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vendredi, 7 novembre 2025
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Maroc : quand la rue dit « non » à l’injustice et à sa normalisation

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Manifestation au Maroc
La rue réclame la chute du gouvernement du milliardaire Aziz Akhannouch

Le Maroc est profondément secoué. Les villes vibrent au rythme de manifestations qui n’ont rien d’anodin : elles expriment un ras-le-bol populaire qui ne peut plus être ignoré. Santé défaillante, chômage endémique, pauvreté galopante, éducation en crise, corruption institutionnalisée, libertés bafouées… la liste des frustrations est longue, et chaque jour qui passe ajoute à la colère des Marocains.

Au cœur de ces protestations, une revendication politique forte : le rejet du processus de normalisation avec Israël. Une revendication qui, pour le peuple, dépasse les considérations diplomatiques : elle touche au sens même de sa souveraineté et de sa dignité.

Ce qui se déroule dans les rues marocaines n’est pas seulement une manifestation, c’est un choc frontal avec un système politique déconnecté de ses citoyens. Aucun discours officiel, aucun renfort policier ou militaire, aucune tentative de diversion ne pourra étouffer cette colère. On ne peut nourrir un peuple avec des promesses creuses ou détourner son attention par des campagnes médiatiques bien rodées. La frustration accumulée ne se contente plus d’être ignorée : elle s’exprime, elle se fait entendre, et elle exige des réponses concrètes.

L’histoire récente de la région offre un parallèle évident : le geste de Mohamed Bouazizi en Tunisie, qui a déclenché une révolte nationale, rappelle que la patience des peuples n’est pas infinie. Le Maroc vit aujourd’hui un moment similaire, avec une population qui refuse de céder face au statu quo. La rue impose sa voix, non pas par hasard, mais parce que le système politique semble avoir épuisé tous les moyens de négociation et de dialogue.

Ce qui est frappant, c’est la résilience et la détermination des manifestants. Malgré la mobilisation impressionnante des forces de l’ordre, malgré le recours au contrôle sécuritaire et aux discours répressifs, le peuple tient bon. Et chaque recul de l’oligarchie corrompue, chaque hésitation des forces de sécurité, montre que la pression populaire fonctionne déjà. La rue marocain n’attend plus : elle agit.

Le rejet de la normalisation avec Israël n’est pas une posture idéologique vide. Il est le symbole d’un refus plus large : celui de sacrifier les intérêts du peuple sur l’autel des alliances étrangères ou des calculs politiques. Pour ces manifestants, la souveraineté nationale n’est pas négociable, et la dignité du peuple ne se vend pas.

Les autorités marocaines sont aujourd’hui face à un choix crucial : continuer à ignorer un peuple qui ne demande qu’à vivre dignement, ou écouter, réformer et répondre aux besoins de ceux qui font battre le cœur du pays. Le Maroc n’est plus un royaume de silences imposés. La rue, dans sa détermination, impose une vérité simple : aucun discours officiel, aucun arsenal sécuritaire, aucune alliance internationale ne remplacera jamais la justice sociale, la dignité humaine et la souveraineté populaire.

Et si les élites persistent à fermer les yeux, elles risquent de découvrir que l’histoire ne se répète pas seulement pour ceux qui observent : elle se fait, chaque jour, dans la rue.

Mourad Benyahia 

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Maroc : «Le peuple veut en finir avec la corruption», la gendarmerie fait deux morts

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Genz marocaine

Au Maroc, deux manifestants ont été tués par balle, mercredi 1er octobre, dans l’attaque d’une gendarmerie dans la ville de Leqliaa. Selon les autorités locales, les forces de l’ordre ont ouvert le feu dans la soirée en état de légitime défense, pour repousser l’assaut.

La GenZ 212 avait appelé à manifester une cinquième fois d'affilée. L’atmosphère était radicalement différente suivant les villes.

Tout s’est passé le 1er octobre au soir à Leqliaa, une ville de 100 000 habitants, à 20 kilomètres au sud d’Agadir, au sud-ouest du Maroc. Un groupe de manifestants a pris d’assaut un poste de gendarmerie, selon les autorités locales. Les gendarmes « ont alors été contraints de faire usage de leurs armes de service », en état de légitime défense, précisent les autorités. Deux personnes ont été tuées, tandis que plusieurs autres ont été blessées.

