C’est un plan qui a fuité sur le web et que l’Arabie saoudite n’a pas encore démenti. Il prévoit qu’à partir de 2026, la consommation d’alcool sur le territoire saoudien soit autorisée. Une sérieuse entorse aux principes de la charia, appliquée de manière rigoureuse par le royaume.
Le plan en question désigne jusqu’à 600 zones, principalement prévues pour les touristes, où la vente de bière et de vin serait autorisée. Les hôtels cinq étoiles seraient alors aussi autorisés à vendre. La vente au détail resterait quant à elle interdite, tout comme les alcools forts à plus de 20°. Le but serait de préparer le terrain dès 2026, quelques années avant la Coupe du monde de football, organisée par l’Arabie saoudite en 2034.
Ni le gouvernement saoudien, ni les médias locaux n’ont confirmé ces informations. Mais cela semble correspondre au plan général du prince Mohammed ben Salman, qui souhaite transformer l’Arabie saoudite en pôle touristique, sur le modèle de ses voisins comme Bahreïn.
En fait, l’alcool est déjà présent en Arabie saoudite. Depuis maintenant une année, les diplomates non musulmans peuvent acheter leurs bières, whisky et gin dans un seul et unique magasin de Riyad, où les clients sont strictement contrôlés. C’est une première depuis l’interdiction totale de la vente d’alcool en 1952.
En réalité, l’alcool, artisanal ou non, circule de longue date sous le manteau, dans les fêtes organisées par les expatriés jusque dans les foyers saoudiens.
Neuf enfants d’une fratrie de 10 enfants carbonisés hier par un bombardement israélien dans la bande de Gaza. La mort se résume à une glaciale comptabilité dans ce territoire où l’armée israélienne bombarde impitoyablement.
La défense civile a publié samedi une vidéo montrant ce qu’elle présente comme ses secouristes fouillant les décombres de la maison après la frappe et récupérant plusieurs corps carbonisés d’enfants. L’armée israélienne a dit à l’AFP qu’un de ses aéronefs avait « frappé plusieurs individus soupçonnés d’opérer depuis une structure adjacente » à des soldats dans cette zone. « L’affirmation concernant les dommages causés à des civils non impliqués est en cours d’examen », a-t-elle ajouté.
La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé vendredi la mort de 16 personnes dans des frappes israéliennes dans plusieurs zones du territoire palestinien. Des civils, que des civils : des femmes et des enfants. Cette guerre prend des allures d’une volonté d’extermination des Palestiniens dans cette bande de terre.
Deux collaborateurs du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont été tués samedi 24 mai lors d’une frappe sur leur domicile à Khan Younès dans le sud du territoire palestinien, a indiqué le CICR dimanche sur le réseau social X. « Nous sommes dévastés par la mort de deux chers collègues, Ibrahim Eid et Ahmad Abu Hilal. Aujourd’hui, encore une fois, nous réitérons notre appel urgent au respect et à la protection des civils à Gaza », écrit l’organisation.
Le bilan « des frappes israéliennes dans différentes zones de la bande de Gaza depuis minuit s’élève à 16 morts », a déclaré à l’AFP Mohammed al-Moughayir, un responsable de cette organisation de premiers secours.
Ce responsable a mentionné aussi « des dizaines de blessés » dans ces frappes qui ont touché des habitations dans le centre et dans le sud de la bande de Gaza. Bien entendu, ceux qui suivent les massacres répétés dans la bande de Gaza auront remarqué que les combattants du Hamas ne se montrent plus.
« L’armée de l’air a frappé plus de 75 cibles terroristes à travers la bande de Gaza », fanfaronne le communiqué de l’armée israélienne.
Les autorités sanitaires palestiniennes ont indiqué que 3.785 Palestiniens sont tués sous les bombardements et 10.756 autres ont été blessés depuis le 18 mars, date de la reprise des attaques de l’armée israélienne décidées par Benyamin Netanyahou.
Dans Le Chevalier véridique, Jean-Baptiste Évette fait renaître la figure effacée de Si Saddoq Ou l’Hadj, chef spirituel et résistant chaoui du XIXe siècle. À travers ce roman inspiré de faits réels et nourri d’archives françaises et de récits algériens, l’auteur tisse un pont entre les mémoires blessées de l’Algérie et de la France.
Ce récit Le Chevalier véridique, à la fois historique et profondément humain, explore les chemins de la foi, de la dignité et de l’engagement face à l’oppression. Une œuvre rare qui interroge notre rapport à l’histoire, à l’oubli, et à la possibilité d’un dialogue apaisé entre les peuples.
Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a conduit à exhumer la figure de Si Saddoq Ou l’Hadj et cette période méconnue de l’histoire ?
Jean-Baptiste Evette : Le choix du verbe « exhumer » me parle. En effet, je pense qu’une des vocations de la fiction est de tirer de l’oubli des figures et des moments, redonner voix et visage à des défunts, revisiter des périodes historiques qui ont contribué à engendrer le monde tel que nous le connaissons. Je ne crois pas que l’oubli puisse être une solution. La connaissance et l’acceptation du passé me paraissent être la seule voie.
J’ai découvert Si Saddoq Ou l’Hadj par un de ces hasards dont on arrive à penser qu’ils ne dépendent pas uniquement du hasard. J’ai terminé en 2014 un roman intitulé Tuer Napoléon III, publié chez Plon, dont le personnage principal, Étienne Sombre, faisait partie des opposants au coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte, auto-proclamé empereur des Français. Cette lutte est assez méconnue.
Le roman finissait par la déportation de Sombre au pénitencier de Lambèse, comme nombre d’autres républicains de l’époque, son évasion et sa fuite dans les Aurès. Puis, j’ai découvert que la vallée des Aurès dans laquelle je l’avais envoyé sans trop réfléchir, celle de l’Oued Abiod, ou Ighzir Amellal en chaoui, avait participé au combat de Si Saddoq Ou l’Hadj contre la colonisation française précisément à cette époque-là, et avait chèrement payé son engagement.
