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Les « hors-la-loi » de l’Aurès : éclaireurs de la liberté avant Novembre 1954

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Ben Boulaïd
Ben Boulaïd et ses compagnons des Aurès.

Bien avant le 1er Novembre 1954 et la montée en armes de l’ALN, des jeunes hommes et une femme choisissaient la clandestinité dans les montagnes de l’Aurès. On les appelle les bandits d’honneur.

Considérés comme des « bandits d’honneur » par l’administration coloniale, ils protégeaient les villages, préparaient le terrain de la Révolution et soutenaient les futurs chefs de l’insurrection.

Parmi eux, Aïssi El Meki et Lalla Aïda, figures emblématiques d’un combat longtemps ignoré, et Ahmed Gadda, récemment disparu, qui incarna le lien vital entre maquis et villages.

L’éveil de la révolte

Les prémices de la Révolution algérienne ne commencent pas en novembre 1954. Ils s’inscrivent dans les montagnes de l’Aurès dès 1945. Les massacres du 8 mai à Sétif, Guelma et Kherrata laissent des villages traumatisés et des populations désireuses de riposter. Dans les vallées et les plateaux escarpés, des jeunes, souvent anciens tirailleurs ou paysans expropriés, refusent l’humiliation et prennent le maquis.

Vivre dans les forêts et les montagnes n’était pas seulement une question de survie. Ces hors-la-loi imposaient leurs propres règles : protection des villageois, partage équitable des ressources, interdiction de l’injustice et soutien aux familles persécutées. Ils n’étaient pas animés par la soif de pouvoir mais par un idéal de justice et d’honneur dans un contexte colonial violent.

Les seize pionniers de l’Aurès

Au départ, ils étaient seize à affronter l’armée coloniale et les gendarmes : Hocine Berrehaïl, Sadek Chebchoub dit “Gouzir”, Ali Dernouni, Aïssi El Meki, Belkacem Grine, Mohamed Bensalem Benamor, Mohamed Belaadel, Mohamed-Salah Bensalem, Salah Ouassaf, Lakhdar Bourek, Messaoud Mokhtari, Messaoud Maâche, Djoudi Bicha (Boucenna), Mohamed Meziani, et Ahmed Gadda

Parmi eux, une femme courageuse : Lalla Aïda (Fatiha Louçif), épouse de Gouzir. Pendant quinze années, elle participe activement aux combats et missions logistiques, protégeant les blessés et coordonnant les contacts avec les populations locales. Elle symbolise la résistance féminine dans un maquis majoritairement masculin, et demeure un exemple de détermination et de courage.

Aïssi El Meki : éclaireur et tacticien

Parmi ces résistants, Aïssi El Meki occupe une place particulière. Originaire d’Arris, il fut d’abord soldat colonial avant de déserter après les massacres de 1945. Dès 1946, il rejoint le maquis dirigé par Sadek Chebchoub et prend part aux premières embuscades contre les patrouilles françaises.

Maîtrisant parfaitement les sentiers escarpés et les forêts d’Ichmoul, Aïssi El Meki devient un stratège de terrain. Il accueille et protège les membres de l’Organisation spéciale (OS) dans les montagnes, jouant un rôle clé dans la préparation logistique et stratégique de la future ALN. Blessé au combat en 1955, il survit, mais son nom reste largement absent des archives officielles. Dans les villages de T’kout et Arris, son courage et sa prudence tactique sont encore évoqués dans les récits oraux.

Des précurseurs de Novembre 1954

Les hors-la-loi de l’Aurès ne se limitaient pas à la survie. Dès 1947, ils établissent des liens avec l’Organisation spéciale (OS), qui structure le mouvement clandestin et prépare les opérations armées. Lorsque l’OS est démantelée par les autorités coloniales, plusieurs de ses membres trouvent refuge dans les montagnes de l’Aurès, sous la protection des pionniers.

Grâce à cette organisation, des figures majeures de la Révolution, telles que Rabah Bitat, Didouche Mourad, Lakhdar Ben Tobbal, Amar Ben Aouda, Abdelhafid Boussouf, Abdeslam Habachi, et Taher Nouichi, trouvent un abri et un soutien pour planifier la lutte. Ces hors-la-loi deviennent ainsi les véritables éclaireurs de la liberté, transmettant leur expérience de la vie clandestine, du maniement des armes et de la tactique du terrain aux jeunes insurgés.

Répression coloniale et silence officiel

Les autorités françaises lancent plusieurs opérations de ratissage entre 1950 et 1953. Des rapports de la sous-préfecture de Batna décrivent un maquis structuré, armé et soutenu par les populations locales. Plusieurs résistants tombent au combat, comme Belkacem Grine, tandis que d’autres rejoignent l’ALN au déclenchement de la guerre d’indépendance.