Le collectif de la GenZ 212 a réagi sur la plateforme de discussion Discord, où il se réunit depuis le mois de septembre. Il assure « rejeter toute forme de violence, de vandalisme ou d’émeute » et exhorte les manifestants « à respecter le caractère pacifique » du mouvement. Il appelle ses partisans à sortir ce jeudi 2 octobre dans la soirée. Des rassemblements sont annoncés entre 17h et 20h, heure locale.

Né sur internet, avant de descendre dans la rue pour la première fois le week-end dernier, le collectif revendique son pacifisme. Mais depuis lundi 30 septembre, certains rassemblements ont donné lieu à des violences. Elles ont atteint leur pic mardi, éclatant jusque dans Salé, ville dortoir de Rabat.

Avec Rfi

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La liberté d’expression des avocats : un droit constitutionnel garanti, insusceptible de restriction

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Avocats algériens
Les avocats algériens sommés de se taire.

Nous publions la déclaration conjointe de six associations de la diaspora algérienne dans le monde concernant la dernière mesure visant à interdire aux avocats algériens d’exprimer leurs opinions publiquement.

Les associations algériennes signataires ci-dessous expriment leur profonde indignation face à la note émise par le Barreau des avocats d’Alger en date du 28 septembre 2025, qui impose des restrictions arbitraires et injustifiées à la liberté d’expression des avocats, en conditionnant leur participation aux débats médiatiques et publics à l’obtention préalable d’une autorisation du bâtonnier.

Cette note constitue une atteinte manifeste aux droits fondamentaux garantis par la Constitution algérienne, en particulier :

L’article 54 de la Constitution de 2020, qui consacre le droit de tous les citoyens à la liberté d’expression et à la liberté de la presse.

L’article 34, qui stipule que les droits et libertés fondamentaux sont garantis et protégés par l’État.

Nous rappelons que l’avocat n’est pas un simple auxiliaire de justice, mais l’un des piliers essentiels de l’État de droit. Ses rôles fondamentaux sont notamment :

• Défendre les droits et libertés des citoyens.

• Contribuer au débat public relatif à la justice, au droit et à la société.

• Participer à la protection de l’État de droit, à la dénonciation des violations et à la prévention des abus.

Réduire l’avocat au silence en dehors des salles d’audience ne fragilise pas seulement la profession, mais sape les fondements mêmes de la démocratie et prive la société du bénéfice d’opinions juridiques indépendantes.

Nous faisons remarquer que cet acte est propre à la police politique et à l’État sécuritaire, pour qui les textes et les lois ne sont appliqués et invoqués que dans l’intérêt du régime, et complètement bafoués lorsqu’il s’agit de celles et ceux qui veulent vivre pleinement leur citoyenneté, dont l’un des piliers est la liberté d’expression.

Nous soulignons également que cette mesure constitue une violation flagrante du droit international et des engagements internationaux de l’Algérie, notamment :

La loi n°13-07 du 29 octobre 2013, régissant la profession d’avocat, définit clairement les obligations et règles déontologiques (secret professionnel, indépendance, dignité), mais ne prévoit nulle part l’obligation d’obtenir une autorisation préalable du bâtonnier pour s’adresser aux médias.

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (article 19), ratifié par l’Algérie, qui garantit la liberté d’opinion et d’expression.• La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui consacre la liberté d’expression et le droit à un procès équitable.

Les Principes de base relatifs au rôle du barreau (ONU, La Havane, 1990), qui affirment le droit des avocats à la liberté d’expression et de participation au débat public, sans restrictions illégitimes.

L’imposition d’une telle condition relève d’une censure préalable illégale, contraire aux principes de l’État de droit, aux garanties constitutionnelles et aux engagements internationaux de l’Algérie.

Nous demandons donc :

1. Le retrait immédiat de la note du 28 septembre 2025, qui constitue une violation flagrante de la Constitution et de la loi.

2. Le respect intégral de la liberté d’expression des avocats, dans les limites prévues par la loi (secret professionnel, dignité de la profession, interdiction de la publicité commerciale).

3. La réaffirmation que l’indépendance de l’avocat fait partie intégrante de l’indépendance de la justice et de la crédibilité des institutions de l’État, tant auprès de la société que de l’opinion publique internationale.

