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mercredi 17 septembre 2025
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Crise algéro-française : le député Yagoubi plaide pour la protection de la communauté algérienne et un dialogue responsable

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France Algérie

Alors que les relations entre Alger et Paris connaissent une nouvelle phase de tensions autour des dossiers migratoires et de la coopération consulaire, Abdelouahab Yagoubi choisit la voie de l’équilibre. Représentant de la communauté algérienne en France, il se positionne comme une voix de raison, appelant à l’apaisement au moment où les passions politiques menacent de reléguer au second plan la coopération et le respect mutuel entre les deux rives de la Méditerranée.

Représentant de la communauté algérienne en France, il a pris publiquement position pour dénoncer ce qu’il considère comme une instrumentalisation politique des ressortissants algériens établis en France, tout en appelant à un dialogue responsable pour éviter de compromettre l’avenir des relations entre les deux pays liés par l’histoire.

Dans une déclaration publiée sur ses réseaux sociaux, l’élu de Paris, également membre de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée populaire nationale, exprime une « profonde préoccupation » face à l’escalade actuelle. Il déplore notamment l’activation par la France du mécanisme dit « visa contre réadmission », qui conditionne l’octroi de visas à la délivrance par Alger de laissez-passer consulaires pour les personnes en situation irrégulière. Une mesure qu’il qualifie de « sanction collective », touchant de manière disproportionnée les étudiants, les familles et les professionnels respectant pourtant toutes les conditions légales.

Pour Abdelouahab Yagoubi, les ressortissants algériens légalement établis en France forment « un pont humain et historique entre les deux pays », et ne doivent en aucun cas servir de levier ou de monnaie d’échange dans les rapports bilatéraux. Il appelle les autorités françaises à respecter les engagements découlant des accords bilatéraux et des conventions internationales. « Les politiques discriminatoires ne peuvent constituer une base saine pour une coopération équilibrée », souligne-t-il.

Fervent défenseur d’un rôle plus actif des représentants de la diaspora dans les processus décisionnels, le député plaide pour l’implication directe des élus de la communauté dans les négociations touchant aux accords consulaires, à la délivrance des visas et à la politique migratoire.

Il estime que la diplomatie parlementaire, longtemps négligée, devrait être mobilisée de manière structurelle dans la gestion des relations sensibles entre l’Algérie et la France.

Yagoubi replace enfin cette montée des tensions dans un cadre politique plus large : celui du calendrier électoral français. À quelques mois des élections municipales prévues en mars 2026, et à moins de deux ans de la présidentielle de 2027, « les thèmes de l’immigration et de la relation avec l’Algérie sont, une fois de plus, instrumentalisés à des fins électoralistes », déplore-t-il.

Face à cette situation, le député appelle à « l’apaisement et au dialogue responsable», fondé sur le respect mutuel et la résolution pacifique des différends par les canaux diplomatiques établis. « Les liens humains et historiques entre nos deux peuples ne peuvent être effacés du jour au lendemain », conclut-il, rappelant que « l’intérêt général du peuple algérien, en Algérie comme à l’étranger, demeurera toujours [sa] boussole ».

La rédaction

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L’Onu somme Israël de stopper son plan d’occupation de Gaza

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Gaza
Famine à Gaza

Le plan du gouvernement israélien « visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé », a déclaré vendredi le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk dans un communiqué.

Ce plan, adopté dans la nuit de jeudi à vendredi par le cabinet de sécurité israélien, « va à l’encontre de la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible, de la réalisation de la solution à deux Etats et du droit des Palestiniens à l’autodétermination », accuse M. Türk.

« Tout porte à penser que cette nouvelle escalade entraînera des déplacements forcés encore plus massifs, plus de meurtres, plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces », dénonce le Haut-Commissaire, régulièrement accusé de tendances pro-palestiniennes par les autorités israéliennes et personna non grata dans le pays.

