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Nicolas Sarkozy : l’Élysée, la Santé et Monte-Cristo

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Nicolas Sarkozy

Avant d’entrer à la prison de la Santé, Nicolas Sarkozy a rencontré Emmanuel Macron. Parmi ses trois livres autorisés, il a choisi Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas et La Vie de Jésus de Jean-Christian Petitfils. Entre grandeur et chute, la politique rejoint la littérature.

Vendredi 17 octobre, Emmanuel Macron a reçu Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Une entrevue brève mais lourde de sens, quatre jours avant l’incarcération de son prédécesseur à la prison de la Santé. Le président de la République a justifié ce geste par une « attention humaine » envers un ancien chef d’État « dans l’épreuve », tout en rappelant son attachement à « l’indépendance de la justice ». L’équilibre est délicat : compassion personnelle d’un côté, neutralité institutionnelle de l’autre.

Le lundi suivant, l’ancien président franchissait une autre porte, celle de la prison. La France découvrait alors une image inédite : un ex-chef d’État condamné à une peine ferme pour corruption et trafic d’influence. Ce passage de l’Élysée à la Santé a tout d’une tragédie républicaine : la grandeur déchue, la solitude retrouvée.

Parmi ses rares occupations autorisées, Nicolas Sarkozy avait le droit d’emporter trois livres avec lui. Il a choisi les deux tomes du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas — vous savez, celui dont le héros Edmond Dantès est injustement emprisonné — et La Vie de Jésus de Jean-Christian Petitfils. Ce choix en dit long : la vengeance, la foi et la rédemption. Trois clés de lecture possibles d’un destin politique qui oscille désormais entre silence, réflexion et survie symbolique.

L’analogie avec Dumas s’impose presque d’elle-même. Dans son château d’If, Edmond Dantès médite sur la trahison et la justice des hommes. Sarkozy, enfermé dans sa cellule, peut y lire son propre reflet : celui d’un homme convaincu d’avoir été victime d’un système qu’il a, paradoxalement, contribué à construire. Le roman devient alors miroir : celui d’une République où la justice ne fait plus de distinction entre l’ancien locataire de l’Élysée et le citoyen ordinaire.

Ce tête-à-tête littéraire entre un détenu de fiction et un président déchu interroge. Que reste-t-il à l’homme de pouvoir lorsqu’on lui retire tout pouvoir ? Peut-être la lecture, dernier refuge des consciences en exil. Les Misérables pour croire encore à la rédemption, Surveiller et punir pour comprendre le mécanisme, ou L’Étranger pour accepter l’absurde.

Dans l’histoire, certains ont fait de la prison un lieu d’écriture : Gramsci, Genet, Mandela. D’autres y ont trouvé le silence. Chez Sarkozy, la question demeure : fera-t-il de cette épreuve une retraite spirituelle, une revanche politique ou une simple parenthèse ?

Mais une chose est sûre : entre les murs de la Santé, il ne sera pas seul. À ses côtés, Dumas lui tiendra compagnie — et Jésus, sans doute, lui prêtera quelques mots de consolation.

Et nous, simples spectateurs d’un chapitre inédit de la Ve République, nous pouvons au moins nous poser une question : si le sort nous enfermait à notre tour, quel livre choisirions-nous pour tenir debout ?

Mourad Benyahia

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 Rebond : La fabrique des crétins universitaires ! », dites-vous 

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Université algérienne

Cher Monsieur Gharnati, Enseignant retraité, je m’estime encore concerné par vos propos : « La fabrique des crétins universitaires ! » et ne saurais rester indifférent, sauf à renier mon passé d’écolier, de collégien…, d’universitaire.

Parcourant fiévreusement d’un trait votre texte, je l’ai perçu comme un pavé jeté dans la mare. Mais je crains que la mare ne soit trop visqueuse, trop engluée, pour pouvoir manifester un quelconque remous. Et c’est une mare vautrée au creux d’une léthargie bavarde que rien ne peut ébranler, une mare indifférente au reflet des saisons qui se mirent narquoisement à son aplomb, une mare déjà « glauque », affreusement eutrophisée et qui ne peut générer le moindre soubresaut vital qui reste à espérer …

Par-delà tout lyrisme, voilà mes objections énoncées en quelques alinéas qui pourraient vous paraître véhéments à l’endroit de votre pertinent billet, à savoir :

  • Portée de votre intitulé : « La fabrique des crétins universitaires ! »
  • « Crétins universitaires » ?
  • Télescopage entre foi et raison, au chant de قَسَمًا
  • Une polyphonie discordante
  • Un constat désobligeant
  • Au-delà de votre constat
  • Ce qui a échappé à votre constat 

Portée de votre intitulé : « La fabrique des crétins universitaires ! »

Vos propos portent essentiellement sur le corps enseignant, vaguement sur les institutions : ministre, wali, recteur sont évoqués du bout des lèvres. Vous aviez été sans doute vous-même universitaire, jusqu’à devenir un journaliste capable d’aligner des assertions percutantes. Et ce sont bien les enseignants universitaires qui vous ont formé au journalisme. N’est-ce pas ? Apparemment, ils vous ont suffisamment instruit à écrire drôlement bien, sur un ton plaisant et même sarcastique. Tous les ministres et directeurs centraux de la haute administration étaient des universitaires. Convenez donc que tous ces universitaires ne sont pas tous des crétins – et certainement pas des idiots. Il y a là un problème avec l’intitulé de votre article. Vous semblez restreindre le crétinisme exclusivement aux enseignants que vous pointez d’un doigt accusateur, les offrant en pâture…

« Crétins universitaires » ?

