24 novembre 2024
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L’Italie transfère un 1er groupe de migrants vers ses centres en Albanie

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Migrants

L’Italie a transféré ce lundi 14 octobre le premier groupe de migrants vers les centres qu’elle gère en Albanie, une première pour un pays membre de l’Union européenne, en vertu d’un accord controversé.

C’est un tournant qui vient d’être franchi par l’Italie de la première ministre d’extrême droite Georgia Melon. Elle a externalisé le traitement de l’accueil des migrants qui arrivent massivement d’Afrique.

Le patrouilleur de la marine italienne Libra est parti lundi avec un premier groupe d’hommes à son bord. Selon le site du quotidien La Repubblica, il s’agit de migrants originaires du Bangladesh et d’Égypte, et le navire, parti de l’île italienne de Lampedusa, doit arriver en Albanie mercredi.

Ce transfert inédit intervient en vertu d’un accord controversé signé fin 2023 entre le gouvernement de Giorgia Meloni, Première ministre d’extrême droite italienne, et Tirana, et qui prévoyait la création de deux centres en Albanie, d’où les migrants pourront effectuer une demande d’asile. Cet accord en vigueur pour cinq ans, dont le coût pour l’Italie est estimé à 160 millions d’euros par an, concerne les hommes adultes interceptés par la marine ou les garde-côtes italiens dans leur zone de recherche et de sauvetage dans les eaux internationales.

La procédure prévoit un premier contrôle sur un navire militaire, avant un transfert dans un centre du nord de l’Albanie, au port de Shengjin, pour une identification, puis vers un second centre, sur une ancienne base militaire à Gjader. Là, les migrants seront détenus en vertu d’une mesure de rétention administrative décidée par le préfet de Rome, dans des préfabriqués de 12 m2 entourés de hauts murs et de caméras et surveillés par la police, dans l’attente du traitement de leur demande d’asile. 

Selon le protocole italo-albanais, les demandeurs d’asile devront obtenir une réponse dans un délai de 28 jours. Si elle est positive, ils seront ramenés dans des centres en Italie. Dans le cas contraire, ils seront placés en cellule avant d’être expulsés vers leur pays d’origine.

L’intérieur du camp est sous la responsabilité des Italiens, la sécurité extérieure étant assurée par les forces de l’ordre albanaises. Les personnes considérées comme vulnérables par la loi, dont les mineurs, les femmes, les personnes souffrant de troubles mentaux, ayant été victimes de torture, de violences sexuelles ou de traite d’êtres humains, ne sont pas concernées par la procédure. Plus de 300 militaires, médecins et juges italiens sont engagés dans cette opération.

L’opposition dénonce une atteinte aux droits fondamentaux

« Il n’y a pas de barbelé, il y a de l’assistance. Tous peuvent demander une protection internationale et obtenir une réponse en quelques jours », a déclaré samedi le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi, évoquant des centres de « détention légère ». Mais le syndicat de l’administration publique UILPA a dénoncé vendredi les conditions de vie dans ces centres et les restrictions d’accès à l’eau, à l’électricité et aux moyens de communication. Selon Elly Schlein, la cheffe du Parti démocrate (PD, centre-gauche), principale formation de l’opposition, le gouvernement Meloni « hausse les impôts et gaspille près d’un milliard d’euros » en cinq ans, « au détriment des droits fondamentaux des personnes ».

Pour l’opposition, cette première opération pourrait marquer le début de l’échec du projet, rapporte le correspondante de Rfi à Rome. Les partis de centre gauche rappellent notamment qu’un arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne remet en question la liste des 22 pays sûrs dressée par le gouvernement italien et que la procédure de demande d’asile par liaison vidéo constitue une discrimination entre migrants. « Ceux en Albanie se retrouvant beaucoup plus seuls et impuissants », souligne Elly Schlein.

L’Italie et la Hongrie ont proposé d’en étendre le principe à l’échelle européenne, avec la création de « hubs de retour » – des centres où seraient renvoyés des migrants illégaux dans des pays en dehors de l’UE. Cette proposition de sous-traiter une partie de la pression migratoire pourrait être discutée au sommet européen des 17 et 18 octobre à Bruxelles. Elle est déjà officiellement soutenue par quinze pays membres de l’UE depuis le mois de mai.

Outre l’Albanie, le gouvernement italien a conclu un accord avec la Tunisie, prévoyant une aide économique en échange d’efforts accrus pour arrêter les migrants qui quittent son territoire pour aller en Italie.

L’Italie a également renouvelé un accord conclu en 2017 avec le gouvernement libyen de Tripoli, soutenu par l’ONU, en vertu duquel Rome fournit une formation et un financement aux garde-côtes libyens afin d’endiguer les départs de migrants ou de renvoyer en Libye ceux qui sont déjà en mer.

Avec Rfi

Deuxième journée du procès des « 26 de Bougie »

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Rue de la Lyre 1951

Mémoire. C’était hier le deuxième jour du procès des 26 condamnés de Bougie. Dans l’édition d’Alger républicain du 18 avril 1951 Mohammed Dib signait ce reportage.

1 – Les manifestations

Et comme la veille des forces de police considérables, bottées, casquées et particulièrement « nerveuses », munies de musettes et de mousquetons patrouillaient en ville. Mais il n’y eut pas de manifestation aux abords du palais de justice.

Peu de temps avant midi, les abords de la prison civile étaient occupés par une immense foule.

La population algéroise, dans un mouvement d’union qui rassemblait des progressistes et des démocrates de toutes origines, s’était groupée fraternellement pour manifester sa solidarité à l’égard des militants MTLD de Bougie victimes de la répression colonialiste.

Outre la présence de dirigeants et d’élus MTLD comme M. Boukadoum, député, Ferroukhi et Demaghlatrous, on pouvait voir des travailleurs, des militants et des dirigeants des différents partis nationaux, mêlés à des démocrates inorganisés, que pareille mesure révolte.

Tout se passait normalement sans le moindre incident.

A ce moment là surgit un groupe d’agents motocyclistes dans un grondement de moteurs, suivis de près par un fourgon plein de policiers. Dès qu’ils stoppèrent, d’un seul mouvement ils se ruèrent sur la foule qui observait le plus grand calme.

