23 novembre 2024
spot_img
Accueil Blog Page 52

Mali : bilan incertain sur la double attaque jihadiste de Bamako

0
Fama
Des soldats maliens après l'attaque du Jnim.

Au Mali, le calme revient progressivement à Bamako après la double attaque menée mardi 17 septembre par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), lié à al-Qaïda. Une école de gendarmerie et une base militaire à l’aéroport de la capitale étaient ciblées.

Après l’annulation des vols civils mardi, ceux-ci ont pu reprendre mercredi 18 septembre. Les autorités de transition assurent que la situation est désormais « sous contrôle », mais n’ont fourni aucun bilan humain ou matériel de cette attaque, d’une ampleur inédite pour la ville.

Les autorités de transition maliennes ont reconnu officiellement « quelques pertes en vies humaines ». Mercredi matin, le journal d’État l’Essor titrait : « Les forces de défense et de sécurité déjouent des attaques terroristes. » Pourtant, selon de nombreuses sources sécuritaires et civiles jointes par RFI, le bilan pourrait être bien plus lourd : au moins une trentaine de gendarmes et soldats tués, sans doute plus. Car les chiffres varient, selon les sources, qui avancent plusieurs dizaines de blessés, qui ont afflué dans les hôpitaux de la capitale.

Dans ses messages de propagande, le Jnim revendique « une centaine » de personnes tuées ou blessées et affirme avoir infligé « de lourdes pertes aux mercenaires de Wagner ». « On ne sait même pas encore le nombre exact, mais c’est incommensurable », explique avec colère une source sécuritaire malienne.

La question des dégâts matériels

Outre l’école de gendarmerie, partiellement incendiée, les jihadistes ont pris possession pendant quelques heures de la base militaire 101, située à l’aéroport de Bamako. Dans les vidéos de propagande diffusées par le Jnim, on les voit tirer dans un hall vide, incendier un 4×4 et le réacteur de l’avion présidentiel, ou encore s’en prendre à un avion humanitaire des Nations unies. On voit également le pavillon présidentiel saccagé.

Le Jnim revendique la destruction totale de six aéronefs, dont un drone, et l’endommagement de quatre autres, ainsi que la destruction de dizaines de véhicules, dont des blindés.

Le groupe jihadiste affirme qu’une dizaine de ses membres ont participé à l’attaque et qu’ils sont tous morts. Le Jnim soutient également que les personnes interpellées par les forces maliennes, au moins une vingtaine, selon les images diffusées mardi par la télévision d’État ORTM, n’ont aucun lien avec eux.

Mardi, le chef d’État-major des armées, le général Oumar Diarra, a promis des enquêtes et a appelé à éviter les « amalgames ». Un appel salutaire pour éviter toutes représailles à caractère communautaire. Les forces maliennes poursuivent actuellement leurs recherches pour retrouver d’éventuels complices, craignant que certains jihadistes ne se cachent encore dans la ville.

Peur de nouveaux débordements

Après les attaques, des habitants de Bamako en colère ont cherché à identifier des suspects. Au moins un homme a été lynché et son corps brûlé par la foule. Certaines communautés, souvent stigmatisées, expriment aujourd’hui leur peur face à la possibilité de nouveaux débordements.

L’ancien Premier ministre malien Moussa Mara a réagi à la double attaque jihadiste et a lancé un appel au calme : « D’abord, c’est un rejet absolu du terrorisme et une condamnation ferme de l’acte barbare et lâche qui a été perpétré. Ensuite, soutien absolu à nos forces armées, qui ont réagi très promptement. Maintenant, je me joins vraiment aux paroles du chef d’état-major général des armées, pour en appeler à nos compatriotes. D’abord à ne pas céder à la panique, mais aussi et surtout à ne pas céder à l’amalgame. Le Mali est un pays divers. Toutes les ethnies maliennes concourent à la solidité et à la renommée de notre pays. Aucune communauté ne doit être ciblée, dans quelque réaction que ce soit. Nous avons vu des scènes qui nous font peur. Faisons attention. Le Mali, sa richesse principale, c’est sa diversité. Ne nous attaquons pas les uns aux autres. Notre force, c’est notre cohésion sociale. Nous devons tout faire pour la préserver. »

Ce matin, la Cédéao a publié un communiqué pour « condamner les attaques terroristes contre des installations militaires à Bamako », exprimant sa « consternation » et présentant ses « sincères condoléances » au gouvernement et au peuple du Mali. Aucune autre réaction internationale n’a été émise à ce stade, ni des Nations unies ni des pays de l’AES.

RFI

Israël cache des explosifs dans les bipeurs du Hezbollah, selon le «New York Times»

6
Liban, biper explosif

Les bipeurs qui ont explosé, mardi 17 septembre, au Liban ont été piégés en amont par l’État hébreu qui a réussi à les intercepter avant leur livraison au mouvement chiite libanais, affirme le quotidien américain en s’appuyant sur plusieurs sources. L’attaque sans précédent a fait douze morts et près de 2 800 blessés.

Des responsables américains et de plusieurs autres nationalités affirment au New York Times qu’Israël est parvenu à cacher des petits explosifs dans des bipeurs achetés par le Hezbollah à Taïwan et les a déclenchés à distance mardi 17 septembre, tuant neuf personnes et faisant près de 2 800 blessés. Ces sources, qui s’expriment sous le couvert de l’anonymat, ont donné au quotidien américain des détails sur cette opération sans précédent, attribuée par le mouvement islamiste libanais à Israël.

Les petits appareils, du fabricant Gold Apollo à Taïwan, ont été interceptés par les services israéliens avant leur arrivée au Liban, selon ces responsables dont les nationalités ne sont pas détaillées. Quelques dizaines de grammes de matériel explosif ont été insérés à côté de la batterie avec un déclencheur, précise le quotidien.

Réagissant à ces informations, l’entreprise taïwanaise Gold Apollo a démenti mercredi avoir fabriqué les bipeurs. « Ce ne sont pas nos produits […] Ce ne sont pas nos produits du début à la fin », a affirmé le directeur de l’entreprise, Hsu Chin-kuang, à des journalistes à Taipei. Gold Apollo a assuré que les bipeurs portant sa marque ont été produits et vendus par son partenaire hongrois BAC.

« En vertu d’un accord de coopération, nous autorisons BAC à utiliser notre marque pour la vente de produits dans certaines régions, mais la conception et la fabrication des produits sont de l’unique responsabilité de BAC », a indiqué l’entreprise dans un communiqué Gold Apollo, démentant les informations du New York Times selon lesquelles le groupe taïwanais avait lui-même fabriqué les bipeurs.