Ce n’est certainement pas la faute à l’Université que vous qualifiez « d’enclos pour adultes », ni au corps enseignant que vous stigmatisez de « chercheurs qui ne cherchent rien », si de très nombreux médecins, que vous traitez de « crétins universitaires », se trouvent au chômage, contraints de s’exiler. Le crétinisme prend racine bien plus loin, ailleurs que dans le champ universitaire, ici et là, dans la pesante oisiveté face à une grave carence d’activités socioculturelles. Vous semblez imputer le crétinisme exclusivement à une médiocrité des universitaires. Il y a certes des enseignants médiocres comme partout ailleurs. « Tous commandent, personne ne produit. », affirmez-vous d’emblée. Pas tous, seulement quelques-uns… Et en guise de production, ils co-signent les articles de leurs thésards : « les seuls qui subissent à genoux dans la poussière de [leur] fiches jaunies », reconnaissez-vous. Vous semblez ignorer qu’il y a de très bons enseignants, significativement nombreux, certes pas la majorité. Plusieurs universités sont de plus en plus visibles au-delà des frontières et reconnues par des publications dans des revues internationales de renom. 

Télescopage entre foi et raison, au chant de قَسَمًا

Le déroulement des exposés s’ouvre par un « mélange des genres : verset du Coran, hymne national » que vous dénoncez courageusement. Il y a là, en effet, un prosélytisme exhibé à tout bout de champ, pour intimider quelques velléités, parfois pour agresser quelques voix plus audacieuses. Un peu plus, et on obligerait le chirurgien à poser son scalpel, le temps de l’appel à la prière. Il y a là, comme vous le constatiez, une forme de « subvention » sur le serment de la foi, au mépris de « la substance » qui reste à générer scientifiquement par les voies de l’observation et de la déduction fondée en raison. Aujourd’hui encore, la religion s’interroge sur le rapport de la croyance à la raison déductive. Et c’est une question encore ouverte dont la réponse est loin d’être triviale. Entre science et religion, il y a une antinomie irréductible qui reste à considérer dans les limites de l’entendement, tout autant que celles de la foi. 

Une polyphonie discordante

Un tout autre mélange des genres, que vous dénoncez si bien, est le discours polyglotte, harassant, creux, en peine de consistance, en peine de substance, mixant l’anglais et le français truffé de dardja. Il est à craindre qu’on ne devienne analphabète trilingue, alors que nos voisins sont tout au moins parfaitement bilingues. Là est le mérite de votre implacable constat que nous ne saurions ignorer, ni même négliger. D’emblée, vous affirmez « qu’on ne [nous] lit nulle part ». Ayez maintenant la bienveillance de nous donner la possibilité de nous exprimer médiatiquement, comme vous l’aviez fait brillamment. C’est alors que vous pourriez aisément nous juger sur ce que nous écrivons. 

Un constat désobligeant

Par-delà votre ton éprouvé dans un réalisme cru par lequel vous dénonciez courageusement des comportements malsains (« doctorats achetés, plagiés, pléthore de docteurs, carence de penseurs …), j’ai trouvé dans votre amer perception quelques vérités irréfutables. Votre constat est bien réel. Et il faut bien le reconnaître, sauf à se boucher la vue. Cependant, votre appréhension de la vérité ne va pas plus loin que la description des faits que vous tentez de restituer objectivement. Et c’est déjà bien. Et vous êtes bien dans votre rôle ! En vous limitant sciemment à une description objective des faits – ce qui n’est pas toujours facile – votre constat ne parvient à proclamer qu’une demi-vérité. 

Votre billet décrit des faits largement connus. Votre mérite est d’avoir pointé des méfaits, sans pouvoir vous interroger fermement sur les circonstances qui les ont générés. J’ose espérer qu’ils susciteront des échanges constructifs. J’aurais voulu que votre constat eu été éprouvé par les enseignants eux-mêmes et d’expurger ainsi leur noble mission de pratiques malsaines. N’ayons crainte, le pouvoir a besoin de nos critiques pour mieux se regénérer…

Au-delà de votre constat

Il vous reste à avouer les causes. Les voici en quelques mots : Ce qui nous « manque cruellement », ce n’est pas tant « l’intelligence vivante », mais un projet de société possible et acceptable, fondé sur deux idées de base porteuses d’émancipation et d’espérance, à savoir : l’éducation et la santé. Là est notre prospérité, notre bien-être. Que serions-nous sans l’école, sans la médecine, sans l’université ? Là est la question fondamentale. Ce n’est pas à l’école, en tant que telle, qu’il faut s’attaquer ; ce serait même une grave erreur, comme le déplore JP Brighelli. Apparemment, vous n’avez pas bien saisi les faits qu’il dénonce vigoureusement, s’insurgeant courageusement contre tout un système éducatif qui tend à infantiliser les enseignants. Brighelli ne s’attaque pas exclusivement aux enseignants, quand bien même il pourrait se le permettre, lui-même étant un brillant agrégé de Lettres.

Ce qui a échappé à votre constat 

Permettez-moi de soulever un tout autre problème inquiétant, celui du rapport entre temps scolaire et temps des vacances. Depuis notre Indépendance, jusqu’aux années 70-80, les écoles, lycées… et universités étaient intensément fréquentés. Il faisait bon d’y vivre. Et nous y restions tard le soir pour des cours de promotion sociale et même pour se détendre par des loisirs et toutes sortes d’activités culturelles. Maintenant, tous ces lieux d’acquisition des connaissances et d’épanouissement sont désertés dès cinq heures de l’après-midi, au profit d’autres où règne une grande propreté, une grande sérénité. Entendez, cher Monsieur, que je n’ai rien contre ces lieux de recueillement, étant élevé dans un islam ultra-rituel. Je souhaite simplement que la libre fréquentation des uns ne doit pas inhiber la nécessité de la fréquentation des autres, mais devraient aller plutôt la main dans la main comme l’affirme le Saint Coran… 

J’observe, avec amertume, une réduction du temps de scolarité effective depuis au moins une trentaine d’années. Je suis peiné de voir nos enfants abandonnés à un total désœuvrement durant de long mois d’étouffement, de fin mai à fin septembre, particulièrement pour les filles, pendant que les garçons sont contraints au « trabendisme », à défaut d’activités culturelles. « Oisive jeunesse / A tout asservie, / Par délicatesse / J’ai perdu ma vie. / Ah ! Que le temps vienne / Où les cœurs s’éprennent… » se lamente le poète disparu. En considérant les vacances d’hiver et de printemps, l’année scolaire se réduit tout au plus à 7 mois. Il y a là un désengagement du Système éducatif très dommageable vis-à-vis de l’école faite en principe pour nous construire, pour nous donner à comprendre, voire à réfléchir, à nous émanciper, là est notre graal, notre esthétique, notre humilité. 

