Chanegriha entouré de généraux pour installer le nouveau chef de la DGSI.
Il a fallu attendre quelque 48 heures pour que le ministère de la Défense nationale rendent publiques les images de la rencontre qui a officialisé la nomination du général Abdelkader Aït Ouarabi alias Hassanà la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
L’absence d’images sur le limogeage du général Abdelkader Haddad et son remplacement par le revenant général Hassan a laissé libre cours à une multiplication d’informations relayées par des « influenceurs » bien inspirés.
Le général Hassan, patron de la DGSI.
Afin de démentir ce qu’on peut appeler des fake-news, le ministère de la Défense a rendu publique les images d’une rencontre en présence de Saïd Chanegriha avec autour de lui notamment l’ex et le désormais nouveau patron de la DGSI.
Ces images se veulent comme un démenti sur l’arrestation voire même les tortures qu’aurait subi Abdelkader Haddad, comme relayé par certains youtubeurs.
Le fonctionnement opaque du système politico-militaire algérien et le limogeage de Nacer El Djenn moins d’un an après sa désignation ne pouvaient susciter que suspicion, voire les scénarios les plus invraisemblables. D’où l’urgence d’une opération transparence pour étouffer toutes les supputations.
Le général Haddad limogé.
Pour autant, l’instabilité chronique à la tête des deux directions de renseignements, les arrestations de nombreux généraux, ministres, hommes politiques restent des signes de grande fébrilité au sein du cercle des décideurs. Ce qui inévitablement n’augure rien de rassurant pour le pays.
C’est un documentaire à la fois puissant, rigoureux et nécessaire qui sera diffusé sur France 5 le dimanche 8 juin 2025 : « Algérie, sections armes spéciales », réalisé par Claire Billet et Olivier Jobard, jette une lumière crue sur une page méconnue — ou délibérément oubliée — de la guerre d’Algérie.
À travers des témoignages inédits, des images d’archives saisissantes et un travail d’enquête minutieux, les réalisateurs s’attachent à révéler l’existence de ces unités spéciales de l’armée française, chargées d’opérations clandestines et particulièrement violentes. Le documentaire soulève des questions cruciales sur les pratiques de torture, les exécutions extrajudiciaires et les responsabilités politiques de l’époque.
Dans un contexte où les appels à une reconnaissance complète des crimes coloniaux se multiplient, cette œuvre audiovisuelle s’inscrit dans une démarche salutaire de vérité historique. Elle contribue également à faire vivre le droit à la mémoire et à la justice pour les victimes oubliées de cette guerre.
« Algérie, sections armes spéciales » est bien plus qu’un documentaire : c’est une prise de parole courageuse, un acte de transmission, et un plaidoyer pour la liberté d’expression et la transparence historique.
À voir absolument le 8 juin 2025 sur France 5. Case du siècle à 23h
Le navire algérien « Sedrata » a récemment repris ses opérations, après avoir été détenu pendant plus de trois ans dans le port d’Anvers en Belgique.
Selon un communiqué publié dimanche par le ministère des Transports, cette opération s’inscrit dans le cadre du renforcement de la flotte maritime national et en application des instructions du ministre des Transports, M. Said Sayoud, visant à régulariser la situation des navires algériens.
Le communiqué indique que le navire algérien « Sedrata » a subi une inspection technique approfondie le 22 mai 2025, par Lloyd’s Register, qui lui a accordé un certificat de conformité le même jour. Le 23 mai 2025, il a fait l’objet d’une inspection complète par les autorités portuaires d’Anvers, qui comprenait une inspection de ses équipements.
Une fois toutes les conditions remplies, le navire reprit directement sa navigation, chargeant des marchandises du port d’Anvers vers l’Algérie .
La même source a souligné que ce processus est l’aboutissement d’une série de réunions de coordination , au cours desquelles des directives précises ont été émises et un suivi strict a été entrepris par le ministère des Transports , dans le but d’accélérer le rythme des procédures et de surmonter les obstacles administratifs et techniques.
Cette réalisation représente une nouvelle étape dans le développement du transport maritime national et le renforcement de sa présence sur la scène internationale, reflétant l’image professionnelle et engagée de l’Algérie dans ce domaine stratégique.
À Sétif, dans l’atelier théâtre de la Maison de la Culture Houari Boumediene
À Sétif, dans l’atelier théâtre de la Maison de la culture Houari-Boumediene, une troupe composée uniquement de comédiens IMC signe une performance bluffante de justesse, d’humour et de rigueur, sous la direction du metteur en scène Toufik Mezaache.
Sétif – Il y a des spectacles qui divertissent. D’autres qui émeuvent. Et parfois, il y en a qui réveillent. “L’Excursion” fait tout cela à la fois. Créée par une troupe composée de Nesrine, Chiraz, Lahsen, Walid, Houssem, Mohamed, Hadjer et Firaz — tous atteints d’infirmité motrice cérébrale — cette pièce est un petit miracle de théâtre. Pas un miracle au sens mystique. Un miracle d’effort, de maîtrise, de don de soi. Un moment rare, né dans l’Atelier de la Maison de la Culture Houari Boumediene à Sétif, et dirigé par Toufik Mezaache, artisan du verbe et maître de scène, dont l’humilité n’a d’égale que le talent.