M. Türk demande au gouvernement israélien de laisser l’aide humanitaire entrer « sans entrave » dans la bande de Gaza « au lieu d’intensifier cette guerre » pour sauver les vies des civils.

Les otages, enlevés lors de l’attaque menée le 7 octobre 2023 par le Hamas en territoire israélien, « doivent être libérés immédiatement et sans condition par les groupes armés palestiniens », a exigé également le responsable onusien.

L’armée israélienne a riposté à cette attaque sans précédent en lançant une guerre qui a détruit une bonne partie de la bande de Gaza et fait plus de 60.000 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Les Palestiniens détenus arbitrairement par Israël doivent également être libérés immédiatement et sans condition », a ajouté M. Türk.

Afp

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Boualem Rabia, le passeur de lumière amazighe, s’en est allé

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Boualem Rabia
Boualem Rabia s'est éteint.

L’immense Boualem Rabia est parti comme il a vécu dans la discrétion. Cette voix majeure de la culture kabyle s’est donc tue, mais son œuvre, elle, plurielle et riche, continuera de vibrer dans les cœurs et les consciences de tous ceux qui portent en eux la culture et la mémoire vive de la Kabylie et Tamazgha.

Né à Azazga, il y a 67 ans dans le creuset d’une terre fière et indomptable, Boualem Rabia n’a jamais cessé de cultiver l’héritage de ses ancêtres. De sa plume naquirent des œuvres de chair et d’âme, marquées du sceau de l’exigence, de la rigueur et de la beauté. Car Boualem, l’enseignant, le poète, le chercheur impénitent, n’écrivait pas pour combler le silence : il écrivait pour le nourrir, pour le faire résonner, pour lui donner des mots capables d’élever la langue amazighe au rang de chant universel.

Dès son plus jeune âge, la littérature fut son souffle. Il se rapprocha de figures tutélaires comme Mouloud Mammeri, dont l’ombre bienveillante le guida vers l’excellence. Bilingue subtil, habité à la fois par le français et le tamazight, il fit dialoguer ces deux langues dans des ouvrages devenus phares : Florilège de poésies kabyles, recueil vibrant où la parole ancestrale se mêle au lyrisme contemporain, et Nnig usennan, roman profondément enraciné dans l’imaginaire kabyle, réédité tant son impact fut grand.

À travers Si tala n Chcix Muhend, son essai consacré au grand poète Cheikh Mohand Ou Lhocine, Boualem Rabia retraça les sentiers spirituels d’un autre maître de la parole. Mais l’homme n’était pas seulement écrivain : il était professeur de français, poète dans l’âme, parolier du groupe Yougourten, scénariste pour le cinéma amazigh, peintre à ses heures, et animateur passionné d’émissions littéraires à la radio. Il vivait pour transmettre, pour faire éclore les graines de beauté dans les esprits fertiles. Boualem Rabia c’est aussi et surtout ses inoubliables émissions radiophoniques à la chaîne II avec Zira Lahouazi. Des pépites en la matière.

Et pourtant, derrière cette œuvre immense, se tenait un homme d’une discrétion bouleversante, humble et habité d’une passion sincère. Il n’a jamais cherché les feux de la rampe. C’est la lumière qui venait à lui, attirée par l’intégrité de son regard, par la noblesse tranquille de sa voix.

Sa disparition laissera un vide immense dans le paysage culturel amazigh. Mais son souffle, lui, ne s’éteindra jamais. Il continuera à vivre à travers tous livres et ses créations. Il traverse les montagnes, les poèmes, les notes de musique et les souvenirs partagés.

Boualem Rabia habite désormais la mémoire collective, comme une étoile parmi les siennes, guidant les générations futures vers les hauteurs de leur identité.

La veillée funèbre se tiendra ce vendredi 8 août 2025, au domicile familial situé en face de l’école Zaidat, à Azazga. L’inhumation aura lieu le lendemain, samedi 9 août, dans son village natal. Là où tout a commencé. Là où la terre saura garder précieusement celui qui lui a tant offert.

