23 novembre 2024
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Le constitutionnaliste Massensen Cherbi déterre le projet de Constitution de la Fédération de France du FLN

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Massensein Cherbi

Le constitutionnaliste Massensen Cherbi vient de publier, et c’est heureux, un article fort intéressant pour les juristes travaillant sur le droit constitutionnel en Algérie, et au-delà, sur « Le Projet de Constitution de la Fédération de France du FLN (mai 1962) : une autre indépendance algérienne », paru dans la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée (REMMM) en 2024.

La réflexion de Massensen Cherbi est éclairée notamment par la consultation des archives militaires de Vincennes, des archives diplomatiques du Quai d’Orsay et des débats de l’Assemblée nationale constituante algérienne (1962-1963).

Dans ce Projet programme de la Fédération de France du FLN infléchi vers une perspective socialiste, il n’est pas prévu l’élection d’un président de la République, mais d’un présidium collégial de onze membres, la femme y est l’égale de l’homme « dans tous les domaines », y compris en matière successorale.

Quant au statut de l’armée, sujet d’une brûlante actualité, ce texte a prévu sa soumission « au pouvoir civil désigné par le peuple », en rupture avec la militarisation que l’Algérie a connue depuis 1962.

S’agissant du culte, le projet envisage la séparation de la religion de l’État et garantit « la liberté du culte ».

En ce qui concerne la représentation nationale et l’exercice de la souveraineté nationale, le projet a écarté la possibilité de l’exercer par voie référendaire, mais selon le principe du « mandat électif est impératif », c’est-à-dire que les élus peuvent être révoqués par leurs électeurs avant l’expiration de leurs mandats. 

Pour les concepteurs de ce projet, l’Algérie appartient à l’Afrique du Nord, définie comme « un tout indissoluble par la géographie, l’histoire, la langue, le devenir », une formulation empruntée à la charte de la Soummam.

Le Projet s’attache à une « culture nationale authentique » indéfinie et non sclérosée, c’est-à-dire en « formation » et évolutive, il reconnaît une place à l’« arabe algérien » et à d’« autres langues », au pluriel.

En somme la contribution de la Fédération de France défend un projet politique d’une Algérie différente, libre et ouverte dans le cadre d’un État socialiste.

Preuve en est que le FLN post-indépendance était loin d’être homogène et monolithique, il était traversé par des courants politiques contradictoires, prolongement du multipartisme qui a caractérisé le mouvement national dès sa naissance au cours des années 1920, irréductibles à de simples luttes de pouvoir quand bien même celles-ci avaient fait aussi partie de son histoire très mouvementée. Le FLN ne pouvait donc échapper aux lois de l’histoire et au substrat politique qui lui a donné naissance.

En publiant cet article, Massensen Cherbi a fait œuvre utile en éclairant d’un jour nouveau le contexte peu connu pour les jeunes générations notamment de l’après indépendance.  Raison de plus pour le remercier de nous livrer un travail aussi riche et éclairant, qui contribuera très certainement à une meilleure connaissance du contexte brumeux et conflictuel des premières années d’indépendance et des courants politiques qui l’ont traversé.

T. Khalfoune

Abdelaziz Belkhadem : 40 ans de grâce, 10 ans de disgrâce !

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Belkhadem
Belkhadem à gauche du général-major Saïd Chanegriha

Que deviendrait le pouvoir sans la réserve de génies que constituent les caciques du FLN ? Le cas de Belkhadem représente l’étalon même de la serpillière au service de l’État. Notre premier « empastillé » officiel avait été banni par Bouteflika en août 2014 en le faisant chuter de son trône de ministre d’État, pour des raisons encore floues et que l’ancien président avait habillé de subterfuges aux relents de haute trahison, sans fournir la moindre preuve ni explication, évidemment.

Le 26 août 2014, Bouteflika met fin par décret aux fonctions de Belkhadem en qualité de ministre d’État, conseiller spécial à la présidence de la République ainsi qu’à toutes ses activités en relation avec l’ensemble de structures de l’État. Il est également exclu du FLN. Il faut avoir été mêlé à des histoires d’espionnage pour recevoir autant de disgrâce par un simple décret présidentiel.

La carrière de Belkhadem est remarquable à maints égards, tant ce pur produit du système aura traversé les arcanes du pouvoir depuis l’âge de 26 ans. En effet, c’est en 1972 qu’il est sollicité par Boumediene pour occuper divers postes successifs, dont ceux de député, de président de l’Assemblée et de Premier ministre. Qui dit mieux ?

Le retour de cet ancien fidèle du FLN qui n’avait jamais caché ses positions islamistes, osant aller à l’encontre de l’armée en 1991-1992, démontre que la boussole en haut lieu est irréversiblement coincée et tournée vers la Mecque.

À noter qu’en termes d’âge, Abdelmadjid Tebboune est né une dizaine de jours après Belkhadem. C’est dire que notre président semble décidé à donner un bon coup de jeune aux acteurs politiques au sommet.

D’ailleurs, à y regarder de près, c’est une réhabilitation méritée de notre « empastillé ». En pleine effervescence du mouvement Barakat, n’avait-il pas appelé au respect de la liberté de manifester contre le 4e mandat et pour le boycott des élections présidentielles du 17 avril 2014, s’opposant ainsi de plein front à son mentor Bouteflika ? Un hirakiste avant l’heure, en somme.

Allez circulons, il n’y a rien à voir ! Laissons nos octogénaires nous mener à ce bon port qu’ils sont les seuls à connaître. 62 ans après 1962, la platitude politique occupe le terrain et nous nargue de ces vieux malotrus inassouvis.

Kacem Madani

« Sur les traces des Kabyles exilés en Tunisie » de Farida Sahoui

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Farida Sahoui
Farida Sahoui

Aller sur les traces des ancêtres, chercher leurs racines, retrouver les embruns des origines, telle est la gageure de Farida Sahoui dans son récit « Sur les traces des Kabyles exilés en Tunisie », publié aux éditions Progress en juin 2021. Revenir sur ce récit savoureux nous réconcilie, à vrai dire, avec une partie de l’histoire algérienne.

Fait de rencontres avec les descendants d’exilés algériens originaires de la Kabylie, partis prendre refuge chez les frères-voisins de l’Est après leur condamnation à mort, pour certains d’entre eux, par l’administration coloniale suite à la révolte populaire d’El Mokrani en 1871, l’essai nous met dans le bain de la nostalgie.

L’échec du soulèvement algérien a créé, il est vrai, une diaspora dans différentes villes tunisiennes telles que Bizerte, Kairouan, Master avec tous les liens affectifs y afférents.

