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samedi, 8 novembre 2025
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Palestine : Gisèle Halimi trahie par la mémoire sélective

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La grande militante et avocate humaniste Gisèle Halimi
La grande militante et avocate humaniste Gisèle Halimi

Un post publié sur Facebook par l’artiste Mustapha Boutadjine a relancé la polémique autour de la mémoire de Gisèle Halimi. On y retrouve un texte de Serge Halimi, fils de l’avocate et militante progressiste, qui s’indigne du choix de Charlotte Gainsbourg pour incarner sa mère dans un film consacré au procès de Bobigny.

Dans ce message relayé par Boutadjine, Serge Halimi dénonce une récupération qui réduit l’héritage de Gisèle Halimi à ses combats devenus consensuels, tout en passant sous silence ses engagements les plus radicaux et les plus dérangeants pour l’ordre établi.

Le déclencheur de cette colère : la signature par Charlotte Gainsbourg, aux côtés de Bernard-Henri Lévy, Alain Minc et Dominique Reynié, d’une tribune appelant à conditionner la reconnaissance de l’État palestinien à la libération des otages israéliens et au démantèlement du Hamas. Une position qui, selon Serge Halimi, aurait révulsé sa mère.

« Elle aurait lu cette tribune avec dégoût », écrit-il, rappelant que Gisèle Halimi avait exprimé, jusqu’à ses dernières prises de parole, « sa solidarité constante avec Gaza », où elle voyait « un peuple aux mains nues en train de se faire massacrer ». Dans une lettre publiée par L’Humanité en juillet 2014, l’avocate dénonçait déjà « le saccage » commis contre les Palestiniens.

Serge Halimi souligne la mémoire tronquée entretenue autour de sa mère : « On met en avant l’avortement, la criminalisation du viol, l’abolition de la peine de mort, la dépénalisation de l’homosexualité. Mais ses engagements anti-impérialistes — Vietnam, Cuba, militants basques, opposition aux guerres du Golfe et du Kosovo, Palestine — sont oubliés ou occultés. »

Pour lui, le fossé entre l’actrice et le rôle qu’elle incarne est abyssal : « Le jour où le film sortira, Charlotte Gainsbourg sera peut-être interrogée sur la différence fondamentale entre le personnage qu’elle interprète et ses propres convictions, qui la rangent dans le camp, peu honorable, des avocats inconditionnels d’Israël. »

En relayant ces mots, Mustapha Boutadjine rappelle lui aussi la nécessité de défendre une mémoire intègre de Gisèle Halimi, insoumise jusqu’au bout.

Synthèse Djamal Guettala

Texte repris du site de notre ami Christophe Saulière (Merci)

https://l.facebook.com/l.php…

Lire ici la tribune de Serge Halimi

https://www.blast-info.fr/articles/2025/serge-halimi-ma-mere-gisele-halimi-aurait-lu-cette-tribune-avec-degout-LhC7TPDMT-aL9Afdazvw5g

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Ahmed Attaf multiplie les consultations à New York sur le dossier du Sahara occidental

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Attaf avec Messaoud Boulos, conseiller spécial du président américain pour les affaires africaines.
Ahmed Attaf( MAE algérien), Messaoud Boulos (conseiller spécial du président américain) et Amar Bellani ( ambassadeur de l'Algérie aux USA)

En marge du segment de haut niveau de la 79ᵉ Assemblée générale des Nations unies, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a tenu mercredi à New York une série d’entretiens axés sur la question du Sahara occidental, à la veille d’une séquence onusienne décisive attendue en octobre.

Le chef de la diplomatie algérienne s’est d’abord entretenu avec Steffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental. Cette rencontre prolonge les discussions menées le 16 septembre à Alger et intervient alors que le Conseil de sécurité doit se pencher le mois prochain sur le renouvellement du mandat de la mission onusienne (MINURSO) et sur l’état du processus politique. Ahmed Attaf a réaffirmé « le soutien constant de l’Algérie aux efforts des Nations unies pour parvenir à un règlement juste, durable et définitif », qui garantisse, selon la position d’Alger, « le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination ».

Le communiqué diffusé par le ministère algérien des Affaires étrangères lors du passage de Staffan de Mistura à Alger, au début de cette semaine, précisait déjà que tout processus de règlement doit passer par des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario.

Dans le même contexte, le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a réitéré le 21 septembre, lors de sa rencontre avec l’émissaire onusien à Chahid El-Hafedh, que « toute solution ne respectant pas la volonté du peuple sahraoui est totalement rejetée ». Il a souligné la détermination du Front Polisario à « poursuivre sa coopération avec les efforts des Nations unies et de l’Union africaine en vue de parvenir à une solution pacifique, juste et durable, permettant la décolonisation du Sahara occidental ». Brahim Ghali a insisté sur le fait que « l’unique voie pour la réalisation d’un règlement pacifique, juste et durable passe par l’exercice du peuple sahraoui de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination et à l’indépendance, en toute liberté et démocratie », tout en exhortant l’ONU, et particulièrement le Conseil de sécurité, à prendre les mesures nécessaires pour permettre à la MINURSO « d’exécuter son mandat et d’organiser un référendum libre et juste, sous la supervision des Nations unies, pour le parachèvement de la décolonisation au Sahara occidental ».

Dans un second temps, le MAE algérien, Ahmed Attaf a rencontré Messaoud Boulos, conseiller spécial du président américain pour les affaires africaines. 

Cet échange a permis de passer en revue le dialogue stratégique bilatéral et les perspectives de coopération économique entre Alger et Washington, ainsi que les principaux dossiers régionaux. La formulation du communiqué laisse par ailleurs entendre que la question du Sahara occidental a également été abordée, Washington demeurant un acteur clé des discussions au sein du Conseil de sécurité. Et Donald Trump a déjà exprimé son soutien au plan marocain pour le Sahara occidental en contrepartie d’une signature par Rabat des accords d’Abraham. C’était lors de premier mandat.

Selon les observateurs, cette rencontre s’inscrit aussi dans un contexte de pressions diplomatiques américaines de longue date. Les États-Unis ont en effet travaillé pendant des années à pousser l’Algérie vers un cadre de négociation ou à soutenir le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, adoptant une position plus proche de Rabat.

Ce dossier avait déjà été au centre des entretiens de Messaoud Boulos lors de sa visite en juillet à Alger, où il avait encouragé l’Algérie à rejoindre ou à inciter le Front Polisario à s’aligner sur les positions soutenues par Washington.

En avril 2025, le secrétaire d’État américain Marco Rubio avait par ailleurs réaffirmé, après une rencontre avec son homologue marocain Nasser Bourita, que « la seule solution » au différend sur le Sahara occidental devait reposer sur la proposition marocaine d’autonomie, réitérant ainsi la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ce territoire. Les États-Unis, comme de nombreux pays occidentaux, estiment que la persistance du conflit et la rupture diplomatique entre l’Algérie et le Maroc nuisent à la stabilité régionale, affaiblissent la coopération sécuritaire au Sahel et freinent les perspectives d’intégration économique et de sécurité en Afrique du Nord.

Ces consultations à New York illustrent la volonté d’Alger de renforcer ses appuis diplomatiques et de peser sur le processus de règlement du différend opposant le Maroc au Front Polisario sur le Sahara occidental.