La tentative de restreindre la liberté d’expression des avocats par le Barreau algérien constitue un précédent dangereux et une atteinte grave à l’essence même de la mission de l’avocat. La liberté d’expression des avocats n’est pas un privilège octroyé par le barreau, mais un droit fondamental et une garantie démocratique qui ne peut être suspendue ni conditionnée à une autorisation préalable.

L’avenir de l’État de droit en Algérie exige des avocats libres, indépendants et pleinement engagés dans le débat public au service de la justice et de la démocratie.

Fait le 29 septembre 2025

Signataires :

Democratic Algeria (France)

Solidarités algériennes (Canada)

Riposte Internationale (France)

Collectif des familles disparue (CFDA)

Fédération euro-méditerranéenne contre les disparitions forcées (FEMED)

SHOAA for Human Rights

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La « Nouvelle Algérie » interdit encore une fois le RCD, s’indigne Atmane Mazouz

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Atmane Mazouz
Atmane Mazouz, président du RCD

Une fois de plus, le pouvoir a décidé d’interdire la tenue de l’université d’été du RCD. Ce n’est ni une surprise, ni un accident : c’est la continuité d’une politique assumée de mise au ban de toute voix libre et indépendante en Algérie.

Alger, Khenchela, Tizi-Ouzou, Boumerdès, Setif, Bouira, Batna, Béjaïa… la liste est longue des wilayas et des localités où nos activités ont été interdites. À cela s’ajoutent les harcèlements de militants et fermetures arbitraires de nombreux sièges du parti à travers le pays, en violation flagrante de la loi et des règles les plus élémentaires de la vie politique.

Ce harcèlement n’est pas isolé : il s’accompagne d’une asphyxie financière unique en son genre. Depuis 2019, l’État refuse de régler les redevances réglementaires dues au RCD, alors que des subventions indues sont généreusement distribuées aux soutiens du régime et aux figurants des simulacres électoraux.

Le RCD est ainsi le seul parti agréé à subir cette double sanction : l’interdiction d’exister dans l’espace public et le refus de ses droits légaux prévus par la loi.

Pendant ce temps, le chef de l’État martèle que l’action des partis est « nécessaire » pour le pays. Mais sur le terrain, la réalité est implacable : seuls les appendices du régime et autres – FLN, RND, El Bina,FFS,El Moustaqval, Sawt Echaab et quelques autres associations et organisations aux ordres – bénéficient d’une liberté totale d’activité, sous les projecteurs médiatiques et avec les moyens de l’État pour beaucoup. Cette liberté sélective, offerte aux relais du pouvoir et refusée aux opposants, porte un nom : la façade d’une démocratie qui n’existe pas.

Le cas du RCD est révélateur. Parce que notre parti a toujours refusé la compromission, parce qu’il a porté avec constance le combat pour la démocratie, les libertés, la justice sociale et la modernité, il est la cible d’un acharnement systématique.

Mais l’histoire de notre pays nous enseigne une vérité simple : aucune interdiction, aucune répression, aucune fermeture ne peut museler indéfiniment la volonté d’un peuple.

La prétendue « Nouvelle Algérie » se dévoile pour ce qu’elle est : une nouvelle utopie autoritaire, un décor préparant un prochain viol de la volonté populaire. Derrière les slogans officiels, il n’y a que le retour des vieux réflexes : censurer, interdire, bâillonner, réprimer.

Le RCD, lui, continuera d’assumer son rôle : dire la vérité, dénoncer les abus et organiser la résistance démocratique.

Les Algériennes et les Algériens savent désormais qu’il n’y a rien à attendre d’un système qui proclame le pluralisme mais pratique l’exclusion, qui promet la démocratie mais fabrique la soumission.

L’université d’été du RCD pourrait ne pas se tenir cette année . Toutefois ,un recours est en préparation devant le tribunal administratif et une nouvelle demande pour un deuxième lieu pour sa tenue est déjà déposée à Alger.

Le pouvoir peut fermer des salles, mais il ne pourra jamais fermer les consciences.

