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mercredi 2 juillet 2025
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Christophe Lafaye : « J’estime entre 5 000 et 10 000 le nombre de combattants algériens tués par armes chimiques »

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Christophe Lafaye
Christophe Lafaye, historien.

Près de soixante ans après la guerre d’indépendance algérienne, la France continue d’entretenir un déni institutionnel et mémoriel profond concernant les crimes coloniaux, en particulier l’usage d’armes chimiques dans les Aurès. Christophe Lafaye, historien spécialiste de cette période, dénonce l’omerta qui entoure ces violences et souligne l’importance cruciale de porter la mémoire locale, celle des habitants et des témoins directs, au cœur de la recherche historique.

Christophe Lafaye met en garde contre les manipulations politiques et médiatiques qui entretiennent la division et l’ignorance, au détriment d’une vérité nécessaire à la réconciliation. Selon lui, seule une coopération sincère entre chercheurs algériens et français, un travail rigoureux d’archives orales et privées, ainsi qu’une reconnaissance claire des faits pourront permettre d’établir une mémoire apaisée mais juste.

Face à ces blessures historiques, Christophe Lafaye invite à une vigilance démocratique et à un engagement partagé, afin de reconstruire un récit commun fondé sur la vérité, sans repentance ni oubli.

Le Matin d’Algérie : M. Lafaye, pourriez-vous nous préciser comment vous avez été conduit à vous intéresser spécifiquement à l’usage des gaz toxiques par l’armée coloniale française durant la Guerre de libération nationale ?

Christophe Lafaye : Tout a commencé en 2011, lors de la réalisation de ma thèse de doctorat. Je travaillais sur l’engagement de l’armée française, en particulier du génie, en Afghanistan, qui réutilisait des retours d’expérience de la guerre d’Algérie pour son entraînement. En 2011, j’ai suivi la préparation opérationnelle de sapeurs spécialisés, qui mettaient en œuvre certaines techniques de combat souterrain développées en Algérie. C’est à ce moment-là que j’ai découvert l’existence des sections « armes spéciales », qui ont opéré de 1956 jusqu’à la fin de la guerre.

Quatre ans plus tard, j’ai rencontré par hasard, à Besançon, Yves Cargnino, un ancien combattant de l’une de ces sections, qui, en raison de son service, souffrait de graves lésions pulmonaires. Nous avons réalisé plusieurs entretiens et il m’a présenté d’autres anciens combattants, dont certains témoignent dans le documentaire de Claire Billet, Algérie, sections armes spéciales. J’ai alors pris conscience de l’ampleur de l’emploi de ces unités en Algérie, et surtout des spécificités du recours aux armes chimiques.

Le Matin d’Algérie : Quelles méthodologies historiques, archivistiques ou de terrain avez-vous mobilisées pour documenter ces faits, souvent dissimulés ou non reconnus officiellement ?

Christophe Lafaye : J’ai travaillé à partir des archives publiques accessibles au Service Historique de la Défense (SHD) à Vincennes et Châtellerault, aux Archives Nationales d’Outre-mer (ANOM), aux archives diplomatiques (Nantes et La Courneuve), ainsi qu’aux archives du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Genève.

Les archives publiques du SHD concernant la guerre chimique en Algérie ont été largement ouvertes entre 2015 et 2019, puis refermées à la faveur de la crise liée à l’application du « secret défense » (IGI n°1300), qui imposait la déclassification des documents classifiés depuis 1940. Après une mobilisation des archivistes et des historiens, le Conseil d’État a annulé cette IGI n°1300 en juin 2021. Le ministère des Armées a ensuite complexifié l’accès à ses archives avec de nouvelles restrictions introduites dans la loi de prévention des actes terroristes (PATR) du 30 juillet 2021.

En 2022, lorsque j’ai tenté de consulter de nouveau ces archives, le SHD m’a opposé l’article L 213-2, II de la loi de juillet 2008, qui rend ces documents incommunicables sans possibilité de dérogation, sous prétexte qu’ils pourraient permettre de concevoir, utiliser ou localiser des armes de destruction massive. En réalité, cette fermeture vise moins à protéger des secrets techniques qu’à verrouiller une mémoire historique.

Heureusement, j’ai pu recueillir de nombreux témoignages oraux en France et en Algérie, ainsi que des fonds d’archives privées, constituant ainsi des archives alternatives indispensables. Pour documenter des crimes de guerre, il est essentiel de disposer de sources contradictoires pour effectuer des recoupements. Plus de soixante ans après les faits, il devient urgent de collecter ces mémoires.

Le Matin d’Algérie : Quels types d’archives ou de témoignages ont été les plus difficiles à obtenir ou à authentifier dans le cadre de vos recherches ?

Christophe Lafaye : Les archives publiques du SHD sont particulièrement difficiles à collecter. De nombreux cartons ont été refermés depuis 2019. Même lorsque la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) donne un avis favorable à leur ouverture, celui-ci reste consultatif, et le SHD peut choisir de ne pas s’y conformer. J’ai le sentiment qu’une véritable guerre d’usure s’est installée entre l’administration et les chercheurs sur ces documents sensibles liés à l’histoire du ministère des Armées.

Je ne suis pas le seul à me heurter à cette opacité. J’espère qu’avec le changement de direction à la tête du SHD à la fin de 2024, la situation évoluera. J’ai un profond respect pour les archivistes et j’espère que la raison prévaudra sur ce dossier sensible mais historiquement essentiel.

Concernant le traitement des archives, tous les éléments doivent être recoupés par d’autres sources : c’est la base même de la méthode historique. Mais plus on s’éloigne des faits, plus ces recoupements deviennent complexes. D’où l’importance du travail de terrain en Algérie.

Le Matin d’Algérie : Pouvez-vous nous détailler quels types de substances chimiques ont été employées par l’armée française en Algérie et quels étaient leurs effets immédiats et à long terme sur les populations et l’environnement ?

Christophe Lafaye : Une lettre retrouvée lors de nos recherches à Vincennes indique que le ministère des Armées a souhaité encadrer l’usage de ces armes chimiques :

« Sur les propositions du Commandement des Armes Spéciales faites pour répondre à des demandes du général commandant la 10ᵉ région militaire [le général Henri Lorillot], dans le cadre de la mission définie par la note n°7657 EMA/CAB du 19 avril 1956, certains procédés chimiques pourront être employés au cours des opérations en Algérie. »

Une arme chimique est une arme utilisant au moins un produit toxique pour l’être humain. Ces agents peuvent être incapacitants, neutralisants, psychotropes, ou létaux. La lettre précise que « ces procédés ne devront mettre en œuvre que des produits normalement utilisés dans les différents pays pour le maintien de l’ordre [souligné], c’est-à-dire limités à l’utilisation du bromacétate d’éthyle, de la chloracétophénone et de la diphénylaminochlorarsine ou de corps possédant des propriétés très voisines ».

