Le parquet de Birkhadem–Bir Mourad Raïs a annoncé samedi la mise en détention provisoire de quatre cadres du complexe olympique Mohamed-Boudiaf à la suite de l’enquête sur le drame survenu le 21 juin dernier au stade du 5 Juillet. Cette rencontre de championnat entre la Mouloudia d’Alger et le NC Magra avait coûté la vie à quatre personnes et fait plusieurs blessés.
Selon le communiqué officiel du procureur de la République, l’instruction ouverte pour « négligence et manquement à la sécurité ayant entraîné mort d’homme et blessures involontaires », ainsi que pour « abus de fonction », a abouti à l’inculpation de sept responsables du stade.
Parmi eux, Y. K., directeur général chargé de la gestion du complexe, B. B., adjoint du chef d’unité du stade, A. A. directeur des équipements et de la maintenance, et S. H. chef d’atelier technique, ont été placés en détention provisoire. Trois autres cadres – M. H. A., A. T. et H. B. A. – sont pour leur part soumis à un contrôle judiciaire.
Les charges retenues s’appuient sur les articles 288, 289 et 442 du code pénal, ainsi que sur l’article 33 de la loi relative à la lutte contre la corruption. Le parquet souligne que l’instruction se poursuit et que l’opinion publique sera tenue informée de tout développement.
Ce drame, qui a ravivé les inquiétudes sur la sécurité des enceintes sportives en Algérie, met en lumière la question de la responsabilité des gestionnaires d’infrastructures publiques et des procédures de prévention des risques lors des grands événements sportifs.
Tebboune contredit par l'organisation des retraités.
L’Organisation nationale des retraités affiliés à la Caisse nationale des retraites (CNR) a publiquement exprimé ses réserves face aux déclarations d’Abdelmadjid Tebboune lors de son entretien télévisé du 26 septembre.
Le chef de l’État avait évoqué une prochaine hausse des salaires et des pensions à partir de 2026, en évoquant en laissant entendre que les retraités seraient inclus dans ce dispositif.
Dans un communiqué diffusé samedi, l’organisation prend acte « avec intérêt » des propos présidentiels, mais déplore une formulation jugée floue et inquiétante. Le chef de l’Etat n’aurait mentionné les retraités qu’« à titre accessoire » en parlant des « héritiers des retraités », ce qui a semé le doute parmi les pensionnés « quant à leur place dans ces mesures ».
Surtout, l’organisation rappelle que la revalorisation annuelle des pensions n’est pas une faveur mais un droit garanti par la loi, et que les retraités n’ont bénéficié d’aucun ajustement en 2025 – une rupture avec la pratique habituelle. « Il aurait été essentiel que le président explique les raisons de ce gel et indique les mesures correctives envisagées », souligne le texte. L’association redoute que la hausse annoncée pour 2026 ne serve de substitut au mécanisme de revalorisation légale, un « droit inaliénable » qui ne peut, selon elle, être ni différé ni remplacé.
En demandant « un éclaircissement officiel » sur le non-versement de la revalorisation 2025, l’Organisation nationale des retraités place ainsi le président face à ses responsabilités et met en cause la crédibilité de son engagement. Cette prise de position constitue un rare acte de contestation publique ( même de façon nuancée) d’une promesse présidentielle, révélant le malaise grandissant d’une catégorie sociale qui voit son pouvoir d’achat s’éroder alors même qu’elle a « consacré sa vie au service du pays ».
La sortie d’Abdelmadjid Tebboune sur la place accordée à l’opposition dans les médias publics a marqué les esprits. Interrogé, lors de sa rencontre périodique avec la presse nationale, sur les critiques d’exclusion et de fermeture du champ médiatique, le chef de l’Etat a eu une réplique étonnante.
Ne cachant pas son agacement, il a lancé : « Je ne comprends pas. La télévision nationale est ouverte à tout le monde, mais si le directeur de la télévision estime que le passage d’un invité ne génère pas d’audience, on ne peut pas l’y contraindre. Dans ce cas, le procédé ne serait pas démocratique. Il n’y a exclusion que lorsque quelqu’un recourt à l’invective ou à l’insulte. Ces comportements ne contribuent ni à la construction de l’État ni à celle de la démocratie. Nous ne sommes pas opposés aux observations ni aux critiques objectives. »
Cette justification, qui laisse la responsabilité de la pluralité aux seuls responsables de rédaction, suscite de vifs commentaires dans un contexte où de nombreux opposants dénoncent leur marginalisation dans l’espace audiovisuel national.