Vive le RCD
Vive l’Algérie libre et démocratique

Atmane Mazouz
Président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie

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Belaïd At Ali : Juhra n Tbilbuzt (Tazmamt n°9, asebter 456)

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Belaid At Ali

Nettat, amezwaru di sebaâ warraw-is i d-turew di taddart-agi n Udɣaɣ, Belqasem, ad yili di laâmer-is rebaâin n sna, lakin teqqim kan « n Tbilbuzt » i d isem-is. 

Di sebaâ-yagi d-turew akked Ḥmiṭuc, snat kan n teqcicin, neɣ aâd d tilawin imi nutenti s yiman-nsent zewǧent, s warraw-nsent, ass-agi llant deg yixxamen-nsent. Qqimen yergazen, aneggaruu deg-sen d ilemẓi, ixeddem, dɣa d netta i wuɣur llan tura nettat d umɣar, Ḥmiṭuc. Wiyaḍ :

Belqasem : ussan-agi  yaâddan i iruḥ ɣer Fransa. Iǧǧa tameṭṭut-is d snat yess-is, deg yiwet lḥara, lakin aâzlent ɣef yemɣaren. Iceggaâ-asent neɣ yeǧǧ-itent i laẓ.

Wis sin :

Saâdi : dagi di tmurt, di lḥara, ula d netta, yaâzel s tmeṭṭut-is, d uqḍar n warraw-is.

Wis tlata :

Ferḥat : dagi diɣen yakk yiwet lḥara, yaâzel s tmeṭṭut-is d sin neɣ tlata warraw-is. Netta, cwiya, ɣef leḥsab n lweqt, iḥmed Rebbi. Lakin akken llan akk, ulac gma-s neɣ tameṭṭut ara yefken i tayeḍ ula d tasafut.

Wis rebaâ :

Laârbi : netta mazal-it ar ass-a d aâsekriw, di Lezzayer. Aṭas aya ideg iruḥ, lakin tura la t-ṭṭammaâen, qrib ad d-yas. 

Tis xemsa akked setta, d tiqcicin, nenna-t-id, zewǧent, ulac-itent.

Wis sebaâ :

Rabeḥ : d ilemẓi-yagi yezdin d yemɣaren. Staxren-t-id di lakul. Juhra akked Ḥmiṭuc, ass-nni mazal-it d aqrur, nnan-as : « ala keč i yaɣ-d-iqqimen, ad txedmeḍ fell-aneɣ. Daɣ netta, ulamma d « ilemẓi », lakin a Rebbi ma di laâmer-is rbaâṭac neɣ xemseṭṭac n sna. Yagi ifassen-is debɣen, neɣ meččen s lǧir n imassuten, neɣ ččuren d icelfax n umencar d ugelzim. Ma d zwaǧ, taswiɛt-agi ur d-ilhi netta, imɣaren ur as-t-id-ttadren. Ihi yeqqim kan Laârbi ur nezwiǧ ara ; winna asmi ara d-iffeɣ si laâsker, yusa-d, sakin…

Lemmer ɣef akken qqaren « tamɣart » i tmeṭṭut ara yimɣuren di laâmer, Juhra mačči d tamɣart. D arraw-is, am Belqasem, am ula d Saâdi i meqqren, ɣef ukmac, d uffermec, d ccib n tmira-nsen. Tabilbuzt, nettat ur tesaâi ara aksum ara yimɣuren. Wezzilet, tebded, ma d iɣsan ur d-ttbanen ara akken ad iẓer bnadem ma qedmen neɣ meẓẓiyit. Ma d acebbub-is… timeḥremt neɣ d sebɣa. Llant di teslatin-is, am tmeṭṭut n Saâdi, ladɣa tameṭṭut n Ferḥat ur tent-tettif ara s « temẓi » segmi aâni sugtent timennufra, neɣ ahat ula d cwit n lihana. Ad ternuḍ, lḥasun, tigi yettrebbin, akka d lebda, cuɣlent kan d lbejɣaɣed-nni nsent, ur d-ttelhayet ara d ucebbeḥ neɣ d uwennaâ n iqudam-nsent.

D Tabilbuzt i d sebba n beṭṭu n warraw-is akken llan. Lukan ɣef leḥsab n lqella n trika ideg llan, ur saân akken ara ferqen. D lemḍerra kan, mačči d nfaâ, ara sen-yilin mi mebruzzaâen. Lakin i tlata imeqqranen msetbaâen ɣer waâzal, mkul  yiwen yaâna cwiṭ n texxamt i t-id-isaḥen di lḥara. Argaz iteddu ɣer wakken ara yewqem axxam-is i yiman-is, s tidet. Lakin atan ittas-d laâkes mara tecrek lḥara ideg ara yezwir wawal n beṭṭu.

