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mercredi 17 septembre 2025
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« Joyeuse fin du monde ! » de Daniel Camard : un roman d’éveil

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Daniel Camard
Daniel Camard

L’ouvrage « Joyeuse fin du monde ! » s’ouvre sur un huis clos teinté de suspense et de contraste, où l’interprétation d’un bulletin d’information sur un astéroïde fait s’opposer deux frères, George et Paul.

L’un est un survivaliste qui se base sur une « révélation » pour se préparer à la fin du monde, l’autre est un sceptique qui se moque de ce qu’il perçoit comme une folie. L’impact du récit réside dans cette confrontation entre la foi et la rationalité. Le texte explore les motivations humaines face à l’apocalypse et met en lumière les différentes façons de réagir à la peur. La présence d’autres personnages, comme Jeanne et Judith, révèle des tensions familiales et des personnalités opposées. En conclusion, l’histoire se sert de l’épreuve du bunker pour amener ses personnages à l’introspection, et pour les faire grandir malgré leurs différences.

Joyeuse fin du monde ! de Daniel Camard est un roman qui s’ouvre sur une scène de suspense et de contraste, où un homme soigné, George, manipule un poste de radio dans un bunker, tandis que son voisin, Paul, adopte une attitude plus décontractée et sceptique. Un bulletin d’information rassurant sur un astéroïde qui s’approcherait de la Terre contraste avec la conviction de George qu’il s’agit de la fin du monde. Il révèle à Paul que sa conviction ne repose pas sur la science, mais sur une « révélation » reçue en rêve lors d’une messe, rêve qui, selon lui, annonçait la chute de l’astéroïde et la nécessité de construire cet abri souterrain. George est un survivaliste.

L’impact du roman Joyeuse fin du monde ! réside dans la mise en scène de la confrontation idéologique entre la foi et la rationalité, qui se manifeste à travers les personnages de George et Paul.

George, le survivaliste, incarne la foi. Sa conviction de l’apocalypse ne s’appuie pas sur des faits scientifiques, mais sur une « révélation » mystique. Il investit 350 000 euros dans la construction d’un bunker, un acte qui symbolise son engagement total et son manque de recul face à sa croyance. Ce personnage représente un pessimisme teinté d’espoir religieux. Il est convaincu d’être un croyant prévoyant, préparant sa famille à une fin inéluctable.

En opposition, Paul, son frère, incarne la rationalité et le scepticisme. Il perçoit la démarche de George comme une folie et y répond par la méfiance et l’ironie. Son attitude reflète une forme de fatalisme moqueur, où l’humour est utilisé pour dédramatiser une situation qu’il refuse de prendre au sérieux. L’épisode du cauchemar où il se fait enlever par des extraterrestres est une illustration de cette capacité à relativiser les peurs. En l’occurrence, cette expérience onirique le ramène à la réalité et lui permet de prendre du recul sur la situation absurde dans laquelle il se trouve, renforçant son scepticisme.

L’apport principal du texte est d’explorer les motivations humaines face à l’apocalypse. George est motivé par sa foi et son interprétation personnelle des signes, ce qui l’incite à se préparer à la catastrophe. Paul, quant à lui, est dans une forme de fatalisme moqueur, ne prenant pas la menace au sérieux et utilisant l’humour pour dédramatiser. Le texte introduit une galerie de personnages secondaires, dont la femme de George, Jeanne, qui est partagée entre la prudence et l’anxiété, et leur fille Judith, qui représente la curiosité et l’intelligence face à un environnement austère. Leurs interactions révèlent des tensions familiales, des secrets d’enfance et des personnalités opposées.

En conclusion, Joyeuse fin du monde ! est une exploration des réactions humaines face à la peur de la fin du monde, mettant en lumière le contraste entre le survivalisme de George, fondé sur la foi et l’intuition, et le scepticisme de Paul, ancré dans le bon sens et la raillerie. 

L’histoire révèle que, malgré les différences de perception, cette expérience dans le bunker devient une occasion pour chacun de découvrir des aspects inattendus de sa propre personnalité et de celle des autres.

Le texte se termine sur une note d’introspection, où George observe sa famille et perçoit de nouvelles facettes de leur personnalité, réalisant que cette épreuve les a tous fait grandir.

Joyeuse fin du monde ! de Daniel Camard est le point d’orgue du roman, car elle apporte un éclairage inattendu et positif à une situation initialement perçue comme apocalyptique. L’histoire, qui a débuté dans l’angoisse et la division, se transforme en une véritable occasion de croissance personnelle et de rapprochement familial.

George, le survivaliste, réalise que la « fin du monde » n’était pas l’événement cosmique qu’il avait imaginé, mais plutôt une épreuve psychologique et relationnelle. Son intuition et sa foi, bien qu’ayant mené à une situation absurde pour les autres, ont paradoxalement créé un espace où sa famille est forcée d’affronter ses peurs, ses secrets et ses différences. Le bunker, censé les protéger d’une menace extérieure, devient le théâtre de leur renaissance intérieure.

Paul, le sceptique, est quant à lui amené à relativiser son propre fatalisme. Le cauchemar des extraterrestres, tout en étant ironique, l’oblige à reconsidérer la gravité de la situation et à se montrer plus ouvert à la perspective de son frère. Ce n’est plus une question de qui a raison ou tort, mais une acceptation que la peur et l’incertitude sont des expériences humaines communes.

Le roman se termine donc sur une note d’introspection et d’humanité. George, en observant sa famille, ne voit plus seulement des figures de son passé, mais des individus aux facettes multiples qui ont grandi et changé. L’expérience du bunker, loin d’être la fin, est le commencement d’une nouvelle ère pour cette famille. Elle leur permet de se redécouvrir, de guérir des blessures passées et de se préparer à une vie qui, même après une « fausse » apocalypse, s’annonce plus authentique et plus unie. C’est un message d’espoir qui suggère que les plus grandes catastrophes sont parfois celles qui révèlent notre plus grande force.

Brahim Saci

Le roman Joyeuse fin du monde ! de Daniel Camard est publié aux Éditions Le Temps d’un Roman.

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Guerre à Gaza : le Conseil de l’Europe met en garde contre les ventes d’armes à Israël

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Gaza
Gaza presque rasée par l'armée israélienne.

Cette instance européenne, qui réunit 46 pays, demande à ce que ses Etats membres « fassent tout leur possible pour prévenir et répondre aux violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme dans le contexte du conflit à Gaza ».

Le Conseil de l’Europe a mis en garde mardi 12 août contre les ventes d’armes à Israël, appelant ses 46 Etats membres – dont la France – à s’assurer qu’elles ne sont pas utilisées dans le cadre de violations des droits de l’homme dans la bande de Gaza. Dans un communiqué, le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Michael O’Flaherty, a réitéré son appel aux pays membres afin qu’ils « fassent tout leur possible pour prévenir et répondre aux violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme dans le contexte du conflit à Gaza ».

