26 avril 2025
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Tunisie : Kaïs Saïed limoge Premier ministre Kamel Madouri

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Kais Saied
Kais Saied, le prototype d'un dictateur arrivé au pouvoir par le vote.

Le président tunisien, Kaïs Saïed, a limogé son Premier ministre, Kamel Madouri, dans la nuit de jeudi à vendredi, moins de huit mois après l’avoir nommé, et a désigné la ministre de l’Équipement, Sarra Zaafrani Zenzri, pour le remplacer. 

Le président tunisien Kaïs Saïed a décidé de limoger dans la nuit de jeudi à vendredi le Premier ministre Kamel Madouri, un technocrate qui avait été nommé en août dernier lors d’un vaste remaniement, selon un communiqué de la présidence.

Il a été immédiatement remplacé par Sarra Zaafrani Zenzri, ministre de l’Équipement. Sarra Zaafrani, ingénieure en génie civil de formation et haute fonctionnaire, prend ses fonctions au moment où le pays traverse de graves difficultés économiques et financières, et est en outre critiqué par l’ONU pour l’emprisonnement d’opposants.

Pas d’explication officielle

Aucune explication officielle n’a été fournie au départ de Kamel Madouri. Il s’agit du quatrième limogeage, sans autre forme de procès, d’un chef du gouvernement en Tunisie depuis le coup de force de Kaïs Saïed à l’été 2021. Comme elle a coutume de le faire, la présidence a annoncé le limogeage de Kamel Madouri très tôt vendredi, dans un communiqué laconique sur Facebook.

Sans un mot pour son désormais ex-Premier ministre, Kaïs Saïed a insisté auprès de Sarra Zaafrani sur la nécessité de mieux coordonner « le travail gouvernemental » et de chercher à dépasser « les obstacles pour réaliser les attentes du peuple tunisien »..

Le président avait laissé transparaître son mécontentement ces dernières semaines, exhortant ses ministres à passer aux actes.

Avec Rfi/AFP

Donald Trump démantèle le département de l’Éducation: «On fait sauter un garde-fou»

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Donald Trump
Trump part en guerre économique.

Le président américain a signé, jeudi 20 mars 2025, un décret prévoyant à terme la fermeture du département fédéral de l’Éducation. S’il joue un rôle limité dans le système éducatif aux États-Unis, sa disparition ne serait pas sans conséquences sur la scolarité des jeunes Américains. Explications.

Après avoir annoncé il y a dix jours sa volonté de licencier près de la moitié de son personnel, le président Donald Trump a signé ce jeudi 20 mars un décret visant au démantèlement du département de l’Éducation.

Cette annonce n’est pas une surprise puisqu’il s’agit d’une promesse de campagne qui figurait dans le programme Project 2025, dont le candidat s’est largement inspiré. Pour le fermer totalement, il faudra l’approbation du Congrès et une majorité de 60 votes au Sénat, où les républicains ne disposent que de 53 sièges.

Mais en attendant, il s’agit « d’une sorte de liquidation pour le rendre inopérant », commente Laurie Béreau, maîtresse de conférence en anglais à l’université Rennes 2 et spécialiste des politiques éducatives aux États-Unis.

Si cette décision s’inscrit dans le cadre de l’offensive générale contre l’État fédéral aux États-Unis pour réduire les dépenses publiques, c’est aussi une nouvelle attaque conservatrice contre les idées progressistes. « Les contribuables n’auront plus à payer des dizaines de milliards de dollars pour des expérimentations sociales progressistes et des programmes obsolètes », s’est d’ailleurs réjouie la Maison Blanche en amont de la signature.

L’enjeu, c’est que « l’État fédéral mette moins son nez dans les politiques éducatives pour laisser les mains complètement libres aux États fédérés », analyse la spécialiste.

Le gardien de l’égalité des chances dans l’éducation

Largement décentralisé, le système éducatif relève déjà essentiellement de la compétence des États. Le gouvernement fédéral n’intervient que pour 10% environ dans le financement total des établissements scolaires. L’organisation des écoles, l’âge légal de scolarisation des enfants ou encore le contenu des programmes scolaires sont déjà l’apanage des États.

Mais le département de l’Éducation garde un rôle non négligeable. L’État fédéral supervise les politiques éducatives et alloue certains fonds. C’est notamment lui qui gère les programmes de prêts universitaires, les bourses Pell pour les étudiants les plus précaires ou encore le financement des aides pour les étudiants en situation de handicap. Il est aussi chargé de veiller à l’égalité des chances dans l’éducation.