Armés de mousquetons, ils assénèrent des coups de crosse sur les premiers venus avec une frénésie indescriptible. Ils étaient menés par le commandant des gardiens de la paix qui donnait, lui, autant de coups de cravache qu’il pouvait ; quant aux motards, ils fonçaient sur les gens avec leurs machines en pleine marche.

Avec une brutalité inouïe, les rues avoisinantes furent « dégagées » et des cordons de police installés, l’arme à la main.

Mais les manifestants dont le nombre croissant sans cesse, s’amassaient, formant une foule imposante, aux cris de « Libérez les patriotes ! », « Libérez les patriotes ! ». L’indignation populaire montait tandis que les forces de police accrues renouvelaient leurs charges rageusement.

Puis la voiture cellulaire arriva, précédée et suivie de camions chargés de gardes mobiles. Il y eut, à cet instant, des acclamations prolongées qui au milieu d’une profonde émotion montaient vers les détenus.

C’étaient plus que n’en pouvaient supporter les « forces de l’ordre » dont maints chefs abondamment galonnés témoignaient de leur hargne impuissante.

Plusieurs fois de suite, les agents se précipitèrent avec leurs mousquetons sur les manifestants qu’ils acculèrent jusque dans les ruelles toutes proche de la Casbah. Là, ils matraquèrent impitoyablement ; il y eut de nombreux blessés, parmi lesquels se trouvaient des enfants et des vieillards ; ceux-ci couraient, qui, l’arcade sourcilière ouverts, qui, la nuque sanglante.

D’autres avaient la bouche ensanglantée. On apprenait que parmi les blessés se trouvaient MM. Bouchakour Mustapha et Boudjroudi Saïd, adjoints au maire d’Alger, et M. Ketrandji Mustapha.

Ayant accompli son œuvre de terreur et de répression, la police se sépara. Les détenus étaient en prison.

Mais elle ne tarde pas à revenir en force pour donner la chasse à l’immense rassemblement qui se forme devant le commissariat du 2e arrondissement. Là avaient été amenés plusieurs manifestants parmi lesquels M. José Aboulker, conseiller général, Bachir Hadj-Ali, secrétaire du PCA, Raffini, secrétaire du Secours populaire algérien, Rachid Dalibey, conseiller général d’Alger, Mahmoudi, secrétaire régional du PCA, qui fut blessé à la bouche d’un coup de casque et en dernier lieu M. Jacques Salort et Mme Lucette Manaranche, qui faisaient partie de la délégation venue demander la mise en liberté de ces derniers.

Pendant ce temps, la police frappait à coups redoublés sur la foule qu’ils poursuivaient à travers les rues de la Casbah renversant des bébés et des femmes. Parmi les victimes, il s’est trouvé un jeune homme d’une vingtaine d’années, Abderrahmane Ouliche, qui dut être hospitalisé.

Vers 14 heures, au commissariat de 2ème arrondissement, ont fut obligé de relâcher les personnes appréhendées.

Ainsi, au cours de la journée d’hier, avec une brutalité dont les bornes reculent chaque jour davantage, la police célébrait l’arrivée du nouveau gouverneur général, M. Léonard, ancien préfet de police.

2 – 11 manifestants arrêtés lundi ont été relâchés hier

MM. El Madhaoui Mustapha, Ould Mohamed Lhadi, Slimane ben Larbi, Aoun Ahmed, Tankarli Mohamed, Zegane Mohammed, Bouraba Aïssa Omar ben Ahmed, Djenane Slimane, Madjer Omar ben Ahmed et Loulel Ahmed qui se trouvaient du nombre des manifestants arrêtés lundi ont été relâchés hier.

3 – Le procès

La deuxième journée du procès des militants MTLD de Bougie a été notamment occupée par les plaidoiries de Maîtres Douzon et Dechezelles, du barreau de Paris, et Zidi, Bentoumi et Kiouane, du barreau d’Alger. L’affaire a été mise en délibéré.

Le jugement sera rendu demain.

Mohammed Dib *

Alger-Républicain, 18/4/1951

(*) La 1ère partie de l’article porte la signature de la rédaction d’Alger-Républicain

Crise diplomatique entre l’Inde et le Canada : plusieurs diplomates expulsés

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Les premiers ministres canadien et indien

La crise diplomatique en cours entre l’Inde et le Canada s’est intensifiée, ce lundi 14 octobre. New Delhi a d’abord rappelé son haut-représentant à Ottawa avant que les deux pays expulsent six diplomates chacun. L’Inde accuse le Canada d’enquêter sur des membres de sa représentation à la suite du meurtre en 2023 sur le sol canadien d’un chef séparatiste sikh.

La mort du citoyen canadien Hardeep Singh Nijjar, qui militait pour la création d’un État sikh indépendant dans le nord de l’Inde appelé le Khalistan, a envenimé les relations entre les deux pays. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait déclaré qu’il y avait « des allégations crédibles » reliant les services secrets indiens à ce crime.

Lundi 14 octobre, l’Inde a annoncé rappeler plusieurs de ses diplomates au Canada, à commencer par son haut-représentant, Sanjay Kumar Verma. « Nous n’avons pas confiance dans l’engagement du gouvernement canadien actuel à assurer leur sécurité », a expliqué le ministère indien des Affaires étrangères dans un communiqué. Le gouvernement a donc « décidé de rappeler le Haut-Commissaire ainsi que d’autres diplomates et responsables visés ».

Peu auparavant, ce même ministère avait dit avoir « reçu une communication diplomatique du Canada laissant entendre que le Haut-Commissaire indien et d’autres diplomates sont des personnes présentant un intérêt » dans le cadre de l’enquête en cours. Il avait qualifié d’« absurdes » les allégations selon lesquelles l’Inde est impliquée dans le meurtre, y voyant une « stratégie de diffamation de l’Inde à des fins politiques ».