D tislatin, neɣ d irgazen-nsent, neɣ d Tabilbuzt ay dir ? Anwa iḍelmen deg-sen ?… kra n win iwumi ara teḥku nettat, tettɣiḍ deg wakken ɣur-s lḥeqq, d nettat i yettwaḥeqren. Irna wiyiḍ, am teslatin, am yergazen-nsent, laâmer ḥkin i ḥed, laâmer cetkan i yiwen s temɣart n yemmat-sen ? Tabaɛ, lḥasun, ula d lǧiran-nsen, lemmer d ara cehden s lḥeqq, d nettat kan iwumi sellen kull ass, ass kamel, nettat d imeṭṭawen di lḥara-nsen. 

Belaïd At Ali

Timerna/notes :

1. Lbejɣaɣed : imettiḍen, imeẓyanen, igurdan, llufanat…

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La rédemption de la mort et de l’argent

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Trump

On parle beaucoup depuis l’accession de Donald Trump à la présidence du Prix Nobel de la paix qu’il convoite avec la frénésie qu’aurait un enfant qui attend son jouet après avoir démoli tant d’autres. Une plaisanterie comme l’humanité en a inventé bien d’autres. J’en ai tellement parlé.

Mais aujourd’hui, je souhaiterais prendre un chemin détourné, celui de la réflexion que le brouhaha de l’information brute dissimule. Celui qui n’apparaît que lorsque le bruit et la fureur s’estompe avec un petit quelque chose qui reste au fond de l’oreille. Celui qui part d’une réalité historique que je n’apprends certainement pas aux lecteurs et qui réapparaît lorsqu’on évoque le sujet. 

Je souhaiterais donc discuter avec eux d’un sujet philosophique qui sort des sujets académiques mais en restant dans sa famille de questionnement. Peut-on comprendre et excuser la rédemption d’un « marchand de la mort », Alfred Nobel, qui avait voulu s’excuser auprès de l’humanité pour le mal qu’il lui a tant fait au service de son avidité pour le gain ?

Pas la peine d’ouvrir un livre d’histoire pour situer son lieu de naissance et sa nationalité, l’actualité annuelle de la remise des différents Prix Nobel le rappelle à notre mémoire. Il était  Suédois, né à la fin du siècle dernier, période qui avait connu un bond de l’industrie. 

Chimiste et homme d’affaires, sa capacité inventive était proche du génie. Il n’arrêta pas d’enchaîner les dépôts de brevets, soit plus de 300 dans sa vie frénétique. Bien entendu, le brevet qui allait le faire accéder à la renommée universelle et à la richesse fut l’invention de la dynamite. Une fortune colossale s’est donc bâtie avec son sympathique humanisme de marchand d’armes.

Et c’est à ce niveau que les choses se compliquent pour notre position philosophique. La dynamite aura été un extraordinaire moyen à la disposition du génie civil pour la construction des routes, des tunnels et ainsi de suite. Comment ne pas saluer une invention qui a participé à l’évolution technologique à laquelle avait participé la dynamite ?

Mais en même temps comment oublier qu’Alfred Nobel était un homme d’affaires dans les explosifs et les armements ? Son apport à la marche de la prospérité n’était donc absolument pas philanthropique. Loin de là, c’est le moins que l’on puisse en dire avec le gain pharaonique engrangé par les conflits armés atroces, la mort et les malheurs, la destruction et la désolation.

On nous dit que sa rédemption a été le réveil de sa conscience. Car dans la fin d’une vie dévouée à l’argent et indirectement à la mort, il décida de laisser un héritage pour la création de ce fameux Prix Nobel que nous connaissons si bien. Ainsi beaucoup retiennent son action philanthropique et, il faut bien le reconnaître, qui participe à sa façon au symbole du développement de la médecine, de la physique et de la chimie, de la paix et de la littérature.