« Cela comprend l’application des normes juridiques existantes pour faire en sorte que les transferts d’armements ne soient pas autorisés lorsqu’il existe un risque qu’ils soient utilisés pour commettre des violations » des droits fondamentaux, écrit le commissaire.

La semaine dernière, le chancelier allemand, Friedrich Merz, a annoncé une suspension des exportations d’armes qu’Israël pourrait utiliser dans le cadre du conflit à Gaza, un changement politique majeur pour Berlin, allié traditionnel de l’Etat hébreu. « Cependant, il faut faire plus et rapidement », plaide le commissaire.

La guerre que mène l’armée israélienne dans la bande de Gaza a fait plus de 61600 victimes, la majorité écrasante est constituée d’enfants et de femmes. Selon des sources palestiniennes, les corps de 100 civils et 513 blessés sont arrivés dans les hôpitaux de Gaza au cours des dernières 24 heures.

Avec Francetvinfos

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Algérie : une saison estivale « pourrie » et sous tension 

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plage
Plage algérienne. Crédit photo : Marcus Hönig.

Accidents, incendies, noyades, agressions : l’été algérien, censé rimer avec loisirs et répit, s’écrit cette année en rouge et noir, sur fond de dangers multiples et de tensions palpables.

Il ne suffit pas d’avoir 1200 km de plages pour ambitionner d’offrir des conditions idoines pour bronzer et passer de bons moments au bord de la Méditerranée. La première quinzaine d’août offre un tableau sombre de la saison estivale. Selon un bilan rendu public mardi par la Protection civile, 50 personnes ont perdu la vie et 2 180 autres ont été blessées dans 1 637 accidents de la route, enregistrés,  du 3 au 9 août, à travers le pays. La wilaya de Sétif concentre le bilan le plus lourd, avec six morts et 118 blessés dans 86 accidents.

Mais les drames ne se sont pas limités aux routes. Les incendies continuent de frapper durement : 3 130 interventions ont été effectuées pour éteindre 2 247 feux urbains, industriels ou domestiques. Alger, Blida et Constantine figurent parmi les wilayas les plus touchées, tandis que 183 incendies ont ravagé le couvert végétal.

La mer n’a pas été plus clémente. Dix baigneurs ont péri en mer, trois autres dans des retenues d’eau. Au total, 2 153 personnes ont été secourues en mer ou sur les plages, dont 1 808 prises en charge sur place et 416 évacuées vers des hôpitaux

Sur la même période, les équipes de secours ont mené 5 700 interventions, sauvé 469 personnes en situation de danger et réalisé plus de 5 000 opérations diverses d’assistance.

La violence urbaine vient compléter ce tableau préoccupant. Aïn El Fakroun : un père de famille attaqué par un gang armé. Oran : un passant agressé et dépouillé de nuit. Tipaza : des estivants menacés à l’épée sur une plage. La violence urbaine s’ajoute aux drames routiers et naturels, renforçant un sentiment d’insécurité généralisé.

Entre routes meurtrières, incendies persistants, noyades et insécurité croissante, l’été 2025 prend des allures de saison noire. Une succession de drames qui, semaine après semaine, dessine l’image d’un pays en proie à des urgences multiples et à une tension latente, loin des cartes postales touristiques.

Samia Naït Iqbal

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Oum El Bouaghi : 2 suspects impliqués dans une agression à l’arme blanche contre un individu arrêtés

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Deux agresseurs présumés arrêtés
Les deux condamnés à 15 ans de prison

Deux suspects impliqués dans une agression à l’arme blanche contre un individu, dans un quartier de la ville d’Ain Fakroun, dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, ont été arrêtés, a indiqué, lundi soir, un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN).

« Suite à une vidéo relayée sur les réseaux sociaux montrant deux jeunes agressant violemment un individu à l’arme blanche prohibée et s’emparant de ses affaires, dans un quartier de la ville d’Ain Fakroun, dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, une enquête a été immédiatement ouverte en coordination avec le parquet compétent à Ain Fakroun par les unités opérationnelles de la sûreté de la Daïra d’Ain Fakroun », lit-on dans le communiqué.

Les investigations menées par la police judiciaire ont permis « d’exploiter la vidéo, d’identifier les suspects et de les arrêter rapidement », selon la même source.

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Nadia Agsous : une voix littéraire et journalistique engagée entre deux rives

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Nadia-Agsous
Nadia Agsous

Nadia Agsous est une femme de lettres et de médias franco-algérienne dont le parcours singulier s’inscrit à la croisée du journalisme, de la littérature, de la communication et de la pensée critique. Elle incarne une voix attentive aux fractures du monde contemporain, aux voix oubliées, aux espaces de transition entre les cultures. 

À travers ses écrits, ses chroniques, ses interventions médiatiques et ses activités de transmission, elle tisse des liens entre l’intime et le politique, entre le récit individuel et les enjeux collectifs. Formée à la littérature, à la sociologie des migrations et à la communication publique, elle navigue entre disciplines avec une aisance qui lui permet d’éclairer les complexités de nos sociétés sous différents angles. Engagée sans être dogmatique, rigoureuse sans être distante, Nadia Agsous déploie une œuvre intellectuelle et artistique habitée par une quête constante : celle de comprendre, de relier et de transmettre.

Vivant et travaillant à Paris, elle incarne une voix engagée, lucide et profondément humaniste, attentive aux récits invisibles, aux mémoires enfouies et aux dynamiques culturelles des deux rives de la Méditerranée. Journaliste et chroniqueuse littéraire, communicante et écrivaine, elle conçoit et anime deux émissions sur AlternaTV, média alternatif diffusé sur les réseaux sociaux : AlternaCultures, consacrée aux expressions artistiques et aux enjeux culturels contemporains, et L’Interview, série de portraits et d’entretiens avec des intellectuels, artistes, penseurs et acteurs de terrain.

Son parcours académique reflète la diversité de ses centres d’intérêt et la profondeur de sa réflexion : titulaire d’un master 2 en littérature anglo-saxonne et anglophone obtenu à l’université d’Alger, elle a également décroché une licence en aménagement et développement territorial à l’université de Villetaneuse, ainsi qu’un DEA en sociologie des migrations à l’université Paris 8. Cette formation multidisciplinaire s’est prolongée par une spécialisation en communication publique, domaine dans lequel elle mène aujourd’hui des actions de stratégie et de médiation, notamment en tant que chargée de communication interne.

Nadia Agsous a collaboré avec de nombreux médias, tant dans la presse écrite que dans la presse numérique. On retrouve sa plume dans El Watan (supplément culturel Arts et Lettres), mais aussi dans Le Huffington Post, Médiapart, La Cause Littéraire, Vie des livres, Le Mague, et d’autres revues littéraires et plateformes numériques. Ses contributions, riches et variées, abordent avec exigence les grands thèmes de notre temps : mémoire, exil, altérité, condition migrante, identité, justice, dialogue interculturel.