Aussi, permettez-moi de me présenter à vous en quelques mots : Enseignant à l’INA durant 20 ans où j’ai eu à monter un centre de calcul, puis MC à Paris VI durant 3 ans, au Rectorat de Rouen durant 8 ans, Hydrogéologue agréé en Haute Normandie et en Ile-de-France durant 20 ans… Adhérant à l’AFPS et à l’UP2V, participe à un atelier philo de l’INRIA depuis une dizaine d’années. Retraité depuis 2020, je me suis mis à écrire ce qui me passe par la tête, avec une liberté de parole parfois à mes dépens, Sinon comment s’émanciper ?

Veillez pardonner mon lyrisme, parfois mélancolique, comme une espèce de prière qui m’habite à mon insu. Là est ma faiblesse, ma blessure, ma musique intérieure. Je vous serai très reconnaissant de bien vouloir publier mon texte comme « droit de réponse ». Dans cette attente, recevez cher Monsieur mes cordiales salutations. 

Abdallah Khammari

Google Books : A. Khammari s’est consacré à la description des systèmes hydrologiques et à la protection des captages d’AEP, assurant diverses consultations UNESCO, SOFRCO, ANRH… Il est aussi l’auteur d’un essai épistémologique sur Bachelard et la mathématique des sciences expérimentales paru en 2021 et d’un Plaidoyer pour l‘Hydrosphère, 2024, chez L’Harmattan. 

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Sept mineurs algériens en Espagne : leurs parents réclament leur retour

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Adolescents Haraga algériens

Les sept mineurs algériens, âgés de 14 à 17 ans, qui ont rejoint l’Espagne de manière irrégulière, feront prochainement l’objet d’une procédure de retour vers l’Algérie à la demande de leurs parents, selon Ultra Algérie.

L’affaire, survenue le 4 septembre dernier, avait rapidement attiré l’attention des médias et des réseaux sociaux après la diffusion de vidéos montrant les adolescents lors de leur arrivée sur l’île d’Ibiza à bord d’une petite embarcation.

Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a confirmé que les parents des mineurs avaient officiellement demandé à récupérer la garde parentale et à rapatrier leurs enfants en Algérie. Il a précisé que la procédure était en cours, supervisée par le parquet espagnol, chargé de vérifier l’ensemble des documents fournis par les autorités algériennes. Le ministre a insisté sur la volonté claire des parents de voir leurs enfants revenir au pays, soulignant le caractère prioritaire de cette démarche.

De son côté, le ministre algérien de l’Intérieur, des Collectivités locales et du Transport, Saïd Sayoud, a indiqué que les efforts pour ramener les mineurs se poursuivent. Il a également rappelé que l’Algérie et l’Espagne partagent la même vision dans la lutte contre l’émigration irrégulière, réaffirmant l’importance de la coopération bilatérale dans ce domaine.

Les sept adolescents avaient quitté l’un des côtes algériennes de manière illégale, motivés par des facteurs souvent liés à la précarité économique et sociale et à un manque de perspectives dans leur environnement. Leur traversée du territoire méditerranéen à bord d’une embarcation de fortune avait été risquée et illustre la vulnérabilité des mineurs face aux réseaux de migration clandestine.

À leur arrivée, les autorités espagnoles ont pris en charge les mineurs conformément aux procédures légales en vigueur pour les cas d’immigration irrégulière. Des examens médicaux et des entretiens ont été effectués afin d’évaluer leur état physique et psychologique, tandis que les autorités algériennes ont lancé une enquête pour comprendre les circonstances exactes de leur départ.

L’affaire a relancé le débat sur l’augmentation des départs de mineurs algériens vers l’Europe. Selon plusieurs observateurs, ces tentatives sont souvent le résultat d’une combinaison de facteurs sociaux, économiques et familiaux, et mettent en lumière la nécessité de renforcer l’accompagnement éducatif et social des jeunes. Les appels à la sensibilisation sur les risques liés à la migration irrégulière se font plus pressants, tout comme la promotion de programmes familiaux de prévention et de protection des mineurs.

En parallèle, l’accord entre l’Algérie et l’Espagne concernant le rapatriement des mineurs et la réactivation du « protocole de mobilité et de retour » pour les migrants irréguliers constitue une avancée dans la coopération bilatérale et une réponse concrète aux préoccupations des familles et des autorités.

Cette affaire rappelle que derrière les chiffres et les reportages sur la migration, il existe des histoires humaines, où les choix et les risques des jeunes se heurtent aux réalités sociales et légales. Selon Ultra Algérie, le suivi de ces mineurs et le retour dans leur pays seront scrutés de près, reflétant l’attention portée à la protection des droits et du bien-être des adolescents dans ce contexte complexe.

Djamal Guettala 

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La communication sur l’Historial de l’Algérie

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La cavalerie numide

« Mais le pays enchanté d’aujourd’hui continue de se nourrir des sucs anciens ; de l’exaltant aventure d’hier, celle de la guerre de libération nationale et de loin, de l’image d’Adrar n’Leaz ». Mouloud Mammeri

Au propre, c’est certainement les réseaux sociaux qui diffusent le plus d’informations propagées par les influenceurs qui agissent sur toute l’étendue de la toile. De surcroît, on assiste à un phénomène médiatique d’où la diffusion des images de l’Algérie avec de courts commentaires subjuguant l’internaute incrédule.

Certes, comme le remarquent justement un certain nombre de professionnels, beaucoup d’informations ne sont pas du tout fiables, qu’il faut sans cesse aller à la source pour la vérifier. De telle façon que l’intelligence artificielle (IA) contribue d’une manière exponentielle à l’amalgame du réel et du virtuel. Pas plus d’une fiction ou d’un simulacre, les vidéastes se donnent à cœur joie à la propagation des textes films où parfois, faute d’une propagande active, ils se déchaînent à fond pour compenser leur isolement social ou médiatique.

