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dimanche, 9 novembre 2025
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Tebboune fixe cap et méthode à son gouvernement : entre exigences et profession de foi

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Tebboune

En installant son sixième gouvernement depuis fin 2019, Abdelmadjid Tebboune a, une nouvelle fois, exposé une feuille de route qui tient davantage de la profession de foi que d’un programme réellement nouveau. Réunis dimanche au Conseil des ministres, les membres de l’exécutif ont reçu les habituelles injonctions à l’« efficacité », au « travail de terrain » et à la « coordination », leitmotiv répété depuis le début du premier  quinquennat.

Le chef de l’État a insisté sur la « priorité absolue » du service au citoyen et la nécessité d’une « gestion intelligente » censée propulser l’Algérie au rang de pays émergents. Autant de formules déjà entendues lors des précédents remaniements, qui se sont succédé à un rythme moyen d’un gouvernement par an, sans qu’apparaissent les changements structurels promis.

Cette nouvelle équipe arrive dans un contexte économique et social tendu, marqué par une inflation persistante et des attentes fortes en matière d’emploi et de pouvoir d’achat. Pourtant, le président n’a avancé aucun chiffrage ni calendrier précis, se contentant de demander des « plans sectoriels » pour les prochaines réunions, comme à chaque relance ministérielle. Le rappel au rôle central du Premier ministre comme « courroie de transmission » traduit la volonté de resserrer les rangs, mais souligne aussi la fragilité d’une gouvernance qui peine à stabiliser ses équipes et à démontrer des résultats tangibles. À force de remaniements et de discours de méthode, le risque est grand que la feuille de route présidentielle reste perçue comme un catalogue d’intentions plus qu’une stratégie opérationnelle.

Un sixième gouvernement pour une même profession de foi

Sur le plan économique, quelques indicateurs (*) paraissent encourageants mais restent fragiles. En 2023, l’Algérie a enregistré une croissance de 4,1 % du PIB. Au premier trimestre 2025, elle atteint 4,5 %, tirée notamment par le secteur hors hydrocarbures, en hausse de 5,7 % contre 4,3 % un an auparavant. Cependant, le taux de chômage demeure élevé : 12,7 % en octobre 2024 selon l’ONS, même si certaines enquêtes évoquent 9,7 %, un chiffre contesté. L’inflation, après avoir frôlé 9,3 % en 2022-2023, devrait se modérer, mais rester autour de 5,3 % en 2024 et 5,2 % en 2025, d’après le FMI.

Ces données illustrent un contraste : une croissance réelle mais inégalement ressentie par la population, et un marché du travail qui ne parvient pas à absorber durablement la demande, notamment celle des jeunes.

Promesses récurrentes, résultats incertains

Dans ce contexte, la feuille de route présidentielle paraît familière. Les mots-clés – « efficacité », « gestion intelligente », « priorité au citoyen » – reviennent à chaque formation gouvernementale. La continuité est évidente, mais les ruptures moins claires. Les remaniements successifs donnent l’impression non pas d’une adaptation maîtrisée, mais d’un enchaînement de corrections de trajectoire face à des urgences sectorielles ou à des critiques publiques.

Les performances macroéconomiques, bien que positives dans certains secteurs, restent à relativiser : la croissance ne se traduit pas toujours par une amélioration du pouvoir d’achat ni par une baisse durable du chômage ou des inégalités régionales. La promesse d’une « gestion intelligente » doit désormais être jugée sur les faits : quelles mesures concrètes pour réduire l’inflation, stabiliser l’emploi, diversifier l’économie au-delà des hydrocarbures ?

Le discours du président Tebboune fixe un cap séduisant – renforcer la crédibilité gouvernementale, mettre le citoyen au cœur de l’action, coordonner mieux l’exécutif. Mais dans un pays où l’on change de gouvernement presque tous les ans, ces professions de foi finissent par paraître comme des rituels attendus plutôt que des engagements inédits. La question demeure : ce sixième gouvernement parviendra-t-il à dépasser la rhétorique pour produire des résultats tangibles, ou bien s’agira-t-il encore d’un nouveau départ sans ligne d’arrivée clairement visible ?

La Rédaction 

(*) Les données proviennent de sources économiques reconnues

Croissance 2023 (4,1 % du PIB) – Ce chiffre a été publié par la Banque d’Algérie dans son rapport annuel 2024 (paru en juin 2025) et relayé par l’APS.

Croissance  2025 (4,5 %, hors hydrocarbures +5,7 %) – Estimation issue des communiqués récents du ministère des Finances et de la Banque d’Algérie, reprise par des médias économiques algériens. Ce sont des données de conjoncture, donc encore susceptibles de révision.

Chômage 12,7 % (octobre 2024) – Taux annoncé par l’Office national des statistiques (ONS) dans son enquête emploi.

Le chiffre de 9,7 % provient d’une enquête plus restreinte de l’ONS début 2025, qui a fait débat car la méthodologie (période et échantillon) diffère.

Inflation 2022-2025 (≈9,3 % puis 5,3 % et 5,2 %) – Projections du Fonds monétaire international (FMI) dans ses World Economic Outlook 2024-2025, reprises par le ministère algérien des Finances et par le site du Trésor français.

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BBNJ : la haute mer sera-t-elle enfin bien protégée ?

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Pollution marine

L’entrée en vigueur en début de 2026 du traité international régissant la haute mer, où l’anarchie règne actuellement, est vue comme une grande avancée pour la protection des océans bien que plusieurs pays importants ne l’aient pas signé.

L’acceptation formelle requise de 60 pays permettant à la prise d’effet du traité sur la haute mer (BBNJ) a été atteinte le 19 septembre avec les ratifications de la Sierra Leone et du Maroc. Si tout va comme prévu, il devrait entrer en vigueur le 17 janvier 2026. Le texte qui a été finalisé le 4 mars 2023 lors d’une conférence intergouvernementale à l’ONU et adopté le 19 juin 2023 est un instrument juridique contraignant.