Tout en réaffirmant son attachement au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et en qualifiant la question du Sahara occidental de problème de décolonisation, l’Algérie insiste sur le fait qu’elle ne se considère pas comme une partie prenante directe au conflit. Et pourtant, toute ses déclarations et rencontrent montrent le contraire.

Alors ces rencontres d’Attaf aboutiront-elles à quelque inflexion ou elles demeurent de l’agitation diplomatique, comme nous a habitué « la nouvelle Algérie » de Tebboune ?

Samia Naït Iqbal

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Belaïd At Ali : Zayna at Ḥamruc (Tazmamt n°9, asebter 440)

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Belaid at Ali

Tameṭṭut talemmast. Tawezlant, tazurant. Mkul aseggas tettarew. D lebda tetthuzzu llufan di dduḥ. N tidak-nni yessaǧawen lqut n uxxam-nsent. Syen imir-nni di kra ad d-yawi weragz-is i warraw-nsen ad t-tessuffeɣ, ad t-tezzenz, ama tettuqam aâzzul n yedrimen, ama tesserwuy aâbbuḍ-is n yilef, s tuffra ula n warraw-is imecṭuḥen ; ama tettaɣ-d lfeṭṭa, teteffer-itt wissen anida.

Daɣ netta, akken ibɣu yexdem urgaz-is, d lebda aqḍar-nni n warraw-nsen, d arrac d teqcicin, mmuten si laẓ ; leḥḥun aâryan, ḥafi, ččuren d ilefḍan d telkin. Tabaɛ ula d nettat s yiman-is , Zayna-nni, ɣas akerciw-is icuff s tawat, deg uksum-is d leḥwayeǧ-is akk terka.

Ferruǧa :

Yiwet di yess-is n Zayna. Di laâmer-is, setta ar sebaâ snin. Lakin tuki yakk, d tuḥrict. D nettat i yetthuzzun llufan, d gma-s neɣ d weltma-s, ara yaɣ lḥal di dduḥ, mi ara teffeɣ yemma-s  ass kamel. Neɣ mara tili Zayna, nettat ad tetthuzzu ad tettrebbi taâlǧet n usɣar.

Aâicuca :

Tamɣart di temɣarin-nni yettaɣen teznuz i tilawin, i yettuqamen am lkumirs (1) di taddart.

Argaz n Zayna :

Am netta am yergazen, ur izad ur inɣis.

Ass-nni, argaz yuli ɣer temdint, ma yufa iwumi ara yezzenz abernus akken ad d-yaǧew lqut. Zayna ur teffiɣ sani, la tetthuzzu dduḥ, tettdekkir ɣer tesga. Tlata neɣ d rebaâ warraw-is, anect n tlubyatin, la tteglilizen dahin daxel udaynin (lmal ulac). Ferruǧa, tama n lkanun yexsin, la teccebbiḥ i taâlǧet-is, thedder-as.

Segmi ur yesɛi wesqif-nsen lelwaḥ, di syen, uqbel ad d-tekcem, atta la as-d-taâllem Aâicuca.

Aâicuca :

– Azaynuuuu…! Effer mmi-m a yell-i aqli-yi ad n-kecmeɣ !… ɣumm-it a yell-i di laânaya-m !…

Ferruǧa : (tneggez, tɣum llufan s kra n ibeḥnaq illan din, terna tebded sdat-s am tin yebɣan ad teffer ula d dduḥ)

– A yell-i tamaâzuzt-iw !… Xic !… lemmer ad tḍil tiṭ-is fell-as ad immet. Ad ig Reppi tečča aqerruy-is ! Kra n llufan i teẓra yemmut !…

Zayna :

– Iyya-d a Nna Aâicuca ! Iyya-d ziɣ ula d kem tettkellixeḍ ! Aâni d kra n waggur ad t-teffreɣ fell-am ! D ucmit-agi ara taɣeḍ s tiṭ ? Tamɣart n lbaraka am kem… Awi-d ad icbu aḍar-im… Iyya-d ayexti.

Ferruǧa :

– Aḍar-is ? A war taweḍ !…

Aâicuca : (tekcem, taâna akursi, teqqim)

– Ala a yell-i, ur qqar ara akken, kul llufan ɣer yemma-s, d aggur. Ulamma nek, tiṭ-iw laâmer texdim kra i llufan, maâna yelha win ittḥezziben. Tura a weltma, ulawen akk ččuren d lbarud… Ur teẓrid amek….

Zayna :

– D tidet.

Aâicuca :

– Ad tafeḍ tidet ɣur Reppi.

Zayna :

– Iḥrez-am tamgert-im a Nna Aâicuca.

Aâicuca :

– Isdum-am arraw-im, iḥrez-am bab n uxxam-im, issegri-yam-d liser.

Zayna :

– Yefk-am liser di ddunit-im a Nna Aâicuca tucbiḥt, issečč-am, ula d kem, nnfaâ taâttbeḍ.

Aâicuca :

– Ayexti… ad am-yeḥrez Reppi kan wigi… Wamma, nek…

Zayna : (afus-is yuɣal armi d ahuzzu n dduḥ, ɣas iṭṭes weqcic. Ferruǧa tuɣal ɣer taâlǧet-is. Sakin (2))

– A Nna Aâicuca, ad am-fkeɣ sin iniɣman ? Gerɣ-am Ccix (3) ma tsetḥaḍ !…

Aâicuca :

– Ccix !… Takeffart !… ma zemreɣ !…

Ferruǧa : (i yemma-s)

– Yah a yell-i ? Nek sgellin nniɣ-am efk-iyi sin, tenniḍ ulac !… Wekkleɣ-am Reppi !…

Zayna : (tessaked akka d wakka s wacu ara tewwet yell-is)

– Ad ig Reppi yekref-ikem a timsewweqt, a tamaâfunt ! Ad truḥed syagi neɣ ad ččeɣ aqerruy-im ??…

Ferruǧa : (tekker, terwel ɣer berra, armi d sdat n tebburt, la tettru)

– Hi… hi… i mi d Aâicuca m-llemca… tebɣiḍ ad as-tefkeḍ iniɣman, i mi d nek ala ! Hi… hi…

Aâicuca : (i Ferruǧa)

– A yell-i ad kem-ikkes Reppi axir ! Yefk-ikem d asfel ɣef yemma-m d watmaten-im !… Tewḍeḍ yagi akken ad tedaâuḍ i yemma-m ?? Daya !…

Zayna :

– Twalaḍ ? Tesliḍ a Nna Aâicuca ?… (i yell-is) a yell-i dɣa fkiɣ-kem d asfel ɣef taddart akken tella, di laânaya n wass-a !…

Ferruǧa :

– Deg uqerruy-im, deg uqerru n llemca !…

Aâicuca : (tessaẓ akursi ɣer lkanun, tenna i Zayna)

– Anef-as tura i tbekkit-inna. Nek tura aql-i wwiɣ-am-d tin akenni yam-nniɣ. I kem teswejdeḍ awren ?

Zayna : (tuli ɣer taârict, tewwi-d taylut, ad ilin deg-s sin imuden n uwren, tessers-itt-id sdat-s)

– Attan ɣur-m. Dɣa s uqerru n wagi di dduḥ, ma nesaâ-t ad t-nečč azekka, ala wagi yeqqim-aɣ-d di buṭayma-yagi (4) aneggaru. Ma tebɣiḍ-t. Abrid nniḍen diɣen ad am-kemmleɣ.