Selon plusieurs observateurs, cette réponse laisse perplexe et contraste fortement avec la réalité. Ils estiment que la présidence, via sa direction de la communication, exerce un contrôle étroit sur l’ensemble de l’écosystème médiatique national, allant même jusqu’à lancer une véritable « OPA » sur l’espace numérique . Une opération destinée à mobiliser une armée d’influenceurs au service de la communication officielle.
Ainsi, estiment ces analystes, Abdelmadjid Tebboune s’illustre une nouvelle fois dans l’art du « mentir vrai » : l’usage d’une rhétorique qui, en travistissant la réalité, donne l’illusion d’une situation plus ouverte qu’elle ne l’est. Le paradoxe est d’autant plus frappant que le chef de l’État a déjà été accusé, à plusieurs reprises, de présenter des chiffres approximatifs ou de s’aventurer dans des déclarations difficilement vérifiables, soit par calcul politique, soit par méconnaissance des dossiers.
Un programme économique et politique chargé
Au-delà de ce passage controversé, le chef de l’État a présenté un large programme de réformes. Il a indiqué avoir passé ses 18 jours de congé d’été en Algérie – un aveu tardif qui a surpris plus d’un, nombre de citoyens s’étant interrogés sur l’absence d’annonce officielle. Le chef de l’Etat n’a d’ailleurs pas expliqué cette discrétion, alors qu’entre-temps la chute accidentelle d’un bus de transport de voyageurs dans le lit de l’oued El Harrach avait provoqué une tragédie humaine qui, aux yeux de l’opinion, aurait justifié une présence physique, même via la télévision, de sa part.
Par ailleurs , il annoncera que près de 470 000 Algériens ont voyagé à l’étranger, générant une dépense estimée à 400 millions d’euros. Une annonce difficile à vérifier au demeurant, comme la plupart des chiffres lancés à l’emporte-pièce par le chef de l’Etat.
Sur le Mali, Tebboune a égratigné ce pays et la Russie auquelle il reproche d’armer des pays qui ont « besoin surtout de pain ».
🇩🇿 🇲🇱 🇷🇺 FLASH | Hier soir, le président #Tebboune a condamné très maladroitement dans une interview à la nation, le partenariat militaire entre la #Russie et le #Mali :
« Il faut arrêter de donner des armes aux pays africains, ils n’ont pas d’eau, pas de pain, pas d’écoles,… pic.twitter.com/Xb9e9LBHDh
Sur le plan économique, il a fixé l’achèvement de la numérisation de l’administration avant la fin de l’année, promettant des mesures « radicales » en cas de retard. Il a dénoncé une « résistance acharnée » à la généralisation du paiement électronique, la qualifiant de « bataille politique » entre « un État organisé et des réseaux parallèles ». Des augmentations de revenus pour étudiants, chômeurs et retraités sont prévues dès 2026, avec une poursuite en 2027. Abdelmadjid Tebboune a également annoncé une rencontre prochaine avec les opérateurs économiques pour concrétiser les engagements algériens dans le commerce intra-africain.
Gouvernance et processus électoral
À l’approche des législatives, Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé son engagement en faveur d’élections « démocratiques », insistant sur la séparation entre argent et politique et menaçant de sanctionner les acheteurs de signatures. Il a également souligné la nécessité d’un dialogue institutionnel ou populaire avant toute réforme de la loi sur les partis.
Saluant le travail de la diplomatie algérienne, le président a annoncé l’attribution de l’ordre du mérite à l’ambassadeur auprès des Nations unies, Amar Benjama. Il a défendu ses choix de nominations, qualifiant le Premier ministre Sifi Ghrieb d’« homme de terrain », plaidant pour une agriculture modernisée et une plus grande participation des femmes, tout en jugeant insuffisant le nombre actuel de neuf ministres.
Société et consommation
Enfin, Tebboune a noté l’attrait des jeunes pour les marques étrangères, appelant à leur disponibilité locale à des prix abordables pour stimuler la consommation et limiter la fuite de devises.
En centrant son intervention sur des réformes économiques et institutionnelles, tout en minimisant les critiques sur la place de l’opposition dans les médias, le président algérien relance le débat sur le pluralisme et la liberté d’expression dans le champ audiovisuel national.