Une excursion vers l’essentiel
La pièce, entièrement écrite et mise en scène par Toufik Mezaache, prend pour décor le départ d’un bus. Le chauffeur, Lahsen, est le personnage central. Un râleur attendrissant, qui peste contre ses passagers toujours en retard. Il en faut peu pour que le quotidien bascule : Chiraz a perdu un sac. Pas n’importe lequel : le sac de sa grand-mère. Et le départ tourne court. Pas de sac, pas de voyage. Ce simple incident devient prétexte à une série de scènes hilarantes, parfois tendres, souvent décalées, où chaque personnage – Nesrine, Walid, Houssem, Mohamed, Hadjer, Firaz – y va de son humeur, de ses soupçons, de ses maladresses et… de ses vérités.
On rit. Mais pas seulement. On écoute. On regarde. Et on se tait.
Handicap ? Non. Talent. Oui !
Ce qui frappe ici, ce n’est pas que les acteurs soient atteints d’un handicap moteur. C’est qu’on oublie complètement qu’ils le sont. Parce que la diction, les mouvements, les silences… tout a été travaillé, scénarisé, peaufiné. Parce qu’ils ne jouent pas à être drôles : ils le sont. Parce qu’ils ne cherchent pas l’émotion : elle est là, brute, vive, non feinte.
Et pendant que certains “valides” se plaignent de ne pas avoir assez de moyens ou d’attention, ces huit artistes montent une pièce de groupe, précise, drôle, équilibrée, qui ferait rougir bien des troupes dites “professionnelles”.
Toufik Mezaache, l’ombre qui éclaire
On connaît l’homme. Il a foulé toutes les scènes ou presque, signé des textes profonds, souvent engagés, parfois drôles, toujours vivants. Ici, il s’efface derrière les siens. Derrière ce collectif de comédiens qu’il appelle non pas ses élèves, mais ses partenaires. Il les écoute. Il les guide. Il construit avec eux.
Et il le dit sans détour :
« Le théâtre ne guérit rien, mais il libère tout. Ces comédiens n’ont pas besoin de ma pitié. Ils m’ont offert bien plus que je ne leur ai appris. »
Quand on voit Chiraz lancer une réplique avec justesse, Hadjer tenir un silence comme une note suspendue, Mohamed improviser une grimace inattendue, ou Firaz tourner un regard complice vers le public… on comprend que ce théâtre-là est plus que du théâtre. C’est un manifeste. Une preuve que le talent ne réside pas dans les jambes, ni même dans les cordes vocales. Il vit ailleurs. Plus profondément.
À la Maison de la Culture Houari Boumediene de Sétif, les projecteurs s’allumeront bientôt sur cette “Excursion” pas comme les autres. Une pièce née d’un atelier, mais portée par une troupe. Une vraie. Une qui ne revendique pas, mais agit. Une qui ne supplie pas le regard des autres, mais qui oblige à l’admiration. Une qui ne mendie pas la reconnaissance, mais qui l’impose.
Et si vous y allez pour “voir ce qu’ils arrivent à faire malgré leur handicap”… vous risquez de repartir avec le vôtre : un regard à réapprendre.
Dans le fracas du monde moderne, certaines voix résonnent à contretemps, avec la force douce des racines profondes. Celle de Saïda Abouba, romancière, traductrice et enseignante, fait entendre l’écho d’un territoire et d’une mémoire : l’Aurès. Une région souvent reléguée aux marges, mais qui, sous sa plume, devient berceau de résistance, d’espoir et de parole féminine.
Née à M’chounèche, au cœur des montagnes chaouies, Saïda Abouba enseigne l’anglais dans le cycle moyen. Mais son véritable enseignement, elle le transmet à travers ses romans, ses poèmes et ses traductions. Avec plusieurs œuvres à son actif — Aurès, Betta, le combat d’une Aurésienne, Le destin fatal de Taziri, Boudiaf. Espoir brisé, ou encore Sur les traces des femmes Aurésiennes — l’écrivaine construit livre après livre une œuvre enracinée, lucide et profondément humaine.
Son travail de traduction en tamazight, notamment à travers Sallas Yemdel Taziri, version amazighe du Destin fatal de Taziri, témoigne de sa volonté de faire de la langue chaouie non pas un simple vecteur culturel, mais un outil littéraire à part entière. En 2021, cette démarche est saluée par le Prix du Président, qui récompense sa traduction du roman Sur les traces des femmes Aurésiennes.
Son œuvre est traversée par une constante : la femme comme pilier de la société. Dans son texte emblématique La femme est le pilier de son foyer et de son pays, elle rend hommage à la figure maternelle, ancrée, silencieuse, essentielle. Une femme qui veille, élève, lutte et construit sans rien attendre en retour. Une femme-montagne, fidèle à l’Aurès qui l’a vue naître.