Malgré leur rôle décisif, la mémoire de ces héros reste confinée à l’oralité. Aucun monument à Batna, Khenchela ou Arris ne porte leurs noms, et les archives officielles les ignorent presque totalement. Leur contribution précède pourtant l’histoire officielle et constitue le socle sur lequel la Révolution s’est construite.

Mémoire et reconnaissance

Aujourd’hui, l’Histoire officielle débute souvent avec le 1er Novembre 1954, mais dans les vallées de T’kout, Arris et Ichmoul, comme d’ailleurs en Kabylie, les récits des anciens gardent vivante la mémoire des « hors-la-loi ». Ces hommes et cette femme ont préparé le terrain pour la Révolution, agissant dans l’ombre, souvent au péril de leur vie. Leur mot d’ordre : la liberté ou la mort, demeure inchangé et inspire encore la mémoire collective des Aurès.

Portraits biographiques

Lalla Aïda (Fatiha Louçif)

Épouse de Gouzir, participe activement aux combats et à la logistique du maquis pendant quinze ans. Elle protège les blessés et organise le soutien des villages. Elle est le symbole de la résistance féminine dans l’Aurès.

Aïssi El Meki

Originaire d’Arris, ancien soldat colonial devenu maquisard, Aissi El Meki était un stratège et éclaireur, spécialiste du terrain escarpé et des sentiers forestiers. Il protège les membres de l’OS et transmet son expérience aux jeunes insurgés.

Sadek Chebchoub “Gouzir”

Leader charismatique du groupe de hors-la-loi, Sadek Chebchoub a coordonne la résistance dans l’Aurès et supervise les opérations stratégiques.

Ahmed Gadda

L’un des derniers survivants des hors-la-loi originels, récemment décédé. Il a joué un important rôle en maintenant le lien entre le maquis et les villages, garantissant le soutien logistique. Sa mémoire incarne le courage et la détermination des premiers résistants de l’Aurès.

Synthèse Djamal Guettala

Références historiques

  1. Jean Dejeux, « Un bandit d’honneur dans l’Aurès (Messaoud Ben Zelmad) », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 26, 1978, pp. 35‑54. persee.fr
  2. Jean Dejeux, « Bandit d’honneur (Kabylie, Aurès) », Encyclopédie berbère, 1991. journals.openedition.org
  3. Inumiden, « Ahmed Gadda, le dernier Bandit d’honneur de l’Aurès tire sa révérence », 21 octobre 2018. inumiden.com
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Sahara occidental : le Conseil de sécurité de l’ONU apporte son soutien au plan marocain

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Sahara occidental
Sahara occidental. Infographie de Radio France.

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est prononcé ce vendredi 31 octobre sur une résolution soulignant que le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental était la solution « la plus réalisable » pour le territoire disputé.

13 pays ont voté pour le plan d’autonomie du Sahara occidental défendu par le Maroc. Trois pays s’abstiennent dont l’Algérie. Et aucun membre contre. Ce vote sonne comme une victoire pour le royaume du Maroc et une énième défaire pour l’Algérie qui a fait de la cause sahraouie une variante d’ajustement, allant jusqu’àla crise avec certains pays comme la France et l’Espagne.

Le Sahara occidental, colonie espagnole jusqu’en 1975, est contrôlé en majeure partie par le Maroc, mais considéré comme un territoire non autonome par les Nations unies. Un conflit y oppose Rabat aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. Jusqu’alors, le Conseil de sécurité pressait le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie de reprendre des négociations – interrompues depuis 2019 – pour parvenir à une « solution politique réalisable, durable et mutuellement acceptable ».

Mais à l’initiative des Américains, en charge de ce dossier au Conseil, la résolution adoptée par 11 voix pour, aucune contre et 3 abstentions – l’Algérie ayant refusé de participer au vote – prend position pour le plan présenté par Rabat en 2007 : une autonomie sous souveraineté marocaine pour ce vaste territoire désertique, riche en phosphate et aux eaux poissonneuses.

Le texte note le « soutien exprimé par de nombreux États membres » au plan marocain et estime qu’« une véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait représenter la solution la plus réalisable ». Dans ce contexte, il appelle le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et son émissaire sur ce dossier, Staffan de Mistura, à mener des négociations « sur la base » de ce plan pour parvenir à un accord mutuellement acceptable.

Des débats mouvementés

Les débats ont été mouvementés et les États-Unis, auteurs de la résolution, ont dû faire quelques concessions. Ils ont dû notamment ajouter dans le texte une référence au principe de l’autodétermination du peuple sahraoui. Le terme ne figurait pas dans la première version. Mais le texte finalement constitue bel et bien un tournant. Pour la première fois, l’ONU appelle les parties au conflit à reprendre les négociations « sans conditions préalables », et « sur la base » du plan proposé en 2007 par le Maroc, un plan d’autonomie aux contours encore incertains, mais qui place, de fait, le Sahara occidental sous souveraineté marocaine.