Une avancée extraordinaire

La mise en vigueur du traité peut être considérée comme une victoire du multilatéralisme environnemental. Il devrait imposer l’utilisation durable de la diversité biologique marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales. Lisa Speer du programme international sur les océans du Natural Ressources Defense Council affirme à ce sujet : « aujourd’hui nous célébrons une avance extraordinaire et importante pour nos océans. »

Ce texte permet désormais aux États de créer pour la première fois en haute mer des aires marines protégées. Il demande le partage juste et équitable des avantages tirés des ressources, la traçabilité, le partage d’informations et l’obligation de réaliser des évaluations d’impact environnemental avant toute nouvelle activité en haute mer.

Il vise aussi à mettre en place une coordination et une coopération étroite avec tous les organismes concernés pour s’assurer que les objectifs de conservation et d’utilisation durable de la haute mer soient bien pris en compte dans leurs plans de gestion.

Le traité impose à tous les navires souhaitant réaliser des activités de recherche en haute mer de faire parvenir une déclaration détaillée à un Centre d’échange et de lui transmettre un rapport sur leurs activités au maximum un an après la fin de ces dernières.

S’il atteint ses objectifs, ce traité pourrait contribuer à améliorer la santé et la résilience des océans au-delà des juridictions nationales. Puisque la haute mer représente près des deux tiers de la superficie des océans et couvre près de la moitié de la surface de la planète, les progrès en matière de conservation qui en résulteraient pourraient être véritablement historiques.

La directrice de la coalition d’ONG High Seas Alliance, qui fédère une cinquantaine d’organisations, Rebecca Hubbard, considère de bon augure que des pays de tous les continents aient signé. Cela montre, selon elle, un engagement de ces pays qui pourraient aider à l’application sur le terrain du traité.

Des écueils à l’horizon : l’anarchie en haute mer

L’engagement des pays signataires du traité à aider à son application sur le terrain serait une chose importante puisque certains des plus puissants États de la planète comme l’Inde, la Russie, la Chine, le Japon, les États-Unis et tous les pays du G7, à l’exception de la France, n’ont pas ratifié ce traité.

C’est en effet la mise en application de toutes ces nouvelles réglementations qui est la clé du succès. Or, actuellement, l’exploitation des ressources de la haute mer s’y fait sans contrôle. Le secteur privé, les acteurs illégaux et même plusieurs pays profitent de biens communs mondiaux de manière anarchique. La pêche illégale et la surpêche y constituent des problèmes majeurs dans un environnement où il n’y a pas de règles et où il y a peu d’incitation à dissuader ces activités.

Le vice-président sénior chargé des océans au Fonds mondial pour la nature, Johan Bergenas, commente à ce sujet : « les océans au-delà des frontières nationales constituent la plus grande scène de crime au monde. »

De plus, ce traité ne porte pas sur des aspects déjà réglementés par des institutions existantes. La gestion de la pêche restera donc régie en priorité par les organisations régionales de pêche. Les ressources minérales des fonds marins resteront aussi gérées par l’Autorité internationale des fonds marins.

Un autre problème que devront résoudre les personnes qui vont appliquer ce traité est que le financement de nombreux processus opérationnels relèveront en partie des pays qui l’ont signé et devront être négociés entre eux, ce qui est un long processus. Ils pourraient donc avoir à en payer certaines parties les concernant comme la surveillance des aires marines protégées qui seront en haute mer, donc très loin de leurs côtes.

Michel Gourd

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Belaïd At Ali : Tamezwarut (n°9, asebter 454)

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Belaid at Ali

1. Tamezwarut : sebaâ neɣ tmen snin di laâmer-is. Anect n tewdect. D tazeggavt akk, seg cebbub am lḥenni, alamma d taqadumt-is iberbcen akk am… tmellalt n tsekkurt. Taṭṭucin-is tuḥricin tizemraqin, ttakent-d tiftilin mara terfu. Taqemmuct-is ɣas meẓẓiyet, swaâwaj kan taâggej ticenfirin-is, tessen akken d-tessurug lqub ma tettnaɣ nettat d teqcicin nniḍen.

2.Tis snat : d tizya-s, yiwen lqedd-nsent, ɣas d timibrikt, teččur d sser ula d nettat. Acebbub-is d aseṭṭaf, lakin am leḥrir, tesseɣlay-it-id ɣef udem-is akken ara tessikid tin i d wara temyuṭṭaf. Ma terna ladɣa teclex tiqejjirin-is, tessers tfettusin ɣef tammast, tessuffeɣ-d iles-is, tɣeẓẓa-t ; ma terna sakin imeslayen-nni i s-tettnaɣ… ad as-tiniḍ tettawi-ten-id d asefru…

Niqal a sidi, tturarent kan di lehna d laâfya, deg uzniq, akka tama n iseqfan n imawlan-nsent, d lǧiran ; la bennut tixxamin s tbeaâyin, čebbiḥent i teslatin-nsent, am tjiratin i yettemyeḥkunt ɣef yergazen-nsent d lmeḥna n ttrebga d « buṭayma » (1) akked marcinwar… lḥasun bxir. Taswiɛt… mkullec ishel ɣef Rebbi : am akken ara tergagi ddunit… s anta deg-sent  ihudden axxam n tayeḍ, neɣ i yas-icelxen ‘’yell-is’’  ɣef sin… sakin… tekker… neɣ aâd d nutenti i yekkren, s sinat, zemḍent qbel aggus, mbexxarent cwiṭ akken ara myaɛunt ad ttemwalint, ad ttemaâzzent s wawal ad ttemlaqqacent. Mceggaâent qbel isusfan… times tecaâl :

– A yell-i aâni n baba-m azniq ?!

– I kem aâni n jedd n baba-m ?