Yacine K.

La rédaction du Matin d'Algérie adresse ses sincères condoléances à la famille du défunt et s'incline à la mémoire de l'illustre défunt.
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L’armée israélienne va «prendre le contrôle» de la bande de Gaza  

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Gaza
Gaza rasée. L'armée israélienne s'apprête à la contrôler totalement.

Le cabinet de sécurité israélien a approuvé dans la nuit du 7 au 8 août le plan de sécurité présenté par le Premier ministre Benyamin Netanyahu pour « vaincre » le Hamas dans la bande de Gaza. C’est ce qu’indique un communiqué du Premier ministre israélien.

Selon le plan, approuvé par le cabinet israélien dans la nuit du 7 au 8 août, l’armée israélienne « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat », indique ce communiqué, cité par l’AFP.

« Le cabinet de sécurité, par un vote à la majorité, a adopté cinq principes pour conclure la guerre : le désarmement du Hamas, le retour de tous les otages, vivants et morts, la démilitarisation de la bande de Gaza, le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza, l’établissement d’une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas, ni l’Autorité palestinienne », ajoute le texte.

« Une majorité décisive des ministres du cabinet a par ailleurs estimé qu’un plan alternatif », soumis à l’examen des ministres, « ne permettrait ni de vaincre le Hamas ni de récupérer les otages », précise le communiqué, sans donner plus de détails.

« Intérêts personnels »

« Les plans de Netanyahu (…) confirment sans l’ombre d’un doute son désir de se débarrasser des otages et de les sacrifier dans la poursuite de ses intérêts personnels et de son agenda idéologique extrémiste », avait affirmé, hier, jeudi 7 août, le Hamas, qui détient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts.

Dénonçant « un revirement flagrant du processus de négociation (…) malgré la proximité d’un accord final », le Hamas assure que « toute escalade (…) ne sera pas une promenade de santé et aura un coût élevé et douloureux » pour Israël.

Des premières réactions antiguerre en Israël

À Tel Aviv, devant le siège local du Likoud, le parti d’extrême droite du Premier ministre Benyamin Netanyahu, des manifestants s’étaient donné rendez-vous pour dénoncer les décisions militaires de leurs dirigeants. C’est le cas d’Iris, qui a participé au rassemblement : « C’est vraiment difficile d’admettre que quelqu’un qui a grandi ici, à nos côtés, est prêt à sacrifier chacun d’entre nous pour rester au pouvoir. En ce qui le concerne… nous pouvons tous aller en enfer », glisse-t-elle, interrogée par l’envoyé spécial de Rfi à Tel Aviv.

Les manifestants jugent que ce nouveau virage dans la guerre met en danger la vie des otages. Une peur doublée de celle de voir de nouveaux soldats israéliens tomber dans les futures opérations. « J’ai 18 ans, je dois aller à l’armée bientôt et j’ai peur… j’ai super peur. Je ne veux pas y aller parce que putain, c’est effrayant », glisse un jeune homme présent devant le siège du Likoud.

Si le camp antiguerre reste minoritaire au sein de l’État hébreu, certains n’hésitent pas, comme Yossi, un manifestant, à évoquer également le sort des « innocents de Gaza », ou à brandir, chose nouvelle dans l’espace public israélien, des pancartes dénonçant un génocide en cours dans la bande de Gaza.

Un quotidien sous les bombes

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), 86,3% du territoire est militarisé par Israël et soumis à des ordres d’évacuation. Les zones non occupées sont aussi les plus peuplées: les villes de Khan Younès et Gaza, les camps de réfugiés de Deir-el-Balah, dans le centre du territoire.

