Un vol de la compagnie israélienne El Al a été le théâtre d’un incident inhabituel le 11 août 2025 à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle à Paris. Selon les pilotes, un contrôleur aérien français a adressé via la radio le message « Free Palestine » à l’équipage.
El Al a qualifié ce comportement de « non professionnel et inapproprié » et a indiqué avoir signalé l’affaire aux autorités françaises et israéliennes. Le ministre français des Transports, Philippe Tabarot, a confirmé que le contrôleur, rattaché au Centre en route de la navigation aérienne (CRNA) Nord, a été suspendu et privé de toute possibilité d’exercer jusqu’à nouvel ordre.
Cet épisode survient dans un contexte de tensions croissantes en France liées au conflit israélo-palestinien, avec plusieurs actes antisémites recensés, notamment des graffitis sur les bureaux d’El Al à Paris. La compagnie a annoncé qu’elle ne maintiendrait plus de personnel permanent dans la capitale française et transférerait ses services à d’autres transporteurs opérant sur place.
L’incident illustre la montée des tensions et des manifestations pro-palestiniennes en Europe depuis le début du conflit à Gaza, et met en lumière la vigilance accrue des compagnies aériennes face à des comportements jugés inappropriés dans l’espace aérien.
Le tribunal d’Aïn Fakroun, dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, a rendu son verdict, ce jeudi 14 août, dans l’affaire de l’agression commise en plein jour contre un citoyen au centre-ville. Un verdict bien lourd qui se veut un peu trop exemplaire.
Les deux principaux accusés ont été condamnés à une peine de 15 ans de réclusion criminelle, assortie d’une amende d’un million de dinars algériens chacun, après que leur implication dans les faits a été formellement établie.
Quant au troisième prévenu, mineur au moment des faits, il sera traduit devant le tribunal pour mineurs dès la clôture complète de l’instruction.
Les faits qui ont été documentés par une vidéo largement diffusés sur les réseaux sociaux ont suscité colère et reprobation parmi les internautes et dans la rue locale. Les images ont montré l’attaque de la victime par trois individus armés d’armes blanches, lui causant de graves blessures avant de prendre la fuite. Les accusés sont poursuivis pour coups et blessures volontaires avec arme blanche, constitution d’une association de malfaiteurs et mise en danger de la vie d’autrui.
Dans un communiqué rendu public avant-hier, le tribunal d’Aïn Fakroun a précisé que l’affaire concerne une agression suivie de vol dont a été victime un homme nommé Moussa Diafri, et dont la vidéo a circulé sur les réseaux sociaux le 11 août 2025.
L’enquête ouverte par la police judiciaire a permis d’identifier et d’arrêter les trois suspects : Ch.Kh (19 ans), S.A (18 ans) et G.A (17 ans). Présentés devant le procureur de la République, ils ont été inculpés pour vol avec violences et en réunion, conformément à l’article 353 du code pénal.
Le tribunal a ordonné le placement en détention provisoire des deux majeurs, tandis que le mineur a été placé en détention provisoire sur décision du juge des mineurs, dans l’attente de son jugement selon la procédure spécifique applicable aux mineurs.
Hier, c’était l’anniversaire de la disparition de l’écrivain algérien Tahar Ouettar. Un ami m’a raconté qu’il s’était rendu, avec quelques proches, au cimetière d’El-Alia pour se recueillir sur sa tombe.
À l’entrée, le gardien lui indique aussitôt : « Carré des martyrs ». Mais mon ami et ses compagnons préfèrent vérifier au bureau de l’administration. L’accueil est cordial, les archives impeccablement tenues : dossiers classés par année, carte du cimetière, application recensant les défunts…
La responsable fouille dans les fichiers, consulte les archives, mais rien. Mon ami lui demande alors la liste des défunts du 13 août 2010. Nouvelle piste, nouvelle déception : toujours aucune trace.
Sur le point d’abandonner, ils font un dernier essai et retournent au carré des martyrs. Et là, enfin, ils trouvent la tombe de Tahar Ouettar.
En repartant, le gardien est toujours là, sourire narquois aux lèvres :
— Je vous l’avais bien dit, carré des martyrs… mais vous, vous suivez la technologie.
Mon ami lui répond, amusé :
— Excusez-moi… j’avais oublié que c’est vous le maître du cimetière.
Moralité : la fonction efface le grade, mais pas toujours l’instinct.
Tahar Ouettar, né à Sedrata, fut l’un des piliers de la littérature algérienne d’expression arabe. Romancier, nouvelliste et dramaturge, il a signé des œuvres marquantes comme Dukhan fi Qalbi (Fumée dans mon cœur), Al Zilzal (Le Tremblement de terre) ou Tajriba fi Al ouchq (Une expérience d’amour). Certaines de ses histoires, à l’image de Les martyrs reviennent cette semaine, ont été adaptées au théâtre ou au cinéma, et couronnées de prix prestigieux, du Festival de Carthage à la télévision algérienne.
Traduit dans plus d’une dizaine de langues — du français au vietnamien —, étudié dans les universités du monde entier, il a porté haut une littérature enracinée dans l’âme algérienne et ouverte aux influences universelles, revendiquant dans ses propos l’héritage à la fois de Pablo Neruda et des poètes arabes comme Al Mutannabi ou Al Chanfara.
Voyageur infatigable, défenseur de la langue arabe et de l’identité culturelle, il répétait : « Je suis un oriental. J’ai mes propres rites, et la foi des croyants doit être respectée. » Quinze ans après sa mort, ses mots et ses personnages continuent d’habiter notre mémoire, comme un souffle qui refuse de s’éteindre.
