

Non, ce n’est MacDonald’s ni Burger King, eux sont appréciés par le monde entier. Avec Donald Trump nous avions cru qu’on avait déjà atteint le sommet du burlesque et de la mégalomanie.

C’était sans compter sa persévérance de faire exploser les limites pour aller jusqu’aux confins de la démesure narcissique. Le défilé militaire organisé dans la capitale américaine a été une bouffonnerie à plusieurs millions de dollars. Le surintendant des finances du roi, Fouquet de Musk, avait été évincé, c’est un bien pour lui car il aurait suffoqué de voir l’affront fait à sa grosse tronçonneuse des dépenses de l’état.

C’est que le gros enfant milliardaire gâté n’accepterait jamais des jouets achetés chez Carrefour. Il ne veut pas de vulgaires soldats de plomb et des chars qui font du bruit et clignotent. Il veut une armée de vrais hommes et femmes qui paradent et le saluent.

Il veut être César face à la parade des légions triomphantes des batailles de l’empire. Il veut les fastes du couronnement de l’empereur Bokassa. Il veut la présence du dieu Arès, plus fougueux que l’autre dieu de la guerre, Mars, chevauchant sur le char d’Apollon. 

Personne ne refuserait au maitre du monde des jouets à la dimension de son anniversaire. Car l’inégalable Donald avait choisi le jour de son anniversaire pour sa marche triomphale. Que voulez-vous, les grands ne peuvent pas naître un autre jour que celui de la fête du National Flag Day, celui de la création du drapeau américain en 1777. Les grands ont toujours des naissances royales.

Cette gigantesque farce est un épisode supplémentaire dans un personnage qui est aujourd’hui nommé le Roi Trump. Les medias encore indépendants le caricaturent en George III. C’est ainsi que l’Amérique est revenu à sa période avant son indépendance. Deux siècles et demi de construction de la démocratie, voilà qu’un enfant à l’égo surdimensionné détruit tout pour réintroduire le dernier souverain d’une Amérique encore sous le joug de la couronne anglaise.

Pendant cette fête hors du temps, l’Amérique est fracturée entre deux pays qui se regardent,  se menacent et qui n’ont plus rien de commun, celui des deux rives et celui du ventre central. Le roi est agacé par quelques manants qui font du bruit , il envoie ses troupes pour faire cesser la fronde qui a l’insolence de perturber la fête de son anniversaire.

Cette confrontation des deux Amériques était prévisible bien avant Trump mais il a su lui donner une réalité en accentuant la division portée jusqu’à l’explosion. L’Amérique est malade, le monde tousse comme dit le dicton. Car nous sommes tous condamnés à attendre tous les matins ce que décidera l’enfant turbulent, comme la présence de la cour au réveil du roi soleil Louis XIV.

Les jouets des enfants gâtés sont rapidement fracassés et ils entrent dans une frénésie de renouvellement constant. Voilà ce qu’est devenue l’Amérique qui n’a plus rien à offrir au monde que le spectacle pathétique et dangereux d’un enfant démoniaque dans son délire de puissance.

Mais les peuples asservis finissent toujours par dire aux enfants perturbants, deux claques et au lit !

Boumediene Sid Lakhdar

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