L’ONU a d’ailleurs immédiatement condamné l’annonce israélienne. Le plan du gouvernement israélien « visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé », a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk dans un communiqué. L’opération militaire prévue « va à l’encontre de la décision de la Cour internationale de Justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible », accuse Volker Türk, qui estime que cette nouvelle escalade de la guerre entraînera « plus de meurtres, plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces. »

L’Allemagne, l’un des plus fidèles soutiens d’Israël, a quant à elle annoncé la suspension des exportations d’armes qu’Israël pourrait utiliser dans la bande de Gaza. Il devient « de plus en plus difficile de comprendre » en quoi le plan militaire israélien permettrait d’atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza et, « dans ces circonstances, le gouvernement allemand n’autorise pas, jusqu’à nouvel ordre, les exportations d’équipements militaires susceptibles d’être utilisés dans la bande de Gaza », a déclaré le chancelier allemand Friedrich Merz, cité dans un communiqué.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a jugé que l’intensification de l’offensive israélienne à Gaza était « une erreur » et a exhorté Israël à la « reconsidérer immédiatement ». Enfin, le chef de la diplomatie espagnole Manuel Albares a condamné la décision d’Israël et a réaffirmé l’urgence d’un cessez-le-feu permanent, de l’entrée massive d’aide humanitaire, et de la libération de tous les otages, tout en appelant à une solution à deux États.

Quelque 2,4 millions de Palestiniens vivent au quotidien sous les bombes dans cet étroit territoire qui longe la Méditerranée. Les représailles israéliennes y ont déjà fait 61 258 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

Rfi

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Accidents de la route : 12 morts et 471 en une semaine

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Douze personnes ont trouvé la mort et 471autres ont été blessées dans 357 accidents de la route survenus en zones urbaines durant la période allant du 29 juillet au 4 août, indique jeudi un bilan des services de la Sûreté nationale.

Comparativement aux statistiques enregistrées la semaine précédente, le bilan fait état d’une baisse du nombre des accidents (- 04), de blessés (-46) et de morts (-9).

Le facteur humain demeure la principale cause de ces accidents (+97%) en raison du non-respect du code de la route et de la distance de sécurité, de l’excès de vitesse et de la fatigue et du manque de concentration a volant, selon les données des mêmes services.

La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) réitère, à cet égard, son appel aux usagers de la voie publique à la prudence et au respect du code de la route, rappelant les numéros vert 1548 et de secours 17 mis à la disposition des citoyens 24h/24 pour tout signalement.

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Pétrole : le Brent finit à 66,43 dollars

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Pétrole

Les cours du pétrole ont à nouveau terminé en baisse, jeudi soir, pour la sixième séance consécutive.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, a perdu 0,69% à 66,43 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison en septembre, a lâché 0,73% à 63,88 dollars. Une semaine plus tôt, il dépassait largement les 69 dollars le baril.

Source

APS

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Un journaliste assassiné par l’armé israélienne au Liban

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Casque de journaliste

Un journaliste libanais est tombé en martyr, ce  vendredi, dans une frappe de l’armée israélienne visant son véhicule, alors qu’il roulait sur la route de Zahrani dans la ville de Nabitiyeh, au sud du pays, a rapporté l’agence de presse libanaise ANI. 

« La victime de la frappe de l’armée sioniste sur la route de Zahrani, dans la ville de Nabitiyeh, est le journaliste, reporter, photographe et directeur du site «Hawana Lebanon», Mohammad Chéhadé», a rapporté l’ANI, reprenant un message de condoléances du syndicat des journalistes Libanais.

«Nous exprimons notre profonde tristesse et douleur après la perte d’un collègue courageux, tombé en martyr lors de l’agression sioniste perfide, ciblé par une offensive hostile alors qu’il accomplissait son devoir professionnel avec honnêteté et dévouement, témoin de la vérité et fidèle au pouls du peuple», a souligné le syndicat.

Le communiqué  a noté que «Mohammad Chéhadé n’était pas simplement un transmetteur d’informations, mais la voix du terrain et l’image de la réalité, affrontant le danger pour porter la parole libre depuis le cœur de l’événement, convaincu que le journalisme est une responsabilité sacrée».