Au nom des résidents et résidentes tunisiennes et tunisiens à l’étranger, un collectif citoyen appelle à se rassembler ce samedi 16 août, à partir de 15 h, sur l’esplanade Habib-Bourguiba, dans le 7ᵉ arrondissement de Paris.
Cette initiative, totalement indépendante de tout parti politique, vise à porter un message clair : dénoncer les atteintes aux droits des femmes, réclamer leur liberté partout où elles sont opprimées et défendre les droits humains pour toutes et tous.
« Ni la chaleur, ni les vacances, ni la fatigue ne doivent justifier le silence », affirment les organisateurs, qui rappellent que la lutte pour l’égalité et la dignité dépasse les frontières et engage chacun et chacune à se mobiliser.
Les participants sont invités à venir exprimer leur colère, soutenir les femmes privées de leurs droits et rappeler que la justice et l’égalité concernent l’ensemble de la société. C’est une occasion de se réunir, d’échanger, et de montrer que la société civile, même loin de son pays, peut agir pour la liberté et la justice.
Le rassemblement se veut unitaire et pacifique, ouvert à toutes et tous, sans calcul politique. Les résidents et résidentes tunisiennes et tunisiens à l’étranger se donnent rendez-vous pour affirmer leur solidarité et rappeler que chaque voix compte dans la lutte pour les droits des femmes.
Mahieddine Khelifa, ancien avocat au barreau d’Alger et passionné de recherches historiques, fait partie de cette rare catégorie d’auteurs capables de s’affranchir des cadres académiques classiques pour proposer une vision originale, parfois dérangeante, de l’histoire. Avec L’épopée berbère – Des hommes préhistoriques aux bâtisseurs des pyramides, publié en 2023 aux éditions Arabesques à Tunis, il signe un ouvrage qui se lit autant comme une enquête minutieuse que comme une fresque ambitieuse.
Le but de Mahieddine Khelifa : replacer les peuples amazighs au centre du récit historique méditerranéen et africain. Une entreprise audacieuse, puisqu’elle retrace un fil continu partant de la préhistoire maghrébine, traversant les bouleversements climatiques du Paléolithique final et du Néolithique, pour aboutir aux fondations mêmes de l’Égypte antique.
Ce livre est d’autant plus remarquable qu’il est préfacé par Ginette Aumassip, éminente spécialiste de l’Égypte ancienne et ancienne directrice de recherche au CNRS. La préface de cette figure reconnue des études berbères apporte un soutien intellectuel majeur à la thèse de Khelifa, soulignant la pertinence et l’audace de sa démarche. L’appui d’une experte de cette envergure confère à l’ouvrage une crédibilité renforcée et témoigne de la qualité scientifique du propos, en particulier dans la relecture des liens entre les civilisations amazighes et égyptiennes.
Pour construire son propos, Khelifa s’appuie sur un vaste corpus d’indices : traces archéologiques, reconstitutions des migrations humaines, études climatiques, et surtout un travail patient sur la toponymie et la linguistique comparée. À ses yeux, l’histoire de l’Afrique du Nord ne commence pas avec Carthage, Rome ou l’islamisation du Maghreb, mais plonge bien plus profondément dans un passé antérieur aux grandes civilisations écrites. À cette époque lointaine, les chasseurs-cueilleurs de Tamazgha centrale vivaient au rythme des cycles de l’eau et des ressources naturelles. La fin du Paléolithique, marquée par une aridification progressive et la réduction des zones habitables, aurait poussé ces populations à migrer vers l’est, le long du futur couloir saharien menant à la vallée du Nil.
C’est précisément dans ce contexte que Khelifa avance une thèse qui bouscule l’historiographie dominante : les premiers bâtisseurs de l’Égypte antique porteraient en eux une part significative d’héritage culturel et linguistique amazigh. Contrairement à la vision classique, qui place le rapprochement entre Imazighens et Égyptiens autour du Xe siècle av. J.-C. avec la dynastie libyenne de Sheshnaq, l’auteur situe cette connexion dès 13 000 ans avant notre ère.
En somme, les racines berbères de l’Égypte ne seraient pas une branche tardive, mais un élément constitutif, présent dès les premières structures sociales et religieuses.
Pour étayer ses affirmations, Khelifa déploie une méthode d’analyse des noms anciens qui surprend par sa cohérence interne. Des toponymes tels que Misra, Amen’as, Siwa, Assouan ou Thinis se voient reliés à des racines amazighes, ouvrant ainsi une relecture linguistique qui révèle des correspondances longtemps négligées. Ce travail ne relève en rien d’un simple jeu étymologique : il s’inscrit dans une démarche globale visant à démontrer la continuité d’une matrice culturelle amazighe, présente non seulement dans l’espace nord-africain, mais aussi dans l’imaginaire et les institutions de la vallée du Nil.
L’ouvrage ne fuit pas la confrontation avec les paradigmes établis. Il propose des interprétations qui, si elles ne font pas l’unanimité, obligent pourtant le lecteur à reconsidérer la manière dont l’histoire est écrite. Dans la presse algérienne, L’épopée berbère a été salué comme un essai « renversant », capable de faire vaciller certaines certitudes solidement ancrées dans les manuels scolaires et la vulgarisation historique. À l’étranger, notamment aux États-Unis, le livre a suscité l’intérêt d’un lectorat curieux, intrigué par cette proposition qui replace le Maghreb préhistorique au cœur des grands mouvements fondateurs des civilisations.
Ce qui frappe au-delà des thèses avancées, c’est la posture intellectuelle de Khelifa. Sans appartenir à une institution universitaire, il revendique une liberté de ton et une capacité à croiser les disciplines que les cadres académiques cloisonnent souvent. Son texte, nourri de sources variées, se situe à la croisée de l’essai scientifique, du récit historique et de la méditation sur la mémoire des peuples. Il ne s’agit pas seulement de replacer les Amazighs dans le passé, mais surtout de questionner les filtres à travers lesquels ce passé nous est transmis : choix des dates repères, hiérarchie des influences culturelles, et place accordée aux traditions orales.
