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jeudi, 13 novembre 2025
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« Menace sur la statue » de Tarik Djerroud ou la quête labyrinthique de la vérité  

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Un roman labyrinthique, au long souffle, c’est du moins ce que l’on peut déduire à la fin de la dernière phrase de Menace sur la statue de Tarik Djerroud.

Thriller, le mot n’est pas de trop. Polar, on peut bien être tenté de le nommer ainsi, quoique Djerroud, de par le ciselé de ses mots, la variété de ses thèmes et la profondeur de son approche nous traîne beaucoup plus loin. Plus qu’un texte d’investigation, c’est une sorte de manifeste politique sur le devoir de vérité.

Le récit s’ouvre sur une partie d’échecs entre Jessica Bird et Thomas Dawson au Liberty Park, à quelques encablures de la statue de liberté, à New-York. Les douloureux souvenirs d’un attentat reviennent spontanément saccadés, mais avec suggestion comme pour pousser le lecteur à replonger lui-même dans le cœur de l’histoire. Tout commence le jour de Noël 1991.

Rescapé de l’attentat raté qui avait ciblé la statue de la liberté, Thomas Dawson fait de la quête de la vérité sur la famille de l’auteur de l’attentat, un certain Nazim d’origine afghane, son cheval de bataille. Pour cause, le suicide de ce poseur de bombes l’avait mis, lui-même, sur la sellette, étant présent sur le lieu du drame.

L’obsession de Thomas fut de retrouver alors Omar Al-Baktyar, le père du fameux terroriste. Ce dernier est, paraît-il, un citoyen américain bien intégré qui avait fait carrière dans le commerce, mais qui, trouvant le crime de son fils à la fois horrible et honteux, avait décidé de quitter les USA pour une destination inconnue. Le journaliste américain le poursuivait, sur un coup de tête, au Caire et c’est là qu’il avait fait par coïncidence la rencontre de Boutros, un buraliste copte. Très cultivé, auteur amateur d’un manuscrit en hommage au Soudanais Mahmoud Mohammed Taha et connaisseur averti de l’histoire de l’Égypte contemporaine, ce dernier lui avait longuement parlé de la mouvance des frères musulmans, des souffrances de la communauté copte, du délit d’opinion et du rétrécissement des espaces de la liberté sous la dictature du pays des Pharaons.

Néanmoins, quoique forte, l’amitié des deux hommes ne tardait pas à pâtir de quelques agissements malsains de l’entourage de Boutros. On espionne Thomas, et puis on l’agresse, et le comble, on fait exploser le kiosque du Copte par une bombe. Ce dernier s’est sauvé, par miracle–ce jour-là il n’y travaillait pas-, mais le corps de la Bengale qui le remplaçait, fut atrocement déchiqueté.

Qu’à cela ne tienne, la quête de Thomas se poursuivait, bon gré mal gré, mais ce dernier rencontre la même confusion au siège de l’ambassade américaine au Caire. Il ne glane, au demeurant, quelques informations qu’une fois hors de ses murs. Un agent de l’ambassade lui susurre en effet qu’Omar al Baktyar est à Beyrouth.

Pour cela, Thomas s’y est fait accompagner par Boutros, lequel compte s’envoler à Istanbul. Un coup de destin à Beyrouth et pas que… ! Thomas tombe sur le numéro d’Omar Al-Baktyar dans un annuaire. Contact pris, il découvre un homme d’une grande dignité et, de rendez-vous à un autre, il s’éprend de sa fille Noor.

Là, le roman de Djerroud prend une autre tournure pour nous raconter l’histoire d’un homme qui cherche la vérité et trouve l’amour de sa vie. S’ensuivent des noces célébrées à Beyrouth, voyage à Vienne où Noor effectue sa thèse de Doctorat, puis come-back à New-York, accident de voiture où « la dulcinée » périt, enfin attentat des tours jumelles de World Trade Center en 2001, sur lequel semble se terminer la partie d’échecs entre Jessica et Thomas en direct dans le ciel new-yorkais ! Hélas, « la folie de l’histoire », titre du livre de Simon Khauss, l’encadreur de Noor à Vienne, a, paraît-il, bien fini par l’emporter sur la fraternité et l’amour !   