Fortement investie dans ce travail de fourmi, la jeune auteure a réussi à lever le voile sur un pan dramatique du récit national, chiffres et informations historiques à l’appui. Confirmant le fait que l’exode des familles kabyles et leur installation en Tunisie datait de bien avant 1871, l’auteure rappelle à titre d’exemple que cinq ans plus tard, soit en 1876, environ 16 600 Algériens avaient élu domicile dans le pays du Jasmin.

Ce mouvement migratoire vers d’autres pays n’était pas, d’après l’auteure, unique, d’autant plus qu’il y avait également des exodes massifs vers le Maroc, le Liban, la Syrie, l’Egypte, effet de bord des révoltes populaires.

C’était dans le sillage de ces chamboulements que des illustres tels que El Ghobrini, Laid El Ouartilani et Sidi Bachir El Bedjaoui Zouaoui, issus des familles de lettrés, les fameux oulémas, ont poursuivi leurs études à l’université de Zitouna. Le mouvement national en Algérie en avait, d’ailleurs, tiré le plus gros profit, vu le rôle majeur de ce temple de savoir dans la prise de conscience de certains militants nationalistes.

Ainsi Farida Sahoui a-t-elle évoqué Mustapha Ben Boulaid et Messali Hadj dont les relations avec El Ouartilani étaient, semble-t-il, très fortes. C’est dire combien la diaspora algérienne en Tunisie a fortement contribué à l’élan libérateur de la révolution algérienne.

Plein d’émouvants témoignages revenant sur le destin d’Algériens arrachés à leur terre-mère, mais n’ayant perdu aucune once de leur algérianité, le livre se présente d’abord comme une sorte d’étude anthropo-historique.

A ce titre, l’auteure a donné notamment la parole à la famille de Zouaoui Abdelaziz, appelé par les intimes « Ammi Azzouz », originaire de la région de Ouagenoun et de Tigzirt (Tizi Ouzou) et de page en page, les coeurs de ses membres s’ouvrent pour décrire leur vécu, ceux de leurs ancêtres et des exilés kabyles en général, avec tout l’album familial.

« J’ai eu l’honneur, écrit Sahoui dans son introduction, d’être invitée par quelques familles comme les Zouaoui et Amraoui, des personnes simples qui m’ont ouvert les portes de leurs maisons et celles de leurs coeurs pour me raconter leurs vécus et m’imprégner ainsi de leurs souffrances et de leurs moments de joie. »

Les parcours de tas d’autres familles telles les Chabane, les Meziane, les Ahres, les Ait Larbi, les Bouknana, les Chaker, les Amyoud, les Hamitouche, les Dahmane, et tant d’autres, parties de Mekla, Azazga, Ain El-Hammam, Larbâa Nath Irathen, etc., jalonnent ce récit. Des confidences, des larmes, des souvenirs, en rapport avec la mère-patrie suscitent autant d’empathie et de solidarité.

De la JSK, l’équipe-phare à l’histoire légendaire aux montagnes de Djurdjura, en passant par les rites locaux de la Kabylie, sauvegardés de père en fils, malgré la distance de l’éloignement, c’est l’odeur de la Kabylie avec toute sa splendeur qui irrigue le texte de Farida Sahoui.

Le parler même en est imprégné. Tamazight est partout sur les bouches : aghrum (pain), azmur (olive), tagmat (fraternité), afus (main, union), etc. Puis, plongeant sa plume dans le quotidien de ses compatriotes, cette dernière nous révèle avec force détails par le biais des histoires et des anecdotes croisées des destins uniques en leur genre, parfois avec des photographies.

On peut même se réjouir d’un tour sur Si Mohand Oumhand, le poète errant à la mémoire myhtique qui a effectué un grand périple en Tunisie, avec une petite compilation de ses vers. Et aussi sur la famille des Amrouche et leur qurante ans d’exil. Cette famille emblématique avait, pour rappel, choisi la Tunisie pour terre d’asile et de travail à un moment où les conditions de vie sous le colonialisme à Ighil Ali en Kabylie étaient dures. La poétesse, cantatrice et écrivaine Marguerite-Taos Amrouche y était même née.

Des extraits de « L’histoire de ma vie » de Fathma Ait Mansour Amrouche, la mère de Jean et de Marguerite-Taos, récités par l’un de ses interlocuteurs ajoutent de la beauté au texte. Bref, l’auteure nous offre un véritable travail de prospection ethnologique, fait avec passion et générosité. On découvre bien aussi des aspects du tour de vis exercé sur la culture berbère sous le régime Bourguiba, bien que ce dernier ait octroyé aux Kabyles bien d’avantages.

Au fil de la lecture de ce merveilleux ouvrage, on ressent des douleurs muettes, des regrets pesants, des ressentis profonds que les années n’avaient pas pu effacer. L’écart dans la vision entre les personnes qui ont témoigné dans le livre en dit long aussi sur le conflit de générations. Celles d’aujourd’hui, parmi les descendantes des anciennes exilés semblent moins attachées à la mémoire de leurs prédécesseurs, même si la Kabylie habite toujours les esprits, avec son charme, ses odeurs, ses nouvelles, son actualité.

Kamal Guerroua

Farida Sahoui, Sur les traces des Kabyles exilés en Tunisie, Récit, QI Progress,2021, Tizi Ouzou, 216 pages, Prix public : 650 dinars

Liban : l’état-major d’al-Radwan, l’unité d’élite du Hezbollah, visé par l’aviation israélienne

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Hezbollah

L’aviation israélienne a mené, vendredi 20 septembre, des raids dans la banlieue sud de Beyrouth, 48 heures après les deux vagues d’explosions d’appareils de communication qui ont fait des dizaines de morts et des milliers de blessés dans les rangs du parti chiite pro-iranien.

Le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, qualifie la frappe qui a visé le commandant de cette force d’élite, Ibrahim Aqil, de « nouvelle phase de guerre », selon Le Monde. Ces frappes ont fait 37 morts, dont 16 membres du mouvement islamiste libanais et six civils, également plusieurs dizaines blessés. Parmi les morts figurent le fondateur et chef de la force d’élite al-Radwan, Ibrahim Aqil, son adjoint Mahmoud Wehbé, et tout l’état-major de cette unité spéciale.

Pendant des heures, des excavatrices ont déblayé les décombres pour tenter d’arriver au deuxième sous-sol où se trouvait l’état-major de la force al-Radwan, presque au complet.