En outre, les archives civiles et militaires françaises témoignent de l’importance de l’insurrection de 1858-1859. Sa répression a demandé plus de 2 000 soldats français, de l’artillerie et des centaines de cavaliers commandés par des caïds. Les documents permettent de deviner le caractère exceptionnel de la figure de Si Saddoq, constamment opposé à la collaboration, respecté par ses ennemis, et d’une dignité que la défaite n’affaiblit à aucun moment. Visiter son tombeau dans l’Ahmar Khaddou et découvrir son portrait dans un numéro contemporain du journal L’Illustration ont été des moments que je n’oublierai jamais.
Le Matin d’Algérie : Comment avez-vous concilié rigueur historique et liberté romanesque dans ce récit ?
Jean-Baptiste Evette : Tout ce qui concerne Si Saddoq, ses fils et son entourage, les insurgés qui le soutiennent ou les actions de l’armée française s’appuie sur des documents issus des archives, tandis qu’une poignée de personnages fictifs, quelques Français, des villageois de Ghoufi et alentours, un sous-officier de Biskra, m’ont donné la liberté d’inventer la rencontre entre une famille française et des montagnards chaouis, les incompréhensions, les amitiés, les travaux et les bonheurs qui l’accompagnent, et de donner corps à ce que représentait la vie quotidienne, mutilée par le retour de la guerre.
J’aime beaucoup les cartes anciennes, et j’ai trouvé aux archives militaires de Vincennes une carte manuscrite de l’époque qui a donné un cadre à mes imaginations. J’ai aussi consulté les photographies et les documents ethnologiques rapportés beaucoup plus tard par Thérèse Rivière et Germaine Tillion, c’est tout un monde disparu dont j’ai beaucoup rêvé. La fiction, je crois, permet de redonner chair à des presque anonymes que l’histoire peine à prendre en compte, aussi j’ai eu soin de citer nommément tous les compagnons de Si Saddoq dont j’ai pu retrouver l’identité.
Le Matin d’Algérie : En quoi la conversion et l’engagement d’Étienne traduisent-ils une quête spirituelle qui dépasse la simple trajectoire individuelle ?
Jean-Baptiste Evette : Il me semble que le fait de se sentir incomplet, habité par un manque, d’aspirer à davantage, est une caractéristique de l’humanité, et mon personnage, plus qu’un autre peut-être, ressent ce vide intérieur. Qui ne cherche pas un trajet possible à travers l’absence de sens de la réalité, la cruauté de l’histoire, l’absurdité du destin ? Et puis, il y a aussi ces moments fugitifs où la beauté du monde est telle qu’on est saisi par un élan de gratitude.
Elle est spécialement sensible dans les paysages des Aurès et des Zibans qui, par leur beauté et leur rigueur, disposent à des pensées plus élevées et plus poétiques. Et la lumière ! La lumière de décembre dans la région de Biskra était telle que soudain j’arrivais à lire sans lunettes !
Le Chevalier véridique m’a en tout cas donné la chance, en plus d’arpenter des paysages inoubliables, des montagnes aux oasis, d’approfondir ma connaissance du Coran, de l’islam et de la sunna, et de la poésie qu’ils renferment, mais aussi de découvrir la spiritualité marquée par le soufisme de la confrérie Rahmania.
Le Matin d’Algérie : Selon vous, de quelle manière la littérature peut-elle contribuer à réconcilier les mémoires algérienne et française ?
Jean-Baptiste Evette : Les obstacles sont nombreux, mais je veux y croire, et la population algérienne de France, partie intégrante et importante du pays, rend cette réconciliation d’autant plus nécessaire.
Je suis né en 1964, après les accords de paix entre l’Algérie et la France, mais j’avais l’impression que mon pays gardait le silence sur un vilain secret, une plaie non traitée qui l’empoisonnait. Je ne connais pas de meilleur remède que de faire circuler la parole, la fiction, la poésie et l’histoire d’une rive à l’autre de la Méditerranée pour traiter ce genre de maux.
Il me semble que la littérature peut aider à faire connaître et reconnaître les crimes de la colonisation, mais aussi la résistance continue et acharnée des habitants du pays. La lutte ne s’est arrêtée ni en 1847 avec la reddition d’Abdelkader, pas plus qu’en 1871 avec la défaite d’El Mokrani. Malheureusement, il reste difficile de se procurer les livres d’histoire ou de fiction parus en Algérie, et il est, par exemple, tout à fait impossible d’acheter un exemplaire de mon roman en France. Une circulation plus fluide des livres (et des gens !) serait un progrès important.
Par ailleurs, les échanges que j’ai eus en Algérie sur la guerre, sur les mémoires, ont été incroyablement riches et chaleureux. Alors qu’il est tout à fait naturel que les Algériens soient fatigués de se faire raconter leur histoire par des Français, nombre d’entre eux ont encouragé mes recherches. Peut-être que sur ce point, les citoyens ordinaires de l’un et l’autre pays sont plus avancés que les ténors des deux rives qui prospèrent sur la mésentente.
Avec la compagnie de théâtre de rue Les Grandes Personnes, j’ai animé l’écriture d’ateliers Ancêtres qui créent depuis 2012, avec des participants de tous horizons, des spectacles sculptés sur les trajets de nos aïeux, et nous avons avancé sur cette question de l’opposition et de l’acceptation des mémoires, aussi bien avec des rapatriés qu’avec des enfants de victimes de la répression française.
Le Matin d’Algérie : Quelle portée donnez-vous aujourd’hui à la figure de Si Saddoq Ou l’Hadj dans la construction de l’identité algérienne ?