Aâicuca : (tekkes-d kra n tefzimt akken d tamectuḥt seg iciw-is, tefkayas-tt)

– Ulac uɣilif a yell-i gar-anneɣ. Attan ɣur-m. Niɣ, irna a yell-i tucbiḥt, teẓriḍ mačči inu, wamma nek, a win i yam-tt-ifkan d tikci. Tessneḍ ul-iw…  

Zayna :

– Wah a Nna Aâicuca, ula d nek lukan d ur kem-ssineɣ ara dɣa wis ma ad kem-amneɣ…

Aâicuca :

– A yell-i, ad aɣ-isser Reppi !…

(terra taylut ɣef uqerruy-is, tabburt tefka-tt, teffeɣ. Teqqim Zayna, tettuqam tafzimt-nni ɣef yedmaren-is, trebbu deg-s tamuɣli. Taswiɛt, tettḍilli-d Ferruǧa taqerrut-is si deffir dduḥ).

Ferruǧa :

– Waaaannaɣ a Reppi ! Ay acek-itt !… Annaɣ a yemma efk-iyi-tt !… Annaɣ a yemma ḥebbuci !… Ula d nek mi d-yuǧew kan baba, ad am-fkeɣ awren… Annaɣ…

Zayna :

– Ad iyi-tefkeḍ awren ??…

Ferruǧa :

– Ih… am akken i yas-tefkiḍ i m-llemca…

Zayna :

– A taâggunt, aâni yella kra i yas-fkiɣ i m-llemca ?… Niɣ, d cwiṭ kan n lfal… i yi-d-tessuter.

Ferruǧa :

– Ihi dɣa ula d nek ad am-fkeɣ lfal… aha, ttxil-m !…

Zayna : (teqqen-as tafzimt-nni ɣef yedmaren-is)

– Attan ɣur-m, henni-yi. Ruḥ tura, huzz gma-m.

(Tameddit, argaz yuɣal-d ur yufi lbiɛ i ubernus-is. Daɣ netta, mi yečča kan cwiṭ-nni n imensi, iqqim kan ɣer lkanun, afus-is ɣef umayeg… iruḥ laâqel-is. Imecṭuḥen akk mrurden, ṭṭsen di taârict. Ala Ferruǧa i mazal ad ternu cwiṭ, tbeqqu timucuha n baba-s. Lakin ass-nni twala-t iggugem kan…

Zayna : (i wergaz)

– Maâna a mmi, ɣas azekka ḍebber aqerruy-ik i lqut. Dɣa s wagi aâzizen… ma yella ula d ayen ara nefḍer !…

Argaz :

– Amek ???… A yell-i… niɣ ahat… ɛuddeɣ… lxersum d yumayen tlata… i taâlmeḍ-iyi-d akka zik meqqar ?…

Zayna :

– Ma d nek aql-i nniɣ-ak : ad ig Reppi d win iyi-iččan ma yella yisem uɛeqqa !…

Argaz : (ixser wudem-is s tidet, seg urfan)

– A tamenɛult ! Akka-gi i yam-ihwa ? Yerna… amek armi… di buṭayma ar ass-a ?… Eh ? Amek ?? Inaâl jedd n babba-m !!!…

Ferruǧa : (texlaâ, tebda tettergigi ɣef yemma-s. Tessen baba-s mara yerfu akken aṭas, akken ixeddem. Dɣa nettat tebda la tettru)

– Annaɣ a baba !… ttxil-k a baba !… ur tt-kkat ara !… (tezzi ɣer yemma-s, tserreḥ i yimeṭṭawen) Maâna kemmini ccah !… ad tcaâfeḍ lfal… Tin i m-issutern lfal… ad as-tefkeḍ taylut…

Argaz : (izzi ɣer yell-is)

– Amek ???

Ferruǧa :

– A mmi, tagi d taâggunt, sgellin tessuter-as-d m-llemca lfal, teččur-as taylut n uwren… (tezzi diɣ ɣer yemma-s) A yell-i, kem d taɣyult, tin iddan ad kem-tkellex !… Sakin…hi… hi… hi… d kem ara yettaɣen tiɣrit.

Argaz : (kksen-as wurfan ɣef tikkelt, yuɣal kan wudem-is d awraɣ, inna i yell-is)

– Ihi… i sakin… m-llemca, ur as-tefki ara lḥaǧa i yemma-m ?

Ferruǧa : (din din, ula d nettat tfuk imeṭṭawen. Am akken aâd temmekti-d, tefreḥ)

– Wannaɣ a baba ḥebbuci ! Tefka-yas tafzimt acek-itt !… Yemma tezzenz-iyi-tt, ula d nek ad as-fkeɣ lfal !… Niɣ akka a baba ad iyi-tefkeḍ awren ?… Nnaɣ a ḥebbuci…

(Dɣa seg imir-nni yiwen ur iɛawed i wayed ameslay. Acemma ur yelli. Terna cwiṭ Ferruǧa, tuɣal ula d nettat tuli ɣer taârict, teṭṭes, ikkes-as lxuf ɣef yemma-s.

Azekka-nni sbeḥ, mi d-tekker Ferruǧa, tsubb si taârict ɣer tɣerɣert, taf yemma-s deg usu, twala-tt : aqadum n Zayna yakk ibzeg icuff, allen-is uɣalent-d am iḍujan, s tebrek.

Aɣesmar-is icudd am tin ihelken tuɣmas-is ; lḥasun, ibeddel-as Sidi Rebbi ssifa am tin ara isal aâzrayen. Taâred ad d-terfed lecfar n wallen-is, tegumma. Ferruǧa qrib ur tt-taâqil ara, texlaâ.

Ferruǧa :

– Annaɣ a yemma ḥebbu ! D acu i kem-yuɣen ?…

Zayna : (teldi-d imi-s s bessif)

– Uac… wis d acu yaâddan fell-as laâca… ma d axudec… neɣ d leǧnun…

Ferruǧa : (tesked di yemma-s aṭas… ala tt-teskad, teskad-itt, ul-is yebɣa ad ifellaq s lfeqɛa ; laâmer teẓri yemma-s akken ; allen-is bɣant ad d-fkent idammen ; taswiɛt taqemmuct-is tejreḥ-itt s weɣẓaẓ, iẓri-s iṭṭerḍeq-d s wayen ijmaâ d imeṭṭawen)

– Annaɣ a yemma ḥebbuci !… mačči… mačči d axudec, d nek … ih… d nek i d sebba-m.

Zayna :

– Yah ?… Wi m-innan akka d kem ?…

Ferruǧa :

– Wah… aâni tettuḍ ?… hi… hi… iḍelli … mi yakken i yam-dɛiɣ, mi yam-nniɣ wekkleɣ-am Reppi. Annaɣ a yemma  ḥebbuci !… Semmeḥ-iyi !…

Belaïd At Ali

Timerna/notes :

1. Lkumirs : commerce.

2. Sakin : « syen akkin », à partir de ce moment-là.

3. Ccix : d Ccix Muḥend U Lḥusin, swayes ttgallan di tmurt n Igawawen ufella.

4. Buṭayma : d awal ‘’ravitaillement’’ i yuɣalen d tqbaylit (beṭṭu n tgella ɣef yexxamen, s ujuṭu (jeton), di tallit-nni n ṭṭrad n 1939-1945).