L’humanisme répond depuis toujours à cette question, il faut pardonner les dérives de l’être humain sur un sentier condamnable lorsqu’il fait ensuite preuve de rédemption et qu’il veut se racheter. On raconte que ce réveil tardif s’est produit lorsqu’il avait lu un article critique qui le qualifiait de « marchand de la mort ». 

Que me dit ma très modeste quête de l’âme humaniste ? Qu’il ne faut jamais désespérer de la rédemption des êtres humains lorsqu’ils demandent le pardon. Sa fondation nomme les lauréats, organise la cérémonie et rétribue la personne honorée d’une dotation assez substantielle que les intérêts de la fortune ont générée.

Mais ma tentative d’atteindre la vertu de l’humanisme s’écroule parfois dans des moments d’indignation extrême. Non seulement les milliards d’Alfred Nobel avait été amassés par le sinistre commerce des armes mais aujourd’hui on risque de les voir récompenser un autre milliardaire, sans scrupule et qui tourne totalement le dos à l’humanisme, à la générosité et à rédemption.

Si ce jour arrive alors plus jamais il ne faudra me parler du Prix Nobel et de la rédemption du milliardaire de la mort que fut son initiateur. Il y a tant d’autres gens qui se sont rachetés qu’il ne faut pas se laisser envahir par la séduction des réveils tardifs de conscience comme celui d’Alfred Nobel et totalement burlesque comme celui de Donald Trump. 

Pour ce dernier, la conscience s’est-elle un seul jour réveillée et risque-t-elle un jour de le faire ?

Boumediene Sid Lakhdar

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Le Maroc brûle avec sa génération Z

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Manifestation au Maroc

Depuis hier, le Maroc a franchi un seuil. Dans plusieurs villes, des fourgons de police ont foncé sur les manifestants, les laissant agoniser sur l’asphalte. Ce n’était pas une bavure, mais une méthode : répondre à la colère de la jeunesse par le mépris le plus brutal, écraser au sens littéral ceux qui osent défier l’ordre établi.

La génération Z marocaine manifeste parce qu’elle ne veut plus vivre dans ce théâtre d’illusions. Elle n’a pas grandi dans la patience ni dans l’attente de lendemains meilleurs. Elle est née connectée au monde, consciente des standards de dignité ailleurs, et refuse que son avenir se résume à la survie, à la hogra… parfois en s’aventurant à la harga.

Ce qu’elle dénonce est clair : une bourgeoisie arrogante qui vit en vitrine, exhibe son luxe à Casablanca, Rabat ou Marrakech, tandis que la majorité ploie sous la misère et, pire encore, sous l’injustice. Et ce système a son visage politique : un Premier ministre issu de cette classe, au service de ses intérêts, incapable d’incarner autre chose que la rente et les privilèges. Son gouvernement a choisi d’entraîner le Maroc dans des projets pharaoniques dont seule l’élite profite, financés par une dette que le pauvre citoyen sera seul à supporter demain.

À cette trahison intérieure s’ajoute une compromission extérieure : le Makhzen a transformé l’ennemi d’hier – génocidaire aujourd’hui – en partenaire stratégique. En nouant des alliances avec ceux qui piétinent la mémoire et le droit des peuples, le pouvoir envoie les Marocains vers un futur d’asservissement, faisant de la politique étrangère un marché d’esclavage moderne.

C’est cela aussi que la jeunesse dénonce avec courage : l’idée qu’un pays puisse se vendre au détriment de son peuple. Et comme si cela ne suffisait pas, le Makhzen instrumentalise l’exil. L’immigration clandestine est devenue un robinet qu’on ouvre et ferme pour négocier avec l’Europe. Les jeunes sont réduits à une monnaie d’échange, renvoyés manu militari, traités comme une « chair à harga » dont la vie ne compte que dans les rapports de force diplomatiques.

Au sommet, l’absence du Roi, rongé par la maladie, a creusé un vide béant. Les clans se déchirent pour préparer la succession ; les purges agitent les sphères militaires et sécuritaires ; chacun s’arrange pour sauver sa place. Pendant que le pays brûle, la cour s’occupe de ses querelles dynastiques. Le Maroc ressemble à un navire abandonné à ses luttes internes, incapable de répondre à la détresse de sa jeunesse.