Le raid israélien mené avec des chasseurs-bombardiers de cinquième générations F-35 a eu lieu en deux temps, à une heure de pointe. Une première salve de missiles air-sol a complètement détruit un immeuble de huit étages et lors d’une deuxième vague, des avions ont largué de puissantes bombes perforantes, pour atteindre l’endroit souterrain où se tenait la réunion, rapporte le correspondant de Rfi à Beyrouth.

Les raids ont détruit un immeuble adjacent, des dizaines d’appartements et provoqué d’importants dégâts dans ce quartier résidentiel situé en plein cœur de la banlieue sud de Beyrouth. Passé les premiers moments de désordre, les secours se sont vite organisés et les blessés, en majorité des civils, ont été transportés vers les hôpitaux.

Fer de lance de la branche militaire du Hezbollah

La décapitation de l’état-major de la force al-Radwan affecte les capacités offensives du Hezbollah. Cette unité d’élite, établie en 2008, a pour vocation d’infiltrer la Galilée et d’occuper du territoire en terre ennemi. Sa création avait marqué un changement dans la doctrine militaire du Hezbollah.

La force al-Radwan est ainsi considérée comme le fer de lance de la milice chiite dans son combat contre Israël. Elle regroupe des combattants expérimentés dont certains ont combattu en Syrie ou dans d’autres pays de la région et est aujourd’hui en première ligne dans le sud du Liban.

De ce fait, cette unité est particulièrement dans le viseur de l’État hébreu : l’armée israélienne accuse la force al-Radwan d’avoir établi des plans pour attaquer le nord du pays en cas de guerre à large échelle. 

Par ailleurs, son commandant, Ibrahim Aqil, était considéré comme terroriste par les États-Unis. Aussi surnommé Tahsin, il était recherché par Washington pour son rôle dans les attentats en 1983 contre l’ambassade américaine à Beyrouth, qui avait tué 63 personnes, puis contre les Marines américains quelques mois plus tard – 241 militaires avaient trouvé la mort. Les autorités américaines avaient offert une récompense de sept millions de dollars pour toute information sur lui. 

Une génération décimée

Ibrahim Aqil, son adjoint, le chef militaire suprême Fouad Chokor, tué le 30 juillet, et la plupart des commandants morts ces trois derniers mois, font partie de la génération des fondateurs de l’aile militaire du Hezbollah. Ils sont âgés de 60 ans et plus.

Les survivants se comptent désormais sur les doigts d’une main, et il reste à voir si la génération d’officiers qui va les remplacer sera aussi compétente et déterminée.

Ce samedi, le Hezbollah a par ailleurs annoncé la mort d’Ahmed Mahmoud Wahbi lors de cette frappe israélienne. Cet autre commandant de la force al-Radwan avait dirigé jusqu’au début de cette année les opérations militaires de l’unité d’élite en soutien au Hamas palestinien.

Le raid d’hier et les attaques de mardi et mercredi qui ont fait des dizaines de morts et des milliers de blessés dans les rangs du Hezbollah confirement, dans tous les cas, que les Israéliens ont une bonne avance en matière de renseignements.

Rfi

La démocratie dénaturée : perversion des principes et manipulation politique en Algérie

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Tebboune
TEbboune continue de lancer à tout va ses fausses promesses

La démocratie, dans son essence, incarne l’aspiration d’un peuple à la liberté, à l’égalité et à la justice. Elle représente le gouvernement du peuple par le peuple, fondé sur l’égalité, le respect des libertés fondamentales, de la transparence des institutions et de la pluralité des opinions. Elle est le fruit d’un long processus historique, souvent arraché au prix d’efforts et de sacrifices immenses, visant à libérer l’individu de l’oppression et de la tyrannie.

Pour les Algériens, soumis au régime totalitaire, elle constitue l’espoir d’une libération tant attendue après une longue nuit colonial et plus de trois décennies de répression.

Dévoiements des principes démocratiques

Aujourd’hui, en Algérie, sévit un régime totalitaire qui usurpe les principes démocratiques, tout en piétinant la souveraineté populaire, pour se donner les apparences d’un régime légitime et duper ainsi son peuple.

Ce régime est passé maître dans l’art de falsifier les formes extérieures de la démocratie. Loin d’être un mécanisme de régulation de l’accès au pouvoir et de participation citoyenne, les élections en Algérie sont une mise en scène savamment orchestrée pour être un outil central du dispositif répressif.

Sous des dehors de pluralisme politique, avec des acteurs et des partis choisis et de fausse participation populaire, ces élections dont le processus est contrôlé par ceux-là même qui détiennent le pouvoir ne sont qu’un théâtre où le résultat est établi d’avance. Cela contribue à renforcer une illusion de normalité et de fonctionnement démocratique, alors que la voix des citoyens est méthodiquement étouffée.

Le simulacre d’élections est également un moyen par lequel le régime totalitaire s’efforce de légitimer son pouvoir aux yeux de la communauté internationale tout en maintenant la population dans un état de soumission.

Echappant au contrôle direct du pouvoir, la participation des citoyens à ces shows politiques reste le seul enjeu aujourd’hui. Aussi et pour occulter l’immense fossé entre le pouvoir de la population, on n’hésite pas à maquiller les résultats, quitte à compromettre dangereusement les plus institutions du pays dans les sillages de clans antagonistes.

La cacophonie entourant les résultats de la présidentielle en témoigne. Une participation élevée permettrait à l’heureux élu d’asseoir son autorité et espérer rétablir la centralité, la hiérarchie et la cohésion du pouvoir, ébranlé depuis l’irruption du Hirak pacifique.

A l’inverse, une faible participation est appréhendée comme une menace à la stabilité de son autorité. A ce titre, et aussi pour camoufler l’immense fossé séparant le pouvoir de la population, on n’hésite pas à maquiller les résultats, quitte à compromettre dangereusement les plus importantes institutions du pays en les entrainant dans les sillages de clans antagonistes.

Face à l’abstention massive qui exprime une forme de résistance active contre le dévoiement des mécanismes démocratiques, le pouvoir en Algérie ressasse, comme à chaque fois qu’il est dans l’impasse, la promesse d’un dialogue national, utilisant des rhétoriques variées pour donner l’illusion d’ouverture.

Emanant d’un pouvoir qui qualifie de terroristes les partisans de la transition démocratique, ces annonces, loin d’être sincères, ne peuvent être que des leurres destinés à duper l’opinion publique, dans le but de desserrer l’étau de l’isolement qui l’entoure.

L’histoire récente témoigne que toute tentative sérieuse de démocratisation ou d’inclusion des forces populaires dans la prise de décision conduit inévitablement à l’éviction de ceux qui cherchent à changer véritablement le système en place. Ainsi, le pouvoir maintient son contrôle en sacrifiant toute réelle volonté de réformes, préférant se préserver plutôt que d’accepter une transition démocratique authentique.