Kamal Guerroua

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Tribunal criminel d’appel d’Alger : audience prévue de plusieurs militants

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Mohamed Mouloudj

Le tribunal criminel d’appel d’Alger (Cour d’Alger) a programmé l’audience au 23 novembre 2025 du procès concernant :

Mohamed Mouloudj, journaliste, Boudjemaa Malek, Djemai Zohir, Saidi Abdennour Taleb Youghourta, Messaoudene Zohir, Mioune Ali, Ouelhadj Arezki et Ould Mohand Hanafi, rapporte l’avocate et défenseuse des droits humains Me Fetta Sadat.

Autre affaire d’arbitraire. Elle concerne Khellaf Aït Chebib, ancien détenu d’opinion, lui aussi. La même cour d’appel d’Alger a fixé l’audience de son procès au 15 décembre prochain.

Placé sous mandat de dépôt en date du 14 novembre 2021, il a été ensuite condamné à une peine de 3 ans de prison ferme et 100000da d’amende ferme.

Khellaf Ait Chebib a été libéré de la prison de Koléa en date du14 novembre 2024 après avoir purgé l’intégralité de sa peine.

Son jugement de condamnation ayant été cassé et annulé par la Cour suprême en son arrêt du 31 octobre 2024, le procès criminel en appel a été programmé de nouveau à l’ audience sus indiquée pour l’actuelle session criminelle, ajoute Me Sadat.

Il y a plus de 200 détenus d’opinion dans les prisons algériennes.

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La balance judiciaire au bout du téléphone

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Tebboune et les magistrats
Tebboune et les magistrats

Photo officielle : le chef e l’Etat, en costume noir, pose au centre d’un parterre de robes rouges et noires. Derrière, des visages alignés, attentifs, dociles. On appelle cela l’ouverture de l’année judiciaire. En réalité, c’est un exercice de style : le pouvoir qui s’auto-félicite devant ses propres magistrats. La justice, ce jour-là, avait l’air d’une élève bien peignée récitant une leçon qu’elle ne comprend plus.

On a parlé de numérisation, de modernisation, de moralisation et de protection du citoyen. Quatre mots pour quatre mirages.

Ici, “numérisation” ne désigne ni le progrès ni la transparence, mais une opération cosmétique : on remplace les tampons par des écrans, on scanne des dossiers jaunis, on croit entrer dans le futur. Or la justice numérique ne consiste pas à empiler des ordinateurs dans les couloirs feutrés des chancelleries ; elle suppose une révolution des mentalités, une culture de la preuve, une architecture technique, un courage moral. Il faudrait d’abord débrancher les lignes directes, celles qui relient les palais aux palais. Le vrai réseau, en Algérie, ce n’est pas la fibre : c’est le téléphone du pouvoir.

La “modernisation des procédures”, elle, s’écrit au conditionnel. Il faudrait que les juges osent, que les avocats respirent, que les greffiers existent. Mais on préfère parler de logiciels plutôt que de libertés, de codes plutôt que de conscience. On rêve d’une justice rapide, sans comprendre qu’elle s’essouffle avant même de courir. Et quand elle trébuche, c’est rarement sur un dossier : toujours sur un ordre venu d’en haut.

Moralisation de la vie publique” : encore un mot prononcé avec gravité. Mais comment moraliser un système où la corruption se signe au sceau de la République ? Le citoyen n’a plus foi ni dans le droit ni dans la procédure. Il sait que certaines affaires ne seront jamais jugées : celles des puissants, celles qui dérangent. Des montagnes de dossiers dorment dans les tiroirs, pendant que d’autres – urgents pour le prestige présidentiel – traversent les couloirs à la vitesse du mensonge.

Et voici que le chef de l’État promet un nouveau statut du magistrat, censé garantir l’indépendance. Quelle belle ironie ! L’indépendance promise par celui qui signe les promotions, oriente les enquêtes et gracie à la carte. Tebboune jure protéger la justice comme on protège une icône craquelée : on la vénère en public, on la trahit en coulisse. Il veille à tout, y compris à l’orgueil blessé de sa propre autorité. Car ici, l’injure n’est pas faite à l’État, mais à sa personne. On n’emprisonne plus pour un crime, mais pour une phrase mal comprise.