La Direction générale de la Protection civile a dressé samedi un premier bilan des violents orages qui ont frappé, ces dernières heures, plusieurs régions d’Algérie, provoquant inondations, pertes humaines et dégâts matériels.
Selon le communiqué officiel, deux décès ont été confirmés dans la wilaya de Djelfa. Le corps d’un enfant a été repêché dans l’oued Arâar à Aïn Maabed, tandis qu’un homme porté disparu à Messaad a été retrouvé sans vie à une quinzaine de kilomètres du lieu de l’accident. Les équipes de secours poursuivent les recherches pour retrouver une seconde personne toujours manquante dans la même zone.
Major flooding in Bordj Bou Arreridj and M'Sila Provinces of Algeria over the past couple of days…🌊🌊🌊 pic.twitter.com/inUWXpgjJ0
Dans la wilaya voisine de M’sila, les sauveteurs ont découvert vivant un jeune de 25 ans qui avait été signalé disparu dans la localité d’Ouled Moulahoum. Il a été pris en charge médicalement. Une autre personne reste néanmoins introuvable, et un poste de commandement opérationnel a été installé pour coordonner les interventions.
Les intempéries ont également touché la wilaya de Tiaret. Les secouristes y ont porté assistance à trois personnes : deux d’entre elles étaient encerclées par la montée des eaux de l’oued Touil dans un logement de la zone de Zahana, et une troisième était bloquée dans son domicile à Ager Maya.
Des opérations de pompage ont par ailleurs été menées à Sidi Aïssa (M’sila) où des habitations du quartier 16 Avril ont été envahies par les eaux.
Ce bilan reste provisoire. Les services de la Protection civile appellent à la prudence et indiquent que les recherches et les interventions se poursuivent, alors que de nouvelles averses demeurent possibles dans les prochaines heures.
Cette rencontre de Tebboune avec des journalistes triés sur le volet se voulait éclairante, mais finit par ressembler à un numéro de prestidigitation. Tebboune s’est laissé aller à son sport préféré, un numéro de déni de toutes les grandes questions qui rongent le pays. Epatant !
Le déni en guise de rhétorique
Dès l’ouverture, Tebboune installe le registre du déni. « Crise créée de toutes pièces », « climat délétère » mais que « l’essentiel avance ». Bien entendu, il n’y a pas d’affaire d’Etat Abdelkader Haddad, ce général, ancien patron de la DGSI, qui a fui le pays. Même pas évoquée d’ailleurs. Le scandale n’existe pas. Il n’y a pas 200 prisonniers d’opinion non plus. La presse est aussi libre si l’on entend le chef de l’Etat. On croit rêver. Soit l’homme est décidément perché trop haut pour voir la réalité algérienne. Ou alors il cultive un cynisme sans nul pareil.
«L’Algérie est sur la bonne voie, raison pour laquelle elle est la cible de certains partis qui craignent son indépendance acquise et sa capacité à retrouver son rôle central, aux niveaux régional et international », a-t-il soutenu avant de menacer ceux qui alimentent les « rumeurs ».
En effet, à entendre Tebboune, tous les conflits diplomatiques sont des tempêtes dans un verre d’eau. Tout baigne selon la rhétorique tebbounienne. Il s’agit à travers cette rencontre de renvoyer l’image d’un homme maître du jeu, calme face à l’orage, quand, dans le brouillard des faits, nombreuses sont les zones d’ombre. Pour Tebboune, les Algériens qui fuient le pays par milliers sur des embarcations de fortune ne sont pas l’expression de son échec le plus cuisant. Il n’y est pour rien. Pathétique.
Le babillage lunaire ou l’art de détourner le regard
Et quand la question dérange — Boualem Sansal, les libertés, le rôle des médias — on égrène les formules mielleuses : « c’est un problème pour ceux qui l’ont créé », « d’autres cas de binationaux n’ont pas soulevé autant de solidarité », etc.
On feint d’être ouvert, mais on esquive. On brandit la Constitution, on rappelle des principes, mais sans laisser échapper le moindre élément concret de réforme : pas de cadre de dialogue sérieux, libre et franc avec les partis. Que de vagues déclarations d’intentions. Encore une fois, il a fait des promesses pour 2026, comme il en a fait en 2020 pour 2021,… Ainsi de suite depuis que le général Gaïd Salah l’a installé à la présidence fin 2019.