La hogra est devenue norme. On humilie le fonctionnaire. On piétine le chômeur diplômé. On abandonne les campagnes aux catastrophes. On détourne le regard devant des services publics en ruine. Et quand la jeunesse se lève, la réponse n’est ni réforme ni justice, mais répression : coups de matraque hier, fourgons aujourd’hui. Comme si la peur pouvait remplacer la dignité.

Ce qui se joue n’est pas une émeute passagère. C’est une rupture totale entre un peuple et un pouvoir. La génération Z ne demande pas des miettes mais l’essentiel : santé, éducation, travail, respect. Elle ne veut plus d’un royaume réduit à des palais fermés, des clans arrogants, un Premier ministre au service de la rente, un Makhzen inféodé aux dettes et aux alliances indignes.

On peut écraser des corps sous des fourgons. On ne peut pas écraser une génération entière. La jeunesse marocaine a rompu le silence. Son mot d’ordre est clair et irrévocable : la dignité.

Zaim Gharnati

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Limogeage de l’ambassadeur algérien au Liban après des propos sur Donald Trump

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Kamel Bouchama
Kamel Bouchama viré de son poste d'ambassadeur.

L’Algérie a décidé de mettre fin aux fonctions de son ambassadeur au Liban, Kamel Bouchama (82 ans), quelques jours après ses propos controversés sur le président américain Donald Trump.

Lors d’un événement culturel à Beyrouth, l’ambassadeur avait qualifié Trump de « cowboy » et de « malade mental », affirmant que sa place se situait davantage dans un hôpital psychiatrique que dans la conduite d’une grande puissance mondiale.

Le ministère des Affaires étrangères a précisé que ces déclarations constituaient un dérapage personnel et ne reflétaient en aucun cas la position officielle de l’Algérie. Selon les sources diplomatiques, cette décision s’inscrit dans la volonté de préserver les codes de prudence et de neutralité qui régissent la diplomatie algérienne.

Cet incident met en lumière la sensibilité des propos tenus par des représentants officiels, même à titre personnel, et les conséquences rapides qui peuvent en découler sur le plan institutionnel et diplomatique.

Mourad Benyahia 

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Affaire Elecnor : l’Espagne juge, l’Algérie se tait

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Tram de Ouargla
Desrétrocommissions auraient été données à des Algériens pour le marché du tram de Ouargla.

Le quotidien espagnol Público a révélé, dans un article publié le 26 septembre 2025 et repris par Maghreb Émergent, que la justice espagnole a renvoyé devant le tribunal deux anciens députés du Parti Populaire, Pedro Gómez de la Serna et Gustavo de Arístegui, ainsi que 21 autres prévenus et cinq sociétés, dans le cadre du dossier dit Elecnor.

Le parquet requiert contre les deux anciens responsables politiques 18 ans de prison, assortis d’importantes amendes et de la confiscation de millions d’euros perçus via des sociétés-écrans.

L’affaire, ouverte en 2015 à Madrid, met au jour un vaste système de commissions occultes qui aurait permis à des entreprises espagnoles de décrocher des marchés publics en Algérie, dont la construction de la station de dessalement de Souk Tleta (250 millions d’euros) et du tramway d’Ouargla (230 millions d’euros).

Des bénéficiaires algériens identifiés

Selon Público, les pots-de-vin ont profité à plusieurs hauts responsables algériens. Parmi eux, Abdelaziz Natouri, ancien directeur général de l’Énergie, aurait reçu un bien immobilier en France. L’entrepreneur Amar Aouci, le traducteur du président algérien Zine Hachichi et son fils auraient perçu des versements directs. Camelia Gherbi, fille d’une haute responsable de l’Agence nationale de régulation foncière, aurait vu ses études en Espagne financées par les intermédiaires du réseau. D’autres pontes ont sans doute aussi touché des pots-de-vin.

Les sommes transitaient par un montage financier sophistiqué impliquant des sociétés écrans basées à Dubaï, en Suisse, aux Pays-Bas et dans des paradis fiscaux.

Dix ans d’enquête… en Espagne

C’est un ancien collaborateur du cabinet Voltar Lassen, créé par De la Serna et De Arístegui, qui a déclenché l’affaire en déposant plainte auprès du parquet anticorruption espagnol en 2015. Après une décennie d’investigations, de perquisitions et de commissions rogatoires internationales, l’Espagne s’apprête à juger ce qui apparaît comme l’un des plus gros dossiers de corruption transnationale impliquant des entreprises ibériques en Afrique du Nord.

