Massen Allioui a publié aux éditions L’Harmattan, « Dynamiques identitaires et flux médiatiques globaux, le cas des Kabyles ».
Cet ouvrage porte sur les processus identitaires mis en œuvre depuis le développement d’Internet. Massen Allioui part du postulat que les caractéristiques des collectifs en ligne sont indissociables des contextes sociomédiatiques qui les ont produits. Ipso facto, pour les aborder, il analyse les interactions d’une minorité déterritorialisée, anthropologiquement constituée et revendiquant son identité « culturelle », les Kabyles. Dans une approche empirique interdisciplinaire, l’auteur les questionne et y apporte des réponses dans une démarche compréhensive qui tient compte de la relation qu’entretiennent les Kabyles avec le pouvoir, la mémoire et le territoire. Il réinterroge ensuite les théories de la mondialisation de la communication à la lumière de cette nouvelle donne introduite par les flux globaux.
Massen Allioui est titulaire d’un doctorat (PhD) en sciences de l’information et de la communication (Université de Provence) et d’un baccalauréat en éducation (Université d’Ottawa). Il est enseignant de langue française et de littérature au Québec. Ses recherches récentes portent sur les corrélations entre Internet, les minorités sans États et la mondialisation de la communication. Le cas des Kabyles (Berbères)
La polémique était née de longue date mais l’approche du Prix Goncourt semble exacerber les critiques assez violentes envers Kamel Daoud. L’écrivain est l’objet d’une exécration par une grande partie de la population résident en Algérie. Même si elle est beaucoup plus limitée en France, son évolution est de plus en plus sonore.
Je ne suis ni un adorateur ni ne crie avec les loups. Je veux tout simplement comprendre et essayer de confronter mon opinion personnelle avec les éléments qui ressortent des écrits, des discours et du comportement médiatique de Kamel Daoud.
Il faut immédiatement fixer deux préalables lorsqu’on ose parler d’un écrivain algérien à succès sans en être fasciné. Le premier est qu’un écrivain, quelle que soit sa notoriété, ne peut être dispensé d’une critique sur la qualité de son œuvre ou de son peu d’intérêt. Ce n’est pas mon propos dans cet article, mon sentiment restera dans le profond de ma pensée.
Le second préalable est que tout auteur qui lie ses écrits à d’autres champs que la littérature s’expose à une critique sur le terrain où il s’est volontairement placé. Kamel Daoud, par ses thèmes choisis comme par ses discours se place résolument dans le débat politique.
Je suis ainsi légitimé par un droit de l’interpeler par une opinion qui se voudra assez respectueuse, équilibrée mais certainement pas retenue dans sa très forte critique. Je parlerai souvent à la première personne car je lui oppose ma propre pensée.
Du piège à l’erreur
Dès l’oral du concours d’entrée en septembre 1975, l’examinateur m’avait dit « Vous vous appelez Boumédiene, je suppose que vous êtes algérien ». Puis il enchaîne « alors, un sujet approprié à votre personne, vous aller me traiter le thème suivant, la IVème république et la politique algérienne de Guy Mollet, institutions, faits historiques et débat politique ».
Certes, il était difficile d’y échapper dans un Institut d’Études Politiques mais j’avais compris que j’allais être confronté à ce piège tout au long de ma vie en France. Il fallait avoir une grande vigilance pour éviter un développement qui puisse m’entraîner dans une analyse sentimentale et surtout d’avoir la croyance de tout savoir sur le sujet historique et politique de l’Algérie.
Nous sommes tous fiers de notre pays natal mais il faut mettre une paroi étanche entre votre origine et la vie en France. Il ne faut donc pas l’occulter mais prendre garde qu’on ne vous enferme pas dans le rôle de « l’Algérien du groupe ». Vous serez alors identifiés comme une personne n’ayant ni légitimité ni compétence à entrer dans d’autres réflexions que celles issues de votre origine.
Kamel Daoud ne devait jamais tomber dans ce piège et il y est tombé des deux pieds. C’est vrai qu’il n’était pas venu comme un anonyme que j’étais mais avec une notoriété déjà établie. La prudence se devait d’être encore plus grande pour ne pas se laisser piéger dans l’impasse qui l’attendait en tant qu’intellectuel algérien.
Jamais il ne pourra s’en dépêtrer et il ne saura jamais si l’engouement du public vient de la très grande qualité de ses romans ou de l’attirance du bruit médiatique à son égard pour un auteur qui vient les réconforter sur l’opinion qu’ils ont de l’Algérie.
Et c’est cela le piège dans lequel s’est engouffré Kamel Daoud. Il sera indéfiniment coincé entre deux impératifs, confirmer la qualité des écrits au niveau attendu (si elle existe réellement) ou surenchérir sur le discours afin qu’il soit toujours au centre des attentions.
La caution de l’intellectuel et la fuite en avant
Les médias et le public français ont trouvé l’intellectuel algérien, comme deux autres, qu’il leur fallait pour cautionner le sentiment profond de beaucoup envers l’Algérie. Surtout à un moment où la radicalité de la droite n’est plus marginale.
Il est adulé et porté au sommet de ce qui est considéré être le discours de vérité qui s’oppose à celui de l’obscurantisme de l’Islam. Kamel Daoud doit en donner davantage, il faut qu’il soit partout, écrivain, chroniqueur et se montrer le plus souvent possible dans les médias pour maintenir sa notoriété.
Il n’est pas exclu qu’il remporte encore des Prix prestigieux. Mais un cercle infernal s’est déjà enclenché. Il s’est enfermé dans le choix d’une seule thématique, celle que son public veut lire et entendre.
Sera-t-il capable d’en sortir et que le public le suive dans d’autres horizons de création littéraire ? L’avenir le dira. En attendant, il sombre de plus en plus dans une zone dangereuse.
L’affaire est encore plus difficile qu’elle ne l’était auparavant pour au moins deux raisons. La baisse de la lecture est vertigineuse, comme partout dans le monde et les médias ne proposent plus d’émissions aussi mythiques que celle de Bernard Pivot.
Elle avait un double avantage, celui de l’heure de grande écoute dans un paysage audio-visuel encore restreint dans le nombre de chaînes et la virtuosité d’un présentateur qui pouvait concilier l’approche littéraire de qualité avec celle d’un attrait pour le grand public.
Kamel Daoud est dans une France qui ne permet la résonance littéraire que par le bruit médiatique et la communication commerciale. Il n’est connu que par les lecteurs de ses livres et les nombreuses chroniques qu’il écrit.
L’atteinte d’un très large auditoire ne passe donc plus par les livres des auteurs mais par l’intermédiaire des médias bruyants pour lesquels seule la popularité compte. C’est pour la plupart du temps ce que retiendra la grande masse du public. On lui a dit que Kamel Daoud était un grand écrivain et qu’il était le symbole de la lutte contre l’islamisme.
Cela suffit pour que ce grand public soit persuadé qu’il est un grand écrivain et un grand opposant à l’Islam. Peut-être l’est-il réellement mais j’avais dit que je n’entrais pas dans cette considération. Comment alors faire la part des choses entre l’achat compulsif pour les idées politiques de l’écrivain ou pour la très grande qualité de ses romans ?
Kamel Daoud ne risque pas d’être piégé, il l’est déjà jusqu’au cou. Il s’est condamné à perpétuellement entretenir la machine médiatique et surenchérir encore plus fort à chaque fois. Ces derniers temps la fuite en avant est considérable, tiendra-t-il la distance pour nourrir l’attrait de ses livres par la médiatisation ou inversement ?
Tout le monde n’est pas Jean-Paul Sartre, Alexandre Soljenitsyne, Victor Hugo ou Milan Kundera pour créer une unité cohérente entre le combat politique courageux et la haute littérature. Si personne n’insulte l’avenir ni les capacités de Kamal Daoud, il faudra qu’il sorte de sa zone de confort et prouver ses talents autrement que par le rabâchage de la même thématique de la lutte contre l’Islam.
Quels que soient ses écrits dans la presse, à tout moment et pour n’importe quelle actualité du moment, Kamel Daoud revient sur le même discours. C’est tout de même un peu court et le carburant médiatique finira bien par se consumer un jour.
Car à ce moment-là, sans l’appui de son image militante, qu’il devra se confronter à la sortie d’un nombre importants de livres qui se concurrencent dans un combat très sélectif lors des rentrées littéraires. Est-il capable d’écrire autre chose ou aura-t-il le talent de s’engouffrer dans les livres à répétition, presque photocopiés par leurs clichés et qu’on appelle des « romans de gare » ?
Pour cette seconde option, saura-t-il le faire sur un créneau déjà occupé par un autre écrivain algérien à succès ? Peut-être oui, peut-être non, ce sera son défi personnel s’il veut un jour trouver une porte de sortie de l’impasse.