Les partis d’opposition, lorsqu’ils ne sont pas complètement interdits, sont réduits à un rôle de figurants. Les médias, muselés, relayent des narrations qui servent exclusivement les intérêts du pouvoir en place.

Souvent, les fastes protocolaires occupent l’essentiel de l’actualité politique pour combler le mutisme dans lequel s’enferme le pouvoir par manque de verve et de fécondité rhétorique et pour cause de son inaction et de la stagnation politique et socio-économique du pays.

La société civile, quant à elle, se voit condamnée au silence, face à une répression souvent brutale des dissidents et à la censure des médias.

Parallèlement, les dirigeants du régime publient régulièrement des rapports glorifiant de prétendues avancées en matière de droits de l’homme, les libertés de la presse et les réformes démocratiques, créant ainsi une illusion d’ouverture et de progrès.

Ces fausses déclarations, soutenues par une rhétorique pseudo-démocratique, visent à semer le doute non seulement au sein de la population nationale, mais aussi à l’international, où des voix extérieures sont parfois convaincues de la bonne foi du pouvoir en place.

En réalité, la population n’est pas dupe des machinations du pouvoir. Elle constate au quotidien les contradictions flagrantes entre les discours officiels, vantant les mérites d’un État démocratique, et la réalité d’une répression omniprésente, des arrestations arbitraires, de la censure et de la violence institutionnalisée.

Ces fausses déclarations qui clament sans-gêne que l’Algérie est un pays de libertés exacerbent simplement ses frustrations. La tension entre le discours officiel et l’expérience vécue engendre un malaise profond, un sentiment d’injustice et un appel à la révolte qui, s’il n’est pas entendu, peut conduire à des bouleversements sociaux majeurs.

Les dangers de la perversion de la démocratie

Discréditer la démocratie par des fausses élections et des mensonges d’État sur l’état des libertés dans un pays écrasé par le totalitarisme ne constitue pas seulement une manipulation du système politique ; c’est une attaque directe contre l’aspiration fondamentale des peuples à la dignité et à la liberté. Cela représente un danger profond pour la société.  Le danger inhérent à ce type de manipulation est double.

D’une part, ce discrédit instaure un climat de cynisme et de désillusion. Lorsque les citoyens voient leurs droits les plus fondamentaux manipulés et bafoués, ils perdent foi en la possibilité de changement par les voies démocratiques. L’abstention record, le désintérêt politique et la défiance à l’égard des institutions en sont des symptômes évidents. La désillusion qui en découle nourrit la résignation, voire l’acceptation passive de l’autoritarisme, renforçant ainsi la mainmise du régime totalitaire.

Paradoxalement, la démocratie simulée devient un instrument pour pérenniser l’autoritarisme tout en jouant sur l’ambiguïté entre légitimité et légalité. Elle cesse ainsi d’être un projet collectif de libération et se transforme en un outil d’oppression supplémentaire.

Face à ces tromperies, la résistance intellectuelle et civique qui est un devoir impérieux s’érode substantiellement.  Ce faisant, les dirigeants non seulement sapent la confiance des citoyens dans les institutions, mais ils dénaturent aussi le sens même de la démocratie.

D’autre part, cela sape bien au-delà du présent la confiance populaire dans la démocratie elle-même. Un peuple qui voit la démocratie être travestie sous ses yeux peut en venir à douter de la viabilité même du projet démocratique le jour où il sera alors appelé à reprendre en main sa destinée.

Le risque est bien réel que des citoyens, fatigués et désabusés, se détournent ainsi de la voie démocratique pour embrasser des solutions autoritaires ou populistes, perçues comme plus efficaces. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant que la population, après avoir enduré des années d’oppression, nourrit des attentes considérables envers la démocratie.   

L’histoire récente a d’ailleurs montré que les transitions post-autoritaires sont souvent marquées par des phases d’instabilité et de désillusion. Souvent, la chute d’un régime totalitaire ouvre la voie à des conflits internes, des luttes de pouvoir et des tentatives de rétablissement de l’ordre par des moyens autoritaires. Dans ce contexte, si la population a perdu confiance dans le processus démocratique, il devient extrêmement difficile de consolider une véritable démocratie après la chute du régime. Il est donc essentiel de maintenir vivante l’idée démocratique dans l’esprit des Algériennes et des Algériens.

Le défi de la reconstruction démocratique 

Restaurer la confiance dans la démocratie après des décennies de perversion de ses mécanismes et principes est une tâche immense et ardue. Etant désabusés par des décennies de mensonges et de manipulations, nous sommes en effet vulnérables aux tentations populistes, à la montée des extrêmes et à la régression autoritaire. Le péril réside dans la possibilité que la démocratie, au lieu de s’imposer comme un projet collectif de libération et de justice, soit perçue comme une illusion, incapable de répondre aux attentes populaires.

Aussi, la transition vers une démocratie authentique, si elle exige des réformes profondes des institutions, la réhabilitation de la société civile, la mise en place d’élections véritablement libres et transparentes, elle nécessite cependant en amont une refondation du pacte social basé sur la justice, la liberté et l’égalité.

C’est là une condition pour réussir ces réformes. Un processus fondateur souverain, avec une conférence national indépendante, peut convaincre les citoyens du bien-fondé de la démocratie réelle, qui cette fois-ci n’est pas une nouvelle imposture, et garantir la réalité du changement.

Ce processus souverain est nécessaire pour reconstruire la légitimité des institutions, assurer la participation active de toutes les couches de la société et garantir que l’égalité et les libertés fondamentales ne sont plus de simples slogans, mais des réalités tangibles.

Hamid Ouazar, ancien député

Rachid Hamdad : grandeur et dévouement d’un militant

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Rachid Hamdad

Rachid Hamdad, notre compagnon de lutte et notre ami, a laissé un vide immense, un silence douloureux.

Évoquer sa mémoire aujourd’hui, c’est se confronter à une vague d’émotions, une tristesse profonde et insondable. Son départ a emporté avec lui une partie de nous, de nos rêves et de nos aspirations. Mais au-delà de ce chagrin inconsolable, nous avons le devoir de raviver, dans nos cœurs, l’énergie vibrante de la vie qu’il chérissait tant.

Bien plus qu’un simple camarade, Rachid Hamdad était une lumière dans nos vies. Sa présence rayonnait d’humanité, de courage et de justesse. Il incarnait la fidélité dans l’amitié, la rigueur dans le combat et la modestie dans la grandeur. Toujours fidèle à ses convictions, Rachid restait profondément attaché à sa culture et à son identité amazighe. Sa passion pour les causes qu’il défendait ne connaissait ni relâchement ni compromis.