– Jedd n baba ???… ad iḥreq Reppi aɛerruq u ɛerruq u ɛerruq u ɛerruq-nni n jedd n baba-s-nni n baba-s-nni n baba-m a mm-exlul !!! a tamerkut !!!…

– Iḥreq aɛerruq, d uẓar, d uxalaf, d ujeǧǧig n imawlan-im !! … a mm-ildayen ! A tamaâwajut !! A taklit !!!…

– Ay aweṭṭuf azeggaɣ !!!…

– A taẓẓaẓẓat !!!…

– A taberbect !!!…

– A bujmila !!!…

– A tazerzayt !!!…

–  tazerzayt ???… Ad ig Reppi deg uqerruy-imd seḥḥa-m d tezmert-im d wallen-im !!… A war tawḍeḍ ass mara d-tecbuḍ udem-iw !!!… A war timɣureḍ !!!…

– A war timɣureḍ kem !! A war tennerniḍ !!… udem-im !! A yell-i aḥlil ! : yuɣ lḥal ur teskideḍ ara iman-im : a war kem-id-tesɛu taɣaṭ-iw ! A mm-allen n umcic !!!…

– Amcic ad -am-yečč taâbbuṭ-im !! Igzer-am-d allen-im !!… A nnger-im ! A lqedd-im !… la theddreḍ ? Ur tettetḥiḍ ara ! Ur tettneḥcameḍ ara !!… A yell-is n mm-izaǧawen (2) !!!

– Mm-izaǧawen ??? (tebda l tetezzi tceṭṭaḥ, tekkat afus i yiman-is, tettɣenni : A la la la la ! A la la la ! Tuɣal tebdded, tqubel-itt-id, tneẓẓem-d tasusift s afus-is, tḍegger-itt mbaɛid). Ur iḥeqqer ḥedd iman-is ! : Mm-izaǧawen ? A tukksa-m ! … A tuqqda-m ! … A taqriḥt-im d umsiffeg-im !, tɣedduct-im !! Mer di teṭṭetḥiḍ ur tneṭqeḍ ara, a yell-is…   

(Di syen akkin s acu-ten imeslayennni yakk aâni deg-sen am lbarud neɣ amek … lḥasun armi … tebɣa ddaɛwa ad tuɣal akken nniḍen. Tekna yiwet deg-sent teddem-d adɣaɣ, tayeḍ terfed abruɛ n tqendurt-is tettel-it s yimi-s… tayeḍ tesdukkel-d acebbub ɣer tqemmuct-is, tayeḍ twexxer afus-is ver deffir… tayeḍ tessuden adɣaɣ… taswiɛt :

Yiwet tmeṭṭut (daxel n usqif) :

– Iyya a yell-i, ur ttarra ara i tizya n yemma-m !!…

Tameṭṭut nniḍen (deg usqif nniḍen) :

– iyya a yell-i… tinna d sett-im !

Di syen waqila… waqila… tuɣal ddaɛwa mačči d lablag.

Belaïd At Ali

Timerna/notes :

1. Buṭayma : ravitaillement. Di tallit n ṭṭrad n 39-45, isufar akk ferrqen s ujuṭun (jeton = bon de ravitaillement). Marcinwar : marché noir (ayen  akk ittuzun s tuffirt ddaw tecḍat).

2. ‘’mm-izaǧawen’’ : tameṭṭut i yeznuzun s tuffra awren akked isufar nniḍen n uxxam-is.

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Sam Bröcheler : «Lorsque l’amour est heureux, il n’y a plus d’histoires à raconter»

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Sam Bröcheler
Sam Bröcheler

Paru en août 2025 aux éditions Arcadia Tunisie Aimer n’a pas suffi… de Sam Bröcheler (Semia Setti) n’est pas seulement un roman sur l’amour : c’est une exploration des vies en mutation, des passions qui dévorent, des blessures qui se transmettent et des choix qui façonnent les destins. À travers Aline, Mia et Line, trois femmes de générations différentes, l’autrice peint la lutte constante pour aimer et être aimée, dans un monde où les sentiments refusent d’être domptés.

De Roubaix à Paris, de l’Algérie au retour à Paris, chaque lieu devient le miroir d’une introspection, d’une tension intérieure, d’un désir impossible à contenir. L’amour, dans ce roman, n’est jamais simple : il bouscule, consume, met à nu la fragilité et la force des personnages. Et pourtant, au cœur de ce tourbillon, Sam Bröcheler inscrit un fil conducteur universel : la tolérance et la bienveillance envers autrui, l’attention portée à la différence et à la complexité humaine. 

Dans cet entretien pour Le Matin d’Algérie, l’autrice raconte comment ses personnages ont pris vie, comment ses mots sont devenus un espace pour comprendre la douleur, la passion et la liberté, et comment l’écriture elle-même est devenue un chemin vers l’intime et l’universel. Une plongée bouleversante dans un monde où aimer n’est jamais suffisant, mais toujours nécessaire.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a poussée à écrire Aimer n’a pas suffi… ? Était-ce un souvenir, une émotion ou une question qui ne cessait de vous habiter ?

Sam Bröcheler : En réalité, j’ai commencé à écrire Aimer n’a pas suffi… sans m’en rendre compte. J’écrivais sur plusieurs supports (cahier, téléphone, post-it). J’écrivais à n’importe quelle heure, quand je m’écoutais. Je me suis rendu compte que beaucoup d’idées affluaient dans ma tête, mais faute de disponibilité, je ne leur ai jamais prêté l’attention que je leur devais. Jusqu’au jour où j’ai décidé de ramasser mes supports (notamment audio) pour avoir une vue d’ensemble de ces idées éparpillées. Et là, a commencé à germer dans ma tête l’idée de poursuivre ce texte. Néanmoins, à aucun moment, je ne me disais qu’il s’agissait là d’un roman ! Qui suis-je pour prétendre écrire ! C’était le leitmotiv qui me revenait sans cesse pendant que j’écrivais.

Le Matin d’Algérie : Aline, Mia et Line traversent ce roman comme des échos l’une de l’autre. Comment les avez-vous façonnées, et y a-t-il un peu de chacune d’elles en vous ou autour de vous ?