La nouvelle résolution ne mentionne pas l’organisation d’un référendum, au cœur du mandat de la Minurso depuis sa création en 1991. Après le vote, l’ambassadeur de la France à l’ONU, a salué un « succès collectif » et une « approche nouvelle ». Les États-Unis se félicitent « d’un élan » vers la paix. La Russie qui s’est abstenue, a au contraire qualifié le texte de « déséquilibré ».

L’Algérie s’abstient au vote

L’ambassadeur de l’Algérie, Amar Benjama, qui a refusé de prendre part au vote, il estime que ce texte « ne reflète pas suffisamment la doctrine onusienne en matière de décolonisation ».« Mon pays n’a pas participé au vote sur ce projet de résolution. Par cette absence et en toute responsabilité, l’Algérie a tenu à illustrer sa prise de distance avec un texte qui ne reflète pas fidèlement, qui ne reflète pas suffisamment la doctrine onusienne en matière de décolonisation », a réagi l’ambassadeur algérien Amar Bendjama. « Le texte est en deçà des attentes et des aspirations légitimes du peuple du Sahara occidental représenté par le Front Polisario », qui « depuis plus de 50 ans résiste pour avoir, lui seul, son mot à dire sur son propre destin », a-t-il ajouté.

Le ministre des Affaires étrangères du Polisario, Mohamed Yeslem Beissat, a récemment indiqué à l’AFP que le mouvement indépendantiste serait prêt à accepter ce plan, mais uniquement si la population sahraouie le validait par référendum. L’Algérie en revanche s’est toujours opposée à cette idée. Alger a regretté en avril la réaffirmation par Washington de son soutien à Rabat. Et ses relations avec Paris sont au plus bas depuis l’été 2024 et la reconnaissance par la France du plan marocain.

Après l’annonce spectaculaire en 2020 par Donald Trump du soutien américain à cette proposition en échange d’une normalisation de ses relations avec Israël, le Maroc a obtenu successivement l’appui d’une série de pays dont l’Espagne, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Un certain flou persiste

Lors d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité début octobre, Staffan de Mistura, saluant les « efforts diplomatiques » américains sur ce conflit vieux de 50 ans, avait répété ses inquiétudes sur le « flou » du plan marocain, selon le texte de son discours vu par l’AFP. « Il est désormais crucial que le Maroc donne plus de détails et développe sa proposition », y compris concernant « le principe d’autodétermination » du peuple sahraoui, avait-il insisté.

La résolution adoptée vendredi prolonge d’autre part d’un an la mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental (Minurso). Une précédente version du texte vue par l’AFP prévoyait seulement six mois d’extension, mais la version votée prolonge finalement la mission pour un an, demandant toutefois au secrétaire général d’en réaliser d’ici à six mois une « évaluation stratégique ».

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Algérie : la Toussaint de la désillusion

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Amirouche en wilaya I
Le colonel Amirouche dans les Aurès

Tandis que les Algérois affluaient en masse vers le mémorial du martyr de Riadh El Feth et que les rues étaient bigarrées de véhicules aux lanternes rouges afin d’assister à un feu d’artifices promis mais qui ne se réalisa point en ce lieu, on pouvait observer à partir des hauteurs du monument la fumée provoquée par les tirs des canons de la célébration du premier novembre 1954.

Mais ce dont ne se doutait pas ce bon petit peuple crédule et quelque peu ignorant des choses de ce monde, conséquence d’une école sinistrée, est que l’Algérie venait de subir une défaite de la part de son frère et voisin marocain au Conseil de sécurité. L’Algérie venait de s’abstenir au vote du Conseil de sécurité qui planchait sur le plan marocain pour le Sahara occidental.

Même si ce frère a été l’auteur de maintes forfaitures à travers l’histoire il faut se souvenir qu’ il a répondu présent à un moment clé de la guerre de libération en abritant le Ministère de l’Armement et des liaisons générales (MALG) à Oujda. Ce pays comme la Tunisie ont accueilli des dizaines de milliers de réfugiés algériens pendant toute la durée de la guerre d’indépendance.

Aujourd’hui, ce même frère nous inflige une défaite que nous devons accepter dignement et en tirer les leçons pour l’avenir.

Bien que le duo improbable Tebboune- Chanegriha ait hérité de la situation de ses pairs depuis les années 70, il manque de por-oactivité, de clairvoyance et s’est entêté à conserver une posture largement dépassée par les évolutions géopolitiques majeures de ces dernières années.

Ce binôme et ses acolytes sont restés accrochés à des idées et des chimères d’un autre temps.

Dans ce même ordre d’idées l’autre défaite cuisante fut celle infligée par les enfants de l’OAS à l’Assemblée française en remportant une victoire symbolique obtenant un vote de 148 voix contre 147 dénonçant l’accord de 1968, toujours à la veille de la Toussaint.

A peine deux semaines avant le scandale des cigarettes éclate.

On y apprend que comme dans une prison le commerce, l’influence et le pouvoir s’échangent à coup de cigarettes mais à grande échelle : à coup de millions de dollars.