Des appareils « piratés à la source »

À 15h30 mardi au Liban, un message apparaissant comme venant de la direction du Hezbollah a fait biper l’appareil pendant plusieurs secondes avant de déclencher l’explosif, selon le quotidien américain, citant toujours plusieurs sources anonymes. Plus de 3 000 exemplaires, essentiellement du modèle AP924, ont été commandés par le Hezbollah à l’entreprise Gold Apollo de Taïwan, affirment ces sources.

Les informations du quotidien américain vont dans le sens de la théorie, avancée mardi par plusieurs experts, selon laquelle les services israéliens seraient parvenus à infiltrer la chaîne logistique du Hezbollah pour planifier cette attaque.

Une source proche du mouvement avait indiqué plus tôt à l’AFP que « les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison de 1 000 appareils récemment importée par le Hezbollah », qui semblaient, selon lui, avoir été « piratés à la source ».

Rfi

Kamel Sidi Saïd installe les Directeurs généraux de la Télévision et de la Radio algériennes

1

 Le conseiller du président de la République chargé de la Direction générale de la communication, M. Kamel Sidi Said, a présidé, mercredi à Alger, l’installation de M. Mohamed Baghali au poste de Directeur général de l’Etablissement public de télévision (EPTV) en remplacement de M. Adel Salakdji.

Il a également présidé l’installation de M. Adel Salakdji au poste de Directeur général de la Radio algérienne, en remplacement de M. Mohamed Baghali.

L’installation s’est déroulée en présence des cadres des deux établissements.

APS

Abdelmadjid Tebboune présente sa vision du projet de l’Algérie victorieuse

0

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a présenté, mardi à Alger, sa vision du projet de l’Algérie victorieuse, dont il avait fait son slogan de campagne lors de l’élection présidentielle du 7 septembre, assurant qu’il relèvera, durant son second mandat, le niveau des ambitions.

Dans un discours prononcé au Palais des nations après sa prestation de serment, le président de la République a présenté, devant les hauts responsables de l’Etat et les représentants des hautes instances de la nation, sa vision du projet qu’il a porté durant la campagne électorale, assurant qu’il demeurera fidèle à ce projet pour « une Algérie victorieuse grâce à son grand peuple et à sa jeunesse ».

A l’entame de ce second mandat présidentiel, « nous renouvelons notre engagement devant Allah, le peuple et l’histoire, en portant l’étendard de la génération des vaillants chouhada de l’Algérie sans jamais dévier de la voie », a dit le président de la République, assurant qu’il relèvera, durant ce mandat, « en toute confiance et avec résolution », le niveau des ambitions « pour améliorer davantage les performances économiques et continuer à encourager et à étendre le champ des investissements nationaux et étrangers ».

Le président de la République a, par là même, noté avec satisfaction et fierté « le succès de cette importante échéance nationale, marquée par la sérénité et la sécurité », saluant les efforts de l’Armée nationale populaire (ANP), des corps de sécurité et de tous les secteurs concernés qui ont apporté « un appui logistique pour garantir une élection transparente, libre et régulière ».

Réalisations tangibles et indéniables durant le premier mandat

Le président de la République a souligné le poids de la responsabilité qu’il continue à assumer, a-t-il dit « par fidélité à la confiance du peuple et par loyauté à la patrie, d’autant qu’elle intervient dans une conjoncture délicate marquée par des défis aux niveaux intérieur, régional et international », d’où l’impératif, a-t-il poursuivi, de « mobiliser les énergies et les capacités pour ajouter d’autres réalisations et acquis à ceux tangibles et indéniables concrétisés durant le précédent mandat ».

A ce propos, le président de la République s’est dit fier du « niveau de conscience de notre vaillant peuple » et de « la maturité de ses jeunes ambitieux », ce qui a permis, a-t-il dit, de surmonter les difficultés et de « relever le défi auquel nous étions confrontés au cours des cinq dernières années : passer d’une Algérie abusée et épuisée par les dérives et en proie au désespoir, à la perte de confiance dans les symboles et les institutions de l’Etat et à la corruption et à la dilapidation des deniers publics vers une Algérie nouvelle où l’espoir renaît et où la confiance dans l’Etat et son autorité sont rétablies grâce aux paroles sincères suivies d’actes et à la concrétisation de nos 54 engagements devant le peuple ».

Et d’affirmer qu’il s’attèlera, au cours de son second mandat, à « engager un dialogue national, nous permettant de baliser ensemble le chemin qu’empruntera notre pays en matière de consécration de la véritable démocratie, non pas celle des slogans ».

D’ailleurs, a-t-il fait observer, « les processus de développement économique et de promotion sociale ont démarré dans l’Algérie nouvelle malgré des circonstances exceptionnelles », soulignant que « les projets nationaux sont désormais une réalité permettant à notre pays de réaliser davantage de succès et d’accomplir d’autres réalisations dans divers domaines ».

Il a, dans ce contexte, mis en évidence les projets réalisés et les chantiers ouverts dans les domaines du logement, des infrastructures, de la santé, des transports, de la culture, des sports et de la promotion sociale, lesquels, a-t-il dit, sont notables dans les villes et villages du pays.

Dans ce cadre, le président de la République a rappelé les mégaprojets en cours de réalisation dans le secteur des mines et de la production de fer, de phosphate et de zinc à Gara Djebilet, Tébessa et à Béjaïa, outre les projets d’infrastructures inscrits, notamment la ligne ferroviaire qui reliera le nord du pays à l’extrême sud, en vue de booster la dynamique économique dans ces régions au service du développement de l’économie nationale.

Le président de la République a, par ailleurs, réitéré son engagement à porter le PIB à 400 milliards USD, ce qui permettra à l’économie algérienne, a-t-il dit, de compter parmi les économies des pays émergents.

Il s’agit aussi de « construire une économie nationale forte hors hydrocarbures », a-t-il ajouté, annonçant « un objectif de 15 milliards USD d’exportations hors hydrocarbures » pour son second mandat.

Le président de la République a en outre salué des avancées significatives réalisées dans la production agricole, notamment dans les cultures stratégiques, en vue de « réduire les importations ».

Pour ce qui est des start-ups, le président de la République a fait observer que le premier mandat avait vu leur nombre passer de 200 à près de 8.000 entreprises, avec comme objectif d’atteindre 20.000 start-ups d’ici la fin de son second mandat.

Mettant en exergue l’amélioration notable du climat d’investissement en Algérie, le président de la République a fait état de 9.000 projets d’investissement, dont certains en cours de réalisation, qui contribueront à créer des richesses et des emplois, prévoyant d’atteindre une contribution du secteur industriel au PIB à hauteur de 12%.

Pour le secteur des ressources en eau, le président de la République a affirmé que le but était de rassurer les citoyens au niveau national, après la réception de cinq (5) grandes stations de dessalement et le lancement de la réalisation d’autres stations, saluant les cadres nationaux qui ont fait de la gestion du secteur du dessalement de l’eau de mer « une gestion 100% algérienne ».