Parallèlement à son activité journalistique, elle construit une œuvre littéraire marquée par une écriture poétique, dense, à la fois introspective et politique. Son premier livre, Réminiscences (Éditions Marsa, 2012), rassemble des textes en prose et en vers, accompagnés de dessins de l’artiste algéro-belge Hamsi Boubekeur. Ce recueil intime et onirique explore la mémoire, le sentiment d’appartenance et la quête de soi. En 2014, elle publie Des Hommes et leurs Mondes aux Éditions Dalimen, un ouvrage d’entretiens avec le sociologue Smaïn Laacher. Cet échange approfondi permet une immersion dans l’univers des migrants, ces femmes et ces hommes relégués en marge de la société, dont la parole reste trop souvent inaudible.

Son premier roman, L’Ombre d’un doute, paraît en 2021 aux Éditions Frantz Fanon. Situé dans la ville imaginaire de Bent’Joy, ce récit interroge la transmission de l’identité collective historique, les blocages liés à la mémoire figée, et la possibilité pour l’individu de s’en libérer. Porté par une langue forte, symbolique et poétique, le roman évoque l’éveil, le déracinement, la réinvention de soi, à travers une fable aux accents mythiques et politiques. En 2023, elle publie Nulle Terre Ailleurs, roman-récit qui se déroule à Al-Qods – Jérusalem. L’ouvrage, enrichi de photographies de portes prises dans la vieille ville en 2014, se présente comme un plaidoyer littéraire en faveur de la paix. Portée par un idéal de justice et de cohabitation, l’autrice y fait entendre des voix habitées par la souffrance mais traversées d’espoir, incarnant le rêve d’un avenir partagé sur cette terre plurielle.

L’écriture de Nadia Agsous est traversée par la tension entre l’enracinement et l’errance, la mémoire et l’émancipation, la blessure et la réparation. Son style mêle le souffle poétique à la précision sociologique, la narration fictionnelle à la réflexion politique. Elle conçoit également un atelier de lecture intitulé Des mots et des idées. Lire pour dire, dans lequel elle invite à penser ensemble, à lire pour mieux dire le monde, à travers une approche collective, critique et libératrice de la littérature.

Femme de lettres, de pensée et de terrain, Nadia Agsous développe une œuvre dense et cohérente, nourrie par la richesse des parcours migratoires, les contradictions de l’Histoire, et le désir inlassable de faire dialoguer les mondes. Sa voix, singulière et résolument contemporaine, s’impose comme une passerelle entre les langues, les cultures et les imaginaires.

Dans cet entretien, Nadia Agsous nous ouvre les portes de son univers pluriel, à la fois littéraire, journalistique et engagé. Elle explore à travers ses ouvrages et ses émissions des questions essentielles liées à l’identité, à la mémoire, à la migration et au vivre-ensemble. Avec une sensibilité aiguë et une réflexion nourrie par une solide formation universitaire, elle nous invite à mieux comprendre les enjeux culturels et sociaux qui traversent nos sociétés contemporaines.

Le Matin d’Algérie : Votre parcours croise littérature, sociologie et journalisme. Comment ces approches se nourrissent-elles mutuellement dans votre manière d’écrire, de penser et de transmettre ?

Nadia Agsous : Je situerai mon parcours à l’articulation de ces trois disciplines qui dialoguent et influencent ma façon de conceptualiser et de communiquer. La littérature me permet de manier la langue, d’explorer la richesse des images et des nuances, tout en plongeant dans la profondeur des émotions et des récits individuels. Elle insuffle ainsi une dimension émotionnelle et narrative à mes écrits. La sociologie, quant à elle, me fournit les outils nécessaires pour comprendre les dynamiques sociales (L’Ombre d’un doute, 2021, et Nulle terre ailleurs, 2023). Elle permet également de comprendre comment se construisent les identités et les rapports de pouvoir (L’Ombre d’un doute notamment). Le journalisme, pour sa part, m’oblige à une rigueur de méthode et une exigence de clarté, de précision et de concision dans la restitution des faits.

À ces trois disciplines, j’ajouterais l’histoire, la psychologie et les arts visuels. L’histoire est un moyen de nous immerger dans le temps et de comprendre le présent à travers le passé. La psychologie, quant à elle, apporte un éclairage sur les sentiments et les motivations intérieures des personnages, leur conférant une profondeur émotionnelle. Les arts visuels apportent une dimension esthétique et émotionnelle qui enrichit l’expérience de lecture.

Ces différentes influences interagissent de manière complémentaire. Chacune d’entre elles influence ma manière de conceptualiser le monde et de le retranscrire, apportant une perspective supplémentaire, voire nouvelle, qui enrichit ma réflexion, mon écriture fictionnelle, poétique ou journalistique, ainsi que le genre littéraire que je choisis (nouvelles, romans, poésie, etc.).

Le Matin d’Algérie : Votre premier ouvrage, Réminiscences, mêle prose, poésie et dessins, offrant une expérience artistique plurielle. Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ce format hybride pour votre premier livre, et quel message souhaitiez-vous transmettre à travers ce dialogue entre mots et images ?

Réminiscences est mon premier ouvrage publié. Dès 2012, mon intérêt pour la combinaison du texte (qu’il s’agisse de prose ou de poésie) et de l’image était manifeste. J’ai donc opté pour un format hybride, car il reflète naturellement ma façon de voir, d’interpréter et d’exprimer le monde. Je crois fermement que l’expression des souvenirs, des idées et des émotions ne peut se faire pleinement qu’à travers l’interaction de plusieurs langages artistiques. 

La prose littéraire, dont le terme vient du latin prosa, qui signifie « direct » ou « allant tout droit », évoque la narration, c’est-à-dire l’art de raconter une histoire. La poésie, quant à elle, est un genre littéraire qui utilise un langage rythmique et imagé pour exprimer des idées, des émotions et des sensations. Le dessin est un mode de représentation et de communication visuelle qui invite à une sorte de contemplation silencieuse. Ce dialogue entre les mots et l’image permet de mieux saisir le sens des réminiscences. La combinaison du texte et de l’image remplit une fonction de complémentarité narrative à deux niveaux. D’une part, les deux genres se relaient, chacun apportant des informations qui enrichissent le sens et la compréhension du contenu. D’autre part, l’intégration d’images dans un texte permet d’introduire une dimension esthétique qui le rend plus agréable à lire et suscite l’envie de le parcourir.

Le Matin d’Algérie : Dans Des Hommes et leurs Mondes, vous dialoguez avec le sociologue Smaïn Laacher autour de l’expérience migratoire. Qu’avez-vous découvert ou compris de nouveau en traversant ces récits d’exil à travers sa pensée ?

Nadia Agsous : Présenté sous forme d’entretiens avec le sociologue, cet essai était l’occasion d’objectiver la question migratoire et de l’aborder de manière humaine. L’objectif était de vulgariser les travaux et les idées de Smain Laacher de manière à les rendre accessibles au plus grand nombre.