Jean-Baptiste Evette : Pour moi, Si Saddoq est une figure passionnante et complexe qui peut fissurer des représentations trop figées. C’est un Chaoui, un cheikh de la confrérie rahmaniya à la tête d’une importante zaouïa, et il réussit à unir sous la bannière de la résistance les montagnards des Aurès mais aussi les nomades des Zibans. Le général français Desvaux l’accuse d’être hérétique et d’accueillir des femmes pour la prière. C’est un lettré, mais il sait parler aux bergers et aux paysans de la montagne. Sa zaouïa, comme beaucoup d’autres, n’était pas située dans un lieu de confort, mais sur une frontière où des tribus s’étaient souvent combattues ; elle agissait pour la paix.
Si Saddoq était un mystique contemplatif, finalement il se résout à prendre les armes. Il risque sa vie, mais aussi celles de ses fils et de sa famille qui luttent à ses côtés. Son savoir, sa sincérité et la profondeur de sa foi sont incontestables, mais elle paraîtrait peut-être hétérodoxe aujourd’hui. L’armée française le combat, confie aux caïds le soin de détruire les villages de Ghoufi ou de Baniane qui le soutenaient, semant ainsi de profondes graines de discorde, mais d’autres Français assurent sa défense pendant son conseil de guerre ou écrivent au ministre pour réclamer sa grâce.
Le Matin d’Algérie : Quelles difficultés avez-vous rencontrées en croisant les sources des deux rives, et comment ces regards ont-ils enrichi votre récit ?
Jean-Baptiste Evette : Mes sources écrites sont principalement des archives militaires et civiles françaises ; je les ai photographiées et je les tiens à la disposition des chercheurs algériens qu’elles pourraient intéresser. J’ai déjà communiqué à plusieurs reprises les pièces du conseil de guerre de Si Saddoq à des correspondants algériens.
Il était assez facile de ne pas se laisser abuser par les accusations portées contre Si Saddoq par les gens qui le combattaient. J’aurais aimé avoir accès à davantage de sources algériennes, mais j’en ai peu trouvé. En visitant les lieux, en Algérie, en discutant avec des gens qui connaissaient l’histoire de Si Saddoq, j’ai recueilli des bribes de témoignages et de traditions orales qui m’ont été précieuses. Je n’aurais pas pu les trouver ici.
J’ai eu quelques échanges avec des étudiants et un professeur d’université qui travaille sur le sujet, et puis d’autres plus nombreux avec un ami algérien qui m’a guidé et qui m’a évité un certain nombre d’impairs ou de contre-sens. Si j’ai bien compris, il subsiste au moins par fragments un manuscrit mystique que Si Saddoq a écrit, mais, faute de connaître l’arabe, j’aurais été incapable de le lire et sans doute les gens qui le détiennent ne souhaitaient pas qu’il soit diffusé. Il arrive que l’on puisse se sentir propriétaire du passé, au point de ne pas avoir envie de le transmettre.
Cependant, il ne faut pas que nous restions assis chacun de notre côté de la mer, avec des pièces du même puzzle qui ne serait jamais reconstitué.
Le Matin d’Algérie : Quelle place attribuez-vous à la fiction dans le travail de relecture des récits nationaux et de la mémoire partagée ?
Jean-Baptiste Evette : Si j’étais historien ou sociologue, j’aurais sans doute travaillé sur les résistances mystiques à la colonisation, comme Fanny Colonna, ou sur la manière dont la colonisation a revivifié le thème du djihad, mais je suis romancier, et je pratique la fiction. À condition de ne pas recoller sur les gens du passé des sentiments et des mœurs qui sont les nôtres, à condition d’être en quelque sorte à l’écoute de leurs voix fantômes, la fiction donne accès aux merveilles de la vie quotidienne, de la spiritualité, de la différence. Parce qu’elle n’est pas objective, parce qu’elle se place davantage au niveau des individus, en épousant leurs points de vue, leurs émotions, elle sait peut-être mieux que l’histoire écouter les douleurs, les malheurs, ou raconter la poésie du quotidien, ses plages de sérénité au milieu des tempêtes.
Le Matin d’Algérie : Comment la résistance spirituelle et intellectuelle que vous décrivez éclaire-t-elle les tensions entre tradition et modernité dans l’Algérie coloniale ?
Jean-Baptiste Evette : Les habitants des vallées des Aurès, de l’Ahmar-Khaddou à Bouzina, avaient la particularité de participer à la fois aux manifestations religieuses très populaires et très anciennes des msamdas sur le Djebel Bous, qui comportaient transes et prophéties, et de fréquenter les zaouïas pour pratiquer la prière en commun et le dhikr. Au milieu du 19e siècle, cohabitaient une pratique mystique guidée par des érudits, et d’autres formes de piété populaire beaucoup moins encadrées. Cette riche diversité religieuse étonne ; ce n’est peut-être pas un hasard si Ben Badis vient de la même région.
Le Matin d’Algérie : Quel dialogue espérez-vous ouvrir entre les générations et entre les deux peuples à travers ce roman ?
Jean-Baptiste Evette : Je ne fais pas beaucoup d’illusion sur la portée réelle de ce que j’écris. En France, Plon a refusé de publier ce roman ; en Algérie, il est parfois compliqué de se le procurer. Mais je pense que les échanges et les débats valent mieux que le silence.
Le Matin d’Algérie : Envisagez-vous de prolonger cette exploration historique et mémorielle dans vos prochains travaux ?
Jean-Baptiste Evette : En ce moment, je travaille plutôt à une encyclopédie poétique des arbres, qui comporte d’ailleurs le palmier dattier et le genévrier thurifère, que j’ai rencontrés en Algérie, mais je reviendrai certainement à la fiction, et j’espère bien poursuivre les ateliers Ancêtres avec la compagnie Les Grandes Personnes, qui a déjà travaillé en Algérie, à Akbou ou à Oran.
