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mercredi 17 septembre 2025
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Noëlle Lenoir persiste dans ses déclarations controversées sur les Algériens en France

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Noëlle Lenoir

La politique française Noëlle Lenoir, présidente de la commission de soutien à l’écrivain Boualem Sansal, est de nouveau au centre de la polémique après avoir maintenu ses propos jugés stigmatisants envers les Algériens vivant en France, malgré trois plaintes déposées contre elle.

Dans un communiqué publié mercredi, Noëlle Lenoir a précisé : « Il fallait bien comprendre le mot ‘milliers’ et non ‘millions’. Après cette rectification, je confirme ma position », sans présenter d’excuses aux Algériens résidant légalement en France. Ses propos antérieurs les qualifiaient, sans distinction, « d’éventuels terroristes capables de sortir un couteau dans le métro, à la gare ou dans la rue, ou de conduire une voiture pour renverser un groupe de personnes ».

Elle a affirmé ne viser qu’une « minorité soumise à des ordres d’expulsion » et qui, selon elle, représenterait « un danger terroriste imminent ». Ces allégations, largement relayées, ne reposent sur aucun chiffre officiel et ont été dénoncées comme racistes et incitant à la haine par plusieurs associations et observateurs.

Noëlle Lenoir a également signalé avoir reçu des menaces de mort, des insultes et des accusations à connotation antisémite et sexiste via les réseaux sociaux et par téléphone. Elle a déposé plainte et a été entendue par la police de Paris.

Cette affaire survient dans un contexte de tension diplomatique persistante entre l’Algérie et la France, exacerbée par les décisions récentes de Paris en matière de visas. Elle relance le débat sur la représentation médiatique des communautés immigrées et la frontière entre liberté d’expression et incitation à la haine.

Pour rappel, Noëlle Lenoir a été ministre des Affaires européennes entre 2002 et 2004 et continue d’exercer ses activités politiques et juridiques tout en présidant la commission de soutien à Boualem Sansal. Ses propos ont provoqué un tollé tant en France qu’en Algérie et ont suscité des appels à des actions judiciaires renforcées contre elle. SOS Racisme affirme qu’il déposera plainte contre Mme Lenoir pour injure publique.

Etrangement le comité de soutien à Boualem Sansal garde pour le moment le silence sur ces déclarations comminatoires de Mme Lenoir.

Mourad Benyahia 

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Alger, 1963 : Jacques Vergès et Richard Gibson sous l’œil de la CIA

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Vergès et Gibson

En 1963, Alger, fraîchement libérée de la colonisation, devient un carrefour politique et intellectuel majeur. Dans ce contexte bouillonnant, Jacques Vergès, avocat engagé et figure montante du paysage politique algérien, fonde la revue Révolution africaine. La publication attire militants, intellectuels et observateurs étrangers, et devient un lieu d’échanges et de débats sur l’avenir du pays.

Parmi ces visiteurs se trouve Richard Gibson, journaliste américain présenté comme sociologue. Sa présence intrigue : lorsqu’un photographe l’interroge en janvier 1963 sur ses activités, il répond simplement qu’il voyage. Mais selon Jean-Marie Boëglin, militant du FLN et homme de théâtre, Gibson aurait reçu une bourse pour mener une étude sociologique en Algérie. Ces éléments alimentent des soupçons sur ses intentions réelles.

Dix-huit mois plus tard, Jacques Vergès l’accuse publiquement de travailler pour la CIA, révélant une dimension de surveillance et d’influence étrangère dans la jeune Algérie indépendante. Cette affaire illustre l’attention portée par les services américains à la capitale et aux mouvements politiques locaux, ainsi que la complexité des relations entre militants, intellectuels et observateurs internationaux.

Le cas Vergès-Gibson montre comment Alger est devenue un point stratégique pour l’observation des mouvements de gauche et des réseaux internationaux. Les interactions, parfois cordiales, entre journalistes et militants se teintent rapidement de méfiance, reflétant la vigilance des autorités face aux influences extérieures.

Cette période met également en lumière le rôle ambigu de certains journalistes, évoluant à la frontière entre reportage et intelligence politique. Alger ne se limite plus à son rôle de capitale culturelle et politique ; elle devient un théâtre où chaque mouvement est scruté et analysé, et où la confiance est un enjeu fragile.

Les archives récentes, analysées par Patricia Neves, révèlent la profondeur de cette surveillance et l’omniprésence des services étrangers dans la vie intellectuelle et politique de l’Algérie naissante.

L’histoire de Vergès et Gibson rappelle combien la jeune nation a dû naviguer entre ambitions internes et pressions internationales, dans un contexte où chaque geste pouvait avoir des implications politiques ou diplomatiques.

Synthèse Djamal Guettala

Source : Patricia Neves, “Dans les nouvelles archives de la CIA – Alger, 1963 : Jacques Vergès dans un nid d’espions”, Mediapart, 13 août 2025.

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Expulsion de Nassera Dutour : l’ONU demande des explications à Alger

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Nassera Dutour.
Nassera Dutour expulsée d'Algérie

La rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits humains, Mary Lawlor, a exprimé, dans un message publié sur X (ex-Twitter), sa « vive inquiétude » face au traitement réservé à Nassera Dutour, figure de la défense des droits humains en Algérie.

Selon la rapporteuse spéciale des Nations unies, la présidente de l’Association des familles de disparus en Algérie (ANFD) a été interrogée à son arrivée à l’aéroport d’Alger au sujet des activités de son organisation sur les disparitions forcées, avant d’être renvoyée en France « sans raison officielle ».

Mary Lawlor exhorte les autorités algériennes à « expliquer l’expulsion d’une défenseuse pacifique des droits humains », rappelant l’importance de protéger et de respecter le travail des militants engagés dans la défense des libertés fondamentales.

Nassera Dutour, installée en France, milite depuis les années 1990 pour faire la lumière sur le sort de milliers de disparus pendant la décennie noire. L’ANFD, qu’elle dirige, collecte témoignages et preuves, et plaide auprès des instances nationales et internationales pour que vérité et justice soient rendues aux familles.

Aucune réaction officielle n’a été communiquée par les autorités algériennes à ce stade. Toutefois, cet incident survient dans un contexte où les relations entre le pouvoir et certains acteurs de la société civile sont marquées par des tensions récurrentes, notamment autour de la question sensible des disparitions forcées, souvent perçue comme un sujet tabou dans le discours politique officiel.

Pour les observateurs, cette expulsion soulève une double interrogation : d’une part, sur le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie ; d’autre part, sur la capacité du pays à dialoguer sereinement autour de son passé récent. En choisissant d’empêcher l’entrée sur le territoire de cette militante, les autorités prennent le risque de renforcer la visibilité internationale de la cause qu’elle porte, tout en alimentant les critiques sur la situation des libertés publiques.

La rapporteuse spéciale des Nations unies a fait une visite en Algérie à l’issue de laquelle, elle a dressé un sévère constat sur les nombreuses violations des droits humains et libertés en Algérie. Un rapport qui avait suscité l’ire des autorités algériennes.

La rédaction

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Lola Giraud : « Dolorès Clayfree » et la cité masquée

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Lola Giraud 
Lola Giraud 

Dans ce roman Dolorès Clayfree de Lola Giraud, publié aux éditions Le Temps d’un Roman, l’univers est plongé dans une crise sanitaire mondiale qui dépasse largement la simple menace biologique.