Dans son raout, Abdelmadjid Tebboune sous le règne duquel la presse a été avilie a encore une fois répété à ceux qui veulent le croire que « la liberté d’expression est garantie en Algérie, mais la liberté d’insulter et de diffamer n’est pas permise ».
Le bilan, après 75 minutes de discours télévisés, ressemble à un mirage : on voit des promesses, mais pas de preuves ; on entend des mots forts, mais ils ne touchent pas l’épiderme de la réalité. La presse officielle applaudit. La rue boude, se gausse même de cette « geste » tebbounienne !
Tebboune propose une image de grandeur pour l’Algérie : « L’Algérie est très grande… C’est à nous de devenir assez grands pour être à son niveau. » Beau sentiment. Mais entre cette abstraction et le quotidien des Algériens — cherté de la vie, emploi, liberté d’expression, justice — il reste un fossé abyssal.
Moralité (ou avertissement, selon les goûts) : la gouvernance par le déni peut tenir un temps. Elle a tenu six ans déjà ! On peut s’amuser à jongler avec les mots, débrancher les réalités gênantes, minimiser les contestations. Mais ce jeu se fissure dès que la population attend des actes — actes visibles, concrets, mesurables. À vouloir parler surtout pour ne pas changer, on finit par perdre toute crédibilité. La leçon du règne menteur de Bouteflika est encore frais et sa triste fin également.
L’éléphant est bien dans la pièce. Si Tebboune voulait apaiser, il lui faudrait moins de babillage lunaire et plus de transparence, moins d’omissions, plus de courage dans les concessions. Les illusions de grandeur — excellentes sur le papier — ne nourrissent pas ceux qui ont faim. Les mots ne comptent que s’ils marchent. Mais Tebboune ne peut faire que du Tebboune. Il ne faut raisonnablement rien attendre de lui.
Tebboune maître d'œuvre d'une anglicisation forcée de l'Algérie
« Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots… » chantait Dalida. Hier, Tebboune en a offert une version présidentielle : soixante-quinze minutes de paroles, paroles, paroles…
Tout y est passé : la numérisation, la modernité, l’équilibre budgétaire. Mais quand un journaliste a posé la seule question qui compte – combien reste-t-il dans les caisses ? – le grand orateur s’est effondré. Pas de chiffre, pas de vérité. Seulement des formules molles sur l’engagement de l’État et des équilibres “au millimètre”. Mille mots pour éviter un nombre.
La Banque d’Algérie publie chaque année son rapport annuel. Celui qui contient ces chiffres (chute de 31 % des revenus pétroliers, baisse de 13,5 % des recettes hors hydrocarbures et effondrement du Fonds de régulation) est bien le rapport 2024, publié en 2025, comme il est d’usage pour dresser le bilan de l’année écoulée.
Voilà le décor : un roi persuadé de porter un costume d’or, une presse qui répète le refrain officiel, et une économie nue comme un ver. Dans la salle, tout le monde le voit. La cour applaudit. Mais l’enfant du conte a parlé : le roi est nu.
Souviens-toi du début du mandat. Ammar Belhimer, journaliste devenu ministre, jurait la main sur le cœur que Tebboune réglerait tous les problèmes du pays en six mois. Six mois ! Il a suffi de moins pour que la promesse s’évapore. C’était le premier tube. Depuis, la playlist tourne en boucle : chaque année sa promesse, chaque promesse son naufrage. Paroles, paroles, paroles…
Le plus indécent n’est plus le discours, mais la presse qui l’accompagne. Elle ne rapporte pas, elle chante. Elle transforme la récession en croissance, le déficit en victoire, la caisse vide en coffre-fort. Le président improvise, les journalistes font les chœurs, et le peuple paie la facture.
Les chiffres, eux, ne chantent pas. Ils tombent comme des couperets. Quand Tebboune dit équilibre, ils répondent effondrement. Quand la presse titre succès, ils notent déficit. Quand le pouvoir promet des miracles, ils consignent les pertes. Les mots maquillent, les chiffres déshabillent.
Alors que reste-t-il ? Un chef de l’Etat qui meuble le vide, une presse qui applaudit à contretemps, une Banque qui écrit la vérité noire sur blanc, et un peuple sommé de croire à une chanson sans musique. Le roi continue de défiler, persuadé d’éblouir avec ses habits de vent. La cour persiste à acclamer. Mais dans la salle, on sent déjà le froid. Et dans ce pays où la promesse remplace la politique, la seule vérité est cruelle : les paroles s’envolent, les milliards s’évaporent, et le peuple reste face à la nudité du pouvoir. Paroles, paroles, paroles…
En Algérie, chaque nomination est vendue comme un miracle. On sort un nom, on lui colle des ailes en carton, on le propulse au ciel comme un sauveur descendu des nuages.