Entretien réalisé par Djamal Guettala
Chevalier Véridique Éditions ANEP Février 2022
L’Illustration, d’après un dessin réalisé en août 1859, au moment de son procès en conseil de guerre à Constantine. Je le préfère de beaucoup à celui qui illustre la couverture du livre me disait L'auteur
A titre d’exemples, hier et ce matin (*), la Cour d’Alger a rendu deux arrêts injustes et inacceptables. Hier, c’était un arrêt confirmant l’arbitraire dont sont victimes Fethi Ghares et son épouse Messaouda Cheballah, les condamnant respectivement à un an de prison ferme et à six mois de prison avec sursis, en plus de plusieurs amendes.
Ce matin, un autre arrêt, même s’il réduit sa peine de prison, inflige injustement au poète et militant Mohamed Tadjadit un an de prison ferme.
Comme pour beaucoup d’autres décisions, notamment depuis l’avènement du Hirak, l’appareil judiciaire s’est impliqué dans la répression des libertés démocratiques alors que celles-ci sont garanties par la constitution du régime. En bafouant les droits et les libertés de centaines d’activistes et de détenuEs politiques et d’opinion, quel crédit reste t-il à la justice ? A quoi sert aujourd’hui la constitution de 2020 !?
Ce matin encore, le pouvoir a interdit une fois de plus une activité politique du RCD. Un meeting prévu initialement samedi prochain à Alger à la salle Ibn Khaldoun, est tout simplement annulé par l’administration. Auparavant, le pouvoir a suspendu arbitrairement depuis plus de trois ans le PST et le MDS par l’intermédiaire du Conseil de l’Etat. Il a procédé aussi à la dissolution de RAJ et de la LADDH.
En agissant de la sorte, le pouvoir accentue son déficit de légitimité démocratique et populaire. Il détruit et affaibli ses propres institutions et, par la même, toute la nation en ces temps de tous les risques qu’imposent les recompositions géopolitiques en cours. Bien évidemment, ce grave déficit ne peut être atténué par « les moutons roumains » ou par » les stations de dessalement ».
Comme on l’a bien vu ailleurs, sans le respect des libertés démocratiques et de la légitimité populaire, l’effondrement des dictatures emporte aussi la souveraineté nationale des peuples et facilite la mainmise des puissances étrangères sur leurs pays et leurs richesses.
Mais, ce qui est encore plus grave, c’est l’aveuglement et la surdité des tenants du régime face à cette intenable situation.
Que faire ?
La solidarité que nous exprimons par des déclarations sur les réseaux sociaux est certes nécessaire, mais elle est dérisoire. Son impact reste symbolique mais insuffisant pour influer sur le cours de de cette politique du « tout sécuritaire » et de la répression.
Les dispositions juridiques liberticides introduites au code pénal, et récemment au code de procédures pénales, en passant par la nouvelle loi relative à l’exercice des libertés syndicales et du droit de grève de 2023, codifient dans la réalité cet arbitraire qui traduit la volonté du régime d’instaurer son hégémonie sur la société par une politique répressive des libertés démocratiques et syndicales, à commencer par la liberté d’expression.
Alors, exprimons-nous !
Oui, nous revendiquons l’arrêt des harcèlements policiers et judiciaires contre l’opposition politique et syndicale !
Oui, nous revendiquons la libération de tous les détenuEs politiques et d’opinion !
Oui, nous revendiquons l’annulation de tous les textes juridiques et toutes les décisions judiciaires liberticides, y compris celles qui suspendent encore des partis politiques, tels que le PST et le MDS, et des associations, telles que RAJ et la LADDH, etc.!
Oui, nous revendiquons l’instauration et le respect de l’exercice effectif de toutes les libertés démocratiques et syndicales !
Oui, nous revendiquons la levée de toutes les entraves à la liberté de la presse, publique ou privée, et son ouverture à toutes les opinions et tous les courants politiques qui traversent la société !
Oui, nous revendiquons la souveraineté populaire à travers un débat national démocratique et transparent sur toutes les questions politiques, économiques et sociales !
Oui, nous revendiquons l’annulation des lois et des codes qui organisent et permettent la dénationalisation et le bradage de nos richesses minières et de nos ressources naturelles au profit des patrons privés et des multinationales !
Oui, nous revendiquons enfin l’élection d’une assemblée constituante souveraine qui traduira et proposera dans une nouvelle loi fondamentale les aspirations démocratiques et sociales de notre peuple !
Unissons nous, organisons nous pour agir !
Pour réaliser toutes ces revendications et recouvrer la liberté et la dignité des algériennes et des algériens, il nous faut emprunter le chemin de la lutte politique et syndicale unitaire, pacifique et démocratique.
Il nous faut élaborer ensemble démocratiquement une plate-forme politique reflétant ces revendications transitoires et se battre pacifiquement pour leur satisfaction.
La lutte pacifique politique et syndicale UNITAIRE est plus que jamais impérative.
C’est à ce prix qu’on peut rebâtir l’espoir pour notre jeunesse et notre peuple !
Restons debout, la lutte continue !
Mahmoud Rechidi
Militant politique et Secrétaire Général du PST – Suspendu
Honoré par le Conseil mondial de la diaspora algérienne (CMDA), Yasmina Khadra donne une nouvelle portée à son rapprochement avec le pouvoir. Derrière l’intention affichée de construire un soft power algérien, des interrogations subsistent sur les motivations du régime de Tebboune et la place ambiguë des intellectuels dans le paysage politique actuel.