Rachid brillait par ses multiples facettes : militant, journaliste, écrivain, humaniste. Sa plume, trempée dans l’encre des vérités et des luttes, dénonçait les injustices et témoignait des souffrances d’un peuple. Il ne se contentait pas d’observer ; il agissait, il interpellait, avec une précision intellectuelle qui forçait le respect. Ceux qui l’ont côtoyé se souviennent de son calme, de sa clairvoyance et de son sens infaillible de la justice. Rachid était une force tranquille, un roc inébranlable dont la douceur et l’affabilité charmaient tous ceux qui croisaient sa route.

Né à Boudjelil, il portait en lui l’âme de sa région et la revendiquait avec fierté. Sa passion pour la culture et la langue amazighe transparaissait dans ses écrits et dans ses engagements quotidiens.

Scientifique de formation, il abordait chaque sujet, chaque lutte, avec une rigueur intellectuelle et un esprit critique exceptionnels. Ceux qui l’ont connu se souviennent d’un homme jovial, serviable et modeste, dont la simplicité reflétait une grandeur d’âme rare.

En tant que journaliste, Rachid Hamdad a marqué les esprits et les consciences. Ses articles, empreints de lucidité et de courage, dénonçaient les dérives, les injustices et les douleurs qui frappaient son pays. Il travaillait sans relâche pour un monde meilleur, utilisant sa plume comme une arme pacifique pour éveiller les consciences et défier les oppresseurs.

Son roman posthume, « La mort de Hamama », reste un témoignage bouleversant de la société algérienne des années 1990, un cri d’alarme contre l’instabilité politique et les drames humains. À travers ce récit, il exprimait la douleur des rêves brisés.

Rachid nous a quittés trop tôt, à l’âge de 39 ans, alors qu’il était en plein élan, prêt à réaliser encore tant de choses. Sa disparition tragique, survenue le 20 septembre 2001, a laissé une onde de choc dont nous peinons à nous remettre.

Il était un journaliste dynamique, un militant infatigable et un homme d’une générosité sans égale. Ses amis, ses collègues, sa famille, et tous ceux qui ont eu le privilège de le connaître gardent en mémoire son engagement, son rire communicatif et sa profonde humanité.

Son absence se fait ressentir chaque jour. Pourtant, son esprit demeure parmi nous, à travers ses écrits, ses combats et les souvenirs qu’il nous a laissés. Rachid Hamdad restera pour toujours dans la mémoire collective, comme un exemple d’engagement, de courage et de fidélité à ses idéaux.

Au-delà de son talent de journaliste et de romancier, Rachid Hamdad était également un auteur de théâtre. Sa pièce « Rif Bwasif » (sur la rive du fleuve), montée par la troupe estudiantine Tizizwa (les abeilles), témoigne de son regard aigu sur la condition humaine. À travers cette œuvre théâtrale, il explorait les méandres de la servitude humaine, dénonçant les chaînes invisibles qui asservissent les individus et les peuples. Son théâtre, tout comme ses articles et son roman, portait un message puissant, une interrogation sur l’existence, la liberté, et la quête d’un monde plus juste.

Dans « Rif Bwasif », il donnait vie à des personnages complexes, tiraillés entre leurs désirs et leurs réalités, symbolisant les luttes et les espoirs de tout un peuple. Cette pièce reflétait sa volonté inébranlable de lutter contre l’oppression sous toutes ses formes, témoignant de sa profonde sensibilité face aux injustices sociales.

Par cette création artistique, il nous offrait une nouvelle facette de son engagement, celle d’un dramaturge capable d’exprimer la douleur, l’espoir et la résistance. Son théâtre, tout comme ses écrits journalistiques, demeure un phare éclairant les zones d’ombre de l’humanité, un appel à la réflexion et à l’action.

Rachid Hamdad fut également un enseignant au lycée, où il s’est révélé être un véritable éducateur d’exception. Ses élèves, captivés par son charisme et sa passion pour la transmission du savoir, lui vouaient une grande affection. Rachid n’était pas seulement un enseignant, mais aussi un mentor, qui savait éveiller l’esprit critique de ses élèves et les encourager à penser par eux-mêmes.

Grâce à sa pédagogie bienveillante et à son sens de l’écoute, il laissait une impression durable sur chacun d’eux.

Rachid était également un lecteur insatiable, curieux de tous les styles littéraires. Il dévorait les ouvrages sans jamais se lasser, toujours en quête de nouvelles idées et de perspectives inédites. Sa soif de connaissance ne se limitait pas aux livres, il s’intéressait aussi profondément à l’art sous toutes ses formes.

La peinture, la sculpture, et toutes les expressions de la création artistique éveillaient en lui une admiration sincère. Avide de créativité, Rachid voyait dans l’art une force capable de transcender les barrières et de dévoiler la beauté et la complexité de l’âme humaine. Il aimait partager cette passion avec ses proches et a initié de nombreux amis et camarades à cet univers artistique et littéraire qu’il chérissait tant. Pour Rachid, la transmission de cet amour pour la culture et l’art était une forme de résistance, un moyen de créer des liens et d’élargir les horizons de ceux qui l’entouraient.

Rachid Hamdad était un militant marxiste, sans jamais s’enfermer dans un quelconque dogmatisme. Pour lui, le marxisme était un outil rationnel pour analyser et comprendre les réalités sociales et politiques. Son militantisme éclairé avait pris racine au sein de la gauche marxiste du Mouvement culturel berbère (MCB).

Au milieu des années 1980, il rejoignit le Parti de l’Avant-Garde Socialiste d’Algérie (PAGS). Entre 1991 et 1993, Rachid occupa la fonction de premier secrétaire de la Fédération de Tizi-Ouzou. Cette période fut particulièrement tumultueuse, marquée par des tensions internes au sein du collectif militant.

Fervent défenseur de la double rupture pour hâter l’avènement d’une Algérie moderne, Rachid s’acquittait de sa tâche avec fermeté, sans jamais brimer ni blesser ceux qui s’opposaient à ses idées.

Doté d’un sens inné de la justice et du dialogue, il savait gérer les conflits et créer des espaces de débat respectueux, témoignant de son humanisme et de sa volonté de bâtir un monde où les différences pouvaient s’exprimer librement.

Les témoignages qui composent cet hommage dévoilent un Rachid Hamdad aux multiples facettes. Journaliste, écrivain, militant, enseignant, dramaturge… à chaque rôle, il incarnait une richesse d’esprit et une profondeur de cœur.