En ce qui nous concerne en tant qu’usagers des réseaux sociaux et mis à part la rivalité récriminatrice entre les influenceurs, on ne peut que se résoudre à l’identification des objets, images et discours confondant d’un fond amazigh, vestiges d’accessoires vestimentaires, culinaires, architecturaux, musicaux, etc.

L’entreprise médiatique qui se veut compensatrice de la totalité anthropologique par ailleurs introuvable de l’homme algérien et par extension maghrébine, et au mieux en devenir, dont la spécificité amazighe est fortement discutée, pose un problème de fond au chercheur. Pris en tenaille par l’idéologie nationaliste des États, le devenir amazigh de l’Afrique du Nord et du Sahara relève plus du folklore que d’une introspection sur l’identité de la Tamazgha.

À bien des égards et plus particulièrement, les vidéastes algériens comblent le vide historique par la mise en ligne de la variété régionale des tenues vestimentaires, de l’art culinaire, des danses populaires et des chants, etc. Bien qu’organisés lors des défilés de mode, de salons et autres festivals, ces spectacles folkloriques expriment plus des attitudes compensatrices ou le manque du sujet désirant des psychanalystes qu’une réelle inventivité culturelle.

Sauf, à l’exception de la mode vestimentaire où les créateurs essaient d’adapter la tenue traditionnelle à la modernité du costume ; il y aurait autant à dire de la chanson populaire que des plats culinaires. La palette musicale offre certainement beaucoup plus d’innovations du genre que dans d’autres domaines où le conservatisme l’emporte sur tout le reste. Une fois dit cela, le monumental de l’Algérie, qui offre des images sublimées de la nature algérienne quelque peu frelatée par l’expressionnisme français du XIXᵉ siècle, offre aux visiteurs le spectacle trop sublime de l’Algérie.

Les images des monuments célébrant tel ou tel roi ou prince ne peuvent raconter l’histoire de l’Algérie sans la critique historique.

Pour beaucoup, l’explication historienne reste à faire pour faire advenir l’historicité amazighe dont on a besoin pour mieux définir la profondeur historique du pays. Certainement, il y a des sujets polémiques de l’histoire qui fâchent et qui suscitent ou qui sont traités superficiellement par les différents courants idéologiques. Nous pensons à la friction au sujet d’Aksel et d’Okba ibn Nafaa qui oppose les « Berbéristes » aux « Panarabistes ».

Face à la difficile conciliation des positions, il y aurait à s’en tenir aux faits de la conquête musulmane et de la résistance amazighe. Pour autant, les interprétations abusives de l’historiographie arabo-musulmane insèrent le discours des influenceurs spécialistes ou amateurs de l’histoire des Berbères dans un narratif contrevenant à la réalité historique.

On ne saurait se méprendre de telle sorte lorsqu’on reproduit sur les réseaux sociaux les cartes des dynasties « arabo-musulmanes » sans la contextualisation des rapports permanents entre les tribus et l’État et la flexibilité des frontières floues des dynasties régnantes (1).

Par ailleurs, l’appropriation des techniques de la guerres des Numides par l’armée algérienne ou la reprise du récit des guerres puniques du grand Aguellid Massinissa et de l’extension de son Etat pour dit-on récupérer les territoires de l’Est loués aux Phéniciens par l’ancêtre chef de la tribu maxitane, le fameux Hiarbas, posent l’épineux problème de l’interprétation de l’Histoire commune des Maghrébins.

La mise en valeur par la télévision algérienne de la stature du chef et unificateur de la Numidie montre à quel point la négation de soi n'est pas une fatalité. Tout au contraire, le débat s'élargit un peu plus pour que l'amazighité soit une affaire de tous les Maghrébins et non pas limitée à la question nationale. 

Du simple fait que la revendication de la terre des ancêtres (Akal ou Tamurt) (2) par Massinissa soit corroborée par l’élévation par les habitants de Dougga (Tunisie) et ceux de Sabratha (Libye) d’un mausolée (cénotaphe) en son honneur montre bien l’étendue de l’influence numide et de surcroît l’histoire commune des populations nord-africaines.

Il va de soi que le récit gréco-romain est trop réducteur pour compenser la méconnaissance de l’histoire antique des Amazighs, mais toujours est-il qu’on peut se contenter de quelques réajustements idéo-cognitifs pour reconstituer le cadre social, économique et politique autrement que par la gigantesque fresque historique élaborée par l’historien français Stéphane Gsell dans ses huit volumes de l’Histoire ancienne de l’Afrique du Nord ou les brèves synthèses historiques élaborées par tel ou tel historien.

Remarque sur la variété des traditions régionales

Le fait que les diverses traditions régionales ayant survécu aux différentes influences étrangères ne soit pas dû à la permanence d’une culture pouvant le cas échéant échapper à la diffusion des valeurs venant d’ailleurs mais plutôt à sa capacité d’adaptation aux nouvelles situations historiques. Toutefois, le gradient de l’isolat a pu contribuer à sauvegarder quelques spécimens invariants sans pour autant échapper à la radiation culturelle. Mais il se peut que l’essentiel de la résistance culturelle provienne de l’incapacité des États à uniformiser toutes les traditions vestimentaires, culinaires, musicales, etc., en un système unique d’expression.

Alors ! rien n’est moins sûr avec la volonté de l’État national lorsqu’il entend réduire cette expression à une seule voix.

Postulats linguistiques et politiques

Afin de conclure sur l’Apothéose de Tizi Ouzou, il semble qu’il y ait au moins deux impératifs nécessaires à l’établissement d’un consensus politique en Algérie. Le premier est certainement la généralisation de l’enseignement du tamazight pour que les Algériens connaissent mieux leur identité et se réconcilient avec leur passé originel.