Les officiels applaudissent, les courtisans s’inclinent, et le peuple, lui, hausse les épaules : il a déjà vu le film trop de fois. Ces anges fabriqués par décret finissent toujours pareil : carbonisés, exilés, malades ou emprisonnés.
Prenez Nacer El Djinn, l’homme au surnom de démon. Hier patron de la DGSI, maître des secrets, terreur invisible. Aujourd’hui, réduit à fuir comme un harrag de luxe, sur une barque pour l’Espagne. Un archange noir transformé en clandestin ordinaire. Voilà comment tombent les créatures célestes quand elles croient planer éternellement au-dessus du peuple.
Avant lui, il y eut Toufik Médiène, alias Rab Dzair. Pendant des années, il régnait sur l’ombre. On le disait omniscient, omniprésent, presque éternel. Les gens murmuraient son nom comme une incantation. Mais lui aussi s’est écrasé : déchu, jugé, effacé. Le maître est devenu prisonnier. Icare version algérienne : plus on monte haut, plus la chute est brutale.
Le problème, ce n’est pas ces hommes en particulier. C’est la machine qui les fabrique. Le pouvoir distribue des ailes comme des illusions. On les fixe dans le dos de quelqu’un, on le fait planer au-dessus des autres, on lui chuchote qu’il est Jupiter ou Djinn tout-puissant. Puis, dès que le scénario l’exige, on lui arrache les ailes. La chute n’est pas un accident : elle est programmée.
Et qui paie l’addition ? Pas ces anges éphémères. Le peuple. Les faibles. Ceux qui encaissent chaque secousse quand « l’homme fort » du moment s’écroule. L’entourage de Nacer El Djinn – gradés, proches, affidés – a déjà goûté aux barreaux. Eux aussi aspirés dans la chute. Mais pour le citoyen lambda, rien ne change : il continue à se débattre dans son quotidien, pendant que là-haut on joue aux anges et aux archanges.
Le peuple le sait. Il a même un adage pour résumer cette comédie : « S’il avait duré pour les autres, il ne serait jamais tombé entre tes mains. » Traduction : si le pouvoir valait vraiment quelque chose, il ne serait pas refourgué d’un gradé à l’autre comme un fardeau dont on veut se débarrasser. C’est un cadeau empoisonné qui finit toujours par brûler les ailes.
Alors, à quoi bon ce cirque ? À quoi bon fabriquer des anges artificiels si c’est pour les voir finir démonisés ? Les Algériens n’ont pas besoin de météores qui brillent et disparaissent. Ils n’ont pas besoin de nuages ni de miracles.
Ce qu’il faut, ce ne sont pas des anges fabriqués pour planer au-dessus des autres, mais des responsables capables de poser les pieds dans le plat et de marcher avec le peuple. Parce qu’un pays ne se gouverne pas depuis les nuages, mais dans la poussière, au milieu de ceux qui subissent.
La leçon est simple : les ailes brûlent, les nuages disparaissent. Ceux qui survivent sont ceux qui savent marcher avec le peuple, pas ceux qui se prennent pour des dieux tombés du ciel.
C’est connu, il est toujours plus simple de ramer dans le sens du vent. Se soumettre à l’idéologie dominante, en adopter les codes, plaire à ses promoteurs et se fondre dans la masse permet d’éviter bien des remous. Le ministre de l’Éducation nationale ne l’ignore pas. Il en a même fait un principe de gouvernance. Ramer à contre-courant de l’idéologie dominante demande un courage rare dont le ministre semble dépourvu.
Plutôt que de redonner à l’école sa mission première qui est de former des esprits critiques, éveiller la curiosité, transmettre le savoir, il choisit de suivre la pente du conformisme idéologique.
La dernière circulaire ministérielle en est une illustration flagrante. Elle reprend à son compte les codes vestimentaires d’une idéologie rétrograde et obscurantiste, celle de l’islamisme politique, et les impose à nos bambins, à toute une génération.
Une circulaire de plus, donc, pour allonger la liste des frustrations que subissent déjà les Algériens et nourrir le climat propice à l’hypocrisie. Cette fois, ce sont nos enfants, nos adolescents, qui en paient le prix.