Dans Aurès, l’un de ses romans les plus marquants, elle dresse le portrait d’un pays meurtri, mais debout. À travers la figure d’un héros nommé comme sa terre, elle évoque la décennie noire avec pudeur et lucidité, tout en traçant un horizon de guérison et de renaissance.
Betta met en lumière une mère aurésienne, figure de courage et de dévouement, entre traditions et combats intimes. Le destin fatal de Taziri explore quant à lui les tensions de la guerre d’indépendance à travers le destin d’une jeune femme villageoise, Chahla, symbole d’un féminisme enraciné dans le vécu.
Dans ses écrits, les femmes ne sont jamais des victimes passives. Elles sont des bâtisseuses d’avenir, debout face aux épreuves, tenaces dans l’ombre. Comme elle l’écrit dans Sur les traces des femmes Aurésiennes, ces femmes s’expriment par l’écrit, les arts, les métiers à tisser — autant de formes de résistance et de mémoire.
Plus récemment, avec Boudiaf. Espoir brisé, l’auteure quitte la sphère du roman pour retracer la trajectoire d’un homme d’État emblématique, dans un récit qui allie engagement politique et quête de vérité.
Loin des projecteurs, Saïda Abouba continue à écrire, traduire et enseigner, avec cette conviction tranquille que la culture est un acte de résistance. Elle incarne une littérature de proximité, enracinée dans le réel, habitée par la mémoire, tournée vers l’avenir.
Dans les livres de Saïda Abouba, l’Aurès n’est pas un décor. C’est un personnage. Et ses femmes, les véritables héroïnes.
Oui, Kacem Madani a tout à fait raison de rappeler que les véritables traîtres sont ceux qui ont commis les pires infamies envers leur pays, depuis la corruption et l’écroulement des pensées jusqu’aux assassinats et la terreur.
C’est tout à fait exact, excellemment bien documenté et très bien développé. Mais j’ai une petite réserve à formuler ou plutôt un correctif, d’ailleurs je suis sûr que le point ambigu sur lequel je veux intervenir n’est ni voulu ni perceptible par les lecteurs.
En rappelant la traîtrise véritable de gens infects qui ont vendu l’Algérie, je lis en creux que cela met Kamel Daoud dans la position du militant de la démocratie et de l’humanisme. Ce qui me dérange est que si Kamel n’est absolument pas un traître il n’est pas pour autant dédouané des erreurs qu’il se garde bien de rappeler. Je n’ai pas de talent particulier mais j’ai une bonne mémoire.
Je lui dirais directement s’il arrivait qu’il me lise :
« Non, Kamel tu n’es pas un traître. Tu as tous les droits de critiquer la politique de ton pays et l’inconscience de tes compatriotes qui vont jusqu’à la compromission.
Tu as non seulement le droit de critiquer ton pays mais y compris à l’étranger. De critiquer car c’est l’honneur d’un intellectuel, depuis l’étranger car l’exil forcé n’est pas de ton fait.
Personne ne peut enlever la liberté à un être humain de s’insurger contre ce qu’on a fait de son pays natal. Ne pas le suivre dans son abomination n’est pas être un traître, c’est le symptôme d’un grand amour déçu et d’une rage envers ses démolisseurs.
Tu as tous les droits car personne ne peut juger de la qualité de bon citoyen et de traître à la nation. J’ai bien compris la signification profonde de ton article. Pour tout cela, je ne peux te blâmer et même je veux te féliciter. Au fond, qu’as-tu dis d’autre que ce que je dis depuis plus de trente ans avec de très nombreux autres ? Je ne dénigre pas seulement, je démolis tous ces barbares à longueur d’année.
Je m’insurge à haute voix égosillée contre la lâcheté et la bêtise innommable de la majorité des citoyens à aduler ceux qui leur enlèvent tous les droits. Il ne faut pas être seulement inconscient pour ne pas s’en rendre compte mais endoctriné à très haute dose.
Comment pourrais-je te blâmer d’avoir un regard et une parole aussi forte ? Pourtant, Kamel Daoud, j’ai écrit des mots très sévères à ton adresse, dans ce journal comme dans un réseau social. J’ai été virulent, je maintiens et je signe.
Mes lourdes accusations ne concernent pas ta liberté de pensée, je serais totalement en contradiction avec la mienne. Pas plus que je ne conteste ton talent. Je n’ai jamais lu un de tes livres et même dans le cas contraire, je ne le remettrais jamais en doute.
Ce que je te reproche peut se résumer en quelques points. Ils ont déjà été formulés dans ce journal, tu peux les lire. Je les reformule car l’article de Kacem Madani m’en donne encore l’occasion. Tout d’abord tu as couvert certaines paroles derrière des mots d’opposition qui ne t’ont jamais valu une réelle censure ou une incarcération. Pour la plupart des accusations, tu disais ce que beaucoup d’opposants disaient mais eux avaient payé le prix fort.
C’est dire si ton militantisme ne dépassait jamais la ligne rouge. J’ai relu beaucoup de tes chroniques dans Le Quotidien d’Oran, aucune n’avait franchi cette frontière interdite comme l’ont fait beaucoup dont des militants parmi lesquels j’étais.