Le général à la retraite Ali Ghediri, pour avoir osé se présenter contre lui, a passé six ans en prison. Saïda Neghza, femme d’affaires et candidate en 2024, a été condamnée pour “achat de parrainages”. Leur faute ? Avoir cru que le suffrage pouvait concurrencer la filiation. Autour d’eux, la même file d’attente : journalistes, syndicalistes, artistes, citoyens ordinaires. Tous coupables d’un seul délit : parler trop fort. La justice politique est devenue un art de la mise en scène : on punit pour l’exemple, on libère pour l’image, on rejoue la clémence quand les caméras s’allument. Les juges, eux, connaissent la partition : quelques-uns croient encore juger, les autres interprètent les gestes du pouvoir.

Pourtant, un frémissement traverse la magistrature. Certains réclament le droit de parole, le droit de penser sans autorisation. Un souffle faible mais réel, qui dérange la mise en scène. Peut-être le signe d’un réveil – ou simplement la fatigue d’une institution lassée d’être la servante d’un régime qui la tient en laisse.

Dans d’autres pays, la justice convoque les présidents, les interroge, les juge. Ici, elle les salue. Là-bas, un juge peut ordonner une perquisition ; ici, il attend un feu vert du palais. Là-bas, un magistrat se mesure à l’Histoire ; ici, il décroche quand ça sonne. Et tant que cette confusion régnera, la balance continuera de pencher du côté du téléphone.

Le président dit vouloir “protéger les droits du citoyen”. Il oublie que le premier droit, c’est de ne pas avoir peur de la justice. La nôtre fait peur, non parce qu’elle punit, mais parce qu’elle obéit. Elle n’est pas indépendante, elle est entretenue.

Et dans cette étrange intimité entre le pouvoir et la robe, il n’y a pas d’amour – seulement un contrat tacite entre le sceptre et la toge : tu me sers, je te garde. C’est cela, désormais, la définition de la stabilité.

Car la justice ne disparaît jamais d’un coup ; elle s’efface lentement derrière les privilèges des puissants.

Zaim Gharnati

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Sommet de Charm el-Cheikh : l’absence de Tebboune interroge

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Sommet de Charm El Cheikh
Sommet de Charm El Cheikh

L’absence d’Abdelmadjid Tebboune ou d’un représentant de haut niveau de l’Algérie au Sommet de la paix à Gaza, tenu le 13 octobre 2025 à Charm el-Cheikh, contraste avec la tradition diplomatique algérienne de soutien affirmé à la cause palestinienne. Elle constitue même un cinglant démenti des fanfaronnades sur les exploits de la diplomatie algérienne.

Ce sommet, co-présidé par Abdel Fattah al-Sissi et Donald Trump, a réuni plus de vingt dirigeants mondiaux, dont Emmanuel Macron, Recep Tayyip Erdogan et Abdallah II de Jordanie, autour d’un objectif central : consolider le cessez-le-feu et préparer la reconstruction de Gaza. Pas de Tebboune à la table de ce sommet. A l’heure des vraies décisions, Alger brille par son absence.

Une absence dans la continuité d’une ligne diplomatique prudente

Le nom de l’Algérie ne figure pas sur la liste officielle des participants publiée par la présidence égyptienne. Aucune déclaration présidentielle ou ministérielle spécifique n’a été faite pendant le sommet. Cette posture s’inscrit dans une continuité : déjà en octobre 2023 et en mars 2025, Alger avait décliné des invitations à des sommets régionaux similaires, invoquant des « désaccords profonds » sur les méthodes de règlement et la monopolisation des discussions par quelques capitales régionales.

En amont du sommet, Alger avait toutefois salué l’accord de cessez-le-feu soutenu par Washington et Le Caire, réaffirmant son appui au principe d’une solution pacifique sans s’impliquer directement dans la dynamique de négociation.

Un retrait qui affaiblit l’influence régionale d’Alger

Cette absence soulève des interrogations sur la capacité de la diplomatie algérienne à peser sur les dossiers qu’elle considère stratégiques. Alors que l’Égypte, le Qatar et la Turquie se positionnent comme médiateurs incontournables, le retrait algérien peut être perçu comme un signe de marginalisation dans la recomposition régionale.