Hier jeudi, au moins six Libanais sont tombés en martyrs et dix autres ont été blessées dans deux frappes aériennes de l’armée israélienne dans l’est du Liban, selon des sources officielles libanaises.

Avec APS

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Quand le régime algérien choisit les Algériens à exclure

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Tebboune
Tebboune a instauré un climat digne d'une dictature.

L’affaire pourrait paraître anecdotique, si elle ne révélait un profond désordre moral et politique : deux ressortissants algériens, l’un journaliste, Farid Alilat, l’autre militante des droits humains, Nassera Dutour, présidente du Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA) se sont vu refuser récemment l’accès à leur propre pays.

Tous deux Algériens, et pourtant considérés comme indésirables sur le sol national. Au même moment, l’État algérien accuse la France de violer ses obligations à l’égard de ses ressortissants, notamment dans le cadre des procédures d’expulsion liées aux Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF). Il y a là, sinon une contradiction, du moins une hypocrisie manifeste.

D’un côté, la France applique une politique migratoire conforme à son droit national et à ses engagements internationaux. Les OQTF visent, pour l’essentiel, des étrangers en situation irrégulière, parfois multirécidivistes, souvent auteurs de délits ou de violences. Il ne s’agit ni d’une chasse arbitraire ni d’un ciblage ethnique, mais d’une régulation nécessaire. Tout État souverain a le droit – et le devoir – de reconduire à la frontière les personnes étrangères qui n’ont plus vocation à rester sur son sol. 

De l’autre côté, l’État algérien, au lieu d’assumer la reprise de ses ressortissants « indésirables », refuse régulièrement de délivrer les laissez-passer consulaires, pourtant indispensables à l’exécution des OQTF.

Cette obstruction est ancienne, systématique, et a déjà conduit la France, en 2021, à réduire temporairement le nombre de visas délivrés à l’Algérie. Le message était clair : on ne peut refuser ses responsabilités tout en exigeant les privilèges du partenariat.

Et voilà que le régime algérien, dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères, s’arroge le rôle du défenseur des droits de ses ressortissants. Il accuse la France de violer une série d’accords bilatéraux :

• L’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des Algériens en France,

• La convention consulaire de 1974,

• L’accord de 2013 sur l’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques,

• et même, de manière plus spectaculaire, la Convention européenne des droits de l’homme de 1950, notamment son article 8 relatif au droit au respect de la vie privée et familiale.

Mais ce discours victimiste masque une réalité bien plus gênante : l’Algérie officielle ne protège pas tous ses ressortissants. Elle sélectionne. Et elle exclut. Les plus vulnérables, ceux qui délinquent à l’étranger et entachent l’image du pays, devraient logiquement être repris avec sérieux et discrétion ― ce serait la moindre des responsabilités étatiques. Mais non : ces Algériens-là, l’État les laisse dériver, tout en accusant les autres de les maltraiter.

Et que fait-il, en revanche, de ses ressortissants les plus respectables ? Ceux qui osent parler, critiquer, défendre les droits humains ? Il les bannit. Il les empêche de poser le pied sur le sol natal. Le journaliste Farid Alilat, récemment refoulé à la frontière, en est un exemple frappant.

À ses côtés, une militante des droits humains a connu le même sort. Tous deux sont Algériens. Tous deux, pourtant, traités comme des intrus, voire comme des traîtres.

Ce double standard est insupportable. Car il ne s’agit plus seulement d’un désaccord diplomatique. Il s’agit d’un renversement des valeurs. Ce n’est plus la France qui expulse arbitrairement : c’est l’Algérie qui abandonne les siens les plus fragiles et écarte les siens les plus courageux.

En refusant d’assumer ses obligations en matière de réadmission, Alger viole non seulement l’accord franco-algérien de 1994, mais aussi l’esprit même de la coopération bilatérale. En interdisant à ses propres citoyens le retour au pays, elle transgresse un principe fondamental du droit international : le droit pour un individu de revenir dans son propre pays (garanti notamment par l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté par l’ONU en 1966).