Surenchère dans les représailles diplomatiques

Depuis les accusations de Justin Trudeau, New Delhi et Ottawa s’affrontent à coups de représailles diplomatiques. L’année dernière, l’Inde a provisoirement restreint les visas pour les Canadiens et obligé le Canada à rapatrier certains de ses diplomates. Convoqué par le ministère des Affaires étrangères indien, le chargé d’affaires du Canada, Stewart Wheeler, a commenté devant la presse : « Le Canada a fourni des preuves crédibles et irréfutables de liens entre des agents du gouvernement indien et le meurtre d’un citoyen canadien sur le sol canadien. Il est désormais temps pour l’Inde de tenir ses promesses et d’examiner toutes ces allégations. Il est dans l’intérêt de nos deux pays et de leurs peuples d’aller au fond des choses. Le Canada est prêt à coopérer avec l’Inde. »

Mais la bataille diplomatique a repris de plus belle. Après le rappel du haut-représentant indien à Ottawa, l’Inde a annoncé l’expulsion de six diplomates canadiens de haut rang, parmi lesquels Stewart Wheeler, son adjoint et quatre premiers secrétaires. « Il leur a été demandé de quitter l’Inde à ou avant 23h59 samedi 19 octobre », a précisé le ministère des Affaires étrangères. La réponse canadienne ne s’est pas faite attendre. Ottawa a également annoncé l’expulsion six diplomates indien, dont le haut-représentant à Ottawa – celui-là même rappelé par New Delhi plus tôt. 

En novembre 2023, le ministère américain de la Justice a de son côté accusé un citoyen indien vivant en République tchèque d’avoir planifié une tentative d’assassinat similaire aux États-Unis. Les procureurs ont affirmé qu’un responsable du gouvernement indien était aussi impliqué dans cette affaire. Tué sur le parking d’un temple sikh à Vancouver (ouest) en juin 2023, Hardeep Singh Nijjar, qui avait immigré au Canada en 1997 avant d’être naturalisé en 2015, était recherché par les autorités indiennes pour terrorisme présumé et conspiration en vue de commettre un meurtre.

Quelque 770 000 Sikhs vivent au Canada, constituant 2% de la population, avec une minorité active réclamant la création d’un État indépendant du Khalistan.

Rfi

Le verrouillage de l’espace public : du mouvement islamiste au Hirak

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Hirak

Dans l’Algérie moderne, le régime a développé une stratégie sophistiquée de contrôle de l’espace public, tant physique que symbolique. Cette stratégie, mise en œuvre par la police politique, vise à marginaliser toute forme de contestation tout en maintenant le pouvoir au centre de la signification sociale et politique.

L’étude des deux principaux mouvements contestataires – le mouvement islamiste des années 1990 et le Hirak contemporain – révèle la persistance et l’évolution de ces mécanismes de verrouillage sémiotique.

1. La construction du centre sémiotique

Le régime algérien s’est positionné comme le gardien exclusif de la légitimité nationale. Ce positionnement s’opère à travers :

a) L’appropriation des symboles nationaux : Le drapeau, l’hymne national, et les figures historiques sont systématiquement associés au pouvoir en place.

b) Le monopole du discours sur la stabilité : Le régime se présente comme seul garant de l’ordre et de la sécurité nationale.

c) La maîtrise de l’espace médiatique : Les médias d’État et les médias privés contrôlés diffusent une narration uniforme favorable au pouvoir.

2. La marginalisation sémiotique de la contestation

Face à cette centralité construite, les mouvements contestataires sont relégués à la périphérie symbolique par divers procédés :

a) La diabolisation : les opposants sont dépeints comme des menaces à l’unité nationale ou des agents de l’étranger.

b) L’invisibilisation : les manifestations et actions contestataires sont minimisées ou ignorées dans les médias officiels.

c) La fragmentation : le pouvoir cherche à diviser les mouvements d’opposition, les présentant comme disparates et incohérents.

3. Le cas du mouvement islamiste

Dans les années 1990, le mouvement islamiste a représenté un défi majeur pour le régime. La réponse sémiotique du pouvoir a été double :

a) La construction d’une menace existentielle : les islamistes ont été présentés comme une menace mortelle pour l’État et la société algérienne.

b) L’appropriation du discours religieux : le régime s’est positionné comme le défenseur d’un islam « modéré » face à l' »extrémisme ».

c) La polarisation de l’espace public : le débat a été réduit à une opposition binaire entre « islamistes » et « démocrates », le régime s’arrogeant le rôle de protecteur de la démocratie.

4. La phagocytose des Islamistes et la redéfinition de la menace

Après avoir vaincu militairement le mouvement islamiste, le régime a opéré un tour de force sémiotique :

a) L’intégration contrôlée : certains éléments islamistes « modérés » ont été intégrés au système, renforçant l’image d’ouverture du régime.

b) La réorientation de la menace : la « modernité » excessive et l' »occidentalisation » ont progressivement remplacé l’islamisme comme menace potentielle pour l’identité algérienne.

c) Le positionnement centriste : le régime s’est présenté comme un équilibre entre tradition et modernité, marginalisant à la fois les islamistes « radicaux » et les modernistes « extrêmes ».

5. Le Hirak face au verrouillage sémiotique

Le mouvement du Hirak, lancé en 2019, a représenté un nouveau défi pour le système de contrôle sémiotique du régime :

a) La réappropriation des symboles : le Hirak a tenté de récupérer les symboles nationaux, notamment le drapeau, pour les associer à la contestation pacifique.

b) La création d’un nouveau lexique : des slogans comme « Yetnahaw ga3 » ont introduit de nouveaux codes linguistiques dans l’espace public.

c) L’occupation physique et symbolique de l’espace : Les manifestations hebdomadaires ont temporairement redéfini la signification de certains espaces urbains.

6. La réponse du régime au Hirak

Face à ce défi, le pouvoir a déployé de nouvelles stratégies de verrouillage sémiotique :

a) La récupération narrative : Le régime a tenté d’intégrer certaines revendications du Hirak dans son discours, tout en vidant le mouvement de sa substance révolutionnaire.

b) La criminalisation sélective : L’utilisation de lois vagues sur la sécurité nationale a permis de recoder certains actes de contestation en crimes.

c) La fragmentation du mouvement : le pouvoir a cherché à diviser le Hirak en catégories (jeunes idéalistes vs. manipulateurs), affaiblissant son unité symbolique.

d) L’exploitation de la crise sanitaire : la pandémie de Covid-19 a été utilisée pour justifier la restriction de l’espace public physique et, par extension, symbolique.

Le verrouillage de l’espace public en Algérie par la police politique opère à travers un système sémiotique complexe qui vise à maintenir le régime au centre de toute signification sociale et politique. Ce système a montré une remarquable capacité d’adaptation, passant de la gestion de la menace islamiste à celle du Hirak.