Sur le plan bilatéral, cette posture réduit sévèrement la visibilité d’Alger auprès de ses partenaires occidentaux et arabes, et affaiblit son influence dans les futurs formats de négociation sur la question palestinienne. A preuve ? Elle n’a plus aucune influence, ni en Afrique, ni régionale, ni d’ailleurs au Moyen-Orient où elle a été mise à l’écart par les monarchies du Golfe. Souvenons-nous du sommet arabe d’Alger, (2022) il devait acter le retour du dictateur syrien, Bachar al Assad. Les pressions de monarchies arabes a poussé à reporter cette annonce au sommet de la Ligue arabe qui eut lieu à Djeddah, en Arabie saoudite.

Entre discours et réalités diplomatiques 

L’Algérie continue d’affirmer son soutien à la Palestine, mais son choix de rester en marge des grandes enceintes diplomatiques -voire son absence – marque un décalage entre son discours historique et son implication réelle. Cette posture pose la question de la place que le pays souhaite réellement occuper dans les équilibres régionaux à venir.

La rédaction

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Le Nobel de la paix 2025, est-il un prix « par procuration » à Donald Trump ?

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María Corina Machado,

Finalement, Donald Trump a fait le pied de grue pour rien ! Le comité de Stockholm ne lui a pas décerné le prix Nobel tant attendu. Et c’est à María Corina Machado, figure de proue de la droite extrême vénézuélienne que revient le « trophée ».

Le comité glisse ce qui suit en guise de justificatif dans son communiqué : « Elle (le) reçoit pour son travail inlassable en faveur des droits démocratiques du peuple vénézuélien et pour sa lutte pour parvenir à une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie ». 

De son côtéle président du comité Nobel norvégien, Jorgen Watne Frydnes, a salué depuis Oslo, « l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces derniers temps ». Pour quiconque s’intéressant aux rouages de cette prestigieuse distinction mondiale, cela peut facilement prêter à rire. Car, María Corina Machado, présentée comme la « dame de fer de Caracas » par les médias occidentaux n’est autre que la fille d’un homme d’affaires du secteur métallurgique en conflit avec l’ex-président vénézuélien Hugo Chavez qui a nationalisé ses entreprises.

Anticommuniste opposante au régime de Nicolás Maduro, au pouvoir depuis 2013, dont la tête est mise à prix par l’administration américaine, la quinquagénaire qui se réclame pourtant de l’héritage du grand « Libertador »  Simon Bolivar s’aligne radicalement sur la doxa ultralibérale, pro-américaine, pro-occidentale. 

D’ailleurs, lors de la dernière élection, en juillet 2014, à la magistrature suprême de Maduro, largement contestée par la droite vénézuélienne, Machado, déclarée inéligible par le pouvoir en place, avait fait campagne pour Edmundo Gonzalez Urrutia, un ex-diplomate « chaviste » resté jusque-là discret, récipiendaire avec Corina Machado elle-même, l’année passée, du Prix Sakharov attribué par l’union européenne, en préconisant la privatisation du fleuron des entreprises publiques du Venezuela ! Du pareil au même, diront d’aucuns. Et cerise sur le gâteau, l’opposante endurcie n’a pas pipé un seul mot contre le génocide israélien à Gaza.

Loin des théories du complot, c’est paraît-il le profil idéal pour le fameux prix. L’arrière-pensée idéologique, politique et  mercantiliste n’est pas à exclure. Le choix du comité pour cette récompense – très convoitée par Trump lui-même qui s’enorgueillit d’être à l’origine de la résolution de près de huit guerres planétaires dont celle à Gaza – pourrait lui être une sorte de lot de consolation.

Signalons au passage que ce dernier multiplie, surtout ces derniers temps, les provocations contre son voisin sud-américain. Tout cela jette, à vrai dire, des doutes sur la crédibilité d’un tel choix et surtout sur la crédibilité des critères de sélection des récipiendaires de cette haute distinction mondiale.  

 Kamal Guerroua

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Rencontre littéraire avec Arezki Metref à la librairie L’Arbre à Dires

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Arezki Metref
Arezki Metref

La librairie L’Arbre à Dires d’Alger accueillera, le samedi 18 octobre 2025 à 15h, une rencontre littéraire avec Arezki Metref, autour de ses deux romans récemment parus : Gens du peuplier (Éditions Casbah) et Traquenard (Éditions Nouba).

Située Immeuble Le 48, Chemin Sidi Yahia, Hydra (16016 Alger), la librairie propose ainsi un moment d’échange privilégié entre l’auteur et ses lecteurs, dans une atmosphère conviviale propice à la réflexion et au dialogue.