Le ministre conclut prudemment : « Comme pour le maintien de l’ordre, ils ne devront être employés qu’à des concentrations telles qu’elles ne puissent entraîner aucune conséquence grave pour des individus soumis momentanément à leurs effets. »

En réalité, de multiples vecteurs de diffusion ont été développés (grenades, chandelles, roquettes, bombes, etc.) pour neutraliser les réduits souterrains. Cette pièce d’archive confirme les informations publiées en 2009 par le colonel Olivier Lion :

« Durant les opérations en 1958-1959, les "sections de grotte" utilisèrent des projectiles chargés de lacrymogènes (grenade modèle 1951, contenant 80 g de CN2D ou de CND – mélange de chloracétophénone et d’adamsite – ou grenade modèle 1959, chargée de CND ou de CB – appellation française du CS) pour neutraliser les occupants de refuges souterrains. Certains sites auraient été contaminés afin d’en interdire l’usage aux rebelles. »

Le gaz CN2D, mis au point par les laboratoires français, appartient aux incapacitants. Sa grande agressivité permettait de neutraliser les occupants des grottes tout en demeurant actif plusieurs mois grâce à l’ajout d’arsines, selon l’humidité et la ventilation du lieu. En milieu clos, son emploi pouvait devenir mortel. Bien que les gaz aient été conçus pour capturer des prisonniers et obtenir du renseignement, leur usage aboutissait souvent à la mort.

Le témoignage d’Yves Cargnino est édifiant : « Les corps étaient boursouflés, de la bave jaunâtre leur sortait de la bouche. Ils présentaient une érection… comme les pendus quoi… ils étaient asphyxiés. Nous ne remontions pas les corps. Pour quoi faire ? Et souvent c’était impossible. Nous fouillions les lieux puis nous faisions sauter l’entrée à l’explosif, quand cela était possible. »

L’exposition au CN2D n’épargnait pas les soldats. Yves Cargnino fut intoxiqué à deux reprises entre 1959 et 1961. À son retour, il souffre d’insuffisance pulmonaire. En 2008, il demande une revalorisation de sa pension d’invalidité. Le jugement du tribunal des pensions de Besançon du 8 décembre 2016 conclut :

« Les gaz CND, CN2D et CN DM sont létaux en milieu fermé. Les soldats, chargés de fouiller les galeries après explosion des grenades, ont nécessairement respiré ces gaz. »

Aujourd’hui, les anciens combattants français peuvent faire reconnaître leur préjudice. En revanche, en Algérie, il est encore impossible d’évaluer l’impact humain et environnemental de cette guerre souterraine. L’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC) a intégré ces leçons : l’article 5 de la Convention de 1993, entrée en vigueur en 1997, interdit désormais l’usage des agents antiémeute comme moyen de guerre.

Un combattant de l’ALN capturé par l’armée française.

Le Matin d’Algérie: Selon vos estimations, quelle est l’ampleur géographique et humaine de ces opérations, notamment dans les régions des Aurès et de Kabylie ?

Christophe Lafaye : Il est essentiel de comprendre que ces opérations ne se sont pas limitées aux régions des Aurès ou de la Kabylie. Elles ont eu lieu dans toute l’Algérie : Oran, Alger, Tlemcen, Sétif, Constantine… Les sections « armes spéciales » sont intervenues sur l’ensemble du territoire. Le travail de documentation reste colossal : il faut ouvrir les archives françaises, mais aussi entamer un travail de mémoire et de collecte en Algérie pour construire une histoire alternative.

En 1956, face à la montée de l’Armée de libération nationale (ALN), l’État-major expérimente les armes chimiques pour neutraliser les refuges souterrains, difficiles à investir militairement. Le film retrace ce processus, de l’expérimentation dès 1956 à la validation politique, puis au développement des unités spécialisées et à leur rationalisation en 1959.

L’objectif était double : d’une part, offensif, pour gazer les grottes occupées avec du CN2D, forcer les occupants à sortir ou les tuer ; d’autre part, préventif, pour contaminer les grottes inoccupées et les rendre inutilisables.

J’estime entre 5 000 et 10 000 le nombre de combattants algériens tués par armes chimiques, sur la base d’environ 450 opérations recensées dans les archives.

Mais il ne s’agissait pas uniquement de combattants. Ces grottes étaient aussi des lieux refuge pour des civils. À Ghar Ouchetouh, les 22 et 23 mars 1959, 118 habitants ont été tués par intoxication. Par la suite, certains membres des unités spéciales sont eux-mêmes morts des suites de l’exposition au gaz. Yves Cargnino en témoigne dans le documentaire de Claire Billet : « On a tué par les gaz et ça me poursuit encore maintenant. »

 Le Matin d’Algérie : Existe-t-il des documents militaires ou des instructions officielles qui attestent de la systématicité ou du caractère prémédité de l’utilisation de ces armes ?

Christophe Lafaye : Oui. Le documentaire de Claire Billet, Algérie, sections armes spéciales, présente des documents qui prouvent l’organisation méthodique de cette guerre chimique. L’année 1956 est consacrée aux expérimentations, validées par la IVe République de Guy Mollet, avec François Mitterrand à l’Intérieur, Maurice Bourgès-Maunoury à la Défense, et Max Lejeune comme secrétaire d’État à la Guerre. Cette politique est soutenue par Robert Lacoste, gouverneur général et ministre de l’Algérie.

Des traces de ces décisions politiques existent dans les fonds du SHD et des ANOM. La Ve République, à partir de 1959, va rationaliser cette guerre avec le plan Challe, confié au général Maurice Challe. C’est une campagne militaire implacable contre l’ALN, menée sur tout le territoire algérien entre février 1959 et avril 1961.

Derrière cette doctrine, il y a l’influence du général Charles Ailleret (1907–1968), commandant l’état-major des armes spéciales, qui, dès 1947, plaidait pour l’usage structuré des innovations technologiques dans la guerre. Une doctrine de guerre souterraine est rédigée dès novembre 1958 par la batterie « armes spéciales » du 411ᵉ régiment d’artillerie antiaérienne. Elle sert de manuel pour former les unités et organiser l’utilisation des gaz.

Il s’agit donc d’une guerre chimique expérimentée, planifiée puis généralisée sur tout le territoire algérien. Les documents accessibles le démontrent sans ambiguïté.

Le Matin d’Algérie : Comment analysez-vous le silence ou le déni institutionnel français autour de ces crimes, près de 60 ans après la fin de la guerre ?

Christophe Lafaye : En tant qu’historien, je pense que nous n’avons pas encore regardé en face ce qu’était réellement la guerre d’indépendance algérienne. Il est difficile d’affronter cette guerre dans toute l’étendue de ses violences, atrocités et cruautés. « Nous préférons regarder la guerre de biais plutôt que de face, à tel point qu’avant de nous tromper sur la guerre, nous nous trompons sans doute sur notre propre société et sur nous-mêmes », rappelait l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau lors d’une allocution à l’université de Bordeaux en 2023.

Faute d’avoir jugé pénalement les responsables des violences coloniales pour édifier les consciences, ces violences peinent encore à s’imposer dans le récit médiatique et politique sur la guerre d’Algérie.

Ainsi, l’extrême droite, qui a repris vigueur dans les années 1970 autour du combat de l’Algérie française, impose des thèses qui empoisonnent la vie politique en France, notamment sur des thèmes comme le « grand remplacement », qui n’existe pas. Ces thèses ont de puissants relais médiatiques qui se multiplient à l’heure où les réseaux sociaux appauvrissent le débat public. Je suis persuadé du rôle néfaste de ces réseaux et des médias « aux ordres » d’une pensée politique extrême, parfois soutenue par des États qui cherchent à déstabiliser la France. C’est un danger pour notre démocratie.