Le « Tueur-Sourire », virus mystérieux et insidieux, ne se contente pas de fragiliser les corps : il efface les expressions humaines, annihile la communication non verbale, et par conséquent brise le tissu social qui nous relie les uns aux autres. Cette maladie étrange plonge la population dans un état de peur diffuse et d’obéissance résignée, où l’absence de sourire symbolise la perte de toute forme d’espoir ou de rébellion.

Au cœur de ce chaos, Dolorès Clayfree se distingue par son refus radical de cette résignation collective. Animée par un esprit combatif et une volonté farouche de préserver l’humanité dans sa complexité, elle s’engage dans une lutte nocturne, presque mythique, contre les « soldats » du virus. Ces figures monstrueuses, à la fois réelles et métaphoriques, incarnent les menaces invisibles qui asphyxient la société : la peur, la manipulation, la perte d’identité.

Sa rencontre avec H., surnommé le Hardi, ajoute une dimension fraternelle et stratégique à cette résistance. Ensemble, ils vont remonter la piste d’une vérité plus sombre encore : l’épidémie n’est pas un mal naturel, mais un outil de contrôle savamment entretenu par un mystérieux Ordre Mondial. Cette organisation utilise la peur comme arme pour soumettre les masses, révélant une dimension politique et dystopique à l’intrigue.

Le parcours de Dolorès est jalonné de rencontres aussi singulières que symboliques. Un chat philosophe à l’œil unique, qui pourrait incarner la sagesse et le regard critique ; une vieille femme pauvre mais lucide, figure d’expérience et de clairvoyance ; et une galerie de résistants dont la loyauté et les motivations restent ambiguës, ajoutent une richesse narrative et une profondeur morale au récit.

Ces personnages, à la fois réels et oniriques, accompagnent Dolorès dans un voyage qui oscille entre visions surréalistes, presque cauchemardesques, et un quotidien social déformé par la pandémie.

L’écriture de Lola Giraud se caractérise par une vivacité dynamique et une imaginaire foisonnante. Elle emprunte à la fois au conte – par sa simplicité apparente et sa portée universelle –, à la fable politique – par sa dimension allégorique et critique –, et au réalisme magique – par ses moments de distorsion du réel et ses ambiances nocturnes. Ce mélange de genres confère au roman une force particulière, qui transcende le simple récit de science-fiction pour interroger des problématiques contemporaines majeures : la perte des libertés, la standardisation des comportements humains, la tentation du contrôle total.

L’impact de Dolorès Clayfree réside avant tout dans sa remarquable capacité à transmuter une expérience collective profondément contemporaine — celle des confinements successifs, du port généralisé du masque, de la distanciation sociale imposée — en un récit qui dépasse la simple chronique pour atteindre une dimension mythique et épique.

Ce roman ne se contente pas de décrire ou de revivre ces moments de privation et d’isolement ; il les magnifie par une écriture teintée d’absurde et de poésie noire, qui crée un univers où la dure réalité se mêle au fantastique, où la peur diffuse devient une force presque tangible et menaçante.

Cette transformation du vécu commun en aventure épique invite le lecteur à une double réflexion profonde :

D’une part, le roman pousse à comprendre que les crises sanitaires, si brutales et déstabilisantes soient-elles, ne sont jamais de simples phénomènes naturels ou biologiques isolés. Elles s’inscrivent toujours dans des cadres sociaux, politiques et économiques qui influencent leur perception, leur gestion, et les conséquences qu’elles entraînent.

À travers l’allégorie du « Tueur-Sourire » et de l’Ordre Mondial qui instrumentalise la peur, Lola Giraud révèle comment les peurs collectives peuvent être manipulées, amplifiées, utilisées comme outils de contrôle social, de surveillance accrue et d’appauvrissement des libertés individuelles. Le roman pose ainsi un regard critique sur les mécanismes invisibles qui se déploient en temps de crise, invitant à ne jamais prendre pour acquise la neutralité ou la bienveillance des structures de pouvoir.

D’autre part, cette œuvre engage également une réflexion intime et éthique sur la place de chacun dans la résolution de ces crises. Entre la tentation naturelle de la passivité, du repli sur soi, et la possibilité d’un engagement actif — même modeste, même symbolique — se joue un combat pour la dignité et la liberté.

En suivant Dolorès Clayfree, héroïne qui refuse la résignation et choisit de se battre malgré les risques, le lecteur est invité à considérer le rôle de l’audace, de la curiosité, de la révolte et du courage dans la sauvegarde du lien social et de la liberté intérieure. Ce faisant, le roman refuse la figure du sauveur tout-puissant, préférant mettre en lumière la force des gestes individuels qui, cumulés, deviennent actes de résistance.

Ainsi, le texte s’adresse à la fois à l’intellect — en offrant une lecture allégorique et critique de notre époque — et au cœur, en mobilisant l’émotion et l’imaginaire pour rappeler que l’humanité se joue dans le refus de la peur comme mode de gouvernance.

Cette double démarche confère à Dolorès Clayfree une puissance évocatrice rare, qui résonne bien au-delà de la simple fiction pour questionner durablement notre rapport au pouvoir, à la liberté, et au rôle de chacun face aux crises collectives.

L’apport majeur de Dolorès Clayfree réside dans cette hybridation réussie entre critique sociale aiguë et récit fantastique vibrant. Le roman propose un imaginaire où la résistance ne se limite pas à la confrontation directe, mais passe aussi par l’audace, la curiosité, le refus de l’uniformité et de la peur imposée. Il redonne souffle à la figure du héros ordinaire, capable de prendre en main sa destinée malgré un contexte hostile.

Dolorès Clayfree est autant une épopée de survie qu’un manifeste poétique contre la peur et la soumission. Lola Giraud rappelle à travers cette œuvre que, même face aux menaces les plus oppressantes – qu’elles soient réelles, fabriquées ou instrumentalisées – l’arme la plus précieuse demeure la liberté intérieure. C’est cette liberté qui pousse à regarder le monde en face, à déjouer la fatalité et à préserver, envers et contre tout, la faculté de sourire.

Brahim Saci

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Smaïl Ferrah, l’aîné des Ferrah et figure marquante de la chanson chaouie

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Smaïl Farrah

Né à Oum El Bouaghi, dans la région des Aurès, Smaïl Ferrah est l’un des pionniers de la chanson d’expression chaouie moderne. Aîné d’une fratrie de musiciens, il s’est très tôt imposé comme une figure centrale de cette scène musicale en construction, à la fois par sa voix, son jeu d’instrumentiste et son engagement dans la défense de la langue et de la culture chaouies.

Dans les années 1980, il cofonde le groupe Les Berbères avec Djamel Sabri. Ce groupe marque un tournant dans la visibilité de la musique chaouie en Algérie. À une époque où les expressions amazighes sont encore largement marginalisées, Les Berbères osent chanter dans leur langue maternelle, dans un style mêlant tradition et rythmes contemporains. Le succès est immédiat au sein de la communauté chaouie, et la portée symbolique forte : il s’agit de revendiquer une identité par la musique, sans violence, mais avec détermination.

Après cette aventure collective, Smaïl Ferrah entame une carrière solo. Il enregistre Netta Dhamazouarou puis Amethna, deux albums qui confirment son approche musicale exigeante : des textes travaillés, des compositions soignées, et une richesse d’arrangements qui empruntent autant à la tradition qu’aux musiques actuelles (funk, rock, jazz).