Selon le président de la République, des projets d’interconnexion des barrages pour le transfert d’eau seront également inscrits dans la loi de finances de l’exercice 2025.

Dans le secteur de l’habitat, le président de la République a réitéré son engagement à réaliser deux (2) millions d’unités, toutes formules confondues, à porter l’aide à l’habitat rural à un (1) million DA et à régler définitivement le dossier des zones d’ombre.

Il a, dans ce cadre, fait remarquer que l’Algérie avait réalisé, durant le premier mandat, « l’un des taux de croissance les plus élevés dans la région méditerranéenne, ce qui a été confirmé et salué par les instances internationales et régionales compétentes ».

Le président de la République a, par ailleurs, réaffirmé son engagement à protéger le pouvoir d’achat des citoyens, à travers la lutte contre l’inflation, la maîtrise des prix, notamment ceux des produits de base, et l’augmentation des allocations et des salaires pour atteindre, avant la fin du mandat, un taux de 100%.

Il a également fait état de l’augmentation de la pension de retraite, en vue de permettre à cette catégorie de vivre dignement « en reconnaissance des services rendus à la patrie ».

Au terme de son discours, le président de la République a fait savoir que « perpétuant la bonne tradition » qu’il a instituée, il prononcera, avant fin 2024, un discours à la Nation devant les deux chambres du Parlement, lors duquel il présentera « tous les détails relatifs au second mandat, ainsi que le bilan économique et financier du premier mandat ».

APS

Dialogue khorti ou une offre aux contours flous qui a tout d’une récupération

6
Tebboune
Qui peut croire que Tebboune veut réellement instaurer la démocratie ?

La promesse d’un dialogue national pour “tracer ensemble le chemin vers une démocratie véritable” donne l’impression d’un début de réponse aux attentes populaires et à l’immense mouvement de rejet exprimé le 7 septembre 2024.

Pourtant l’expérience et la raison indiquent qu’il n’en est rien. Comment un pouvoir qui a bafoué la souveraineté populaire au-delà de toute mesure pourrait-il s’amender de la sorte.

Le propos de Tebboune est une diversion sur l’exigence de changement

Sur le site al24news.com il est possible de lire :

“Un dialogue national ouvert sera lancé, nous permettant de baliser ensemble le chemin qu’empruntera notre pays en matière de consécration de la véritable démocratie, non pas celle des slogans, mais celle qui donne la souveraineté à ceux qui la méritent.”.

Cependant, une traduction plus fidèle offre une toute autre tonalité :

“J’en profite pour signaler que, durant ce second mandat, si Dieu le veut et si les conditions le permettent, nous aurons de nombreux contacts et consultations avec toutes les forces vives de la nation, qu’elles soient politiques, économiques ou issues de la jeunesse. L’objectif est de nous engager dans un dialogue national ouvert afin de tracer ensemble la voie que suivra l’Algérie pour concrétiser une véritable démocratie, non pas celle des slogans, mais celle qui donne la souveraineté à ceux qui la méritent.”.

Cette traduction plus proche du propos de Tebboune révèle deux éléments essentiels qui peuvent orienter la compréhension de sa démarche :

  1. Conditionnalité de l’engagement : L’utilisation de formules comme “si Dieu le veut” et “si les conditions le permettent” démontre une réticence certaine, des intentions bien plus que réservées du pouvoir. Ces expressions laissent entendre que l’initiative dépendra de facteurs externes, flous et incertains. Cette conditionnalité tend à diluer la promesse d’un dialogue, la reléguant à un projet soumis à des contingences divines ou sociales.
  2. Contrôle et consultation : L’engagement à “nombreux contacts et consultations” laisse présager une démarche contrôlée, encadrée par le pouvoir en place. Cela signifie-t-il une ouverture à un dialogue réel, ou seulement une série de rencontres pour établir des consensus limités et conformes aux lignes directrices du régime actuel ? La formulation soulève la question de la nature de ce “ dialogue national ” : sera-t-il inclusif, démocratique et axé sur les citoyens, ou simplement un exercice de façade ?

La démarche du pouvoir : continuité ou changement ?

En analysant ce discours dans le contexte politique actuel, il apparaît que cette démarche ne diffère guère de celle adoptée vis-à-vis du mouvement du Hirak. Le régime a tenté de contenir le mouvement en divisant le Hirak en deux entités : un Hirak authentique, inscrit dans le préambule de la Constitution, et un Hirak dévoyé, cible de répression. En agissant ainsi, le pouvoir a proclamé une dichotomie qui a permis, d’une part, d’institutionnaliser une forme de reconnaissance limitée du Hirak tout en légitimant, d’autre part, la répression de ses militants.

En promettant un “ dialogue national ” pour ce second mandat, il est probable que le régime réédite cette stratégie. La formulation officielle fait écho à un discours déjà entendu, celui d’une volonté affichée d’ouverture qui se traduit, en réalité, par une démarche conditionnée, encadrée et contrôlée par les autorités. Ce “ dialogue national ”, tel qu’énoncé, apparaît comme une promesse de façade, visant à légitimer le pouvoir en place plus qu’à réellement engager le pays dans une transition démocratique.

Limites et contradictions de la promesse de dialogue

Revenons à la traduction fidèle du discours présidentiel, plusieurs limites ressortent de la formulation : “durant ce second mandat, si Dieu le veut et si les conditions le permettent, nous aurons de nombreux contacts et consultations avec toutes les forces vives de la nation, qu’elles soient politiques, économiques ou issues de la jeunesse. L’objectif est de nous engager dans un “ dialogue national ” ouvert afin de tracer ensemble la voie que suivra l’Algérie pour concrétiser une véritable démocratie, non pas celle des slogans, mais celle qui donne la souveraineté à ceux qui la méritent.”

1. Dialogue conditionné à des circonstances vagues

La mention des conditions et de la volonté divine place d’emblée ce dialogue dans un cadre conditionnel. Cette manière de présenter les choses permet au pouvoir de justifier à tout moment une éventuelle absence de dialogue ou de restreindre sa portée. Il ne s’agit donc pas d’un engagement ferme, mais d’une promesse soumise à des circonstances qui restent à définir. En d’autres termes, cette formulation ouvre la voie à de potentielles manœuvres dilatoires ou à des refus ultérieurs, en invoquant des circonstances imprévues ou une situation politique changeante.

2. Un dialogue contrôlé par le pouvoir

Le terme “consultations” laisse percevoir un processus de dialogue sous la coupe du pouvoir. Les consultations suggèrent des échanges avec des représentants choisis par les autorités, et non un dialogue ouvert, démocratique et transparent. Cette approche, bien que portant le nom de “ dialogue national ” ouvert, semble plutôt s’orienter vers des discussions encadrées où la diversité des opinions sera filtrée, en vue de préserver les intérêts du régime. Le pouvoir maintiendrait ainsi le contrôle du processus tout en revendiquant une apparence d’ouverture.