Grâce à mes discussions avec lui et à la lecture de ses travaux, j’ai pu avoir une compréhension plus nuancée du phénomène migratoire, rompant ainsi avec les idées reçues véhiculées par le sens commun et les clichés simplistes. Les analyses de Smain Laacher mettent en lumière la complexité, la pluralité des parcours migratoires. Cette approche permet de replacer les migrant·e·s dans une perspective humaine et de les considérer comme des êtres humains dotés d’histoires singulières. À travers la parole de Smain Laacher, cet ouvrage invite à comprendre la complexité des histoires de vie des migrant·e·s, souvent traité·e·s comme des indésirables. Il invite à prendre de la distance par rapport aux idées reçues et aux jugements hâtifs à leur sujet. 

Le Matin d’Algérie : L’Ombre d’un doute interroge la mémoire collective et son poids sur les identités individuelles. Que représente pour vous Bent’Joy, cette ville fictive, et pourquoi avoir choisi la fiction pour traiter un sujet aussi politique et intime ?

Nadia Agsous : Bent’Joy est une ville millénaire, légendaire et mythique. Elle joue deux rôles. Elle constitue le cadre spatial du roman et incarne un personnage. Bent’Joy signifie « fille de joie » : bent, « fille » en arabe, et joy, « joie » en anglais. Ces deux mots appartiennent à des familles de langues différentes : l’arabe, une langue sémitique, et l’anglais, une langue indo-européenne germanique.

Pourquoi ce nom ? Tout d’abord, il fait référence à la beauté du paysage de la ville, entourée par la mer et la montagne sacrée. C’est une ville belle, attirante et attachante.

Deuxièmement, il renvoie à la joie de vivre des Bent’Joyiens, de bons vivants malgré leur pauvreté et le mépris de la famille royale.

Enfin, il fait référence au passé de Bent’Joy, lorsque la ville était reconnue comme un centre de rayonnement culturel et intellectuel où l’on enseignait la liberté et où l’on exaltait la libre pensée. Cette philosophie avait profondément imprégné les Bent’Joyiens. Si Bent’Joy s’inspire de la ville de Béjaïa pour son paysage, elle émerge comme une ville universelle. Elle peut se situer partout où sévissent des dictateurs et où des peuples obéissent aveuglément aux ordres de tyrans. Cette approche permet d’échapper aux particularismes pour favoriser l’universel.

Bent’Joy est également le lieu de la mémoire collective bent’joyienne. C’est un espace de tensions identitaires où le passé et le présent coexistent de manière conflictuelle, du moins pour le jeune protagoniste qui refuse d’endosser l’identité collective héritée et choisit de la reconfigurer pour construire son identité personnelle. Grâce à cette démarche, il parvient à insuffler un vent de renouveau dans sa ville, prisonnière d’un passé stérilisant depuis des lustres. Le choix de la fiction pour aborder ce sujet sensible et complexe est pertinent, car il offre une liberté créative. 

La fictionnalisation de la politique est une stratégie qui permet de contourner la censure en utilisant des procédés narratifs et littéraires comme les métaphores, les contes, les allégories, les allusions… Un récit fictif est un moyen efficace pour sensibiliser les lectrices et les lecteurs à des enjeux historiques, politiques ou sociaux, et d’encourager la réflexion et l’esprit critique.

Le Matin d’Algérie : Dans Nulle Terre Ailleurs, vous proposez un plaidoyer pour la paix à Al-Qods/Jérusalem. Qu’est-ce qui vous a poussée à choisir cette ville comme décor symbolique de votre roman ?

Nadia Agsous : Nulle Terre Ailleurs est un roman qui raconte la Palestine et les Palestiniens à travers l’expérience de Thayri, la narratrice, lors de son premier voyage à Al-Qods/Jérusalem. Mon premier contact avec cette ville m’a procuré un apaisement de l’esprit et une paix intérieure. Il m’a donc semblé évident que l’action de mon roman se déroulerait dans cette ville. Al-Qods (la « ville de la sainteté ») et Jérusalem (la « ville de la paix ») sont le théâtre de la « tragédie moderne » qui se poursuit depuis la Nakba (la « catastrophe » de 1948 pour les Palestiniens). C’est une ville mythique, spirituelle et symbolique, « trois fois sainte », qui rassemble les trois religions monothéistes.

Pour les chrétiens, c’est le lieu où Jésus-Christ est mort et ressuscité, et c’est dans l’église du Saint-Sépulcre que se trouve son tombeau. Pour les juifs, c’est la ville où le roi Salomon a construit le Grand Temple, le Beit ha-Mikdash, considéré comme la « maison de la sainteté ». Pour les musulmans, c’est la troisième ville sainte après La Mecque et Médine. C’est à Al-Qods que s’est déroulé le voyage nocturne (Isrâ) du prophète Mahomet, qui l’a conduit de La Mecque à Jérusalem, puis son ascension céleste (Lailat al-Miraj) sur Bouraq, un animal fantastique venu du paradis.

Al-Qods-Jérusalem appartient à tous. C’est une ville aimée, convoitée et désirée, qui est toujours au cœur des passions. Selon Thayri, c’est une « ville antique au présent tumultueux, peuplée d’ombres ambulantes qui errent dans les bas-fonds de l’histoire ». Dans mon roman, j’ai nommé Al-Qods-Jérusalem « Nulle Terre Ailleurs », une expression qui désigne non seulement l’ouvrage, mais aussi ce lieu unique où se déroule l’histoire et qui symbolise l’enracinement profond et ancestral des Palestiniens sur cette terre. Cette ville, qui incarne la tragédie, la mémoire et l’espoir du peuple palestinien, m’est apparue comme le lieu idéal pour un plaidoyer en faveur de la paix et du vivre-ensemble.

Le Matin d’Algérie : En tant qu’écrivaine engagée pour la justice et le vivre-ensemble, comment percevez-vous aujourd’hui ce que traverse Gaza, et quelle place la littérature peut-elle avoir face à une telle tragédie humaine et politique ?

Nadia Agsous : La situation à Gaza est dramatique, voire catastrophique. Ce que vivent les Gazaouis est une tragédie humaine et politique d’une gravité extrême. Les violences, la souffrance, la faim, les injustices subies, ainsi que l’indifférence et le mépris dont fait preuve une grande partie de la communauté internationale à l’égard de la population gazaouie révèlent un drame profond dans lequel la vie de femmes, d’hommes et d’enfants est mise à l’épreuve. Dans ce contexte bouleversant, l’écriture s’impose comme une urgence, une nécessité vitale pour donner une voix à celles et ceux qui subissent ces atrocités.

Écrire est un témoignage, un acte de résistance, de solidarité et d’empathie, un signe d’espérance. Essais, poèmes, nouvelles, romans, chants, correspondances, journaux intimes et témoignages sont autant de traces qui transmettent l’histoire d’une génération à l’autre.