Smail Ferrah est aussi un pédagogue musical, qui joue de plusieurs instruments à cordes (mandole, guitare, banjo) et transmet son savoir-faire à ses frères Mo et Hichem Ferrah, qu’il a largement inspirés et accompagnés. Il est l’aîné de cette fratrie musicale, et son influence dans la formation de leurs carrières est reconnue.

En 2003, il participe à un grand gala à Oum El Bouaghi en hommage au maître Aïssa Djermouni. Un moment fort, à la fois personnel et collectif, dans lequel il rend hommage à l’histoire musicale des Aurès.

Plus récemment, son album Thikli Dh Losayeth Seg Imokranen (Le message des sages ancêtres) confirme une volonté de transmission. À travers des chansons profondes comme Thikli n’Negh, Smail Ferrah parle d’identité, de mémoire, de continuité. Il s’adresse aux siens, mais aussi à la jeunesse, pour lui rappeler d’où elle vient.

Artiste discret, éloigné des projecteurs, Smail Ferrah continue d’œuvrer dans la durée, en dehors des circuits commerciaux, mais avec une exigence constante. Il reste aujourd’hui l’une des grandes voix des Aurès contemporains.

Djamal Guettala

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Pénurie de médicaments : le Parti des travailleurs alerte sur « une rareté mortelle » 

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Pénurie en médicaments

La disparition de nombreux médicaments des pharmacies est une bien terrible réalité tue par le pouvoir et ses relais. Ceux atteints d’un cancer par exemple en savent quelque chose. Le Parti des travailleurs tire la sonnette d’alarme.

Réuni le 13 août à Alger, le bureau politique du Parti des travailleurs (PT) a publié un communiqué alarmant, où la situation sanitaire nationale est décrite comme critique.

La formation conduite par Louisa Hanoune tire la sonnette d’alarme face à une « rareté mortelle » de médicaments dans les hôpitaux, y compris ceux destinés aux traitements anticancéreux, et accuse les autorités d’inaction malgré les avertissements répétés des professionnels.

Le PT rappelle que la Fédération nationale des pharmaciens avait, bien en amont, alerté sur les conséquences d’une rupture d’approvisionnement. Or, les autorités n’auraient pris aucune mesure corrective. Cette pénurie, qui touche aussi bien les hôpitaux publics que les cliniques privées, menace directement la continuité des traitements pour des milliers de patients atteints de maladies graves.

Pour le Parti des travailleurs, cette situation est aggravée par des décisions administratives : les procédures imposées par le ministère du Commerce extérieur aux opérations d’importation sont qualifiées de « bureaucratiques et étouffantes », au point de freiner non seulement l’accès aux médicaments mais aussi l’activité productive dans d’autres secteurs. Malgré les plaintes réitérées d’acteurs économiques, le gouvernement tarde à corriger le tir, au risque, prévient le PT, de provoquer des « conséquences fatales ».

Inquiétudes économiques et législatives

Le communiqué ne se limite pas à la santé. Il critique avec force le nouveau code des activités minières, perçu comme un danger stratégique : il mettrait en péril la principale ressource capable de protéger l’économie algérienne des fluctuations mondiales et d’un éventuel effondrement du prix du pétrole. Le parti appelle à son abrogation pure et simple, dénonçant un texte « bradant les richesses nationales ».

À cela s’ajoute la dénonciation des nouvelles taxes douanières américaines de 31 % sur toutes les importations, mesure qualifiée de « guerre économique » qui, même si les exportations algériennes vers les États-Unis restent limitées, aura selon le PT des effets indirects sur les prix des matières premières et des intrants importés par l’Algérie.

Alerte sociale et libertés publiques

Sur le plan sociopolitique, le PT exprime sa préoccupation face à la montée des « pratiques obscurantistes » de groupes autoproclamés « police des mœurs », et dénonce la complicité de certains responsables. Il appelle à ouvrir les champs politique et médiatique afin de permettre un débat national sur les défis intérieurs et extérieurs, jugeant l’« enfermement et la criminalisation » contraires aux intérêts du pays.

Dans le secteur éducatif, le parti réclame l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires contre six responsables syndicaux de l’enseignement à Oran, suspendus en pleine période estivale. Le PT estime que ces sanctions, prises contre des militants réclamant le respect des lois sur les droits syndicaux, relèvent d’une logique punitive et fragilisent la stabilité du système éducatif.

La santé comme ligne rouge

En insistant sur la crise des médicaments, le PT place la santé publique au centre de ses préoccupations et interpelle directement l’exécutif : lever les blocages administratifs et garantir l’approvisionnement sont désormais des impératifs vitaux. Le communiqué prévient qu’en cas d’inaction, l’Algérie devra assumer le coût humain d’une crise prévisible et évitable.

En toile de fond, cette alerte sanitaire se veut aussi un test politique : celui de la capacité du pouvoir à anticiper et à réagir dans un contexte où les vulnérabilités économiques, sociales et géopolitiques se multiplient.

La rédaction

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Tizi-Ouzou : le wali récupère le terrain du futur institut français, dans un climat de tension

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Terrain du CCF Tizi-Ouzou
Le wali récupère le terrain du CCF Tizi-Ouzou pour un autre projet immobilier

À Tizi-Ouzou, le projet de Centre culturel français, initié en 2012, a été définitivement enterré : le wali a repris possession du terrain qui devait l’accueillir, mettant ainsi un terme à des années de tergiversations et de non-dits politiques autour d’un projet qui aurait pourtant pu redonner aux lycéens et étudiants de la région un lieu de référence, riche en ressources culturelles, pédagogiques et scientifiques.

Profitant des tensions diplomatiques persistantes entre Alger et Paris, les autorités locales ont mis un terme à un dossier emblématique de la coopération culturelle entre les deux pays. Prévu sur le site de l’ancienne école primaire de l’Office français, construite en 1966 et ayant abrité par la suite l’antenne locale du Centre culturel français d’Alger fermée dans les années 1990, l’Institut français de Tizi-Ouzou devait devenir la sixième institution de référence  du réseau culturel français en Algérie. Il ne verra jamais le jour.

Le dossier traînait depuis plus d’une décennie. Sur le papier, l’édifice devait renaître à l’emplacement de l’ancienne antenne du Centre culturel français (CCF) d’Alger, fermé dans les années 1990 (en 1994) en pleine crise sécuritaire. 

Le projet, financé à hauteur d’un million d’euros par un partenariat entre le service culturel de l’ambassade de France et des chefs d’entreprise de la région, prévoyait un bâtiment modernisé conçu par un bureau d’étude local. Le projet qui devait donner lieu au  futur Institut français appelé à devenir la sixième antenne du réseau culturel français en Algérie visait à répondre à une forte demande en Kabylie, région d’où provient une grande partie du public fréquentant l’Institut français d’Alger.

Mais du côté algérien, le signal n’a jamais été donné. Les discussions menées depuis 2012 n’ont pas dépassé le stade des intentions. Selon la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, le refus officiel invoquait des “raisons sécuritaires”, quand d’autres sources évoquent un contentieux sur la propriété du terrain. En vrai, les autorités ne veulent plus de présence de la culture française en Kabylie. Pourtant, d’autres villes du pays ont, entretemps, vu l’ouverture de centres culturels français.