Mais au-delà de ces apparences, Rachid était fondamentalement et authentiquement un. Toutes ces facettes convergeaient en une personnalité entière, fidèle à ses convictions et à son humanité.

Un jour, lorsque l’idéal qui l’animait deviendra réalité, le nom de Rachid Hamdad trônera fièrement sur une institution, un lycée, une bibliothèque, peut-être un théâtre ? Ce jour viendra, car parmi notre peuple, les graines de « Rachid » sont là, semées dans les esprits et les cœurs de ceux qu’il a touchés.

Son engagement, son humanité et son combat pour la justice et la liberté ont semé des germes qui continueront à croître. Son nom deviendra un symbole, un phare guidant les générations futures sur le chemin de la connaissance, de la culture et de l’émancipation.

Rachid, tu nous manques. Ton rire, ta sagesse et ton combat continuent de résonner en nous. Nous nous efforcerons de poursuivre ton œuvre, de porter haut les valeurs que tu défendais. Ta mémoire restera gravée dans nos cœurs, comme l’écho d’une vie intense et lumineuse.

Repose en paix, ami, compagnon de route, camarade, toi qui as su transformer la vie en un combat pour la justice et la dignité humaine. Que ton souvenir guide nos pas et que ton héritage continue d’inspirer ceux qui luttent, dans l’ombre ou la lumière, pour un monde plus juste.

Tes camarades, Mokrane Gacem, Tahar Khouas, Moussa Aït Ihaddaden et Mohand Bakir.

Djazaïr Al-Ghad suspendu pour publication « d’informations trompeuses »

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Djazair El ghad
Djazair El ghad suspendu

Le deuxième mandat de Tebboune commence par la suspension d’un quotidien d’information pourtant réputé pour être la caisse de résonnance du régime. Djazaïr Al Ghad est accusé par le ministère de la communication de publication d' »informations trompeuses ».

La suspension, en attendant l’arrêt définitif du quotidien arabophone Djazair Al Ghad est symptomatique de la surenchère entretenue par les médias en Algérie, sur le thème de l’existence de complots visant la déstabilisation du pays. 

Dans leur course effrénée à jouer les chiens de garde et à relayer la propagande du pouvoir, ces médias se laissent, souvent, aller à la publication d’information farfelues ne reposant aucunement sur des données factuelles fondées et vérifiables.

Cette forme dégénérée de la pratique journalistique a, cependant, ses revers. Elle peut conduire à la punition de ses adeptes par ceux-là mêmes qu’ils croient servir. 

C’est ce que vient de vérifier à ses dépens le journal Djazair Al Ghad dont les responsables ont été convoqués par le ministère de la Communication qui leur a demandés de s’expliquer sur le contenu d’un dossier sur un improbable complot visant l’assassinat du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune. 

En effet, dans un communiqué, le ministère de la Communication a indiqué que ses services « ont convoqué, jeudi 19 septembre 2024, le directeur de la publication du quotidien Dazair Al Ghad, M. Adel Zakri, et M. Issam Cheikh, en qualité de fondateur et directeur général et les a entendus sur le contenu du dossier de presse publié dans  l’édition n°10 du journal daté du 19 septembre 2024, réalisé  par M. Ammar Guerdoud,  fondateur, et président  directeur général de la publication, car elle contenait des informations trompeuses et non documentées qui violent les articles réglementant le travail journalistique stipulés dans la loi organique sur les médias et les dispositions de la loi n° relative à la presse écrite et électronique. »

En conséquence, le ministère de la Communication a décidé, selon le communiqué, de suspendre immédiatement l’impression de la publication susmentionnée et d’engager des procédures judiciaires pour arrêter définitivement son activité, conformément à l’article 54 de la Constitution et à l’article 70 de la presse écrite et électronique.

La Une de ce journal présentait une photo du président Abdelmadjid Tebboune, accompagnée du titre  sous la forme d’une question annonçant : « Après l’opération « Star Six » visant à déstabiliser l’Algérie et à perturber les présidentielles, les sionistes et l’axe du mal envisagent-ils d’assassiner le président Tebboune ? »

Dans d’autres sous-titres publiés par le journal,  on lit : « Une source bien informée déclare à « Djazair Al Ghad » que « le président Tebboune risque effectivement d’être assassiné à tout moment par les forces du mal comme le président Houari Boumediene. »

Ces allégations font suite à la fumeuse « opération Star Six » qui a été rapportée par Le Soir d’Algérie, (un journal passé maître en la matière) lors de la campagne électorale présidentielle, indiquant l’existence d’un complot visant à entraver l’élection présidentielle par des parties hostiles à l’Algérie dans le milieu arabe et régional.

La rédaction

Abdeslam Bouchouareb sera-t-il extradé vers l’Algérie ?

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Le dossier de l’extradition vers l’Algérie d’Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre de l’Industrie, condamné dans plusieurs affaires de corruption par la justice algérienne est à l’ordre du jour en France. Les autorités judiciaires françaises devraient se prononcer sur cette  affaire le 9 octobre. 

Selon l’Agence France-Presse, Abdeslam Bouchouareb qui  réside actuellement dans la région des Alpes-Maritimes, dans le sud-est de la France, cherche à éviter son extradition vers l’Algérie.

L’ancien ministre réputé pour son appartenance à ce qu’on appelle en Algérie la « Issaba » (le gang), en référence au groupe d’hommes d’affaires et d’hommes politiques proches du régime du défunt président Bouteflika, demande aux autorités françaises de refuser la demande d’extradition de la justice algérienne, soutenant qu’il fait face à un « règlement de compte politique » visant les hommes du défunt président Abdelaziz Bouteflika.

Selon la même source, l’Algérie a déposé huit demandes d’extradition auprès de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, dans le sud de la France, dont cinq liées à la mise en œuvre des jugements rendus contre Bouchouareb, et trois autres dans le cadre de poursuites judiciaires complémentaires. 

Dans ce contexte, les juges ont demandé à la partie algérienne des  » informations complémentaires » pour clarifier certains points juridiques, outre un « engagement formel » de ne pas condamner Bouchouareb à la peine de mort ni de l’exécuter si elle avait été prononcée auparavant.

De son côté, l’avocat de Bouchouareb, Me Benjamin Bouhbot, a appelé la justice française à ne pas extrader son client, soulignant que les poursuites contre lui étaient de nature « politique » dans le cadre de ce qu’il a qualifié de processus « d’épuration » ciblant la période du régime de Bouteflika.