L’écriture devient alors un outil d’expression, de témoignage, de mémoire et de résilience. Son rôle n’est pas de tuer, car nul n’a le droit de priver des femmes, des hommes et des enfants de la vie ; son but est de résonner pour réveiller les consciences et dire non collectivement à cet acharnement sur toute une population qui dépasse tout entendement, avec la complicité des puissants qui dirigent le monde.

Le Matin d’Algérie : Vous donnez souvent la parole à des figures marginalisées ou invisibles, notamment dans vos articles et entretiens. Pourquoi ce choix d’orientation ?

Nadia Agsous : L’objectif est de donner la parole à des personnes trop souvent réduites au silence. Mettre en avant des récits négligés, ignorés, marginalisés ou oubliés, c’est adopter une démarche humaine et inclusive, fondée sur la prise en compte et la reconnaissance des paroles réduites au silence et/ou négligées. En créant un espace d’expression pour celles et ceux qui n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer ou qui en ont été privés, il s’agit de les sortir de l’invisibilité, de leur redonner du pouvoir, de rendre justice à leur vécu et de favoriser le partage d’expériences.

Il est important de souligner que ma démarche ne se limite pas aux seules personnes invisibilisées. J’ai mis en avant des personnalités de renom, comme Boualem Sansal, à qui j’ai consacré plusieurs articles et entretiens, et j’ai organisé plusieurs conférences autour de ses romans. Je peux également citer Yasmina Khadra, Edward Wadie Saïd, Sonallah Ibrahim, Colette, Marguerite Duras, Michel Foucault, et bien d’autres encore. Mes chroniques littéraires, publiées dans le supplément culturel « Art et Lettres » de La Cause littéraire et dans de nombreux autres médias, notamment numériques, témoignent de mon intérêt pour les autrices et les auteurs, qu’ils soient connus ou débutants.

Le Matin d’Algérie : Vous animez un atelier de lecture intitulé Des mots et des idées. Lire pour dire. Quelle place accordez-vous à la lecture partagée dans les processus de transformation individuelle ou collective ?

Nadia Agsous : « Des mots et des idées. Lire pour dire » est un événement littéraire qui célèbre la littérature vivante et l’art de la narration. Il met à l’honneur des autrices et des auteurs qui lisent un extrait de leur roman, nouvelle ou poème, seuls ou à deux. C’est l’occasion pour eux et elles de se faire connaître, de faire découvrir leur univers littéraire, d’échanger avec le public et d’accroître leur visibilité. C’est aussi l’occasion de rencontrer des passionné·e·s de littérature. Ces lectures sont généralement suivies d’une discussion avec le public, favorisant ainsi des échanges enrichissants.

En résumé, ces rendez-vous littéraires sont bien plus que de simples lectures. Ils sont une célébration de la littérature, offrent un espace de dialogue et invitent à explorer ensemble la richesse des imaginaires et des mots. 

La lecture partagée permet de créer un espace de rencontre, de partage et d’échange autour du texte. C’est l’occasion de créer une communauté de lectrices et de lecteurs qui permet à chacun de s’approprier la parole de l’autre, de remettre en question ses propres représentations et de s’ouvrir à d’autres sensibilités. Lire, c’est aussi renouer avec la tradition orale. Lire ensemble, c’est apprendre à écouter, à s’écouter, à dialoguer et à débattre. Cette approche à la fois individuelle et collective offre la possibilité de se découvrir à travers l’autre. En somme, la lecture est une source de transformation profonde.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes la conceptrice et animatrice des émissions AlternaCultures et L’Interview sur AlternaTV, une chaîne alternative diffusée sur les réseaux sociaux. Quel est pour vous l’intérêt de ce format et comment ces émissions s’inscrivent-elles dans votre engagement médiatique et culturel ?

Nadia Agsous : Avec AlternaCultures, L’Interview et Des mots et des idées. Textes lus par Nadia Agsous, ces trois émissions diffusées sur AlternaTV me permettent d’explorer des sujets et des thèmes qui me passionnent. Je sélectionne généralement des sujets qui me plaisent. J’ai souhaité faire l’expérience de l’audiovisuel et c’est AlternaTV qui m’a offert cette opportunité. J’ai appris sur le tas et je continue à apprendre.

AlternaTV est une télévision alternative qui émet sur les réseaux sociaux (Facebook et YouTube). Elle aborde des sujets divers et variés et également des sujets considérés comme tabous en donnant la parole à celles et ceux qui font l’histoire mais qui restent invisibles en raison de leur exclusion du débat public.

L’objectif est donc de favoriser un espace d’expression riche, libre et affranchi des censures, des contraintes, des limites et des formats imposés par les médias traditionnels. Mes émissions permettent de mettre en valeur des initiatives culturelles en mettant en avant des autrices et des auteurs. Cela se concrétise en les accueillant sur le plateau d’AlternaTV, mais aussi en lisant des passages de leurs ouvrages, comme c’est le cas dans l’émission « Des mots et des idées ». Textes lus par Nadia Agsous. » À ce jour, j’ai présenté et lu plus de cinquante autrices et auteurs du monde entier.

En résumé, mes émissions s’inscrivent dans un engagement citoyen à travers la culture, la littérature, les idées, la musique, le cinéma, les arts et d’autres médias culturels qui constituent autant d’outils de reconnaissance des expressions culturelles diverses, d’éveil critique, de dialogue, d’ouverture et de lien social.

Le Matin d’Algérie : Dans un monde saturé d’images et d’immédiateté, quelle est, selon vous, la mission du roman aujourd’hui ?

Nadia Agsous : Le roman permet de ralentir le temps, de faire une pause sur une période donnée, sur des expériences humaines, afin de prendre du recul. Le roman ne se contente pas de refléter la réalité. Il bouscule la réalité pour questionner la frontière entre le réel et le fictif.

Ce genre littéraire devient ainsi le biais par lequel nous ouvrons un espace d’imagination, de réflexion et d’introspection pour questionner la condition humaine et approfondir la conscience humaine et sociale. C’est un lieu privilégié pour réfléchir à l’existence et aux rapports humains. Un roman est censé nous enrichir, nous étonner, bousculer nos habitudes, ébranler nos certitudes et nous faire réfléchir au monde qui nous entoure. Le roman ne devrait pas être un simple produit de consommation. Il doit nous sublimer. Il a pour rôle de nous transfigurer.

Le Matin d’Algérie : En tant que journaliste et intellectuelle franco-algérienne, quel regard portez-vous aujourd’hui sur la situation politique en Algérie, notamment concernant les aspirations démocratiques et le sort réservé aux détenus d’opinion ?

Nadia Agsous : La justice, la dignité et la liberté finissent toujours par l’emporter, comme l’histoire l’a amplement démontré. 

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Nadia Agsous : Je réfléchis à mieux organiser les événements que j’anime actuellement. Plusieurs projets d’écriture sont en cours, et d’autres devraient bientôt se concrétiser, je l’espère. 