Un symbole de crispation

En reprenant le site, le wali de Tizi-Ouzou ne se contente pas de solder un vieux dossier administratif : il envoie un signal politique clair, au moment où les relations franco-algériennes se tendent à nouveau. Le geste s’inscrit dans un contexte où Alger limite les initiatives françaises en matière culturelle et éducative, et  économique malgré un partenariat historique dans la formation et l’enseignement du français.

Tizi-Ouzou ne rejoindra donc pas le cercle des Instituts français déjà implantés à Alger, Oran, Constantine, Annaba et Tlemcen. Et avec cette décision, c’est aussi la perspective d’un ancrage plus fort de la diplomatie culturelle française en Kabylie qui disparaît, au profit d’une logique de souveraineté assumée par les autorités algériennes.

Samia Naït Iqbal

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«Une famine se produit sous nos yeux»: 26 pays dénoncent la situation à Gaza

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Gaza plongée dans la famine.
Gaza plongée dans la famine par le gouvernement israélien.

La crise humanitaire dans la bande de Gaza, soumise depuis 22 mois à une campagne militaire d’Israël sans précédent, a atteint des « niveaux inimaginables », ont dénoncé, mardi 12 août, 26 pays dans un communiqué commun.  

« Une famine se produit sous nos yeux. Une action urgente est nécessaire pour stopper et inverser cette situation », ont déclaré les ministres des Affaires étrangères dans un communiqué commun.

Cette déclaration est signée par la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, et les ministres des Affaires étrangères de 17 États membres de l’Union européenne, dont la France, mais pas l’Allemagne.

Des divisions au sein de l’UE

Les Vingt-Sept se sont montrés particulièrement divisés sur l’attitude à adopter vis-à-vis d’Israël depuis le début de sa guerre à Gaza. 

Plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont longtemps insisté sur le droit d’Israël à se défendre, dans le respect du droit international, tandis que d’autres, comme l’Espagne, dénoncent un « génocide » à l’encontre des Palestiniens de Gaza. Pourtant, ce n’est pas Israël qui est actuellement menacé d’extinction mais bien la population de Gaza. Berlin a toutefois amorcé un changement de cap majeur vendredi, en annonçant suspendre les exportations d’armes qu’Israël pourrait utiliser à Gaza. Cela suffira-t-il pour laver la conscience de l’Allemagne devant le drame humanitaire gazaoui ? Peu sûr.

Au sein même de la Commission, les lignes commencent, elles aussi, à bouger. Dans une interview donnée à Politico, sa vice-présidente Teresa Ribera a estimé que la situation à Gaza « ressemblait beaucoup » à un « génocide ».

La déclaration a été signée par les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Australie, de la Belgique, du Canada, de Chypre, du Danemark, de l’Estonie, de la Finlande, de la Grèce, de l’Islande, de l’Irlande, d’Italie, du Japon, de la Lituanie, Lettonie, du Luxembourg, de Malte, des Pays-Bas, de la Norvège, du Portugal, de la Slovaquie, de la Slovénie, de l’Espagne, de la Suède, de la Suisse et le Royaume-Uni.

Intensification des bombardements israéliens

La Défense civile à Gaza a fait état d’une intensification des bombardements israéliens sur la ville de Gaza ces derniers jours et annoncé la mort de 24 Palestiniens mardi à travers le territoire palestinien ravagé par plus de 22 mois de guerre.

« Le bombardement est extrêmement intense depuis deux jours. A chaque frappe, le sol tremble. Il y a des martyrs sous les décombres que personne ne peut atteindre car les tirs n’ont pas cessé », a témoigné Majed al-Hossary, un habitant de Zeitoun.

 Le chef de l’armée israélienne a « approuvé » le nouveau plan des opérations militaires « à venir à Gaza », indique un communiqué de l’armée publié mercredi.

« Le chef d’état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, a tenu aujourd’hui (mercredi) une discussion au cours de laquelle il a approuvé le cadre principal du plan opérationnel de l’armée dans la bande de Gaza », selon le texte qui ne donne cependant aucune précision sur le calendrier.

Benjamin Netanyahu avait affirmé dimanche qu’Israël contrôlait militairement « 70 à 75% » de la bande de Gaza et qu’il restait à prendre la ville de Gaza ainsi que des secteurs du centre du territoire palestinien.

Face à une crise humanitaire d’une ampleur inédite, un front diplomatique large exhorte Israël à lever les obstacles à l’action des ONG internationales à Gaza.

Drame humanitaire sans précédent au Proche-Orient

Les souffrances humanitaires dans la bande de Gaza ont atteint, selon 29 partenaires internationaux, « des niveaux inimaginables ». Dans une déclaration conjointe, les signataires alertent sur la propagation de la famine et la nécessité d’une action « urgente » pour inverser la tendance. « L’espace humanitaire doit être protégé et l’aide ne doit jamais être instrumentalisée à des fins politiques », souligne le texte.

Le communiqué met en garde contre les nouvelles exigences restrictives d’enregistrement imposées aux ONG internationales opérant dans les territoires palestiniens occupés. Celles-ci, préviennent les ministres et responsables signataires, pourraient contraindre certaines organisations « essentielles » à cesser leurs activités du jour au lendemain, aggravant encore une situation déjà critique.

Les 29 partenaires demandent instamment au gouvernement israélien « d’accorder une autorisation à toutes les livraisons d’aide des ONG internationales et de lever tous les obstacles qui empêchent des acteurs humanitaires essentiels d’intervenir ». Ils réclament la mise en place de mesures « immédiates, permanentes et concrètes » pour permettre un accès « à grande échelle et en toute sécurité » des Nations Unies, des ONG et de l’ensemble des partenaires humanitaires.

Le texte précise que tous les points de passage et les routes doivent être ouverts afin de permettre l’entrée massive de vivres, de produits nutritifs, d’abris, de carburant, d’eau potable, de médicaments et d’équipements médicaux. Les signataires rappellent également que « la force létale ne saurait être utilisée sur les sites de distribution » et que la protection des civils, des travailleurs humanitaires et des personnels de santé est une obligation.

Avec AFP/RFI

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20 Août : un projet de déclaration unitaire circule

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Un projet de déclaration visant à rassembler des forces démocratiques circule depuis quelques jours en cercle restreint. Préparé pour une diffusion annoncée à l’occasion du 69ᵉ anniversaire du congrès de la Soummam (20 août), le texte, dont notre rédaction s’est procuré une copie, combine une fermeté marquée sur des principes républicains et une formulation volontairement souple destinée à élargir le champ de la convergence.

La référence explicite à la Soummam et au Hirak ancre l’initiative dans une mémoire politique fortement symbolique. Elle vise à rappeler les fondements d’un projet national et à convoquer la légitimité populaire au‑delà des logiques partisanes.

Selon les sources consultées, les promoteurs cherchent à dépasser les fractures habituelles en proposant un cadre inclusif. La liste des premiers signataires — que nous avons pu consulter — laisse transparaître des signaux concordants avec cette ambition.

À la différence d’autres initiatives récentes — comme la déclaration conjointe du PT, de Jil Jadid et du RCD sur la loi des mines, qui s’est traduite par un appel au gel d’un texte finalement promulgué — le projet en circulation s’adresse directement au peuple algérien et ambitionne un ancrage populaire plus large.

Reste la question centrale : sommes‑nous à la veille d’une initiative réellement significative avec une perspective de lutte unitaire ? Ou simplement une énième déclaration sans lendemains ?