Abdeslam Bouchouareb est placé sous contrôle judiciaire depuis octobre 2023. Il lui est également interdit de quitter le territoire français malgré sa résidence légale. Nous avons appris il y a un an qu’un compte bancaire d’Abdeslam Bouchouareb a été bloqué par la justice suisse. 

Auparavant, après sa fuite d’Algérie à la fin du quatrième mandat du président Bouteflika, des informations avaient rapporté qu’il résidait au Liban, ce qui s’était révélé inexact.

Bouchouareb, qui a été condamné par contumace en Algérie à 20 ans de prison, est également confronté à des problèmes avec la justice suisse, qui a récemment rejeté sa demande de ne pas coopérer avec les autorités algériennes dans une affaire de corruption. Ould Kaddour, autre ponte du régime sous Bouteflika, a été extradé des Émirats arabes unis le 4 août 2021.

La cour d’Alger l’a condamné en décembre 2022 à 10 ans de prison ferme pour l’affaire de la raffinerie Augusta entre autres. Il est avéré que la justice des Emirats n’est pas celle de la France, pour autant accèdera-t-elle pour autant à la demande de l’Algérie ?

La rédaction  

Les manœuvres politiques en Algérie : vers un nouveau simulacre électoral ?

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Hirak Tanekra
A la suite des manifestations du Hirak/Tanekra, plus de 300 détenus croupissent encore dans les prisons.

En Algérie, une nouvelle phase politique semble s’amorcer. A l’issue du simulacre d’élection présidentielle, après plusieurs années de stagnation et de tensions politiques croissantes, l’essentiel de la classe politique semble en passe de réintégrer le processus électoral.

Ce retour honteux, bien qu’annoncé sous des apparences démocratiques, suscite d’énormes questions, tant sur sa légitimité que sur ses véritables motivations.

En effet, il est à craindre que, pour la énième fois, les aspirations populaires nées du Hirak soient trahies par ceux-là mêmes qui, peu ou prou, nourrissent l’apparence et la prétention de les incarner. À la veille du 70e anniversaire du 1er novembre, les manœuvres qui se trament en coulisses commencent à devenir perceptibles.

L’un des aspects les plus inquiétants de cette période est l’usage cynique des prisonniers politiques comme monnaie d’échange dans la réintégration des partis politiques, y compris, peut-être, ceux autrefois proches du Hirak, dans le processus électoral.

Ces partis, ayant parfois incarné une certaine contestation du régime, semblent aujourd’hui prêts à abandonner leurs principes au profit d’une participation électorale, qui s’avèrera, comme par le passé, une farce politicienne.

En s’associant à un régime qui utilise la libération factice de prisonniers politiques comme un levier pour restaurer sa crédibilité, ils risquent non seulement de trahir les idéaux du Hirak, mais aussi de saper davantage la confiance populaire dans le peu de composante crédible de la classe politique.

L’instrumentalisation des prisonniers politiques : un sinistre rappel de décembre 2019

Cette situation n’est pas sans rappeler un épisode clé dans l’histoire récente de l’Algérie : l’élection présidentielle de décembre 2019. À ce moment-là, face à une mobilisation populaire sans précédent, le régime avait également tenté d’apaiser la colère du peuple en procédant à des libérations ciblées de certains détenus politiques, tout en maintenant les poursuites judiciaires contre eux.

Ce jeu de dupes, conçu pour masquer l’absence de réformes profondes, avait permis au régime d’atténuer la dénonciation des élections largement contestées et marquées par un taux record d’abstention.

Aujourd’hui, à l’approche du 1er novembre, les signes d’une répétition de ce scénario sont de plus en plus évidents. Le pouvoir, en quête de légitimité, pourrait à nouveau libérer des prisonniers politiques, sans toutefois lever les poursuites judiciaires à leur encontre, ni procéder à une ouverture démocratique qui participerait d’une transition politique. Une telle « libération » serait une tentative grossière de manipuler l’opinion publique, en feignant une réponse aux revendications populaires tout en perpétuant l’ordre établi.

Cette stratégie est d’autant plus pernicieuse qu’elle semble conçue pour diviser le mouvement populaire et fragmenter la société civile.

En relâchant certains prisonniers tout en maintenant la répression contre d’autres, le régime espère peut-être créer une illusion de progrès, tout en s’assurant que les voix les plus critiques restent muselées.

Le droit des détenus à s’autodéterminer : refuser l’instrumentalisation de leur situation

Face à cette situation, une question cruciale se pose : que pensent les prisonniers politiques de cette manœuvre ? Après tout, ils sont les premiers concernés par ces jeux de pouvoir, et il est regrettable que leur opinion soit rarement prise en compte dans les discussions politiques.

L’instrumentalisation de leur situation est non seulement injuste, mais elle constitue également une atteinte à leur dignité et à leurs droits fondamentaux.

Il serait tout à fait légitime que les prisonniers eux-mêmes puissent s’exprimer sur la manière dont ils souhaitent que leur libération soit utilisée dans le débat politique. Accepteront-ils d’être les instruments d’une nouvelle trahison des aspirations populaires ? Ou refuseront-ils de cautionner un processus qui, sous couvert de libération, ne fait que renforcer le statu quo ?

Les détenus politiques ont le droit de s’autodéterminer et de refuser toute instrumentalisation de leur situation à des fins purement politiciennes.

Il est possible que certains d’entre eux, les plus conscients et les plus courageux, choisissent de se lever pour dénoncer cette manœuvre et réaffirmer leur attachement à une véritable transition démocratique. Cette prise de position serait un acte de résistance important, non seulement contre le régime en place, mais aussi contre tous ceux qui, au sein de la classe politique, semblent prêts à sacrifier les aspirations du peuple pour des gains électoraux à court terme.

Un regard sur l’histoire : la leçon de la guerre d’indépendance

Pour comprendre la situation actuelle, il peut être utile de se tourner vers l’histoire récente de notre pays. Durant la guerre d’indépendance, de nombreux patriotes algériens furent emprisonnés par les autorités coloniales. Ces prisonniers, loin de se résigner à leur sort, ont joué un rôle crucial dans la lutte pour l’indépendance.

Leur devoir en prison était de s’organiser, de maintenir un climat militant, et de revendiquer leur statut de prisonniers politiques. Ils avaient aussi le devoir de chercher à s’évader, car pour eux, la lutte pour la liberté ne s’arrêtait pas aux murs de la prison.

Cependant, le Front de Libération Nationale (FLN) ne faisait pas de la libération des prisonniers une revendication en soi. Pour le FLN, la libération des détenus était consubstantielle à l’accession à l’indépendance. Autrement dit, la libération des prisonniers politiques ne pouvait être obtenue que par la victoire du mouvement de libération nationale dans son ensemble.