Désormais, ils ne pourront plus s’habiller comme ils l’entendent, ni se sentir bien dans leur peau, ni exprimer leur individualité à travers leurs coiffures, leurs vêtements. L’habit est réduit à la fonction triviale qui est de cacher les corps, effacer les formes, dissimuler les cheveux, en somme, faire disparaître l’humain.
On remplace ainsi la mise en valeur de soi par l’effacement de soi.
Ce diktat moral, porté par une minorité sans candeur, recalée du progrès, figée dans une vision médiévale du monde, en rupture avec la modernité, l’humanisme et l’universalisme, est désormais érigé en norme. Leur projet est clair. Il culpabilise la beauté, diabolise le plaisir, et fait de la laideur une vertu.
Car pour eux, la religion ne peut cohabiter avec le bonheur ; elle ne peut s’épanouir là où les gens sont libres et heureux. Elle devient alors un refuge pour désespérés, un rempart contre la vie, et non un chemin vers l’élévation.
C’est cette vision morbide de l’existence que cette circulaire cautionne. Elle oppose la foi à la joie de vivre, sacralise le renoncement, et cherche à précipiter l’au-delà en rendant la vie terrestre insipide. Tout est fait pour occulter la beauté, appauvrir la culture, étouffer l’éveil. En un mot, elle étend un désert sur l’école, là où devrait grandir la pensée.
Pire encore, ce texte administratif vient briser l’innocence des enfants. Il leur insuffle les complexes d’une génération désenchantée, et érige une frontière symbolique, mais bien réelle, entre les sexes. En prétendant moraliser l’apparence, il crée les conditions mêmes des perversions qu’il prétend prévenir.
Cette circulaire qui relève d’une escroquerie du pouvoir de légiférer n’est pas seulement une erreur politique. Elle est une transgression des principes républicains. Elle substitue à la loi commune une morale particulière, fondée sur le rejet de la vie, la défiance envers le corps, et le culte de la dissimulation.
L’école n’est pas un lieu de formatage moral. Elle est, ou doit être, un sanctuaire de liberté, d’éveil et d’émancipation. Et c’est précisément cela que ce texte sacrifie, au nom d’un ordre moral qui ne dit pas son nom.
Le terrorisme islamiste a fait près de 200 000 morts en Algérie
Le 27 septembre 1997, une date dont la tragédie et le sacrifice consenti par les femmes doit être commémorée au niveau national. Mais encore une fois, son rappel reste marginal.
À quand l’enseignement de la décennie noire dans les écoles algériennes ? A quand un examen et une approche nationale critique du terrorisme islamiste qui a renvoyé le pays aux temps obscurs et à la division ?
On a vu mourir des milliers de nos compatriotes dans les pires circonstances. D’autres se résigner à l’exil, et beaucoup vivre avec la blessure d’un deuil quasi impossible. La rage impuissante de voir leurs bourreaux se remettre à vivre normalement. Comme si de rien n’était ! Comme si le sang qui avait maculé les murs et le sol s’était transformé en eaux évacuées vers l’oubli. Cette gangrène qui nous fait d’impénitents falsificateurs.
Affairés que ces islamistes à fructifier l’argent et l’or trifouillés dans les cadavres.
A quand l’interrogation et la remise en question des chartes et concordes qui ont profité aux assassins et à la mafia politique qui a vidé, en milliards, les caisses du pays ?
Journalistes, écrivains, enseignants, dramaturges, chanteurs, médecins, architectes, paysans, étudiants, soldats et braves officiers… Massacrés sans pitié. Le pays a subi une saignée de son élite dont il ne s’est toujours pas remis. Et pourtant pas une seule date nationale de commémoration contre l’apocalypse de la décennie noire. Pas un seul musée des horreurs pour ce qu’a traversé le pays.
Très peu de fictions pour dénoncer cette fracture meurtrière de l’Algérie avec un devenir qui semblait, pourtant, prometteur. Et cette absence totale d’approches pédagogiques et thérapeutiques de cette période sanglante de notre histoire récente, où va-t-elle nous mener ?
Quelques littératures, malgré les obstacles et les empêchements. Mais qui lit encore, ou autre chose que la pseudo-science des cheikhs libidineux et influencer qui murmurent aux oreilles de chaque individu par la grâce du techno fascisme qui s’est infiltré dans les foyers comme le malheur.