Tout porte à croire cependant que le texte s’inscrit dans une logique de long terme : l’enjeu est désormais d’apprécier le souffle de ses initiateurs et leur capacité à traduire les grands principes énoncés en leviers concrets de mobilisation populaire.

Sofiane Ayache

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Rencontre avec Fatima Kerrouche : une conteuse entre deux mondes

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Fatima Kerrouche
Fatima Kerrouche

Fatima Kerrouche, écrivaine et journaliste d’origine kabyle née à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne), s’est imposée comme une figure essentielle de la transmission culturelle amazighe en France.

Son œuvre littéraire, à la croisée de la mémoire et de l’imaginaire, s’attache à faire vivre les traditions berbères à travers une approche à la fois fidèle à l’héritage ancestral et résolument tournée vers le présent.

Une écriture au service de la transmission culturelle

Spécialisée dans le conte berbère, Fatima Kerrouche inscrit son travail dans une démarche de valorisation du patrimoine kabyle, qu’elle explore sous un angle poétique, ludique et accessible. Ses récits, empreints d’imaginaire, de finesse et d’émotion, contribuent à préserver une mémoire orale longtemps négligée, tout en offrant aux jeunes générations une passerelle entre les cultures et les époques.

Loin des clichés folkloriques, elle propose une relecture sensible des légendes kabyles, dans laquelle les femmes, les enfants et les figures mythiques tiennent une place centrale. À travers son style fluide et imagé, elle réhabilite un art narratif profondément enraciné dans la tradition orale berbère, tout en l’adaptant aux lecteurs d’aujourd’hui.

Fatima Kerrouche est l’auteure d’une série d’ouvrages qui mettent à l’honneur les contes et légendes de Kabylie, Le voyage de la reine Tin Hinan (2015), récit inspiré de la figure légendaire de Tin Hinan, reine touarègue et symbole féminin de puissance et de sagesse, Le coffre de Megdouda : contes de Kabylie (2014) : une anthologie de récits traditionnels, ancrés dans l’univers kabyle, Thiziri, princesse Clair-de-Lune (2012) : un conte poétique mêlant mythe, nature et féminité, Les contes de mademoiselle Soumicha (2011) : recueil dans lequel l’autrice revisite les codes du conte berbère avec humour et tendresse, Ninisse la petite Berbère et Ninisse au cœur de l’Atlas (2011) : histoires pour enfants mettant en scène une héroïne kabyle, curieuse et intrépide.

Elle a également participé à l’ouvrage collectif Fière Algérie (Éditions Dalimen), dirigé par Samira Bendris, qui rassemble des voix algériennes autour de l’histoire et de la fierté culturelle.

Fatima Kerrouche est régulièrement invitée à des salons et festivals littéraires en France et en Algérie, où elle présente ses ouvrages et anime des ateliers autour du conte. Parmi ses participations, Festival International du Livre Jeunesse d’Alger, La Comédie du Livre à Montpellier, Salon Maghreb des Livres à Paris, Salon International du Livre d’Alger, Rencontres à Béjaïa, Marseille, Alger, Grenoble…

Par son engagement et sa pédagogie, elle joue un rôle central dans la transmission intergénérationnelle des récits berbères et dans la reconnaissance de l’identité amazighe dans l’espace francophone.

Au-delà de ses publications, Fatima Kerrouche incarne une forme contemporaine de militance culturelle. Son écriture, mêlant tradition et modernité, contribue à redonner vie à une culture longtemps reléguée au silence. Elle permet aussi à de jeunes lecteurs issus de la diaspora ou curieux de l’Afrique du Nord de reconnecter avec une mémoire souvent fragmentée.

À travers ses contes, elle ne se contente pas de raconter des histoires : elle crée des passerelles entre les générations, les langues et les territoires, en apportant une touche de magie et d’émotion à un héritage trop longtemps méconnu.

Dans cet entretien, Fatima Kerrouche revient sur son parcours, tout en nous ouvrant les portes de son univers artistique, profondément nourri par la mémoire, l’imaginaire kabyle et le désir de transmission culturelle.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire des contes berbères ? Quel rôle jouent-ils selon vous dans la transmission culturelle ?

Fatima Kerrouche : Avant de me plonger dans les contes, j’avais écrit deux romans : Ninisse la petite berbère et Ninisse au cœur de l’Atlas. L’écriture des contes est venue un peu après. Ce qui m’a donné envie d’écrire tout court, c’est le résultat d’un parcours de littéraire de lecture assidue depuis mon enfance et puis finalement l’écriture est venue presque naturellement. J’ai toujours été habituée à écrire entre les devoirs de philosophie, les devoirs de droits, la rédaction d’actes administratifs, écrire pour le personnel municipal de la ville où je travaillais en région parisienne. Et peut-être un acte fondateur : Écrire pour mes parents qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, les papiers administratifs, mais aussi écrire au village et répondre aux lettres en provenance de Kabylie, avec des formules consacrées, dont s’est inspiré Slimane Azem ! Les plus anciens s’en souviendront !

Donc l’écriture a toujours été très présente dans ma vie, et encore plus encore aujourd’hui.

L’idée d’écrire des contes est arrivée un peu plus tard, même si Ninisse était déjà imprégnée des contes. Au cours d’une discussion, un ami évoque la princesse astucieuse d’un conte. Je suis intriguée par ce conte qui valorise les femmes et dont la figure féminine est très positive, la Fille du charbonnier, dans le Grain magique de Taos Amrouche. Je commence à regarder de plus près. J’ai tiré un seul fil de laine et c’est tout un écheveau qui s’est déployé. 

Ce fut pour moi une plongée dans les contes et d’emblée, sans trop vraiment réfléchir je me suis lancée dans un travail de recherche, puis d’écriture ou plutôt dans un travail de récriture des contes à ma façon, mais avec une belle part de création. Mes quatre livres publiés : Les Contes de Mlle Soumicha, Thiziri, princesse claire de lune, Le Coffre de Megdouda et Le Voyage de la reine Tin Hinan, aux éditons Editinter sont le résultat d’une imprégnation et d’une réappropriation de ces contes, une recherche, une reprise avec la création d’un personnage qui traverse le temps et l’espace….

Je me suis questionnée sur la légitimité à reprendre et retravailler ces contes. Mouloud Mammeri, Taos Amrouche avec le Grain magique ont publiés les contes…. Et de nombreux auteurs comme Youcef Allioui, docteur en sciences sociales qui non seulement dit les contes mais en produit une analyse comme Camille Lacoste Dujardin… Je pense aux conteurs Moussa Lebkiri, Idir Farès et aussi Nora Aceval qui fait un travail sur contes grivois… Au fil du temps, mes lecteurs valident mon travail autour des contes avec enthousiasme, avec souvent les mêmes mots empreints de nostalgie : « Quand j’étais enfant, ma grand-mère me disait des contes ». Ce ne fut pas mon cas, j’ai eu deux grands-mères Baya et Fadhma, que je voyais chaque été en Kabylie, or les contes sont réservés aux nuits froides de l’hiver. J’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, et c’est plus tard que je m’en suis aperçue. En écrivant mes quatre livres de contes, je me suis en fait, avec le personnage intemporel de Mademoiselle Soumicha, créée, récrée une grand-mère conteuse et c’est cela qui fonde une certaine légitimité à mon travail au tour des contes et les lecteurs comprennent ma démarche de réappropriation, d’imprégnation, de réinterprétation des contes voire de réparation.