La stratégie du régime consiste à occuper constamment le centre de référence, reléguant toute opposition à la périphérie symbolique. Cette marginalisation s’opère par un contrôle strict des codes, des symboles et des narrations qui circulent dans l’espace public. Le défi pour les mouvements contestataires reste de briser ce verrouillage sémiotique, de créer de nouveaux espaces de signification et de redéfinir les termes du débat public. Cependant, tant que le régime maintiendra son contrôle sur les principaux vecteurs de production et de diffusion du sens (médias, institutions, espaces publics), la contestation risque de rester confinée à la périphérie symbolique, luttant constamment pour sa légitimité et sa visibilité dans l’espace public algérien.

Saïd Oukaci, sémioticien

Cheikh Elyazid : « Tamazight a besoin de tous ses enfants »

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Cheikh Lyazid

Cheikh Elyazid, de son vrai nom Yazid Benhennou, est un chercheur en patrimoine amazigh. Poète, animateur des activités culturelles et auteur de plusieurs ouvrages en différentes langues, notamment en tamazight, il se distingue par sa foisonnante production et son penchant pour la littérature enfantine à laquelle il réserve beaucoup de son temps.

Le Matin d’Algérie : Qui est Cheikh Lyazid en quelques mots?

Cheikh Lyazid : Je ne suis qu’un poète troubadour, habitant les montagnes de la Kabylie. Surnommé ainsi par les intimes, j’ai épousé la culture de mon berceau natal avec les chants de ma mère et ceux de ma grand-mère. Feu mon père a été ma première source d’inspiration, en ce sens qu’il m’avait nourri par des contes et des chants religieux de la fameuse Tariqa Rahmaniya.

Autour de moi, dans les contreforts de la Kabylie, j’avais puisé matière à ma vocation littéraire. Comme j’avais tiré grandeur, beauté et défi dans l’histoire, les traditions, les us ainsi que les coutumes locales. Mon émerveillement face à la culture berbère n’est somme toute qu’un appel de la nature. Mon âme d’aventurier s’est ainsi réveillée, épousant la paix et la créativité. Militant de la cause amazighe dès mon adolescence, je me considère avec toute modestie un bourgeon du mouvement culturel berbère.

Quant à ma carrière d’auteur, j’ai publié jusque-là sept livres de contes pour enfants en tamazight, deux romans et un essai de recherche toujours en tamazight, des adaptations des fables de Jean de la Fontaine, quatre recueils de poésie en arabe parus en Algérie, un recueil de poésie soufie en Suède avec l’aide de l’Association « Penseurs arabes du monde », une pièce de théâtre et enfin un recueil de poésie en Français.

De part ma nature curieuse, j’ai pu lire plusieurs littérature (s), si je pouvais m’exprimer ainsi,  en faisant des adaptations du russe, de l’espagnol, de l’américain, du turc, etc. Par ailleurs, j’ai participé à deux reprises à une anthologie de poésie au Mexique en anglais sous l’égide de l’Unesco, en Serbie avec les cercles serbes, à Barcelone en Espagne, et enfin, en France.

J’ai eu également la chance de contribuer à un livre d’un groupe poétique maghrébin, et à un recueil collectif d’artistes sur les prisonniers politiques dans le monde en arabe, paru en Egypte. Certains de mes travaux sont même soumis à des critiques dans diverses universités à travers le monde. Ainsi des traductions de mes oeuvres ont-elles été faites en albanais, anglais, espagnol, italien, etc.  A présent, je dirige plusieurs activités culturelles, notamment une rubrique culturelle « Axxam n’Leqvayel » à la Radio Saint-Etienne en France. 

Le Matin d’Algérie : Dans vos écrits, on sent une touche spirituelle, très proche du Soufisme. Vos vers donnent aux lecteurs la sensation d’être immergés dans une atmosphère d’ouverture, de fraternité et de tolérance. Quelle est votre explication?

Cheikh Lyazid : L’écriture est une forme de méditation, donc de spiritualité. C’est, dirais-je même, un voyage dans les profondeurs de l’humain. Avec l’écriture, on soigne nos blessures, on guérit nos maux, d’abord dans l’espace intérieur de l’être, puis dans l’espace le plus large, c’est-à-dire la société. Pour moi, il s’agit de pensées spirituelles libres, de fraternité, de tolérance et d’amour. La touche spirituelle dont vous parlez, est, me concernant, une forme de purification de l’âme par le biais de la parole et de l’écrit. J’aime  tout ce qui me libère des chaînes de la servitude.

La plume, au-delà de son effet cathartique sur les esprits, aide à la création d’une atmosphère saine, à l’intérieur de l’être et tout autour de lui, loin de toute pulsion de haine et de violence. Elle est une deuxième naissance à la vie ; une renaissance ; une résurrection après des phases d’épreuves, de douleurs et de traumatismes. Qui plus est, elle est un langage sans frontières. Il y a, à vrai dire, quelque chose du Soufisme là-dessus, moins tout relent dogmatique ou sacralisant.   

Le Matin d’Algérie : Vos contes pour enfants en tamazight sont un véritable succès. Pourriez-vous nous dire pourquoi vous vous êtes orientés vers ce créneau?

Cheikh Lyazid : L’enfant est tel un arbre dont il faut prendre régulièrement soin. On doit lui offrir ce qu’il y a du meilleur en nous. La plus belle des choses, c’est de ne pas le laisser seul, orphelin de racines, de ne pas le priver de sa langue, de son identité, de sa culture, de son histoire. C’est de lui offrir un univers d’imagination proche de sa personnalité, de son entourage et de ses racines. Un univers qui doit être simple, très ouvert sur le monde. Tout cela doit se faire avec un langage simple et il n’y a pas mieux qu’un conte. Car, ce dernier permet à l’enfant d’affronter la réalité avec sagesse et philosophie, en s’identifiant aux personnages imaginaires, lesquels peuvent ressentir les mêmes émotions que lui-même.

Rappelons-nous Le Petit Prince de Saint-Exupéry et l’effet majeur qu’il avait eu sur le monde l’enfance, pour comprendre l’intérêt d’un conte dans le développement de l’enfant et dans son passage au monde l’adolescence et puis à l’âge adulte.  Bref, le conte a une grande importance dans l’apprentissage de l’élève. « Si vous voulez que vos enfants soient intelligents, disait Albert Einstein, lisez-leur des contes de fées ».