Sam Bröcheler : Certainement qu’il y a une petite part de moi dans chacun de mes personnages. « Le roman, pour ne citer que Stendhal, est un miroir que l’on promène le long du chemin. » Cependant, je ne suis pas du tout  « selfie ». Aussi, si je déteins sur mes personnages, c’est à mon insu que cela s’est fait. Par ailleurs, les personnages de Line, Mia et Aline se sont façonnés au fur et à mesure que la trame avançait. J’ai certes peaufiné les portraits via plusieurs retours au texte. Cependant, à aucun moment je ne me suis dit : « Line sera ainsi… ou Mia comme ceci ou comme cela… ». À un moment, j’ai compris que les personnages m’échappaient et que leurs personnalités respectives évoluaient seules, en échappant à ma surveillance.

Le Matin d’Algérie : Dans votre livre, l’amour n’est jamais un refuge tranquille mais une force qui bouscule et consume. Était-ce votre intention dès le départ de le montrer ainsi, ou le roman vous a-t-il guidée vers cette vision ?

Sam Bröcheler : Effectivement. Comme les personnages, la trame du roman m’a échappée. L’amour est un sujet vaste et très complexe car il s’agit d’un sentiment vivant qui évolue, qui mute, qui est incapable de se conformer aux lois préétablies par la société. Car il est sauvage, récalcitrant, imprévu. On ne peut le dompter. Une fois dompté, il entre dans nos cases. Il devient mariage, concubinage, usure et ennui. Autrement dit, l’amour ne peut se plier aux attentes de chacun sans être amoindri et donc sans être dénaturé. Dans ce cas, on ne parle plus d’amour, mais de compromis, de concessions, d’habitudes, de rituels qui sécurisent les couples. Ainsi, l’amour dans mon roman est très précaire et source de nombreux défis pour les personnages. Et fort heureusement ! Car lorsque l’amour est heureux, il n’y a plus d’histoires à raconter. Je cite Alfred de Musset : « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux et j’en connais d’immortels qui sont de purs sanglots. »

Le Matin d’Algérie : Rafet est un personnage à la fois séduisant et inquiétant. Comment avez-vous imaginé cette emprise subtile, qui s’infiltre presque à votre insu dans la vie de Mia ?

Sam Bröcheler : Le personnage de Rafet Marsli est le mélange d’un ours mal léché et d’un immigré qui ressent le besoin de toujours se justifier, de faire ses preuves et d’exceller dans ce qu’il fait pour mériter ce dont il dispose (sa femme, ses enfants, sa position…). Cependant, Rafet est également un pervers narcissique. Son portrait s’est imposé au fur et à mesure que l’amour qu’éprouvait Mia mutait. Dans le 15ᵉ chapitre, j’ai compris qu’évoquer l’enfance et le parcours de Rafet devenait primordial pour que le personnage puisse continuer à évoluer dans la trame. Sinon, il n’aurait pas pu endosser le rôle parfait de papa, de mari et de médecin.

Le Matin d’Algérie : Les douleurs et les cicatrices traversent les générations. Pour vous, qu’est-ce qui fait que l’amour peut devenir un héritage lourd à porter ?

Sam Bröcheler : L’amour n’est pas forcément un héritage. Dans le roman, on est face à trois scénarios possibles et les trois évoluent différemment. Ni les personnages, ni le poids de l’héritage ne sont responsables des déconfitures ou des succès en amour. L’amour en lui-même porte les fruits de ses propres échecs. Il n’a guère besoin de catalyseur. Que l’amour ait touché trois personnages de la même famille n’en fait pas un héritage familial puisque l’amour touche énormément de personnes. Les parcours et les tenants et aboutissants de chacune des trois histoires sont très différents. Chacune se démarque de l’autre par la manière dont elle a appréhendé le sentiment amoureux.

Le Matin d’Algérie : De Roubaix à Istanbul, de Paris à New York, vos personnages voyagent autant qu’ils s’égarent. Quelle place tient le déplacement géographique dans la construction de leur histoire intérieure ?

Sam Bröcheler : Le voyage occupe une place importante dans le roman et influe directement sur l’histoire de chacun. En voyageant, certains rencontrent un partenaire (Mia, Alain…), ou le fuient. D’autres découvrent une opportunité professionnelle (Dalhia, Abuzer). D’autres encore fuient leur vie pour se donner la chance de découvrir ce que la vie a de surprenant à offrir (Alyssa).

Le Matin d’Algérie : On sent, on touche presque les émotions dans votre style, comme dans « Je suis ivre d’un alcool inconnu… ». Comment travaillez-vous cette écriture qui plonge le lecteur dans les sensations et l’intime ?

Sam Bröcheler : Votre question me flatte dans le sens où je réussis, par le biais de mon style, à transmettre des sensations.

Ceci dit, je pense que travailler ses phrases, choisir ses mots, effacer, recommencer, réécrire… sont le seul moyen pour produire un texte assez proche des images et des dessins que l’on a en tête lorsqu’on écrit.

Le Matin d’Algérie : Vos personnages cherchent une forme de liberté au cœur de leurs passions et de leurs douleurs. L’écriture est-elle pour vous un chemin vers cette liberté, personnelle et universelle ?

Sam Bröcheler : L’écriture en tant que thérapie ? Oui, probablement, mais pas seulement ! L’écriture est avant tout un besoin instinctif chez moi. J’ai toujours réglé mes problèmes avec les gens ou avec moi-même par le biais de l’écriture.

Si j’ai un différend avec un proche qui compte vraiment dans ma vie, ou un ami qui a une place privilégiée dans mon cœur, je prends toujours la plume pour expliquer, justifier et, pourquoi pas, présenter des excuses. Écrire a toujours été un réflexe.

Concernant la douleur de mes personnages, je ne pense pas que cela soit un exutoire à mes propres douleurs. D’une part, ce n’est pas le même parcours. D’autre part, il n’y a rien d’autobiographique dans ce premier roman, quoiqu’en pensent certains lecteurs en conférant à un premier ouvrage une dimension biographique. Je pense que la douleur de mes personnages, je l’ai cueillie au fur et à mesure que la trame avançait dans mon imagination, dans le comportement des gens autour de moi… que sais-je !