Il suffit d’observer le rôle joué par Fox News ou X dans l’ascension de l’extrême droite de Donald Trump aux États-Unis. En appauvrissant les débats et en martelant des contre-vérités, ce sont les fondements du pacte républicain qui sont attaqués. Le thème de l’Algérie réveille les démons d’une histoire traumatique et divise la société en diffusant des mensonges. C’est sur la haine, l’injustice, l’ignorance, la peur et les clivages que prospère le fascisme contemporain. Les responsables politiques soucieux de l’avenir de notre démocratie doivent en tenir compte.

Le Matin d’Algérie : À votre avis, quels mécanismes mémoriels entravent encore aujourd’hui une reconnaissance pleine et entière de ces faits par l’État français ?

Christophe Lafaye : La France bute encore sur la qualification du « colonialisme » et, in fine, sur sa condamnation absolue. Les chercheurs, dont je fais partie, doivent poursuivre leur travail pour améliorer la connaissance du public français sur ces événements traumatiques, souvent sujets à de nombreuses manipulations. Malgré tout, depuis près de trente ans, les historien·ne·s ont montré la spécificité du système colonial en Algérie.

La révélation de l’usage des armes chimiques représente un nouveau pas vers la lumière sur la nature réelle de cette guerre. Mais je suis préoccupé : le savoir universitaire peine à s’imprimer dans la sphère publique. Nous montrons que la Terre est ronde, mais dans les discours, elle semble toujours plate. Depuis la diffusion du documentaire, aucune réaction politique notable n’a eu lieu, ni du Président de la République ni du Premier ministre. Pourtant, la démonstration est implacable

Le Matin d’Algérie : Comment les sociétés algérienne et française peuvent-elles coopérer pour faire émerger une mémoire apaisée mais juste autour de ces crimes ?

Christophe Lafaye : Les échanges entre universitaires algériens et français sont constants. Cette collaboration autour du documentaire « Algérie, sections armes spéciales » en est un exemple concret. Lorsque les sociétés civiles des deux rives de la Méditerranée travaillent ensemble, de grandes avancées sont possibles. Je pense cependant que les historien·ne·s algériens surestiment parfois l’importance des archives publiques françaises. Dans le cas des crimes de guerre, ces archives sont souvent des archives de la dissimulation.

Il est urgent de lancer en Algérie des programmes de collecte de la mémoire locale sur la guerre d’indépendance. Si les archives françaises dissimulent, les villages et les individus, eux, n’oublient pas. C’est dans cette recherche commune de la vérité historique que se trouve le chemin le plus sûr vers la réconciliation.

Le Matin d’Algérie : Pensez-vous que l’usage de ces gaz toxiques pourrait être qualifié de crime de guerre ou de crime contre l’humanité au regard du droit international humanitaire ?

Christophe Lafaye : Mon rôle d’historien est d’établir des faits solides et d’écrire cette histoire. C’est aux juristes spécialisés en droit international humanitaire de se saisir de ces travaux pour qualifier juridiquement ces faits. Ce que je peux affirmer, c’est que le massacre de Ghar Ouchettouh, les 22 et 23 mars 1959 (Aurès), constitue incontestablement un crime de guerre ayant entraîné la mort de plus de 118 civils. La qualification juridique est importante, mais encore une fois, la tâche de l’historien est de fournir des faits rigoureux et de les replacer dans leur contexte national et international. Il faut manier ces termes avec précision et professionnalisme. Les juristes sont les mieux placés pour nous éclairer, en s’appuyant sur les textes et normes internationales.

Le Matin d’Algérie : Avez-vous identifié des séquelles environnementales persistantes dans les zones où ces armes ont été utilisées, notamment à Ghar Ouchettouh dans la commune de Taxlent ?

Christophe Lafaye : J’ai effectué des prélèvements de terre et de roches en Kabylie et dans les Aurès, mais jusqu’à présent, je peine à trouver un laboratoire acceptant d’analyser ces échantillons. Il y a un véritable besoin de travail pluridisciplinaire pour étudier les séquelles environnementales de cette guerre chimique. Ce sont les biologistes, les spécialistes des sols, et d’autres experts qu’il faut mobiliser. La guerre chimique est par nature un sujet de recherche interdisciplinaire. L’historien seul ne peut pas apporter toutes les réponses.

Le Matin d’Algérie : Des recherches scientifiques ou médicales complémentaires seraient-elles nécessaires pour évaluer l’impact sanitaire durable sur les populations locales ?

Christophe Lafaye : En Haute-Kabylie, des bergers nous ont confiés que certaines grottes étaient refermées volontairement car les effets des gaz y sont encore ressentis. Au début des années 1980, un jeune berger du village Aït Mislayène s’est brûlé chimiquement à la jambe en manipulant de la terre provenant d’une grotte contaminée pendant la guerre. Il a fallu deux mois de soins quotidiens, assurés à l’époque par des médecins coopérants russes, pour guérir sa blessure. Ces témoignages montrent que les indices d’atteintes environnementales sont bien présents. Il est urgent de les étudier scientifiquement.

Le Matin d’Algérie : Votre documentaire a été interdit de diffusion en France mais diffusé en Algérie et en Suisse. Comment percevez-vous la réception contrastée de vos travaux des deux côtés de la Méditerranée ?

Christophe Lafaye : Le documentaire était initialement prévu pour une diffusion en Suisse le 9 mars 2025, puis il a été rapidement diffusé en Algérie sur les chaînes nationales. En France, la diffusion programmée pour le 16 mars 2025 a été déprogrammée, officiellement pour des raisons d’actualité. Ce refus a suscité un véritable scandale, provoquant des réactions très vives en Algérie dans l’opinion publique et les médias. Paradoxalement, cet épisode a amplifié la visibilité du film et du sujet de la guerre chimique en France.

Le 4 avril, le festival international du film documentaire de Douai a décerné son grand prix Terre d’Histoire(s) à Algérie, sections armes spéciales, renforçant sa légitimité.

Finalement, France Télévisions a annoncé sa diffusion pour le dimanche 8 juin 2025 à 23h sur France 5, dans l’émission La Case du siècle. C’est une victoire. Je tiens à remercier toutes les Algériennes et tous les Algériens qui nous ont envoyé leurs messages d’encouragement et de soutien. En France aussi, une chaîne de solidarité s’est créée autour du film. J’ai eu l’occasion de le présenter à plusieurs reprises, à Dole, Arbois, Lons-le-Saunier dans le Jura, ainsi qu’à Paris, lors de soirées organisées par des associations engagées à transmettre cette histoire pour mieux comprendre la guerre d’indépendance algérienne et le colonialisme. Travailler sur une histoire aussi « chaude » expose souvent à des critiques, parfois fondées, parfois injustes, venues des deux rives de la Méditerranée. L’historien est toujours sous le regard de ses pairs, des témoins, et parfois du juge. C’est le prix à payer pour aborder ces blessures de l’histoire.

Le Matin d’Algérie: Quelles pistes de recherches ou collaborations internationales envisagez-vous à l’avenir pour approfondir ces questions sensibles mais essentielles ?