3. L’ambiguïté de la “véritable démocratie”

La déclaration fait référence à la concrétisation d’une “véritable démocratie, non pas celle des slogans, mais celle qui donne la souveraineté à ceux qui la méritent.” Cette formulation renvoie une volonté de définir une démocratie sur mesure, conforme aux attentes et aux besoins du pouvoir. Elle peut sous-entendre que le régime actuel se réserve le droit de déterminer qui sont “ceux qui méritent” la souveraineté, excluant potentiellement toute forme de contestation populaire ou d’opposition. L’usage de la notion de mérite pose un problème majeur : en démocratie, la souveraineté appartient au peuple dans sa globalité, sans distinctions de mérite imposées par un pouvoir en place.

4. L’absence d’un cadre concret pour le dialogue

Rien dans la déclaration ne précise la manière dont ce dialogue sera organisé, les modalités de participation des différentes forces vives, ou les mécanismes de prise de décision qui en découleront. Cette absence de cadre concret laisse transparaitre l’insincérité de la démarche. Un “ dialogue national ” crédible nécessite des règles claires, une transparence dans la sélection des participants, et un mécanisme de suivi et d’évaluation. Sans cela, il risque de se transformer en une simple consultation sans portée réelle, servant à renforcer la légitimité du pouvoir en place qu’à engager des réformes profondes.

Un dialogue de façade ou une opportunité réelle ?

L’histoire politique récente de l’Algérie témoigne des difficultés du régime à accepter des processus de dialogue ouverts et inclusifs. Depuis le Hirak, les tentatives de négociation ont été systématiquement conditionnées, encadrées et réprimées. La promesse d’un “ dialogue national ” ouvert pour ce second mandat suscite une méfiance légitime. Comment un pouvoir qui s’installe malgré une abstention de 90% du corp électoral pourrait-il écouter et prendre en compte les aspirations des citoyens, tout au plus utilise-t-il cette initiative pour affirmer son contrôle tout puissant sur le pays ?

Les véritables exigences d’un “ dialogue national”

Pour que le “ dialogue national ” ait un sens et contribue à l’instauration d’une véritable démocratie, il doit être fondé sur des principes clairs et inclusifs :

  1. Transparence et inclusivité : Le dialogue doit inclure toutes les composantes de la société, sans exclusion. Les représentants doivent être choisis de manière démocratique, avec des mécanismes garantissant la liberté d’expression et la pluralité des opinions.
  2. Organisation en concertation libre : Le dialogue doit permettre aux citoyens de rédiger leurs cahiers de doléances et d’élire des délégués à tous les niveaux : local, régional et national. C’est en structurant ces échanges que le pays pourra tracer une voie constituante, permettant la création d’un nouveau contrat social.
  3. Absence de conditions préalables : Tout processus de dialogue conditionné à des “circonstances” ou soumis à des critères déterminés par le pouvoir en place perd de sa crédibilité. Le dialogue doit être un espace d’échange ouvert, où les revendications peuvent être librement exprimées et discutées.
  4. Mécanismes de suivi et de mise en œuvre : La simple discussion ne suffit pas ; des mécanismes clairs doivent être établis pour traduire les résultats du dialogue en actions concrètes. Cela inclut la mise en place d’un organe indépendant chargé de veiller à l’application des décisions prises lors des concertations.

Une promesse de dialogue illusoire

La promesse d’un “ dialogue national ” pour ce second mandat, telle que formulée, apparaît largement chimérique. La déclaration officielle ne peut masquer les intentions du pouvoir qui cherche à maîtriser le processus plutôt qu’à s’engager dans une véritable ouverture. Ce discours rappelle les stratégies précédemment employées, notamment vis-à-vis du Hirak, où des distinctions artificielles ont été établies pour contenir la contestation.

Pour que ce “ dialogue national ” soit porteur de changement, il doit être transparent, inclusif et libéré de tout contrôle du pouvoir. C’est seulement dans ces conditions qu’il pourra réellement contribuer à la construction d’une démocratie authentique en Algérie, une démocratie qui donne la souveraineté à tous les citoyens, sans distinctions.

Mohand Bakir

Le PT conseille à Tebboune d’engager « le dialogue avec le peuple »

1
Hirak
Tebboune peut-il vraiment discuter avec ce peuple qui l'a désavoué ?

Le Parti des travailleurs (PT) a été le premier parti à réagir à l’appel lancé par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, à un dialogue national, lors de son discours à la nation qui a suivi sa prestation de serment à la présidence du pays pour un second mandat.

« Au cours du deuxième mandat et dans la mesure où les circonstances le permettront, nous mènerons des contacts et des consultations approfondis avec toutes les énergies vives du pays et entrerons dans un dialogue national ouvert  pour planifier ensemble le chemin que nous poursuivrons ensemble, pour incarner la vraie démocratie et non la démocratie des slogans, qui donne la souveraineté à ceux qui la méritent », avait en effet,  annoncé Abdelmadjid Tebboune pour ceux qui veulent bien le croire.  

Dans un communiqué du secrétariat de son bureau politique, le parti dirigé par Louisa Hanoune a conditionné le succès d’un tel débat par la nécessite de la levée de toutes les restrictions à l’exercice des libertés. 

« Même si les questions politiques sont du ressort des acteurs politiques (partis politiques et personnalités nationales), nous pensons que ce dialogue doit inclure l’ensemble du peuple algérien sans exclusion dans un débat national libre et démocratique afin qu’il puisse définir lui-même, à l’issue du débat, la forme et le contenu des institutions et instruments dont il a besoin pour exercer sa souveraineté pleine et entière. C’est cela l’essence de la démocratie véritable », observe le Parti des travailleurs.

Cependant, le PT conditionne ce dialogue : « Mais la réussite d’un tel débat exige la levée de toutes les contraintes qui entravent l’exercice de la liberté d’expression politique, de presse … et donc l’ouverture politique et médiatique effective, l’arrêt de toute criminalisation de l’exercice des libertés démocratiques ».

Abdelmadjid Tebboune a obtenu un deuxième mandat à l’issue d’une élection, sans suspense et largement boycottée par les Algériens. Pour les amnésiques, Abdelmadjid Tebboune avait promis de répondre aux revendications du Hirak, lors de son investiture pour le premier mandat. On sait ce qu’il en a fait.

Sofiane Ayache

Claudia Sheinbaum investie présidente du Mexique

0
Claudia Sheinbaum
Claudia Sheinbaum , présidente du Mexique

Le 1er octobre prochain Claudia Sheinbaum sera investie présidente du Mexique. Pour la première fois une femme, militante de gauche, dirigera le pays avec le soutien massif de la population et une majorité de 2/3 de la Chambre des députés qui lui permettront de faire les changements constitutionnels nécessaires pour aller vers des changements décisifs pour la transformation du Mexique.