Dans la culture amazighe, le conte a justement toute sa place dans le foyer traditionnel. Le Grain Magique de Taos Amrouche en est la preuve la plus vivante. La femme, qu’elle soit mère ou grand-mère, en est souvent la pièce-maîtresse, et les parents , père, grand-père, oncles s’adonnent aussi quelquefois aux contes, en transférant morales, sagesses et leçons de vie utiles à leur progéniture. Tout cela a joué dans mon choix du créneau des contes pour enfants…   

L.M.A : On sait bien que, ces derniers temps, il y a plein de production livresque en tamazight, s’agit-il vraiment d’un rebond culturel qui promet ? Ou c’est juste une tendance éphémère « bouche-trou », c’est-à-dire pour combler le vide d’un champ culturel resté longtemps en déshérence? 

Cheikh Lyazid : En vérité, le livre amazigh commence à émerger dans le champ culturel national. La production livresque en Tamazight, surtout en littérature, n’est pas négligeable. C’est une réussite, même s’il y a un manque criant en matière de subvention, de promotion, des difficultés d’édition et de vente, la prise en charge concrète de notre langue avec les outils ainsi que les moyens nécessaires. Heureusement que l’acte du militantisme est là présent pour faire avancer les choses, donner plus de fruits, sauvegarder notre identité, dans l’attente d’ouverture à d’autres champs et domaines scientifiques.

Ici, il me semble pertinent de mettre l’accent sur la nécessité de la traduction. Nos autorités doivent encourager les élites dans ce sens. C’est très utile pour nous d’aller en force sur ce créneau.

Rappelons-nous que c’était grâce à traduction des oeuvres grecques en arabe que les musulmans avaient pu porter leur culture à l’apogée. Faisons alors de notre culture berbère le carrefour de toutes les cultures du monde… 

Le Matin d’Algérie : Vous êtes un auteur prolifique, aussi bien en arabe qu’en tamazight. Quel est le secret de ce bilinguisme qui se fait rare chez nous par les temps qui courent ? 

Cheikh Lyazid : Ma plume embrasse plusieurs langues. J’avoue que c’est une sorte de bénédiction. En plus, j’avais fait des études en philosophie et en littérature. Chose qui m’avait longtemps soutenu, en me maintenant à flots, dans le bain de la réflexion et de la pensée.  Il est clair que les langues m’avaient attiré dès mon enfance et c’était d’ailleurs la chose qui m’avait poussé à découvrir l’univers linguistique multiple. Je parle, en effet, plusieurs langues. C’est un bagage sinon un « background » pour l’écriture et la création en tamazight.

En quelque sorte, je me retrouve dans ma langue maternelle et j’essaie de l’enrichir en puisant dans d’autres langues.C’est un travail à la fois passionnant et laborieux. Etape incontournable pour épouser l’universalité, tout en gardant à l’esprit l’idée que la plume ne ne s’arrête pas à l’obstacle de la langue, mais transcende toutes les barrières pour aller vers l’universel. 

Le Matin d’Algérie : Vous êtes sur le terrain culturel depuis plus de deux décennies, quel regard portez-vous aujourd’hui sur tamazight? Et puis, quel statut souhaiteriez-vous à l’artiste en Algérie ? 

Cheikh Lyazid : Pour tamazight, je suis optimiste. Toutefois, je pense que le chantier de sa promotion est encore long. Beaucoup d’efforts et de sacrifices restent à  déployer. Tamazight a besoin de ses enfants, tous ses enfants sans exception, de moyens et un travail de fond pour sortir de l’ornière du bricolage et du folklore. Quant à l’artiste, il me semble qu’il nage tout seul dans un océan d’incertitude, avec des contraintes de tout ordre. De même la société le regarde-t-il de manière floue.

Sincèrement, l’artiste est en perpétuelle souffrance en Algérie. Il porte un lourd fardeau fait de mépris et d’incompréhension. Il est en attente d’un regard attentif à son égard. Une société qui sous-estime ses artistes, n’est-elle pas, somme toute, une société vouée à l’échec ; à la disparition ; au repli sur soi ; à la mort lente? C’est le moment ou jamais d’aller vers une refonte réelle dans le statut de l’artiste. Il faut lui accorder ses droits, ses pleins droits et l’un d’eux, c’est le droit à la vie ; à la respiration ; à l’expression libre ; à l’existence même.

Bref, la vie, c’est de l’espoir et je lance ici même au travers votre honorable site un appel pour le Ministère de la tutelle, les mécènes et le patronat afin qu’ils viennent à la rescousse de notre patrimoine, de notre culture, de notre héritage commun et surtout des artistes, porteurs de lumière et d’idéaux.

Il va falloir écouter les soucis des auteurs, les respecter, les considérer, leur ouvrir les portes…enfin, un appel à mes compatriotes : faites apprendre à vos enfants l’amour des livres et tout ce qui est en rapport avec la lecture. C’est très important. 

Propos recueillis par Kamal Guerroua pour Le Matin d’Algérie. 

Opep : la demande mondiale en pétrole va croître en 2024-2025

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Pétrole

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) mise toujours sur une croissance de la demande de pétrole en 2024 et 2025 mais en baisse par rapport à ses prévisions précédentes, selon son dernier rapport mensuel publié ce lundi.

Le monde consommera en moyenne 104,1 millions de barils de pétrole par jour en 2024, contre 102,2 mb/j en 2023, indique un rapport l’organisation, qui révise chaque mois ses prévisions en fonction de la conjoncture.

Pour 2025, l’Opep table sur une consommation mondiale de 105,7 millions de barils par jour. Dans sa précédente prévision, l’Organisation tablait sur une consommation mondiale de pétrole de 104,2 mb/j par jour en 2024 et de 105,9 mb/j en 2025.

L’Opep estime que la demande de pétrole augmentera de 1,9 million de barils par jour en 2024, «ce qui reste bien supérieur à la moyenne historique de 1,4 mb/j observée avant la pandémie de Covid-19».

L’ajustement par rapport à l’évaluation mensuelle précédente «reflète les données réelles reçues, combinées à des prévisions légèrement inférieures pour certaines régions», souligne l’organisation.

Au total, la demande des pays non-membres de l’OCDE devrait augmenter de 1,8 million de barils par jour cette année par rapport à 2023, et de seulement 0,1 mb/j pour les pays membres de l’OCDE (qui représente des pays développés), principalement dans les Amériques.

«Les prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2025 sont également révisées à la baisse», à 1,6 million de barils par jour.