Christophe Lafaye : Les corpus de témoignages et d’archives privées (photos, documents…) doivent constituer des archives alternatives pour interroger les archives publiques françaises. C’est un chantier majeur à ouvrir, sans quoi l’histoire restera incomplète. L’Algérie peut jouer un rôle central dans le champ international de l’histoire orale, en attendant l’ouverture totale de ses archives sur cette période.

Sans les témoignages des survivants de Ghar Ouchettouh, il aurait été impossible de reconstituer la chronologie de ce crime de guerre. En 2026, après la soutenance de mon habilitation à diriger des recherches en France, je souhaite lancer un projet de terrain intitulé « La mémoire de la guerre chimique dans les Aurès (1956-1962) ».

À partir de la cartographie des opérations que je continue d’élaborer grâce aux archives, l’objectif sera de localiser les sites et de collecter les mémoires dans les villages proches. Ce travail de terrain consistera en une vaste enquête orale afin de constituer un fonds d’archives orales qui sera déposé à l’université de Batna.

Parallèlement, une base de données sera créée pour répertorier les lieux de mémoire : coordonnées GPS, itinéraires, numérisation 3D des grottes, notices historiques, lieux de batailles, monuments, camps (de transit, de regroupement, d’interrogatoire, militaires, SAS, etc.) dans les Aurès. Cette première cartographie pourrait inspirer d’autres études locales sur la guerre chimique à travers toute l’Algérie. Tout dépendra des financements qui pourront être mobilisés autour de ce projet-pilote.

Le Matin d’Algérie : Quel message souhaiteriez-vous adresser aux chercheurs, aux étudiants et aux historiens algériens qui souhaiteraient poursuivre ce travail de mémoire ?

Christophe Lafaye : Je leur dirais de ne pas hésiter à se lancer dans la collecte des mémoires locales, ainsi que dans l’identification des lieux de mémoire liés à la guerre d’indépendance algérienne. L’accès aux archives françaises est presque secondaire comparé à la richesse de la mémoire orale et aux traces spatiales conservées en Algérie, qu’il faut impérativement capter au plus vite. À l’image des sociologues, il faut construire des enquêtes de terrain, identifier les sites, organiser des campagnes de collecte de témoignages oraux et d’archives privées, et constituer des bases de données sur tous les lieux de batailles, crimes, détentions et tortures. La guerre chimique est une découverte récente en France, mais comme l’a rappelé à juste titre le président algérien Tebboune, les mémoires locales en Algérie en conservent les traces. Ce sont ces archives alternatives qui permettront de discuter les archives officielles françaises.

De nombreux sujets d’histoire locale méritent d’être développés, notamment dans les Aurès, la Kabylie, l’Oranais.

Par ailleurs, un important travail de traduction doit être entrepris pour rendre accessibles aux chercheurs arabophones les résultats des recherches actuelles. De même, il faut intensifier la traduction en français ou en anglais des témoignages des anciens Moudjahidines arabophones. Beaucoup évoquent l’usage des armes chimiques dans la guerre des grottes. Ces récits sont une mine d’informations qui peuvent compléter, confirmer ou contredire les archives françaises et les témoignages français, constituant ainsi des archives alternatives précieuses. La traduction facilite la circulation des savoirs et des sources, essentielle dans un contexte d’élaboration d’un savoir nouveau et traumatique.

Mon habilitation à diriger des recherches, que je prépare en France sur la guerre chimique en Algérie (1956-1962), vise également à transmettre ces connaissances via la co-direction de thèses en France et en Algérie. C’est un champ d’étude émergent qui occupera sans doute plusieurs générations. Il faut se lancer, et je serai à l’écoute pour accompagner, dans la mesure de mes connaissances, les chercheurs algériens et françaises engagés dans ce travail. J’espère contribuer, avec mes collègues algériens, au développement de ce domaine.

Le Matin d’Algérie : En visitant Batna aujourd’hui et en présentant vos recherches à l’université Hadj-Lakhdar, quel regard portez-vous sur l’importance de réhabiliter cette mémoire localement, là où ces crimes ont été commis ?

Christophe Lafaye : En tant qu’historien, j’aimerais que mes collègues s’emparent de ce sujet et développent davantage les études d’histoire locale sur la guerre d’indépendance. En tant qu’humaniste convaincu, je pense qu’il est crucial de collecter, tant qu’ils sont encore parmi nous, les témoignages des habitants des Aurès qui ont vécu ces événements ou y ont participé.

Cette histoire, racontée par les « petites gens » — un terme que j’emploie sans aucune connotation péjorative — permet de mieux comprendre et de renouveler notre regard sur ce qu’a réellement été la guerre dans les campagnes algériennes. Cette mémoire doit être préservée avant qu’elle ne disparaisse. Il est aussi essentiel d’entendre les femmes, qui ont tant à nous apprendre et à transmettre sur leur vécu.

La dignité et la force des témoins, à travers leurs paroles et leurs regards, témoignent de ce combat libérateur contre le colonialisme et pour la liberté. Je crois que c’est cette force et cette détermination que le film documentaire de Claire Billet et Olivier Jobard parvient à transmettre. L’émotion suscitée en Algérie montre que les spectateurs ont ressenti cette intensité.

Le Matin d’Algérie : Pensez-vous que la vérité historique, une fois pleinement documentée, peut constituer un pont de réconciliation sincère entre l’Algérie et la France ?

Christophe Lafaye : Je rêve qu’un jour la France et l’Algérie puissent tourner ensemble la page de cette histoire traumatique. Pour citer Pierre Audin lors de son voyage à Alger en 2022 — qu’il repose en paix — il ne faut « pas d’excuses, pas de repentance, juste la vérité ». C’est par la recherche commune de cette vérité que nous pourrons emprunter le chemin de la réconciliation.

Cela demande un travail sincère, des deux côtés de la Méditerranée et ensemble, sur toutes les questions les plus sensibles : les disparus, les massacres, les effets de la guerre chimique, les essais nucléaires en Algérie, etc. Reconnaître les souffrances, les documenter et œuvrer à réparer ce qui peut encore l’être. Mais cela implique que la France regarde en face ce qu’a été le colonialisme et prenne pleinement sa responsabilité historique.

Entretien Réalisé par Djamal Guettala

Cristophe Lafaye 

"Docteur en histoire en histoire contemporaine de l’université d’Aix-Marseille et archiviste, mes travaux de recherches en histoire du temps présent portent sur la collecte, l’archivage et la valorisation de l’expérience combattante des XX e et XXI e siècles.
Ma thèse de doctorat s’intéresse à « L’emploi du génie en Afghanistan (2001-2012). Adaptation d’une arme en situation de contre-insurrection. Hommes, matériel et emploi » (sous la direction de Rémy Porte / laboratoire CHERPA (EA 4261) – Sciences Po Aix). Elle est lauréate du Prix d’Histoire Militaire 2014 et a reçu une lettre de félicitations dans le cadre du Prix de l’IHEDN 2014.
Le livre issu de ma thèse, publié chez CNRS éditions, a reçu le prix Raymond Poincaré 2017 de l’UNOR.
Spécialiste de l’armée de Terre, de la Légion étrangère et de l’arme du génie, je porte un intérêt tout particulier aux conflits contemporains menés par l’armée française. Menant une recherche sur la guerre chimique menée par la France en Algérie (1956-1962), j’ai réalisé l’enquête historique pour le documentaire 
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Installation du général Hassan, le ministère de la Défense joue la transparence

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Chanegriha entouré de généraux pour installer le nouveau chef de la DGSI.
Chanegriha entouré de généraux pour installer le nouveau chef de la DGSI.