Le Matin d’Algérie : Line traverse des zones d’ombre extrêmes. Était-il essentiel pour vous de montrer les conséquences de la passion mêlée à la douleur, ou est-ce surtout une métaphore du poids de l’héritage familial ?

Sam Bröcheler : Line est la version féminine actuelle de sa grand-mère et de sa mère. Elle est un bout de femme en quête de sa féminité changeante, en quête de son identité, de sa personnalité… À travers elle, j’ai peut-être voulu traduire le mal-être des jeunes actuels et surtout la confusion des messages qu’ils reçoivent à travers les réseaux sociaux.

Je pense qu’elle est le symbole d’une jeunesse en perdition, dans le sens où les parents sont tout de même démissionnaires puisqu’ils doivent travailler pour subvenir aux besoins de la famille, et qu’ils ne savent plus comment « prendre » leurs enfants pour les guider et les éduquer à cause du matraquage actuel concernant la façon d’élever les enfants sans les brusquer, sans les toucher, sans les contraindre… Par ailleurs, ces mêmes parents ont leurs propres soucis à gérer et pensent souvent que leurs enfants seront capables d’affronter seuls leur vie de jeunes. Mais c’est sans compter la fragilité inhérente à ces jeunes qui sont encore, malgré leur attitude sur la défensive, dans la demande de l’attention parentale.

Le Matin d’Algérie : Trois générations se déploient sous nos yeux. Comment avez-vous travaillé le rythme du récit pour que le temps qui passe soit ressenti autant que les émotions des personnages ?

Sam Bröcheler : Travailler le rythme a été effectivement un gros souci. D’une part, parce que les chapitres ont été écrits en dehors de la trame du roman. D’autre part, à cause de mon souci vis-à-vis du lecteur. J’avais peur qu’il ne puisse pas suivre le cours des événements. Ordonner les chapitres et les faire suivre a été, je l’avoue, un vrai casse-tête. Mais, in fine, je me suis dit : « Allez ! Je vais faire confiance à l’intelligence émotionnelle du lecteur. » J’ai opté pour ces allers-retours dans le temps et dans les événements, où chaque situation fait écho à une autre pour que l’harmonie de la trame en soit plus riche.

Le Matin d’Algérie : Sam Bröcheler n’est pas Semia Setti. Que vous apporte ce pseudonyme ? Est-ce un autre visage de vous-même, un souffle de liberté ou une protection de l’intime ?

Sam Bröcheler : Sam Bröcheler n’est pas si étranger à ma propre identité. Disons que c’est mon joker ! Sam est le diminutif avec lequel on m’appelle dans mon cercle intime, familial ou amical. Bröcheler est le nom de jeune fille de ma mère, qui est d’origine néerlandaise et qui n’est plus à mes côtés depuis des années. Mettre son nom en guise de nom d’auteur est ma façon de lui rendre hommage à elle et à mes grands-parents que je n’ai pas pu revoir avant leur mort. Ils m’ont tellement apporté durant mon enfance ! Quand j’écris, je puise ma force et toute ma confiance dans les six premières années de ma vie où j’ai eu la chance de les côtoyer.

Le Matin d’Algérie : Le lecteur est parfois troublé, parfois bouleversé par vos personnages. Cherchiez-vous à provoquer une émotion particulière, ou simplement à refléter la complexité de l’amour et de la douleur humaine ?

Sam Bröcheler : Mes personnages sont troublants ? Peut-être, mais n’est-ce pas le reflet de la réalité ? Nous sommes tous complexes et troublants à des degrés différents. Chacun d’eux peut très bien exister dans la réalité et, d’ailleurs, je pense qu’ils existent ! Il s’agit de personnages fictifs certes, mais qui ne sont pas très loin de la réalité, car après tout, je n’ai fait que reproduire le réel à travers mon prisme personnel.

Le Matin d’Algérie : Si vous deviez laisser au lecteur une seule résonance, une émotion ou une pensée en refermant le livre, laquelle serait-elle ?

Sam Bröcheler : Voilà une question bien compliquée. Je ne peux pas résumer trois cents pages en une idée. Mais, s’il faut retenir quelque chose, ce serait : la tolérance et la bienveillance envers autrui.

Chacun des personnages a vécu sa vie avec les cartes qu’il a reçues. Certains ont été plus intelligents que d’autres, dans le sens où ils ont vécu de meilleures situations en améliorant leur vie. Cependant, ils ont tous fait du mieux qu’ils pouvaient. Aucun n’a fait preuve de malveillance. La vie, c’est un peu cela. Il est essentiel de donner à l’autre le bénéfice du doute et de tolérer sa différence. Aline est allée au fond de ses tripes pour trouver la solution à son malaise. Elle croyait accomplir un acte héroïque et bien faire. À aucun moment, elle n’a soupçonné les dégâts et les préjudices que son acte irréversible entraînerait. Et cela est valable pour chacun de mes personnages. Ils pensent tous avoir bien fait et bien agi.

Entretien réalisé par Djamal Guettala


Née le 27 janvier 1973 à Versailles, d’un père tunisien et d’une mère néerlandaise, Sémia Abdellatif Bröcheler a grandi entre Paris et Tunis. Titulaire d’une maîtrise de lettres modernes, elle a enseigné le français pendant trente ans dans un lycée réputé en Tunisie.

Écrivaine et poétesse, elle a longtemps hésité avant de se consacrer pleinement à l’écriture, partagée entre son métier d’enseignante et son désir de créer. Aimer n’a pas suffi, son premier roman, est aujourd’hui disponible sur la plateforme Ceresbookshop.com. Elle vient également d’achever un recueil de poésie où elle explore, avec une plume sensible, des fragments de vie entre mémoire intime et quête universelle.
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Retrait de l’agrément de BNP Paribas El Djazaïr : la COSOB précise les mesures de transfert des comptes-titres

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BNP Paribas El Djazaïr

La Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (COSOB) a annoncé, dans un communiqué daté du 17 septembre 2025, le retrait de l’agrément de BNP Paribas El Djazaïr en tant que teneur de comptes conservateur de titres. Cette décision intervient, précise la COSOB, «à la suite de la demande de la banque».