Entretien réalisé par Brahim Saci

https://www.youtube.com/@alternatv-atv

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Valises diplomatiques : Alger rejette la procédure de Paris

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Drapeau Algérie France

 L’Algérie « est au regret de rejeter fermement » la procédure temporaire proposée par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères en matière d’accès des agents algériens accrédités aux zones réservées des aéroports parisiens aux fins d’acheminement ou de récupération de la valise diplomatique, a-t-on appris de source informée.

Selon la même source, le ministère des Affaires Etrangères-Direction Générale du Protocole- a accusé réception de la note verbale du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères datée du 7 août 2025 relative à la proposition d’une nouvelle procédure temporaire en matière d’accès des agents algériens accrédités aux zones réservées des aéroports parisiens aux fins d’acheminement ou de récupération de la valise diplomatique, précise la même source.

La nouvelle procédure communiquée contrevient fondamentalement à l’obligation de la France de veiller au bon fonctionnement des Missions diplomatiques et consulaires établies sur le sol français. 

A cet égard, l’article 25 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques dispose que l’Etat accréditaire accorde toutes les facilités pour l’accomplissement des fonctions des représentations diplomatiques.

De plus, l’article 5 de la Convention de Vienne sur les relations consulaires fait obligation à l’Etat de résidence de permettre aux postes consulaires de s’acquitter librement de leurs fonctions. La nouvelle procédure communiquée maintient manifestement des entraves au bon fonctionnement de la Mission diplomatique et des postes consulaires algériens en France.

De manière spécifiquement liée à l’acheminement ou à la récupération de la valise diplomatique, la même procédure nouvelle communiquée à la partie algérienne continue à enfreindre l’obligation qui incombe à la France, conformément à l’article 27 alinéa 7 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. 

En effet, celui-ci consacre explicitement le droit pour toute mission diplomatique d' »envoyer un de ses membres accrédités pour prendre livraison, directement et librement, de la valise diplomatique auprès du commandant de l’aéronef ».

Cette même obligation a été expressément reprise et intégrée dans l’article 13 alinéa 7 de la convention consulaire algéro-française de 1974. Celui-ci dispose que « le poste consulaire peut envoyer un de ses membres prendre, directement et librement, possession de la valise des mains du commandant du navire ou de l’aéronef ».

Dans le cadre du respect de ses obligations au titre de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, la France octroie aux missions diplomatiques et consulaires accréditées des badges d’accès permanent aux zones de sûreté à accès réglementé (ZSAR) au niveau des aéroports.

Dès lors, toute mesure excluant la Mission diplomatique et les postes consulaires algériens de cette pratique bien établie constitue une violation flagrante d’une obligation consacrée au double titre de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et de la Convention consulaire algéro-française.

La nouvelle procédure proposée est contraire au principe de non-discrimination à l’égard des Missions diplomatiques et consulaires accréditées auprès du pays hôte, principe consacré par l’article 47 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et par l’article 72 de la Convention de Vienne sur les relations consulaires. En effet, en ce qu’elle vise exclusivement les agents de la Mission diplomatique algérienne en France, la nouvelle procédure communiquée relève toujours d’un traitement discriminatoire qui est incompatible avec les articles sus-mentionnés. 

A cet égard, il y a lieu de rappeler que la décision initiale ayant privé les agents algériens de leurs badges d’accès constituait déjà une mesure discriminatoire. Tenter de remédier à ce traitement discriminatoire par l’adoption d’une nouvelle mesure revêtant elle-aussi un caractère discriminatoire ne peut qu’aggraver la violation en cause.

A toutes ces considérations liées aux obligations internationales et bilatérales du pays hôte, s’ajoute une autre considération d’ordre plus pratique. Il s’agit du fait que la nouvelle procédure communiquée traite uniquement du cas de l’Ambassade d’Algérie à Paris et passe sous silence la situation des postes consulaires algériens établis sur le territoire français. 

Ces Consulats sont affectés au même titre que l’Ambassade d’Algérie à Paris par les mesures privant leurs agents des badges d’accès permanent aux zones réservées des aéroports aux fins d’acheminement ou de récupération de la valise diplomatique. Leur cas mérite, par conséquent, de retenir, également, la même attention du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères qui est tenu de leur accorder un même traitement leur assurant un bon fonctionnement sans entraves, ajoute la même source.

A l’ensemble de ces constats, la nouvelle procédure communiquée ajoute des mesures provocatrices et inutilement vexatoires. Il s’agit ici, d’abord, de la mesure visant à faire accompagner, en tout temps, l’agent ou les agents chargés de l’acheminement ou de la récupération de la valise diplomatique d’une escorte policière. Il s’agit, ensuite, de l’autre mesure imposant, avant toute opération d’acheminement ou de récupération de la valise diplomatique, la saisine du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères d’une demande écrite devant être déposée quarante-huit (48) heures avant ladite opération.

Par voie de conséquence, le ministère des Affaires étrangères-Direction Générale du Protocole- est au regret de rejeter fermement la procédure temporaire proposée par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. 

Pour l’Algérie, la seule solution conforme aux engagements internationaux et bilatéraux de la France réside dans le rétablissement des titres d’accès permanents au bénéfice des agents accrédités de la Mission diplomatique et des postes consulaires algériens en France. 

Dès lors que ces badges auront été rétablis, l’Algérie procédera, de son côté, à la levée des mesures équivalentes qu’elle a adoptées dans le cadre de la stricte application du principe de réciprocité, conclut la même source.

Avec APS

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SOS Racisme porte plainte contre Noëlle Lenoir après ses propos racistes sur CNews

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Noëlle Lenoir
Noëlle Lenoir s'en prend aux Algériens

Le 8 août 2025, Noëlle Lenoir, ancienne ministre et ex-membre du Conseil constitutionnel, a tenu sur CNews des propos ouvertement racistes visant les personnes d’origine algérienne. SOS Racisme réagit et porte plainte.

Lors de l’émission L’Heure des Pros 2 Été, interrogée sur la censure par le Conseil constitutionnel d’une mesure prolongeant la rétention administrative à 210 jours, elle a affirmé que « des millions d’Algériens présentent des risques majeurs, pouvant sortir un couteau dans le métro ou attaquer dans la rue ». Elle a ajouté que ces personnes devraient être retenues « le temps qu’elles fichent le camp », les accusant de menacer la sécurité en France.

SOS Racisme a immédiatement réagi en déposant une plainte pour injure publique à caractère raciste et a saisi l’ARCOM, le régulateur de l’audiovisuel, demandant une sanction ferme contre la chaîne CNews. L’association dénonce une « stigmatisation xénophobe » et une banalisation répétée du racisme sur cette chaîne, qui, selon elle, multiplie les tribunes à des discours haineux.