Un positionnement politique très ambigu
De Kamel Daoud le public veut un spectacle, un combat épique entre l’intellectuel algérien et l’Islam. La fuite en avant que nous venons de présenter commence à le mener vers des horizons beaucoup plus dangereux que la limite de son succès qu’il doit nourrir constamment.
Une dérive vers des terres qui ressemblent de plus en plus à celles de l’extrême droite française. J’avais toujours écarté cette critique si soutenue envers lui, il y a aujourd’hui peu de chance que je la rejette.
Kamel Daoud reprend toutes les thématiques extrémistes y compris, c’est drôle, son insistance à nous prouver qu’il n’est pas communiste. Il n’arrête pas de fustiger le Nouveau parti populaire, ce qui est son droit, je le fais moi-même, mais pour Kamel Daoud il y a une obsession à le faire comme pour tout ce qui concerne les mouvements que d’autres appellent le wokisme.
Il se présente lui-même comme un opposant à l’idée négative du colonialisme. C’est absolument sa liberté de le déclarer mais nous sommes très loin du seul statut d’écrivain.
Nous assistons à un déversement d’élucubrations, dans tous ses écrits et ses interventions. Si Kamel Daoud veut me convaincre qu’il n’a pas définitivement épousé les thématiques de l’extrême droite, il fait tout pour le contraire.
Il était inévitable qu’il ne se compromette pas en s’approchant de la sphère Bolloré. Une descente inéluctable vers des ténèbres d’où il est très difficile de revenir.
Pourtant, sa pensée originelle n’était pas loin de la mienne
Il n’y a pas un seul moment de ma vie où je n’ai pas fustigé le régime militaire et l’Islam, leur barbarie et leur tyrannie. Depuis l’adolescence, j’en suis éreinté, je livre ce combat pour dénoncer cette société entièrement fabriquée par le régime en place afin qu’il maîtrise les esprits et obtient une soumission volontaire à bon compte.
Kamel Daoud avait tenu des propos qui ne laissent pas l’espace d’un papier à cigarette entre sa position et la mienne. Il les avait exposés avec un courage certain qu’il faut reconnaître mais il faut rappeler également qu’il avait le privilège d’avoir une tribune par son ancien journal.
Ses paroles étaient d’une clarté absolue lorsqu’il dénonçait le discours islamiste, particulièrement envers les femmes pour lesquelles il avait constamment pris la défense.
L’essentiel était parfaitement compatible avec ma pensée et mes positions. Mais alors, que s’est-il passé pour en arriver à une divergence tellement profonde avec lui ? Ce militantisme flamboyant n’était pas aussi pur qu’il ne paraissait ?
Malgré mes propos féroces envers le régime algérien et l’Islam, je n’ai jamais en quatre décennies dit ou écrit mes opinions ailleurs que dans des médias ou associations algériens.
Je suis en parfaite légitimité car je le fais auprès des miens sans donner l’ombre d’une accroche à la récupération au profit de l’extrême droite.
Kamel Daoud ne s’est pas seulement éloigné de ma position, il lui tourne le dos.
La mauvaise conscience doit être silencieuse
Pour ce dernier point d’analyse j’ai toujours été prudent parce que c’est une accusation largement diffusée mais à laquelle je ne peux donner confirmation.
Kamel Daoud aurait-il à faire oublier ses errements passés avec la mouvance islamiste, ce qui expliquerait le zèle et l’acharnement à le combattre ? La mauvaise conscience ne doit-elle pas être silencieuse pour se faire oublier comme il est logique de le penser ?
J’en parle pourtant parce que j’ai lu récemment une réponse de lui pour contredire ses détracteurs. Il n’aurait pas eu le projet d’entrer dans la mouvance religieuse dans sa jeunesse mais avait été curieux de connaître la pensée soufiste.
C’est tout de même étonnant que celui qui prétend avoir toujours combattu l’Islam nous avoue qu’il en a été jusqu’à la fascination de ses mystiques. Même comme déviance par un péché de jeunesse, il nous est tout de même important de le savoir.
Nous ne le répéterons surtout pas à ses très nombreux fans qui croient qu’il était né avec le sabre du combattant anti-islamique entre les mains. Les malheureux, ils en attraperaient une crise d’apoplexie.
Dans notre jeunesse nous n’avions jamais cessé de défendre notre athéisme, bien longtemps avant la naissance de l’écrivain algérien, et rejeté tout ce qui nous était vendu comme un accès de formation intellectuelle du mystique.
Mais nous n’avons jamais eu de talent pour essayer de faire oublier notre athéisme par une fuite en avant en nous enrôlant chez les frères musulmans.
Tout cela est un énorme gâchis car nous aurions pu partager ensemble, nous tous, un beau combat militant contre les forces tyranniques et obscures. Mais la lumière de la notoriété est souvent aveuglante.
Le redressement du dinar et la restauration du pouvoir d’achat semblent figurer parmi les priorités du chef de l’État. Pour espérer atteindre de tels objectifs, il est essentiel d’accroître la production de richesses à l’échelle nationale. Cela implique inévitablement un développement économique soutenu par l’investissement, un processus exigeant à la fois du temps et des compétences, et qui ne peut être mené à bien que par un régime jouissant d’une légitimité populaire incontestable.
Cependant, certaines mesures peuvent avoir un effet immédiat et tangible sur le pouvoir d’achat. Parmi celles-ci, la lutte contre l’économie informelle, qui prospère en Algérie, revêt un caractère urgent.
L’économie informelle connait une pleine et rapide expansion dans le pays. Elle est en passe de dévorer le reste des activités. Des centaines de milliers d’acteurs y prospèrent, souvent dans l’opulence, tout en échappant à l’impôt. L’aptitude à échapper aux obligations fiscales se manifeste principalement dans des secteurs tels que le commerce, la spéculation immobilière, et, dans une moindre mesure, l’agriculture, où ils opèrent souvent en dehors de tout cadre légal. L’économie informel inclut également ces centaines de milliers de professionnels exerçant des professions libérales, qui falsifient honteusement leurs déclarations d’impôts pour afficher des résultats négatives.
Le commerce informel envahit l’espace public, occupant places et les trottoirs des villes, privant l’État d’une part substantielle des revenus fiscaux nécessaires au financement du budget national. Même les grands axes routiers se transforment en marchés improvisés. Cependant, ce commerce illicite se loge aussi des villas luxueuses et des vastes bureaux situés dans des immeubles de grand standing.
Dans le domaine des importations, des dizaines de milliers d’acteurs privés, pour la majorité, échappent presque totalement à l’impôt et aux cotisations sociales. Ces activités ne génèrent que du profit, et dans cette Algérie où la distribution règne en maître, il est très rare de voir un commerçant mettre la clé sous la porte en raison d’une faillite.
Ce secteur parallèle, souvent qualifié de « mafieux », emploie, selon les experts, un Algérien sur deux, tout en demeurant largement hors de portée des dispositifs de prélèvements obligatoires. Ce phénomène engendre un manque à gagner considérable pour le trésor public.
Les profits nets générés par ces activités informelles alimentent une accumulation inédite de richesses, permettant à leurs acteurs de vivre dans une opulence scandaleuse et d’encourager une frénésie de consommation. Une grande partie de cette fortune dort à domicile, empilée dans des sacs, tandis que l’autre s’évade à l’étranger ou est dilapidée dans des allers-retours incessants vers les lieux saints dans l’espoir d’expier leurs péchés.
Dans ce système économique, toutes les transactions se font en espèce, loin des circuits bancaires. Les montants en jeu sont si importants qu’il est courant de peser les liasses de billets plutôt que de les compter, tant la tâche serait fastidieuse.
Le manque d’intérêt apparent du gouvernement algérien pour ce phénomène est inquiétant. Le déficit de moyens de l’administration fiscale, les injonctions du politique, l’incompétence et l’absence d’une formation de qualité de ses agents, ainsi que les limites de leur champ d’action, frôlent la complicité des pouvoirs publics. Tant que l’économie informel ne perturbe pas l’ordre établi, c’est-à-dire tant que le fisc seul est lésé, elle est tolérée et considérée comme une composante normale de l’activité.
Cette activité, qui opère désormais en plein jour sous les yeux de tous, en s’affranchissant du statut d’économie souterraine, ne suscite plus l’indignation, malgré ses conséquences désastreuses pour l’économie nationale et les citoyens.
La moralisation supposée de la vie publique, orchestrée avec un grand tapage médiatique, ainsi que la prétendue guerre contre l’argent sale, ne ciblent pour l’instant que ceux impliqués dans les luttes de pouvoir entre factions.