Je rédige beaucoup de chroniques dans ce journal, je ne dépasse jamais la ligne rouge. Mais moi, c’est en connaissance de cause, je n’ai qu’un objectif, celui de parler avec ma ville de jeunesse. Je n’en fais pas un acte de militantisme et les articles ne concernent jamais la politique algérienne. Mais moi je ne me présente pas comme le pourfendeur de la dictature militaire et islamique. Je le fais de l’étranger.
Je n’ai aucun moyen comme toi de publier en toute impunité et je ne pourrais le faire sans participer réellement aux côtés des vrais militants. Je l’ai déjà fait alors que tu étais au chaud dans tes chroniques, loin de tout risque militant, je l’ai payé cher et je n’ai plus l’âge de jouer le Zoro Daoud à l’étranger.
Lorsque nous avions besoin de toi comme de beaucoup d’intellectuels, jamais je ne t’ai entendu plaider notre défense avec des mots aussi clairement énoncés que ceux de tes écrits en France. Jamais, ou alors avec des termes qui ne franchissaient jamais cette ligne rouge pour toi. Des phrases de grandes envolées sur la démocratie et son bâillonnement sans jamais citer un seul membre du pouvoir et encore moins le moindre des généraux.
Au contraire, tu sembles l’oublier, tu as tenu des propos très choquants en révélation de ton passé. Tu as dit « Je n’ai jamais été islamiste mais j’avais une certaine curiosité intellectuelle envers le soufisme » (en des mots similaires).
Alors que nous, nous n’avons jamais été attirés en quoi que ce soit envers l’abject et le liberticide. Nous avons passé notre vie à recevoir des coups ou à dissimuler souvent notre athéisme. Toute notre vie nous en avons souffert. Toi, tu as le culot de venir nous donner des leçons sur le courage d’affronter la barbarie et les idéologies contraires aux droits de l’Homme.
Pour toi, c’était une recherche intellectuelle, pour nous, c’était donc simplement une basse vision au premier degré, celle du vulgaire militant sans instruction. Toi, tu as passé ton adolescence dans la connaissance intellectuelle de l’Islam et nous, incultes que nous sommes, le combattions dans notre vie piteuse de gens d’en bas.
Mais ce n’est pas tout. Lorsque l’opposition algérienne trimait et se battait comme elle le pouvait, avec les risques et les échecs, je ne t’avais jamais entendu demander un rendez-vous de presse dans nos locaux ou même nous soutenir avec une puissance que tu ne réserves que lorsque tu es menacé par ceux dont tu n’avais jamais osé prononcer de véritables accusations et condamnations au-delà des affaires de football (j’ai lu avec surprise que c’était ton dada permanent), ou des décisions de ceci ou de cela.
Tant que tu ne touchais pas à l’interdit et au tabou, comme je l’avais fait, ta liberté était admise. L’entourer de belles envolées intellectuelles avec une citation mythologique ou littéraire toutes les deux lignes ne pouvait que produire admiration, jamais une sérieuse menace.
Puis, tu as fait une campagne en faveur de la participation aux élections de Tebboune encore plus bruyamment que ses propres soutiens de la secte. C’est un comble de venir nous dire aujourd’hui que tu milites contre un régime dictatorial qui musèle les libertés.
Lorsque tu étais chroniqueur en Algérie, j’aurais bien voulu que tu dises « Je suis un opposant et un traître à mon pays, et alors ? ». Cela aurait été le courage des grands. D’autres, avec autant de talent, ont écrit des livres, des articles et des blogs et n’avaient pas eu la même immunité que toi.
Non, Kamel, tu n’es pas un traître mais mon compatriote d’Oran, libre de tes opinions. Je le répète, elles sont les miennes.
Sauf que je ne dessine pas mon passé avec des fleurs de la déesse Vénus. Je ne me compromettrai également jamais à flirter avec les idées et les hommes de l’extrême droite. C’est une énorme différence entre nous, je ne peux égaler ton talent.
Non, Kamel, jamais je ne t’accuserai d’être un traître à ton pays natal. Kacem Madani a raison d’affirmer qu’ils sont ailleurs.
Mais, Kamel, n’en fais pas trop, tu t’engages dangereusement vers des sentiers sulfureux. Et nous, si nous n’avons pas tes capacités intellectuelles, nous avons une grosse mémoire. Chacun ses dons.
La JS Kabylie a consolidé sa 2e place au classement du championnat national de Ligue 1 Mobilis à la faveur de sa victoire ramenée de Magra (3-1), face au NCM, à l’occasion de la première partie de la 27e journée disputée dimanche.
Piégée dans son antre par la JS Saoura lors de la précédente manche, la JSK s’est rattrapée de fort belle manière chez l’avant-dernier. Pourtant, les locaux ont été les premiers à se mettre en évidence dans ce duel des extrêmes en ouvrant le score à la 23e minute par Djabout.