Dominique Sopo, président de SOS Racisme, déplore le « naufrage d’une partie des élites françaises », incarné par une ancienne membre du Conseil constitutionnel qui se retourne contre l’institution qu’elle a servie. Il dénonce aussi « l’offensive raciste » de CNews, rappelant que la chaîne a récemment diffusé plusieurs propos racistes envers divers groupes minorisés.

Face à ces dérives, SOS Racisme appelle l’ARCOM à assumer ses responsabilités et à faire respecter la législation contre les discours haineux, garantissant ainsi le respect des droits des personnes d’origine algérienne vivant en France.

Mourad Benyahia 

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« Le Président toxique » : une enquête incisive sur Emmanuel Macron et sa gouvernance solitaire

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Le président toxique

Publié en février 2025, Le Président toxique. Enquête sur le véritable Emmanuel Macron d’Étienne Campion s’impose comme un ouvrage au ton incisif et sans concession. L’auteur y brosse le portrait d’un chef de l’État français dont la personnalité et la méthode de gouvernance suscitent de nombreuses interrogations, notamment au regard des crises politiques qui secouent la France ces dernières années.

Voilà une autre enquête qui enfonce encore un peu plus la gouvernance verticale d’Emmanuel Macron. À travers une centaine de témoignages, recueillis auprès de proches, anciens collaborateurs et observateurs, Étienne Campion décrit un Emmanuel Macron à la fois séducteur et redoutablement stratégique. Pourtant, derrière ce vernis charmeur, c’est un homme profondément isolé que l’enquête révèle, un dirigeant dont la solitude politique aurait contribué à une gestion solitaire et autoritaire du pouvoir.

Ce repli sur soi se traduit par une tendance à s’entourer exclusivement de fidèles inconditionnels, tout en écartant systématiquement ceux qui ont pu l’aider à gravir les échelons du pouvoir une fois leur utilité dépassée. Cette logique d’exclusion et de manipulation forge un climat de défiance et d’instabilité au sein même de l’exécutif.

L’auteur analyse aussi avec acuité la psychologie d’Emmanuel Macron, s’attardant sur une rupture familiale majeure durant son adolescence. Ce choix de se couper de ses parents pour vivre chez sa grand-mère, Germaine Noguès, aurait laissé une empreinte durable sur son rapport à l’autorité et à la loyauté, deux thèmes récurrents dans son parcours. Selon Campion, cette expérience personnelle explique en partie le caractère narcissique du président, son goût du contrôle absolu et son incapacité à accepter la contradiction ou la critique.

Dans ce livre, Macron est qualifié de « président toxique », expression forte qui illustre la manière dont son style de gouvernance impacte négativement non seulement ses relations avec son entourage politique mais aussi le climat général de la vie publique en France. Les choix politiques souvent perçus comme impulsifs, la volonté d’imposer des réformes sans réelle concertation et l’éloignement des réalités sociales nourrissent un sentiment de rejet qui alimente les tensions et les divisions dans le pays.

Le Président toxique ne se limite pas à une critique de la personnalité du chef de l’État, il invite également à réfléchir sur les dangers d’un pouvoir hyper-centralisé et d’une gouvernance où l’isolement du leader devient la norme. L’enquête d’Étienne Campion éclaire ainsi les mécanismes internes d’un pouvoir qui peine à dialoguer avec ses partenaires politiques et sociaux, exacerbant les crises et fragilisant durablement la stabilité démocratique.

Ce portrait intime et politique d’Emmanuel Macron, fondé sur un large éventail de témoignages et d’analyses, suscite un vif débat en France et au-delà. Il apporte un éclairage précieux sur les coulisses du pouvoir, dans une période où la France cherche à se réinventer face à de nombreux défis intérieurs et extérieurs.

Pour les lecteurs algériens, cet ouvrage permet aussi de mieux comprendre les dynamiques internes à la présidence française, un acteur clé des relations internationales dans la région. Il révèle les failles d’un leadership qui, malgré son aura médiatique, est profondément marqué par une gestion toxique du pouvoir, aux conséquences multiples sur la scène politique nationale et internationale.

Le Président toxique d’Etienne Campion est disponible en librairie et sur les plateformes numériques, offrant une lecture incontournable à tous ceux qui souhaitent pénétrer l’envers du décor du pouvoir macronien.

Mourad Benyahia 

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Pour se débarrasser des religions, il faut se débarrasser des prophètes

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Pierres dressées
Image par Siggy Nowak de Pixabay

Kacem Madani nous pose une question dans son titre. Peut-on se débarrasser des religions sans éduquer les croyants ? Bien entendu que c’est la solution qui paraît la plus raisonnable, surtout pour un enseignant. Il n’y a aucun doute sur sa pertinence et il y a certainement du vrai dans sa réalisation.

Mais cela fait de très nombreuses années que je répète dans ce même journal que la cause des croyances mystiques et irrationnelles, donc dangereuses, n’est pas exclusivement dans la mauvaise formation des masses illettrées. Il faut s’en préoccuper chaque jour mais c’est une illusion de pouvoir éradiquer les sectes sans éliminer les gourous. Et ces gourous sont déjà cultivés, c’est même une condition nécessaire de leur position.

Au départ, ces pauvres innocents ne croient en rien, ils ont peur de ce dont ils ignorent les causes. La foudre, les inondations, les maladies et les autres fléaux qui les angoissent. Et alors, il y en a toujours qui voient une opportunité à en prendre pouvoir sur les autres et leur expliquer que c’est le ciel qui condamne leur péchés à ne pas suivre ses règles. Et ceux qui édictent ces règles sont bien entendu ceux qui ont assez d’instruction pour les écrire et en discourir.

Ce sont toujours des illuminés mais jamais on ne peut les qualifier d’imbéciles. Le plus souvent il sont très malins et éduqués. Par ce qualificatif, comprenons qu’ils sont instruits, ont une parole et un écrit que ne maîtrisent pas les autres.

La Renaissance avait cru s’en débarrasser et rien n’y a fait même en leur démontrant par la science, la fausseté des croyances religieuses. La révolution française avait cru les éliminer. Puis ce fut au tour de la laïcité au cours du dernier siècle de  croire fermement qu’elle les a mises à genoux.

Tous ont cru que les lumières de l’éducation allaient faire disparaître les ténèbres. Tous ont échoué. Les religions reviennent comme elles sont toujours revenus. C’est ce qui se passe ces dernières décennies. Quelles que soient les religions, le retour de l’extrémisme religieux est impressionnant.

La principale erreur de ceux qui pensent que l’éducation allait les faire disparaître est qu’ils se sont trompés de cibles. L’erreur est d’avoir négligé le fait que la religion n’est jamais le fait de ces pauvres masses qui veulent s’instruire et ne demandent que cela. L’erreur est d’avoir cru que l’intervention des personnes cultivées allait définitivement terrasser l’irrationnel et les ténèbres.

Je persiste à accuser les vrais responsables de ce gigantesque fléau de l’humanité, ceux qui sont cultivés et qui, comme je l’ai déjà dit, en prennent avantage. Il en existe de plusieurs sortes et je  commencerais par les plus insidieux et les plus inattendus, celui des personnes comme Mohammed Arkoun.