Il a fallu attendre quelque 48 heures pour que le ministère de la Défense nationale rendent publiques les images de la rencontre qui a officialisé la nomination du général Abdelkader Aït Ouarabi alias Hassan à la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

L’absence d’images sur le limogeage du général Abdelkader Haddad et son remplacement par le revenant général Hassan a laissé libre cours à une multiplication d’informations relayées par des « influenceurs » bien inspirés.

Le général Hassan, patron de la DGSI.

Afin de démentir ce qu’on peut appeler des fake-news, le ministère de la Défense a rendu publique les images d’une rencontre en présence de Saïd Chanegriha avec autour de lui notamment l’ex et le désormais nouveau patron de la DGSI.

Ces images se veulent comme un démenti sur l’arrestation voire même les tortures qu’aurait subi Abdelkader Haddad, comme relayé par certains youtubeurs.

Le fonctionnement opaque du système politico-militaire algérien et le limogeage de Nacer El Djenn moins d’un an après sa désignation ne pouvaient susciter que suspicion, voire les scénarios les plus invraisemblables. D’où l’urgence d’une opération transparence pour étouffer toutes les supputations.

Le général Haddad limogé.

Pour autant, l’instabilité chronique à la tête des deux directions de renseignements, les arrestations de nombreux généraux, ministres, hommes politiques restent des signes de grande fébrilité au sein du cercle des décideurs. Ce qui inévitablement n’augure rien de rassurant pour le pays.

Sofiane Ayache

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« Algérie, sections armes spéciales » : un documentaire choc bientôt diffusé sur France 5

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"Algérie, sections armes spéciales"

C’est un documentaire à la fois puissant, rigoureux et nécessaire qui sera diffusé sur France 5 le dimanche 8 juin 2025 : « Algérie, sections armes spéciales », réalisé par Claire Billet et Olivier Jobard, jette une lumière crue sur une page méconnue — ou délibérément oubliée — de la guerre d’Algérie.

À travers des témoignages inédits, des images d’archives saisissantes et un travail d’enquête minutieux, les réalisateurs s’attachent à révéler l’existence de ces unités spéciales de l’armée française, chargées d’opérations clandestines et particulièrement violentes. Le documentaire soulève des questions cruciales sur les pratiques de torture, les exécutions extrajudiciaires et les responsabilités politiques de l’époque.

Dans un contexte où les appels à une reconnaissance complète des crimes coloniaux se multiplient, cette œuvre audiovisuelle s’inscrit dans une démarche salutaire de vérité historique. Elle contribue également à faire vivre le droit à la mémoire et à la justice pour les victimes oubliées de cette guerre.

« Algérie, sections armes spéciales » est bien plus qu’un documentaire : c’est une prise de parole courageuse, un acte de transmission, et un plaidoyer pour la liberté d’expression et la transparence historique.

À voir absolument le 8 juin 2025 sur France 5. Case du siècle à 23h

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Le « Sedrata » reprend la mer après une saisie de 3 ans en Belgique

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Le Sedrata

Le navire algérien « Sedrata » a récemment repris ses opérations, après avoir été détenu pendant plus de trois ans dans le port d’Anvers en Belgique.

Selon un communiqué publié dimanche par le ministère des Transports, cette opération s’inscrit dans le cadre du renforcement de la flotte maritime national et en application des instructions du ministre des Transports, M. Said Sayoud, visant à régulariser la situation des navires algériens.

Le communiqué indique que le navire algérien « Sedrata » a subi une inspection technique approfondie le 22 mai 2025, par Lloyd’s Register, qui lui a accordé un certificat de conformité le même jour. Le 23 mai 2025, il a fait l’objet d’une inspection complète par les autorités portuaires d’Anvers, qui comprenait une inspection de ses équipements.

Une fois toutes les conditions remplies, le navire reprit directement sa navigation, chargeant des marchandises du port d’Anvers vers l’Algérie .

La même source a souligné que ce processus est l’aboutissement d’une série de réunions de coordination , au cours desquelles des directives précises ont été émises et un suivi strict a été entrepris par le ministère des Transports , dans le but d’accélérer le rythme des procédures et de surmonter les obstacles administratifs et techniques.

Cette réalisation représente une nouvelle étape dans le développement du transport maritime national et le renforcement de sa présence sur la scène internationale, reflétant l’image professionnelle et engagée de l’Algérie dans ce domaine stratégique.


Radio Algérienne Multimédia

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“L’Excursion” : quand le théâtre fait sa révolution… sur roues

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À Sétif, dans l’atelier théâtre de la Maison de la Culture Houari Boumediene
À Sétif, dans l’atelier théâtre de la Maison de la Culture Houari Boumediene

À Sétif, dans l’atelier théâtre de la Maison de la culture Houari-Boumediene, une troupe composée uniquement de comédiens IMC signe une performance bluffante de justesse, d’humour et de rigueur, sous la direction du metteur en scène Toufik Mezaache.

Sétif – Il y a des spectacles qui divertissent. D’autres qui émeuvent. Et parfois, il y en a qui réveillent. “L’Excursion” fait tout cela à la fois. Créée par une troupe composée de Nesrine, Chiraz, Lahsen, Walid, Houssem, Mohamed, Hadjer et Firaz — tous atteints d’infirmité motrice cérébrale — cette pièce est un petit miracle de théâtre. Pas un miracle au sens mystique. Un miracle d’effort, de maîtrise, de don de soi. Un moment rare, né dans l’Atelier de la Maison de la Culture Houari Boumediene à Sétif, et dirigé par Toufik Mezaache, artisan du verbe et maître de scène, dont l’humilité n’a d’égale que le talent.

Une excursion vers l’essentiel

La pièce, entièrement écrite et mise en scène par Toufik Mezaache, prend pour décor le départ d’un bus. Le chauffeur, Lahsen, est le personnage central. Un râleur attendrissant, qui peste contre ses passagers toujours en retard. Il en faut peu pour que le quotidien bascule : Chiraz a perdu un sac. Pas n’importe lequel : le sac de sa grand-mère. Et le départ tourne court. Pas de sac, pas de voyage. Ce simple incident devient prétexte à une série de scènes hilarantes, parfois tendres, souvent décalées, où chaque personnage – Nesrine, Walid, Houssem, Mohamed, Hadjer, Firaz – y va de son humeur, de ses soupçons, de ses maladresses et… de ses vérités.

On rit. Mais pas seulement. On écoute. On regarde. Et on se tait.

Handicap ? Non. Talent. Oui !

Ce qui frappe ici, ce n’est pas que les acteurs soient atteints d’un handicap moteur. C’est qu’on oublie complètement qu’ils le sont. Parce que la diction, les mouvements, les silences… tout a été travaillé, scénarisé, peaufiné. Parce qu’ils ne jouent pas à être drôles : ils le sont. Parce qu’ils ne cherchent pas l’émotion : elle est là, brute, vive, non feinte.