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Mali : des vétérans de Wagner narrent leurs crimes et se moquent des militaires maliens

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Mercenaires de Wagner

Des vétérans de Wagner racontent leurs années au Mali. Dans un documentaire de 2h40 révélé par nos confrères de Jeune Afrique, et que RFI a pu visionner, les mercenaires reviennent sur les principales batailles menées en trois ans et demi de présence dans le pays. Ils y racontent leurs difficultés, les tensions avec leurs camarades maliens et admettent au passage des crimes de guerre. Détails.

C’est cagoulé, le regard souvent dissimulé par de larges lunettes noires, que neuf vétérans prennent la parole à tour de rôle. Tous ont opéré au Mali, dans les rangs de la société militaire privée Wagner.

Leurs témoignages, traduits par Jeune Afrique, sont entrecoupés de vidéos de propagande. On peut y voir des extraits d’interventions filmées à la première personne dans certaines localités du nord du pays. Les « musiciens » – comme il aime se faire appeler – entrent par effraction dans certaines demeures, brûlent des campements ou encore tirent à vue depuis des véhicules appartenant aux Forces armées maliennes (Fama), leurs hélicoptères et parfois même leurs avions de chasse.

La bataille de Tinzaouatène en juillet 2024, un tournant

Les intervenants relatent et commentent leurs faits d’armes dans le nord du Mali – région souvent surnommée Tatouïne par l’auteur de cette chaîne Télégram intitulée « Les oncles blancs en Afrique » – à Ber, à Tessalit, mais aussi à Tinzaouatène, du 25 au 27 juillet 2024, où près de 80 d’entre eux avaient été tués par les rebelles du Front de libération de l’Azawad (FLA). Un événement qui avait cristallisé les tensions entre mercenaires et Fama.

Un membre de Wagner se souvient des difficultés pour aller récupérer les corps de ses camarades en raison du manque de volonté du commandement malien dans le camp de Kidal, de l’intervention des autorités locales pour faire descendre la pression, ou encore de l’aide des éléments du Gatia (groupe touareg pro-gouvernemental) pour sécuriser la route jusqu’à l’endroit de la bataille.

Ce n’est que le 30 septembre qu’une colonne de 100 véhicules prend la route. Derrière eux, les mercenaires piègent un camion rempli de rations de maïs. « Une fois éloigné, nous avons entendu une explosion. » Une personne aurait perdu la vie. Piéger des objets civils est interdit par le droit de la guerre, pointe Jeune Afrique.

Des soldats maliens « peureux », « incompétents », « voleurs »

Le documentaire intitulé « Marche sur l’Azawad » est aussi un ramassis d’insultes des « musiciens » envers leurs homologues maliens. « Peureux », « incompétents », « voleurs » : les vétérans n’y vont pas de main morte. Ils décrivent une armée qui fuit le combat et saute sur l’occasion pour se glorifier. « Nous, on n’est pas facile à intimider », se targue l’un d’eux. « Alors, partout où nos alliés nous voyaient sur la ligne de front, ils essayaient de se rapprocher et de se mettre sous notre protection. »

Diffusé en juillet sur le canal Telegram réputé proche des mercenaires, le documentaire est un hommage à l’un des derniers terrains de Wagner où, d’ailleurs, son patron Evgueni Prigojine a fait sa dernière apparition avant de mourir dans le crash de son avion en août 2023. Une vidéo insérée dans le film.

Si, officiellement, la société militaire privée russe n’a jamais foulé le territoire malien, elle avait en réalité été appelée à la rescousse à la fin de l’année 2021, alors que Paris et Bamako étaient en plein divorce au lendemain de deux coups d’État successifs. Une nouvelle relation houleuse, à son tour rompue en juin 2025 et remplacée par les éléments de l’Africa Corps, branche africaine du ministère de la Défense russe, où l’on retrouve d’anciens membres de Wagner.

Selon un rapport de l’ONG The Sentry publié en août 2025, la « débâcle de Wagner » dans le pays est le fruit d’une combinaison de facteurs. Le terrain était « impraticable » se justifie l’un d’eux. Le manque de fiabilité des informations reçues, l’absence de soutien aérien ou encore la frustration d’être embourbés dans une guerre asymétrique ont entrainé un degré de violence sans précédent et une perte de confiance de la population envers l’armée. L’ONG Acled constate que, depuis l’arrivée des mercenaires sur les théâtres d’opération en janvier 2022, les violences contre les civils n’ont fait qu’augmenter. Des exactions également imputables aux différents groupes jihadistes qui n’ont fait qu’étendre leur influence sur des régions du Mali desquelles ces groupes étaient pourtant absents il y a encore quelques années.

Rfi

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Condamnation de Sarkozy et l’exécution immédiate : un déni de l’esprit du droit

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Sarkozy

J’avais été en totale opposition avec les idées de Nicolas Sarkozy, l’ancien président de la république française et j’ai du mépris envers l’horrible doctrine de Marine le Pen. Les deux ont été condamnés à l’exécution immédiate de la peine de prison.

Le droit n’est cependant ni le domaine du sentiment ni celui des positions politiques. Il faut garder la tête froide et ne pas s’emballer dans des condamnations ou des soutiens spontanés comme cela se voit dans beaucoup d’interventions médiatiques. 

Excluons ceux qui sont favorables à la condamnation par l’argument de l’égalité des citoyens devant la loi. Il n’y a là rien à débattre car cette affirmation est juste mais elle n’entre pas dans la question de l’illégalité ou de l’injustice.

Pour juger de la pertinence des positions des uns et des autres, il faut au préalable vérifier s’ils ne font pas la confusion entre la loi et le droit lorsqu’ils se lancent dans leurs arguments.

La loi n’est qu’un élément du droit parmi d’autres, on les qualifie de sources du droit. Celui-ci est en conséquence une globalité qui comprend la loi, les règlements, les traités internationaux, la jurisprudence, les usages et coutumes ainsi que les fondements du droit. 

Si nous considérons la loi, la décision d’exécution immédiate qui vient d’être rendue est parfaitement légale. Le code de procédure pénale prévoit la détention provisoire (l’incarcération immédiate) même en cas de décision d’interjeter appel (et non « en appel » comme on l’entend souvent par les étudiants). L’appel n’est donc pas suspensif pour l’ancien président.

En fait, la légitimité des arguments de ceux qui  contestent  la décision d’incarcération provisoire  ne serait acceptable que s’ils parlaient d’un « déni de l’esprit du droit » et pas d’une illégalité. 

Tous partent de l’expression bien connue « tout homme non condamné définitivement est présumé innocent ». Si nous nous en tenons au texte, la constitution n’évoque pas littéralement ce principe. Il faut aller le retrouver dans l’article 9 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui avait été intégrée ultérieurement dans le bloc constitutionnel en lui conférant la même autorité constitutionnelle.

Article 9 : Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.

Cela semble à priori confirmer les arguments de ceux qui parlent d’illégalité de la décision car ils estiment que la présomption d’innocence prévue par l’article 9 doit prévaloir tant que le jugement de la cour d’appel n’est pas prononcé. Cela semble logique mais ils oublient que le Conseil constitutionnel avait rappelé que le droit du double degré de juridiction n’a pas valeur constitutionnelle du fait de son inexistence dans le texte de la norme suprême. 