Même s’ils ont pris leur temps, les Canaris ont fini par prendre leur envol en égalisant par le Russe, Ignatiev (39’), avant d’ajouter deux autres réalisations en seconde période par l’entremise de Berkane (66’) et Boualia (79’).
Avec 49 points, la JSK est solide deuxième, alors que le NCM (15e – 27 pts) enchaîne les défaites et hypothèque sérieusement ses chances de rester parmi l’élite la saison prochaine.
L’USM Khenchela respire, l’ES Mostaganem aussi
Dans les deux autres rencontres jouées cet après-midi, et qui concernent deux des équipes mal classés, l’USM Khenchela a réalisé une très bonne opération en allant damer le pion à l’ES Sétif (1-0).
Le but inscrit par Oukil, dès la 5e minute, permet à Ciskaoua de se hisser à la 11e position (31 pts), alors que l’ESS (5e – 38 pts) aligne une troisième défaite de rang.
Pour sa part, l’ES Mostaganem a réalisé l’essentiel lors de la réception de l’ASO Chlef (1-0). Grâce à Aoudjane (41’), auteur de l’unique réalisation de la partie, le promu grimpe à la 13e place (30 pts) et s’éloigne, quelque peu, de la zone rouge. Quant aux Chélifiens, ils continuent leur parcours en dents et gardent provisoirement la 10e place (33 pts).
La suite lundi et mardi
Scindée en trois parties, le deuxième acte de cette 27e manche aura lieu ce lundi avec deux rencontres au programme. Bonne dernière au classement, avec 20 unités, l’US Biskra doit impérativement gagner face au MC Oran (17h45), au risque de compromettre définitivement ses chances de maintien.
De son côté, l’USM Alger, qui reste sur deux défaites consécutives, dont une face au leader et voisin, le MC Alger, aura à cœur de renouer avec la victoire lors de la réception de l’Olympique Akbou. Toutefois, les Rouge et Noir devront composer sans leur public, car cette partie, prévue à 20h00 au stade du 5 Juillet 1962 (Alger), aura lieu à huis clos.
Concernant les trois matchs restants, ils auront lieu mardi. Le MC Alger, patron de la Ligue 1 Mobilis, effectuera un périlleux déplacement à Béchar pour donner la réplique à la JS Saoura (19h00). À Alger, le stade Nelson Mandela sera le théâtre d’un palpitant derby de la capitale qui mettra aux prises le CR Belouizdad au Paradou AC (19h00).
Pour sa part, le MC El Bayadh sera l’hôte du CS Constantine (17h00). Tout comme l’USMA, le MCEB tentera de tout faire pour renouer avec le succès et ainsi terminer la saison en beauté.
C’est un plan qui a fuité sur le web et que l’Arabie saoudite n’a pas encore démenti. Il prévoit qu’à partir de 2026, la consommation d’alcool sur le territoire saoudien soit autorisée. Une sérieuse entorse aux principes de la charia, appliquée de manière rigoureuse par le royaume.
Le plan en question désigne jusqu’à 600 zones, principalement prévues pour les touristes, où la vente de bière et de vin serait autorisée. Les hôtels cinq étoiles seraient alors aussi autorisés à vendre. La vente au détail resterait quant à elle interdite, tout comme les alcools forts à plus de 20°. Le but serait de préparer le terrain dès 2026, quelques années avant la Coupe du monde de football, organisée par l’Arabie saoudite en 2034.
Ni le gouvernement saoudien, ni les médias locaux n’ont confirmé ces informations. Mais cela semble correspondre au plan général du prince Mohammed ben Salman, qui souhaite transformer l’Arabie saoudite en pôle touristique, sur le modèle de ses voisins comme Bahreïn.
En fait, l’alcool est déjà présent en Arabie saoudite. Depuis maintenant une année, les diplomates non musulmans peuvent acheter leurs bières, whisky et gin dans un seul et unique magasin de Riyad, où les clients sont strictement contrôlés. C’est une première depuis l’interdiction totale de la vente d’alcool en 1952.
En réalité, l’alcool, artisanal ou non, circule de longue date sous le manteau, dans les fêtes organisées par les expatriés jusque dans les foyers saoudiens.
Neuf enfants d’une fratrie de 10 enfants carbonisés hier par un bombardement israélien dans la bande de Gaza. La mort se résume à une glaciale comptabilité dans ce territoire où l’armée israélienne bombarde impitoyablement.
La défense civile a publié samedi une vidéo montrant ce qu’elle présente comme ses secouristes fouillant les décombres de la maison après la frappe et récupérant plusieurs corps carbonisés d’enfants. L’armée israélienne a dit à l’AFP qu’un de ses aéronefs avait « frappé plusieurs individus soupçonnés d’opérer depuis une structure adjacente » à des soldats dans cette zone. « L’affirmation concernant les dommages causés à des civils non impliqués est en cours d’examen », a-t-elle ajouté.
La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé vendredi la mort de 16 personnes dans des frappes israéliennes dans plusieurs zones du territoire palestinien. Des civils, que des civils : des femmes et des enfants. Cette guerre prend des allures d’une volonté d’extermination des Palestiniens dans cette bande de terre.