Normal, l’échelle change, la prison Algérie est immense

La Toussaint de 2025 ne ressemble en rien à celle de 1954 qui fut marquée par la victoire d’une génération lumineuse.

La génération de ceux qui commandent aujourd’hui incarne la médiocrité, la défaite, l’incompétence et la corruption.

Son inaptitude à gérer les défis d’aujourd’hui et de demain éclate au grand jour.

La toussaint de 2025 en Algérie est celle de la désespérance et de la désillusion la plus profonde.

L’Algérie mérite mieux que cela. Heureux les martyrs qui n’ont rien vu, comme l’avait écrit avec clairvoyance Bessaoud Mohand Arab dès 1962.

Rabah Aït Abache

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Tanzanie : l’opposition dénonce un massacre post-électoral, 700 morts selon le parti Chadema

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Tanzanie

La Tanzanie s’enfonce dans une crise politique et humaine sans précédent. Trois jours après le scrutin présidentiel du 29 octobre, les principales villes du pays sont secouées par des affrontements meurtriers entre manifestants et forces de sécurité. Selon le principal parti d’opposition, le Chadema, près de 700 personnes auraient été tuées depuis le début des violences post-électorales.

Ce chiffre, rapporté notamment par The Guardian, Al Jazeera et Reuters, n’a pas été confirmé par les autorités, qui parlent seulement de “troubles isolés”. Des ONG locales évoquent de leur côté une centaine de victimes, tandis que l’ONU reconnaît “au moins dix morts confirmés” et “des rapports crédibles de nombreuses autres victimes”.

Un scrutin sous tension

Les violences ont éclaté à la suite de l’annonce de la victoire du président sortant, issu du Chama Cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1961. Le Chadema dénonce un “scrutin entaché de fraude massive”, marqué par des irrégularités dans la compilation des résultats, des bourrages d’urnes et des arrestations d’observateurs indépendants.

Dans plusieurs grandes villes, dont Dar es-Salaam, Mwanza et Arusha, des milliers de citoyens sont descendus dans la rue pour contester le résultat. Les forces de sécurité ont réagi avec une extrême brutalité. Selon le Chadema, 350 morts auraient été recensés à Dar es-Salaam, plus de 200 à Mwanza, et des dizaines d’autres à Dodoma et Arusha.

Répression et blackout numérique

Le gouvernement a ordonné la coupure d’Internet et bloqué l’accès aux réseaux sociaux, notamment WhatsApp, Facebook et X (ex-Twitter). Les médias indépendants ont été suspendus et plusieurs journalistes, locaux comme étrangers, ont été arrêtés ou expulsés.

Des vidéos diffusées avant la coupure montrent des scènes de chaos : tirs à balles réelles, civils à terre, forces de l’ordre patrouillant dans des quartiers bouclés. “Nous assistons à une mise sous silence organisée d’une population qui veut simplement faire entendre sa voix”, a déclaré un cadre du Chadema à Al Jazeera.

Les appels internationaux à la retenue

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (OHCHR) s’est dit “profondément préoccupé” par la répression et a appelé à une enquête indépendante sur les exactions commises. L’Union africaine a publié un communiqué appelant au calme et au dialogue, tandis que les chancelleries occidentales, dont celles de Paris et Londres, ont exhorté le gouvernement tanzanien à “garantir les libertés fondamentales”.

Malgré ces appels, la situation reste explosive. Selon des témoins cités par The East African, des unités militaires lourdement armées patrouillent les rues de Dar es-Salaam, imposant de fait un couvre-feu. Les hôpitaux sont débordés, et de nombreuses familles n’ont toujours pas retrouvé leurs proches.

Une démocratie en péril

Longtemps considérée comme un modèle de stabilité en Afrique de l’Est, la Tanzanie vit une dérive autoritaire inquiétante. Depuis plusieurs années, les libertés publiques sont restreintes : journalistes emprisonnés, opposants poursuivis, ONG interdites. Le régime s’appuie sur un appareil sécuritaire puissant et une justice inféodée au pouvoir exécutif.

Pour Tundu Lissu, leader historique du Chadema aujourd’hui en exil, “ce qui se passe n’est pas une élection, mais une confiscation du droit du peuple tanzanien à choisir librement ses dirigeants”.

Le silence du pouvoir

Le gouvernement reste muet face aux accusations. Aucune conférence de presse n’a été tenue, et la Commission électorale nationale continue d’affirmer que le scrutin s’est déroulé “dans la transparence et le calme”.

Pourtant, la colère gronde. Dans les rues de Mwanza et d’Arusha, la population exprime sa lassitude et sa peur. “Nous n’avons plus confiance dans l’État. C’est lui qui nous tue”, confie une habitante jointe par téléphone avant la coupure du réseau.

Entre les chiffres divergents et le silence officiel, une chose demeure certaine : la Tanzanie traverse la plus grave crise politique de son histoire récente.