Les voix de ceux qui vociféraient la haine et le meurtre sont libres et écoutés. Soignés et gardés vivants. Foulant et souillant, à nouveau, la terre qu’ils ont inondée de sang.
200 000 morts, ça ne s’évacue pas d’un revers de main, par simple oubli ou par quelque service minimum pour taire la vérité dans toute sa cruauté.
Des infrastructures démolies, une génération de lettrés pulvérisée, des milliards dépensés pour arriver à bout de l’assaut islamiste. Ca mérite des explications, une remise en question, que cette concorde qui a ajouté au crime, sinon le déshonneur, la promesse du recommencement !
Savons-nous nous encore reconnaitre une colonisation ? Savons-nous, au moins, que celle-ci change de visage et d’outils ?
Comment allons-nous reconstruire le citoyen algérien sans les vérités crues et le courage de leur faire face ?
La mémoire d’un peuple ne se négocie pas. C’est d’elle que dépend l’avenir d’une nation. C’est d’elle aussi qu’on puise la force d’avancer et d’ajuster ses pas. Sans mémoire, on nous recolonisera, on nous re-massacrera, on nous redéfinira comme on veut.
Dans la nuit du 18 au 19 septembre, le général Abdelkader Haddad, plus connu sous le nom de Nacer El Djinn, s’est évaporé dans l’obscurité de la Méditerranée. Autrefois maître incontesté des rouages de l’intelligence militaire algérienne, ce général de sinistre réputation a traversé le détroit à bord d’une vedette rapide, laissant derrière lui le pouvoir, la surveillance et les intrigues qui faisaient sa force.
L’ancien puissant patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a donc fui le pays en harraga, comme ces milliers d’Algériens qui mettent tout leur destin dans des embarcations de fortune pour s’extraire de la « nouvelle Algérie » d’Abdelmadjid Tebboune. Les raisons ne sont évidemment pas les mêmes. Le général Abdelkader Haddad était jusqu’en mai dernier du côté du manche, de la répression et de la manipulation.
La Costa Blanca, en Alicante, a été son refuge inattendu, selon des expatriés algériens et des sources policières locales. La traversée, risquée et silencieuse, ressemble à celle de centaines de migrants, mais, faut-il le rappeler, l’homme qui franchissait les vagues n’était pas un simple réfugié : c’était l’un des militaires les plus puissants et redoutés du pays, tombé en disgrâce.
Haddad avait été, pendant des années, l’une des figures centrales de la sécurité intérieure algérienne. Son surnom, Nacer El Djinn — “le Diable” — évoquait autant sa capacité à contrôler l’information que la crainte qu’il inspirait à ses adversaires. Mais le 18 septembre, le général de triste mémoire n’était plus qu’un fugitif, filant dans la nuit, loin des regards et des protocoles, seul avec la mer pour guide.
En dépit du silence assourdissant des autorités algériennes et des contrefeux lancés pour faire oublier ce scandale, la fuite du général Haddad met en lumière les luttes intestines qui secouent la cime du puissant appareil militaire algérien. Les rivalités, les trahisons et les ajustements de comptes ont transformé celui qui était symbole de la répression et de la surveillance en transfuge, exposé à d’éventuelles poursuites par des ONG pour son passé au sein de l’appareil répressif algérien.
Cette évasion spectaculaire illustre aussi les limites du contrôle du régime sur ses cadres les plus influents. Mais aussi les fractures qui traversent le système. Malgré la surveillance militaire et policière, Abdelkader Haddad a réussi à déjouer tous les dispositifs et à rejoindre l’Europe. Au-delà, sa disgrâce rappelle à ceux qui sont au pouvoir qu’ils pourraient, eux aussi, subir le même sort. La disgrâce, la prison…
Les questions se multiplient : qui l’a aidé, quelles complicités internes ont permis cette fuite, et quelles informations sensibles pourrait-il révéler à l’étranger ? Et enfin, jusqu’à quand la grande muette gardera-t-elle le silence sur un des siens.
Pour l’Algérie, cette affaire n’est pas seulement celle d’un général en fuite : elle est le révélateur d’une instabilité chronique au sein de l’armée, d’une fragilité dans le système de sécurité et de la profondeur des rivalités qui agitent les couloirs du pouvoir.
Nacer El Djinn est une espèce de boîte noire du DRS puis des autres démembrements du renseignement algérien. Il est donc à même de révéler ce qu’il sait contre une protection.
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