Au Sénat, il manque un siège à la gauche pour avoir ces deux tiers mais on peut penser qu’une négociation sera toujours possible pour y arriver. Elle présidera ce pays de 120 millions de habitants inaugurant ainsi la deuxième étape de la transformation initiée en 2018 avec l’élection de Andrés Manuel Lopez Obrador à la présidence.

Pour mieux comprendre la portée de l’arrivée au pouvoir de ce projet progressiste et le sens de la transformation en cours au Mexique il faut prendre en compte le degré de corruption auquel était arrivé le régime crée par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui dans un passé lointain avait été créé pour unifier les groupes politiques issus de la révolution dans la période 1910-1920.

Les débuts de ce processus ont permis l’instauration d’une Constitution progressiste, des avancées sociales importantes et la nationalisation des ressources naturelles. Mais des les années 50 la corruption a commencé à devenir un élément structurant du régime. Être élu à une responsabilité gouvernementale, président, gouverneur, député ou maire ou être nommé à des postes de direction de la fonction publique était devenu la forme la plus sur de s’enrichir.

Le pouvoir politique a fini par se confondre avec le pouvoir économique dans une association d’intérêts qui dictait les choix politiques.

Ce pourrissement n’a épargné ni juges ni magistrats et l’impunité des plus forts et des plus riches est devenue la règle. C’est sous ce système que les dirigeants du PRI ont mis en place des politiques néolibérales et que le Traité de libre échange avec le Canada et les États-Unis a été signé avec la volonté d’ancrer durablement ces politiques avec des privatisations qui ont bénéficié aux grandes fortunes du pays associées à des capitaux étrangers.

L’arrivée au pouvoir du Parti d’action nationale (PAN) entre 2000 et 2012 n’a fait que renforcer ces politiques et la spoliation du pays n’a cessé. Le PRI a fait son retour jusqu’au triomphe historique de la gauche de 2018.

Transformer le Mexique signifie le démantèlement de ce système, la séparation du pouvoir politique du pouvoir économique et la création de nouvelles institutions, changer les priorités en mettant au centre la lutte contre la pauvreté qui touchait presque la moitié de la population.

En six ans des progrès importants ont été faits ; les politiques assistancialistes et ciblées ont laissé la place à une trentaine de programmes sociaux à caractère universel en direction des plus pauvres, des personnes âgés et des handicapés qui reçoivent des aides et en faveur de l’enfance et de la jeunesse des jeunes avec des bourses et des programmes d’accès à l’emploi.

Des efforts sont déployés en faveur d’un nouveau système de santé et l’évasion fiscale est combattue ainsi que l’annulation des dettes au fisc pour des privilégiés. Afin de réduire les inégalités entre les régions des grands projets d’infrastructures ont été lancés notamment avec le « Tren Maya », chemin de fer qui fait le tour de la péninsule du Yucatán et le Corridor Trans-isthme qui devra relier la côte Pacifique au Golfe du Mexique.    

Ces politiques et la hausse du salaire minimum de 110 % ont permis de faire reculer la pauvreté qui est passé de 46,8 % de la population à 36,3 % et les inégalités. Face à la violence des cartels de la drogue le gouvernement a choisi s’attaquer aux racines avec ces politique sociales et avec la création de la Garde nationale qui remplace les corps de police corrompus.

Mais bien que les statistiques montrent un ralentissement du nombre d’assassinats, la violence liée aux activités des groupes criminels reste très élevée ainsi que la violence contre les femmes malgré un recul de 35,6 % des féminicides grâce aux dispositifs mis en place depuis 2018.

La droite unie bien que affaiblie n’a cessé de mener des campagnes visant la délégitimation du nouveau pouvoir en l’accusant d’autoritarisme ou de mener le pays vers le communisme. Elle s’est opposée systématiquement à tous les projets votés par les deux chambres. Impuissante, la droite a mobilisé ses derniers atout : l’Institut national électoral et le Pouvoir judiciaire dominés par des conseillers, magistrats et juges nommés par les gouvernements précédents.

C’est ainsi que 75 % des propositions législatives ont été bloquées par des décisions de justice les déclarant inconstitutionnelles ou bien avec des prétextes futiles tels que « le manque de discussion » des lois par les députés ou bien en acceptant des plaintes d’entreprises ou de particuliers qui se considéraient lésés par les nouvelles lois.

Le Pouvoir juridique est devenu un acteur politique qui, en outrepassant ses fonctions, a imposé ses décisions sur celles prises par l’organe législatif élu par la population.

En février dernier, le président Lopez Obrador a décidé de mettre la droite au pied du mur en proposant vingt changements constitutionnels qui devraient redonner à la Charte le caractère progressiste que des décennies de néolibéralisme lui ont ôté.

Parmi ces changements il a proposé  l’amélioration du système de retraites en faveur des travailleurs les plus démunis, donner un rang constitutionnel aux programmes sociaux phares, les hausse du salaire minimum ne pourront pas être en dessous de l’inflation, l’interdiction du « fracking » et du maïs transgénique et surtout redonner à la Compagnie fédérale d’électricité son caractère public, la disparition des organismes autonomes crées pour se substituer à l’État dans la « régulation » de la concurrence et des investissements dans les et la réforme du Pouvoir juridique.

Après le refus de la droite de voter ces initiatives, le président a fait appel à la population pour qu’elle soutienne ces réformes en votant lors des élections de juin en faveur de Claudia Sheinbaum en lui donnant la majorité nécessaire ces changements à la Constitution, c’est ce qu’il a appelé le « Plan C ».

Les résultats des élections présidentielles ont montré une adhésion massive au projet de Nation porté par Claudia Sheinbaum et le Mouvement de régénération nationale (Morena). L’ampleur de la défaite n’a pas découragé la droite qui continue à se battre avec les membres de la Cour suprême de Justice à sa tête.

La droite argumente que cette réforme qui prévoit que les magistrats et juges ne seront plus nommés à partir d’une proposition de l’Exécutif mais seront élus par le suffrage universel à partir des propositions faites par les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire est non seulement une attaque contre la démocratie et mettrait en danger l’avenir du Traité Mexique-États-Unis-Canada.

La disparition des organismes autonomes c’est à dire la Commission fédérale de compétence économique, l’Institut des télécommunications et la Commission régulatrice de l’énergie et deux autres) ne ferait qu’aggraver la situation.

Ces organismes, dont les fonctions seront réintégrées aux ministères concernés, ont été créés par le néolibéralisme pour « dépolitiser » l’attribution des concessions et contrats en favorisant les grands capitaux surtout étrangers et leur disparition et celle d’un Pouvoir judiciaire facile de convaincre en faveur de ces mêmes intérêts peuvent changer les termes sur lesquels a fonctionné le l’accord de libre-échange tripartite jusqu’ici.