Ce pays réputé pour sa paix civile est désormais à la croisée des chemins, entre répression et espoir de démocratie retrouvée.

Synthese Mourad Benyahia 

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Tanzanie : les émeutes post-électorales se poursuivent, plus de 700 victimes déjà

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Samia Suluhu Hassan
Samia Suluhu Hassan se conduit en dictateur désormais.

Trois jours après les élections présidentielle et parlementaire en Tanzanie, la situation reste tendue. L’opposition évoque un bilan extrêmement lourd de près de 700 morts depuis le début des violences post-électorales.

Ce vendredi 31 octobre dans la matinée, RFI a pu se rendre dans le centre-ville. Il faut d’abord passer par un check-point où des militaires demandent pourquoi vous souhaitez circuler. Ensuite, sur les grands axes, la présence militaire est forte, mais une fois dans le centre, on peut surtout voir des personnes en train d’aller s’approvisionner en nourriture et en eau. Après deux jours de confinement, les réserves commencent à s’amenuiser, rapporte la correspondante de Rfi à Dar es Salaam.

Dans les quelques supermarchés ouverts, le paiement doit se faire en espèces uniquement, il est impossible d’utiliser une carte bleue à cause du réseau internet qui est coupé. Mais il est surtout difficile d’utiliser l’argent mobile, qui est un moyen de paiement très répandu en Tanzanie. Selon certains directeurs de supermarché, les camions de produits frais en provenance d’autres régions du pays sont bloqués. Difficile donc de se faire livrer à Dar es Salaam.

L’ambiance est un peu plus calme ce vendredi dans le centre, mais dans la matinée, des affrontements ont lieu dans le quartier de Tabata, à l’ouest de la ville. À travers le pays, le mouvement de contestation contre la présidente Samia Suluhu Hassan continue.

Plusieurs centaines de morts à travers le pays

Dans l’un des principaux hôpitaux de Dar es Salaam, on peut constater le décalage qui existe entre le discours officiel et ce que l’on observe sur place. Des dizaines de brancards vides, en attente, sont visibles devant le bâtiment et des urgentistes sont prêts à intervenir. Un dispositif inhabituel, confie un médecin à RFI. Du côté de la direction, on affirme que les urgences fonctionnent comme d’habitude et qu’il n’y a pas plus d’influence qu’en temps normal. Mais à l’abri des regards, deux urgentistes ont tout de même glissé avoir pris soin de plus d’une centaine de blessés par balle ces derniers jours, souvent avec des blessures graves.

Pour l’instant, aucun chiffre officiel n’a été communiqué sur le nombre de victimes, mais des sources au gouvernement et dans la diplomatie font part de plusieurs centaines de morts à travers tout le pays depuis le début des manifestations il y a trois jours. « Au moment où nous parlons, le nombre de morts à Dar es Salaam est d’environ 350 et il y en a plus de 200 à Mwanza. Si l’on ajoute les chiffres des autres endroits dans le pays, on arrive à un total d’environ 700 morts », a affirmé à l’AFP le porte-parole du parti d’opposition Chadema, John Kitoka.

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a appelé ce vendredi les forces de sécurité en Tanzanie à ne pas recourir à une force « non-nécessaire ou disproportionnée » et les manifestants à « manifester pacifiquement ». Le Haut-Commissariat se dit également « alarmé » par le nombre de morts et de blessés.

La contestation en Tanzanie déborde du territoire national

Jeudi après-midi à Namanga, ville frontalière avec le Kenya, des échauffourées ont éclaté côté kényan, alors que des jeunes tentaient de rejoindre les manifestants tanzaniens, mais la police kényane les en a empêchés. Un jour après, la situation est revenue au calme, parce que de nombreux policiers kényans ont été déployés, selon des habitants. Des files de camions s’étendent sur plusieurs kilomètres, qui attendent de pouvoir passer en Tanzanie. Durant la coupure d’internet en Tanzanie, les procédures douanières ont été suspendues. La contestation bloque le trafic de marchandises dans ce corridor de commerce, explique notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix.

À Namanga la police kényane a repoussé avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc une foule de jeunes qui voulaient passer en Tanzanie. Certains habitants, cités par Reuters, parlent également de tirs à balles réelles, mais on ne dispose pas encore de bilan officiel.

Si l’on remet le scrutin tanzanien dans un contexte régional, on pouvait s’attendre cette mobilisation de jeunes kényans dans la contestation tanzanienne. Il sera suivi de près par les élections générales en Ouganda en janvier et au Kenya en 2027. Or depuis des mois, les sociétés civiles de ces trois pays dénoncent ce qu’ils appellent « une répression transnationale » qui s’exprime par des arrestations d’opposants ou de défenseurs des droits de l’homme, par-delà les frontières, avec la complicité des services de sécurité nationaux. Ce vendredi encore, Hussein Khalid, de l’ONG Vocal Africa, signale l’enlèvement de Shoka Juma, un journaliste kényan, intercepté à la frontière de Lunga Lunga par la police tanzanienne.