À compter de cette date, l’établissement est radié de la liste officielle des teneurs de comptes agréés.

Concrètement, les investisseurs détenant des comptes-titres auprès de BNP Paribas El Djazaïr doivent s’assurer du transfert de leurs avoirs vers d’autres institutions habilitées. Pour les clients n’ayant pas encore procédé à cette opération, la COSOB indique que les titres ont été provisoirement transférés à Algérie Clearing, le dépositaire central, qui assurera leur gestion jusqu’au transfert définitif vers un autre teneur actif.

Cette clarification vise à rassurer les investisseurs et à garantir la continuité des opérations boursières. Elle souligne également le rôle central d’Algérie Clearing comme relais temporaire en cas de retrait d’agrément. Si le retrait de BNP Paribas El Djazaïr s’inscrit dans une démarche volontaire, il rappelle l’importance pour les investisseurs de suivre attentivement l’évolution du cadre réglementaire et de sécuriser leurs placements en cas de changement d’intermédiaire.

La rédaction

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L’ONU, un clin d’œil par la littérature (1)

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Romain-Gary

Mon très fort rejet du Conseil de sécurité et mon indifférence envers la clownerie que représente l’ONU ne m’empêche pas de relier l’événement de l’Assemblée générale à des clins d’œil que ma mémoire retient à son propos.

Vous ne savez jamais véritablement pourquoi la mémoire construit des associations. Elles ont souvent un lien très distendu avec les sujets ou la nature des événements associés.

En voici une qui justement relie deux événements dans mon souvenir. Tout part de l’émission Apostrophes de Bernard Pivot. Elle avait débuté neuf mois avant le début de ma nouvelle vie en 1975, celle à Paris. Je suis donc un des innombrables enfants du mythique horaire télévisuel. Il explique mon souvenir à propos de ce fait.

Un second fera le lien avec le précédent, ce sera un curieux épisode que la France littéraire avait  suivi avec passion. Le Prix Goncourt, lorsqu’il avait encore la légitimité d’attribuer des prix au génie littéraire plutôt qu’aux discours qu’on veut bien entendre,  avait été primé en 1975 un certain Émile Ajar pour son livre La Vie devant soi.

Personne ne le connaissait ni ne l’avait vu sur un plateau de télévision ni même ne l’avait lu dans la presse.  C’était inévitable qu’on en parlât surtout sur le plateau de Bernard Pivot.

Il était alors évident qu’Émile Ajar était un pseudonyme, pratique assez banale en littérature mais considérée comme une grande supercherie lorsqu’il s’agit du prix Goncourt.  Ce n’est qu’en 1981, un an après sa mort, que fut dévoilée la vérité par son auteur lui-même dans un écrit posthume. On découvrira que c’était réellement l’écrivain (certains l’avaient deviné) qui avait déjà obtenu un Prix Goncourt en 1956 avec son roman Les Racines du ciel.

Mais bon sang, me dira le lecteur, quel est le rapport avec l’ONU qui a créé le lien de souvenir dans le cerveau toujours perturbé de Boumédiene ? Eh bien c’est simple, Romain Gary fut diplomate et membre de la représentation permanente de la France à l’ONU. 

Les amoureux de la littérature, j’en suis un parmi les plus modestes, ne peuvent échapper au rappel d’autres écrivains qui se sont consacrés à la carrière de diplomate, comme Chateaubriand, ou se sont risqués à la tumultueuse fonction de député, comme Victor Hugo. 

Mais Romain Gary ne représente pas ce seul fait qui n’aurait pas suffi au curieux lien de mon souvenir. Il fut l’un des exemples les plus significatifs de ce que l’ONU représente (ou avait l’ambition démesurée de représenter), c’est-à-dire la diversité des nationalités, des régions et des cultures du monde.

Romain Gary cumule un nombre si impressionnant de facettes, militantisme, lieu de vie et de culture qu’il n’est pas possible de les nommer tous en si peu de place dans cet article. En résumé, né en Lituanie (empire russe à l’époque), membre de la résistance, résident en France, diplomate, écrivain, marié à une actrice américaine et ainsi de suite. Bref, une certaine idée de l’universalisme ressortait de l’écrivain diplomate.

Mais est-ce le suicide un an auparavant à Paris de sa célèbre et épouse actrice, Jean Seberg, qui le poussa à son tour à mettre fin à sa vie en 1980 ?

Est-ce la destinée de l’ONU après son rêve fou ? Il est très vraisemblable que l’universalisme de ce projet mondial est en train de se suicider par ses pitreries, son inefficacité et l’illégitimité de son Conseil de sécurité pour lequel j’avais rédigé un écrit précédent.

Il n’y a que notre Ahmed Attaf et les sympathiques diplomates des grandes démocraties dans le monde, comme ceux de l’Afrique, qui ne souhaitent pas se priver des voyages gratuits, des discours en grande pompe que personne n’écoute, des réceptions ou des hôtels somptueux. 

L’ONU, une destination de première classe pour notre brave Ahmed. Huit heures de vol, il sera peut-être inspiré de lire Romain Gary. Au voyage retour de l’ONU, je lui propose le célèbre ouvrage d’Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique.

Boumediene Sid Lakhdar

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Ligue 1 : le classico OM – PSG reporté à cause des intempéries à Marseille

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OM PsG

Coup de tonnerre sur la Ligue 1. Le match le plus attendu de ce début de saison, opposant l’Olympique de Marseille au Paris Saint-Germain, n’aura finalement pas lieu ce dimanche soir au stade Vélodrome. Le préfet des Bouches-du-Rhône a annoncé à l’AFP le report officiel de la rencontre, en raison des violents orages et fortes pluies annoncés à Marseille et dans ses environs.

Placée en vigilance orange pour les risques « orages » et « pluies-inondations », la cité phocéenne s’apprêtait à vivre un épisode météorologique d’une rare intensité. Les autorités locales ont estimé que l’organisation d’un événement réunissant plus de 65 000 spectateurs représentait un risque trop élevé, aussi bien pour la sécurité des supporters que pour la logistique autour du stade.