Le deuxième, qui est certainement le plus complexe à réaliser, est un élargissement total à toutes les formations politiques afin d’asseoir une vraie légitimité démocratique fondée sur la volonté du peuple.

Fatah Hamitouche, amazighologue

Notes :

(1) Nous prévoyons une présentation graphique des cartes géographiques où les États-dynasties, les principautés, les confédérations de tribus et les tribus sous forme d’une superposition dissymétrique sur un plan qui rend le tracé des frontières flou et les territoires mouvants.
(2) Akal ou Tamurt, À la suite de l’article de Mouloud Mammeri sur le sujet (Les mots, le sens et les rêves ou les avatars de Tamurt, Awal, 1986), il y aurait certainement à reconstituer l’histoire de ces mots dans un cadre plus large pour savoir s’ils sont employés de la même manière dans les différents parlers amazighs. Mieux, nous souhaitons élargir le champ de la discussion non seulement comme le fait l’écrivain algérien M. Mammeri à la poésie kabyle, au thème de l’immigration, mais par l’acte politique de Massinissa à l’ontologie (le Dasein), une des branches particulières de l’amazighologie ou une des conditionnalités cognitives de l’amazighologie. Certainement, il y aurait à s’inspirer de l’ontologie heideggerienne pour travailler le terme « Illi » ou acte de présence rendu par « Hi » (Asegzawal), « l’Être-là ».

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Le ministre espagnol de l’Intérieur à Alger : la « route algérienne » au cœur des discussions

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Saïd Saayoud, ministre algérien de l’Intérieur, reçoit le ministre espagnol de l'Intérieur
Saïd Saayoud, ministre algérien de l’Intérieur, reçoit le ministre espagnol de l'Intérieur

La visite du ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, à Alger entamée dimanche 19 octobre et se poursuivant ce lundi 20 octobre 2025, s’inscrit dans une dynamique de relance active du dialogue bilatéral entre les deux pays. Au cœur de cette rencontre : la question migratoire, devenue un enjeu stratégique majeur pour Madrid comme pour Alger, ainsi que l’élargissement de la coopération sécuritaire et technique.

Cette visite intervient sur fond d’une hausse spectaculaire de 75,2 % des arrivées irrégulières aux îles Baléares en un an, et d’une augmentation globale de 22 % sur les côtes péninsulaires espagnoles. Face à cette pression croissante, l’Espagne cherche à renforcer ses mécanismes de coordination avec l’Algérie, partenaire clé sur la « route algérienne ».

Une rencontre bilatérale à forte dimension sécuritaire

La séance de travail a réuni Saïd Saayoud, ministre algérien de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, et son homologue espagnol dans une réunion bilatérale élargie aux délégations des deux pays. Les échanges ont porté sur plusieurs axes prioritaires : lutte contre la migration irrégulière, coopération policière, protection civile et sécurité routière.

Dès l’ouverture des discussions, le ministre algérien a souligné que « l’Algérie ne recourt pas à la migration irrégulière comme instrument de pression ou de chantage politique, contrairement à certaines autres parties ». Selon les données communiquées, plus de 100 000 tentatives de traversée ont été empêchées depuis 2024, et 82 000 migrants ont été rapatriés vers leurs pays d’origine dans des conditions « respectueuses de leur dignité et de leurs droits ». Parallèlement, 15 000 retours volontaires ont été facilités en coopération avec les organisations internationales.

Coopération policière et coordination technique

La coopération policière figure au cœur du dispositif bilatéral. Elle s’est intensifiée ces derniers mois à travers des visites de haut niveau, des formations conjointes et la mise en place d’un programme opérationnel 2025–2026. Celui-ci prévoit notamment : des échanges d’expertise sur la lutte contre les faux documents, la création de centres de renseignement spécialisés, le partage de données biométriques et génétiques et l’accélération des procédures d’entraide judiciaire liées aux flux financiers illicites.

L’objectif affiché est de renforcer les capacités de riposte aux réseaux criminels transnationaux impliqués dans les filières migratoires et la traite d’êtres humains.

Protection civile et sécurité routière : des champs de coopération élargis

Le dialogue bilatéral ne se limite pas au seul dossier migratoire. Dans le domaine de la protection civile, les deux pays s’appuient sur un accord signé en 2013 pour intensifier leurs échanges en matière de formation, de lutte contre les catastrophes naturelles et de prévention des incendies de forêts. Un plan d’action conjoint doit être adopté prochainement par des experts des deux côtés.

La sécurité routière constitue également un volet important de la coopération technique. Des échanges d’expériences ont été engagés autour de la gestion des permis à points, de l’analyse des données d’accidents et de la sensibilisation aux risques routiers.

Migration irrégulière : un enjeu stratégique et politique

Pour Madrid, la maîtrise de la route migratoire algérienne est devenue une priorité nationale. Pour Alger, il s’agit de concilier sécurité, souveraineté et respect de ses engagements internationaux. Les autorités algériennes insistent sur une approche globale associant fermeté opérationnelle et respect des principes humanitaires.

Ce positionnement s’inscrit dans une stratégie plus large visant à affirmer le rôle de l’Algérie comme partenaire incontournable dans la gestion migratoire en Méditerranée occidentale.

Un partenariat pragmatique appelé à se consolider

En conclusion de cette rencontre, les deux parties ont réaffirmé leur volonté de consolider leur partenariat, fondé sur la confiance mutuelle et la convergence d’intérêts stratégiques. La migration irrégulière, qui reste le moteur immédiat de ce rapprochement, pourrait également ouvrir la voie à une coopération plus structurée dans d’autres domaines sécuritaires et civils.

Dans un contexte européen tendu sur la question migratoire, l’Algérie et l’Espagne misent ainsi sur un dialogue opérationnel et pragmatique pour répondre à des défis communs, tout en préservant leurs marges de manœuvre politiques respectives.

Madrid confirme la demande des familles algériennes pour le rapatriement de leurs enfants 

Le ministre espagnol de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska a confirmé que les parents des sept adolescents algériens arrivés illégalement à Ibiza début septembre ont demandé leur rapatriement.