Et pendant que certains “valides” se plaignent de ne pas avoir assez de moyens ou d’attention, ces huit artistes montent une pièce de groupe, précise, drôle, équilibrée, qui ferait rougir bien des troupes dites “professionnelles”.

Toufik Mezaache, l’ombre qui éclaire

On connaît l’homme. Il a foulé toutes les scènes ou presque, signé des textes profonds, souvent engagés, parfois drôles, toujours vivants. Ici, il s’efface derrière les siens. Derrière ce collectif de comédiens qu’il appelle non pas ses élèves, mais ses partenaires. Il les écoute. Il les guide. Il construit avec eux.

Et il le dit sans détour :

« Le théâtre ne guérit rien, mais il libère tout. Ces comédiens n’ont pas besoin de ma pitié. Ils m’ont offert bien plus que je ne leur ai appris. »

Quand on voit Chiraz lancer une réplique avec justesse, Hadjer tenir un silence comme une note suspendue, Mohamed improviser une grimace inattendue, ou Firaz tourner un regard complice vers le public… on comprend que ce théâtre-là est plus que du théâtre. C’est un manifeste. Une preuve que le talent ne réside pas dans les jambes, ni même dans les cordes vocales. Il vit ailleurs. Plus profondément.

À la Maison de la Culture Houari Boumediene de Sétif, les projecteurs s’allumeront bientôt sur cette “Excursion” pas comme les autres. Une pièce née d’un atelier, mais portée par une troupe. Une vraie. Une qui ne revendique pas, mais agit. Une qui ne supplie pas le regard des autres, mais qui oblige à l’admiration. Une qui ne mendie pas la reconnaissance, mais qui l’impose.

Et si vous y allez pour “voir ce qu’ils arrivent à faire malgré leur handicap”… vous risquez de repartir avec le vôtre : un regard à réapprendre.

Toufik Hedna

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Saïda Abouba, une voix de femmes et de montagnes

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Saida Abouda

Dans le fracas du monde moderne, certaines voix résonnent à contretemps, avec la force douce des racines profondes. Celle de Saïda Abouba, romancière, traductrice et enseignante, fait entendre l’écho d’un territoire et d’une mémoire : l’Aurès. Une région souvent reléguée aux marges, mais qui, sous sa plume, devient berceau de résistance, d’espoir et de parole féminine.

Née à M’chounèche, au cœur des montagnes chaouies, Saïda Abouba enseigne l’anglais dans le cycle moyen. Mais son véritable enseignement, elle le transmet à travers ses romans, ses poèmes et ses traductions. Avec plusieurs œuvres à son actif — Aurès, Betta, le combat d’une Aurésienne, Le destin fatal de Taziri, Boudiaf. Espoir brisé, ou encore Sur les traces des femmes Aurésiennes — l’écrivaine construit livre après livre une œuvre enracinée, lucide et profondément humaine.

Son travail de traduction en tamazight, notamment à travers Sallas Yemdel Taziri, version amazighe du Destin fatal de Taziri, témoigne de sa volonté de faire de la langue chaouie non pas un simple vecteur culturel, mais un outil littéraire à part entière. En 2021, cette démarche est saluée par le Prix du Président, qui récompense sa traduction du roman Sur les traces des femmes Aurésiennes.

Son œuvre est traversée par une constante : la femme comme pilier de la société. Dans son texte emblématique La femme est le pilier de son foyer et de son pays, elle rend hommage à la figure maternelle, ancrée, silencieuse, essentielle. Une femme qui veille, élève, lutte et construit sans rien attendre en retour. Une femme-montagne, fidèle à l’Aurès qui l’a vue naître.

Dans Aurès, l’un de ses romans les plus marquants, elle dresse le portrait d’un pays meurtri, mais debout. À travers la figure d’un héros nommé comme sa terre, elle évoque la décennie noire avec pudeur et lucidité, tout en traçant un horizon de guérison et de renaissance.

Betta met en lumière une mère aurésienne, figure de courage et de dévouement, entre traditions et combats intimes. Le destin fatal de Taziri explore quant à lui les tensions de la guerre d’indépendance à travers le destin d’une jeune femme villageoise, Chahla, symbole d’un féminisme enraciné dans le vécu.

Dans ses écrits, les femmes ne sont jamais des victimes passives. Elles sont des bâtisseuses d’avenir, debout face aux épreuves, tenaces dans l’ombre. Comme elle l’écrit dans Sur les traces des femmes Aurésiennes, ces femmes s’expriment par l’écrit, les arts, les métiers à tisser — autant de formes de résistance et de mémoire.

Plus récemment, avec Boudiaf. Espoir brisé, l’auteure quitte la sphère du roman pour retracer la trajectoire d’un homme d’État emblématique, dans un récit qui allie engagement politique et quête de vérité.

Loin des projecteurs, Saïda Abouba continue à écrire, traduire et enseigner, avec cette conviction tranquille que la culture est un acte de résistance. Elle incarne une littérature de proximité, enracinée dans le réel, habitée par la mémoire, tournée vers l’avenir.

Dans les livres de Saïda Abouba, l’Aurès n’est pas un décor. C’est un personnage. Et ses femmes, les véritables héroïnes.

Djamal Guettala

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Kamel Daoud, non tu n’es pas un traître mais un amnésique !

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Kamel Daoud

Je réagis au titre de l’article de Kamel Daoud sur Le Point « Suis-je un traître ? Peut-être. Et alors ?».  Comme à celui de Kacem Madani qui le commente dans  ce journal.

Oui, Kacem Madani a tout à fait raison de rappeler que les véritables traîtres sont ceux qui ont commis les pires infamies envers leur pays, depuis la corruption et l’écroulement des pensées jusqu’aux assassinats et la terreur. 

C’est tout à fait exact, excellemment bien documenté et très bien développé. Mais j’ai une petite réserve à formuler ou plutôt un correctif, d’ailleurs je suis sûr que le point ambigu sur lequel je veux intervenir n’est ni voulu ni perceptible par les lecteurs.

En rappelant la traîtrise véritable de gens infects qui ont vendu l’Algérie, je lis en creux que cela met Kamel Daoud dans la position du militant de la démocratie et de l’humanisme. Ce qui me dérange est que si Kamel n’est absolument pas un traître il n’est pas pour autant dédouané des erreurs qu’il se garde bien de rappeler. Je n’ai pas de talent particulier mais j’ai une bonne mémoire.

Je lui dirais directement s’il arrivait qu’il me lise :

« Non, Kamel tu n’es pas un traître. Tu as tous les droits de critiquer la politique de ton pays et l’inconscience de tes compatriotes qui vont jusqu’à la compromission.

Tu as non seulement le droit de critiquer ton pays mais y compris à l’étranger. De critiquer car c’est l’honneur d’un intellectuel, depuis l’étranger car l’exil forcé n’est pas de ton fait.

Personne ne peut enlever la liberté à un être humain de s’insurger contre ce qu’on a fait de son pays natal. Ne pas le suivre dans son abomination n’est pas être un traître, c’est le symptôme d’un grand amour déçu et d’une rage envers ses démolisseurs.