Deux collaborateurs du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont été tués samedi 24 mai lors d’une frappe sur leur domicile à Khan Younès dans le sud du territoire palestinien, a indiqué le CICR dimanche sur le réseau social X. « Nous sommes dévastés par la mort de deux chers collègues, Ibrahim Eid et Ahmad Abu Hilal. Aujourd’hui, encore une fois, nous réitérons notre appel urgent au respect et à la protection des civils à Gaza », écrit l’organisation.
Le bilan « des frappes israéliennes dans différentes zones de la bande de Gaza depuis minuit s’élève à 16 morts », a déclaré à l’AFP Mohammed al-Moughayir, un responsable de cette organisation de premiers secours.
Ce responsable a mentionné aussi « des dizaines de blessés » dans ces frappes qui ont touché des habitations dans le centre et dans le sud de la bande de Gaza. Bien entendu, ceux qui suivent les massacres répétés dans la bande de Gaza auront remarqué que les combattants du Hamas ne se montrent plus.
« L’armée de l’air a frappé plus de 75 cibles terroristes à travers la bande de Gaza », fanfaronne le communiqué de l’armée israélienne.
Les autorités sanitaires palestiniennes ont indiqué que 3.785 Palestiniens sont tués sous les bombardements et 10.756 autres ont été blessés depuis le 18 mars, date de la reprise des attaques de l’armée israélienne décidées par Benyamin Netanyahou.
Dans Le Chevalier véridique, Jean-Baptiste Évette fait renaître la figure effacée de Si Saddoq Ou l’Hadj, chef spirituel et résistant chaoui du XIXe siècle. À travers ce roman inspiré de faits réels et nourri d’archives françaises et de récits algériens, l’auteur tisse un pont entre les mémoires blessées de l’Algérie et de la France.
Ce récit Le Chevalier véridique, à la fois historique et profondément humain, explore les chemins de la foi, de la dignité et de l’engagement face à l’oppression. Une œuvre rare qui interroge notre rapport à l’histoire, à l’oubli, et à la possibilité d’un dialogue apaisé entre les peuples.
Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a conduit à exhumer la figure de Si Saddoq Ou l’Hadj et cette période méconnue de l’histoire ?
Jean-Baptiste Evette : Le choix du verbe « exhumer » me parle. En effet, je pense qu’une des vocations de la fiction est de tirer de l’oubli des figures et des moments, redonner voix et visage à des défunts, revisiter des périodes historiques qui ont contribué à engendrer le monde tel que nous le connaissons. Je ne crois pas que l’oubli puisse être une solution. La connaissance et l’acceptation du passé me paraissent être la seule voie.
J’ai découvert Si Saddoq Ou l’Hadj par un de ces hasards dont on arrive à penser qu’ils ne dépendent pas uniquement du hasard. J’ai terminé en 2014 un roman intitulé Tuer Napoléon III, publié chez Plon, dont le personnage principal, Étienne Sombre, faisait partie des opposants au coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte, auto-proclamé empereur des Français. Cette lutte est assez méconnue.
Le roman finissait par la déportation de Sombre au pénitencier de Lambèse, comme nombre d’autres républicains de l’époque, son évasion et sa fuite dans les Aurès. Puis, j’ai découvert que la vallée des Aurès dans laquelle je l’avais envoyé sans trop réfléchir, celle de l’Oued Abiod, ou Ighzir Amellal en chaoui, avait participé au combat de Si Saddoq Ou l’Hadj contre la colonisation française précisément à cette époque-là, et avait chèrement payé son engagement.
En outre, les archives civiles et militaires françaises témoignent de l’importance de l’insurrection de 1858-1859. Sa répression a demandé plus de 2 000 soldats français, de l’artillerie et des centaines de cavaliers commandés par des caïds. Les documents permettent de deviner le caractère exceptionnel de la figure de Si Saddoq, constamment opposé à la collaboration, respecté par ses ennemis, et d’une dignité que la défaite n’affaiblit à aucun moment. Visiter son tombeau dans l’Ahmar Khaddou et découvrir son portrait dans un numéro contemporain du journal L’Illustration ont été des moments que je n’oublierai jamais.
Le Matin d’Algérie : Comment avez-vous concilié rigueur historique et liberté romanesque dans ce récit ?
Jean-Baptiste Evette : Tout ce qui concerne Si Saddoq, ses fils et son entourage, les insurgés qui le soutiennent ou les actions de l’armée française s’appuie sur des documents issus des archives, tandis qu’une poignée de personnages fictifs, quelques Français, des villageois de Ghoufi et alentours, un sous-officier de Biskra, m’ont donné la liberté d’inventer la rencontre entre une famille française et des montagnards chaouis, les incompréhensions, les amitiés, les travaux et les bonheurs qui l’accompagnent, et de donner corps à ce que représentait la vie quotidienne, mutilée par le retour de la guerre.