« L’État fédéral est le garant de l’application par les États fédérés des directives de lutte contre les discriminations économiques, sociales et raciales, précise Laurie Béreau. Malgré une participation limitée au financement total, il est là pour s’assurer que le service distribué ne soit pas discriminant.

Le risque avec son démantèlement, c’est donc la perte d’une espèce de contre-pouvoir qui veillait à ce que, dans leurs prises de décisions, les États fédérés respectent les principes de la Constitution américaine. »

Elle centralise aussi la collecte des données sur le système éducatif. « La liquidation de ce ministère veut dire qu’on va perdre l’accès à ces données qui permettent de s’assurer que les politiques menées par les États fédérés n’entrent pas en contradiction avec les libertés, avec les droits qui sont contenus dans la Constitution américaine », estime la spécialiste.

Selon les médias américains, certaines fonctions de l’agence seraient réaffectées, comme les bourses aux étudiants et des fonds aux écoles à faibles revenus à travers le pays. Mais pour Laurie Béreau, « c’est un garde-fou qui saute institutionnellement ». Dans certains États conservateurs, comme la Floride ou le Texas, des contenus pédagogiques relatifs à l’esclavage ont été modifiés et des livres ayant trait à l’homosexualité ou au racisme ont pu être retirés des bibliothèques scolaires. « On va perdre le peu d’unité qu’assurait l’État fédéral au niveau des 50 États. » Avec le risque de voir s’accroître encore les disparités de financement entre les écoles publiques. 

Une longue croisade

Les tentatives républicaines de faire abolir le département de l’Éducation, créé en 1979 sous la présidence du démocrate Jimmy Carter, ne datent pas d’hier. Mais elles ont pris de l’ampleur ces dernières années sous l’impulsion du « Parental rights movement », le mouvement pour les droits parentaux, en réaction aux politiques progressistes qui préconisaient par exemple des programmes d’inclusion destinés aux élèves LGBT+.

Il s’est aussi opposé aux fermetures d’écoles et aux restrictions sanitaires imposées lors de la pandémie de Covid-19, considérées par certains comme une atteinte aux droits des parents sur l’éducation de leurs enfants.

Lors de son premier mandat, Donald Trump avait déjà tenté de faire supprimer ce ministère, mais cette mesure n’avait pas été adoptée par le Congrès à l’époque.

C’est aussi un nouveau front judiciaire qui s’ouvre pour l’administration Trump. Cette décision est d’ores et déjà contestée par les procureurs généraux d’États américains dirigés par des démocrates, qui ont déposé un recours la semaine dernière.

RFI

Une loi criminalisant le colonialisme en Algérie en préparation ?

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Parlement
L'APN symbole d'un système sclérosé et clientéliste.

Les autorités algériennes auraient-elles enfin donné leur aval pour l’élaboration d’une loi criminalisant la colonisation française en Algérie ? Ce dossier arrive au moment dune crise profonde entre Alger et Paris.

À en croire le site arabophone Sabq Press, qui rapporte l’information, l’initiative, longtemps débattue au sein de la chambre basse du Parlement, serait sur le point de prendre forme.

Une commission aurait en effet été mise en place pour élaborer le texte législatif en question.

Selon les informations relayées par le site arabophone, le palais Zighoud Youcef, siège de l’Assemblée populaire nationale (APN), connaîtrait une mobilisation inhabituelle des différents blocs parlementaires, désormais engagés dans la préparation de cette loi.

Contrairement aux tentatives précédentes qui n’avaient pas abouti, celle-ci bénéficierait d’un feu vert implicite des hautes autorités du pays, signe d’un changement dans l’approche officielle.

Les six blocs parlementaires représentés à l’APN travailleraient en coordination afin d’assurer que la proposition législative reste neutre et ne soit marquée par aucun parti pris politique.

Un comité conjoint, composé d’un représentant de chaque groupe parlementaire et assisté par des experts juridiques, devrait être officiellement constitué dimanche prochain pour finaliser le projet de loi avant sa soumission à la Commission juridique de l’Assemblée.

D’après les mêmes sources, le texte serait examiné dans les semaines à venir par la commission parlementaire compétente, avant d’être soumis au vote de la Chambre des députés. Son adoption semblerait désormais probable, compte tenu du contexte actuel marqué par la détérioration ans précédent des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie. 