Cette vision stratégique a permis au FLN de maintenir la pression sur le pouvoir colonial sans se laisser distraire par des concessions partielles.

Aujourd’hui, cette leçon de l’histoire est plus pertinente que jamais. Si les prisonniers politiques du Hirak doivent être véritablement libérés, ce ne peut être qu’en tant que partie intégrante d’un processus de transition démocratique globale. Sauf à saper ses fondements mêmes, une libération conditionnelle, sans réformes structurelles, ne doit avoir aucun impact stratégique sur mouvement populaire.

La trahison des aspirations populaires : un scénario récurrent

Il est malheureusement devenu presque une habitude en Algérie de voir les aspirations populaires trahies par ceux-là mêmes qui devraient les incarner. Depuis l’indépendance, le pays a connu plusieurs phases de révolte et de contestation, souvent suivies de périodes de répression ou de récupération politique.

Le Hirak, mouvement de contestation populaire lancé en février 2019, suscite encore l’espoir d’un véritable changement. Les manifestations massives qui ont secoué le pays pendant plusieurs mois trouvent écho dans le tsunami du rejet exprimé le 7 septembre passé..

Cependant, malgré la mobilisation sans précédent du peuple algérien, les élites politiques ont du mal à s’engager réellement, à se soustraire de l’emprise sur le pouvoir. L’épisode de décembre 2019 en est un exemple frappant, mais il n’est qu’un parmi d’autres.

Aujourd’hui, alors que le processus électoral se prépare à reprendre dans les mêmes conditionnalités que par le passé, il est à craindre que l’histoire ne se répète une fois de plus.

La libération des détenus politiques, sans levée des poursuites et sans réformes démocratiques réelles, ne serait qu’une nouvelle tentative de tromper le peuple. En offrant des concessions minimes, le régime espère apaiser la colère populaire sans pour autant procéder aux réformes structurelles indispensables. Cette stratégie, bien qu’efficace à court terme, est vouée à l’échec sur le long terme, car elle ne fait que repousser les problèmes sans les résoudre.

L’enjeu de la transition démocratique : sortir du système pour un changement radical

Le véritable enjeu pour l’Algérie aujourd’hui est de sortir du système en place et de commencer à concrétiser le changement radical que le peuple réclame depuis des années. Cela implique une rupture nette avec le régime actuel et la mise en place d’une transition démocratique, fondée sur la participation populaire et le respect des droits fondamentaux.

Cette transition ne pourra se faire que si toutes les forces vives du pays, y compris les prisonniers politiques, s’unissent pour réclamer des réformes profondes et durables. Il ne suffit pas de procéder à des changements cosmétiques ou de libérer quelques prisonniers pour apaiser la colère populaire. Ce dont l’Algérie a besoin, c’est d’une transformation structurelle de son système politique, économique et social.

Les prisonniers politiques, en tant que symboles vivants de la lutte pour la démocratie, ont un rôle crucial à jouer dans ce processus. En refusant d’être instrumentalisés par le régime, et en réaffirmant leur attachement à une transition démocratique, ils peuvent contribuer à maintenir la pression sur le pouvoir et à empêcher toute tentative de récupération politique.

Vers un avenir incertain

L’Algérie se trouve à la croisée des chemins. Le pseudo dialogue politique annoncé par Tebboune, porte déjà la marque de l’instrumentalisation des prisonniers politiques, celle de volonté corruptrice de chercher la réintégration des partis proches du Hirak dans le processus électoral, et surtout celle de l’absence de velléité de procéder à des réformes profondes. Ce simulacre ne peut ouvrir la voie à une véritable transition démocratique, il ne constitue qu’une nouvelle trahison des aspirations populaires.

Le peuple algérien, qui a tant sacrifié pour la liberté et la justice, mérite mieux que des concessions superficielles et des promesses vides. Il est temps que toutes les forces politiques, y compris les prisonniers politiques, prennent position pour un véritable changement.

L’avenir de l’Algérie dépend de leur capacité à s’unir et à exiger des réformes structurelles qui mettront enfin fin au système en place et ouvriront la voie à un avenir démocratique.

Mohand Bakir

Abdelaziz Belkhadem, le retour en grâce !

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Il y a comme ça des destins pour le moins incroyables. Celui de l’arabo-islamiste Abdelaziz Belkhadem est déroutant. Il est manifeste qu’un poste d’importance lui est réservé.

Il n’y a qu’en Algérie qu’on ressort les cadavres des placards. Les images de la cérémonie d’investiture d’Abdelmadjid Tebboune à la tête du pays sont indicatives de futurs bruits de chaise à la tête des plus importantes structures de l’Etat. En effet, l’installation de l’ancien SG du FLN et ancien premier ministre sous Bouteflika au premier rang à côté du puissant Saïd Chanegriha a de quoi interroger. Avec cette réapparition, la « nouvelle Algérie » versus Tebboune compose avec l’ancienne.  

A 78 ans, Belkhadem refait surface. Et de quelle manière ! Inespéré pour ce « barbeFLN » qui a longtemps trompé dans le marigot de Boumediene, Chadli et Bouteflika. Un immortel ! Disparu de la scène politique depuis son limogeage du poste de Premier ministre en 2008, le fringant Abdelaziz se voit offrir une nouvelle vie. Un nouveau rôle.

Il est fort probable que c’est Belkhadem qui va mener l’opération de « dialogue national » lancée par Tebboune. Si l’info est confirmée, les derniers partis d’opposition qui ne se revendiquent pas de l’idéologie mortifère arabo-islamiste auront des soucis à se faire.

Certaines sources au fait des bruissements des hautes sphères le disent aussi promis à devenir président du Sénat, en lieu et place du jeune Salah Goudjil qui va prendre sa retraite à 92 ans. Cela ne vous rappelle personne ? Si… si, le destin Mohamed Cherif Messaadia installé à la tête du Sénat par Bouteflika.

C’est dire que la machine FLN se recycle indéfiniment !

A partir de là, espérer un quelconque changement dans l’ingénierie du système est de pure perte. Il ne reste aux jeunes qu’à prendre « el boti », ces embarcations qui traversent la Méditerranée pour l’Europe.

D’autres placements des huiles du régime à cette cérémonie oh combien symbolique laisse supposer des changements de premiers plans. Mais les plus importants à surveiller demeurent sans nul doute ceux de Benali Benali et de Saïd Chanegriha.

Très mal élu, avec un taux d’abstention record, Tebboune aura-t-il pour autant les coudées franches ?

Yacine K.

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