Dans Gens du Peuplier, Arezki Metref signe une fresque humaine sensible, où les silences parlent plus fort que les cris, et où les racines racontent ce que la mémoire tait.

Avec Traquenard, il explore une autre dimension de son univers, plus tendue et introspective, où les certitudes trébuchent et où la pensée se fait piégeuse.

Au programme : échanges, dédicaces et conversations autour de la littérature, de la création et de la vie.

Les lecteurs sont invités à venir nombreux, avec leurs questions, leurs idées — ou simplement pour le plaisir d’un café partagé sous les branches de L’Arbre à Dires.

Date : Samedi 18 octobre 2025 – 15h

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Riyad Mahrez : fin de carrière avec l’équipe d’Algérie ?

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Riyad Mahrez

Riyad Mahrez n’a pas parlé comme une star fatiguée, mais comme un capitaine conscient du temps.

Riyad Mahrez n’a pas annoncé sa retraite. Il a simplement confié, à l’issue de la victoire face à la Somalie, que la Coupe du monde 2026 serait sa dernière sous le maillot algérien. Une phrase anodine en apparence — « je ne suis pas Cristiano Ronaldo » — mais qui a résonné comme un aveu de lucidité.

À 34 ans, Mahrez sait que le corps parle avant les mots. Il sait aussi qu’il n’a plus rien à prouver à un public qui l’a vu briller sur toutes les scènes : de Leicester à Manchester City, du Caire à Blida. L’homme n’est plus en quête de gloire, mais de transmission. Son geste, sa voix, son tempo sont désormais ceux d’un joueur qui mesure l’héritage qu’il laissera derrière lui.

Un capitaine devenu symbole

Depuis la CAN 2019, remportée avec autorité, Mahrez est plus qu’un footballeur : il est un repère, une part du récit national. L’Algérie, quand elle vibre avec lui, dépasse le simple cadre du sport. Elle retrouve cette énergie du collectif, cette émotion que seule une victoire partagée peut ranimer.

En évoquant la fin, Mahrez n’éteint rien : il ouvre une autre étape. Celle de la transmission, de la relève, du passage du flambeau.

Une parole rare, un ton juste

Dans un monde où les carrières s’étirent artificiellement, où les champions se refusent à l’évidence du déclin, Mahrez fait exception. Il ne s’invente pas d’éternité. Il assume la fin comme un prolongement du début.

Sa phrase, lancée sans emphase, dit beaucoup de son rapport au football et à la vie : la dignité avant tout. Ne pas s’accrocher, ne pas trahir ce qu’on a été.

Cette sincérité, ce refus du mensonge, ont touché les supporters autant que ses dribbles.

2026 : le dernier voyage

Il lui reste encore deux années pour écrire la dernière page. Deux années pour transmettre aux plus jeunes — Bensebaini, Chaïbi, Gouiri, Aït-Nouri — ce sens du jeu et du devoir.

Deux années pour porter encore le vert et le blanc avec la même intensité, avant de fermer le livre sur une aventure commencée dans la discrétion et devenue légende.

Un héritage vivant

Mahrez n’est pas un joueur du passé, c’est un passeur du présent. Sa lucidité n’est pas un adieu, mais un enseignement : savoir quand partir, savoir comment rester.

Car chaque capitaine finit par devenir mémoire, et chaque mémoire, en Algérie, continue de jouer longtemps après le dernier match.

Ce n’est pas la fin d’une carrière. C’est le début d’une trace 

Djamal Guettala 

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L’Algérie signe un contrat pétrolier avec l’Arabie saoudite dans le bassin d’Illizi

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Accord algéro-saoudien sur le pétrole à Illizi
Le contrat a été signé par le PDG de Sonatrach Rachid Hachichi et le PDG de Midad Energy North Africa Abdullah Al Aiban.

L’Algérie a officialisé ce lundi la signature d’un contrat majeur dans le domaine des hydrocarbures avec la société saoudienne Midad Energy North Africa.

L’accord, conclu sous la forme d’un contrat de partage de production, concerne l’exploration et l’exploitation de la zone « Illizi Sud », l’un des périmètres les plus prometteurs du sud-est du pays, selon Sonatrach.