Un écrivain engagé, une stratégie d’influence affirmée
En recevant le Prix de la diaspora décerné par le Conseil mondial de la diaspora algérienne (CMDA), association de droit français présidée par Karim Zeribi, Yasmina Khadra n’a pas simplement été honoré. Il a clarifié, voire revendiqué, le rôle d’influence qu’il entend désormais jouer au service de l’Algérie. La déclaration lui ressemble puisqu’il a toujours fait foi de ses convictions nationalistes au-delà de tout calcul politique. À travers une déclaration empreinte de fierté et de solennité, l’auteur de L’attentat a apporté une légitimité symbolique à un projet de lobbying diasporique en gestation— un projet auquel il semble adhérer pleinement.
Le romancier a exprimé sa volonté d’endosser un rôle actif au sein de cette dynamique, mettant sa notoriété internationale au service d’un soft power national encore embryonnaire. « Le monde avance grâce aux lobbies », a-t-il affirmé, plaidant pour la structuration d’un espace d’influence piloté par la diaspora algérienne.
Un projet politique camouflé sous la bannière culturelle ?
Ce rapprochement avec les cercles du pouvoir, récemment confirmé par une réception officielle accordée par le président Abdelmadjid Tebboune, prend une dimension nouvelle. Yasmina Khadra, en mettant sa stature littéraire au service de cette initiative, apporte de la visibilité et de la consistance au rôle qui lui a été confié — ou qu’il a choisi d’endosser — en tant que figure de proue d’un soft power longtemps négligé.
Mais si l’intention de créer un levier d’influence externe peut sembler louable, elle ne peut être dissociée du contexte politique algérien. Le régime est aujourd’hui confronté à de multiples défis : crise de légitimité, tensions sociales, libertés restreintes, et une image brouillée sur la scène internationale.
C’est dans ce moment délicat que surgit le cas Yasmina Khadra. Tandis que l’auteur de Ce que le jour doit à la nuit est célébré, d’autres figures majeures de la littérature algérienne sont marginalisées ou poursuivies.
L’incarcération de Boualem Sansal et les démêlés judiciaires visant Kamel Daoud, lauréat du Prix Goncourt 2024, illustrent un contraste saisissant. Ils jettent une ombre sur cette stratégie de réhabilitation symbolique orchestrée par le pouvoir, et posent une question de fond : Tebboune cherche-t-il à construire un véritable lobby d’intérêt national ou à s’adosser à des figures prestigieuses pour restaurer une image sérieusement écornée ?
Avec un célèbre écrivain de 80 ans condamné à 5 ans de prison et un autre, prix Goncourt sous deux mandats de recherche internationaux qu’aucun Etat ne prend au sérieux, voilà l’équation impossible à résoudre pour Tebboune et ses soutiens !
Le CMDA, structure activement soutenue par le pouvoir, semble avoir reçu le feu vert présidentiel pour initier cette démarche. Mais si ce soft power veut dépasser le stade du simple outil diplomatique, il devra s’enraciner dans des principes solides : liberté de pensée, indépendance et pluralisme — des valeurs encore peu incarnées dans l’Algérie de l’impitoyable tandem Tebboune- Chanegriha.
Une démarche instrumentalisée par le régime ?
Dans un contexte où le pouvoir peine à restaurer sa crédibilité — tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays —, le recours à des figures consensuelles et célèbres comme Yasmina Khadra peut être perçu comme une manœuvre de communication, plus que comme une stratégie de transformation.
La question reste donc entière : le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune cherche-t-il à construire un lobby solide au service de l’intérêt national ou à redorer son image internationale ?
L’engagement de Khadra, aussi sincère soit-il, n’échappe pas à cette lecture politique. Il cristallise à la fois les espoirs d’un soft power algérien longtemps laissé en jachère et les limites d’un système politique qui marginalise les voix critiques.
Si le projet porté par le CMDA veut s’inscrire dans la durée, il devra rompre avec les logiques d’instrumentalisation et s’ouvrir aux expressions multiples de la culture et de la pensée algériennes.
C’est à ce prix seulement qu’un véritable lobby algérien, crédible et durable, pourra exister et peser sur l’échiquier international.
Samia Naït Iqbal
Lien pour écouter la déclaration du célèbre écrivain Yasmina Khadra
Cannes Classics a célébré les 50 ans d’une Palme d’or algérienne, décernée en 1975 à Mohamed Lakhdar Hamina pour Chronique des années de braise, une fresque sur les étincelles qui mèneront à la guerre d’indépendance.
Une version restaurée a été présentée vendredi sur la Croisette, 50 ans après obtenu cette récompense. C’était le lendemain de son décès à Alger à un âge canonique.
Cette fresque cinématographique pleine de lyrisme retrace les années qui précèdent le soulèvement de novembre 1954, dans un pays au prise avec un colonialisme violent et cynique, qui refuse de voir les réalités terribles auxquelles étaient confrontés les indigènes, autrement dit, les Algériens.
Mohamed Lakhdar Hamina expliquait alors : « C’est un film contre l’injustice, contre l’humiliation. Ce qui domine, c’est la motivation de la guerre d’Algérie. Pour les jeunes qui n’ont pas connu cette époque, ça les aidera à la comprendre. Les plus âgés reconnaîtront l’authenticité des faits relatés. »
Célébration des 50 ans de la Palme d’or
Pour les 50 ans de cette palme attribuée à Mohamed Lakhdar Hamina, Sofiane Zemani a prononcé ce discours au festival de Cannes a l'occasion de la projection de "Chronique des Années de Braise"
« Je m’appelle Sofiane Zermani, comédien, rappeur et producteur, je suis né en France, mes parents sont venus d’Algérie. Je suis de cette génération qu’on appelle parfois « les Beurs », entre deux rives, entre deux mémoires, entre deux histoires qui se regardent sans toujours se parler.