L’ambassadeur des États-Unis, Ken Salazar, s’est joint à la droite déclarant que « l’élection directe des juges représente un risque majeur pour le fonctionnement de la démocratie au Mexique » et à la suite l’ambassadeur du Canada a fait part de la préoccupation des investisseurs de son pays. La réponse du président Lopez Obrador a été immédiate. Il a annoncé une pause dans les relations avec l’ambassade des États-Unis et a dénoncé une action inacceptable d’ingérence qui piétine la souveraineté du Mexique.

Les réformes constitutionnelles contestent la puissance de Washington, éloignent le Mexique des politiques néolibérales et touchent les intérêts des grandes entreprises avec l’interdiction de l’exploitation des mines à ciel ouvert, du fracking et de l’utilisation des transgéniques ainsi que les réformes du Pouvoir judiciaire et des organismes autonomes.

Obey Ament

Spécialiste de l’Amérique latine

Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

Site : http://www.recherches-internationales.fr/ 

Tebboune reçoit ses lièvres !!!

4
Tebboune, Aouchiche et Abdelaali
Tebboune recevant ses deux lièvres

Abdelmadjid Tebboune a reçu, mardi au siège de la Présidence de la République, les candidats à la présidentielle du 7 septembre, M. Abdelaali Hassani Cherif pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et M. Youcef Aouchiche pour le Front des forces socialistes (FFS).

Image cocasse digne d’une Algérie Potemkine. Un vainqueur d’une présidentielle largement entachée d’irrégularités recevant ses deux adversaires ayant fait surtout de la simple figuration.

L’audience s’est déroulée après la prestation de serment par le président de la République au Palais des nations et sa prise de fonction en tant que président de la République pour un second mandat.

Après une semaine de l’annonce des résultats par l’ANIE, la Cour constitutionnelle a désigné Abdelmadjid Tebboune vainqueur de la présidentielle avec 84,30% des suffrages exprimés.

Abdelaali Hassani Cherif a obtenu, selon les données de la Cour, 9,56 % des suffrages exprimés et Youcef Aouchiche passe à 6,14%.

Yacine K.

Un Etat fondé sur la citoyenneté et éloigné de toutes les croyances

13
Le pouvoir instrumentalise à outrance la religion.

Plaider pour la séparation entre l’Islam et l’État en Algérie peut paraitre être une tâche complexe et délicate, compte tenu du contexte historique, politique, et social du pays.

La question de la laïcité, ou de la sécularisation de l’État, a souvent soulevé des débats passionnés qui vont au-delà des simples arguments politiques, elle touche à la perception des croyances religieuses, à l’approche de l’identité culturelle, et aux dynamiques sociales établie depuis au moins les années 1930. Mais, je me propose d’aborder cette thématique en argumentant en faveur de l’État laïque et démocratique, en m’appuyant sur des principes rationnels, des constats historiques, et des impératifs de paix sociale ; tout cela avec la conviction de contribuer l’apaisement du débat.

I. La distinction fondamentale entre les fonctions de l’État et les croyances religieuses

1.1 L’État comme structure d’administration de la société

L’État, dans sa définition moderne, a pour mission première d’administrer la société en établissant des politiques sectorielles (santé, éducation, économie, etc.) et globales (justice, sécurité, défense, diplomatie) qui touchent l’ensemble des citoyens. Ces politiques doivent être conçues de manière à répondre aux besoins de tous, indépendamment de leurs croyances religieuses, de leur appartenance ethnique, ou de leurs orientations idéologiques.

Pour accomplir cette tâche, l’État doit tendre à agir en tant qu’intervenant neutre, garantissant l’égalité de tous devant la loi et offrant à chaque citoyen la possibilité de participer à la vie publique et politique. L’État démocratique, par essence, repose sur la participation citoyenne, la transparence, et la critique des politiques publiques. Ainsi, l’exercice du pouvoir politique doit être soumis à un examen constant, où les citoyens, les médias, et la société civile jouent un rôle actif dans l’évaluation et la discussion des décisions prises par les autorités.

1.2 L’Islam comme dogme religieux et son rôle dans la sphère individuelle

L’Islam, en tant que religion, est une doctrine spirituelle et éthique qui guide le comportement des croyants. Il propose un ensemble de valeurs morales, de principes de vie, et de règles qui régissent les pratiques individuelles et les relations sociales. Cependant, comme toute religion, l’Islam repose sur la foi et la conviction personnelle. La religion répond aux besoins spirituels de l’individu, à sa quête de sens, et à sa recherche de lien avec le divin.

Dans ce contexte, les croyances religieuses sont généralement perçues comme sacrées par les fidèles et ne peuvent faire l’objet de remises en question sans susciter des réactions émotionnelles fortes. La nature sacrée de la religion implique qu’elle ne peut être soumise aux mêmes processus de débat critique et de mise en question que les décisions politiques. Cette distinction est cruciale pour comprendre pourquoi l’introduction de la religion dans le champ politique engendre des tensions et des controverses.

II. Le champ politique et la nécessité du débat et de la critique

2.1 L’impératif du débat dans l’élaboration des politiques publiques

Les décisions de l’État sont par définition politiques, c’est-à-dire qu’elles concernent la gestion des affaires publiques et impliquent la mise en place de lois, de règlements, et de politiques qui affectent l’ensemble de la société. Dans une démocratie, ces décisions sont soumises à l’examen et à la critique des citoyens, des partis politiques, des médias, et de la société civile. Ce processus est essentiel pour garantir la transparence, la justice, et l’efficacité des politiques publiques.

Tout ce qui relève de la politique doit pouvoir être discuté, contesté, et amendé. Les débats politiques permettent d’identifier les erreurs, de proposer des alternatives, et d’ajuster les décisions en fonction des besoins réels de la société. En ce sens, le champ politique est un espace de confrontation d’idées, de visions, et d’intérêts où aucune décision ne peut être tenue pour sacrée ou incontestable.

2.2 L’incompatibilité entre le sacré et le débat politique

Les croyances religieuses, en revanche, sont considérées comme sacrées et inviolables par les croyants. Elles relèvent du domaine de la foi et ne sont pas sujettes aux mêmes règles de discussion et de critique que les décisions politiques. En outre, il n’y a pas de dogme univoque en Islam ; le message divin est interprété de différentes manières, donnant lieu à des écoles, des schismes, et des controverses internes.

Lorsque la religion est intégrée au champ politique, ces interprétations divergentes ne peuvent éviter de devenir sources de conflits. En Algérie, comme dans d’autres pays musulmans, l’utilisation de l’Islam à des fins politiques conduit inévitablement à des disputes sur la « véritable » nature des enseignements islamiques et sur la manière de les appliquer dans la législation. Cela introduit des débats religieux dans la sphère politique, qui devraient idéalement être réservés à la réflexion théologique individuelle et communautaire.