Il convient de rappeler que l’APN avait déjà tenté en 2006 de faire adopter un projet similaire, en réaction à une loi française de 2005 glorifiant la colonisation. Toutefois, ce projet n’avait jamais abouti.

Aujourd’hui, alors que les discours justifiant ou minimisant la colonisation se multiplient au sein de l’extrême droite française, cette initiative parlementaire pourrait connaître une issue différente.

Sabq Press rappelle notamment les déclarations récentes de Marine Le Pen, qui aurait affirmé que « le colonialisme français en Algérie n’a pas été une tragédie », soutenant que la France aurait fourni à l’Algérie les ressources nécessaires à son développement.

La rédaction

Tiaret : ce que l’on sait après l’effondrement d’un plancher en béton au chantier de l’APW

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Le 18 mars 2025, un accident majeur s’est produit sur le chantier de construction du nouveau siège de l’Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tiaret, actuellement en cours de réalisation.

Ce drame a entraîné l’effondrement d’un plancher en béton, causant des blessures à neuf ouvriers. Parmi les victimes, trois se trouvent dans un état jugé préoccupant, les victimes ont été rapidement admises au service des urgences médico-chirurgicales de l’hôpital Youcef Damardji.

Bien qu’un drame encore plus grave ait été évité de justesse, cet incident soulève de nombreuses interrogations sur ses causes.

Selon des sources rapportées par Le Matin d’Algérie,« le coulage du plancher a été effectué sans la supervision du bureau détudes qui était aux abonnés absents lors du colage en infraction aux règles d’urbanisme ». La même source affirme que « le bureau d’études n’a pas sollicité le CTC après la finalisation des travaux de coffrage et de ferraillage, comme cela aurait dû être fait ».

Plus alarmant encore, un ouvrier blessé a témoigné sur la chaîne Ennahar TV, affirmant : « Cela fait 15 jours que nous sommes restés sans activité, et ce n’est qu’aujourd’hui que nous avons été informés du lancement de l’opération de coulage du béton ». Ce que laisse à penser que la réception du coffrage et du ferraillage aurait été effectuée plusieurs jours avant que le drame ne survienne.

Pour ce qui est de la seconde infraction, selon les sources du Matin d’Algérie, les ouvriers n’étaient pas déclarés auprès de la CNAS, contrairement aux affirmations de l’entrepreneur au wali Said Khalil, lors de sa visite sur les lieux du drame.

Ce constat met en lumière des pratiques irresponsables qui non seulement enfreignent les lois en vigueur, mais compromettent également la sécurité et les droits des travailleurs.

Un tel manquement soulève des préoccupations majeures quant au respect des réglementations dans la gestion de ce chantier.

Un enchaînement d’imprudences et de lacunes graves semble avoir conduit à cet accident, laissant planer un doute sur la rigueur et la conformité des pratiques adoptées dans ce projet.

Pour l’heure, aucune déclaration officielle n’a été émise par les autorités locales, y compris la direction des équipements publics, en charge du projet.

K. O.

«Crime d’État », la marmite politique d’une révolution

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Abane Ramdane

Il y a des livres qui sont difficiles à lire tant ils portent la plume là où ça fait mal, heurtent notre naïveté et sa fibre sensible. Époustouflant.

Je viens de lire « Crime d’État » écrit par Farid Alilat… il me laisse sans voix…pas tant sur toutes sortes de révélations concernant la maffia des frontières mais sur le fait que Krim Belkacem en personne a bel et bien participé à l’élimination de Abane Ramdane ! ?

Décidément, c’était mal parti bien avant 1962, et nous continuons à en payer les pots cassés.

Je comprends mieux l’adage du terroir : « khelli bir b’eghtah », « touche pas au couvercle de la marmite », car le fond de la marmite recèle des secrets qu’il est très difficile d’ingurgiter sans se risquer à une fausse route alimentaire …

J’avoue que mon incurie en histoire m’a fait relire le passage suivant x fois pour me convaincre du fait que je lisais bien un récit historique et non une fable sortie d’un conte à ne pas lire aux enfants.