Au final, L’épopée berbère n’est pas une conclusion figée, mais une invitation à un voyage dans le temps long. Que l’on adhère ou non à toutes ses démonstrations, l’ouvrage a le mérite d’ouvrir des portes : celles d’une histoire qui ne se contente pas de raconter la succession des empires, mais qui interroge les continuités profondes, parfois invisibles, entre les peuples et les territoires.
Dans cette perspective, Mahieddine Khelifa apporte un regard neuf et un souffle narratif qui dépassent largement le simple exercice d’érudition. Son propos n’est pas seulement une question de dates déplacées ou de correspondances linguistiques mises en lumière, mais une véritable réhabilitation historique qui restitue aux Amazighs leur rôle d’acteurs majeurs dans l’épopée humaine. Là où beaucoup de récits traditionnels cantonnent l’histoire berbère à une zone périphérique, à un rôle secondaire ou tardif, Khelifa Mahieddine dessine une fresque où ces populations occupent le centre de la scène, traversant les millénaires avec une continuité culturelle remarquable.
Il rappelle que ces hommes et femmes préhistoriques du Maghreb, bien avant l’écriture des annales pharaoniques, avaient déjà parcouru d’immenses distances, franchi les étendues arides du Sahara, et porté avec eux savoirs, mythes et langues. Ces migrations, souvent stimulées par les bouleversements climatiques, ne furent pas de simples déplacements de survie, mais des vecteurs d’échanges, de métissages et de transmissions qui ont profondément marqué les civilisations naissantes.
Arrivés sur les rives fertiles du Nil, ces groupes amazighs n’étaient pas de simples visiteurs ou mercenaires, mais des contributeurs essentiels à la structuration sociale, religieuse et politique de l’Égypte antique. Khelifa voit dans leurs apports linguistiques, certaines pratiques agricoles et des éléments de l’organisation communautaire, les traces d’une influence ancienne, diffuse mais décisive. En proposant cette lecture, il recompose un puzzle où l’Afrique du Nord et la vallée du Nil ne sont plus séparées par des frontières culturelles, mais unies par des passerelles humaines tissées dans la profondeur des âges.
Ce regard transforme profondément la perception même de l’histoire.
Les Amazighs ne sont plus un peuple en marge de la grande aventure humaine, mais l’un de ses fils conducteurs, un trait d’union entre les mondes sahariens, méditerranéens et nilotiques.
Dans cette vision, l’épopée berbère cesse d’être une simple anecdote régionale pour devenir une composante majeure d’un récit global, celui de la formation des premières sociétés complexes et de leur rayonnement.
En redonnant à cette histoire sa densité et sa continuité, Khelifa Mahieddine invite à envisager la Méditerranée et l’Afrique non comme des mosaïques cloisonnées, mais comme un espace vivant, traversé depuis toujours par des circulations et des convergences créatrices.
Dans cet entretien, Mahieddine Khelifa nous livre un éclairage inédit sur les racines profondes des peuples amazighs et leur rôle fondamental dans l’histoire ancienne de l’Afrique du Nord et de la vallée du Nil.
Avec passion et rigueur, il partage les découvertes qui ont nourri son ouvrage L’épopée berbère, tout en évoquant les enjeux contemporains liés à l’identité, à la mémoire collective et à la construction des sociétés nord-africaines. Au fil de la conversation, il nous invite à dépasser les cadres traditionnels pour envisager une histoire plus ouverte, inclusive et porteuse d’espoir, capable de réconcilier passé et présent dans un dialogue fécond.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes avocat de formation. Qu’est-ce qui vous a conduit à vous intéresser à l’histoire ancienne et à entreprendre des recherches aussi approfondies sur les origines amazighes ?
Mahieddine Khelifa : Pour ma part, je reste convaincu qu’un avocat doit avoir une culture générale, au sens large du terme, pour mieux appréhender les problèmes auxquels sont confrontés les gens dans la société. Il sera ainsi mieux armé pour les défendre. J’étais et suis toujours un passionné d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, mais le déclic dans mes recherches sur les origines amazigh de l’Afrique du Nord a été l’ouvrage d’Arthur Pellegrin intitulé : « Etymologie des noms de lieux d’Algérie et de Tunisie ». Cette étude a été en même temps sa thèse de doctorat soutenue à Tunis en 1949. Ce déclic a été complété par la lecture des écrits de Jean François Champollion qui a eu l’intuition et l’intelligence de comprendre que le mot « Mice » avait un rapport avec la filiation. Mais ne connaissant pas le berbère, il n’a pas fait le lien avec cette langue
Le Matin d’Algérie : Dans L’épopée berbère – Des hommes préhistoriques aux bâtisseurs des pyramides, vous avancez que les liens entre les Amazighs et l’Égypte antique remontent à près de 13 000 ans avant notre ère. Quel événement ou quelle découverte a été le point de départ de cette hypothèse ?
Mahieddine Khelifa : Mes recherches m’ont amené à connaître la découverte de 61 squelettes à la frontière égypto-soudanaise au lieu-dit Djebel Sahaba par une équipe américano-finlandaise. Ces fossiles ont été datés de 13 400 ans avant notre ère et se trouvent actuellement au British Muséum. Ce sont les témoins de nombreuses luttes violentes pour l’appropriation de la ressource en eaux. La majeure partie des chercheurs soutient que la population de l’Egypte antique est venue d’Orient.