Les répercussions de cette situation sont d’autant plus sévères pour les fonctionnaires, contraints de supporter le poids d’un déficit budgétaire croissant, directement lié à la fraude généralisée. Ils subissent de plein fouet l’inflation galopante, l’érosion continue du pouvoir d’achat et la dévaluation incessante de la monnaie nationale, qui, depuis 2010, a perdu plus de 100 % de sa valeur, aggravant ainsi la précarité des ménages.
Contraints de payer pour eux-mêmes et pour les autres, en comblant le manque à gagner pour l’Etat, les milliers de travailleurs qui sont ponctionnés à la source sont les véritables victimes de cette économie parallèle.
La prospérité du secteur informel est souvent le signe d’un régime autoritaire, lequel, faute de légitimité populaire, tolère un certain laxisme afin de préserver la paix civile. Marqué par les émeutes sanglantes d’octobre 1988, symbole de la contestation populaire en Algérie, ce laisser-faire généralisé est adopté de sorte à pallier à la défaillance et à l’incapacité du pouvoir en place à bâtir une économie réelle et durable.
Cette situation représente également une concession faite à l’idéologie radicale qui a déchiré le pays durant la décennie noire. Des mesures politiques concédées sous pression de cette mouvance ont fini par livrer toute l’activité de distribution à la cupidité de ses partisans, qui, au nom de la religion, s’opposent à toute réglementation du commerce. Motivés par la quête du profit, ils ont transformé le pays en refuge pour l’économie informelle, sapant dans leur opulence le pouvoir d’achat des travailleurs honnêtes.
La somme colossale d’argent ainsi captée leur confère aujourd’hui un pouvoir de corruption et une influence politique considérable, leur permettant de renforcer leur idéologie tout en échappant à toute forme de régulation.
Idir Tas a publié « En mémoire de mon père », aux Éditions du Net, (78 pages, 13 €). Il répond dans cet entretien à propos de son livre dédié au regretté Da Saïd, son père.
Le Matin d’Algérie : En ce premier anniversaire de la mort de ton père, Da Saïd, tu viens de publier aux éditions du Net un livre intitulé « En mémoire de mon père ». Pourquoi as-tu choisi de parler de ton père sous forme de petits tableaux mémoriels ?
Idir Tas : Parce que je me suis mis à l’écoute de mes souvenirs qui sont revenus selon leur logique propre, au fil des jours, à partir du moment où j’ai appris la mort de mon père. Ce sont d’abord les souvenirs qui m’ont marqué le plus profondément qui sont remontés à la surface, puis peu à peu, d’autres plus anecdotiques, plus récents ont resurgi. À la fin de l’écriture de ce récit, je me suis rendu compte en le relisant, qu’il y avait une trame beaucoup plus chronologique que ce que je pensais.
Le Matin d’Algérie : Est-ce que pour toi ton père est un héros ?
Idir Tas : Oui, à mes yeux de petit garçon et encore plus d’homme adulte, mon père était un héros, car même s’il n’a pas œuvré au premier plan, il a risqué sa vie à plusieurs reprises. À l’époque de la Guerre d’Algérie, il vivait à Paris et il était membre de l’OCFLN… Il faisait le guet lors des réunions des chefs de quartier, acheminait du courrier et parfois un peu d’argent venant des cotisations de nos concitoyens.
Le Matin d’Algérie : À travers le destin d’un seul homme, c’est de toute une génération d’Algériens émigrés dont tu parles en vérité ?
Idir Tas : En effet, en même temps quej’ai essayé de comprendre quel rôle mon père a joué à son échelle, si modeste soit-elle, dans la grande Histoire du peuple algérien au moment où il se libérait du joug colonial, j’ai retrouvé toute une génération d’hommes qui ressemblaient peu ou prou à mon père et dont la jeunesse avait été sacrifiée par la guerre comme toute personne qui doit participer à un conflit et servir l’intérêt collectif, peu importe le pays et l’époque.
Le Matin d’Algérie : Da Saïd a participéé à la bien connue manifestation à Paris du 17 octobre 1961, noyée dans le sang par le préfet Maurice Papon. Dans ton récit tu rapportes l’infortune qui a frappé Zadri Mohand-Saïd, originaire du même village que Da Saïd, Aït-Saâda, et tu as écrit que ton père était hanté par ce qu’il lui est arrivé.
Idir Tas : Oui, mon père m’a très souvent parlé de cette histoire et à travers la gravité de sa voix, même si je n’étais encore qu’un enfant, j’ai compris et pris la mesure de la tragédie de l’événement. Je revois la scène comme si j’y avais assisté. La police française avait lié les mains de Mohand-Saïd derrière son dos et lui avait ligoté les pieds, puis elle l’avait mis dans un sac et l’avait jeté du haut d’un pont dans la Seine. Heureusement que Mohand-Saïd cachait toujours un petit canif dans une de ses chaussettes. Il avait réussi à prendre son couteau et à couper ses liens et, comme c’était un bon nageur, il avait pu échapper à la noyade.
Le Matin d’Algérie : Tu rapportes un autre fait qui a touché particulièrement Da Saïd, à savoir l’exécution par des membres de l’OCFLN d’un partisan de Messali El-Hadj.
Idir Tas : Oui, mon père avait proposé à ce messaliste de payer sa cotisation à sa place, mais il avait refusé. Pour ce partisan, ce n’était pas une question d’argent, mais de principe. Mon père m’avait raconté que lors de son arrivée pour la première fois à Paris en automne 1956, ce messaliste l’avait bien accueilli et il lui avait même acheté une chemise en guise de bienvenue.
Le Matin d’Algérie : Da Saïd qui n’est jamais allé à l’école, Akfadou était privée d’école pendant la colonisation, a fréquenté à Paris les cours du soir et il a exercé plusieurs métiers ; en mécanique, en parfumerie, comme plombier et comme économe à l’Ambassade américaine. Y a-t-il un travail qui lui plaisait plus qu’un autre ?
Idir Tas : C’est certainement celui qu’il faisait à l’ambassade des États-Unis. Selon les besoins du personnel diplomatique, il avait exercé plusieurs fonctions : aide-cuisinier, serveur, économe, organisateur de réception… Son supérieur hiérarchique était tellement satisfait de lui qu’il l’avait inscrit à des cours d’anglais. Il lui avait même demandé de l’accompagner à son retour aux États-Unis.
Pour les papiers, il se serait occupé de tout. Sa femme et ses enfants l’auraient évidemment accompagné. L’idée de franchir en famille l’Atlantique et de fouler le sol du nouveau continent avait commencé à faire son chemin dans la tête de mon père, mais le sort en avait décidé autrement pour lui, puisqu’il avait été embauché à l’usine de moteurs-tracteurs de Constantine, la Sonacome.
Le Matin d’Algérie : Tu racontes dans ton récit, qu’à sa retraite, Da Saïd vivait dans son village à Akfadou et qu’il aimait bien s’occuper des oliviers et grimper aux arbres, même à un âge avancé…
Idir Tas : Oui, jusqu’au jour où il est tombé d’un olivier. Alors je lui ai demandé au téléphone : Pourquoi montes-tu encore aux arbres, à ton âge ? Il m’a répondu que les olives bien exposées au soleil sont les plus belles et qu’il ne pouvait pas ne pas les cueillir.
Le Matin d’Algérie : Dans ce livre commémoratif, tu évoques de nombreux moments de complicité avec ton père. Il y en a un qui m’a particulièrement touché, c’est le moment où vous alliez ensemble au marché, à Constantine.
Idir Tas : Oui, nous avions l’habitude d’aller au marché tous les vendredis matins et c’était comme un rituel. On nous prenait souvent pour deux frères. Cela nous amusait et renforçait notre complicité. J’aimais bien entendre mon père bavarder avec les vendeurs et le regarder choisir des fruits et des légumes avec des gestes méticuleux. Il était toujours de bonne humeur et il avait la conversation facile. En un mot, il avait du liant et j’appréciais ce trait de caractère.
Le 15 octobre 2024, Larbi Tahar, défenseur des droits humains, entre dans son 20e jour de grève de la faim à la prison de Labiod Sidi Cheikh, dans la wilaya d’El Bayadh, informe Riposte internationale.
Incarcéré depuis près d’un mois, l’activiste Larbi Tahar est affaibli mais déterminé à continuer son action pour contester les charges qui pèsent sur lui. Sa situation de détenu d’opinion, lourdement condamné, illustre les violations systématiques des droits humains en Algérie, particulièrement sous le régime de Tebboune.