« Abane Ramdane, premier crime d’État

Dans l’avion qui vole vers le Maroc, Abane cogite. Il se tourne vers Krim et lui glisse : « Je sens un sale coup qui vient, mais tu le regretteras… »

L’appareil transportant les trois hommes atterrit sur le tarmac de l’aéroport de Tétouan. Il reste moins d’une heure à vivre à Abane. Sur place, Boussouf est accompagné de Abdelkader Maachou, responsable du Maroc oriental, ainsi que de deux malabars. Tandis que les trois passagers attendent leurs bagages, Boussouf entraîne Krim par le bras pour lui annoncer d’un ton ferme : « Il n’y a pas de prison assez sûre pour garder Abane. J’ai décidé sa liquidation. » Alors que les bagages ne sont pas encore livrés, Abane ne remarque pas le manège autour de lui. Krim, Chérif et Boussouf échangent des propos mezza voce. Boussouf fait mine de les fouiller pour confisquer leurs armes. Abane n’en porte pas.

"Krim Belkacem, un crime d'Etat", par Farid Alilat

Boussouf est agité, surexcité. Il sait qu’il reste moins d’une heure pour exécuter Abane Ramdane. Il a déjà désigné les tueurs, des hommes à lui qu’il a choisis dans le camp de Khémisset, dans la région de Rabat.

À l’extérieur de l’aéroport, deux Simca Versailles bleues attendent. Abane monte dans la première voiture, encadré par les deux malabars de Boussouf, tandis que Mahmoud Chérif monte à l’avant. Dans le second véhicule prennent place Krim, Boussouf et Maachou.

Le convoi prend la route en direction de la ferme de Tétouan. Après avoir roulé longuement, les deux véhicules pénètrent dans cette ferme isolée et s’arrêtent devant une bâtisse avec un étage. Toujours encadré de ses gardiens, Abane est dirigé vers l’intérieur de la bâtisse où se trouvent déjà quatre hommes armés.

À peine est-il arrivé devant eux que les quatre hommes lui sautent dessus, le ceinturent avant de le conduire dans une pièce. Krim et Mahmoud Chérif regardent sans broncher Abane disparaître dans cette chambre. À l’intérieur, Abane a les mains attachées derrière le dos avec une grosse ceinture.

On tente de lui mettre un bâillon dans la bouche. Boussouf le prend par la gorge et l’injurie. Abane s’agite, mais n’y peut rien devant la force de ces hommes. Boussouf ordonne à ses sicaires d’entraîner Abane dans une autre pièce et de l’attacher à une chaise tandis que lui monte au premier étage pour rejoindre Krim et Mahmoud Chérif. S’ensuit une discussion entre les trois hommes. Le conciliabule dure quelques minutes. « Abane y passera et bien d’autres y passeront », avertit Boussouf. Son sort est définitivement scellé. Ils redescendent au rez-de-chaussée.

Dans l’autre pièce, Abane Ramdane est sur une chaise. Deux hommes se saisissent d’une ceinture et l’étranglent, chacun tirant d’un côté. Boussouf se joint à eux pour participer à la mise à mort du supplicié. Abane émet des râles, gesticule des pieds, les yeux exorbités, le visage tournant au bleu. Et puis son corps lâche prise. Il est mort. Les yeux injectés de sang, le souffle rauque, la tête d’un monstre, Boussouf sort de la pièce pour rejoindre Krim et Mahmoud Chérif avant de les inviter à aller constater la mort de Abane Ramdane qui gît sur un lit.

La ceinture autour du cou. Qui sont les deux hommes qui ont accompli la sale besogne en compagnie de leur chef ? Le premier s’appelle Mohammed Abdelli, dit Hamid, déserteur de l’armée française qui a été récupéré par Boussouf pour en faire un de ses hommes de main. À l’indépendance de l’Algérie, Abdelli sera élevé au grade de colonel et dirigera l’aviation militaire. Le second étrangleur est Mohamed Rouaï, alias Toufik, dit Hadj Barigou, bras droit de Boussouf au Maroc et plus tard un des maillons forts du MALG (ministère de l’Armement et des Liaisons générales).

Alors que la dépouille de Abane est ensevelie dans un coin de la cour de cette ferme, Krim Belkacem, Mahmoud Chérif et Boussouf déjeunent ensemble avant de prendre la route vers Tanger pour y passer la nuit. »

Finalement, on a beau cogiter la chose dans tous les sens, le crime est l’étendard de toute révolution. Nos beaux discours humanistes n’y changeront rien !

Le clanisme au sommet ne date pas d’hier… les voyous ont gangrené la révolution dès le départ…

Cela dit, « Un crime d’État, règlements de comptes au cœur du pouvoir algérien » se lit comme un roman et se déguste sans modération !