Ce report est un coup dur pour la Ligue de football professionnel (LFP) qui comptait sur ce Classique, véritable vitrine du championnat français, pour donner une nouvelle impulsion à la saison. L’OM, encore invaincu depuis la reprise, espérait mesurer ses ambitions face au champion de France en titre. De son côté, le PSG de Luis Enrique voulait confirmer sa montée en puissance et frapper un grand coup en s’imposant au Vélodrome.

Les supporters, marseillais comme parisiens, devront donc prendre leur mal en patience. Le Classique n’est pas seulement un match de football : il symbolise depuis des décennies la rivalité sportive, culturelle et parfois identitaire entre les deux plus grands clubs de France. Son report laisse un vide ce dimanche soir, tant sur le plan sportif que dans l’ambiance populaire.

La LFP n’a pas encore fixé de nouvelle date pour cette affiche. Avec un calendrier déjà surchargé par la Ligue des champions et les autres compétitions nationales, trouver un créneau libre ne sera pas chose aisée. Mais une chose est certaine : l’attente autour de ce choc n’en sera que plus grande.

Djamal Guettala

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Champions League africaine (aller): la JS Kabylie domine Bibiani Gold Stars

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JSK

La JS Kabylie a dominé la formation ghanéenne du FC Bibiani Gold Stars sur le score de 2 à 0, mi-temps (1-0) en match aller du premier tour préliminaire de la Ligue des Champions africaine de football, disputé samedi à Accra.

Les deux buts de la rencontre ont été inscrits par Merghem (20′) et Sarr (70′) pour la JSK.

La rencontre retour se déroulera entre le 26 et le 28 septembre au stade Hocine Ait Ahmed de Tizi-Ouzou.

En cas de qualification pour le second tour, la JS Kabylie jouera son match aller à l’extérieur (17-19 octobre) face au qualifié de la double confrontation entre East End Lions du Sierra Leone à la formation tunisienne de l’US Monastir. Le match retour se disputera à Tizi-Ouzou (24-26 octobre).

APS

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À Alger, la fuite du général Haddad met à nu les fractures du régime

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Le général Nacer El Djen
Où est le général Haddad ?

Un climat de stupeur a enveloppé la capitale algérienne au lendemain de la disparition de l’un des hommes les plus puissants du pays. Selon Le Monde Afrique, Alger et sa périphérie ont connu, les 18 et 19 septembre, un quadrillage sécuritaire d’une ampleur inédite depuis la décennie noire des années 1990.

Barrages policiers et militaires, fouilles de véhicules, hélicoptères survolant la capitale : ce dispositif n’avait qu’un objectif, retrouver le général-major Abdelkader Haddad, plus connu sous le nom de Nacer El-Djinn, ancien patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Limogé en mai dernier, El-Djinn était assigné à résidence dans une villa de Dely-Ibrahim, sur les hauteurs d’Alger, après avoir été détenu dans les prisons militaires de Blida et de Béchar. Mais en milieu de semaine, il a échappé à la vigilance de ses gardiens. Sa disparition a provoqué une onde de choc au sommet de l’État et conduit à la convocation en urgence du Haut Conseil de sécurité (HCS).

Une question : la responsabilité du chef d’état-major, Saïd Chanegriha n’est pas engagée en premier dans ce scandale ? N’est-il pas le chef de l’armée ? Son avenir est sérieusement compromis après cette affaire qui révèle en parallèle les inconséquences des choix de Tebboune.

Un homme clé, écarté brutalement

Nommé en juillet 2024 à la tête de la DGSI, Nacer El-Djinn avait accompagné la réélection d’Abdelmadjid Tebboune pour un second mandat en septembre de la même année. Il était considéré comme un fidèle du chef de l’état. Tout le monde se rappelle de cette accolade entre les deux hommes au cours de laquelle Tebboune glissait au général Haddad : « Prépare-toi ». Quelques mois plus tard, Nacer El Djinn devenait patron de la DGSI. Néanmoins, son éviction brutale, moins d’un an après sa nomination, avait surpris les observateurs et alimenté les rumeurs de règlements de comptes internes.

Le Monde Afrique souligne que la fuite d’un tel personnage ne peut s’expliquer sans complicités à l’intérieur même des organes sécuritaires. C’est là que réside l’essentiel du problème : plus qu’un simple incident sécuritaire, il s’agit d’un révélateur des fractures profondes au sein du régime.

Une démonstration de force… et de faiblesse

Le quadrillage spectaculaire d’Alger, jeudi et vendredi dernier, a certes impressionné les habitants, mais il a aussi ravivé des souvenirs douloureux de la décennie noire. Les embouteillages monstres, les fouilles répétées et l’omniprésence de forces de sécurité rappellent aux Algériens les heures sombres de la guerre civile.

Derrière cette démonstration de force, c’est la fébrilité du pouvoir qui apparaît. Car si l’appareil sécuritaire était aussi solide qu’il le prétend, comment expliquer qu’un homme aussi surveillé ait pu disparaître ? Et pourquoi infliger à des millions d’habitants le spectacle d’une traque qui prend les allures d’une punition collective ?

La mise en scène sécuritaire traduit un paradoxe : le régime tente d’afficher sa puissance, mais il révèle au contraire ses vulnérabilités.

Le miroir brisé de « l’Algérie nouvelle »

Depuis 2019, le pouvoir n’a cessé de vanter l’avènement d’une « Algérie nouvelle ». Mais cette affaire en est la négation flagrante. Au lieu de stabilité et de transparence, c’est un régime miné par des luttes intestines que la fuite d’El-Djinn met en lumière.

Les observateurs notent que l’appareil sécuritaire, colonne vertébrale du système, n’est plus homogène. Des complicités ont permis l’évasion de l’ex-patron du renseignement, ce qui révèle des fractures béantes entre clans. Le discours officiel, déjà discrédité, se heurte ici à la réalité d’un pouvoir fragmenté, où même les gardiens du système ne sont plus à l’abri des purges et des règlements de comptes.