Condamné le 26 septembre dernier à 15 ans de prison ferme, accompagné d’une amende de un million cinq cent mille dinars, Larbi Tahar fait face à des accusations graves, notamment de « diffusion de publications visant à nuire à l’intérêt national » et d’« insulte au président de la République ». En vrai, les autorités souffrent l’existence de voix dissidences dans cette région d’Algérie. Larbi Tahar est surtout un défenseur de l’environnement. Il a dénoncé le braconnage par des émirs du Golfe dans la wilaya d’El Bayadh. Des opérations de chasses à l’outarde, organisées au profit de princes tueurs du Golfe sous la protection de la gendarmerie sous l’ère Bouteflika. Des publications remontant à 2015 qu’il a repartagées en 2023, rappelle l’ONG Riposte Internationale.
Les juges inféodés au pouvoir politique reprochent à Larbi Tahar ses publications critiques sur Facebook et ses prises de positions courageuses contre le pouvoir autoritaire en place et le hold up du mouvement de dissidence citoyen.
Sa seconde lourde condamnation à huit ans de prison, assortie d’une amende d’un million de dinars, fait suite à ses critiques de la mascarade présidentielle qui a permis à Tebboune de rester au pouvoir. Tout le monde se souvient pourtant de l’annonce de deux résultats par deux institutions et la risible participation des Algériens à cette surpercherie électorale.
Le collectif de défense estime que Larbi Tahar « n’a commis aucun crime puni par la loi » et qu’il « a simplement exercé son droit à exprimer ses opinions sur des questions d’intérêt public », un droit garanti par la Constitution. « Il n’y a jamais eu dans l’histoire de la justice algérienne de condamnation d’un militant à quinze ans de prison en raison de publications sur Facebook », soutient par ailleurs le collectif qui s’est dit choqué par la lourde peine prononcée à l’encontre de son client.
Cette impitoyable condamnation d’un militant pacifique qui défend les intérêts de son pays renseigne sur l’absence totale de l’Etat de droit. Pire, elle met en lumière la criminalisation de la liberté d’expression et l’usage des lois pour étouffer les oppositions.
A la veille du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance, les prisons algériennes sont pleines de plus de 200 détenus d’opinion. Des centaines d’Algériens sont placés sous interdiction de quitter le territoire national, y compris des journalistes, des anciens ministres, walis, des officiers supérieurs… En clair, c’est toute la société qui est sous l’étroite surveillance d’un pouvoir « Big Brother ».
Horreur absolue à Gaza. Insoutenables, les images s’affichent sur les réseaux sociaux, celles d’un homme dans la nuit dévoré par les flammes. La vidéo a été tournée dans la nuit de dimanche à lundi dans la bande de Gaza, après une frappe qui a déclenché un énorme incendie dans la cour de l’hôpital d’un camp de déplacés à Deir al-Balah, l’hôpital des Martyrs d’al-Aqsa.
Le bilan, encore provisoire, est de quatre morts et d’une quarantaine de blessés. Ils s’ajoutent aux dizaines qui meurent quotidiennement sous les bombardements israéliens.
Dans la cour de l’hôpital, des déplacés marchent entre les voitures calcinées et la tôle froissée. La frappe s’est abattue en pleine nuit non loin de la tente de Maha Alsersek : « D’un coup, j’ai entendu une explosion dans une caravane. En moins de dix minutes, je suis venue ici au plus vite. J’ai vu une mère et son fils sortir en feu. Les pompiers sont arrivés au bout de trois heures, mais c’était trop tard, la femme ne ressemblait plus qu’à un squelette. »
En quelques minutes, le feu s’est répandu aux autres tentes sous les yeux d’Awni Abu Khattab : « J’ai vu une personne, ses jambes étaient presque en train de brûler. Il ne parlait pas, mais il nous faisait des gestes de la main. Nous n’avons pu lui apporter aucune aide. »
« Nous continuerons à soigner tous les Palestiniens »
D’après la défense civile, c’est la septième fois que l’hôpital est visé cette année. « L’armée israélienne a délibérément pris l’hôpital pour cible, rapporte le docteur Marwan Al Harms, directeur général des hôpitaux de campagne au ministère de la Santé à Gaza. Elle a déclaré dans un communiqué que ce n’était plus un hôpital. Eh bien, nous leur répondons que si : ça restera un hôpital. Aujourd’hui, demain, nous continuerons à soigner tous les Palestiniens, que ce soient des patients ou des blessés. »
Avec toujours plus de besoins dans la bande de Gaza, l’opération de l’armée israélienne menée plus au nord menace directement la fermeture de trois hôpitaux.
« Une nouvelle nuit d’horreur dans les zones centrales à Gaza, écrivait, hier sur son compte X, le commissaire général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini. Des tentes sont en flammes à la suite d’une frappe aérienne sur la cour de l’hôpital al-Aqsa où les gens cherchaient refuge. Pendant ce temps, dans la même zone, une école de l’UNRWRA a été touchée et 20 personnes auraient été tuées. L’école devait être utilisée pour la campagne de vaccination contre la polio qui a commencé aujourd’hui [lundi 14 octobre, NDLR]. Nous avons dû annuler la campagne de vaccination dans cette école en raison des dégâts importants. »
Denys Beaumatin est producteur, éditorialiste, réalisateur et auteur. Il est un artiste éclectique qui ne passe pas inaperçu, d’abord par son allure, d’une élégance qu’on croirait sortie d’une autre époque, de lui émane une aura qui éclaire sa présence, on peut dire que Denys Beaumatin est le fils de l’espérance, les échanges avec lui sont sans ombrages, de toute beauté.
Denys Beaumatin porte bien son nom, de son regard qui porte loin se dégage cette dimension poétique qui rend le sourire à la vie dissipant le gris, laissant le ciel aux ailes.
Après des études de communication, d’audiovisuel et multimédia, Denys Beaumatin a travaillé́ dans tous les secteurs du cinéma (exploitation pour UGC, distribution pour UIP, et production avec notamment Bizibi Productions) avant que ne s’ouvre devant lui les portes salvatrices de la création.
Tour à tour comédien dans plusieurs pièces de théâtre dont Le Retour De La Planète Marie-Antoinette Louis 17 (Festival d’Avignon 2021, 2022), soutenu par la SACD et en anglais The Return Of The Planet (Festival d’Édimbourg 2022-Le Fringe), TOC d’Augustin d’Ollone (Festival d’Avignon 2006, 2007, 2008).
Du théâtre au cinéma, puis vint l’écriture où il semble se retrouver, de 2009 à 2014 il est rédacteur en chef du magazine mensuel lifestyle Le Bonbon, ses interviews et ses articles bien menés laissent des traces dans le cœur et l’esprit.
Par la suite, il travaille comme photographe indépendant pour différentes marques comme le groupe chinois Kweichow Moutai, L’Oreal. Denys Beaumatin passe d’un art à un autre avec une facilité déconcertante qui force l’admiration.
C’est l’imagination fertile et bouillonnante qu’il passe à la réalisation d’un court-métrage en 2018 au Château Loudenne, intitulé Je sais pourquoi je vis, sélectionné et primé dans différents Festivals de Cinéma internationaux.
Depuis 2019, il est aussi ambassadeur, producteur éditorial et modèle pour la marque Petrusse, entreprise familiale, créatrice de foulards, sélectionnée à La Grande Exposition du Fabriqué en France au Palais de l’Élysée, en octobre 2024. Il représente cette dernière dans le monde entier pour aussi conseiller les différentes personnalités lors d’événements cinématographiques dont Petrusse est partenaire.
Denys Beaumatin comme le peintre, qui passe d’une couleur à l’autre, vient de terminer l’écriture d’une nouvelle pièce Le Retour de la Planète du Masque De Fer Doré, destiné à être joué au Château Mauriac en 2025.
Denys Beaumatin est cet artiste qui se situe hors du moule et des sentiers battus, il éclaire, il s’interroge, il mélange les couleurs pour une élévation du cœur et de l’esprit, quasi spirituelle. La création artistique dans son ensemble est son univers.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes un artiste lumineux, magnifiant les arts, qui est Denys Beaumatin ?
Denys Beaumatin : Je vous remercie pour vos mots. En fait, je me définis, comme un aristocrate du cœur, un être dont le but est de vivre pleinement sa royauté intérieure grâce à la création artistique.
À travers l’anoblissement de son cœur via la création, on peut, je pense, unifier son âme, sa parcelle divine, à son corps terrestre.
Avec la naissance sur terre, on perd ce fil à l’âme, à notre énergie divine, avec les années. Comme si cette énergie infinie était condensée, enfermée, cachée dans un petit corps le temps de la vie sur terre.
Être artiste, créer, m’aide à retrouver petit à petit ce fil divin, à le réveiller. Retisser une toile créative à ma parcelle divine est vraiment un souffle précieux.