Kacem Madani

« Un crime d’Etat, règlements de comptes au cœur du pouvoir algérien », de Farid Alilat, éditions Plon

Regards croisés sur l’œuvre de Mohammed Dib : littérature, Arts, cinéma (Paris)

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La JDE entend rendre un hommage à Mohammed Dib, l’un des plus grands écrivains algériens de langue française, disparu il y a plus de vingt ans, qui s’est fait connaître avec la trilogie Algérie, parue dès 1952. Son œuvre protéiforme (roman, poésie, théâtre, contes…) a exercé une influence importante sur les générations d’intellectuels algériens francophones qui suivront. 

Les approches plurielles permettront d’éclairer divers aspects de l’œuvre dibienne : l’adaptation en 12 épisodes à la télévision algérienne de la trilogie (El Harik en 1974), l’engagement dans le journalisme, la résonance des motifs/thèmes de la fiction dans l’actualité, l’importance de la création dramaturgique dans son parcours… 

Il s’agira de mettre en valeur, outre l’actualité de l’œuvre dibienne, sa dimension avant-gardiste, voire iconoclaste. Une nouvelle lecture de la production de ce grand écrivain pourra ainsi être esquissée, faisant un pas-de-côté, par rapport à la critique établie de cette œuvre.

Des lectures-performances, des traductions assurées par des étudiants de l’université, scanderont divers moments de l’événement… 


Avec le soutien de Fablitt, la SIAMD, la CICLIM, AEAF

 Rendez-vous le 29 avril 2025

À l’Université Paris 8- La Coupole 

Cherif Mellal : 18e jour de grève de la faim

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Cherif Mellal

Cherif Mellal est en détention depuis le 19 janvier 2023. L’ancien président de la JS Kabylie observe une grève de la faim depuis le 3 mars 2025, rapport Me Sadat.

Depuis son premier procès, Cherif Mellal clame son innocence. Toutes les personnes averties du fonctionnement de la justice savent pertinemment que son embastillement et sa lourde condamnation sont arbitraires.

En effet, rapporte Me Fetta Sadat, une condamnation à une peine de quatre ans de prison ferme a été infligée à Cherif Mellal par jugement rendu par le pôle pénal économique et financier sis au tribunal de Sidi M’hamed en date du 23 octobre 2024, jugement confirmé dans toutes ses dispositions par arrêt rendu par la chambre pénale près la cour d’Alger en date du 25 février 2025.

Le détenu d’opinion n’est pas à sa première grève de la faim, ultime et extrême moyen que lui a laissé le pouvoir pour se faire entendre. Mais, ceux qui ont décidé sa condamnation le laisseront-ils mourir en prison comme ce fut le cas notamment pour le Dr Kamel-Eddine Fekhar et Mohamed Tamalt ?

L. M.

La Tunisie se retire de la Cour africaine des droits de l’Homme

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En ce jour de l’indépendance, la Tunisie renie ses engagements et anéantit une autre garantie pour le peuple tunisien en matière de droits humains, écrit le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT).

En ce jour symbolique du 20 mars, célébrant l’indépendance de la Tunisie et la souveraineté de son peuple, nous apprenons avec une profonde consternation que les autorités en place en Tunisie ont décidé de retirer leur déclaration sous l’article 34(6) du Protocole de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.

Cette décision prive désormais les citoyen-ne-s tunisien-ne-s et les ONG de défense du droit de saisir directement la Cour africaine pour alléguer les violations des droits fondamentaux commises par l’État tunisien et demander les remèdes et les indemnisations auxquels ils ont droit. Elle constitue un manquement grave à la Constitution de 2022, notamment tout son chapitre II, et un reniement ignoble des engagements pris par la Tunisie en matière de justice et de protection des droits humains, découlant de la ratification de la Charte africaine des droits de l’homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Un engagement historique réduit à néant

Le parcours de la Tunisie au sein de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples témoigne d’un engagement progressif en faveur de la justice internationale :

  • 9 juin 1998 : lors du sommet de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) à Ouagadougou (Burkina Faso), le Protocole annexé à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples portant création de la Cour africaine est adopté.
  • 7 août 2007 : la Tunisie ratifie ce Protocole, intégrant ainsi officiellement la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples dans son cadre juridique.
  • 02 juin 2017 : dans une avancée majeure et révolutionnaire pour un pays arabe, musulman et maghrébin, la Tunisie dépose sa déclaration sous l’article 34(6), permettant aux individus et aux ONG de saisir directement la Cour pour dénoncer des violations des droits humains. À cette époque, seuls 10 autres États africains avaient adopté cette déclaration, faisant de la Tunisie un modèle en matière de justice internationale en Afrique du Nord.