«La demande de pétrole des pays non membres de l’OCDE devrait être le moteur de la croissance de l’année prochaine, en augmentant d’environ 1,5 mb/j en glissement annuel, grâce aux contributions de la Chine, des autres pays d’Asie, du Moyen-Orient et de l’Inde», indique l’Opep.

En 2019, avant la pandémie de Covid, la planète consommait en moyenne environ 100 millions de barils par jour de pétrole.

Le mois dernier, l’Opep a affirmé que la demande pétrolière continuerait de progresser au moins jusqu’en 2050.

L’histoire s’en va, la rente persiste : la légitimité en question

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Une diarchie sans légitimité et impopulaire

En Algérie, la scène politique évolue, mais la transition ne semble pas se faire sans heurts. La génération des héros de la lutte pour l’indépendance s’éteint peu à peu, important avec elle une part de la légitimité historique qui a longtemps servi de bouclier au régime.

Aujourd’hui, alors que l’histoire perd de son poids et de sa résonance, la rente pétrolière et gazière devient le dernier levier du pouvoir pour se maintenir. L’histoire s’efface, la rente s’agrippe : cette dépendance économique masque une réalité plus profonde, celle d’une légitimité en pleine érosion.

Une légitimité historique en voie de disparition

L’Algérie a longtemps fondé son pouvoir sur le récit héroïque de la lutte pour l’indépendance. Ce récit, porté par la génération du 1er novembre 1954, a été une source de légitimité incontestable pour les élites politiques. Pourtant, le poids de l’histoire s’estompe.

Les récits glorieux ne résonnent plus de la même manière dans une société marquée par de nouveaux défis, tels que le chômage, les inégalités et la corruption. Le Hirak , le mouvement de contestation populaire né en 2019, a été un moment charnière. Des millions d’Algériens ont défilé dans les rues pour demander non seulement la fin d’un régime vieillissant, mais aussi un renouvellement de la classe politique et une refonte du système.

Ce soulèvement à mis en lumière une fracture générationnelle : la jeunesse algérienne, majoritaire, ne se sent plus liée à ces récits historiques qui servaient autrefois de fondement au régime. Elle aspire à autre chose : des opportunités économiques, des institutions démocratiques et une gouvernance plus transparente. Le pouvoir actuel se retrouve ainsi face à un vide de légitimité , incapable de réinventer un nouveau récit ou d’offrir une vision claire pour l’avenir.

La rente : dernier pilier d’un pouvoir fragile

Dans ce contexte d’affaiblissement de la légitimité historique, la rente pétrolière et gazière reste le dernier bastion. Depuis des décennies, cette rente a permis de maintenir une forme de stabilité, en servant d’instrument de redistribution et en entraînant des réformes économiques et sociales profondes. Mais cette dépendance est une épée à double tranchant.

Les fluctuations des prix du pétrole sur les marchés internationaux, échappant totalement au contrôle du gouvernement algérien, rendent cette stratégie précaire. Les revenus de la rente ne dépendent pas de la volonté des dirigeants locaux, mais des dynamiques mondiales, soumettant l’Algérie à une vulnérabilité économique accumulée. De plus, les dinars imprimés ne sont que la contrepartie des réserves en devises , majoritairement en dollars ou en euros. Cette situation met en lumière la faiblesse de l’économie locale, qui manque cruellement de diversification et de production à forte valeur ajoutée.

L’accumulation des pétrodollars a longtemps permis au pouvoir d’acheter une forme de paix sociale, mais cette manière ne peut dissimuler indéfiniment les lacunes structurelles du pays. Chaque baisse des prix du baril rappelle cruellement la fragilité de cette dépendance. La rente, autrefois perçue comme un atout, devient aujourd’hui un poids , étouffant les initiatives de diversification économique et la mise en place de véritables réformes.

Une légitimité en question

Avec l’histoire qui s’efface et la rente qui vacille, la question de la légitimité du pouvoir se pose plus que jamais. Si, hier, les dirigeants pouvaient encore se prévaloir de leur rôle dans la guerre d’indépendance pour justifier leur maintien à la tête de l’État, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La nouvelle génération attend des résultats concrets, des opportunités d’emploi, une justice sociale et des institutions solides. Les vieux récits ne suffisent plus.

De plus, la rente ne peut continuer à jouer ce rôle de béquille indéfiniment. Le pouvoir doit faire face à une réalité incontournable : la nécessité de diversifier l’économie, de moderniser les institutions et de répondre aux aspirations de son peuple. L’ère où les ressources naturelles pouvaient masquer les carences politiques touchent à sa fin. À défaut de réformes profondes, la situation risque de s’enliser, plongeant le pays dans une crise encore plus profonde.

Conclusion

L’histoire s’en va, la rente s’agrippe : en Algérie, cette formule résume le dilemme d’un pouvoir à la dérive. Alors que la légitimité historique disparaît, il devient de plus en plus clair que la rente ne pourra pas indéfiniment servir de substitut. Le pays est à la croisée des chemins, entre un passé glorieux qui ne parle plus et un futur incertain qu’il reste à construire. La légitimité du pouvoir est en question , et seules des réformes courageuses, une gouvernance responsable et une nouvelle vision pour l’avenir pourront offrir à l’Algérie la place qu’elle mérite, en adéquation avec les aspirations de son peuple.

« Quand l’histoire perd son poids et que la rente devient un fardeau, le pouvoir se trouve face à une question cruciale : comment justifier sa légitimité sans vision pour l’avenir ni réformes pour le présent ? »

Cette citation résume le dilemme actuel : la perte de la légitimité historique et la fragilité de la rente comme ultime soutien du régime. Elle souligne également la nécessité de réformes et d’une nouvelle vision pour préserver la légitimité.

 Dr A. Boumezrag

L’éducation en ligne en Algérie : vers une démocratisation du savoir?

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Education

L’Algérie vit une révolution numérique dans l’éducation. Le pays veut moderniser son système éducatif, et l’enseignement en ligne semble être la solution pour ouvrir l’accès au savoir à tous. Des plateformes d’apprentissage aux cours en visio, en passant par le besoin de réduire jpg pour alléger les ressources pédagogiques, l’éducation algérienne change. Mais est-ce que ce virage vers le numérique va vraiment donner les mêmes chances à tous les élèves ?