Et aujourd’hui, je suis ému, fier et reconnaissant d’être ici à Cannes, pour rendre hommage à un monument du cinéma : Mohamed Lakhdar-Hamina.
« Chronique des années de braise », ce n’est pas juste un film. C’est un cri d’humanité, une œuvre de vérité; C’est un morceau de notre histoire, celle qui brûle encore dans les silences, dans les blessures, dans les souvenirs qu’on nous a trop souvent appris à taire.
Ce film c'est la voix de nos grands-parents. C'est la marche de ceux qui n'avaient rien, sauf leur dignité. C'est une lumière dans la nuit de l'oubli. Et ce soir, cette lumière brille à Cannes.
Alors je veux dire merci. Merci au Festival de Cannes. Merci d’avoir eu le courage d’honorer un homme, un film, une mémoire; Ce n’est pas un geste banal. C’est un acte fort. C’est un pont tendu entre les peuples, entre les générations. C’est une main posée sur l’épaule de ceux qui ont été invisibles trop longtemps.
Mohamed Lakhdar-Hamina, par son œuvre, a fait ce que peu d’hommes savent faire : il a raconté la douleur sans la haine, la lutte sans vengeance, l’histoire sans l’effacer. Il a filmé pout guérir; Il a filmé pour rassembler.
Et pour nous, les enfants d’ici avec le cœur là-bas, Chronique des années de braise nous dit « Vous avez le droit de savoir. Vous avez le droit de vous souvenir. Vous avez le droit d’être fiers ».
Ce film, c’est un héritage. Et cet héritage, on le porte avec amour, avec respect, et avec la promesse de ne jamais oublier. Alors merci à vous, Lakhdar-Hamina Merci au Festival de Cannes Merci à tous ceux qui savent que la culture, la vraie, celle qui vient du cœur et qui parle à l’âme, c’est ça qui fait avancer le monde. »
Mohamed Lakhdar Hamina, le cinéma comme mode de résistance
Né un 26 février 1934, alors que l’hiver s’éteint lentement sur les hauteurs pierreuses de M’sila, Mohamed Lakhdar Hamina voit le jour dans une humble demeure, fils de la terre, enfant des hautes plaines et du silence paysan.
Le destin, en habits simples, le mène à comprendre très tôt le sort fait par le colonialisme français aux Algériens.
Mais l’Histoire, avec ses crocs cruels, ne tarde pas à le rattraper. Pendant que la guerre d’indépendance fait trembler les montagnes et les plaines, son père est arraché à la vie par les mains froides de l’armée française : enlevé, torturé puis assassiné. Le jeune homme, alors appelé sous les drapeaux en 1958, choisit le refus et l’engagement — il rejoint le gouvernement provisoire algérien (GPRA) installé à Tunis. Là, on l’interroge : « Quel est ton métier ? » Il répond, avec une bravade qui frôle le rêve : « Cinéaste ». Il ne l’est pas encore. Mais le cinéma est déjà en lui.
Apprenant sur le vif, façonné par les actualités tunisiennes, il tourne ses premiers courts-métrages, découvre le regard à travers l’objectif, et affine son art à Prague, dans une école de cinéma où il apprivoise la lumière et la narration. De cette éducation rude et libre naît une œuvre habitée par la guerre, mais qui refuse les raccourcis et les conforts idéologiques. Une guerre qu’il explore sans fard, sans héros faciles.
On la retrouve dans « Hassen Terro » (1968), satire mordante portée par l’inimitable Rouiched, antihéros candide aux accents uniques, dans « Décembre » (1973), où la figure du père supplicié devient symbole d’un peuple meurtri, et bien sûr dans « Chronique des années de braise », fresque puissante où il disait puiser dans la mémoire pour retrouver « le ton juste ».
Mohamed Lakhdar Hamina n’est pas homme à se taire. C’était un cinéaste qui tonnait sur les plateaux comme hors champ, porté par une colère ancienne et une tendresse intransigeante. Avec « Vent de sable » (1982), il lève le voile sur l’enfermement des femmes dans les sociétés musulmanes, dédicaçant ce cri à sa mère, figure sacrifiée des 16 maternités : « Je l’ai toujours connue enceinte et cloîtrée », confiera-t-il.
Il évoque aussi l’éveil du cœur, l’innocence bouleversée, dans « La Dernière image » (1986), où il raconte son amour d’enfance pour son institutrice française, incarnée par Véronique Jannot — comme un dernier écho d’une Algérie plurielle, encore possible.
Au lendemain de l’indépendance, il devient directeur des actualités algériennes jusqu’en 1974, puis dirige, entre 1981 et 1984, l’Office national pour le commerce et l’industrie cinématographique. Mais déjà, il a choisi la fiction comme territoire de vérité.
Son premier long-métrage, « Le Vent des Aurès » (1967), est un choc. Inspiré par le combat obstiné de sa grand-mère pour retrouver son fils, captif des Français, le film, traversé d’amour maternel et de paysages déchirés, reçoit le Prix de la première œuvre à Cannes. Ce souffle venu des montagnes annonçait déjà un auteur majeur, un témoin, un homme debout.
L'Iranien Jafar Panahi, palme d'or 2025 au festival de Cannes.
La Palme d’or 2025 a été décernée au film du réalisateur et opposant iranien Jafar Panahi, Un simple accident. Outre cette distinction politique, la Caméra d’or, prix qui récompense la première meilleure œuvre de fiction, a, elle, été attribuée à un long métrage irakien, The President’s Cake, de Hasan Hadi, une première à Cannes.