Et que dire, enfin, du devoir consulaire que l’État algérien prétend défendre ? Comment peut-on invoquer le « devoir de protection consulaire en tout temps et en tout lieu », quand on refuse d’ouvrir ses propres consulats aux ressortissants expulsés ? Quand on ferme sa porte à ceux qui n’ont plus de papiers, mais toujours une nationalité algérienne ?

La vérité est là : le régime algérien instrumentalise le statut de ses ressortissants à des fins politiques. Il les défend quand cela l’arrange, les abandonne quand cela l’ennuie, les bannit quand cela le dérange. À l’inverse, la France, quoi qu’on pense de sa politique migratoire, agit dans un cadre juridique clair, contrôlé, et souvent sous la surveillance du juge administratif ou judiciaire.

Il ne s’agit pas de faire la morale, ni d’idéaliser un État contre un autre. Il s’agit de rappeler que la souveraineté n’est pas à géométrie variable. On ne peut, en même temps, réclamer le respect des droits de ses ressortissants à l’étranger et bafouer les droits fondamentaux de ses propres citoyens chez soi.

Quand un État se refuse à accueillir ses délinquants et rejette ses justes, ce n’est pas la souveraineté qu’il défend : c’est l’arbitraire qu’il exerce.

Kamel Bencheikh

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Tunisie : quatre morts suspectes en détention en un mois

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Prisonniers tunisiens

Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) tire la sonnette d’alarme : en juillet 2025, quatre personnes sont mortes dans des circonstances jugées suspectes dans des prisons et centres de détention. Une situation « sans précédent » dans le pays, selon l’ONG.

Parmi les victimes figurent Montassar Abdelouahad, décédé à la prison de Mornaguia, Hazem Amara (24 ans), mort à la prison de Belli après de violentes agressions policières, Amine Jendoubi (22 ans) à Borj El Amri, et Wassim Ben Hafez El Jaziri (25 ans) à Sfax.

Le FTDES dénonce l’impunité persistante, notamment dans les rangs des forces de sécurité, et constate une recrudescence de la violence dans l’espace public, touchant particulièrement les femmes et les enfants. Selon ses données, 85 % des violences sont le fait d’hommes, 14 % d’auteurs mixtes et seulement 1 % de femmes. Harcèlement sexuel, violences conjugales, agressions graves et homicides figurent parmi les faits recensés.

Le rapport alerte aussi sur la montée des actes de vandalisme contre les bus, métros et trains — plus de 850 incidents depuis le début de l’année — souvent commis par des mineurs, traduisant, selon l’ONG, un sentiment de colère et de marginalisation sociale.

En parallèle, cinq suicides ou tentatives ont été enregistrés le mois dernier, dont quatre impliquant des jeunes, sur fond de détresse psychologique et de difficultés économiques, aggravées par l’absence de dispositifs d’accompagnement.

Mourad Benyahia 

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Slah Mosbah, la voix blessée d’une Tunisie sourde

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Slah Mosbah
Slah Mosbah

« Je suis las de me battre pour rien. ». C’est un cri qui ne se laisse pas apprivoiser. Une voix venue du fond des âges, teintée de soufisme, de blues et de solitude. Depuis plus de quarante ans, Slah Mosbah occupe la scène tunisienne comme on tient un front : sans relâche, sans compromis, et sans illusion.

À 67 ans, le chanteur et compositeur, né au Bardo, n’est pas seulement une légende de la musique tunisienne. Il est aussi un corps politique. Un symbole vivant du racisme systémique, un homme debout dans un pays qui préfère oublier qu’il fut noir, qu’il l’est toujours, et qu’il le renie.