III. La séparation entre l’Islam et l’État : un impératif de raison et de paix civile

3.1 L’importance d’un espace politique laïque

La séparation entre l’Islam et l’État ne signifie pas un rejet ou une dévalorisation de la religion, mais plutôt une reconnaissance du rôle distinct de l’État et de la religion. La politique, en tant que domaine public, doit être régie par des principes rationnels, ouverts au débat, et soumis à l’examen critique. Les décisions prises dans ce domaine affectent tous les citoyens, quelles que soient leurs croyances, et doivent donc être justifiables sur la base de critères objectifs et universels.

Les croyances religieuses, en revanche, relèvent de la sphère individuelle et de la conscience personnelle. Elles doivent être respectées et protégées, mais ne peuvent être érigées en fondement des lois et des politiques publiques. La sécularisation de l’État garantit à chaque citoyen le droit de croire ou de ne pas croire, de pratiquer sa religion ou de s’en abstenir, sans que cela n’influence sa participation à la vie publique.

3.2 Prévenir les conflits religieux

Un État qui se fonde sur une religion particulière risque de créer des divisions au sein de la société, en excluant ou en marginalisant ceux qui ne partagent pas les mêmes croyances. En Algérie, la pluralité des interprétations de l’Islam (sunnite, chiite, soufi, Ibadite, etc.) ainsi que la présence d’autres confessions religieuses (christianisme, judaïsme) et de croyances animistes ou athées rendent d’autant plus nécessaire la neutralité de l’État en matière religieuse.

Lorsque la religion est instrumentalisée par le pouvoir politique, elle devient un outil de contrôle et de légitimation, ce qui conduit à des dérives autoritaires et à des atteintes aux libertés individuelles. Par ailleurs, la sacralisation de certaines lois ou politiques publiques, au nom de la religion, rend toute critique impossible et étouffe le débat démocratique, l’exemple du Code de la famille est patent, tout autant que celui de la nationalité. La séparation entre l’Islam et l’État est donc une condition indispensable pour préserver la paix civile, la liberté

IV. L’illusion de l’État islamique et les dangers du cléricalisme

4.1 Un État bâti sur une religion : la théocratie et ses écueils

Un État basé sur une religion particulière se transforme inévitablement en une théocratie, où l’autorité politique est subordonnée à une interprétation religieuse. Dans le cas de l’Islam sunnite, qui ne possède pas de clergé centralisé, la question de savoir qui détient le droit d’interpréter la loi divine devient source de conflits. La mise en place d’un État islamique nécessite la création d’un appareil clérical qui devient, de fait, l’organe d’administration du pouvoir. 

Cependant, la théocratie implique également l’exclusion des citoyens qui ne partagent pas la foi dominante ou qui adhèrent à des interprétations différentes de la religion.

Dans le cas de l’Algérie, un État islamique impliquerait non seulement l’imposition d’une interprétation particulière de l’Islam, mais également l’exclusion des citoyens qui adhèrent à d’autres confessions, qui sont athées, ou qui souhaitent simplement que l’État reste neutre dans les affaires religieuses. Cette situation pourrait engendrer des divisions sociales profondes, des discriminations, et même des violences sectaires, mettant en péril la paix civile.

4.2 L’Islam sunnite et l’absence d’un clergé : un obstacle à la théocratie

Historiquement, l’Islam sunnite s’est distingué par l’absence d’un clergé organisé comme dans le christianisme ou dans l’islam chiite. Les érudits et les juristes islamiques (oulémas, fuqaha) jouent un rôle dans l’interprétation des textes sacrés, mais ils ne forment pas un corps religieux doté d’une autorité centralisée. Cette absence rend la construction d’un État théocratique islamique difficile, car elle nécessite l’établissement d’une structure cléricale nouvelle, souvent sous la forme d’un parti politique ou d’un groupe d’érudits désignés comme guides suprêmes. Les partis islamistes sont tous candidats à cette incarnation en structure cléricale où la responsabilité est corrélée à une supposé érudition religieuse.

L’exemple de l’Iran chiite montre comment l’instauration d’un État islamique requiert l’existence d’un clergé qui revendique le droit de gouverner au nom de la loi divine.

En Algérie, la mise en place d’un tel système impliquerait de créer une élite religieuse investie du pouvoir de décider des affaires publiques, une situation en contradiction avec les principes égalitaires et décentralisés de l’Islam maghrébin.

V. Vers un État civil, démocratique et laïque : la voie du vivre-ensemble

5.1 La laïcité comme garant de l’égalité et du respect des différences

A contrario de ce que nous venons d’aborder, un État civil, démocratique et laïque offrira un cadre de coexistence pacifique à des citoyens de croyances diverses. La laïcité, en tant que principe de séparation de la religion et de l’État, ne signifie pas la négation de la religion, mais plutôt la garantie que les affaires publiques sont administrées indépendamment des dogmes religieux. Elle assure que tous les citoyens, croyants ou non, sont égaux devant la loi et que leurs droits fondamentaux sont respectés sans distinction de religion.

Dans un État laïque, la liberté de culte est préservée, et les croyances religieuses peuvent s’exprimer librement dans la sphère privée et la société civile. Cependant, la laïcité empêche que ces croyances ne deviennent le fondement des lois et des politiques publiques. Elle protège ainsi le pluralisme des opinions, les libertés individuelles, et le débat démocratique.

5.2 La démocratie, le dialogue et la gestion de la diversité

La démocratie repose sur le dialogue, le respect des différences, et la recherche du consensus. Dans une société aussi diversifiée que celle de l’Algérie, marquée par des courants religieux variés, des appartenances linguistiques multiples (Arabophones, Amazighophones, etc.), et des aspirations politiques diverses, la séparation entre l’Islam et l’État est essentielle pour garantir un vivre-ensemble harmonieux.

En adoptant la laïcité, l’État algérien reconnaîtrait la pluralité des croyances et des identités qui composent la société tout en offrant un cadre neutre où chacun peut s’exprimer et contribuer à la construction du bien commun. Cette approche permet de dépasser les divisions religieuses et de promouvoir une citoyenneté fondée sur l’égalité des droits et des devoirs, renforçant ainsi la cohésion sociale et la stabilité politique.

VI. Conclusion : une mesure de raison, de paix civile

La séparation entre l’Islam et l’État en Algérie apparaît comme une mesure de raison, de paix civile, et de justice sociale. Elle ne remet pas en cause le rôle de l’Islam dans la vie de nombreux citoyens, y compris les plus salafistes. Mais, elle vise à préserver la neutralité de l’État pour garantir l’égalité, la liberté, et le pluralisme. Dans un monde en évolution rapide, où les défis politiques, économiques et sociaux sont de plus en plus complexes, l’Algérie a besoin d’un État capable d’administrer la société sans être entravé par des dogmes religieux.