J’ai considéré, pour ma part, que ce sont les tribus de chasseurs cueilleurs amazigh qui ont quitté le Maghreb et Sahara centrales (principalement l’Algérie) pour migrer vers la grande rivière située à l’Est suite aux graves crises climatiques survenues à la fin du paléolithique entre 25 000 et 10 000 ans avant notre ère.
Le fait que la quasi-totalité des noms de lieux et de personnages de l’Egypte antique sont des noms à consonance et signification amazighes nous permet de déduire que c’est l’élément amazigh qui a pris le dessus vis-à-vis des tribus sub-sahariennes. Ce qui va à l’encontre de la théorie de Cheikh Anta Diop.
Le Matin d’Algérie : Votre recherche accorde une importance majeure à la toponymie et à la linguistique. Sur quels critères avez-vous choisi les noms anciens que vous analysez, et comment en avez-vous tiré des arguments pour étayer votre thèse ?
Mahieddine Khelifa : Avant la linguistique et la toponymie il y a la géographie. Aucune frontière naturelle ne sépare les régions allant de l’Atlantique à la mer Rouge. Cet élément n’a pas été pris en considération par les égyptologues et orientalistes qui ont érigé une frontière imaginaire, pour ne pas dire dogmatique, entre l’Egypte antique et le reste de l’Afrique du Nord. L’étude réalisée par Arthur Pellegrin constitue une mine d’or dans la mesure où l’enquête de cet auteur a été effectuée auprès des anciens (Imgharen) des villages pour connaitre l’étymologie des noms de lieux d’Algérie et de Tunisie.
Dans cette étude minutieuse, on trouve la signification de Djer, Djer-Djer (Djurdjura) grand géant, Amjer (comme un géant) dans le Tassili, Il, Ilel cours d’eau, Nil, que j’ai décomposé en N’il, diminutif de Nath-il , ceux de la rivière ; Ténès ou Tunis, campement bivouac en berbère ancien, qui a donné Thinis, Tanis dans l’Egypte antique.
Mon intérêt pour l’histoire de l’Egypte antique m’a permis de faire les rapprochements et les liens entre Mn-Fr (Amen Effer à l’abri des eaux) déformée par les Grecs en Memphis, avec Frenda, Ifri, Ifran, Tafraoui (qui font tous référence à l’abri, la grotte ; et Mezghouna avec Amazigh, Mezghena et Mizrana, etc…
Le Matin d’Algérie : Vous remettez en cause la chronologie classique qui situe les contacts majeurs entre Amazighs et Égyptiens à l’époque de Sheshnaq. Quelles résistances avez-vous rencontrées face à cette réinterprétation ?
Mahieddine Khelifa : Ce sont les populations de chasseurs cueilleurs amazigh qui ont été à la base du peuplement de l’Egypte antique et les noms de lieux et de personnages sont là pour accréditer cette thèse. A commencer par le mot Amen (les eaux) et Anekhi (je suis ou c’est moi) qui a donné le nom d’Anekhi Adon déformé par les Grecs en Akhenaton.
Dans la religion hébraïque Anekhi est le mot des mots car c’est par ce terme que Dieu s’est adressé à Moïse en lui disant « Anekhi yahvé Aléhoka » (Je suis Yahvé ton Dieu) c’est tiré de la Thora, je n’invente rien !
Donc réduire le lien entre les Amazigh et la civilisation de l’Egypte antique à Sheshnaq alors qu’ils sont à l’origine de l’une des plus grandes civilisations de l’histoire de l’humanité, c’est faire une injure à l’endroit du peuple Amazigh et de son histoire plurimillénaire.
C’est la raison pour laquelle je fais démarrer le calendrier amazigh à la fondation de la première dynastie pharaonique en 3150 av. J.-C. Nous sommes donc en 5175 de l’an Amazigh !
Pour le moment je n’ai pas rencontré de résistance mais plutôt des encouragements de la part du Professeur Mounir Bouchenaki, ancien Directeur Général Adjoint de l’UNESCO, du Professeur Nadjib Ferhat, Docteur en préhistoire et de nombreux internautes au travers leurs commentaires à l’occasion des vidéos que j’ai réalisées sur la question.
Le Matin d’Algérie : L’archéologie et l’histoire officielle se basent souvent sur des sources écrites. Comment convaincre que la mémoire orale et les indices linguistiques peuvent être aussi fiables ?
Mahieddine Khelifa : J’ai indiqué les sources écrites que sont Pellegrin, Champollion déchiffreur des hiéroglyphes, qui a relevé que cette écriture sacrée n’avait pas de voyelles. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je considère que les égyptologues ont fait une grossière erreur en déformant Amen (les eaux) par Amon alors que toute la vie de cette civilisation était basée sur l’eau. Le nom d’une quarantaine de pharaons, toutes dynasties confondues avait pour préfixe ou suffixe le mot Amen. En outre, Moïse, lors de la traversée du Sinaï demandait à ses fidèles de ponctuer ses prières par le mot Amen qui signifie « les eaux » et non « ainsi soit-il »
Le Matin d’Algérie : Votre livre a suscité un écho jusqu’aux États-Unis. Selon vous, qu’est-ce qui explique cet intérêt international pour l’histoire amazighe ?
Mahieddine Khelifa : Pas qu’aux Etats Unis. Au Canada aussi où vit une importante communauté amazighe. Pour les Etats Unis, c’est l’étymologie du mot Memphis qui a dû susciter un intérêt pour « L’épopée Berbère ». Il existe aux USA six villes qui s’appellent Memphis. Comme je l’ai mentionné tout à l’heure, Memphis est la déformation grecque de Mn-Fr, autrement dit Amen Effer, caché ou protégé des eaux.