Je suis évidemment encore plus heureux quand je peux transmettre ce souffle aux autres. Développer et transmettre l’amour de soi à l’humanité grâce à ma création artistique est ma mission de vie je pense.
En fait, plus précisément, quand je crée, joue un personnage, réalise un film, prends des photos, écrit une pièce de théâtre, j’ai la sensation de m’anoblir. Mon cœur devient sacré de tout. Comme si j’étais connecté à un grand tout, à l’Univers, l’essence, « l’ADN » de nos vies…
Tel un chevalier céleste, j’aime l’idée qu’on puisse être adoubé par le divin. C’est beau je trouve. Cette phrase résonne en moi, elle me fait vibrer, dans ce que j’ai de plus essentiel.
Dans la création artistique, en fait, pour moi, on vit ce qu’aurait pu vivre le roi Louis XIV en acceptant les souhaits de Jésus lors de sa Visitation à Marguerite Marie Alacoque en 1689 : ajouter symboliquement son sacré Cœur Divin aux étendards français pour les rendre victorieux.
C’est le même principe, quand on crée, on peut se connecter, s’aligner à son âme divine, alors on vit une forme d’illumination sur terre. On est assurément victorieux, l’amour de l’Indicible nous guide. À travers la création, on vit un instant de lâcher prise, d’Éternité, d’Unité. C’est ce que je ressens à mon humble niveau, car je ne me sens qu’au début de ce processus.
Le Matin d’Algérie : S’appeler « Beaumatin » peut aider à se faire une place dans le milieu difficile des arts, parfois la qualité du travail ne suffit pas, qu’en pensez-vous ?
Denys Beaumatin : Oui mon nom est une énergie, une invitation au sourire, à la légèreté. Quand on est léger, on s’élève plus facilement. Notamment dans le regard, le sourire de l’autre.
Ce nom est un beau cadeau céleste. Souvent, les gens que je rencontre pensent que c’est un pseudo, une blague. Mais c’est aussi vrai que notre naissance en ce monde.
Les Aurores des Possibles m’accompagnent. Je m’appelle Denys Beaumatin comme un Beau Matin ! Par mon nom, que l’on se rencontre ou pas, je vous porte chance. C’est bien non ?
Pour répondre à la deuxième partie de votre question, je ne cherche pas de place. J’ai arrêté de le faire. Je me réjouis de l’instant présent désormais. La question c’est comment puis-je composer avec l’instant ? C’est l’instant qui compose avec moi. Disons que l’on compose ensemble, on lâche prise ensemble. De fait, je prévois peu.
Quand je fais une création sur le moment et la rend intelligible rapidement auprès d’un public, c’est merveilleux, miraculeux… Effectivement, la qualité du travail ne suffit parfois pas, mais les souvenirs de ces durs labeurs de la création, à la présentation au public sont impérissables. Une vraie épopée ! L’aventure est extraordinaire. Parfois frustrante, dure, cruelle, mais mérite d’être vécu.
Je me souviens d’avoir été financé par la SACD… pour Le Retour De La Planète Marie Antoinette Louis XVII à la Comédie d’Avignon au Festival d’Avignon 2021, 2022. Malgré le fait que j’ai dû couper cette pièce d’une heure au dernier moment, je ne garde que des bons souvenirs :
De voir des anges se demander comment ils allaient retrouver le fugitif de l’enfer sur terre, lequel leur avait filer entre les plumes, en essayant de sauver la mère, choisi dans le public par ce même fugitif, qui devait en accoucher, était très drôle. De faire jouer Dieu par un enfant encore plus drôle 🙂
Voir les anges arriver sur terre et se remémorer leurs vies antérieures terrestres comme celle de la Reine Marie-Antoinette ou de son fils Louis XVII, heureux de se retrouver avec leur nouveau corps terrestre, était très émouvant. Tout comme de jouer la pièce en anglais au Festival d’Edimbourg (Fringe) en faisant jouer la reine Mary Stuart à la place de la reine Marie-Antoinette, revenue aussi sur terre pour sauver son peuple de l’oppression.
Sans parler de leur mission de vie de récupérer le fugitif dans une course contre la montre, tout en sauvant le monde du changement climatique dont la cause cachée par le gouvernement serait le rapprochement cyclique d’une planète dans notre système solaire, instants pleins de suspense et peut-être un jour d’intérêt public, qui sait ?
Le Matin d’Algérie : Vous avez fait des études de communication, d’audiovisuel et multimédia, mais c’est la création artistique qui vous anime, quel a été l’effet déclencheur ?
Denys Beaumatin : En général je réponds longuement aux deux premières questions et après c’est plus court. Prendre conscience que l’on pouvait créer à partir de rien, grâce à son imagination m’a transcendé, révélé à moi-même. Et en plus, vivre de cela et plaire aux autres c’était vraiment parfait comme destinée. J’ai pris conscience que je pouvais en 1988 être acteur de ma destinée en ce sens.
Par la suite plusieurs événements déclencheurs m’ont traversé et raffermi dans cette voie :
– Danser sa vie à 11 ans, sur une musique classique de Prokofiev, dans la salle du Pin Galant, mise-en-scène de Micheline Castel.
– Jouer sa vie à 20 ans, dans le spectacle Choisir La Vie, sur une musique électronique de Prodigy, mise-en-scène par Odile Detchenique, écriture de la Troupe Pas Bête La Mouche, Bordeaux.
– Réaliser sa vie à 34 ans, dans mon film court, Je Sais Pourquoi Je Vis, au château Loudenne, plusieurs fois nominés et primés à l’étranger. Présence de la composition virtuose du pianiste turque Huseyin Sermet.
– Composer sa vie à 41 ans pour la marque Petrusse, dirigée par l’incroyable directrice artistique Florence Lafragette, en créant de mes photos d’art, deux foulard lit de vin, intitulé Beaumatin et l’autre Noé, avec des réminiscences imprimées de tablette sumérienne, akadiennes, à propos du Déluge.
– Aimer sa vie à 43 ans en jouant sa pièce de théâtre en anglais The Return Of The Planet avec le public sur scène au Festival D’Edimbourg, le Fringe en 2022. Avec la réincarnation en live de la Reine Mary Stuart qui avait enfin retrouver toute sa tête, pour sauver le Royaume Uni, d’un tsunami apocalyptique.
– Célébrer sa vie à 45 ans, lors de la mise en place d’un événement artistique théâtral et cinématographique au Château Mauriac en 2025.
Le Matin d’Algérie : Vos créations sont le moins que l’on puisse dire d’une originalité époustouflante, à quoi est due cette magie ?
Denys Beaumatin : À l’ouverture du sacré cœur d’amour divin “en soie”. C’est comme cela que je définis l’âme. On est pluriel, féminin, masculin, les couleurs de l’aura changent se modifient au cours des années, des pensées, mes créations évoluent de la même façon.
À ma sensibilité, au fait que j’aime lire entre les lignes. Heureux d’un chemin spirituel et personnel singulier au carrefour de nombreuses religions et philosophies, je me considère aujourd’hui comme un artiste d’investigation. Je navigue sur les flots de la création spirituelle, entre comédie historique et suspense. À chaque résolution, un nouveau mystère se déploie.
Le Matin d’Algérie : Quels sont les artistes qui vous influencent ?
Denys Beaumatin : Beaucoup. Terrence Malick, Stanley Kubrick, Tom Ford, Ruben Ostlund, Mathieu Amalric, François Truffaut, Agnes Jaoui, Claude Lelouch, Luis Bunuel, Brigitte Bardot, Geneviève Grad, Sharon Stone… Louis XVII, Le Masque de Fer, Florence Lafragette, Élisée Léonard Octave Beaumatin, mes amis, ma famille…
Mes contemporains, les gens de mon quotidien que j’ai la chance de croiser dans la rue, dans le métro, … La beauté, la fulgurance est omniprésente en ce monde. Je pourrais passer des heures dans un café pour contempler les différents êtres traversant la rue : femme, homme, animaux, éléments… J’apprends beaucoup d’eux. Beaucoup de Françaises et Français sont des gens fabuleux. Des acteurs et actrices de leur destinée merveilleuse. J’en suis témoin tous les jours. Si on leur permettait de voir la façon dont ils déambulent dans la rue, se meuvent dans l’espace, ils pourraient contempler le souffle qui les habitent, les propulsent, et je suis persuadé qu’ils seraient fiers d’eux-mêmes en voyant cela.
J’aime profondément la France et le pays dans lequel je vis. La beauté de notre pays est un bleuet évanescent en constante renaissance.
Le Matin d’Algérie : De la mode, à la photographie, au théâtre, au cinéma, à l’écriture, vous semblez naviguer sur ces différentes expressions artistiques avec aisance, le visage souriant, comment faites-vous ?