Il a passé sa vie à nous dire le bon chemin, c’est celui de l’étude éclairée des textes de l’Islam. Il a essayé de nous convaincre qu’il faut s’attaquer à la racine du mal c’est-à-dire à la mauvaise interprétation des textes.

Il a été obnubilé, habité et totalement pris par cette croisade et tous ses livres nous ramènent à la gloire de l’Islam lorsqu’il était censé être dans la lumière de ses bonnes interprétation (une version universitaire hollywoodienne). Ses textes sont un véritable conte des mille et une nuits, déjà par ses titres. Vous y trouverez une flopée de références de savants éclairés qui auraient eu l’intelligence d’une lecture réformée. Beaucoup ont été des souverains disciples de la lumière des pensées. Ah bon ? Allez le dire aux pauvres peuples, femmes et autres serviles de leur pouvoir qu’ils n’ont rien compris aux textes religieux et à la bonne pensée des érudits.

Mais que fait Mohammed Arkoun ? La même chose que tous les prophètes antérieurs, il prône la réforme mais jamais la disparition de l’Islam. Il le glorifie, lui donne des habits respectables et il sait très bien que la définition du dogme de Dieu ne peut être remise en cause, c’est la base de la religion.

En faisant de l’Islam un objet d’études et une croisade médiatique (constante et soutenue), Mohammed Arkoun lui a donné les palmes académiques. Je me sentirais insulté si on doute de mon indignation la plus horrifiée pour le traitement inexcusable qu’on lui a fait en Algérie. C’est indigne et barbare de leur part.

Mais si on en revenait au sujet, tous les textes religieux sont des écrits en élucubration de gens lettrés. Penseriez-vous un instant que la Bible fut rédigée par de pauvres ignorants ? Et toutes les organisations religieuses, pensez-vous qu’elles aient été détenus par des illettrés ?

Ils sont et ont toujours été à l’origine de la manipulation ou de l’illumination. Quel que soit l’évolution du niveau d’élévation de l’instruction générale, il y en aura toujours qui profiteront du besoin irrationnel de se protéger des peurs. C’est le mécanisme premier des populistes, c’est à dire de la terreur.

Pour se débarrasser des religions, du moins dans ce qu’elles ont de plus dangereux, il faut s’attaquer aux personnes éduqués qui en sont les porte-paroles. J’ai vécu la période du départ du feu de l’islamisme en Algérie et je peux en témoigner.

C’est la nouvelle bourgeoisie post-indépendance qui a été la première à vouloir remplacer les anciens maîtres. Elle a recherché le moyen de créer des codes pour la nouvelle dynastie de sang bleu. Comme le discours de l’indépendance était de faire disparaître les codes de l’ancienne puissance coloniale, elle a trouvé dans les codes sociétaux arabo-musulmans le moyen de redonner fierté au nouveau nationalisme par leur intermédiation. 

Ce sont eux les premiers qui ont eu l’excentricité de porter un burnous à l’orientale et des babouches. C’est eux qui ont décoré leur bibliothèques de livres de religion avec autant de reliure dorées qui illuminaient de prétention le regard des invités.

Ils se sont mis à baragouiner un arabe classique qu’ils maîtrisaient autant que moi le grec ancien. Ils raclaient la gorge à tout moment pour annoncer la solennité de leurs paroles en répétant des expressions religieuses qui les rendaient encore plus ridicules.

Quant aux intellectuels, c’était le pain béni pour eux d’avoir le langage érudit devant une population qui se glorifiait d’avoir des savants nationaux qui légitiment la religion ancestrale.

Oui, le peuple doit être éduqué, tous les jours davantage, c’est une évidence. Mais lutter contre les extrémistes religieux, c’est déjà avouer que la guerre est perdue. C’est qu’il est trop tard car les vrais responsables sont toujours malins pour se présenter comme les défenseurs de la barbarie. C’est le cas flagrant du régime militaire algérien.

Il faut alors reprendre le combat de l’éducation mais à chaque fois, il faut se convaincre que des gens cultivés vont profiter de la moindre occasion de faiblesse, de peur et d’interrogation des peuples, pour remettre la religion au cœur de la société.

Éduquer les peuples est absolument nécessaire mais ne pas éliminer les prophètes illuminés dès leur première apparition délirante, c’est donner aux religions la même occasion de recréer les ténèbres.

Le voyage à la Mecque avec des gens qui tournent en blouse blanche autour d’une météorite n’est pas le seul fait de personnes en manque d’éducation. Et de très loin ! 

Autour de cette météorite, il y a des centaines d’adeptes de Mohammed Arkoun. C’est-à-dire un blasphème au cœur de la représentation du dogme.

Boumediene Sid Lakhdar

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Mali : les arrestations au sein de l’armée se poursuivent

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Fama
Des soldats maliens

Au Mali, les arrestations se sont poursuivies dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 août 2025 dans les rangs de l’armée. Au moins une cinquantaine de militaires, dont de hauts gradés, ont été arrêtés en quatre jours pour « tentative de déstabilisation de la transition ». La junte n’a toujours pas officiellement communiqué sur l’affaire.

Au Mali, les arrestations se sont poursuivies dans les rangs de l’armée, dans la nuit de dimanche à lundi. Les proches d’un officier de la garde nationale, un corps de l’armée, témoignent : « Deux pickups remplis d’hommes en armes sont arrivés devant notre maison. Ils ont demandé à voir le colonel. Sans le brutaliser, ils sont repartis avec lui. »

D’après les informations de RFI, une cinquantaine de militaires sont aujourd’hui aux arrêts. Parmi eux, un nombre important de la Garde nationale, qui est le corps d’origine du ministre de la Défense, le général Sadio Camara, poids lourd de la junte.

Ce n’est pas lui qui mène les opérations. C’est la sécurité d’État du Mali, les services de renseignements, dirigée par un autre poids lourd de la même junte.

Au moins deux généraux sur la liste des détenus

Toujours aucune réaction officielle. Mais après avoir démenti les arrestations, sur les réseaux sociaux, des activistes maliens proches des militaires annoncent que bientôt les autorités vont s’exprimer sur la situation.

Contacter par RFI, une source militaire malienne confirme : les militaires aux arrêts sont soupçonnés d’avoir voulu « déstabiliser la transition ». Au moins deux généraux sont sur la liste des désormais détenus.

Il y a d’abord le général Abass Dembélé : très populaire au sein des troupes, il était dans le commandement, dans le nord du Mali, avant d’être nommé gouverneur de la région de Mopti, dans le centre. Il a été récemment limogé de ce poste par la junte sans explications officielles. Il y a ensuite Nema Sagara, général de brigade à l’état-major de l’armée de l’air. C’est l’une des rares femmes militaires les plus haut placées dans la hiérarchie de l’armée malienne.

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