La procédure, supervisée par le parquet espagnol, est en cours d’examen sur la base des documents transmis par Alger. Le ministre algérien Saïd Saayoud a indiqué que les deux pays coopèrent étroitement pour finaliser le retour des jeunes, âgés de 14 à 17 ans.

Samia Naït Iqbal

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La République du tournevis !

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Tebboune
Tebboune reproduit l'échec depuis 6 ans.

On nous l’a vendue comme l’ère du renouveau. L’ère Tebboune, dit-on, serait celle des grandes réformes : réforme de la justice, réforme du code communal et, tout récemment, réforme du code électoral. L’Algérie qui se réforme, encore et toujours, sur le papier. D’ordinaire, ces textes nourrissent d’abord la discussion parlementaire, puis celle des partis politiques, avant de finir dans les cafés où le peuple, entre deux gorgées, s’autorise à philosopher sur l’avenir du pays. Mais ici, rien de tout cela. Le débat n’a plus le temps d’éclore : il est déjà confisqué. Ce qui ressemble à un exercice démocratique finit souvent en manipulation de palais, où chaque réforme devient un outil de contrôle, habilement distribué entre clans rivaux du même pouvoir.

Le code électoral, dernier né de cette série, n’y échappe pas. Présenté comme une mise à jour technique, il n’a en réalité rien d’anodin. Sous couvert d’ajustements administratifs, le pouvoir remet en scène le même théâtre électoral : un scrutin prévu, cadré, anesthésié. Le citoyen y joue le figurant, l’administration la metteuse en scène, et la présidence tient le rôle principal, celui du magicien qui fait disparaître la souveraineté populaire sous un mouchoir légaliste.

À chaque réforme, la promesse est la même : moderniser, moraliser, rationaliser. Des mots qu’on récite comme un psaume sans foi. On réforme la justice pour la rendre indépendante, mais elle reste suspendue au téléphone du pouvoir. On réforme la commune pour la rapprocher du citoyen, mais elle demeure prisonnière du Wali. Et maintenant, on réforme le code électoral pour garantir la transparence, comprendre : pour mieux verrouiller le jeu.

Le problème n’est pas dans le texte, mais dans l’usage du texte. En Algérie, la loi n’est pas un instrument d’équilibre, mais un levier de domination. Elle ne protège pas le citoyen, elle protège le système contre le citoyen. Chaque réforme, aussi noble qu’elle paraisse, devient une opération de maquillage institutionnel. On repeint les murs fissurés, on remplace les ampoules, on change les rideaux, mais les fondations, elles, continuent de pourrir.

Le code électoral en est le parfait exemple. Il ne s’attaque ni à la fraude, ni à la centralisation du pouvoir, ni à la dépendance de l’administration. Il retouche les formulaires, ajuste les délais, harmonise les virgules. C’est la réforme cosmétique par excellence, celle qui donne l’illusion du changement sans rien changer. Pendant ce temps, les partis politiques, ceux qui ne sont ni décoratifs ni dociles, sont mis à l’écart. Le pluralisme devient un mot creux, et la compétition électorale une mise en scène où les dés sont jetés avant même le scrutin.

Résultat : le peuple se tait, non par sagesse, mais par lassitude. On ne croit plus à la vertu du bulletin, ni à la promesse des urnes. Les jeunes désertent les bureaux de vote comme on fuit une salle de spectacle où la pièce se répète depuis des années. Et quand le pouvoir s’étonne du désintérêt populaire, il feint d’ignorer que la confiance, une fois brisée, ne se répare pas par décret.

Ce qu’il faudrait, c’est une vraie refondation : un code électoral discuté publiquement, une autorité indépendante, une administration neutre, une décentralisation réelle. Bref, une démocratie vivante, pas un rituel sous perfusion. Mais pour cela, il faudrait d’abord accepter de perdre un peu de contrôle, et c’est bien là que le bât blesse.

Sous Tebboune, l’air des réformes ressemble à une symphonie jouée sur un piano désaccordé : les notes sont justes sur la partition, mais fausses à l’oreille. On continue à jouer, faute de savoir écouter. Et pendant qu’on réforme tout, on ne change rien.

Bienvenue dans un pays qui démonte ses institutions avec un tournevis et remonte son histoire avec l’amnésie.

Zaim Gharnati

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L’Algérie dit refuser l’instrumentalisation de la question migratoire

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Saïd Sayoud avec son et son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska
Saïd Saayoud avec son et son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska


​Le ministre algérien de l’Intérieur, Saïd Saayoud, a fermement affirmé que « contrairement à a certaines parties, l’Algérie refusait d’utiliser la question de la migration irrégulière comme un moyen de chantage ou de marchandage avec les pays de destination européens ». 

Cette déclaration est intervenue lors d’une rencontre bilatérale tenue ce lundi à Alger avec son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska, en visite de travail.

​Saïd Saïoud a exposé l’ampleur des efforts déployés par les autorités algériennes pour gérer et maîtriser les flux migratoires irréguliers. Selon le ministre, durant les années 2024 et 2025, les services de sécurité ont réussi à déjouer plus de 100 000 tentatives de traversée illégale.

De plus, l’Algérie a procédé au rapatriement de plus de 82 000 migrants vers leurs pays d’origine, en insistant sur le fait que ces opérations se sont déroulées dans des conditions garantissant leur dignité. Ces efforts ont également permis le démantèlement de réseaux criminels transfrontaliers spécialisés dans le trafic d’êtres humains et le crime organisé.

Priorité à l’approche humanitaire

​Malgré les « pressions et les menaces » que représente ce phénomène, le ministre algérien a réitéré le principe selon lequel l’Algérie ne fera pas usage de la question migratoire comme levier politique, contrairement à d’autres acteurs.

Il a souligné que la problématique de la migration doit être avant tout considérée comme une question humanitaire. Saïd Saayoud a insisté sur la nécessité de prendre en compte la souffrance de ces personnes, « semblables à nous », souvent poussées par des circonstances économiques ou des crises à entreprendre cette « aventure dangereuse ».