Le gouvernement

Le gouvernement algérien veut clairement numériser l’éducation. Le ministre de l’Education, Abdelhakim Belabed, l’a dit : la rentrée 2024-2025 sera « une nouvelle ère numérique sans précédent ». Tout sera numérisé : la pédagogie, l’administratif, l’organisation.

C’est dans le cadre du plan « zéro papier » prévu pour 2029. Concrètement, cela signifie : une inscription en ligne pour les nouveaux élèves en classe de primaire, documents scolaires numériques, et 1 200 nouvelles écoles équipées en tablettes.

Les facultés suivent le mouvement. Dès avril 2020, avec le COVID, le ministère de l’Enseignement supérieur a demandé aux universités de passer par une stratégie digitalisée. Cela a accéléré un changement qui était déjà en route.

Des projets concrets

Plusieurs solutions ont été lancés pour rendre l’éducation numérique accessible :

  1. La plateforme de l’ONEFD propose des cours en ligne, surtout pour ceux qui préparent les examens nationaux.
  2. L’émission « Clés du succès » passe à la télé pour les élèves qui ont des examens.
  3. Il y a aussi des cours sur YouTube et le site de l’ONEFD.
  4. L’Algérie a 12 chaînes de télévision éducatives pour tous les niveaux.
  5. Un accord entre le ministère de l’Intérieur et Algérie Télécom vise à connecter toutes les écoles primaires à Internet, en commençant par les communes en voie de développement.

Des obstacles à surmonter

Malgré ces avancées, l’éducation en ligne en Algérie fait face à des problèmes :

  1. La fracture numérique : Tout le monde n’a pas accès à une connexion Internet ou a un ordinateur. Et cela risque de creuser l’écart entre les classes sociales.
  2. La formation des professeurs : Il faut former les professeurs à l’utilisation des outils numériques et créer des cours adaptés.
  3. La qualité de la connexion à Internet, surtout à la campagne.
  4. L’adaptation des cours : Les cours doivent être adaptés et/ou repensés pour le format numérique.
  5. La protection des données

Est-ce vraiment démocratique ?

L’éducation en ligne a des avantages pour démocratiser le savoir en Algérie :

  • Toucher les gens loin des villes ou qui ont du mal à se déplacer.
  • Flexibilité, on peut suivre les cours à son rythme.
  • Avoir plus de ressources grâce au numérique (vidéos, quiz, etc.).
  • Facilité pour mettre à jour les cours.

L’avenir de l’éducation en ligne en Algérie

Le gouvernement vient d’annoncer une École nationale d’enseignement à distance pour les Algériens à l’étranger. Cela démontre qu’ils voient l’éducation en ligne comme un moyen de garder le lien avec la diaspora, ce qui pourrait également aider les élèves en Algérie à accéder à des ressources internationales, et donc créer des opportunités économiques.

L’éducation en ligne en Algérie est à un tournant. Mais pour assurer l’équité des chances à tous les étudiants, beaucoup de choses doivent être tout d’abord mis en plus.

L’Algérie a le potentiel pour devenir un leader dans l’éducation numérique. En réinvestissant dans des solutions adéquates, le pays peut espérer une éducation de pointe en préparant ses jeunes pour l’avenir. L’éducation en ligne n’est pas le but final, mais un outil pour construire une société du savoir plus ouverte et dynamique.

Sémiotique de la répression en Algérie : du mouvement islamiste au Hirak

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Répression
La répression comme gouvernance d'un pays.

L’Algérie offre un cas d’étude fascinant sur la sémiotique du pouvoir et de la répression. De la crise islamiste des années 1990 au mouvement Hirak contemporain, le régime algérien a déployé un arsenal de signes, de symboles et de discours visant à maintenir le statu quo politique.

Cette continuité dans les méthodes révèle une grammaire du pouvoir profondément ancrée, où la répression devient un langage codifié pour communiquer l’autorité et la légitimité de l’État.

La construction sémiotique de l’ennemi

Dans les deux contextes historiques, le régime a excellé dans l’art de construire sémiotiquement « l’ennemi ». Dans les années 1990, l’islamiste était dépeint comme une figure menaçante, incarnation du chaos et de la régression sociale. Cette image était construite à travers un réseau de signes visuels (barbes, tenues vestimentaires) et discursifs (utilisation de termes comme « terroriste », « intégriste ») qui saturaient l’espace public. Face au Hirak, une stratégie sémiotique similaire a été déployée. Le manifestant pacifique a été progressivement recodé en « agent de l’étranger » ou en « menace à la stabilité nationale ». Cette transformation sémiotique s’opère à travers un arsenal de signes : déclarations officielles, reportages médiatiques orientés, et même la mise en scène d’arrestations spectaculaires.

  • Le rituel de la répression comme affirmation du pouvoir

La répression elle-même peut être lue comme un texte sémiotique complexe. Les arrestations, les procès, les peines prononcées ne sont pas seulement des actes juridiques, mais des performances ritualisées du pouvoir. Chaque arrestation d’un leader du Hirak, comme chaque opération contre les groupes islamistes dans les années 1990, fonctionne comme un signe envoyé à la population : un rappel visuel et tangible de l’omnipotence de l’État. Cette ritualisation de la répression crée un paysage sémiotique où le pouvoir est constamment réaffirmé et où la contestation est systématiquement délégitimée. Les corps emprisonnés des opposants deviennent ainsi des signes vivants du coût de la dissidence.

La Loi comme système sémiotique de contrôle

L’utilisation de l’arsenal juridique par le régime algérien révèle une sophistication sémiotique particulière. Les lois, avec leur langage délibérément vague et leur application sélective, fonctionnent comme un système de signes flexibles. Elles permettent au pouvoir de recoder rapidement des actes auparavant anodins (comme un post sur les réseaux sociaux) en menaces sérieuses à la sécurité nationale.

Cette malléabilité sémiotique de la loi crée un environnement d’incertitude permanente, où chaque citoyen doit constamment décoder les limites mouvantes de l’acceptable, renforçant ainsi l’autocensure et la compliance.

La narration du statu quo

Le régime algérien a habilement construit une narration sémiotique du statu quo comme seule garantie de stabilité. Cette narration s’appuie sur un réseau dense de signes historiques (référence constante à la guerre d’indépendance), économiques (promesses de prospérité) et sécuritaires (menace du chaos). Dans ce récit soigneusement orchestré, toute alternative au système actuel est sémiotiquement codée comme un retour au chaos des années 1990 ou comme une trahison des idéaux nationaux. Cette construction narrative crée un champ sémiotique où le changement lui-même devient synonyme de danger.