Il accepte donc que soit intégrée dans les textes de loi la disposition d’exécution immédiate. Mais estime qu’il y a des conditions impératives à respecter comme les exceptions justifiées par le risque que court la population par la liberté provisoire, par la fuite ou par la dissimulation des preuves. Et dans tous les cas la proportionnalité de la peine doit être évaluée en fonction de la gravité du délit et/ou par les exceptions qui viennent d’être citées. Dans toutes ses décisions en cassation la Cour a tenu à vérifier s’il n’y avait pas des abus d’interprétation.

Ceux qui s’offusquent de l’illégalité d’une décision d’incarcération ont une lecture élargie de l’article 9 de la déclaration des droits de l’homme intégrée dans le bloc constitutionnel «Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable … ». Pour eux la déclaration de la culpabilité prend naissance après la décision d’appel.

Dans ce cas ils doivent évoquer plutôt un déni de l’esprit du droit par l’interprétation restrictive du texte constitutionnel. Cela revient à faire appel aux législateurs, donc au politique, pour une modification du texte de la constitution afin que la décision  d’appel soit suspensive dans tous les cas. 

C’est absolument ma position car je trouve anormal que dans un état de droit on puisse incarcérer une personne qui n’est pas encore condamnée définitivement. Ainsi je ne dis pas que c’est illégal mais un déni des fondements du droit.

Et même si j’en venais à accepter certaines des exceptions, il y a une anomalie surprenante. Trois chefs d’accusation importants, comme la corruption ou l’enrichissement personnel ont été rejetés alors qu’il y a condamnation pour «association de malfaiteurs ». Autrement dit, on estime que l’intention, non prouvée dans ce cas, a été exécutée par l’ancien président.  

Si on devait incarcérer tous ceux qui ont envie d’étrangler leurs belles-mères sans en faire, ni une déclaration d’intention ni passer à l’acte, les prisons déborderaient d’une bonne partie des populations mondiales.

Oui, je suis dans l’extrême opposition aux deux condamnés cités au début de ma chronique, par la divergence politique avec le premier, par le dégoût envers la seconde. Mais le droit exclu les positions politiques et encore plus le sentiment et les pulsions de la rancœur. C’est cela la dignité de l’humaniste et du démocrate, il faut beaucoup de courage pour s’obliger à honorer ces deux qualités. 

Pour moi cela a été très dur de rédiger cette chronique car j’ai dû serrer les dents et contrôler ma colère envers les deux personnalités et n’invoquer que l’esprit du droit. 

Moi, Monsieur Sarkozy, je prends soin de réfléchir avant de me servir du Kärcher !

Boumediene Sid Lakhdar

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Ahmed Awabdiya : le maître du malouf algérien hospitalisé pour une opération urgente

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Ahmed Awabdiya
Ahmed Awabdiya

À Constantine, ville où le malouf résonne comme l’âme même de la culture locale, le célèbre Ahmed Awabdiya traverse aujourd’hui une épreuve qui secoue le monde artistique algérien.

Le maître du Malouf a été transféré au Centre hospitalier militaire de la Nouvelle Ville, sur ordre de M. Abdelkhalek Sayouda, Wali de Constantine, après que son état de santé se soit aggravé. Ses médecins ont souligné la nécessité d’une intervention chirurgicale urgente à l’étranger, et le ministère de la Culture et des Arts ainsi que le ministère de la Solidarité ont été mobilisés pour faciliter toutes les démarches.

Ahmed Awabdiya n’est pas seulement un artiste ; il est le gardien vivant de la mémoire musicale du Malouf. Depuis son enfance à Constantine, il a plongé dans l’étude des modes traditionnels de ce patrimoine immatériel, façonnant sa voix et son art pour devenir un symbole de résistance culturelle. Chaque note qu’il chante, chaque mélodie qu’il interprète, est un rappel que le patrimoine ne meurt pas tant qu’il reste ceux qui se battent pour lui.

Sa carrière, étalée sur plusieurs décennies, l’a vu enflammer les scènes locales et internationales, transportant les auditeurs dans un monde où la musique devient rébellion, poésie et mémoire. Sa pédagogie et son engagement envers la nouvelle génération de musiciens lui ont valu le titre de “parrain du Malouf”, un hommage à sa capacité unique à transmettre l’essence du genre avec force et passion.

Aujourd’hui, l’Algérie est appelée à protéger l’un de ses trésors vivants. L’opération nécessaire à Ahmed Awabdiya dépasse le simple cadre médical : elle symbolise le devoir national de préserver un patrimoine vivant, celui d’une voix qui défie le temps et qui incarne l’âme d’une culture entière.

Les appels au rétablissement affluent de toutes parts. Public et amateurs de Malouf se joignent pour souhaiter au maître un prompt rétablissement, espérant le voir bientôt retrouver sa voix vibrante et ses interprétations puissantes. La prise en charge par l’État, à l’image de tout citoyen, est un acte de reconnaissance de la valeur culturelle et symbolique des artistes, véritables gardiens de la mémoire nationale.

Ahmed Awabdiya demeure un pont vivant entre passé et présent, entre tradition et jeunesse, un artiste dont chaque note résonne comme un défi lancé à l’oubli. Tant que sa voix portera, le Malouf continuera de vibrer dans les cœurs, et la culture algérienne de survivre et de s’élever.

Djamal Guettala

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Reconnaissance de l’Etat de Palestine : quand la realpolitik dévore la morale

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Palestine
Image par hosny salah de Pixabay

Le 22 septembre 2025, 158 États ont reconnu la Palestine ; Washington et Israël ont boycotté la séance et tous les rois, émirs et présidents arabes ont brillé par leur absence — à l’exception du roi de Jordanie, seul à braver l’omerta collective. Gaza saigne, Doha a été frappée à l’ombre d’Al-Udeid, la plus grande base américaine de la région : preuve qu’une alliance peut exposer son parrain et que la realpolitik dévore la morale. 

Reconnaître la Palestine n’est ni un symbole ni une faveur : c’est l’acte de souveraineté qui ouvre ou plutôt ouvrira la voie au cessez-le-feu, à la sécurité régionale, à la reconstruction et au dividende de paix. L’Histoire a parlé ; à ceux qui ont le pouvoir d’influer sur le bien ou sur le mal d’écrire le présent.

La liturgie du report et le tournant du 22 septembre

« Je reconnais », « Je reconnaîtrai », « Je reconnaîtrais » l’Etat de Palestine. Ces conjugaisons hésitantes, ces promesses suspendues dans le vide diplomatique, résument à elles seules le ballet pathétique des puissances face à la Palestine. A la veille du deuxième anniversaire de la (dernière) guerre en date à Gaza, l’Assemblée générale des Nations unies a marqué un tournant historique : 158 pays, dont la France – qui avait appelé à la reconnaissance de la Palestine -,  le Luxembourg, Malte, Monaco, Andorre et la Belgique, ont formellement reconnu l’État palestinien. Un geste collectif, porté par un vent de révolte contre le génocide en cours à Gaza. Et pourtant, dans les couloirs de New York, deux absences : les États-Unis et Israël, qui ont boycotté l’événement, criant au scandale, accusant le monde entier de « récompenser le Hamas ». Comme si la reconnaissance d’un peuple opprimé équivalait à une capitulation face au terrorisme. 