Le ministre algérien a par ailleurs réaffirmé que la coordination bilatérale avec l’Espagne constitue un pilier fondamental pour la gestion de ce dossier. Il a plaidé pour un échange d’informations accru et l’activation des mécanismes conjoints de lutte contre le crime organisé lié à la migration.

Cette rencontre intervient alors que le ministre de l’Intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, a entamé une visite de travail en Algérie ce dimanche, accompagné d’une délégation de haut niveau, soulignant l’importance stratégique de la coopération entre les deux pays. Une rencontre à huis clos s’est tenue ce lundi en présence des délégations des deux pays.

Samia Naït Iqbal

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L’OMI confrontée à des producteurs de pétrole

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Raffinerie du pétrole
Image par Thomas H. de Pixabay

Des pays majoritairement producteurs de pétrole ont réussi à faire reculer d’un an l’adoption d’une réglementation qui aurait permis une décarbonisation totale dans le transport maritime vers 2050.

Après quatre jours d’intenses négociations, les États-Unis, la Russie, l’Arabie saoudite, et d’autres pays ont réussi le 17 octobre à bloquer une taxe mondiale sur les émissions de gaz à effet de serre du transport maritime. La proposition de reporter d’un an le vote sur l’adoption de la nouvelle réglementation a été portée au vote par l’Arabie Saoudite et l’Organisation maritime internationale (OMI) a ajourné sa réunion.

Cette situation contraste avec ce qui s’était produit en avril. Le secrétaire général de l’OMI, Arsenio Dominguez, exultait alors quand plusieurs des plus grandes nations maritimes du monde avaient décidé d’imposer une taxe minimale de 100 $ US pour chaque tonne de gaz à effet de serre émise par les navires au-delà de certains seuils.

L’OMI estimait que cette première taxe mondiale sur les émissions de gaz à effet de serre, qui devait être entérinée le 17 octobre, générerait des recettes annuelles entre 11 et 13 milliards $ US qui devaient être versées au fonds « zéro émission nette ». Cet argent devrait soutenir des pays en développement et investir dans un transport maritime vert. Le plan contraindrait dès 2028 les navires à réduire progressivement leurs émissions, jusqu’à la décarbonisation totale vers 2050. Il devrait changer la situation actuelle alors que les émissions du transport maritime ont augmenté au cours de la dernière décennie pour atteindre environ 3 % du total mondial.

Forte réaction des producteurs de pétrole

Ce report arrive à la fin d’une semaine de tractations à Londres, alors que les États-Unis ont menacé de pénalités commerciales, de restrictions de visas ou de frais portuaires supplémentaires les délégations qui voteraient pour le projet. « Les États-Unis ne toléreront pas cette nouvelle taxe écologique mondiale frauduleuse sur le transport maritime », a affirmé à ce sujet Donald Trump.

Le ministre français des Transports, Philippe Tabarot, a dénoncé les actions pour faire dérailler l’accord. Il considère que c’est un très mauvais signal. C’est que ces pressions pourraient convaincre des pays qui seraient en position de faiblesse.

De plus, Washington proposait un changement de procédure pour l’acceptation de ce projet. Les nouvelles réglementations de l’OMI sont considérées comme acceptées (l’acceptation tacite) sauf si un tiers de ses 176 membres ou l’équivalent de la moitié de la flotte marchande mondiale déclarent s’y opposer. Les États-Unis proposent une « acceptation explicite », qui demanderait que deux tiers des pays votent pour l’adoption. Le représentant brésilien a dénoncé en plénière les méthodes américaines, disant espérer que cela ne remplacera pas la manière habituelle de prendre des décisions au niveau mondial.

Les actions des membres de l’administration Trump face à cette nouvelle réglementation sont compréhensibles puisque la quasi-totalité des accords commerciaux qu’elle signe oblige l’achat de gaz ou de pétrole américain. Le directeur des programmes internationaux au sein du Natural Resources Defense Council, Jake Schmidt, affirme qu’« on observe une tentative plus systématique d’intégrer une stratégie de priorité aux énergies fossiles dans toutes leurs actions. »

L’ancienne envoyée spéciale de l’Allemagne pour le climat, Jennifer Morgan, considère que les membres de cette administration « utilisent clairement divers instruments pour tenter d’accroître la consommation mondiale d’énergies fossiles, au lieu de la réduire. » Un exemple de cela serait l’accord commercial avec l’Union européenne que l’administration Trump a conclu le mois dernier. En échange de réduire certains droits de douane, elle a imposé l’achat de 750 milliards de dollars de pétrole et de gaz américains sur trois ans.

Un an pour régler le problème

Le secrétaire général de l’OMI, Arsenio Dominguez a réagi laconiquement à ce report. « Je n’ai pas grand-chose à vous dire pour l’instant. Ça n’arrive pas souvent. » Il se déclare engagé à trouver un moyen d’avancer normalement.

La chef de la diplomatie climatique chez Opportunity Green, Emma Fenton, invite les pays à continuer à faire preuve de l’esprit de solidarité dont ils ont fait preuve en avril.

D’autres acteurs du domaine sont prêts à relever leurs manches. « Ce n’est pas une très bonne nouvelle, mais le travail continu dès la semaine prochaine sur le contenu du texte », affirme la déléguée générale de l’association Wind Ship, Lise Detrimont, « Il s’agit maintenant de faire en sorte que ce qui bloque aujourd’hui soit plus abouti dans un an. » L’organisme, qui développe le marché des navires propulsés par le vent, considère que beaucoup d’efforts ont été faits à partir de 2015 pour réduire l’intensité carbone de chaque navire. Malheureusement, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter en raison de l’augmentation du trafic. « C’est pour cela qu’il faut des navires très fortement décarbonés, si on veut réussir à réduire l’empreinte du transport. »

« En approuvant une norme mondiale sur les carburants et un mécanisme de tarification des gaz à effet de serre, l’OMI a franchi une étape cruciale pour réduire l’impact climatique du transport maritime », affirme Natacha Stamatiou de l’Environmental Defense Fund.