J’aime beaucoup les cartes anciennes, et j’ai trouvé aux archives militaires de Vincennes une carte manuscrite de l’époque qui a donné un cadre à mes imaginations. J’ai aussi consulté les photographies et les documents ethnologiques rapportés beaucoup plus tard par Thérèse Rivière et Germaine Tillion, c’est tout un monde disparu dont j’ai beaucoup rêvé. La fiction, je crois, permet de redonner chair à des presque anonymes que l’histoire peine à prendre en compte, aussi j’ai eu soin de citer nommément tous les compagnons de Si Saddoq dont j’ai pu retrouver l’identité.
Le Matin d’Algérie : En quoi la conversion et l’engagement d’Étienne traduisent-ils une quête spirituelle qui dépasse la simple trajectoire individuelle ?
Jean-Baptiste Evette : Il me semble que le fait de se sentir incomplet, habité par un manque, d’aspirer à davantage, est une caractéristique de l’humanité, et mon personnage, plus qu’un autre peut-être, ressent ce vide intérieur. Qui ne cherche pas un trajet possible à travers l’absence de sens de la réalité, la cruauté de l’histoire, l’absurdité du destin ? Et puis, il y a aussi ces moments fugitifs où la beauté du monde est telle qu’on est saisi par un élan de gratitude.
Elle est spécialement sensible dans les paysages des Aurès et des Zibans qui, par leur beauté et leur rigueur, disposent à des pensées plus élevées et plus poétiques. Et la lumière ! La lumière de décembre dans la région de Biskra était telle que soudain j’arrivais à lire sans lunettes !
Le Chevalier véridique m’a en tout cas donné la chance, en plus d’arpenter des paysages inoubliables, des montagnes aux oasis, d’approfondir ma connaissance du Coran, de l’islam et de la sunna, et de la poésie qu’ils renferment, mais aussi de découvrir la spiritualité marquée par le soufisme de la confrérie Rahmania.
Le Matin d’Algérie : Selon vous, de quelle manière la littérature peut-elle contribuer à réconcilier les mémoires algérienne et française ?
Jean-Baptiste Evette : Les obstacles sont nombreux, mais je veux y croire, et la population algérienne de France, partie intégrante et importante du pays, rend cette réconciliation d’autant plus nécessaire.
Je suis né en 1964, après les accords de paix entre l’Algérie et la France, mais j’avais l’impression que mon pays gardait le silence sur un vilain secret, une plaie non traitée qui l’empoisonnait. Je ne connais pas de meilleur remède que de faire circuler la parole, la fiction, la poésie et l’histoire d’une rive à l’autre de la Méditerranée pour traiter ce genre de maux.
Il me semble que la littérature peut aider à faire connaître et reconnaître les crimes de la colonisation, mais aussi la résistance continue et acharnée des habitants du pays. La lutte ne s’est arrêtée ni en 1847 avec la reddition d’Abdelkader, pas plus qu’en 1871 avec la défaite d’El Mokrani. Malheureusement, il reste difficile de se procurer les livres d’histoire ou de fiction parus en Algérie, et il est, par exemple, tout à fait impossible d’acheter un exemplaire de mon roman en France. Une circulation plus fluide des livres (et des gens !) serait un progrès important.
Par ailleurs, les échanges que j’ai eus en Algérie sur la guerre, sur les mémoires, ont été incroyablement riches et chaleureux. Alors qu’il est tout à fait naturel que les Algériens soient fatigués de se faire raconter leur histoire par des Français, nombre d’entre eux ont encouragé mes recherches. Peut-être que sur ce point, les citoyens ordinaires de l’un et l’autre pays sont plus avancés que les ténors des deux rives qui prospèrent sur la mésentente.
Avec la compagnie de théâtre de rue Les Grandes Personnes, j’ai animé l’écriture d’ateliers Ancêtres qui créent depuis 2012, avec des participants de tous horizons, des spectacles sculptés sur les trajets de nos aïeux, et nous avons avancé sur cette question de l’opposition et de l’acceptation des mémoires, aussi bien avec des rapatriés qu’avec des enfants de victimes de la répression française.
Le Matin d’Algérie : Quelle portée donnez-vous aujourd’hui à la figure de Si Saddoq Ou l’Hadj dans la construction de l’identité algérienne ?
Jean-Baptiste Evette : Pour moi, Si Saddoq est une figure passionnante et complexe qui peut fissurer des représentations trop figées. C’est un Chaoui, un cheikh de la confrérie rahmaniya à la tête d’une importante zaouïa, et il réussit à unir sous la bannière de la résistance les montagnards des Aurès mais aussi les nomades des Zibans. Le général français Desvaux l’accuse d’être hérétique et d’accueillir des femmes pour la prière. C’est un lettré, mais il sait parler aux bergers et aux paysans de la montagne. Sa zaouïa, comme beaucoup d’autres, n’était pas située dans un lieu de confort, mais sur une frontière où des tribus s’étaient souvent combattues ; elle agissait pour la paix.