En choisissant de faire marche arrière, les autorités tunisiennes annulent ces avancées et rejettent une justice indépendante qui aurait pu constituer une protection subsidiaire pour les citoyens contre les abus du pouvoir.

Une décision lourde de conséquences

Le retrait de la déclaration sous l’article 34(6) affaiblit gravement la protection des droits humains en Tunisie:

  • Privation d’un recours international : les victimes de violations des droits humains ne pourront plus se tourner vers la Cour africaine lorsque la justice tunisienne s’avère incapable de remédier aux violations des droits de l’homme ou les commet elle-même.
  • Renforcement de l’impunité du pouvoir : ce retrait facilite l’échappatoire face aux arrestations arbitraires, à la répression des opposants et des journalistes, ainsi qu’aux restrictions croissantes des libertés publiques, surtout avec la série de procès politiques et ceux visant la liberté d’expression et d’association, verrouillant ainsi l’espace public.
  • Abandon des migrants subsahariens aux violences : il empêche également toute action en justice pour dénoncer les expulsions brutales, agressions racistes et traitements inhumains dont sont victimes de nombreux migrants en Tunisie.

Un repli honteux et une tentative d’échapper à la justice

Le retrait de la déclaration sous l’article 34(6) n’est pas une simple décision technique, mais un choix politique visant à se soustraire aux mécanismes de reddition de comptes. Il intervient à un moment où la Tunisie est de plus en plus critiquée pour ses dérives autoritaires et la multiplication des violations des droits humains.

Le CRLDHT rappelle que ce retrait ne prendra effet qu’en mars 2026, selon la jurisprudence de la Cour africaine. Nous appelons toutes les victimes de violations des droits humains à déposer des plaintes auprès de la Cour avant cette échéance, afin d’empêcher que ce retrait ne serve de bouclier à l’impunité du régime. Le CRLDHT reste à leur disposition pour leur fournir le conseil juridique approprié.

Il nous reste la justice internationale

Si les autorités en place en Tunisie pensent pouvoir échapper à leurs responsabilités en restreignant l’accès à la Cour africaine, nous leur rappelons que la justice internationale ne se limite pas à cette Cour.

Le Comité des droits de l’homme des Nations unies, la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes les plus graves, les mécanismes des rapporteurs spéciaux et de pression des Nations unies et de l’Union européenne, ainsi que la compétence universelle des tribunaux nationaux restent autant de voies pour dénoncer les violations commises en Tunisie et exiger des comptes. Le CRLDHT n’hésitera pas à saisir ces instances et à assister les victimes dans leurs démarches.

Le CRLDHT réaffirme son engagement à poursuivre le combat pour que les responsables des abus et des crimes ne restent pas impunis.

Appel à la mobilisation

En ce jour de l’indépendance, qui devrait être une célébration de la souveraineté et de la justice, nous refusons d’accepter ce retour en arrière.

Le CRLDHT appelle :

  • Le gouvernement tunisien à revenir immédiatement sur cette décision et à respecter ses engagements internationaux.
  • L’Union africaine et les instances internationales à exercer des pressions diplomatiques et politiques pour empêcher cette régression.
  • Les organisations de défense des droits humains à se mobiliser contre cette tentative de priver les citoyens tunisiens d’un accès à la justice.
  • Les citoyens tunisiens et les migrants victimes d’abus à déposer massivement des requêtes devant la Cour africaine avant mars 2026.

En ce jour du 20 mars, nous rappelons que la véritable indépendance ne peut exister sans justice, sans responsabilité et sans respect des droits fondamentaux.

CRLDHT

L’Algérie dénonce le refus de la France d’extrader Abdeslam Bouchouareb

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Le gouvernement algérien a officiellement réagi à la décision de la justice française de rejeter la demande d’extradition d’Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre de l’Industrie sous Bouteflika, condamné pour corruption, malversation et trafic d’influence par la justice à Alger.