Le griot que la Tunisie cache

En 1991, sa reprise de Yamma lasmar douni (Maman, le brun est-il mauvais ?) le propulse au-devant de la scène. Le titre, mémoire douloureuse de l’esclavage aboli en Tunisie en 1846, marque toute une génération. Mais au lieu de l’ouvrir à d’autres répertoires, le succès l’enferme. « On m’a mis dans une case : celle du Noir de service. Celle qu’on tolère tant qu’elle amuse, qu’elle folklorise. Mais moi, je suis un homme, pas une icône. »

Slah Mosbah ne chante pas seulement pour plaire. Il chante pour rendre justice. À sa voix. À sa mémoire. À son peuple.

Ya Tounes el khadra : entre prière et supplication

Dans Ya Tounes el khadra (Ô Tunisie la verte), il chante sa patrie comme on implore une mère lointaine. Une chanson pleine de fierté, d’amour contrarié et d’espoir meurtri :

Ya om essawa’id smor, ya Tounes el khadra

Ô mère aux bras bruns, ô Tunisie la verte

Haqq el morouj el khodhr, w el bahr w es-sahra

Par droit des prairies, de la mer et du désert

Ma fik men wedyan, Wadi Majerda w Melyan

En toi coulent les vallées, la Medjerda et Meliane

La youm ‘alina tehouni, ya zinet el bouldane

Ne nous trahis jamais, perle des nations

Mais la trahison a bien eu lieu. Elle s’est glissée dans les silences officiels, dans les salles de concert vides de Noirs, dans les insultes reçues en ligne, et jusque dans la bouche d’un ministre de la Culture sous Ben Ali, Abdelbaki Hermassi, qui lui lança : «Tu souffriras comme tes ancêtres. »

Saadia, la sœur emprisonnée

En mai 2024, Saadia Mosbah, sa sœur, figure emblématique du combat antiraciste en Tunisie et présidente de l’association Mnemty, est arrêtée. Motif officiel : irrégularités administratives. Motif réel : avoir trop dit, trop haut, ce que le pouvoir n’admet pas. « Ce n’est pas une arrestation, c’est une vengeance sociale. »

Aujourd’hui encore, Saadia est détenue. Pour Slah, cette épreuve familiale est le point de non-retour. Le racisme, il ne le subit plus. Il le nomme, l’accuse, le dénonce.

Un doyen sans médaille

Avec plus de 884 titres à son actif, Slah Mosbah est sans conteste l’un des doyens de la chanson tunisienne. Mais contrairement à d’autres, il n’est ni sanctuarisé, ni célébré. « Je ne suis pas un patrimoine, je suis une fracture ouverte», lance-t-il.

Lui préfère les blessures à l’oubli. Il publiera bientôt deux ouvrages sur la condition des Noirs dans le monde arabe, évoquant Bilal Ibn Rabah, le premier muezzin, et Antar, le poète-chevalier. Ces figures oubliées, instrumentalisées, invisibilisées.

Sabri Mosbah, le fils à l’écoute

Dans cette chronique noire, une voix nouvelle s’élève : Sabri Mosbah, son fils, lui aussi musicien. Moins rugueux, plus introspectif. Une guitare, une voix fragile, des textes doux-amers. Sabri n’imite pas son père. Il le prolonge. Il l’apaise. Il témoigne.

Entre eux, pas de ligne directe. Une mémoire transmise autrement. En musique. En silence. En fidélité.

L’insoumis

Il se fait rare sur les plateaux. Il décline les hommages. Il refuse les médailles. Il veut qu’on entende la vérité, pas qu’on la vernisse.

On l’appelle parfois El Qamar el Asmar (la lune noire). Mais c’est peut-être plus que cela. Slah Mosbah est le miroir que la Tunisie ne veut pas regarder. Une voix blessée mais toujours vivante. Une voix noire ? Non. Une voix juste.

« Tant que je chante, je suis libre »

Slah Mosbah ne demande pas de reconnaissance. Il veut un pays capable d’écouter. Un pays où un enfant noir peut devenir citoyen sans devoir chanter pour exister.

Tant qu’il chante, il est libre. Et tant qu’il est libre, la Tunisie a encore une chance de se regarder en face.

Mourad Benyahia

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