Cette tergiversation générale sur la reconnaissance d’un état palestinien n’est pas innocente. Elle est le symptôme d’un ordre mondial vicié, où les intérêts géopolitiques écrasent la justice. 

Scénarios israéliens : tentations et limites

La réaction du Premier ministre israélien à la reconnaissance de l’État palestinien s’est manifestée par des déclarations fermes, assorties de mises en garde relatives à d’éventuelles mesures de rétorsion, et une intensification des tensions qui soulève de sérieuses interrogations. M. Netanyahu, qui s’oppose à l’établissement d’un État palestinien viable, pourrait envisager des actions étendues : annexion de la Cisjordanie et/ou une intervention en Jordanie – ce royaume qui, lors de la reconfiguration du Moyen-Orient consécutive à la dissolution de l’Empire ottoman en 1918, était intégré à la zone dévolue au mandat britannique, englobant ce qui allait devenir Israël.

Le traité de Sèvres et l’accord Sykes-Picot ont remodelé la région selon des lignes coloniales, opérant une division formelle entre la Transjordanie (l’actuelle Jordanie) et la Palestine mandataire en 1922. Pour certains ministres d’extrême droite au sein du gouvernement de Netanyahu, cette démarcation ne représente qu’une frontière provisoire, un héritage ottoman susceptible d’être revisité. Une telle initiative ne constituerait pas seulement une violation manifeste du droit international ; elle risquerait d’exacerber les instabilités au Moyen-Orient, attisant un conflit régional déjà marqué par une grande volatilité.

En fait, le gouvernement de Netanyahu pourrait prendre quelques mesures de rétorsion bilatérale contre les pays qui ont reconnu l’Etat de Palestine. Dans les faits, ses marges de manœuvre sont limitées : chaque pas vers une annexion formelle alourdit le coût diplomatique et économique (sanctions ciblées, contentieux commerciaux, coopération sécuritaire compliquée avec des partenaires clés). D’où l’écart grandissant entre la rhétorique (« jamais d’État palestinien ») et les options réelles.

Doha, Al-Udeid et l’alliance asymétrique

Cet étau stratégique, annoncé depuis quelques mois, éclaire le choix risqué de porter le conflit à Doha, sous le regard des États-Unis.

Le raid sur Doha, le 9 septembre 2025, visant des leaders du Hamas, mais frappant le sol d’un allié américain majeur, hôte de la plus grande base US au Moyen-Orient, Al Udeid qui abrite l’impressionnant dispositif du CAOC – Combined Air Operations Center, véritable centre nerveux de surveillance et de commandement 24/7 du théâtre CENTCOM. Il agrège en temps réel les flux de capteurs (satellites, drones, AWACS, avions de renseignement, radars) sur un plateau bardé d’écrans, pour planifier et suivre les opérations de l’Égypte à l’Asie centrale. Le CAOC d’Al-Udeid est décrit par l’US Air Force comme « le centre d’opérations le plus avancé de l’histoire ». C’est dire que les Etats-Unis ne pourraient pas, ne pas être au courant d’une attaque aérienne à 30 km de cette même base.

De cette observation technique découle une implication politique manifeste : une opération d’une telle envergure, menée à proximité immédiate d’Al-Udeid, ne pouvait manquer d’être détectée, suscitant inévitablement un sentiment de trahison à Doha et éveillant des interrogations sur d’éventuels soutiens alliés et sur la porosité de la protection américaine.

Le Qatar, qui a engagé des investissements substantiels aux États-Unis – évalués à 1 200 milliards de dollars – et a offert un jet de luxe à M. Donald Trump, perçoit cet état de fait  comme une trahison.

Cela met en lumière la dynamique asymétrique des relations entre Israël et les États-Unis : Washington formule des critiques mesurées – M. Trump s’est déclaré « très mécontent » – tout en accordant une marge de manœuvre à Israël. Les États-Unis voient en Israël un allié stratégique clé pour consolider leur influence au Moyen-Orient, en protégeant les itinéraires pétroliers, en contenant l’Iran et en préservant un équilibre des forces conforme à leurs intérêts.

Cet épisode révèle une réalité moins schématique qu’Israël peut aussi contraindre, mettre en difficulté et exposer Washington lorsque ses priorités tactiques priment sur l’agenda stratégique américain.

Ressorts intérieurs américains et realpolitik arabe

Au-delà de ces paramètres stratégiques, une part décisive du positionnement américain se joue aussi sur le terrain intérieur : la configuration des coalitions électorales, notamment l’influence de l’électorat évangélique.

Aux États-Unis, l’électorat évangélique — environ un quart de la population, majoritairement conservateur — constitue un pivot politique. Pour une partie de cet électorat, une lecture de « la fin du monde » confère à la présence juive en Terre d’Israël et à la continuité de l’État d’Israël une signification spirituelle, des étapes indispensables au plan divin de la fin des temps. Ce référentiel contribue à la stabilité d’une orientation transpartisane, souvent constante au-delà des alternances politiques (républicains, démocrates), et peut conduire à relativiser certaines considérations de droit international. Israël apparaît ainsi, pour Washington, à la fois comme un partenaire stratégique et, pour une frange de l’opinion, comme un repère symbolique d’ordre religieux. Ce socle de soutien se superpose à des déterminants plus larges — sécurité énergétique, rivalités régionales, maîtrise des risques de prolifération — et s’inscrit dans une relation plus vaste, faite d’échanges mais aussi d’incompréhensions, entre l’Occident et les sociétés du monde musulman.

Les pays arabes, eux, ne sont pas innocents dans ce théâtre d’ombres. Ils brandissent la cause palestinienne comme un étendard rhétorique, un outil de légitimation interne pour masquer leurs propres faiblesses – déficit démocratique, tensions sécuritaires, rivalités sectaires, dépendance économique. Plusieurs pays arabes du Moyen Orient professent un soutien formel, mais leurs liens avec Israël trahissent une realpolitik cynique. La Palestine sert de bouclier moral, un cri de ralliement populaire qui détourne des régimes autoritaires. 

Statu quo américain contre dividende européen de paix

Pour Washington, une stabilisation durable du Proche-Orient rognerait le rôle de garant incontournable : moins de contrats d’armement, prise réduite sur les flux pétroliers, et un Iran progressivement réintégré aux échanges mondiaux. Surtout, elle renforcerait l’Europe – ce que l’Amérique ne souhaite pas –  première exposée aux chocs migratoires et énergétiques. Des corridors commerciaux fiables abaisseraient la dépendance au dollar et aux arsenaux américains, offrant à l’Union Européenne un espace diplomatique réellement autonome. La Maison Blanche version Trump, alignée sur Netanyahu — pression contre la CPI, veto au Conseil de sécurité —, préfère maintenir le statuquo.

Pour l’Europe, la conclusion est inverse : la détente régionale produit un dividende immédiat — recul de la prime de risque sur pétrole et gaz, sécurisation de Suez et de la Méditerranée orientale, reflux de l’inflation importée et donc des taux, visibilité retrouvée pour l’investissement productif. Reconnaître la Palestine n’est pas un symbole, c’est de la gestion du risque : volatilité énergétique contenue, radicalisation tarie, diplomatie européenne réarmée et cohérence retrouvée avec le discours de droit (y compris sur l’Ukraine). Chaque mois gagné sur la paix sauve des points de croissance et évite un renchérissement de plusieurs milliards des importations de pétrole. En clair : pour l’Europe, le placement le plus sûr porte un nom simple — la paix.