Malgré le blocus américain et la dictature des mollahs, le cinéma iranien reste l’un des plus importants au monde. L’émotion était palpable, samedi 24 mai, au Festival de Cannes après la remise de la Palme d’or à Jafar Panahi pour son film Un simple accident. « C’est une palme qui a une telle valeur politique et qui a une telle valeur en Iran, , explique dimanche sur franceinfo Philippe Martin, producteur du film, que depuis quelques jours, une pression importante montait aussi de ce côté-là. Tout le mouvement Femme, Vie, Liberté était aussi incarné par cette récompense possible. »
Philippe Martin salue le talent du cinéaste iranien, rappelant que « c’est un immense cinéaste », et que « cette Palme d’or, certes, elle a une valeur politique énorme, mais elle a avant tout une valeur esthétique ». Jafar Panahi avait déjà reçu à Cannes la Caméra d’or en 1995 pour le Ballon blanc et le Prix du jury – Un certain regard pour Sang et Or en 2003, mais il n’avait jamais encore été auréolé de la distinction suprême.
Un prix pour tous les prisonniers politiques en Iran
Le producteur d’Un simple accident rappelle également les conditions de tournage clandestines : « Le fait que le film se tourne tout le temps en cachette crée une nécessité pour les acteurs et pour Jafar Panahi, un rythme de tournage extrêmement soutenu, en espérant pouvoir terminer la journée sans que la police ne les arrête ou ne saisisse la caméra ou les rushes comme c’est déjà arrivé. »
Très ému, Philippe Martin évoque un email reçu par Jafar Panahi de son scénariste, actuellement détenu à la prison d’Evin à Téhéran. Ce message expliquait à quel point « tous les prisonniers d’Evin étaient dans l’attente de cette Palme d’or », que « ce serait essentiel pour eux que Jafar Panahi gagne ce prix si important, parce que c’est un prix pour eux tous ». Selon Philippe Martin, pour l’équipe du film, la joie de cette récompense reste « très particulière », entre fierté artistique et espoir pour ceux qui, en Iran, voient dans ce prix un symbole de liberté et de résistance. « C’est une joie complexe », conclut le producteur.
Kais Saied, le prototype d'un dictateur arrivé au pouvoir par le vote.
Ironie tragique ou logique obscure des régimes autoritaires ? En Tunisie, la loi antiterroriste, censée protéger la démocratie émergente, façonnée par certains de ceux persécutés ou employés par le régime actuel, est devenue une arme pour le saper.
Ce texte, devenu aujourd’hui une pierre angulaire de la machine de répression politique, a été écrit en 2015 dans un contexte de choc national suite aux attentats terroristes du Bardo, de Sousse et de Tunis.
A l’époque, l’ingénieur juridique Mohamed Saleh Ben Aissa, alors ministre de la Justice et ancien doyen de la Faculté de droit, prônait la mise en place d’un cadre juridique « strict mais équilibré ».
Le projet de loi a été présenté au Conseil des ministres et voté à main levée à la quasi-unanimité – seuls Mahmoud Ben Romdhane, Latifa Lakhdar et moi-même nous sommes abstenus.
Nous avons refusé de soutenir un texte qui inclurait la peine de mort dans 17 cas et établirait un régime d’exception permanent. Le projet de loi a ensuite été renvoyé à la Chambre des représentants, où il a été voté à une confortable majorité.
Les voix de l’opposition étaient peu nombreuses et isolées, embourbées dans un climat général de peur d’être accusé de complaisance envers le terrorisme.
Après dix ans, cette loi n’est plus un outil de protection de l’État de droit, mais plutôt un moyen de le saper. L’un de ses architectes les plus éminents, Mohamed Saleh Ben Issa, est désormais devenu un rouage essentiel du système de Kais Saied, occupant le prestigieux poste de représentant de la Ligue arabe en Tunisie.
Ainsi, le cercle était bouclé : ce qui était censé protéger la république est devenu un outil pour l’étrangler.
Même la justice ne peut plus résister. Les juges ne jugent plus, mais obéissent. Ils écrivent des jugements comme on écrit des confessions. La vérité judiciaire a été remplacée par des récits fabriqués et des scénarios concoctés dans lesquels journalistes, avocats, figures de l’opposition et militants sont mélangés pour créer un réseau fictif d’« ennemis ».
Mais ce qui est encore plus dégoûtant, c’est le comportement de certains juges : ils ne se contentent pas de se soumettre, mais exécutent les instructions avec zèle. Ils poursuivent avec passion. Ils règnent avec une froideur mortelle. Ils ont arrêté de rendre justice. Ils sont en train d’exécuter.
C’est l’essence du régime autoritaire imposé depuis le 25 juillet 2021 : la loyauté est le moyen de s’élever, la soumission est la méthode de gouvernance et la haine est la force motrice. L’État de droit n’est plus une forteresse, mais une décoration. Les lois ne sont plus un cadre, mais un prétexte.
Oui, la haine peut ouvrir les portes du progrès. L’immunité contre les sanctions peut offrir une protection temporaire. Mais cela ne dure pas éternellement.
Les systèmes fondés sur la vengeance, la peur et la trahison de leurs propres lois doivent finalement se retourner contre eux-mêmes. Il est en train de tomber, entraînant avec lui ses fidèles serviteurs dans les poubelles de l’histoire.
Kamal Jandoubi, ancien ministre des droits de l’homme en Tunisie
Le site gazier de Tiguentourine a connu une des attaques les plus spectaculaires et sanguinaires en 2013.
Renvoyé dès son ouverture en mai 2024, le procès de l’attaque du complexe gazier de Tinguentourine (In Amenas), par un commando islamiste armé, en janvier 2013, reprend ce dimanche 25 mai à Alger.