RFI

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Trump relance les tests nucléaires américains : un signal inquiétant pour le monde

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Donald Trump relance le nucléaire

Le président américain Donald Trump a annoncé le 29 octobre 2025 que les États-Unis allaient reprendre immédiatement les essais d’armes nucléaires, rompant avec plus de trois décennies de pause.

Sur sa plateforme X (anciennement « Truth Social »), il a écrit : « Parce que d’autres pays ont des programmes d’essais, j’ai demandé au Département de la Guerre de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d’égalité. Ce processus commencera immédiatement. » Il a notamment cité la Russie et la Chine, soulignant que les États‑Unis devaient rester au premier rang des puissances nucléaires.

Cette annonce survient quelques heures avant une rencontre avec le président chinois Xi Jinping à Busan, en Corée du Sud, donnant à la décision une forte dimension diplomatique et stratégique. Bien que les États‑Unis n’aient pas procédé à un test d’explosion nucléaire complète depuis 1992, le type exact de tests envisagé par Trump (explosions, essais de missiles ou tests sub‑critiques) reste flou. Pour Trump, cette initiative vise à répondre aux programmes d’armement nucléaire d’autres pays et à préserver la suprématie stratégique américaine. Pour les observateurs, il s’agit surtout d’un geste politique et symbolique, visant à réaffirmer la puissance américaine sur la scène mondiale et à influencer les négociations internationales.

Pour le Moyen‑Orient, l’annonce constitue un signal inquiétant. L’Iran, souvent désigné par Washington comme un acteur nucléaire à surveiller, est confronté à un double standard : les États‑Unis critiquent son programme nucléaire tout en relançant leurs propres essais. Cette posture pourrait nourrir un sentiment de méfiance et de légitimité contestée vis-à-vis de la politique américaine et inciter certains pays de la région à revoir leur doctrine de sécurité ou de dissuasion. L’annonce de Trump pose également des questions sur le respect des normes internationales. Le Comprehensive Nuclear‑Test‑Ban Treaty (CTBT), signé mais jamais ratifié par les États‑Unis, pourrait voir sa crédibilité fragilisée. Des experts alertent sur le risque d’une course aux armements nucléaires et sur l’affaiblissement des mécanismes de contrôle multilatéral.

Plus qu’un simple geste technique, la décision de Trump est un signal politique fort, adressé aux grandes puissances nucléaires et à l’ensemble de la communauté internationale. Elle illustre le paradoxe des États‑Unis, à la fois gardien de la non‑prolifération et acteur relançant des essais nucléaires. Pour le monde arabe, l’Afrique et le Sud global, elle souligne que la question nucléaire dépasse les pays visés par des sanctions et touche aussi les acteurs majeurs du système international. L’heure est désormais à l’analyse des effets en chaîne que cette décision pourrait provoquer sur la sécurité mondiale.

Mourad Benyahia 

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La France veut renégocier l’accord de 1968 : entre calcul politique et crispation diplomatique

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Drapeau Algérie France

Le vote serré de l’Assemblée nationale française en faveur de l’abrogation de l’accord franco-algérien de 1968 sur la circulation, le séjour et l’emploi des ressortissants algériens a provoqué un nouveau séisme politique et symbolique entre Paris et Alger. Si le texte adopté n’a aucune portée juridique immédiate, sa charge politique, elle, est lourde.

Dans la foulée du scrutin, le Premier ministre Sébastien Lecornu a appelé à « renégocier » l’accord, estimant que « la relation avec l’Algérie doit être rebâtie sur la base des intérêts français ». Une déclaration qui sonne comme une concession au climat de surenchère identitaire entretenu par l’extrême droite, sans pour autant offrir une perspective claire sur la nature du futur cadre bilatéral.

Adopté en 1968, au lendemain d’une indépendance encore douloureuse, l’accord régit les conditions d’entrée, de séjour et de travail des Algériens en France. Il octroie à ces derniers un statut privilégié : carte de séjour de dix ans après trois années de résidence, facilités de regroupement familial, et traitement différencié par rapport aux autres nationalités. Des dispositions régulièrement dénoncées par le Rassemblement national, qui y voit un « privilège postcolonial ».

Le texte voté hier émane justement de cette formation, appuyée par quelques élus des Républicains et d’Horizons, et a été adopté à une voix près – signe d’une fracture politique plus qu’un consensus national. Marine Le Pen a salué un « jour historique », quand Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une « vieille haine coloniale » réactivée contre les peuples du Maghreb.

Du côté algérien, le silence officiel prédomine, fidèle à une stratégie d’attente déjà observée lors des précédents coups de froid. Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune avait lui-même qualifié l’accord de « coquille vide », rappelant que le débat autour de ce texte sert surtout les intérêts électoralistes du camp conservateur français. Nombre de spécialistes affirment déjà que cet accord dessert plus qu’il ne sert les Algériens.