C’est le premier Pharaon « mn-s » Amenas, ses eaux à lui, que nous retrouvons à l’origine dans le Sahara algérien au lieu-dit In Amenas qui a ordonné que soit édifiée une cité à l’abri des eaux du N’il. Cette explication se tient d’autant qu’elle a été racontée par le grand prêtre historien des dynasties pharaoniques Manéthon (Amen Adon). C’est ainsi qu’une radio de la ville de Memphis Tennessee a eu la géniale idée de donner à ses auditeurs un aperçu de mon ouvrage « L’épopée berbère »
Le Matin d’Algérie : En quoi la préface de Ginette Aumassip renforce-t-elle la crédibilité de votre ouvrage ?
Mahieddine Khelifa : Pour les spécialistes en histoire du Sahara préhistorique et de l’Afrique, Madame Ginette Aumassip, n’est pas à présenter. Ex-directrice de Recherches au CNRS (Paris) et Professeur émérite des universités, son parcours et son intérêt pour la préhistoire du Sahara a permis la publication de dizaines d’articles dans des revues spécialisées ainsi que d’ouvrages sur le sujet. Voici l’un des mails qu’elle m’a envoyés :
« Super ce texte. Il est des morts qui vont festoyer, je pense à Leclant et Huard les premiers à faire intervenir l’Afrique à la grande joie de Diop. Vous enfoncez le clou de manière définitive et redonnez leur place « aux Berbères »
Bonne journée.
Très cordialement
G.A.
Elle m’a appris que l’ouvrage qu’avaient rédigé Leclant et Huard avait été écarté par des grandes maisons d’éditions car ces chercheurs avaient fait un lien entre le Sahara et l’Egypte antique et cela n’avait pas plu à la “secte” des égyptologues.
Ces deux chercheurs se sont donc adressés à Mouloud Mammeri qui a publié leur ouvrage en deux volumes au CRAPE. C’est un scoop que je donne à votre journal…
Le Matin d’Algérie : Si vous deviez résumer en une phrase l’apport des Amazighs à la civilisation humaine, quelle serait-elle ?
Mahieddine Khelifa : La toponymie des noms de lieux et de personnages de l’Egypte antique nous permet de déduire que les tribus de chasseurs cueilleurs Amazigh sont à la base du peuplement de la vallée du N’il et, par conséquent, de l’une des plus grandes civilisations de l’histoire de l’humanité.
Le Matin d’Algérie : Pensez-vous que la connaissance approfondie de l’histoire, notamment celle des peuples amazighs, puisse contribuer à l’évolution des sociétés nord-africaines, particulièrement dans des contextes où la liberté d’opinion est souvent limitée ?
Mahieddine Khelifa : L’étude approfondie de l’histoire, et plus spécifiquement celle des peuples amazighs, est un levier puissant pour le développement des sociétés nord-africaines. La connaissance de l’histoire des peuples amazighs permet aux citoyens de ces pays de s’approprier un passé riche et souvent occulté. Plutôt que de se voir imposer un récit unique, ils peuvent découvrir une histoire plurielle, faite de résistance, d’organisation sociale complexe, de productions artistiques et de traditions.
Cette réappropriation du passé est un acte d’émancipation. Elle permet de construire une identité solide et encourage le développement d’un esprit critique.
L’histoire amazighe révèle la grande diversité des cultures en Afrique du Nord. En apprenant cette histoire, les citoyens peuvent voir comment ces identités coexistent depuis des millénaires. Cela peut contribuer à promouvoir la tolérance et le respect mutuel, en brisant les stéréotypes et en démontrant que la diversité n’est pas une faiblesse, mais une force.
Comprendre que leur société a toujours été un carrefour de cultures peut aider à rapprocher les peuples de la région de l’Atlantique à la mer Rouge.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Mahieddine Khelifa : Je viens de terminer la deuxième édition enrichie de plusieurs chapitres de « L’épopée berbère », de même que j’ai finis un nouvel ouvrage intitulé « Le fou du village, Cheikh M’hand Ou Avva »
Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?
Mahieddine Khelifa : Merci au Matin d’Algérie pour cette initiative qui contribue, par cette interview, à une meilleure connaissance de l’histoire de notre pays qui plonge ses racines dans des profondeurs insoupçonnées
Le 12 août 2009, la musique chaoui perdait l’une de ses voix les plus emblématiques : Ali Nasri, alias Katchou, disparu tragiquement dans un accident de la circulation à Aïn Touta, près de Batna, à seulement 46 ans. Né à Condorsi, il avait grandi au cœur des Aurès, là où ses racines culturelles nourrissaient une musique à la fois intime et universelle.
Dans les années 1980, il fait vibrer le public avec Agoujil (L’Orphelin) au sein de la troupe Thaziri, avant de lancer ses succès solo Babor Irouh et Nouara. Ses albums en chaoui — Ammine A Nouara, Hadda Lala, Mettoussa, Ahna Chaouia — témoignent d’un artiste profondément attaché à son identité, capable d’éveiller émotion et fierté dans chaque foyer algérien.
Dans une décennie difficile pour le pays, les années 1990, Katchou égaya les cœurs aux côtés de grands artistes comme Kamel Messaoudi et Cheb Hasni, portant haut la voix de l’Aurès sur les scènes nationales et internationales. Il était sur les pas du légendaire Aïssa Djermouni qui avait fait vibrer la scène de L’Olympia avant bien des chanteurs d’Afrique du Nord.
Son nom, dérivé du mot « caché », révèle la profondeur et la sensibilité de son univers artistique. Passionné par son territoire, il initia un projet de tourisme environnemental avec le parc national de Belezma, alliant musique et patrimoine naturel.
Aujourd’hui, seize ans après sa disparition, Katchou continue de résonner dans nos cœurs, un passeur de mémoire, une voix chaoui intemporelle qui inspire toujours admiration et émotion.