Enfin, la reconnaissance de l’État palestinien, actée par 158 pays le 22 septembre 2025 à l’Assemblée générale des Nations unies, marque un tournant historique, malgré l’absence notable des États-Unis, d’Israël et de tous les dirigeants arabes, à l’exception courageuse du roi de Jordanie.

Alors que Gaza endure une tragédie humanitaire sans précédent et que l’attaque israélienne sur Doha, à l’ombre de la base américaine d’Al-Udeid, révèle les fragilités d’alliances marquées par la realpolitik, il devient impératif de dépasser les tergiversations diplomatiques. Reconnaître la Palestine n’est ni une concession ni un symbole, mais un acte de souveraineté qui pave la voie à un cessez-le-feu durable, à la sécurité régionale et à une reconstruction porteuse d’un véritable dividende de paix. L’Histoire, en ce jour, a posé une borne ; il appartient désormais aux décideurs de conjuguer l’avenir au présent, en affirmant sans détour : « Je reconnais. » Car, dans un Moyen-Orient au bord du précipice, seule une paix juste et équitable peut désamorcer les tensions, stabiliser les économies et redonner à la communauté internationale sa cohérence morale et stratégique.

Ould Amar Yahya

Economiste, Banquier et Financier

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Zalia Sékaï et Marc Garanger : quand les visages algériens racontent la mémoire coloniale

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Marc Garanger

Jeudi 25 septembre, à Paris, une soirée exceptionnelle a réuni littérature, photographie et mémoire coloniale. L’écrivaine Zalia Sékaï a présenté son livre Algériennes surexposées, tandis qu’une exposition des portraits de femmes algériennes réalisées par le photographe antimilitariste Marc Garanger a été inaugurée par son fils, Martin Garanger.

Le rendez-vous s’est tenu de 18h30 à 20h30 au siège des éditions Hémisphères, Maisonneuve & Larose, 3 quai de la Tournelle, Paris 5e. Le public nombreux a découvert un double hommage : à ces femmes photographiées sous la contrainte, et au photographe qui, en 1960, détourna l’ordre de simples clichés d’identité pour composer des portraits chargés de mémoire.

Marc Garanger (1935-2020), mobilisé dans le cadre de la guerre d’Algérie, avait pour mission de réaliser des photos d’identité de femmes algériennes, les obligeant à se dévoiler. En dix jours, il a capté plus de 2 000 visages. Mais au-delà de la contrainte administrative, il en a tiré des images fortes, portées par la dignité et la résistance des regards. Ces portraits, devenus emblématiques, témoignent des dominations coloniale, sociale, raciale, masculine et sexuelle.

C’est à partir de ce fonds visuel que Zalia Sékaï a construit Algériennes surexposées. Son approche consiste à croiser documents historiques, récits, journaux intimes et autofictions, pour « capter le hors-champ de ces femmes algériennes, l’invisible », et offrir « une histoire informelle et personnelle de la guerre d’Algérie ».

L’exposition, prêtée par la famille Garanger, est visible du 25 septembre au 15 octobre 2025, du lundi au vendredi de 14h à 17h (et sur rendez-vous) au 3 quai de la Tournelle, Paris 5e.

La soirée s’est conclue autour d’un moment convivial, avec échanges et dédicaces. Ce double événement — entre mémoire des femmes, héritage photographique et regard littéraire — a rappelé combien l’image peut être à la fois instrument de pouvoir et arme de résistance.

G.D

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Désinhibition de la haine

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Main armée
Image par un-perfekt de Pixabay

Il est des temps où les sentiments les plus sombres, naguère contenus par la bienséance sociale ou la peur du jugement, s’expriment à visage découvert. La haine, longtemps murmurée dans l’ombre, s’affiche aujourd’hui sans fard, sans masque ni détour. 

Elle s’exhibe toute honte bue. Ce qui relevait autrefois de l’indicible ou du honteux se dit désormais à haute voix, au nom d’une supposée liberté de ton. On ne se contente plus de la ressentir en silence, de la tenir en laisse : on la revendique, on la propage, on l’assume presque comme un droit naturel. Cette désinhibition de la haine n’est pas un phénomène marginal : elle traverse nos sociétés, irrigue nos débats publics et infiltre nos interactions quotidiennes.

Ce phénomène de désinhibition de la haine a plusieurs visages. Le numérique, on le sait, joue le rôle d’amplificateur. Derrière la protection de l’écran, les barrières intérieures s’effondrent, la colère se libère, l’insulte devient réflexe, le mépris se normalise. Les réseaux sociaux ont offert un espace où l’invective se publie en un clic, où l’anonymat réduit le coût moral de l’agression, où le « buzz » récompense la provocation. Ainsi, l’injure ou le mépris, jadis relégués à la sphère privée, deviennent matière première d’une économie de l’attention. Plus les mots sont violents, plus ils circulent. La stigmatisation se multiplie, la cruauté verbale circule comme un divertissement. La haine devient rentable.

Mais réduire la désinhibition de la haine aux réseaux sociaux serait une erreur : c’est la société entière qui s’y acclimate. C’est dans l’air du temps. Elle s’invite dans l’arène politique, où certains leaders n’hésitent plus à recourir à la brutalité verbale pour galvaniser leurs soutiens. Elle se diffuse dans les médias, où le spectacle de la confrontation l’emporte souvent sur l’exigence du débat argumenté. Elle s’installe même dans le quotidien, quand l’étranger, le voisin ou le collègue devient la cible d’une suspicion systématique. Les fractures sociales, les crises politiques, l’angoisse identitaire, tout concourt à légitimer ce déchaînement d’hostilité. L’autre n’est plus un voisin, un concitoyen, un alter ego : il devient un adversaire, parfois un ennemi.

Les discours publics, parfois même institutionnels, reprennent les codes de la brutalité verbale, donnant ainsi à chacun le sentiment qu’il n’y a plus rien à réprimer. Ce glissement révèle une mutation plus profonde : la haine cesse d’être perçue comme une défaillance morale ou un excès condamnable. Elle se normalise, s’installe dans le registre de l’opinion comme une option parmi d’autres. Le langage perd alors son rôle de filtre civilisateur. Là où la retenue permettait le dialogue, l’explosion pulsionnelle impose le silence de l’autre.

L’époque semble avoir levé les digues qui contenaient jadis les débordements de la haine. Ce qui, autrefois, devait se dire à voix basse, dans le cercle restreint de l’entre-soi, se profère désormais en pleine lumière, sans scrupule ni retenue. La haine s’exprime, s’exhibe, se revendique même, comme si elle relevait d’une authenticité nouvelle : dire sa colère brute, nommer son rejet de l’autre, serait devenu la preuve d’une sincérité affranchie du carcan des convenances.

Ce phénomène de désinhibition ne surgit pas de nulle part. Il s’ancre dans un climat d’incertitudes profondes : crises économiques récurrentes, effritement des repères sociaux, inquiétudes identitaires, sentiment de déclassement. Ces angoisses, plutôt que d’être transformées en énergie politique ou en réflexion collective, se cristallisent dans le rejet. L’hostilité devient alors une ressource symbolique : elle donne l’illusion de reprendre prise sur un monde qui échappe.