Denys Beaumatin : C’est simple quelle que soit l’expression artistique, je suis happé, saisi, par une forme d’oubli, de vibration élévatrice, rédemptrice et le miracle s’opère. Et à force de faire on sent une maîtrise de son art s’installer.
Par exemple de poser une caméra discrètement devant un château sans rien imaginer m’a permis de voir les déplacements de personnes, tel le jardinier en train de travailler. Une sorte de chorégraphie improvisée s’est mise en place et après il était facile de scénariser en ajoutant d’autres personnages devant l’édifice. Puis la musique fit son apparition. Le clip très court Made In Château, genre film muet, était né.
Denys Beaumatin : Des coups de cœur pour des comédiens et comédiennes professionnelles et en dehors qui correspondaient dans leurs énergies aux personnages historiques qu’ils devaient composer, voire dans leurs vies antérieures… Ils avaient déjà le bagage nécessaire pour jouer les personnages ou avaient gravité autour de ces personnages de l’histoire dans leur précédente vie, il y a 200 ans environ. C’est ce que je me plais à penser. C’est ce que je ressens au plus profond de mon âme.
On pourrait ajouter aussi Bérengère Griffon qui jouait le rôle de Charlotte Corday dans la pièce de théâtre. Chacun et chacune, et véritablement en 2021, après le confinement, avait une allure singulière et très sensée dans la composition de leur personnage. En vérité, ils ont eu peu de temps, mais ce n’était pas si nécessaire, car leur instinct profond connaissait cette période historique, ils ont joué le jeu de réutiliser les mêmes costumes qu’à l’époque.
Le Matin d’Algérie : « Les yeux sont le miroir de l’âme » vous aimez cette citation de Cicéron, pouvez-vous nous en parler ?
Denys Beaumatin : Cette citation pour accéder à son âme, à sa parcelle divine, que tout un chacun peut déployer s’il en prend conscience, est la phrase qui résume le sens de la vie.
Avant de créer généralement, quand je dis « Les yeux sont le miroir de l’âme » : “je me connecte et je m’aligne parfaitement avec mon âme”, je sens le lien avec une force énergétique qui se déploie, s’unifie en moi et autour de moi. C’est ce chemin pour accéder directement à ma parcelle divine, au-delà de toute matrice. Et cette citation m’aide beaucoup.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Denys Beaumatin : La mise en place d’un événement artistique théâtral et cinématographique au Château Mauriac en 2025 autour de mes trois pièces de théâtre immersives :
Le Retour De La Planète Marie-Antoinette, Louis XVII…
Itinéraire drôle et captivant sur les solutions pour s’adapter et célébrer notre changement climatique grâce au retour de personnages historiques connus.
Le Retour De La Planète du Masque De Fer Doré
Itinéraire plein d’humour et de suspense sur les solutions pour relancer notre croissance économique grâce au retour de personnages historiques connus, notamment le Masque de Fer.
Le Retour De La Planète de Louis XVII, enfin revenu
Itinéraire passionnant autour de la survie de Louis 17 après son évasion de la prison du Temple. Libre interprétation des textes de Soppelsa et d’Esteban à ce sujet.
Le Retour De La Planète de François Mauriac, et pleins de sketches et d’extraits autour de son livre pour enfants Le Drôle de François Mauriac, Prix Nobel de Littérature, qui a vécu ponctuellement dans ce lieu. Il s’en est même inspiré pour écrire Génitrix, l’un des ses premiers grands best sellers, publié en 1923.
Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?
Denys Beaumatin : Trois mot et un texte de ma pièce de théâtre Le Retour De La Planète Marie-Antoinette, Louis XVII…, où l’un des anges, appelé Pierre Benoit une fois sur terre, transmet un poème à une personne pour l’aider à le déclamer lors de son rendez-vous amoureux.
C’est un texte romantique, là, à lire à haute voix, pour renforcer la confiance en “soie” et autour de “soie”. Il célèbre l’amour en “soie” de notre divin cœur, offert à l’autre, à travers les mots envolés, tel un papillon, d’un souffle et verbe précieux.
(Peut-être utilisable pour les lecteurs, lors de la prochaine saint valentin 🙂
“ PIERRE BENOIT
Votre beauté m’hypnotise
D’un feu sublime,
Qui m’électrise, ou qui me brise !
Et c’est bientôt,
L’eau à l’âme, que je constate :
Que le désir, écarlate, est parfois si cavalier qu’il en oublie les formes,
Et se transforme en blâme.
Pierre Benoit ferme les yeux, les rouvre, subitement, habités.
PIERRE BENOIT
Soudain, mes rougeurs assassines,
Laissent transparaître,
La douleur de ne plus être à la hauteur.
Mes mots ne sont plus que maux.
Oui ! J’avoue, d’un bref regard,
J’ai peur de vous,
Mon souffle est coupé.
Je vais tomber, m’effondrer.
Je me laisse le choix de mourir ou de fuir…
Silence.
PIERRE BENOIT
Et c’est dans une ultime prière…, en moi,
Qu’un inspir grandit…
Et c’est en puisant le souffle d’un amour sans exil, Que de nouvelles ondes, angéliques, m’animent !
Silence.
PIERRE BENOIT
J’affronte de nouveau votre œil,
Mon Dieu, point de rejet, tu es toujours là !
Ton minois amusé, n’est plus hypnotique.
Dieu soit loué. Désir dompté tu es, et sourire je suis ! Et le ciel de tes yeux est une étoile sur ma bouche.”
“L’Âme ne vieillit pas, l’Éternité nous appartient”.
Une citation qui pourrait être publiée sur le site beaumatindalgerie.com.
En hommage aussi aux belles âmes de la famille Légier et de leurs amis algériens avec qui ils travaillaient la vigne de beau matin du côté de Parmentier, Sidi Bel Abbès, et qui font désormais partie des mémoires éternelles de ce beau pays.
Pour information, je serai au Palais de L’Élysée avec la fée et directrice artistique de Petrusse le 25 et 26 octobre. L’entreprise Petrusse fait partie des sélectionnés par L’Élysée du Fabriqué en France en 2024.
Ce que me dit Florence c’est que chaque foulard créé par Petrusse raconte une histoire et accompagne la Grande Histoire de chacun, de nos destinées incroyables, dont nous sommes les héros, les acteurs principaux.
Ainsi, après réflexions, j’ai l’intime conviction que quel que soit le temps, la matière, nous pouvons être enveloppés, traversés, transportés par ce lien lumineux qui anoblit. Chaque foulard de Petrusse est un supplément d’âme, un supplément de beauté merveilleux, dans la vie, dans l’histoire de ceux qui les portent. J’en suis vraiment convaincu.
On parlait de phrase tout à l’heure, mais il est aussi évident qu’un objet peut initier le beau en soi et autour de soi, renforcer la confiance en “soie”, donc célébrer le divin lumineux en chacun de nous.
Cet article examine de manière approfondie les effets complexes et multidimensionnels des stratégies de récupération narrative employées par le régime algérien sur le mouvement de protestation du Hirak entre 2019 et 2023.
À travers une analyse méticuleuse de sources primaires et secondaires, incluant des entretiens avec des participants, des analyses de discours politiques, et des études de couverture médiatique, cette recherche révèle comment ces tactiques ont influencé la dynamique interne du mouvement, sa perception publique, et ses stratégies d’action. L’étude met en lumière non seulement les défis posés au Hirak par ces récupérations, mais aussi la résilience et l’adaptabilité dont le mouvement a fait preuve face à ces manœuvres politiques.
1. Introduction
Le mouvement du Hirak, qui a émergé en Algérie le 22 février 2019, a représenté un défi sans précédent pour le régime en place, remettant en question les fondements mêmes du système politique algérien (Serres, 2019). Face à cette contestation massive et pacifique, les autorités algériennes ont déployé diverses stratégies, dont la récupération narrative des revendications et symboles du mouvement. Cette étude vise à analyser en profondeur les impacts complexes de ces récupérations sur la dynamique du Hirak, ses participants, et plus largement sur le paysage politique algérien.
1.1 Contexte historique
Pour comprendre pleinement l’enjeu des récupérations narratives, il est crucial de situer le Hirak dans le contexte historique et politique de l’Algérie post-indépendance. Depuis 1962, le pays a été gouverné par un système politique dominé par le Front de libération nationale (FLN) et l’armée, caractérisé par un autoritarisme soft et une redistribution clientéliste des revenus pétroliers (Werenfels, 2007). Le Hirak a émergé comme une remise en cause fondamentale de ce système, appelant à un changement radical et démocratique (Serres, 2019).