Le Matin d’Algérie : Quel rôle jouent-ils selon vous dans la transmission culturelle ?

Fatima Kerrouche : Je pense qu’il y a un désir profond général à vouloir retrouver les contes de l’enfance, pour le public adulte et les auteurs qui en font leur matière, telle une nécessité, une référence familière et une réminiscence rassurante.

Les contes sont la petite madeleine de Proust des Kabyles. Ils constituent, un bien commun, une richesse considérable, un patrimoine inestimable qui en appelle aux mythes et aux croyances inspirés de la mythologie grecque ou de textes sacrés. En ce sens, ils jouent un rôle important dans la transmission culturelle. Les contes se transmettent en eux-mêmes, et je me dis que la situation d’exil, d’immigration peut parfois, souvent couper cette transmission.

Les contes portent en eux des valeurs leçons de vie, des notions de justice, de courage, de solidarité et de respect, des croyances qui se transmettent d’une génération à une autre.

Les contes kabyles et berbères en général sont inscrits dans notre mémoire collective ; ils sont ancrés dans notre inconscient individuel et collectif. Les contes contribuent également à la réservation de la langue. Mon premier livre Ninisse la petite Berbère a été publié en version bilingue en Algérie : Ninis, Tamaziγt tamecṭuḥt, traduit par Akli Kaci, aux éditions Hibr (M’hand Smaïl – Alger).

Les contes sont un moyen de valoriser, de défendre et de renforcer notre identité. Ils reflètent une vision du monde kabyle, ses croyances, ses peurs, ses espoirs et son rapport à la nature. Ces contes servent à divertir, mais aussi à éduquer et à transmettre des valeurs essentielles qui cimentent la culture kabyle : patience, persévérance, prudence face à la trahison, esprits de la nature, et les croyances traditionnelles liées au monde invisible… solidarité et entraide, respect de la nature, préservation de l’environnement. Sans oublier les animaux qui parlent et donnent des leçons de vie… Pour ses fables, Jean de la Fontaine s’est largement inspiré d’Esope… Beaucoup d’histoires racontent des personnages qui surmontent des obstacles grâce à leur détermination et leur bravoure. 

Les personnages des contes font souvent preuve de créativité et d’ingéniosité pour résoudre des problèmes, encourageant une approche astucieuse face aux défis, à l’exemple de Megdouda dans mon livre Le coffre de Megdouda. Son époux de prince refuse qu’elle soit plus intelligente que lui et en la menaçant de quitter le palais… (machisme du prince !). Et un jour, l’héroïne dut faire preuve d’ingéniosité et d’astuces pour sauver son mariage.

Si les contes kabyles sont une empreinte forte de notre identité et de notre culture, ils véhiculent comme les contes du monde entier, des valeurs universelles, celles de notre humanité. Un conte n’est pas fait pour endormir un enfant mais pour l’éveiller…

A mon avis, il faut dire ou lire les contes aux enfants dès leur naissance. Dans un de mes livres préférés, un livre important que je conseille ou offre à mes amies : femmes qui courent avec les loups, l’auteur Clarissa Pinkola Estés, psychanalyste et conteuse a fouillé telle une archéologues les contes européens, américains, sud-américains…. On y retrouve beaucoup de similitudes avec les contes kabyles. Ce qui témoigne de notre universalité ! Ce livre sacré, en l’honneur de la puissance femmes, m’inspire énormément….

Le Matin d’Algérie : Votre œuvre met souvent en avant des figures féminines fortes. Quelle place la femme occupe-t-elle dans l’imaginaire kabyle que vous explorez ?

Fatima Kerrouche :  La princesse Megdouda, la princesse Thiziri, mademoiselle Soumicha, la grand-mère Jidda, Lalla fatam N’Souler, Tin Hinan, l’ogresse Tsériel, la reine Dyhia, Ninisse… oui dans mes livres quelques figures fortes… celles des contes féeriques, fictifs et les autres… les femmes, les guerrières, les femmes au foyer, les muses, les princesses, les petites filles, les mères, les grands-mères…

J’aime cultiver le féminin sacré, notamment dans la Lionne de feu, ou la lignée de femmes qui se transmettent les clés de leurs secrets d’une génération à une autre, de mère en fille…. Et effectivement, je suis très inspirée par ce livre Femme qui courent avec les loups… l’auteur Clarissa Pinkola Estés, psychanalyste, conteuse et journaliste explique « parce que la société et la culture musèle la femme sauvage… instinctive, créatrice qui dispose de force naturelle et d’un savoir qui vient de la nuit des temps » … La scientifique Michèle Caffin, dentiste de son métier m’a un jour confié : « On a toujours voulu voler le soleil des femmes ».

Donc oui, dans mes livres, mon œuvre, évoluent des figures féminines fortes, des femmes charismatiques inspirées des femmes de ma famille, des femmes que je côtoie… et concernant notre culture, je pense l’ouvrage La vaillance des femmes kabyles… Camille Lacoste-Dujardin y contredit la thèse de Bourdieu selon laquelle les femmes, sur l’exemple de la société kabyle auraient incorporé  » la domination masculine ».

Camille Lacoste Dujardin démontre comment les femmes, « avec une lucidité et une vaillance exemplaire, ont construit en Kabylie une  » science des femmes « , où la résistance s’est muée en contre-attaque : elle s’exprime dans les contes que les mères inculquent aux enfants, où l’adulte effrayant est l’ogresse Tséryel, expression extrême de la rébellion féminine aux contraintes masculines que cette femme sauvage dénonce en chacun de ses actes. 

Le Matin d’Algérie : Quelle place la femme occupe-t-elle dans l’imaginaire kabyle que vous explorez ?

Fatima Kerrouche : Des femmes occupent l’imaginaire kabyle, notre inconscient, notre histoire…. Peu de temps avant d’écrire la Lionne de feu… je pensai à Dihya, notre reine amazighe… Je ressentais son énergie puissante. Je me disais, il me faut retrouver l’énergie de cette vaillante guerrière, libre et puissante… Et j’ai eu besoin de me reconnecter avec elle… je pense que Dyhia est en moi, en nous et en de nombreuses femmes, je pense à notre amie Siham, danseuse et chamane. La reine Dihya a traversé le temps et nos mémoires ancestrales. Son héritage est souvent célébré dans la littérature et la culture kabyles comme un symbole de résistance et de fierté. Je pense également à Fatma N’Soumer, héroïne de la résistance contre la colonisation et aux autres résistantes.

Les Kabyles la célèbrent, pour son courage et de détermination. Ces femmes sont des modèles de lutte, de résistance, d’indépendance et de fierté sont des sources d’inspiration pour les générations suivantes. La place des femmes dans l’imaginaire kabyle est riche et complexe, mêlant tradition, culture et évolutions sociales. Dans la littérature, la poésie et la musique kabyles…

Notre figure incontournable c’est Taos Amrouche… la référence absolue… J’ai une admiration pour cette femme de lettre, elle-même ancrée dans notre moi intérieur.

Mon village en Kabylie, Guendouz (At r’zine) est à 6 kilomètres d’Ighil-Ali, village dont est originaire la famille Amrouche… et cela me touche beaucoup… ces femmes sont inspirantes que ce soit en France ou en Kabylie. 