L’instauration d’un État laïque, démocratique et civil, fondé sur le respect des droits et des libertés de tous les citoyens, est la voie vers un vivre-ensemble durable. C’est également une condition essentielle pour que l’Algérie puisse évoluer et relever les défis du XXIe siècle en accord avec la profonde aspiration de son peuple à un Etat moderne.

Mohand Bakir

Paradigme amcum  !

0

Tafrent n 7 ctamber 2024 di tmurt n Lezzayer tesban-d ayen illan, ayen yernan ɣer sdat deg ubrid n tikerkas !

Ulac ayen iffren. Timura n medden teffɣent-d si tesraft, nekkni nkeccem ugar di tesraft-nni n 99 % n Kim Il-Sung, nrennu neqqaz. Vladimir Poutine ur issaweḍ ɣer wannag-nni !

Awal-nneɣ mačči akken ad nerr awren ɣer tessirt, akken ad nessiɣzef awal ɣef 5 %, 20 % neɣ 48 % n Izzayriyen i ideɣren di tafrent-nni, neɣ ala. Ur neskar lmizan i usekkak.

Awal-nneɣ akken kan ad d-nessifrir snat temsal timeqqranin i d-ifkan udem n tmurt n Lezzayer, zun paradigme (1) illan deg wadmeɣ n yemdanen, ifka aẓar deg wakal n tmurt, armi ur izmir ad d-ikkes. Iẓẓa tuẓẓal armi kan !

Amezwaru d paradigme n beṭṭu n tmurt n Lezzayer ɣef sin yeḥricen.

I tiṭ n umur ameqqran n yemdanen, llan sin iderma n Izzayriyen : llan Izzayriyen menwala, wid i yettazzalen yal ass ɣef uɣrum-nsen, llan diɣ wid yufraren nnig-nsen, « les décideurs », wid iṭṭfen ixf n umrar di yal tamsalt ; d nutni i d adabu.

Maca, mazal ur as-gin isem i wedrum-nni n « les décideurs », imawlan n tmurt, wid ittḍebbiren, wid iḥekmen. Ama deg wawal, ama di tira s tefransit, awal iqqim akken illa, akken i t-id-snulfan wid « issnen ».

Awal-nni yefka anza ɣer wawal-ni n « Maghreb » ; netta yella kan di tira s tefransit akked taârabt tfusḥa. Ma ɣur Izzayriyen, « lmeɣreb » d tameddit mi yeɣli yiṭij, neɣ d lawan n tuddna akked tẓallit n wid ittẓallan, neɣ d tamurt n Merruk.

Ass-a, Izzayriyen zun wekklen wid iṭṭfen adabu, « les décideurs », zun tamurt nsen, ma d izzayriren bedden kan zun d ikerrayen… neɣ d ixemmasen.

Amek i yekcem waṭan-a tamurt, amek izmer ad ikkes ?

Wis sin, d ayen d ilulen seg wayen yuran afella.

Si tafrent n 7 ctamber, awal n tuzzma  yeḥma, irekkem irennu ɣef tedbelt n ANIE (2), ayɣer ur d-tefki leḥsab iseggmen. Yal amdan, yal aɣmis amek iẓegga ɣef rrya d-illan neɣ ur d-nelli, yal yiwen yessezray irennu imḍanen-nni i d-tefka ANIE. Yal yiwen ur yumin ayen i d-tefka tedbelt n ANIE, yal yiwen yumen illa deg-s userǧen.

Maca, awal iqqim kan di tuzzma. Amzun tadbelt-nni n ANIE d Rebbi i tt-id-inezlen, teɣli-d seg igenni akken ad teṭṭef tanemmast ! D paradigme iẓẓan deg wallaɣ.

Di tazwara, yiwen ur inni awal-ni : « ekkset akkin ANIE : ». Armi d ussan-a ineggura i yessaweḍ wawal ɣer din : asuter n tukksa/dissolution n ANIE (3).

Tadbelt n ANIE, d système i tt-id-isnulfan, s tmara, di tallit n tnekra n 2019, akken kan ad isserwet ugar, ad iṭṭef yiwen yixf n umrar di yal tafrent, am akken llant teddunt temsal si 1962. D yiwen udabu, d yiwen ubrid-is.

Amek i d ixf-is ?

Tanekra/hirak n 2019 tewwi-d tamuɣli tamezwarut akken ad tbeddel tmurt ɣef lsas, ad ibeddel udabu, ad yali uwanak aɣarim, mačči d aserdas (Etat civil, pas militaire).

Asurif nniḍen, d abeddel n paradigme nniḍen, akken adabu ad yili deg ufus n yal amdan azzayri, d yal aɣerman/citoyen iṭṭfen iccer n lkaɣeḍ di yal tafrent akken ad idɣer/ibbuṭi akken iwala netta/nettat iwata i tmurt, ad yili d netta i d « décideur », ad ikkes akkin uẓar n « les décideurs » n at war isem, n at war udem. 

Aumer U Lamara

Timerna / Notes :

1. Paradigme : d tamuɣli n ugama, n timetti, n tmussni, tin i yesduklen imdanen di yiwet tallit, teddun deg yiwen ubrid.

Un paradigme (dans les sciences humaines et sociales)  est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent du monde qui repose sur un fondement défini (courant de pensée, etc.)… Un paradigme peut être infléchi ou totalement remis en cause s’il remplit un certain nombre de conditions expérimentales ou d’insertion dans un nouveau paradigme. Les révolutions scientifiques entraînent des changements de paradigme qui exigent du temps pour vaincre les obstacles … Les collectivités humaines sont régies par des pratiques, des croyances partagées (paradigme)… Les paradigmes tendent également à différer selon les groupes sociaux et à changer dans le temps avec l’évolution des connaissances… (wikipédia).

2. Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) est l’organisme algérien chargé de toute opération électorale et référendaire, créé à la suite des manifestations de 2019 en Algérie1. L’ANIE est créée le 15 septembre 2019 par une loi organique. Elle gère, selon cette loi, toutes les étapes du processus électoral à partir de la préparation des élections jusqu’à la proclamation des résultats préliminaires, prérogatives autrefois du ministère de l’Intérieur. Il y a lieu également de noter le transfert de certaines prérogatives du Conseil constitutionnel vers l’Autorité indépendante.

3. Di 1947 di tmurt n Igawawen, yettwaṭṭef ɣer lḥebs yiwen umeɣnas n PPA i yettnaɣen akken ad ikkes udabu n temhersa/colonisation n Fransa.  Tawacult-is tessuter i yiwen ubugaṭu n tmurt, akken ad ibedd fell-as d amastan, ad iwwet ad t-id-issuffeɣ. Abugaṭu-nni yerra-yasen i wid i yas-issutren : « amek ara beddeɣ d abugaṭu ɣef yiwen i yennan i Fransa, « kem effeɣ, nek ad ḥekmeɣ deg umkan-im ! ».

DERNIERS ARTICLES

LES PLUS LUS (48H)