La cérémonie s’est tenue au siège de Sonatrach en présence du ministre de l’Énergie et des Mines Mohamed Arkab et de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en Algérie Abdullah bin Nasser Al-Busairi. Le contrat a été signé par le PDG de Sonatrach Rachid Hachichi et le PDG de Midad Energy North Africa Abdullah Al Aiban.

Un contrat à long terme et un investissement inédit

Ce contrat, signé dans le cadre de la loi algérienne sur les hydrocarbures (loi 19-13), s’étend sur 30 ans, avec une possibilité de prolongation de 10 années supplémentaires. Il inclut une phase d’exploration de sept ans, suivie d’une phase d’exploitation à grande échelle.

L’investissement global est estimé à 5,4 milliards de dollars, financé intégralement par Midad Energy North Africa. Sur ce montant, 288 millions de dollars seront alloués aux opérations de recherche et d’exploration. Il s’agit, selon la plateforme spécialisée Attaqa (basée à Washington), du contrat énergétique le plus important jamais signé en Algérie en termes de valeur et de durée.

Illizi Sud, un gisement stratégique

Située à une centaine de kilomètres au sud d’In Amenas, la zone contractuelle d’Illizi Sud offre un potentiel considérable. Les volumes estimés en fin de période contractuelle atteindraient 993 millions de barils équivalent pétrole, dont 125 milliards de m³ de gaz commercialisable et 204 millions de barils de liquides pétroliers (gaz de pétrole liquéfié et condensats).

L’accord prévoit le recours aux technologies les plus avancées, dans le respect strict de la réglementation environnementale. L’État insiste également sur la priorité donnée au contenu local et à la sous-traitance nationale, avec l’objectif affiché de renforcer le tissu industriel et la main-d’œuvre locale dans le secteur pétrolier.

Une coopération énergétique renforcée avec Riyad

La signature de cet accord consacre une étape supplémentaire dans le rapprochement économique entre Alger et Riyad. Pour l’Algérie, cette coopération représente une opportunité stratégique de mobiliser des capitaux étrangers tout en valorisant ses ressources naturelles.

Selon plusieurs analystes du secteur, cette transaction traduit une évolution dans la politique énergétique algérienne, qui cherche à conjuguer souveraineté sur les ressources et attractivité pour les investisseurs internationaux. Elle s’inscrit également dans une dynamique plus large : la relance de l’exploration et du développement des hydrocarbures à travers des partenariats avec des acteurs majeurs du marché mondial.

Une stratégie de sécurisation énergétique à long terme

La signature du contrat d’Illizi Sud intervient quelques mois après l’attribution de plusieurs licences d’exploration à des partenaires internationaux, parmi lesquels QatarEnergy, TotalEnergies, Eni et Sinopec. L’ensemble de ces accords illustre une politique volontariste visant à consolider la production nationale de pétrole et de gaz.

Pour l’analyste énergétique Abdelaziz B. cité par la plateforme Attaqa basée à Washington, « en misant sur des contrats de long terme et sur une diversification de ses partenaires, l’Algérie cherche à sécuriser ses approvisionnements, à renforcer sa position sur les marchés d’exportation et à maintenir son rôle stratégique dans le bassin méditerranéen ».

 Avec ce contrat, l’Algérie franchit une nouvelle étape dans sa stratégie énergétique : renforcer sa production, attirer des investissements lourds et consolider des alliances avec des partenaires stratégiques, au premier rang desquels figure l’Arabie saoudite.

Samia Naït Iqbal

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Tebboune se vouvoie !

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Tebboune, le président algérien

Il est dans le destin des autocrates de finir par croire en leur incarnation du tout. Un état psychiatrique qui est la dernière étape d’une ascension par la terreur. C’est le cas de notre Abdelmadjid national dans une intervention lors de l’ouverture de l’année judiciaire 2025-2026. Il annonce que le nouveau statut de la magistrature sera promulgué avant la fin de l’année 2026. 