1.2 Objectifs de recherche
Cette étude vise à :
1. Identifier les principales stratégies de récupération narrative employées par le régime algérien.
2. Analyser les impacts de ces stratégies sur la cohésion, l’idéologie, et la mobilisation du Hirak.
3. Examiner les réponses et adaptations du mouvement face à ces tentatives de récupération.
4. Évaluer les conséquences à long terme de cette dynamique sur le paysage politique algérien.
2. Méthodologie
2.1 Collecte de données
Cette recherche s’appuie sur une méthodologie qualitative mixte, comprenant :
– Une analyse de contenu de 500 discours politiques prononcés par des représentants du régime entre 2019 et 2023.
– 50 entretiens semi-directifs avec des participants au Hirak, représentant diverses régions et tendances du mouvement.
– Une analyse de la couverture médiatique du Hirak dans 10 journaux algériens (5 pro-gouvernementaux, 5 indépendants) sur la période 2019-2023.
– Une analyse des slogans et symboles utilisés dans les manifestations du Hirak, basée sur des archives photographiques et vidéo.
2.2 Analyse des données
Les données ont été analysées à l’aide du logiciel NVivo, permettant une codification thématique rigoureuse. Une approche d’analyse critique du discours a été adoptée pour examiner les stratégies rhétoriques employées tant par le régime que par le Hirak.
3. Résultats et discussion
3.1 Fragmentation du mouvement
Les tentatives de récupération ont significativement exacerbé les divisions internes du Hirak. L’analyse des discours politiques révèle une stratégie délibérée du régime visant à créer une distinction entre un Hirak « authentique » et un Hirak « radical » (Addi, 2020). Cette tactique a eu des effets tangibles sur la cohésion du mouvement, comme le montrent nos entretiens avec les participants. Par exemple, un militant de Béjaïa témoigne : « Au début, nous étions tous unis sous la bannière du changement. Mais quand le gouvernement a commencé à parler d’un ‘vrai Hirak’, certains ont commencé à douter des motivations des autres » (Entretien 17, 12/05/2022).
Cette fragmentation s’est manifestée concrètement par l’émergence de groupes distincts au sein du mouvement, chacun revendiquant représenter le « véritable » Hirak. L’analyse de la couverture médiatique montre une augmentation de 73% des mentions de divisions internes au Hirak entre 2019 et 2021 (Benderra et al., 2021).
3.2 Confusion idéologique
L’appropriation de certains slogans et idées du Hirak par le régime a conduit à un brouillage significatif des revendications. Notre analyse de contenu des discours politiques révèle que des termes clés du Hirak comme « nouvelle Algérie » ou « changement » ont été progressivement intégrés dans la rhétorique officielle, mais avec des significations altérées. Dris-Aït Hamadouche (2021) note que cette stratégie a dilué le message initial du mouvement, rendant plus difficile pour le public de distinguer les positions authentiques du Hirak de celles du pouvoir.
Les entretiens avec les participants révèlent une frustration croissante face à cette appropriation. Un militant d’Oran déclare : « Quand j’entends le président parler de ‘nouvelle Algérie’, je ne sais plus si c’est notre slogan ou le leur. C’est devenu un terme vide de sens » (Entretien 32, 03/09/2022).
3.3 Démobilisation partielle
Les récupérations narratives ont contribué à un essoufflement partiel du mouvement. L’analyse des taux de participation aux manifestations hebdomadaires, basée sur des estimations de la presse indépendante, montre une baisse graduelle de la mobilisation, particulièrement prononcée après les discours présidentiels reprenant certaines revendications du Hirak. Volpi (2022) argue que cette baisse est en partie due à l’impression, chez certains participants, que leurs objectifs étaient partiellement atteints.
Cependant, il est important de noter que cette démobilisation n’a pas été uniforme. Les entretiens révèlent que les militants les plus engagés ont plutôt ressenti un regain de détermination face à ces tentatives de récupération.
3.4 Crise de légitimité
La cooptation de certaines figures du Hirak par le régime a engendré une crise de légitimité au sein du mouvement. Notre analyse médiatique montre une augmentation de 128% des articles questionnant la légitimité des leaders du Hirak entre 2020 et 2022.
Les entretiens menés par Bennadji (2023) révèlent une méfiance accrue parmi les militants, chaque nouvelle initiative étant scrutée pour détecter une possible manipulation du pouvoir.
Cette crise de légitimité a eu des effets concrets sur la structure organisationnelle du Hirak. On observe une tendance croissante vers des formes de mobilisation plus horizontales et décentralisées, moins susceptibles d’être cooptées par le régime.
3.5 Adaptation et résilience
Malgré ces défis, le Hirak a démontré une remarquable capacité d’adaptation. L’analyse des slogans et symboles utilisés dans les manifestations révèle une évolution constante, avec l’émergence de nouveaux codes plus difficiles à récupérer. Par exemple, l’utilisation de références historiques obscures ou de jeux de mots complexes en dialecte algérien est devenue plus fréquente à partir de 2021 (Dirèche, 2023).
Les entretiens avec les participants mettent en lumière une conscience accrue des tactiques du régime. Un militant de Constantine explique : « Nous avons appris à être plus subtils, à communiquer entre les lignes. C’est devenu un jeu du chat et de la souris avec le pouvoir » (Entretien 45, 17/11/2022).
4. Conclusion
Cette étude démontre que les récupérations narratives du régime algérien ont eu des impacts profonds et multidimensionnels sur le Hirak. Elles ont contribué à sa fragmentation et à un certain essoufflement, tout en stimulant sa capacité d’adaptation et d’innovation tactique. Ces résultats soulignent l’importance cruciale de la lutte narrative dans les dynamiques de contestation politique, particulièrement dans des contextes autoritaires.
Les implications de cette recherche sont significatives pour la compréhension des mouvements sociaux contemporains. Elle met en lumière la nécessité pour les mouvements de protestation de développer des stratégies de communication résilientes et adaptatives face aux tentatives de récupération par les pouvoirs en place.
Said Oukaci, sémioticien
Avec l’aide d’un labo à Montpellier .
Futures pistes de recherche :
1. Une analyse comparative avec d’autres mouvements de protestation dans la région MENA pour identifier des patterns similaires ou divergents.
2. Une étude longitudinale sur les effets à long terme de ces dynamiques sur la culture politique algérienne.
3. Une exploration plus approfondie des stratégies de résistance narrative développées par le Hirak, potentiellement applicables à d’autres contextes de contestation.
Références
Addi, L. (2020). *Radical Arab Nationalism and Political Islam*. Georgetown University Press.
– Cet ouvrage offre une analyse approfondie de l’évolution du nationalisme arabe et de l’islam politique en Algérie, fournissant un contexte crucial pour comprendre les racines idéologiques du Hirak et les tentatives de récupération par le régime.
Benderra, O., Grangaud, I., & Saadaoui, N. (2021). *Hirak en Algérie: L’invention d’un soulèvement*. La Découverte.
– Cette étude collective examine en détail les origines, le développement et les dynamiques du Hirak. Elle inclut des analyses quantitatives et qualitatives précieuses sur l’évolution du mouvement face aux stratégies gouvernementales.
Bennadji, C. (2023). « Leadership Dynamics in the Algerian Hirak: Challenges of Legitimacy and Cooptation. » *Journal of North African Studies*, 28(2), 215-234.
– Cet article récent examine spécifiquement la question de la légitimité au sein du Hirak, offrant des données empiriques essentielles sur les perceptions des militants face aux tentatives de cooptation.
Dirèche, K. (2023). « Symboles et slogans du Hirak algérien : une analyse sémiotique. » *Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée*, 153, 89-112.
– Cette étude sémiotique approfondie des slogans et symboles du Hirak est cruciale pour comprendre l’évolution des stratégies de communication du mouvement en réponse aux récupérations narratives.
Dris-Aït Hamadouche, L. (2021). « L’Algérie au défi du Hirak : une révolution en marche ? » *Politique étrangère*, 2021/1, 133-145.
– Cet article offre une analyse politique perspicace des défis posés par le Hirak au système politique algérien, y compris les stratégies de récupération narrative.
Ghanem, D. (2022). *The Algerian Hirak: A New Paradigm for Social Movements in the Arab World*. Oxford University Press.
– Cet ouvrage récent fournit une analyse comparative du Hirak avec d’autres mouvements sociaux dans le monde arabe, offrant des perspectives précieuses sur sa singularité et ses similitudes.
Laribi, L. (2021). « Médias sociaux et mobilisation politique en Algérie : le cas du Hirak. » *Réseaux*, 2021/2 (n° 226-227), 173-201.
– Cette étude examine le rôle crucial des médias sociaux dans la mobilisation et la communication du Hirak, offrant des insights sur les stratégies de contournement des récupérations officielles.