La persistance d’un système sémiotique

L’analyse sémiotique de la répression en Algérie révèle la remarquable persistance d’un système de signes et de significations visant à maintenir le statu quo. De la crise islamiste au Hirak, les méthodes ont évolué, mais la grammaire fondamentale du pouvoir reste inchangée. Cette continuité sémiotique pose des questions profondes sur la capacité du système algérien à se réinventer. Tant que le régime continuera à dominer la production et l’interprétation des signes politiques, toute transformation significative restera un défi. Le futur de l’Algérie dépendra en grande partie de la capacité des mouvements contestataires à proposer une sémiotique alternative, capable de rompre avec les codes établis et d’imaginer un nouveau langage du changement politique.

Said Oukaci, sémioticien

Ligue 1 Mobilis : la JSK et le CRB déchantent, le NCM limite les dégâts

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Football

La JS Kabylie et le CR Belouizdad se sont incliné à domicile, respectivement, face au CS Constantine (2-3) et le MC El Bayadh (2-3), alors que le NC Magra a été tenu en échec par l’US Biskra (2-2), samedi, à l’occasion de la suite et fin de la 4e journée du championnat national de Ligue 1 Mobilis.

Pour sa seconde sortie de suite dans son nouveau fief, la JS Kabylie a encore déchanté. Les Jaune et Vert ont été battus par une courageuse formation du CS Constantine, dans une partie palpitante où il y a eu beaucoup de rebondissements.

Pas du tout impressionnés par la folle ambiance du stade Hocine Aït Ahmed, totalement acquis à la cause des Canaris, les Sanafir ont surpris leurs hôtes en ouvrant les hostilités à la 13e minute par l’intermédiaire de Dib. La JSK a ensuite répliqué à la 38e minute en égalisant sur un penalty transformé par Boudebouz.

En seconde mi-temps, le CSC s’est vu réduire à dix après l’expulsion de Merbah (58’), toutefois, cela n’a pas ébranlé la détermination des visiteurs. Dib, encore lui, est parvenu, à lui seul, à dérouter la JSK. En l’espace de quatre minutes, le capitaine du CSC a marqué deux très beaux buts (61’, 64’) s’offrant ainsi un triplé.

Comme en première période, la JSK a couru dernière l’égalisation, mais n’a pas réussi, cette fois-ci, à remettre les pendules à l’heure, même si Boudebouz a réduit l’écart dans le temps additionnel (90+9’) sur penalty également.

Après trois matchs nuls consécutifs, les Constantinois arrachent leur premier succès de fort belle manière et s’installent dans le wagon de tête (5e – 6 pts). En revanche, la JSK (4e – 6 pts) retombe dans ses travers et n’arrive pas à enchainer deux victoires consécutives.  

Le CRB ne gagne toujours pas

De son côté, le CR Belouizdad court toujours après sa première victoire. À l’image de la JSK, le vice-champion d’Algérie a été piégé par son invité, le MC El Bayadh en l’occurrence, dans un match joué au stade du 5 Juillet 1962.

Auteur d’une entame de match parfaite, le MCEB a surpris le Chabab en ouvrant la marque dès la 5e minute, par Barkat, avant de faire le break dans la foulée grâce à El Mouden (9’).

Assommés par ces deux coups de boutoir, les Rouge et Blanc ont mis du temps pour reprendre leurs esprits. Après plusieurs tentatives, le CRB a réussi à réduire le score à la 33e grâce à Slimani, avant d’égaliser dix minutes plus tard, sur penalty, par l’intermédiaire du même joueur.

Au moment où les Belouizdadis pensaient avoir repris les choses en main, le scénario de la première période s’est répété. En effet, les gars d’El Bayadh ont récidivé juste après le retour des vestiaires marquant le but de la victoire à la 47e minute par l’entremise de Belaribi.

Si le CRB (13e – 3 pts) se cherche encore, le MCEB (15e – 3 pts) tient son match référence et s’offre son premier succès.

Le NCM aussi

Comme pour le CRB, le NC Magra n’a pas encore trouvé la voie à suivre pour gagner. Pourtant, l’affaire semblait bien engagée après avoir marqué deux buts, coup sur coup, moins de dix minutes après l’entame de la confrontation grâce à Kemoukh (3′) et Bouchouareb (8′).

Cependant, les Biskris n’avaient pas abdiqué et ont pris le temps de rentrer dans leur match et de revenir progressivement. Dans un premier temps, les camarades de Khoualed réduit la marque par Saad (39′), pour ensuite revenir à hauteur du NCM, grâce au Congolais Nzaou, en toute fin de match (89’).

À la suite de résultat, le NCM recule d’un rang (14e – 3 pts), tandis que l’USB gagne une place (7e – 5 pts).

L’O Akbou leader

Dans les autres rencontres de cette 4e manche de la Ligue 1 Mobilis, jouées vendredi, l’Olympique Akbou a pris les commandes du championnat après avoir damé le pion au Paradou AC (1-3). Le MC Alger, champion d’Algérie en titre s’est hissé à la seconde place en réalisant l’essentiel face au MC Oran (1-0), alors que la JS Saoura a validé sa première victoire en battant difficilement l’ES Sétif (3-2).

À noter enfin que les matchs ES Mostaganem – USM Alger et ASO Chlef – USM Khenchela sont reportés à une date ultérieure.

Résultats partiels de la 4e journée :
Paradou AC – Olympique Akbou1 – 3
JS Saoura – ES Sétif3 – 2
MC Alger – MC Oran1 – 0
NC Magra – US Biskra2 – 2
JS Kabylie – CS Constantine2 – 3
CR Belouizdad – MC El Bayadh2 – 3
Reportés :
ES Mostaganem – USM Alger
ASO Chlef – USM Khenchela
Classement de la Ligue 1
#EquipesPtsJ
1Olympique Akbou 94
2MC Alger  84
3USM Alger73
4JS Kabylie64
5CS Constantine64
6USM Khenchela53
7US Biskra 54
8 ES Sétif54
9MC Oran 44
10ES Mostaganem43
11JS Saoura44
12Paradou AC44
13CR Belouizdad34
14NC Magra34
15MC El Bayadh 34
16ASO Chlef23

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