La courageuse Me Aoudia cible de propos racistes et sexistes.
Depuis près d’une semaine, l’avocate au barreau de Nîmes, Khadija Aoudia, subit une vague inédite de racisme et de sexisme sur les réseaux sociaux. Ce qui l’a déclenchée : une plainte à l’encontre de Bruno Retailleau, déposée par des associations que l’avocate représente. Elles attaquent le ministre de l’Intérieur pour « discrimination » et « provocation à la haine » visant la communauté maghrébine.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires racistes pleuvent, d’une rare violence. « Dehors la blédarde », « qu’elle aille en Algérie faire son métier », « qu’elle mette son sac-poubelle sur le crâne puis hop dans le premier avion direction Alger ».
Leur cible est Khadija Aoudia, avocate et ancienne bâtonnière au barreau de Nîmes. L’avocate subit depuis le 8 août 2025 un déferlement inédit de haine en ligne.
Plainte contre le ministre de l’Intérieur
Tout a commencé quand trois associations de défense des droits de l’Homme, représentées légalement par Khadija Aoudia, ont décidé de déposer plainte contre le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau devant la Cour de Justice de la République (CJR), vendredi 8 août. Ces associations accusent le ministre de « provocation à la haine » et de « discrimination », en référence à différents propos qu’il a tenus ces derniers mois dans les médias à l’encontre de la communauté musulmane.
Les propos sont cités dans la plainte, que France 3 Occitanie a pu consulter. « L’immigration n’est pas une chance pour la France », affirmait par exemple le ministre en septembre 2024 sur LCI. « Le voile est un signe d’apartheid », commentait-il en février 2025 sur la même chaîne. « À bas le voile », lançait-il encore en mars 2025 lors de son discours au Dôme de Paris.
Pour les associations plaignantes, ces déclarations sont la preuve que Bruno Retailleau « développe une rhétorique récurrente, tendant à désigner comme menaçantes ou incompatibles avec les valeurs de la République les personnes de confession musulmane et, plus largement encore, les ressortissants algériens ou les personnes perçues comme telles », peut-on lire dans la plainte.
« Les propos du ministre sont transgressifs, ils sont en violation de la Constitution, alors même qu’il en est le gardien. Cela a des conséquences extrêmement graves sur la société », Khadija Aoudia
Pour se préserver, les plaignants sont restés anonymes, à l’exception de la Ligue de défense des valeurs républicaines et de son président Michaël Bastien. Mais leur avocate, Maître Khadija Aoudia, a accepté de communiquer en son nom sur le sujet.
Propos racistes et sexistes
Depuis, l’avocate franco-algérienne est victime, que ce soit en public ou en privé, d’insultes islamophobes qui se confondent parfois en propos sexistes.
Elle est qualifiée de « ma belle » ou de « la p’tite dame algéro-française » par certains. D’autres internautes, dont on ne sait pas s’il s’agit de véritables personnes ou de « bots », l’insultent de « pute Algérienne », ou de « suceuse de babouches ». Les messages vont jusqu’à la « provocation au viol », relate l’avocate.
Le niveau de haine atteint des proportions inédites, confie-t-elle.
« À chaque fois que je me suis engagée, j’ai toujours subi des vagues de haine. Mais jamais de menaces. Il a fallu attendre cinquante ans pour y être confrontée de cette manière-là », affirme Khadija Aoudia
Alertés, différents membres de la profession ont pris spontanément la défense de l’avocate. La section nîmoise du Syndicat des Avocats de France (SAF), la Conférence Régionale des Bâtonniers du Grand Sud-Est et de la Corse (COBSECO) ou encore l’Ordre du Barreau d’Alès ont tous exprimé leur soutien dans des communiqués respectifs.
Des messages « symptomatiques de la réalité »
Michaël Bastien, président de la Ligue de défense des valeurs républicaines, fait partie des plaignants.
Selon lui, les messages de haine visant l’avocate « sont symptomatiques de la réalité ». Ils refléteraient un « climat délétère » de racisme et d’islamophobie en France, justement nourri par des personnalités comme Bruno Retailleau.
« Quand vous avez la peau noire ou que vous êtes arabe, on vous déteste, on vous dévisage partout, tout le temps et plusieurs fois par jour. Vous finissez par croire ce que le regard des autres vous renvoie, surtout quand un ministre vous explique que vous n’êtes qu’un barbare ».Michaël Bastien
Pour Khadija Aoudia, le caractère raciste et sexiste des insultes est en effet indiscutable. « J’ai le sentiment de cristalliser les haines, reconnaît-elle, en tant que femme et en raison du prénom que je porte. »
Pour autant, l’avocate ne souhaite pas porter plainte contre ses détracteurs. « Je suis indulgente envers la société civile », explique-t-elle, estimant que « les concitoyens sont aveuglés par les discours qui viennent des plus hautes sphères de l’État ».
Pour Michaël Bastien, pas non plus question de s’arrêter à ces critiques individuelles. « Il ne faut pas le prendre pour soi. On défend quelque chose de plus grand que soi : l’égalité, la liberté et la fraternité. »
Demande de démission
Le président d’association veut même aller plus loin. Jugeant que le ministre de l’Intérieur « n’est à la hauteur ni de son portefeuille ni de nos valeurs républicaines », et à la lumière de la plainte déposée, la Ligue de défense des valeurs républicaines a adressé un courrier auPremier ministre François Bayrou en date du 12 août 2025 pour demander la « démission immédiate de Bruno Retailleau ».
En attendant, la plainte déposée auprès de la Cour de Justice de la République a peu de chances d’aboutir. Mais l’avocate nîmoise est prête à aller jusque devant la Cour européenne des droits de l’Homme, si besoin.