J’ai lu un extrait de son discours (très rare) reproduit dans la presse qui illustre l’illumination de ce président installé dans les hauteurs de son délire. Voici l’extrait :

« Convaincus du rôle vital de la magistrature, nous avons constamment insisté, dans les directives adressées au Gouvernement, sur la nécessité de bien prendre en charge les fonctionnaires du secteur de la justice et de poursuivre les efforts visant à moraliser l’action judiciaire et à la promouvoir en termes de qualité et d’efficacité », bla, bla, bla…

Rien ne vous a surpris ? Commençons par ce qui est le plus burlesque, il se vouvoie  « Convaincus  (au pluriel)…directives adressées au Gouvernement… ». Qui est ce « nous » que représente le pluriel ? Puis, si ce n’est pas le président, c’est le gouvernement qui a adressé les directives à lui-même ? 

Le réflexe oratoire est tout à fait conforme à la réalité, le gouvernement et autres instances de l’état, c’est lui. Il est tellement pénétré par cette croyance intime que le vouvoiement en parlant de sa personne est naturel dans l’usage de ses paroles.

Mais il y a plus sérieux, n’avez-vous pas trouvé le second élément ? Voilà que les magistrats sont des fonctionnaires. Les fonctions dans leur nom légal ont-elles été modifiées et je ne m’en suis pas rendu compte ?  Je suis allé à la recherche documentaire la plus évidente.

Les magistrats, comme il est normal de le lire dans cette documentation, n’ont pas le statut de fonctionnaires. Le statut des magistrats est intégré dans la loi organique 04-11 du 6 septembre 2004 suivie par deux modifications (la précision de la référence provient de ma rapide recherche et non de mon érudition).

Pas besoin d’être docteur en droit pour savoir que le statut de la magistrature est indépendant de celui des fonctionnaires. Abdelmadjid n’a jamais dû lire Montesquieu et sa théorie de la séparation des pouvoirs.

Un fonctionnaire est sous statut de la fonction publique et placé sous la subordination du pouvoir exécutif, au plus haut rang duquel est le Président. Les magistrats sont donc soumis à son autorité hiérarchique et non indépendants comme je le lis dans son discours (ou alors je dois revoir mon français). C’est pour cela qu’une loi organique, supérieure à la loi ordinaire, est justifiée par l’importance donnée en vertu de la séparation des pouvoirs et le respect de leur indépendance. 

Nous l’avons déjà dit, la séparation des pouvoirs, surtout en rapport avec le sien, est un concept qui lui est inconnu et même impossible de concevoir. Elle est pourtant dans la constitution qu’il a rédigée au-dessus des épaules des constitutionnalistes algériens.

Abdelmadjid se vouvoie et estime que les juges sont des fonctionnaires, il y a un fait qu’on ne peut pas lui renier, c’est conforme à la réalité. Enfin un président qui la dit à ses sujets. 

Mais tant qu’à concevoir que le pouvoir judiciaire, c’est lui, il faut en rajouter une couche. L’article 180 de la constitution nous précise que le président de la république est de plein droit le président du Conseil Supérieure de la Magistrature. Photocopier la constitution française dans ce qu’il y a de bon et rejeter ce qu’il y a de mauvais pour le régime militaire est une pratique courante pour nos grands universitaires constitutionnalistes sous ordres. 

Et c’est bien le cas car le texte français avait supprimé cette anomalie à la séparation des pouvoirs. Le Président de la république français ne préside plus le Conseil Supérieur de la Magistrature depuis la révision constitutionnelle de 2008. Il reste uniquement le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Cette dernière raison avait légitimé qu’il en soit le président sans avoir de pouvoir hiérarchique sur les magistrats. Mais c’était anormal.

Ah, j’oubliais, la cérémonie s’est terminée par l’hymne national et la magistrature, debout comme un seul homme applaudissant le président. C’est rigolo car il existe une magistrature « assise » dite « du siège » et ceux qui sont qualifiés de « debout ». Mais lorsque le président est présent, le statut de sujet du roi reprend le dessus, ils se couchent. La sémantique a souvent de l’humour. 

Lorsque le statut des magistrats algériens garantira la séparation des pouvoirs inscrite dans la constitution, vous viendrez me le dire au pied de ma tombe (une expression que j’utilise souvent concernant l’Algérie). 

Je vous attendrai, j’ai toute l’éternité pour cela.

Boumediene Sid Lakhdar

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Influenceurs sous bannière nationale : vers une armée de proxys numériques ?

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« camp des créateurs de contenu »
Le « camp des créateurs de contenu » au garde-à-vous

La clôture, samedi soir à Alger, de la deuxième édition du « camp des créateurs de contenus » a marqué une nouvelle étape dans la stratégie du pouvoir algérien d’encadrement du champ numérique. Fermez le ban !