Les héritières de Taos Amrouche ou de Fathma Aït Mansour, dont Maïssa Bey, Léïla Sebbar, Aïssia Djebbar, Tassadit Imache, Tassadit Yacine… et j’en oublie… Il y a certainement une place à défendre pour raconter des histoires, créer des textes, témoigner par le roman ou par le théâtre, à l’instar de Zohra Ait Abbas ou d’Aïni Iften…Mais je pense aussi à toutes les femmes auteurs que je rencontre à l’image de Sadia Tabti, Habiba Benhayoune, Djemila Benhabib … Je précise que mon travail a été étudié par Léïla Bouzénada, professeur à l’université de Blida, dans l’ouvrage collectif Les Franco-maghrébines, autres voix/écritures autres sous la direction de Najib Rédouane et de Yvette Bénayoun-Szmidt aux éditions L’Harmattan.

Les luttes et engagements pour les droits des femmes et l’éducation a permis à beaucoup de femmes de s’affirmer dans des rôles publics, politiques, associatifs et professionnels. Et puis toutes celles qui œuvrent dans le tissu associatif comme Samia Kachir ou celles devenues élues de la république…Sabrina Abchiche, Samira Bensalem Oul Amara… des femmes inspirantes pour les autres femmes, les hommes et les générations suivantes.

Aujourd’hui, les femmes kabyles continuent de jouer un rôle essentiel dans l’affirmation de leur identité et dans la redéfinition de leur place au sein de la société, tout en maintenant un lien fort avec leurs racines culturelles. Perçues souvent ou voulues comme les gardiennes de la culture, des traditions et des valeurs, mais à travers les décennies, les transformations sociales et politiques ont également modifié la perception des femmes dans la société kabyle. Cela a également entraîné une redéfinition de certains aspects de leur place dans l’imaginaire collectif, où elles sont de plus en plus perçues comme des actrices du changement social.

Les femmes surtout dans notre culture n’ont pas d’autres choix que d’être des femmes fortes à l’image de ma mère, de nos mères et de mes grands-mères, nos grands-mères. Ces figures féminines fortes qui ont une grande place dans notre histoire, notre imaginaire kabyle mais aussi dans notre quotidien doivent être source d’inspiration pour notre propre vie, nos choix individuels aussi bien pour les femmes elles-mêmes que pour les hommes. Elles sont pour moi un hymne à la liberté, elles ont une place de choix dans mes livres.

Le Matin d’Algérie : Comment conciliez-vous fidélité à la tradition et adaptation à un public contemporain, notamment jeune ?

Fatima Kerrouche :  Je ne sais pas vraiment si je concilie fidélité à la tradition et d’adaptation à un public contemporain… mes livres sont identifiés comme appartenant à la littérature jeunesse, puisque l’héroïne principale de mes livres est une petite fille ; j’ai également aussi imaginé des personnages de petits garçons. J’aime à dire que j’écris pour les petites et les grandes personnes.

Mes livres sont empreints de valeurs universelles, de voyages, de fééries, de gourmandises, de la vie etc… J’écris ce qui me vient à l’esprit, je suppose que chaque lecteur doit s’approprier les textes et y puiser ce qui lui convient, ce qui l’inspire. Prendre ce qui lui plait à travers la découverte de mon univers situé entre les deux rives de la Méditerranée.

Un jour en Kabylie un vieux monsieur m’a dit : « Tu as les racines en Kabylie et les branches en France… ». J’aime beaucoup, cette idée d’enchevêtrement. Donc c’est avec le matériau de mes deux cultures que je me suis construite et cela transparait dans mes livres.

Mon univers littéraire se tisse avec ce que je suis, ce que je vis, ce que je lis, mes rencontres, mes pensées, ma vie intérieure, mon histoire. Je ne sais pas si je m’adapte… Mademoiselle Soumicha, la vieille conteuse a parfois cinq ans et parfois cent ans, elle est intemporelle, et comme elle, mes histoires sont intemporelles… A chacun d’y trouver son « conte ». 

Mais il est vrai, j’aime l’idée que les enfants aient accès au beau, à la beauté, à l’art. Dans le livre spirituelle de Simone Pacot, l’évangélisation des profondeurs, que j’ai lu il y a longtemps, j’ai gardé en mémoire son message d’espoir pour l’âme humaine avec l’idée puissante que chaque être a droit à la beauté. Cela me tient à cœur, offrir de la beauté aux enfants. Mes livres sont « feel good » ! avec de la joie, des rires, de la gourmandise… Concilier la fidélité à la tradition et adaptation à un public contemporain, j’opterai plutôt pour la notion de valeurs universelles, ancestrales, intemporelles… C’est à mon sens un chemin personnel, intrinsèque, pas toujours simple… Personnellement je ne cherche pas à concilier quoique ce soit… Au lecteur de se forger une idée. Les livres doivent permettre d’aider les jeunes à éveiller leur esprit, leur curiosité. 

Le livre est un formidable outil qu’ils doivent s’approprier, savourer, déguster. Indispensable pour apprendre aux jeunes à cultiver leur scepticisme et leur sens critique ce que démontre parfaitement Albert Jacquard dans son livre, l’équation du nénuphar. Un des outils pour peut-être empêcher nos jeunes d’aller sans réfléchir vers les forces obscures de l’intégrisme.

Le Matin d’Algérie : Le personnage de Ninisse est devenu emblématique dans vos livres jeunesse. Que représente-t-elle pour vous ?

Fatima Kerrouche :  Oui Ninisse est le personnage principal de trois de mes livres, avec des références dans les autres livres de contes. Un personnage emblématique… qui se confond avec son auteur. Souvent, on m’appelle Ninisse ou on m’identifie comme telle plutôt que par nom prénom. Donc Ninisse serait un personnage fort… et je tiens à le préciser pas du tout autobiographie. Oui, c’est un personnage récurrent, j’aimerais plus tard qu’il fasse partie intégrante de la littérature jeunesse comme Alice au pays des merveilles, les livres de la comtesse de Ségur… pourquoi pas… Pour moi Ninisse représente beaucoup de choses, peut-être une partie de moi-même, surement la meilleure partie de moi-même. Elle est un enfant intérieur. Ninisse ouvre les portes qui permettent d’accéder aux merveilleux au beau…

Et pour la vie réelle de l’auteur que je suis, Ninisse m’a permis de faire de belles rencontres, notamment lors des salons du livre, de voyager, d’obtenir mon poste de journaliste… Elle représente pour moi une aventure incroyable…

Elle me porte chance, elle m’ouvre des portes, me fait vivre des choses incroyables. Ninisse représente la joie, l’audace, l’énergie, elle est solaire. J’ai beaucoup de petits lecteurs qui adorent Ninisse comme une amie. Une journaliste de m’a connaissance a même posé le livre au chevet de son père en fin de vie, il adorait la petit Ninisse. C’est très émouvant. Tout le monde aime Ninisse….

Le Matin d’Algérie : Vous participez à de nombreux salons littéraires en France et en Algérie. Quel regard portez-vous sur la réception de la culture amazighe aujourd’hui ?

Fatima Kerrouche :  Oui, j’ai participé et je participe encore à de nombreux salons littéraires. Ici en Occitanie, je participe à des salons du livre à Montpellier et dans des petits villages ; je voyage avec mes livres avec le sentiment, tel une mission faire connaître la culture amazighe. Le public de Montpellier ou des villages me posent des questions, certains évoquent leurs souvenirs en Algérie et me les racontent. 