Quatre hommes sont jugés pour appartenance à un groupe terroriste armé, prise d’otages, homicides volontaires avec préméditation et détérioration de biens de l’État. Ce procès est relancé au moment où le général Hassan prend la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Le procès de l’attaque terroriste d’In Amenas, dans le sud-est de l’Algérie, en janvier 2013, qui avait été renvoyé dès son ouverture, au mois de mai 2024, en raison de l’absence de l’avocate de l’un des accusés, reprend ce dimanche 25 mai à Alger. Sur le banc des accusés : quatre hommes qui comparaissent – entre autre – pour appartenance à un groupe terroriste armé, prise d’otages, homicides volontaires avec préméditation et détérioration de biens de l’État.
Ces derniers sont poursuivis pour avoir été membres du commando terroriste qui, durant 3 jours, en janvier 2013, a pris en otage quelque 800 employés du site gazier de Tinguentourine, près de la localité d’In Amenas, jusqu’à ce que les autorités algériennes réagissent par une opération de sauvetage musclée.
L’opération était menée par les Signataires par le sang, un groupe terroriste islamiste dissident d’Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) que dirigeait Mokhtar Belmokhtar.
Elle avait commencé à l’aube du 16 janvier avec l’entrée de 10 pick-up dans l’enceinte du complexe gazier. Les terroristes islamistes qui en étaient descendus avaient alors rapidement séparé les expatriés des travailleurs locaux et préparé le siège. Selon des témoins, ils avaient notamment fait porter des ceintures d’explosifs à leurs otages, menaçant de faire sauter le site.
Cette attaque particulièrement sanglante est alors menée en réaction à l’opération française Serval déclenchée cinq jours plus tôt pour aider l’armée malienne à repousser l’offensive d’une coalition de groupes islamistes qui menace de marcher sur Bamako, selon les assaillants. Demandant aux militaires algériens qui encerclent le périmètre de quitter la zone, le commando islamiste avait exigé notamment « la fin de l’agression française au Mali ». Pour mettre fin à la prise d’otages, l’armée algérienne lance deux assauts, les 17 et 19 janvier, dans lesquels une trentaine de terroristes sont tués, mais aussi une quarantaine d’employés du site de Tiguentourine.
Alors que plusieurs familles de victimes seront présentes au procès de ce dimanche, ces dernières espèrent que les audiences permettront aussi de faire toute la lumière sur l’intervention de l’armée algérienne à qui elles demandent transparence et vérité. C’est par exemple le cas de Marie-Claude Desjeux, la présidente de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs, qui cherche depuis 12 ans à connaître les circonstances précises de la mort de son frère.
« Ce qui est très étrange, c’est que sur les 40 otages tués, c’est le seul sur lequel on n’a pas d’informations. J’arrive donc à ce procès, où je vais avoir la chance de m’exprimer, avec plusieurs questions : pourquoi un site d’exploitation majeur comme celui-ci n’a-t-il pas été plus protégé ? Comment un commando a-t-il pu s’infiltrer presque portes ouvertes ? Et comment, finalement, celui-ci a-t-il pu attaquer de façon assez tranquille ? », explique-t-elle.
Des dizaines de morts
Cette prise d’otages a marqué les esprits. Au lendemain de quatre jours d’une prise d’otage meurtrière, le ministre des affaires étrangères, Mourad Medelci, a estimé que l’assaut donné par les forces spéciales algériennes pour libérer les otages détenus par des terroristes sur le site d’In Amenas a permis d’éviter une « véritable catastrophe ».
Selon un décompte effectué par l’agence Reuters, la prise d’otages a provoqué la mort de 80 personnes. L’armée algérienne a abattu 32 preneurs d’otages, lors de l’assaut final lancé samedi contre les ravisseurs, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur algérien. Selon ce premier bilan officiel, 23 étrangers et Algériens sont morts. En outre, les corps de 25 otages ont été retrouvés sur le site dimanche. Un otage roumain est par ailleurs décédé de ses blessures. Cela pourrait porter à près de 50 le nombre d’otages tués au cours de l’opération.
Le ministre de la communication de l’époque, Mohamed Saïd, a déclaré dimanche que le nombre de victimes risquait d’être « revu à la hausse ». D’autre part, 685 employés algériens et 107 étrangers ont pu être libérés.
Cette opération, préparée de longue date a permis à ses auteurs de réclamer, entre autres, l’arrêt de l’intervention militaire française au Mali lancée cinq jours auparavant.
Le Festival de Cannes 2025 a été le théâtre d’une belle surprise ce vendredi 23 mai. Le Ballon d’Or 2022, Karim Benzema, et l’actrice franco-algérienne Lyna Khoudri ont officialisé leur relation en arrivant main dans la main sur le tapis rouge.
Les deux stars étaient présentes à la projection hors compétition du film « 13 jours, 13 nuits », une œuvre réalisée par Martin Bourboulon, dans laquelle Lyna Khoudri tient le rôle principal d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Le film, qui relate l’évacuation de l’ambassade de France à Kaboul en août 2021, est une adaptation de l’ouvrage autobiographique de Mohamed Bida, incarné à l’écran par Roschdy Zem.
Cette apparition publique marque une nouvelle étape dans leur histoire, jusque-là discrète. Ancienne vedette du Real Madrid et ex-avant-centre de l’équipe de France, Karim Benzema, et Lyna Khoudri, révélée dans plusieurs productions françaises, mêlent désormais sport et cinéma avec élégance sous les projecteurs cannois.
Le film « 13 jours, 13 nuits » sortira en salles en France le 27 juin 2025, promettant une belle visibilité à l’actrice et à cette nouvelle idylle très suivie.
Au cœur de Biskra, aux confins du Sahara, l’Hôtel AN, anciennement Transatlantique, se dresse tel un témoin intemporel d’une époque révolue et pourtant toujours...
Au cœur de Biskra, aux confins du Sahara, l’Hôtel AN, anciennement Transatlantique, se dresse tel un témoin intemporel d’une époque révolue et pourtant toujours...
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