L’événement a été couronné par l’annonce officielle de la création du réseau algérien de créateurs de contenus une structure qui regroupe plus de 300 créateurs et influenceurs.

Pour les autorités, ce dispositif s’inscrit dans une logique d’« accompagnement des compétences, de promotion du contenu national et de renforcement de l’économie numérique ». Mais au-delà du discours lisse et institutionnel, cette opération soulève des questions de fond sur les véritables finalités de cette mobilisation massive d’influenceurs au service d’un récit national contrôlé.

Une mobilisation structurée et encadrée

En présence de plusieurs membres du gouvernement, à commencer par Mustapha Hidaoui, président du Haut conseil de la jeunesse et de Zohir  Bouamama, ministre de la Communication, l’événement a été présenté comme un tournant : la « naissance officielle » d’un réseau national des créateurs de contenu.

Le ministre de la Communication n’a pas caché la dimension stratégique de l’initiative : « Les influenceurs sont une ligne de défense avancée dans la bataille de la conscience », a-t-il déclaré, faisant explicitement le lien entre le numérique et la sécurité nationale. Le ton est donné : les influenceurs sont appelés à jouer un rôle politique et sécuritaire de premier plan. On ne s’en cache plus, c’est de bonne guerre !

Le numérique comme champ de bataille

Le discours officiel, repris par le représentant du ministère de la Défense nationale, insiste sur la « bataille de la conscience », à mener contre les menaces informationnelles. Ce vocabulaire martial traduit une conception du numérique non pas comme espace de liberté et d’innovation, mais comme un terrain de confrontation stratégique, où les créateurs de contenus deviennent des auxiliaires du récit conçu par et à la gloire du pouvoir politico-militaire.

Cette approche, largement inspirée des doctrines contemporaines de guerre informationnelle, vise à occuper le terrain numérique par une présence coordonnée, afin de contrer les discours critiques ou concurrents. Elle interroge néanmoins sur l’autonomie réelle de ces influenceurs et sur la place laissée à la diversité d’opinions dans l’espace public digital algérien.

Entre patriotisme et alignement politique

La « souveraineté narrative » invoquée par les responsables traduit une volonté de contrôler les imaginaires et les discours. On a connu l’article 120, on découvre l’armée des proxys ! En appelant à une « front numérique » au nom de l’unité nationale, le pouvoir cherche à transformer les influenceurs en relais de sa communication politique — voire en « proxys numériques », capables d’amplifier ses messages auprès des jeunes publics. Comme le pouvoir est dépourvu de réalisations concrètes à avancer pour convaincre les citoyens, il s’invente une armée d’influenceurs qui seront chargés de penser à la place des Algériens et de fabriquer un récit national imaginaire.

En effet, même si l’on assiste à une guerre numérique, il demeure que derrière le registre patriotique se dessine une stratégie de canalisation d’un écosystème numérique qui, jusque-là, échappait largement aux canaux institutionnels. La question reste posée : s’agit-il d’un partenariat équilibré ou d’une récupération politique ?

Les zones d’ombre

Le camp des créateurs de contenus a débouché sur des recommandations concrètes : création d’un code national de la profession, formations, campagnes de sensibilisation, prix annuels pour les « meilleurs contenus ». Mais aucune discussion publique n’a eu lieu sur la gouvernance de cette nouvelle « réseau national », ni sur les garanties d’indépendance de ses membres.

Qui définira les critères du « contenu national » ? Quels garde-fous empêcheront que cette mobilisation ne se transforme en instrument de propagande officielle ?

Une « armée douce » pour un récit contrôlé

En intégrant les influenceurs dans une stratégie nationale de communication, le pouvoir algérien cherche manifestement à renforcer sa présence dans les espaces numériques, considérés comme de nouveaux terrains de compétition politique et géopolitique.

Si l’objectif affiché — défendre la cohésion nationale et contrer la désinformation — peut sembler légitime, le risque est grand de voir émerger une armée douce de communicants alignés, au détriment du pluralisme et de la liberté de création.

La bataille de la conscience, évoquée avec emphase, pourrait alors se transformer en bataille du récit unique. Le dégel des esprits n’est pas pour aujourd’hui.

Samia Naït Iqbal

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