La haine s’exprime désormais avec la désinvolture d’une opinion banale. Jadis, elle se camouflait derrière des euphémismes, des sous-entendus ; aujourd’hui, elle se dit crûment, frontalement. Elle prend la forme d’un tweet lapidaire, d’une diatribe de comptoir, d’un slogan hurlé en manif. Et plus elle choque, plus elle se croit légitime, sous prétexte qu’elle « ose dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas ».

Le danger n’est pas seulement éthique, il est politique. Une société où la haine circule sans frein devient une société vulnérable, prête à se fracturer. Les mots, on le sait, préparent les actes. L’histoire récente comme lointaine le rappelle : la désinhibition de la haine est souvent le prélude à la désinhibition de la violence.

C’est une mutation inquiétante : la haine est sortie du registre de la transgression pour entrer dans celui de la normalité. Le langage qui l’exprime s’endurcit, et avec lui les comportements. Car les mots, une fois lâchés, appellent tôt ou tard des actes. La désinhibition de la haine est aussi une désinhibition de la peur. Peur de l’avenir, peur de la perte, peur de l’autre. La haine n’est jamais qu’un masque posé sur une fragilité collective. Elle soulage momentanément, mais ne résout rien.

L’enjeu n’est pas seulement moral, il est sociétal. Normaliser la haine, c’est fragiliser les fondements mêmes de la démocratie. Car une société démocratique repose sur la confiance minimale entre citoyens, sur la possibilité de débattre sans se détruire. Or, lorsque la haine cesse d’être une transgression pour devenir une habitude, elle corrode ce tissu fragile. Elle transforme l’autre en menace permanente, et le désaccord en guerre symbolique.

Il serait naïf de croire que cette désinhibition relève seulement d’individus isolés. Elle est le symptôme d’un climat plus large : sentiment d’insécurité culturelle, peur du déclassement, épuisement face aux crises successives. La haine devient alors une réponse facile, immédiate, mais illusoire : elle donne l’impression d’agir, quand elle ne fait que détourner des véritables enjeux.

Face à ce défi, il ne suffit pas d’appeler à la tolérance, souvent perçue comme un vœu pieux. Il s’agit de repenser nos espaces publics : restaurer des lieux de débat qui valorisent l’argument plutôt que l’invective, apprendre dès l’école la pratique du désaccord respectueux, redonner sens au mot « responsabilité » dans l’exercice de la liberté d’expression.

Car la désinhibition de la haine n’est pas un progrès, c’est une régression. L’humanité ne s’élève pas quand elle dit tout ce qui lui passe par la tête ; elle s’élève quand elle choisit de retenir ce qui blesse et de formuler ce qui construit.

Reste une question : comment réapprendre à inhiber, non pas nos colères légitimes, mais ce réflexe toxique qui consiste à transformer la différence en menace ? Peut-être en réhabilitant la lenteur de la réflexion contre la fulgurance de l’invective. Peut-être en redonnant valeur à la nuance, à la contradiction respectueuse, à ce ciment fragile qu’est le vivre-ensemble. Car si la haine est désinhibée, l’humanité, elle, risque fort d’être inhibée pour longtemps.

Comment alors rétablir les digues ? Sans doute en réapprenant que la liberté d’expression n’est pas l’abandon de toute responsabilité, mais au contraire son exercice le plus exigeant. En rappelant que l’opinion n’est pas un exutoire pulsionnel, mais une contribution au bien commun. En redonnant valeur à la nuance, à la contradiction apaisée, à la lenteur de la réflexion. Car une civilisation se mesure moins à sa capacité d’exprimer la haine qu’à son aptitude à la contenir. C’est dans cette retenue – fragile, difficile, toujours à reconquérir – que réside la condition même du vivre-ensemble.

Bachir Djaider

Journaliste, écrivain

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Un nouveau décret encadre strictement la diffusion des films et événements culturels

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Salle de cinéma

Le gouvernement algérien a publié au Journal officiel du 9 septembre 2025 le décret exécutif n° 25-238, qui établit les conditions et modalités d’obtention du visa d’exploitation cinématographique et du visa culturel. Ce texte, signé par le Premier ministre Sifi Gherieb, traduit une volonté d’encadrement renforcé de la diffusion des œuvres audiovisuelles dans le pays.

Deux visas distincts

Le décret impose un visa d’exploitation cinématographique pour tout film projeté en salle, diffusé sur les chaînes de télévision ou sur des plateformes en ligne. Un second visa, dit « culturel », devient obligatoire pour la projection d’œuvres lors de festivals ou d’événements organisés par des institutions étrangères ou des centres culturels accrédités.

Certaines productions échappent toutefois à cette obligation : films éducatifs, œuvres de sensibilisation sanitaire ou environnementale, productions à vocation commerciale ou institutionnelle.

Procédure et délais encadrés

Les demandes doivent être déposées auprès du Centre national du cinéma (CNC) avec un dossier administratif complet, incluant copie du film, contrats de distribution et autorisation d’exercice de l’activité cinématographique.

La commission de visionnage dispose de dix jours pour examiner le dossier et rendre un avis. En cas d’accord, le CNC délivre le visa dans un délai maximal de trente jours. Les refus peuvent être contestés auprès du ministre de la Culture puis, le cas échéant, devant la juridiction administrative.

Pouvoir de retrait et sanctions

Le texte confère au ministère de la Culture un pouvoir de contrôle étendu : suspension d’une projection si l’œuvre est jugée contraire à l’ordre public, retrait du visa en cas de modification du contenu ou de manquement au code de déontologie, réexportation des films importés sans visa, aux frais de l’importateur.

Une mesure à double lecture

Officiellement, l’objectif affiché est d’organiser le secteur et de protéger la production nationale. Mais cette réglementation soulève des interrogations dans le milieu culturel. L’obligation d’autorisation préalable, la latitude accordée à l’administration pour censurer ou retirer un visa, ainsi que l’exigence de dépôt 40 jours avant une manifestation pour les visas culturels, pourraient ralentir la programmation et restreindre la diversité des œuvres accessibles au public.

Dans un contexte où la création et la diffusion culturelles font déjà l’objet d’un encadrement restrictif de l’administration, le décret 25-238, s’il a le mérite de clarifier les procédures, fait planer de nouveaux risques pour les professionnels du cinéma et les organisateurs de festivals. En renforçant le contrôle administratif, il pourrait freiner la création et limiter la circulation des œuvres en Algérie. 

Des interdictions officieuses qui structurent le paysage culturel 

Les cas de censure recensés ces dernières années illustrent une stratégie de contrôle culturel persistante. Le film Larbi Ben Mhidi de Bachir Derrais, financé à la fois par des fonds publics et privés, demeure privé de diffusion, symbole d’une interdiction officieuse qui ne nécessite même plus de décision formelle. Dans le secteur du livre, cafés littéraires et salons ont été annulés sans explication transparente. La maison d’édition Frantz Fanon a subi une fermeture administrative de six mois et son directeur a été poursuivi pour la publication d’un ouvrage sur les juifs d’Algérie, tandis que les Éditions Koukou, dirigées par Arezki Aït Larbi, se sont vu exclure de plusieurs salons littéraires.

Ces épisodes, loin d’être isolés, traduisent un climat où l’autorisation préalable et la sanction implicite deviennent des instruments de régulation, restreignant de fait l’espace de création et de débat public.

Samia Naït Iqbal

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