Au-delà du symbole, la volonté affichée de « renégociation » ouvre un nouveau front dans une relation déjà fragilisée par des tensions mémorielles, des désaccords sur la circulation des personnes et une méfiance persistante entre les deux exécutifs. Si la France cherche à « normaliser » son rapport migratoire avec Alger, elle risque de réveiller les plaies d’une histoire commune qui, décidément, ne cesse de se redessiner au gré des échéances politiques.

Djamal Guettala 

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Ligue 1 Mobilis : le MC Alger rejoint la JS Saoura en tête du classement

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Le MC Alger a réalisé une excellente opération, en rejoignant la JS Saoura en tête du classement du championnat de Ligue 1 Mobilis de football, grâce à sa victoire en déplacement face à l’USM Khenchela (1-0), jeudi au stade Hammam-Ammar, en clôture de la 9e journée.

Le « Doyen » s’est procuré plusieurs occasions nettes de scorer, face à une équipe khenchelie qui a adopté une stratégie défensive, face aux assauts répétés des coéquipiers du capitaine Abdellaoui.

En seconde période, le même scénario s’est poursuivi jusqu’à l’entrée en jeu de l’attaquant Sofiane Bayazid, qui a réussi à tromper la vigilance de son ancien coéquipier au MCA, le gardien Oussama Litim (84e).

Avec ce précieux succès, le MCA rejoint la JS Saoura à la première place avec 16 points chacun. Le Doyen compte cependant trois matchs en moins.

D’un autre côté, rien ne va plus chez l’USMK, qui concède son deuxième revers de suite, et reste scotchée à la 9e position avec 11 points.

Dans les autres principaux résultats des matchs de cette journée, disputés samedi, dimanche et mercredi, la JSS a raté l’occasion de creuser l’écart en tête, en se contentant du nul à domicile face à la JS Kabylie (2-2), alors que le CR Belouizdad et l’USM Alger ont renoué avec la victoire, en s’imposant en déplacement face respectivement à l’ASO Chlef (1-0) et l’ES Sétif (3-1).

Le MC Oran a réalisé une belle opération en s’imposant sur le terrain de la lanterne rouge, le MC El-Bayadh (2-0), rejoignant l’Olympique Akbou à la 3e place avec 14 points.

Le CS Constantine, de son côté, s’est relancé en battant Akbou (2-1), tandis que le Paradou AC a enfin goûté à la victoire face à l’ES Mostaganem (1-0). Le duel entre promus, MB Rouissat – ES Ben Aknoun, s’est soldé sur un nul vierge (0-0).

La 10e journée se jouera samedi, dimanche et lundi prochains.

APS

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Les non-dits de l’augmentation de l’allocation touristique

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Allocation touristique

Depuis la revalorisation de l’allocation touristique à 750 euros, les frontières algéro-tunisiennes connaissent un spectacle inédit : des colonnes de voitures à n’en plus finir se pressent jour et nuit vers Oum Tboul, El Ayoun ou Taleb Larbi.

Ce n’est plus seulement un passage vers la mer, mais un corridor économique où s’entremêlent calculs individuels et desseins d’État. Pour beaucoup de familles, le voyage n’est qu’un prétexte.

Derrière le plaisir affiché de quelques jours en Tunisie se cache une opération bien plus rationnelle : acheter de la devise à 150 dinars pour un euro, la revendre à 270 au retour, et transformer le tourisme en rendement.

Des milliers d’Algériens partent ainsi, semaine après semaine, avec le même plan en tête. Le square s’embrase, les taux s’envolent, et l’allocation se mue en instrument spéculatif toléré. Mais réduire ce phénomène à une simple soif d’opportunité serait naïf.

Car l’État algérien n’est pas dupe : cette mesure, en apparence sociale, répond à une logique plus vaste, économique, géopolitique et psychologique. Sur le plan intérieur, l’allocation agit comme une soupape de détente sociale.

Dans un pays où la convertibilité du dinar reste un tabou, elle offre au citoyen frustré l’illusion d’une liberté financière. En autorisant la sortie de quelques euros, le pouvoir relâche une tension invisible : celle d’un peuple enfermé dans son économie fermée.

Sur le plan extérieur, la portée est encore plus claire. Chaque euro distribué par la Banque d’Algérie traverse la frontière pour se dissoudre dans l’économie tunisienne. Les hôtels, restaurants, stations-service, commerces et changeurs absorbent cet afflux de devises fraîches.

L’argent circule, se reconvertit, se revend : une transfusion économique qui maintient un voisin en convalescence.

L’obligation imposée aux voyageurs de séjourner au moins une semaine n’est pas anodine. Elle vise à garantir la dépense sur place, à éviter que l’allocation ne serve qu’à la spéculation.