Tu as tous les droits car personne ne peut juger de la qualité de bon citoyen et de traître à la nation. J’ai bien compris la signification profonde de ton article. Pour tout cela, je ne peux te blâmer et même je veux te féliciter. Au fond, qu’as-tu dis d’autre que ce que je dis depuis plus de trente ans avec de très nombreux autres ? Je ne dénigre pas seulement, je démolis tous ces barbares à longueur d’année. 

Je m’insurge à haute voix égosillée contre la lâcheté et la bêtise innommable de la majorité des citoyens à aduler ceux qui leur enlèvent tous les droits. Il ne faut pas être seulement inconscient pour ne pas s’en rendre compte mais endoctriné à très haute dose.

Comment pourrais-je te blâmer d’avoir un regard et une parole aussi forte ? Pourtant, Kamel Daoud, j’ai écrit des mots très sévères à ton adresse, dans ce journal comme dans un réseau social. J’ai été virulent, je maintiens et je signe.

Mes lourdes accusations ne concernent pas ta liberté de pensée, je serais totalement en contradiction avec la mienne. Pas plus que je ne conteste ton talent. Je n’ai jamais lu un de tes livres et même dans le cas contraire, je ne le remettrais jamais en doute.

Ce que je te reproche peut se résumer en quelques points. Ils ont déjà été formulés dans ce journal, tu peux les lire. Je les reformule car l’article de Kacem Madani m’en donne encore l’occasion. Tout d’abord tu as couvert certaines paroles derrière des mots d’opposition qui ne t’ont jamais valu une réelle censure ou une incarcération. Pour la plupart des accusations, tu disais ce que beaucoup d’opposants disaient mais eux avaient payé le prix fort.

C’est dire si ton militantisme ne dépassait jamais la ligne rouge. J’ai relu beaucoup de tes chroniques dans Le Quotidien d’Oran, aucune n’avait franchi cette frontière interdite comme l’ont fait beaucoup dont des militants parmi lesquels j’étais.

Je rédige beaucoup de chroniques dans ce journal, je ne dépasse jamais la ligne rouge. Mais moi, c’est en connaissance de cause, je n’ai qu’un objectif, celui de parler avec ma ville de jeunesse. Je n’en fais pas un acte de militantisme et les articles ne concernent jamais la politique algérienne. Mais moi je ne me présente pas comme le pourfendeur de la dictature militaire et islamique. Je le fais de l’étranger.

Je n’ai aucun moyen comme toi de publier en toute impunité et je ne pourrais le faire sans participer réellement aux côtés des vrais militants. Je l’ai déjà fait alors que tu étais au chaud dans tes chroniques, loin de tout risque militant, je l’ai payé cher et je n’ai plus l’âge de jouer le Zoro Daoud à l’étranger.

Lorsque nous avions besoin de toi comme de beaucoup d’intellectuels, jamais je ne t’ai entendu plaider notre défense avec des mots aussi clairement énoncés que ceux de tes écrits en France. Jamais, ou alors avec des termes qui ne franchissaient jamais cette ligne rouge pour toi. Des phrases de grandes envolées sur la démocratie et son bâillonnement sans jamais citer un seul membre du pouvoir et encore moins le moindre des généraux.

Au contraire, tu sembles l’oublier, tu as tenu des propos très choquants en révélation de ton passé. Tu as dit « Je n’ai jamais été islamiste mais j’avais une certaine curiosité intellectuelle envers le soufisme » (en des mots similaires).

Alors que nous, nous n’avons jamais été attirés en quoi que ce soit envers l’abject et le liberticide. Nous avons passé notre vie à recevoir des coups ou à dissimuler souvent notre athéisme. Toute notre vie nous en avons souffert. Toi, tu as le culot de venir nous donner des leçons sur le courage d’affronter la barbarie et les idéologies contraires aux droits de l’Homme.

Pour toi, c’était une recherche intellectuelle, pour nous, c’était donc simplement une basse vision au premier degré, celle du vulgaire militant sans instruction. Toi, tu as passé ton adolescence dans la connaissance intellectuelle de l’Islam et nous, incultes que nous sommes, le combattions dans notre vie piteuse de gens d’en bas. 

Mais ce n’est pas tout. Lorsque l’opposition algérienne trimait et se battait comme elle le pouvait, avec les risques et les échecs, je ne t’avais jamais entendu demander un rendez-vous de presse dans nos locaux ou même nous soutenir avec une puissance que tu ne réserves que lorsque tu es menacé par ceux dont tu n’avais jamais osé prononcer de véritables accusations et condamnations au-delà des affaires de football (j’ai lu avec surprise que c’était ton dada permanent), ou des décisions de ceci ou de cela. 

Tant que tu ne touchais pas à l’interdit et au tabou, comme je l’avais fait, ta liberté était admise. L’entourer de belles envolées intellectuelles avec une citation mythologique ou littéraire toutes les deux lignes ne pouvait que produire admiration, jamais une sérieuse menace.

Puis, tu as fait une campagne en faveur de la participation aux élections de Tebboune encore plus bruyamment que ses propres soutiens de la secte. C’est un comble de venir nous dire aujourd’hui que tu milites contre un régime dictatorial qui musèle les libertés.

Lorsque tu étais chroniqueur en Algérie, j’aurais bien voulu que tu dises « Je suis un opposant et un traître  à mon pays, et alors ? ». Cela aurait été le courage des grands. D’autres, avec autant de talent, ont écrit des livres, des articles et des blogs et n’avaient pas eu la même immunité que toi.

Non, Kamel, tu n’es pas un traître mais mon compatriote d’Oran, libre de tes opinions. Je le répète, elles sont les miennes.

Sauf que je ne dessine pas mon passé avec des fleurs de la déesse Vénus. Je ne me compromettrai également jamais à flirter avec les idées et les hommes de l’extrême droite. C’est une énorme différence entre nous, je ne peux égaler ton talent.

Non, Kamel, jamais je ne t’accuserai d’être un traître à ton pays natal. Kacem Madani a raison d’affirmer qu’ils sont ailleurs.

Mais, Kamel, n’en fais pas trop, tu t’engages dangereusement vers des sentiers sulfureux. Et nous, si nous n’avons pas tes capacités intellectuelles, nous avons une grosse mémoire. Chacun ses dons.

Sid Lakhdar Boumediene

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Ligue 1 Mobilis : la JSK gagne à Magra et conforte sa 2e place

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JSK

La JS Kabylie a consolidé sa 2e place au classement du championnat national de Ligue 1 Mobilis à la faveur de sa victoire ramenée de Magra (3-1), face au NCM, à l’occasion de la première partie de la 27e journée disputée dimanche.

Piégée dans son antre par la JS Saoura lors de la précédente manche, la JSK s’est rattrapée de fort belle manière chez l’avant-dernier. Pourtant, les locaux ont été les premiers à se mettre en évidence dans ce duel des extrêmes en ouvrant le score à la 23e minute par Djabout.

Même s’ils ont pris leur temps, les Canaris ont fini par prendre leur envol en égalisant par le Russe, Ignatiev (39’), avant d’ajouter deux autres réalisations en seconde période par l’entremise de Berkane (66’) et Boualia (79’).

Avec 49 points, la JSK est solide deuxième, alors que le NCM (15e – 27 pts) enchaîne les défaites et hypothèque sérieusement ses chances de rester parmi l’élite la saison prochaine.