Cette décision de la justice française, perçue comme un manque de coopération judiciaire de la part de l’Algérie, a aussi suscité une vive indignation à Alger. La chambre de l’instruction de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence (sud de la France) a rendu sa décision définitive, mercredi 19 mars, épuisant toutes les voies de recours. Le refus est motivé par « les conséquences d’une gravité exceptionnelle » que pourrait engendrer l’extradition de Bouchouareb. 

Dans un communiqué publié, ce jeudi, en fin de journée,  par le ministère des Affaires étrangères, l’Algérie exprime sa déception face à « l’absence totale de coopération du gouvernement français en matière d’entraide judiciaire », malgré l’existence d’accords bilatéraux et internationaux en la matière.

Le gouvernement algérien souligne également le silence persistant de la France concernant les vingt-cinq commissions rogatoires envoyées pour la récupération des biens mal acquis.

L’Algérie dénonce ainsi des « tergiversations et atermoiements injustifiés » de la part de la France, qui entravent les efforts visant à restituer les richesses spoliées au Trésor public algérien. À l’inverse, le communiqué met en avant la coopération jugée « sincère et loyale » d’autres partenaires européens dans ce dossier sensible sans citer lesquels. L’ancien ministre de l’Industrie a été condamné en Algérie à cinq reprises pour des affaires distinctes de corruption. Les juges ne sont pas allés de main morte, puisque à chaque fois, Bouchouareb a écopé d’une peine de 20 ans de prison. Un sixième dossier est actuellement en cours pour des faits similaires.

Cette affaire vient s’ajouter aux tensions récurrentes entre Alger et Paris sur les questions judiciaires et économiques. L’Algérie affirme son intention d’explorer d’autres voies légales pour obtenir justice et récupérer les fonds détournés.

Samia Naït Iqbal

Ibtissem Hamlaoui, 3e présidente de l’ONSC en un peu plus de deux ans

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Ibtissem Hamlaoui
L'ambitieuse Ibtissem Hamlaoui.

Abdelmadjid Tebboune a nommé, ce 20 mars 2025, Ibtissem Hamlaoui à la tête de l’Observatoire national de la société civile (ONSC), succédant ainsi à Noureddine Benbraham. L’annonce a été faite via un communiqué officiel de la Présidence de la République. Cette nomination marque le troisième changement à la tête de cet organe en un peu plus de deux ans.

Avant d’accéder à ce poste, Ibtissem Hamlaoui occupait la présidence du Croissant-Rouge algérien (CRA). Elle prend la relève de Noureddine Benbraham, lui-même nommé en janvier 2023 en remplacement d’Abderrahmane Hamzaoui, premier président de l’Observatoire depuis sa création en avril 2021. Militante du FLN et ancienne députée, Ibtissem Hamlaoui qui se plaignait du bruit causé par les manifestants du Hirak avait déclaré qu’il était impossible de libérer les détenus d’opinion. Elle avait même annoncé la fin du Hirak.

L’ONSC, une coquille vide au service de Tebboune

Cette instabilité à la direction de l’ONSC soulève des interrogations sur la pérennité et l’efficacité de cet organisme consultatif, censé favoriser le dialogue entre la société civile et les institutions de l’État.

Créé par décret présidentiel en avril 2021, l’Observatoire national de la société civile est officiellement présenté comme un organe de concertation et de proposition destiné à accompagner le développement national et à promouvoir les valeurs démocratiques.

Cependant, derrière cette façade institutionnelle, l’ONSC s’est surtout révélé être un instrument de contrôle de la société et un relais de propagande électorale au service du candidat-président Abdelmadjid Tebboune.

Tout comme le Haut Conseil de la Jeunesse, l’ONSC a vu le jour dans un contexte où Tebboune, élu en 2020 lors d’un scrutin marqué par une abstention massive et une contestation persistante, peinait à asseoir sa légitimité populaire. Plutôt qu’un véritable espace d’échange citoyen, l’Observatoire s’est imposé comme un outil destiné à canaliser et neutraliser la société civile sous couvert de dialogue institutionnel.

Son inefficacité a été particulièrement évidente lors de la dernière élection présidentielle. Malgré les moyens mobilisés, l’ONSC n’a pas réussi à susciter l’adhésion populaire ni à masquer le désintérêt général pour un processus électoral discrédité par des manipulations.

Abdelmadjid Tebboune n’a décroché son second mandat qu’avec un score médiocre, dans un climat de défiance généralisée, révélant ainsi les limites d’un organe davantage conçu pour légitimer un pouvoir contesté que pour répondre aux aspirations profondes de la société.

La rédaction

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