« En votant pour l’adoption de ce cadre, les gouvernements entreront dans l’histoire avec la première tarification mondiale du carbone et ouvriront la voie à la réduction de l’impact mondial du transport maritime sur le climat », a expliqué John Maggs, représentant de la Clean Shipping Coalition à l’OMI.

Michel Gourd

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États-Unis : des millions d’Américains dans la rue contre Trump

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Manifestation contre Trump

Des millions d’Américains ont défilé samedi 19 octobre à travers les États-Unis pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’« agenda autoritaire » du président Donald Trump. Sous le mot d’ordre « No Kings » (Pas de rois), plus de 2.700 rassemblements ont eu lieu dans les grandes villes comme dans les petites localités rurales, réunissant selon les organisateurs près de sept millions de personnes.

À Washington, New York, Los Angeles, Chicago ou encore Atlanta, les manifestants ont scandé : « This is what democracy looks like ! » (« Voilà à quoi ressemble la démocratie ! »), brandissant des pancartes contre l’autoritarisme, les inégalités et les atteintes aux droits fondamentaux.

Les participants, souvent vêtus de jaune – couleur choisie comme symbole de solidarité et de résistance pacifique – affirmaient leur attachement à la démocratie américaine, qu’ils jugent menacée par la concentration du pouvoir exécutif.

« Trump démantèle notre démocratie morceau par morceau », s’est indignée Peggy Cole, retraitée du Michigan venue manifester à Washington le jour de ses 70 ans.

« C’est un moment effrayant pour notre pays », a-t-elle confié à CNN.

Dans un climat politique tendu, marqué par des raids migratoires massifs et l’envoi de la Garde nationale dans plusieurs États démocrates, les manifestations se sont déroulées dans le calme. Aucune arrestation majeure n’a été signalée à New York ou Portland. Quelques incidents isolés ont toutefois été relevés dans le Sud, où des contre-manifestants ont tenté de s’en prendre aux cortèges.

Les organisateurs du mouvement, regroupés autour du projet Indivisible, insistent sur le caractère non violent de leur action. Formés à la désescalade, les bénévoles ont transformé les rassemblements en véritables fêtes populaires : costumes, danses, musique et humour ont ponctué les cortèges.

« C’est difficile de parler de guerre civile quand on voit des gens déguisés en licorne ou en dinosaure chanter pour la liberté », a lancé un participant à Los Angeles.

Les slogans les plus repris traduisaient une inquiétude partagée : « No hate, no fear, immigrants are welcome here » (« Pas de haine, pas de peur, les immigrés sont les bienvenus »). Dans plusieurs villes, les manifestants ont dénoncé les politiques d’expulsion et les coupes dans les programmes sociaux fédéraux, notamment dans la santé et l’aide aux familles défavorisées.

Le sénateur démocrate Bernie Sanders, présent à Washington, a fustigé « l’alliance entre Trump et les milliardaires », citant Elon Musk, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg : « Une poignée d’hommes les plus riches de la planète ont confisqué notre économie et notre système politique pour s’enrichir au détriment des travailleurs. »

De New York à Fayetteville, le mot d’ordre reste le même : défendre les institutions et rappeler que les États-Unis ne veulent pas d’un roi, mais d’un président responsable devant le peuple.

Les organisateurs ont déjà annoncé une nouvelle journée nationale de mobilisation le week-end prochain. « Ce n’est pas la colère qui nous guide, c’est l’amour de la démocratie », a résumé une militante new-yorkaise.

Djamal Guettala 

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Dialogue franco-algérien : quelle réponse d’Alger à la main tendue de la France ?

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France Algérie

​La France a multiplié les signaux d’apaisement en l’espace de 48 heures, soulevant la question de la réponse d’Alger à cette main tendue.

L’initiative vise à débloquer la crise diplomatique et sécuritaire bilatérale qui semble  s’éterniser au point de compromettre les intérêts bilatéraux sur les plans diplomatique,  économique et culturels.

​Deux gestes symboliques et politiques majeurs ont été posés, indiquant une volonté française de changer de ton :

​Le 17 octobre : geste mémoriel

Le Président Emmanuel Macron a choisi de faire participer l’ambassadeur de France en Algérie à la cérémonie de recueillement en hommage aux victimes de la répression policière des manifestants algériens à Paris le 17 octobre 1961. Ce geste, hautement symbolique et lié à un épisode douloureux de l’histoire coloniale, est perçu comme un pas vers la reconnaissance et l’apaisement mémoriel.

​Le 19 octobre : appel sécuritaire

Le nouveau ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a publiquement affirmé la nécessité d’une reprise urgente du dialogue sécuritaire avec Alger, insistant sur le fait que la question de la remise en cause de l’Accord de 1968 n’était « pas à l’ordre du jour ». Cette déclaration marque une rupture dans la forme par rapport à l’approche plus conflictuelle de son prédécesseur, privilégiant le pragmatisme opérationnel sur les questions migratoires (OQTF, laissez-passer).

Ces gestes ne sont pas les seuls. En vrai et malgré les apparences, les liens ne sont pas rompus entre les deux capitales. A l’Onu, Jérôme Bonnafont, l’ambassadeur de France au sein de cette organisation, aurait tenu des réunions régulières avec Amar Bendjama, afin d’échanger sur les tractations en cours sur le dossier du Sahara occidental avant le vote de la résolution sur la Minurso le 30 octobre prochain, selon Africa Intelligence.

​L’attente de la réponse algérienne

​Ces initiatives — l’une mémorielle émanant de l’Élysée, l’autre pragmatique et sécuritaire émanant du nouveau gouvernement — constituent une double approche d’apaisement.

​Il reste désormais à déterminer quelle suite Alger réservera à cette séquence diplomatique française. La réponse algérienne sera décisive pour savoir si la crise, qui a notamment bloqué les réadmissions de ressortissants sous le coup d’une OQTF, pourra être surmontée. Des deux rives, de gros intérêts sont en jeu. Alors on se demande qui bénéficie de ce crise ?

La rédaction

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