Un symptôme d’un régime à bout de souffle

Au-delà de l’évasion spectaculaire, cette affaire dit beaucoup de l’état du pays et du système qui le dirige depuis plus de 60 ans. Elle montre un régime qui se déchire en interne, où la loyauté n’est jamais acquise, et où la répression est autant tournée vers les opposants que vers ses propres figures. C’est un système arrivé à son terme qu’il urge de s’aborder avant qu’il n’entraîne dans sa chute tout le pays. Les Algériens, eux, se retrouvent une fois de plus spectateurs de batailles opaques, payant le prix en blocages, en angoisse et en perte de confiance.

Le cas du tristement célèbre général Nacer El-Djinn n’est pas isolé dans l’histoire récente de l’Algérie. Les purges qui ont visé, dans les années Bouteflika, les proches du tout-puissant général Toufik avaient déjà révélé ces luttes de clans. Mais la différence aujourd’hui est que le régime se présente comme rénové, tourné vers l’avenir. Pourtant depuis 2019, le peuple assiste à une valse d’entrées et de sorties de puissants généraux des prisons. Or la fuite d’un général assigné à résidence prouve le contraire : l’« Algérie nouvelle » ressemble de plus en plus à un slogan creux. Un mensonge. Sinon comment expliquer que cet officier supérieur adoubé par Tebboune se retrouve en fuite comme un brigand.

La disparition de Nacer El-Djinn ne sera sans doute pas la dernière secousse interne. Elle restera comme le symbole d’un pouvoir qui se fragilise de l’intérieur, et qui, pour masquer ses failles, n’hésite pas à asphyxier sa propre capitale sous un dispositif militaire.

Mourad Benyahia 

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Le 87e prix Albert Londres sera remis le 25 octobre à Beyrouth

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Prix Albert Londres-min

Le 87ème prix Albert Londres, qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel francophone de l’année, sera remis le 25 octobre à Beyrouth, a annoncé mercredi l’association.

La capitale libanaise devait l’an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris.

« Il y a d’abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse », écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l’association.

« Mais l’histoire en décida autrement. Quand le journaliste est revenu dans la région dix ans plus tard, les mots massacres et assassinats se sont imposés sous sa plume. Le conflit israélo-palestinien voyait ses premières victimes », poursuit le texte.

« Déjà ! Près de cent ans plus tard, la tragédie est massive. Informer est un enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs. Le Prix Albert Londres se devait d’aller y voir. Le propre du reportage, en somme ».

L’association Albert Londres a dévoilé la liste des articles, films et livres pré-sélectionnés pour l’édition 2025, sur 134 candidatures.

Pour le 87ème prix de la presse écrite, ont été choisis : Eliott Brachet (Le Monde), Julie Brafman (Libération) , Emmanuel Haddad (L’Orient-Le Jour), Iris Lambert (Society, Libération), Ariane Lavrilleux (Disclose), Célian Macé (Libération), Matteo Maillard (Libération, Jeune Afrique) et Arthur Sarradin (Libération, Paris Match).

Pour le 41ème prix audiovisuel, ont été retenus : Solène Chalvon-Fioriti pour « Fragments de guerre » (France 5), Marianne Getti et Agnès Nabat pour « Tigré : viols, l’arme silencieuse » (Arte), Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour « Le Syndrome de La Havane » (Canal+), Julien Goudichaud pour « Calais-Douvres, l’exil sans fin » (LCP), Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye pour « Rachida Dati, la conquête à tout prix » (France 2) et Solène Oeino pour « Le Prix du papier » (M6).

Pour le 9ème prix du livre, ont été désignés Charlotte Belaich et Olivier Pérou pour « La Meute » (Flammarion), Siam Spencer pour « La Laverie » (Robert Laffont), Quentin Müller pour « L’Arbre et la tempête » (Marchialy) et Elena Volochine pour « Propagande : l’arme de guerre de Vladimir Poutine » (Autrement).

L’an dernier, la journaliste du Monde Lorraine de Foucher avait remporté le prix pour l’écrit pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et encore les victimes de l’industrie du porno.

Le prix de l’audiovisuel avait été décerné à Antoine Védeilhé et Germain Baslé pour leur film « Philippines: les petits forçats de l’or » (Arte) et le prix du livre avait couronné Martin Untersinger pour « Espionner, mentir, détruire » (Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyberespace.

Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5.000 euros pour chacun des candidats, qui doivent avoir moins de 41 ans.

Les journalistes présélectionnés cette année parmi 134 candidatures sont :

87e Prix de la presse écrite (74 candidatures)

Eliott Brachet – Le Monde
Julie Brafman – Libération
Emmanuel Haddad – L’Orient-Le Jour
Iris Lambert – Society, Libération
Ariane Lavrilleux – Disclose
Célian Macé – Libération
Matteo Maillard – Libération, Jeune Afrique
Arthur Sarradin – Libération – Paris Match

41e Prix audiovisuel (41 candidatures)

Solène Chalvon-Fioriti – Fragments de guerre (France5, Chrysalide, Elephant adventures, 74’)
Marianne Getti et Agnès Nabat – Tigré : viols, l’arme silencieuse (Arte, Kraken films, 35’)
Jules Giraudat et Arthur Bouvart – Le Syndrome de La Havane (Canal+, Brother films, 2h20’)
Julien Goudichaud – Calais-Douvres, l’exil sans fin (LCP, Nova production, 50’)
Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye – Rachida Dati, la conquête à tout prix (France2, 58’)
Solène Oeino – Le Prix du papier (M6, Vigie production – 57’)

9e Prix du livre (19 candidatures)

Charlotte Belaich et Olivier Pérou – La Meute (Flammarion)
Siam Spencer – La Laverie (Éd. Robert Laffont)
Quentin Müller – L’Arbre et la tempête (Ed. Marchialy)
Elena Volochine – Propagande : l’arme de guerre de Vladimir Poutine (Éd Autrement)

AFP

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