« Ça ne sera pas dirigé contre Monsieur Retailleau, mais contre l’État qui ne met pas tout en œuvre pour rendre effectif l’accès à un procès », précise-t-elle au micro de Pauline Pidoux pour France 3 Occitanie.
La plainte est également suivie de près par un observateur de l’ONU, qui était présent lors de la conférence organisée par l’avocate, vendredi 8 août.
Contacté, le cabinet du ministre de l’Intérieur n’a à ce jour pas donné suite à nos sollicitations.
Un adolescent tunisien de 17 ans est mort cette semaine dans la prison pour mineurs de Trévise, en Italie, quelques jours seulement après son arrestation à Vicence.
Selon les autorités italiennes, le jeune aurait tenté de se suicider par pendaison dans sa cellule dans la nuit de dimanche à lundi. Bien que réanimé par le personnel et un médecin, il est décédé moins de 48 heures après son hospitalisation en soins intensifs.
Majdi Karbai, militant des droits humains et ancien député représentant les Tunisiens en Italie, dénonce le silence total des autorités tunisiennes. Avec ce décès, le nombre de Tunisiens morts dans les prisons italiennes depuis le début de 2025 atteint désormais neuf. Aucun communiqué officiel, aucune enquête diplomatique ni initiative pour protéger les jeunes migrants n’a été annoncée par l’État tunisien. L’autocrate Kaïs Saied ne va quand même pas fâcher la post-fasciste Meloni qui le roule dans la farine comme d’ailleurs son compère Abdelmadjid Tebboune !
Le militant met en lumière des conditions de détention inquiétantes : surpopulation, négligence et pression psychologique extrême, qui contribuent à des drames tragiques parmi les jeunes détenus. Ces situations poussent parfois les adolescents au suicide, faute de suivi et de protection adéquats.
Des organisations tunisiennes de la société civile alertent régulièrement sur les violences et mauvais traitements subis par les migrants tunisiens en Italie, ainsi que sur des décès suspects dans les centres de rétention. Parmi les incidents les plus graves, des cas de torture de mineurs, dont des Tunisiens, ont été signalés dans certaines prisons italiennes.
Ce nouvel épisode tragique souligne l’urgence d’une implication réelle de l’État tunisien pour garantir la sécurité et la protection des jeunes Tunisiens à l’étranger, tout en appelant la communauté internationale à surveiller de près ces situations.
Image d'illustration. Par Steve Buissinne de Pixabay
L’annonce, en mai 2023, par Abdelmadjid Tebboune, de l’intégration des médias électroniques au dispositif officiel de publication des annonces de marchés publics a été présentée comme une avancée historique pour le paysage médiatique algérien. Vu le résultat, il y a de quoi s’inquiéter !
Nous revoilà encore avec le feuilleton de la presse en ligne et la reconnaissance de son rôle par les tenants du pouvoir et donc du chèque ! Entrée en vigueur en juillet 2025, cette mesure est censée donner aux plateformes d’information (ou de propagande officielle, c’est selon) une place équivalente à celle de la presse écrite dans l’accès aux financements liés à l’affichage légal. Mais derrière ce geste, se dessine une dynamique plus large : celle d’un encadrement accru de l’espace médiatique par l’exécutif. La preuve ? Il n’y a qu’à lire le contenu des canards exposés toute la journée sur les étals pour s’en convaincre.
Dans un contexte où la presse algérienne, notamment écrite, traverse une crise structurelle — chute des revenus publicitaires, baisse de lectorat, concurrence des réseaux sociaux —, l’extension du marché des annonces légales à la presse en ligne apparaît comme un ballon d’oxygène. Officiellement, il s’agit de « reconnaître » un secteur déjà central dans la diffusion de l’information. Officieusement, ce dispositif constitue aussi un nouvel outil de sélection et de contrôle, puisque seuls les sites « dûment accrédités » et répondant à des critères définis par le ministère de la Communication peuvent y prétendre.
L’argument du soutien à la transparence est donc indissociable d’une logique de filtrage institutionnel : l’État détermine qui est média et qui ne l’est pas, et contrôle ainsi la redistribution de cette manne financière.
L’ombre persistante de l’ANEP et du financement conditionné par le degré d’allégeance
En Algérie, la publicité publique — longtemps gérée de manière centralisée par l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP) — a toujours été un levier de pression politique sur les rédactions. Le tiroir-caisse est désormais ouvert pour les plus dociles. Les titres jugés « hostiles » au pouvoir en sont privés, tandis que les médias alignés bénéficient d’un flux régulier de contrats. Le nouveau décret transpose, dans le champ numérique, un système déjà bien rôdé dans la presse écrite.
L’inclusion des plateformes numériques dans le circuit des annonces légales n’échappe donc pas à cette tradition : la dépendance financière devient un outil implicite de régulation éditoriale. Pour de nombreux observateurs, cette intégration « officielle » risque de renforcer l’autocensure déjà largement répandue.
Transparence proclamée, opacité pratique
Le texte impose que les appels d’offres soient publiés dans au moins deux journaux électroniques agréés et que les détails des attributions soient mentionnés. Si, sur le papier, cela améliore la transparence des marchés publics, la concentration du pouvoir de diffusion dans les mains de la même institution — la Société nationale de communication, d’édition et de publicité — maintient un monopole étatique sur la circulation des annonces.
En d’autres termes, la transparence s’arrête là où commence la sélection politique des médias participants.
Un paysage médiatique verrouillé
Ce décret intervient dans un contexte où l’espace médiatique algérien, toutes plateformes confondues, reste fortement encadré. Les licences pour les chaînes de télévision privées sont accordées avec parcimonie et révocables à tout moment. La presse indépendante, qu’elle soit papier ou en ligne, est confrontée à un environnement légal restrictif, à des pressions économiques ciblées et à une surveillance accrue des contenus.