L’État algérien s’assure ainsi que la Tunisie, premier bénéficiaire du flux touristique algérien, récolte la part la plus solide de cette manne. Au fond, cette hausse n’est pas tant une faveur faite au touriste algérien qu’un geste politique à l’égard de Tunis.

Une aide financière déguisée, enveloppée dans le papier cadeau du bien-être social. Car en maintenant la Tunisie économiquement à flot, Alger préserve un partenaire stratégique dans un Maghreb sous tension, tout en stabilisant ses propres équilibres internes.

Ainsi, derrière l’apparente ouverture se cache un calcul d’une précision redoutable : réguler la frustration populaire, soutenir un voisin affaibli, et contrôler la sortie de la devise sans l’assumer ouvertement. Une opération doublement rentable : politique pour l’État, économique pour le voisin, psychologique pour la population.

Et au milieu, la frontière devient un laboratoire où la monnaie fabrique la diplomatie.

Hassina Rebiane

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Victoire du RN sur les accords franco‑algériens : Abdelkader Lahmar crie au « retour de l’OAS »

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Le RN fait sa loi à l'Assermblée
Le jour où l'Assemblée a voté la fin des accords algéro-français de 1968

L’Assemblée nationale a vécu ce 30 octobre 2025 un moment politique tendu et symbolique. À l’occasion de la niche parlementaire du Rassemblement national (RN), les députés ont adopté une résolution visant à dénoncer les accords franco‑algériens de 1968, avec une majorité extrêmement étroite : 185 voix pour, 184 contre.

Si ce texte n’a pas de valeur législative contraignante, son adoption constitue une victoire politique pour le RN et révèle des fractures profondes au sein de l’hémicycle sur des sujets historiques et mémoriels.

Ces accords, signés en 1968, ont structuré les relations bilatérales entre la France et l’Algérie, notamment sur la question des visas, de la mobilité des travailleurs et de la coopération culturelle. Leur dénonciation par le RN dépasse donc le cadre symbolique : elle touche directement des décennies de relations diplomatiques et interpelle la perception des Franco‑Algériens en France.

Abdelkader Lahmar, député La France insoumise du Rhône, a vivement réagi devant les micros de l’Assemblée :

« En tant que fils d’immigrés algériens, ce qui m’inquiète aujourd’hui, c’est d’entendre des députés qui nous considéreraient presque comme des ennemis de l’intérieur ».

« Le fait de gagner cette proposition aujourd’hui, c’est le retour de l’OAS à l’Assemblée », a-t-il ajouté, aux côtés de la députée LFI Anaïs Belouassa-Cherifi.

Pour Lahmar, ce texte n’est pas un simple débat historique, mais un signal politique inquiétant : il traduit une volonté d’instrumentaliser l’histoire coloniale pour stigmatiser les populations issues de l’immigration.

Du côté du RN, cette adoption est perçue comme un succès stratégique. Le parti montre qu’il peut franchir les digues parlementaires et imposer son agenda sur des dossiers sensibles, testant la cohésion des autres groupes et la capacité de la majorité à faire barrage. Ce vote révèle également que les enjeux liés à la mémoire coloniale et à l’immigration continuent de diviser profondément le paysage politique français.

La réaction des autres groupes parlementaires a été contrastée. Si certains députés de droite ont soutenu le texte, la gauche et les représentants de la majorité présidentielle ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une manœuvre politique à forte portée symbolique, susceptible d’alimenter la stigmatisation des populations d’origine algérienne et de raviver de vieilles tensions historiques.

Si l’effet pratique sur les accords franco‑algériens reste limité — leur abrogation réelle nécessitant des démarches juridiques complexes — l’impact symbolique est considérable. Le texte adopte un discours révisionniste qui peut peser sur la perception de la France à l’international et sur le moral des communautés franco‑algériennes.

Le gouvernement se retrouve désormais face à un double défi : clarifier sa position sur ces accords historiques et apaiser les tensions politiques et sociales qu’ils suscitent. Au-delà du Parlement, cette adoption révèle que les débats sur la mémoire coloniale et les relations franco‑algériennes restent des enjeux vifs, capables de mobiliser émotion et politique au plus haut niveau.

« Le 30 octobre 2025, pour la première fois, l’Assemblée Nationale française a adopté un texte du RN. Purement démagogique, il concerne l’Algérie, dont la décolonisation n’a jamais été acceptée par les droites extrêmes françaises. L’histoire jugera ceux qui ont permis », dénonce l’historien Fabrice Riceputi.

En résumé, ce vote ne marque pas seulement une victoire symbolique pour le RN. Il met en lumière les fragilités du consensus parlementaire sur la mémoire historique et l’intégration des Franco‑Algériens, tout en soulignant le risque de polarisation accrue autour de questions identitaires et mémorielles. Pour Abdelkader Lahmar et ses collègues de gauche, l’alerte est claire : vigilance et mobilisation seront nécessaires pour que le Parlement reste un lieu de débat républicain, et non le reflet de haines d’un autre temps.

Mourad Benyahia 

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