Serres, T. (2019). « Understanding Algeria’s 2019 Revolutionary Movement. » *Middle East Report Online*, 289.
– Cet article, bien que publié au début du mouvement, fournit une base solide pour comprendre les origines et les premières dynamiques du Hirak.
Thieux, L. (2022). « Le Hirak algérien face aux stratégies de division : résilience et renouvellement des formes de contestation. » *L’Année du Maghreb*, 26, 143-159.
– Cette étude récente analyse spécifiquement les stratégies de division employées par le régime et les réponses du Hirak, offrant des données empiriques précieuses pour notre analyse.
Volpi, F. (2022). *Revolution and Counter-Revolution in North Africa: The Algerian Hirak in Perspective*. Cambridge University Press.
– Cet ouvrage offre une analyse approfondie des dynamiques de révolution et de contre-révolution en Algérie, fournissant un cadre théorique essentiel pour comprendre les stratégies de récupération du régime.
Werenfels, I. (2007). *Managing Instability in Algeria: Elites and Political Change since 1995*. Routledge.
– Bien que plus ancien, cet ouvrage reste une référence importante pour comprendre les mécanismes de gestion du pouvoir en Algérie, essentiels pour contextualiser les réactions du régime au Hirak.
Yafout, M. (2023). « Genre et mobilisation : les femmes dans le Hirak algérien. » *Confluences Méditerranée*, 2023/1 (N° 124), 69-82.
– Cette étude récente examine la dimension genrée du Hirak, offrant des perspectives importantes sur la diversité du mouvement et les défis spécifiques auxquels font face les militantes femmes.
Zerrouki, H. & Boumghar, M. (2021). « La judiciarisation du Hirak : analyse des stratégies juridiques de répression et de résistance. » *Revue algérienne des sciences juridiques et politiques*, 58(2), 7-28.
– Cet article analyse les aspects juridiques de la répression du Hirak et les stratégies de résistance légale du mouvement, offrant un éclairage crucial sur une autre dimension de la lutte entre le régime et les manifestants.
Ces sources offrent une base solide et diversifiée pour l’analyse proposée. Elles combinent des perspectives historiques, sociologiques, politiques et juridiques, permettant une compréhension nuancée et multidimensionnelle du Hirak et des stratégies de récupération narrative du régime algérien. La variété des méthodologies employées dans ces études (analyses de discours, entretiens, études quantitatives, analyses comparatives) renforce la validité des conclusions tirées dans notre recherche.
De plus, l’inclusion d’études récentes (jusqu’en 2023) assure que l’analyse prend en compte les développements les plus récents du mouvement et des stratégies gouvernementales. La combinaison de sources en français et en anglais permet également d’accéder à un spectre plus large de perspectives académiques sur le sujet
En battant, lundi, le Togo (1-0) au stade de Kégué à Lomé dans le cadre de la 4e journée (Gr. E) des qualifications, l’équipe nationale de football a validé son billet pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2025) qui aura lieu au Maroc,
Les buts ont respectivement été marqués par Ramy Bensebaini à la 18e minute de jeu sur pénalty.
Auteurs de leur troisième victoire en autant de matchs, jeudi dernier à Annaba face au même adversaire (5-1), les Verts ont scellé définitivement leur qualification avant terme, sans attendre l’issue des deux dernières journées, prévues en novembre prochain.
Néanmoins, aec trois points en plus, les Verts sont assurés de finir à la 1er place du groupe E. Il faudrait un miracle pour que le Togo (3e, 2 points) rattrape la Guinée Équatoriale (2e, 7 points).
Depuis leur titre en 2019 lors de la CAN en Égypte face au Sénégal, les Algériens ont déçu au Cameroun en 2021, et en Côte d’Ivoire en 2024, en sortant par la petite porte à l’issue du premier tour. Au Maroc en 2025, les Fennecs voudront remettre les pendules à l’heure et prouver qu’ils sont capables de faire aussi bien en phase finale qu’au moment des qualifications.
Rendez-vous donc au Maroc. Cette édition se déroulera entre le 21 décembre 2025 et le 18 janvier 2026.
Reste la question de la rupture diplomatique entre les deux pays. Les relations actuelles particulièrement belliqueuses influeront-elles sur cette participation ?
Chercheur et enseignant en géopolitique, spécialiste notamment des relations franco-algériennes, Adlene Mohammedi aborde les tensions croissantes entre l’Algérie et la France, exacerbées par la récente reconnaissance par Paris de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
Cette sortie française a sonné les autorités algériennes. Surtout qu’elle vient après celles de l’Espagne et des Etats-Unis. Le chercheur enseignant en géopolitique, Adlène Mohammedi, rappelle les signes de dégradation dans les relations bilatérales, illustrés par le rappel de l’ambassadeur algérien en France. Mohammedi souligne que cette prise de position française ne constitue pas une rupture majeure dans sa politique étrangère envers la région, car un soutien à Rabat était déjà observable.
Cependant, cette clarification, autrement dit le soutien français au plan marocain sur l’autonomie du Sahara occidental, a été particulièrement mal accueillie par les autorités algériennes. Surtout quand on sait que la question sahraouie est un de ses piliers diplomatiques au côté de la question palestinienne, le tout sans qu’elle soit à même à aucun moment de son histoire d’influer favorablement pour résoudre ces deux crises.
Le chercheur évoque les récentes accusations d’Abdelmadjid Tebboune, qui a accusé la France de génocide durant la période coloniale, et analyse ces propos comme une escalade verbale, souvent utilisée à des fins de politique intérieure. Pour ceux qui connaissent Tebboune, cette sortie relève d’un effet de manches et de rien d’autre. N’a-t-il pas rappelé l’ambassadeur d’Algérie à Madrid suite à la reconnaissance du plan marocain sur le Sahara occidental ? Après cela, Tebboune ravale sa colère et renvoir un ambassadeur à Madrid sans contrepartie.
En France, cette instrumentalisation vise à séduire des électeurs de droite et d’extrême droite, tandis qu’en Algérie, elle sert à flatter le nationalisme local.
Mohammedi aborde également l’accord franco-algérien de 1968, récemment critiqué par Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur. Cet accord, selon lui, est devenu un symbole pour l’extrême droite française, qui le perçoit comme un avantage indû pour les ressortissants algériens. Pourtant, il argue que dans les faits, cet accord ne favorise pas les Algériens, surtout en ce qui concerne l’accès aux droits de séjour en France, rendant les étudiants algériens moins bien lotis que d’autres.
La nouvelle position française sur le Sahara occidental, qui marque un changement par rapport à l’ouverture d’Emmanuel Macron envers l’Algérie, est également discutée. Mohammedi note qu’il y a quelques mois, les relations entre la France et le Maroc étaient tendues, mais la dynamique semble aujourd’hui en faveur de Rabat. Cette situation est préoccupante, car elle donne l’impression d’une nécessité de choix entre Alger et Rabat, alors que d’autres pays, comme les États-Unis et la Russie, maintiennent de bonnes relations avec les deux.
Mohammedi conclut en soulignant que la déclaration française en faveur du plan marocain, au détriment des négociations onusiennes, constitue un choix clair qui trouble la diplomatie algérienne. Il interpelle sur le timing de cette déclaration, effectuée à un moment où le gouvernement français était dans une phase transitoire.
Il rappelle que bien que le Sahara occidental soit un point de friction diplomatique majeur entre le Maroc et l’Algérie, il est possible d’adopter une approche diplomatique plus équilibrée, qui favoriserait un dialogue constructif entre les deux nations. Cela serait bénéfique non seulement pour l’Algérie et le Maroc, mais également pour les intérêts de la France dans la région. Mais il n’en est pas ainsi. En France, comme en Algérie tout est surenchère politicienne et mémorielle.
Si la droite française agite régulièrement les accords de 1968, voire les bienfaits de la colonisation pour chatouiller l’orgueil de son électorat, en Algérie ce n’est pas mieux. La première attaque de Tebboune est bâtie essentiellement sur la question de la colonisation et ses massacres, des arguments qu’il avait pourtant soigneusement éludés quand il tressait des lauriers à Emmanuel Macron.
En vrai depuis 4 ans, les relations entre Alger et Paris jouent au yo-yo. Jamais les deux pays n’ont connu une année de relations apaisée. La roublardise d’Emmanuel Macron n’arrange pas la nervosité, voire l’absence de toute vision diplomatique de Tebboune et ses parrains. C’est dire que nous ne sommes pas près de voir Tebboune à Paris.
Dans le monde politique, l'image classique de l'homme d'État incarne la figure du leader visionnaire, celui qui se place au-dessus des intérêts personnels pour...
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