Si la digitalisation des mécanismes officiels de publication peut sembler un pas vers la modernité, elle s’accompagne ici d’une reproduction du modèle centralisé, où l’exécutif demeure l’arbitre ultime de la visibilité et de la viabilité financière des médias.
Un choix de dépendance plutôt qu’un pari sur l’indépendance
Plutôt que de créer un cadre véritablement pluraliste et ouvert — en favorisant l’accès de tous les médias, agréés ou non, aux ressources publicitaires publiques selon des critères objectifs —, le pouvoir algérien a choisi de prolonger son système de contrôle.
Cette décision traduit un paradoxe : reconnaître officiellement un secteur qui, par nature, devait élargir le champ de l’information, tout en l’inscrivant dans un dispositif qui limite sa capacité d’indépendance éditoriale.
En somme, la reconnaissance de la presse électronique dans les annonces légales algériennes n’est pas seulement un ajustement technique ou une avancée pour la transparence : elle marque aussi la transposition au numérique d’un système de dépendance structurelle, garantissant à l’exécutif la maîtrise des flux d’information et la marginalisation des voix dissidentes.
Rêver en Algérie est un acte de révolte, contre les ordres, politiques et moraux dominants ! Et pour qu’ils se réalisent, ils ont besoin de liberté et chez nous, il n’y en a point ! Il faut se battre pour les exaucer, mais rêver de liberté, pour un peuple qui ne l’a jamais réellement vécu, est en soi une chimère. Une impossibilité ! À chacun sa conception, son idée.
L’un se sent libre dans une bière, l’autre, dans une prière. L’une veut être libre de disposer de son corps, l’autre veut l’enterrer vivante dans un linceul ! C’est la liberté du plus fort !
Là où les lois sont censées protéger les libertés fondamentales telles que celles de pensée, de culte, de conscience, d’expression (pour ne citer que celles-ci), la loi du Talion, l’œil inquisiteur des masses et des lois sacrées empêchent les rêves, même dans le lit !
Peut-on, alors, rêver au-delà de l’interdit et des conceptions mystiques, sans expérience de liberté ? Car, même inconscient, le rêve ne s’invente pas. C’est un agencement chaotique d’expériences permises. Les émanations d’un magma de vies, d’épreuves et de contraintes.
L’humain a rêvé de voler parce que les oiseaux volent, il a pris la mer parce que les poissons nagent, et puis, il a créé les dieux pour lui exaucer ses vœux ! Par intérêt au départ avant qu’il n’en devienne le prisonnier !
Ainsi, il a pu compter, un moment, sur quelque chose plutôt que sur rien, même si cela sortait du néant ! C’est presque normal de s’accrocher au ciel, c’est humain de lever les yeux et d’y chercher le salut ! Tous les rêveurs de ce monde ont d’abord regardé le ciel avant de comprendre qu’il était vide et qu’il fallait, non pas le saturer de prières, mais l’emplir d’idées. Tous ont été confrontés à l’ordre cannibale du clergé. À une meute de paroissiens aux privilèges infinis.
Que l’on se nomme Galilée ou Al-Hallaj, qu’on soit médecin ou mathématicien, le rêve peut tuer !
Le problème, c’est qu’en Algérie de 2025, de ce rien, on espère encore tout ! Les prières sont les mers dans lesquelles on pêche les espoirs de jeunesse et les paradis des morts. On jette l’ancre et le filet au milieu d’une vie en attendant que ça prenne, ici ou dans l’au-delà ! Vivre un peu et espérer beaucoup mourir. À quoi rêve l’Algérien sinon d’une mort rapide et pieuse pour gagner l’éternité et l’Eden ! Vite mourir et fuir ses mille vies pourries !
Peut-on leur en vouloir de s’accrocher à ce rien ? Sous d’autres cieux, les dieux ont déménagé pour laisser s’installer les pousses d’une vie décente où la pomme de terre et l’oignon ne sont pas des raisons d’État qui pimentent les discours du président.
C’est quasi impossible de songer au Vendée Globe, lorsque le rêve a des frontières et une géographie en barbelés ! Qu’espèrent les prisonniers, les affamés, les pauvres, les ignorants, les malades, les mourants, les célibataires, les femmes, les jeunes, les enfants ? Qu’est-ce qui les fait se lever chaque matin ? Quelle est leur raison de vivre ?
Pour rêver, il faut être rassasié du ventre et de l’esprit. Pour rêver d’autre chose que de viande, de mariage, de soins, d’argent, de voiture de moins de trois ans, de copine, il faudrait quitter les bas-fonds de la pyramide de Maslow ! Pour rire dans son sommeil il faut des matins enchantés ! Pour s’émerveiller aux étoiles il faut des cieux dégagés ! Pour cesser d’être Harraga, il faut des horizons ensoleillés et pas de sombres tranchées !
Peut-on donc empêcher les rêves ? Oui, si l’ignorance croise les interdits et que la vie n’offre que cauchemars ! On peut empêcher les gens de rêver parce qu’ils n’ont pas lu Jules Verne et qu’ils ont brûlé Le Petit Prince et les grands écrivains! On peut tuer les rêves parce que le peu qu’on rêve devient, comme le Hirak, une hallucination collective ou comme Octobre 88, un génocide à l’étuvée !
C’est une marotte de vieux rouspéteurs que de prétendre que les jeunes jettent presque instantanément tout ce qui est légèrement déchiré, troué ou passé...
C’est une marotte de vieux rouspéteurs que de prétendre que les jeunes jettent presque instantanément tout ce qui est légèrement déchiré, troué ou passé...
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