L’USM Khenchela respire, l’ES Mostaganem aussi

Dans les deux autres rencontres jouées cet après-midi, et qui concernent deux des équipes mal classés, l’USM Khenchela a réalisé une très bonne opération en allant damer le pion à l’ES Sétif (1-0).

Le but inscrit par Oukil, dès la 5e minute, permet à Ciskaoua de se hisser à la 11e position (31 pts), alors que l’ESS (5e – 38 pts) aligne une troisième défaite de rang.

Pour sa part, l’ES Mostaganem a réalisé l’essentiel lors de la réception de l’ASO Chlef (1-0). Grâce à Aoudjane (41’), auteur de l’unique réalisation de la partie, le promu grimpe à la 13e place (30 pts) et s’éloigne, quelque peu, de la zone rouge. Quant aux Chélifiens, ils continuent leur parcours en dents et gardent provisoirement la 10e place (33 pts).

La suite lundi et mardi

Scindée en trois parties, le deuxième acte de cette 27e manche aura lieu ce lundi avec deux rencontres au programme. Bonne dernière au classement, avec 20 unités, l’US Biskra doit impérativement gagner face au MC Oran (17h45), au risque de compromettre définitivement ses chances de maintien.

De son côté, l’USM Alger, qui reste sur deux défaites consécutives, dont une face au leader et voisin, le MC Alger, aura à cœur de renouer avec la victoire lors de la réception de l’Olympique Akbou. Toutefois, les Rouge et Noir devront composer sans leur public, car cette partie, prévue à 20h00 au stade du 5 Juillet 1962 (Alger), aura lieu à huis clos.

Concernant les trois matchs restants, ils auront lieu mardi. Le MC Alger, patron de la Ligue 1 Mobilis,  effectuera un périlleux déplacement à Béchar pour donner la réplique à la JS Saoura (19h00). À Alger, le stade Nelson Mandela sera le théâtre d’un palpitant derby de la capitale qui mettra aux prises le CR Belouizdad au Paradou AC (19h00).

Pour sa part, le MC El Bayadh sera l’hôte du CS Constantine (17h00). Tout comme l’USMA, le MCEB tentera de tout faire pour renouer avec le succès et ainsi terminer la saison en beauté.

Résultats partiel de la 27e journée :
NC Magra – JS Kabylie1 – 3
ES Sétif – USM Khenchela0 – 1
ES Mostaganem – ASO Chlef1 – 0
Lundi  :
US Biskra – MC Oran17h45
USM Alger – Olympique Akbou20h00
Mardi :
MC El Bayadh – CS Constantine17h00
JS Saoura – MC Alger19h00
CR Belouizdad – Paradou AC19h00
Classement de la Ligue 1
#EquipesPtsJ
1MC Alger     5226
2JS Kabylie4927
3CR Belouizdad4526
4Paradou AC  3826
5ES Sétif  3827
6USM Alger3626
7MC El Bayadh  3526
8JS Saoura3526
9CS Constantine3324
10ASO Chlef   3327
11USM Khenchela3126
12MC Oran3126
13ES Mostaganem  3027
14Olympique Akbou 2825
15NC Magra2727
16US Biskra   2026

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L’alcool autorisé en Arabie saoudite à partir de 2026 ?

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Riyad
Image par apriltan18 de Pixabay

C’est un plan qui a fuité sur le web et que l’Arabie saoudite n’a pas encore démenti. Il prévoit qu’à partir de 2026, la consommation d’alcool sur le territoire saoudien soit autorisée. Une sérieuse entorse aux principes de la charia, appliquée de manière rigoureuse par le royaume.

Le plan en question désigne jusqu’à 600 zones, principalement prévues pour les touristes, où la vente de bière et de vin serait autorisée. Les hôtels cinq étoiles seraient alors aussi autorisés à vendre. La vente au détail resterait quant à elle interdite, tout comme les alcools forts à plus de 20°. Le but serait de préparer le terrain dès 2026, quelques années avant la Coupe du monde de football, organisée par l’Arabie saoudite en 2034.

Ni le gouvernement saoudien, ni les médias locaux n’ont confirmé ces informations. Mais cela semble correspondre au plan général du prince Mohammed ben Salman, qui souhaite transformer l’Arabie saoudite en pôle touristique, sur le modèle de ses voisins comme Bahreïn.

En fait, l’alcool est déjà présent en Arabie saoudite. Depuis maintenant une année, les diplomates non musulmans peuvent acheter leurs bières, whisky et gin dans un seul et unique magasin de Riyad, où les clients sont strictement contrôlés. C’est une première depuis l’interdiction totale de la vente d’alcool en 1952.

En réalité, l’alcool, artisanal ou non, circule de longue date sous le manteau, dans les fêtes organisées par les expatriés jusque dans les foyers saoudiens.

RFI

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Guerre à Gaza : l’extermination des Palestiniens continue

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Gaza
54000 victimes civiles dans la bande de Gaza.

Neuf enfants d’une fratrie de 10 enfants carbonisés hier par un bombardement israélien dans la bande de Gaza. La mort se résume à une glaciale comptabilité dans ce territoire où l’armée israélienne bombarde impitoyablement.

La défense civile a publié samedi une vidéo montrant ce qu’elle présente comme ses secouristes fouillant les décombres de la maison après la frappe et récupérant plusieurs corps carbonisés d’enfants. L’armée israélienne a dit à l’AFP qu’un de ses aéronefs avait « frappé plusieurs individus soupçonnés d’opérer depuis une structure adjacente » à des soldats dans cette zone. « L’affirmation concernant les dommages causés à des civils non impliqués est en cours d’examen », a-t-elle ajouté.

La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé vendredi la mort de 16 personnes dans des frappes israéliennes dans plusieurs zones du territoire palestinien. Des civils, que des civils : des femmes et des enfants. Cette guerre prend des allures d’une volonté d’extermination des Palestiniens dans cette bande de terre.

Deux collaborateurs du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont été tués samedi 24 mai lors d’une frappe sur leur domicile à Khan Younès dans le sud du territoire palestinien, a indiqué le CICR dimanche sur le réseau social X. « Nous sommes dévastés par la mort de deux chers collègues, Ibrahim Eid et Ahmad Abu Hilal. Aujourd’hui, encore une fois, nous réitérons notre appel urgent au respect et à la protection des civils à Gaza », écrit l’organisation. 

Le bilan « des frappes israéliennes dans différentes zones de la bande de Gaza depuis minuit s’élève à 16 morts », a déclaré à l’AFP Mohammed al-Moughayir, un responsable de cette organisation de premiers secours.

Ce responsable a mentionné aussi « des dizaines de blessés » dans ces frappes qui ont touché des habitations dans le centre et dans le sud de la bande de Gaza. Bien entendu, ceux qui suivent les massacres répétés dans la bande de Gaza auront remarqué que les combattants du Hamas ne se montrent plus.

« L’armée de l’air a frappé plus de 75 cibles terroristes à travers la bande de Gaza », fanfaronne le communiqué de l’armée israélienne.

Les autorités sanitaires palestiniennes ont indiqué que 3.785 Palestiniens sont tués sous les bombardements et 10.756 autres ont été blessés depuis le 18 mars, date de la reprise des attaques de l’armée israélienne décidées par Benyamin Netanyahou.

Sofiane Ayache/AFP

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