L’accueil du public est toujours chaleureux à la fois sur la culture kabyle et aussi sur les contes, la réception en est plutôt positive. Ninisse a un capital sympathie. Le public amazigh est en général conquis d’avance par mon travail qui ne suscite pas de discussion ou de polémiques. J’écris avec mon cœur, avec sincérité et non sans un certain engagement. Ce public en France et en Algérie est intéressé par les salons du livre mais par la culture amazighe en général. Il me semble que notre culture commence à être mieux connue, mieux perçue suscitant un intérêt certain. Et de plus en plus nombreux sont les auteurs amazighs, kabyles ou d’autres régions qui prennent leur plume. Ces dernières années, grâce à l’organisation des nombreux salons du livre, de nombreux auteurs se sont fait connaître. Et en Kabylie, les salons du livre, notamment ceux organisés courageusement dans les villages, sont des espaces d’expressions vraiment très précieux voire vitaux. 

J’ai participé à de nombreux salons du livre du plus modeste au plus prestigieux, c’est toujours une grande joie, d’autant que je continue à recevoir des invitations. Je pense de par mon expérience que la réception de la culture amazighe est bonne, au vu des nombreux lecteurs qui se déplacent lors des salons. Une appréciation positive globale. En témoigne, l’important tissu associatif amazigh en France qui organise des événements culturels berbères mais aussi des salons du livre, tels une nécessité. Le salon du livre est un bel événement pour faire connaître notre culture ici et ailleurs. Le Réseau Culturel Franco-berbère en Ile de France fait un magnifique travail autour de notre culture, en témoigne la création des centres culturels. Chaque salon est un lieu de rencontres formidable pour les lecteurs mais aussi pour les auteurs entre eux et avec leur public. J’adore participer à ces salons organisés par la CBF, dont je partage les valeurs républicaines.

J’aime l’état d’esprit de ces événements qui font vivre notre culture en donnant une visibilité aux auteurs et à leurs ouvrages et aussi aux jeunes auteurs. Je pense aux équipes de la Coordination des berbères de France, à l’excellente présidente Djedjiga Issad, et aux bénévoles, des femmes exceptionnelles qui œuvrent au bon fonctionnement de ces salons et nous réservent toujours un excellent accueil. Le journaliste Mohand Kacioui, me dit que je suis la marraine de ces salons, à défaut de dire la doyenne ! Ce qui me plait vraiment concernant les salons du livre organisés par la CBF est que pour nombre d’entre eux, ils se déroulent dans des lieux prestigieux, hôtels de ville ou salle de la Légion d’honneur, accueillis par les élus de la république. Je suis particulièrement sensible à ce que notre culture amazighe soit ainsi reçue et puisse être mise à l’honneur, dans un bel écrin, celui des ors de la république.

Le Matin d’Algérie : Quels sont vos projets à venir et quelles thématiques souhaitez-vous explorer dans vos prochaines publications ? 

Fatima Kerrouche :  Un écrivain a dit : « un écrivain est toujours obsédé par le livre qu’il n’a pas écrit ». Cette citation me parle. Je pense très souvent aux quelques livres que j’ai encore à écrire. Je souhaite écrire la suite de Ninisse certes, mais j’ai déjà rassemblé de la matière et des idées pour d’autres livres sur des sujets plus engagés, en dehors de la littérature jeunesse. Peut-être, ai-je encore du mal à quitter Ninisse. Cela dit, je n’ai pas publié de livres depuis quelque temps, mais l’écriture est très présente dans ma vie professionnelle et personnelle. C’est une obsession, l’écriture est ma « préocu-passion », de ma vie, à chaque instant. 

Je m’interroge toujours sur la présence si puissante de l’écriture dans ma vie, alors que mes parents comme beaucoup d’habitants de ma région en Kabylie, n’ont pas eu accès à l’école. Ce qui me met particulièrement en colère. Ma mère m’a raconté qu’elle pleurait de toute son âme implorant son père de la laisser aller à l’école.

Il y a une magie puissante de l’écriture et en même temps une certaine responsabilité. Je suis journaliste à la Ville et à la métropole de Montpellier pour le Magazine En Commun, parution bimestrielle https://encommun.montpellier.fr/index.php/magazines

Et pour le journal numérique, en parution quotidienne : https://encommun.montpellier.fr/. Cette passionnante écriture journalistique où je traite de nombreux sujets, demande du temps et prends en ce moment, le pas sur mon écriture littéraire. Je suis fière de mettre en valeur des actions et surtout au travers des portraits, mettre à l’honneur des artistes, des présidents d’association, des chefs d’entreprise, des commerçants, des architectes de Montpellier…. De plus, depuis 1998 je tiens un journal personnel, 27 volumes à ce jour, mais cela est en encore une tout autre histoire d’écriture.

Pour écrire, il faut du temps et l’esprit libre, l’écriture est comme le désir. Quand l’élan est là, c’est magique ! Je ne manque pas d’idées, ni d’inspiration… Concernant ma vie littéraire, en 2025, j’ai reçu plusieurs invitations à des salons du livre. C’est toujours un honneur, mais il me faut la concilier avec la vie professionnelle. Mon prochain salon est prévu le 14 septembre, quartier Figuerolles à Montpellier… Ce sera au bout de ma rue. Je vois qu’un salon du livre est prévu au centre culturel amazigh de Drancy, les 20 et 21 septembre. Des salons sont prévus dans plusieurs villages aux alentours de Montpellier. Le chemin continue…

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Fatima Kerrouche : Que l’écriture a une place plus que prépondérante dans ma vie et dans ma tête… Je tiens tout d’abord cher Brahim Saci, à vous remercier de votre intérêt pour mon travail et de m’avoir accordé cet entretien. Poète fécond, journaliste, musicien, vous mettez en valeur les autres auteurs avec votre propre sensibilité d’artiste par vos interviews subtilement menés et vos « excellents » articles. Votre poésie est prolifique, délicate et agréable. Merci de votre générosité. Et je souligne l’importance des cafés littéraires à l’Impondérable que vous organisez avec notre cher Youssef Zirem. 

Je voudrais aussi rendre hommage à mon éditeur Monsieur Robert Dadillon, fondateur des éditions Editinter. Né en 1935, il a 90 ans, je lui téléphone régulièrement, nous discutions beaucoup et c’est maintenant que je comprends qui il est. Il était engagé durant la guerre d’Algérie en tant qu’instituteur, en Kabylie. Il est revenu le 13 mai 1959. Il ne raconte pas cet épisode de sa vie dans le livre Brèves de vie, paru en 2023, écrit avec sa fille Laurence et son épouse Bernadette. Il n’en parle jamais, mais il m’a dit qu’il aimait enseigner à ces élèves kabyles curieux et avides de savoir. 

Il a été ensuite instituteur et rééducateur psycho-pédagogique, il a aussi suivi le séminaire Françoise Dolto. C’est après sa retraite qu’il a créé les éditions Editinter en 1994. J’ai la chance d’avoir croisé monsieur Robert Dadillon sur mon chemin. Il m’a accompagné pour toutes mes publications avec bienveillance. Il a toute ma gratitude et ma reconnaissance. Un jour, je lui ai dit puisque vous appelez monsieur Dadillon, je vais vous surnommer My Dad ! mon papa, en littérature…

Entretien réalisé par Brahim Saci

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