Si Saddoq était un mystique contemplatif, finalement il se résout à prendre les armes. Il risque sa vie, mais aussi celles de ses fils et de sa famille qui luttent à ses côtés. Son savoir, sa sincérité et la profondeur de sa foi sont incontestables, mais elle paraîtrait peut-être hétérodoxe aujourd’hui. L’armée française le combat, confie aux caïds le soin de détruire les villages de Ghoufi ou de Baniane qui le soutenaient, semant ainsi de profondes graines de discorde, mais d’autres Français assurent sa défense pendant son conseil de guerre ou écrivent au ministre pour réclamer sa grâce.
Le Matin d’Algérie : Quelles difficultés avez-vous rencontrées en croisant les sources des deux rives, et comment ces regards ont-ils enrichi votre récit ?
Jean-Baptiste Evette : Mes sources écrites sont principalement des archives militaires et civiles françaises ; je les ai photographiées et je les tiens à la disposition des chercheurs algériens qu’elles pourraient intéresser. J’ai déjà communiqué à plusieurs reprises les pièces du conseil de guerre de Si Saddoq à des correspondants algériens.
Il était assez facile de ne pas se laisser abuser par les accusations portées contre Si Saddoq par les gens qui le combattaient. J’aurais aimé avoir accès à davantage de sources algériennes, mais j’en ai peu trouvé. En visitant les lieux, en Algérie, en discutant avec des gens qui connaissaient l’histoire de Si Saddoq, j’ai recueilli des bribes de témoignages et de traditions orales qui m’ont été précieuses. Je n’aurais pas pu les trouver ici.
J’ai eu quelques échanges avec des étudiants et un professeur d’université qui travaille sur le sujet, et puis d’autres plus nombreux avec un ami algérien qui m’a guidé et qui m’a évité un certain nombre d’impairs ou de contre-sens. Si j’ai bien compris, il subsiste au moins par fragments un manuscrit mystique que Si Saddoq a écrit, mais, faute de connaître l’arabe, j’aurais été incapable de le lire et sans doute les gens qui le détiennent ne souhaitaient pas qu’il soit diffusé. Il arrive que l’on puisse se sentir propriétaire du passé, au point de ne pas avoir envie de le transmettre.
Cependant, il ne faut pas que nous restions assis chacun de notre côté de la mer, avec des pièces du même puzzle qui ne serait jamais reconstitué.
Le Matin d’Algérie : Quelle place attribuez-vous à la fiction dans le travail de relecture des récits nationaux et de la mémoire partagée ?
Jean-Baptiste Evette : Si j’étais historien ou sociologue, j’aurais sans doute travaillé sur les résistances mystiques à la colonisation, comme Fanny Colonna, ou sur la manière dont la colonisation a revivifié le thème du djihad, mais je suis romancier, et je pratique la fiction. À condition de ne pas recoller sur les gens du passé des sentiments et des mœurs qui sont les nôtres, à condition d’être en quelque sorte à l’écoute de leurs voix fantômes, la fiction donne accès aux merveilles de la vie quotidienne, de la spiritualité, de la différence. Parce qu’elle n’est pas objective, parce qu’elle se place davantage au niveau des individus, en épousant leurs points de vue, leurs émotions, elle sait peut-être mieux que l’histoire écouter les douleurs, les malheurs, ou raconter la poésie du quotidien, ses plages de sérénité au milieu des tempêtes.
Le Matin d’Algérie : Comment la résistance spirituelle et intellectuelle que vous décrivez éclaire-t-elle les tensions entre tradition et modernité dans l’Algérie coloniale ?
Jean-Baptiste Evette : Les habitants des vallées des Aurès, de l’Ahmar-Khaddou à Bouzina, avaient la particularité de participer à la fois aux manifestations religieuses très populaires et très anciennes des msamdas sur le Djebel Bous, qui comportaient transes et prophéties, et de fréquenter les zaouïas pour pratiquer la prière en commun et le dhikr. Au milieu du 19e siècle, cohabitaient une pratique mystique guidée par des érudits, et d’autres formes de piété populaire beaucoup moins encadrées. Cette riche diversité religieuse étonne ; ce n’est peut-être pas un hasard si Ben Badis vient de la même région.
Le Matin d’Algérie : Quel dialogue espérez-vous ouvrir entre les générations et entre les deux peuples à travers ce roman ?
Jean-Baptiste Evette : Je ne fais pas beaucoup d’illusion sur la portée réelle de ce que j’écris. En France, Plon a refusé de publier ce roman ; en Algérie, il est parfois compliqué de se le procurer. Mais je pense que les échanges et les débats valent mieux que le silence.
Le Matin d’Algérie : Envisagez-vous de prolonger cette exploration historique et mémorielle dans vos prochains travaux ?
Jean-Baptiste Evette : En ce moment, je travaille plutôt à une encyclopédie poétique des arbres, qui comporte d’ailleurs le palmier dattier et le genévrier thurifère, que j’ai rencontrés en Algérie, mais je reviendrai certainement à la fiction, et j’espère bien poursuivre les ateliers Ancêtres avec la compagnie Les Grandes Personnes, qui a déjà travaillé en Algérie, à Akbou ou à Oran.
Entretien réalisé par Djamal Guettala
Chevalier Véridique Éditions ANEP Février 2022
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