Le silence des autorités algériennes

Mais une question reste en suspens : pourquoi, alors que des responsables algériens sont directement cités comme bénéficiaires de pots-de-vin, aucune procédure judiciaire n’a été ouverte en Algérie ? Que fait la justice algérienne si prompte à sévir contre les hommes politiques de l’opposition et les activistes ?

L’absence d’action du parquet algérien contraste avec la mobilisation de la justice espagnole, qui a mis en branle ses mécanismes pendant dix ans pour établir les responsabilités. Ce silence interroge sur la volonté réelle des institutions algériennes de poursuivre les affaires de corruption révélées à l’étranger, même lorsqu’elles touchent au cœur de l’administration et concernent des projets publics stratégiques.

Le futur procès en Espagne apportera sans doute de nouveaux détails sur l’ampleur du système de commissions occultes et sur les bénéficiaires finaux en Algérie. Reste à savoir si ces révélations suffiront à pousser la justice algérienne à rompre son mutisme.

La rédaction

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Interception de la flottille pour Gaza : Israël arrêt plusieurs navires

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Flottille Soumoud

Les forces navales israéliennes ont intercepté ce mercredi plusieurs navires de la flottille transportant de l’aide humanitaire vers Gaza. Selon les autorités israéliennes, plusieurs navires ont été arrêtés « en toute sécurité » et leurs passagers transférés vers un port israélien.

Parmi eux figuraient des humanitaires et activistes pacifistes, dont la militante suédoise Greta Thunberg et d’autres personnalités internationales. Le ministère israélien des Affaires étrangères a assuré que tous étaient « sains et saufs ».

Du côté palestinien, le Hamas a condamné cette interception, la qualifiant de « crime de piraterie et de terrorisme maritime contre des civils ». Dans un communiqué publié mercredi soir, le mouvement islamiste palestinien a dénoncé l’arrestation des militants et des journalistes à bord des navires comme « une agression perfide » s’ajoutant « au sombre registre des crimes de l’occupation ». Le Hamas a appelé « tous les défenseurs de la liberté dans le monde » à dénoncer cette action, qu’il qualifie de « barbare ».

Les organisateurs de la flottille avaient prévu de livrer une aide humanitaire vitale à la population civile de Gaza, déjà soumise à un blocus strict imposé par Israël depuis le 2 mars 2025. Parmi les participants figuraient également l’eurodéputée française Rima Hassan, engagée dans une mission strictement légale et non-violente. Selon les organisateurs, l’interception a été effectuée en dehors des eaux territoriales israéliennes, ce qui constitue, selon des experts en droit maritime et humanitaire, une violation manifeste du droit international.

En France, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a réagi sur X : « La France appelle les autorités israéliennes à assurer la sécurité des participants, à leur garantir le droit à la protection consulaire, et à permettre leur retour en France dans les meilleurs délais ». Plusieurs voix internationales s’élèvent pour dénoncer l’entrave à une mission humanitaire pacifique et pour exiger le respect des droits des participants.

Cette interception survient après le retrait de plusieurs bateaux italiens, espagnols et turcs, laissant penser que l’objectif de protection de l’équipage n’était qu’une façade. La confiscation de l’aide humanitaire accroît encore la détresse des habitants de Gaza, déjà confrontés à une grave pénurie de biens essentiels.

Les organisations humanitaires rappellent que la solidarité et l’assistance civile sont des missions légales et non-violentes et dénoncent l’entrave au passage de l’aide humanitaire. Selon elles, l’opération israélienne constitue une « humiliation supplémentaire » pour la communauté internationale.

La situation soulève également la question du respect du droit international en mer et de la protection des civils dans les zones de conflit. L’interception de navires en haute mer, hors des eaux territoriales, constitue une violation des conventions internationales, selon plusieurs juristes.

La flottille pour Gaza devient ainsi un symbole de solidarité internationale et de résistance pacifique. Les organisateurs appellent à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les membres de l’équipage et au passage sans entrave de l’aide humanitaire. La communauté internationale est désormais confrontée à un dilemme : continuer à tolérer ces opérations ou agir pour protéger les droits fondamentaux des civils et des humanitaires.

Mourad Benyahia 

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