26 novembre 2024
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« Présidentielle » : lecture des données de l’Anie

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Présidentielle

Nous vous proposons cette lecture des données de la participation données par l’Anie à 17 h samedi 7 septembre 2024.

Selon les données relatives à la participation à l’élection présidentielle algérienne du 7 septembre 2024 diffusées à 17h par l’ANIE, nous retenons les éléments d’information suivants:

1. Taux de participation global :

  • Nombre total d’inscrits : 23 486 061
  • Nombre total de votants : 5 142 134
  • Taux de participation global : ≈ 21,89 %

2. Wilayas avec les taux de participation les plus élevés :

  • In Guezzam (54) : 77,22 %
  • Bordj Badji Mokhtar (50) : 64,67 %
  • Tindouf (37) : 55,09 %

3. Wilayas avec les taux de participation les plus faibles :

  • Tizi Ouzou (15) : 8,36 %
  • Béjaïa (06) : 9,47 %
  • Alger (16) : 14,21 %

4. Observations régionales :

  • Les wilayas du sud comme In Guezzam, Bordj Badji Mokhtar et Tindouf affichent des taux de participation qui dépassent de très loin la moyenne nationale.
  • Les wilayas du nord, notamment Tizi Ouzou, Béjaïa et Alger, présentent des taux de participation inférieurs à 15 %.

5. Commentaires :

  • Participation nationale faible : Un taux de participation officiel global de 21,89 % qui, à n’en pas douter, est largement surestimé, confirme l’ampleur du rejet de toute élection organisée par ce régime.
  • Disparités régionales : Les différences significatives entre les wilayas suggèrent une inégalité dans les capacités de fraude dont disposent encore les cercles du pouvoir. Ces capacités sont d’autant plus réduites que les effectifs de l’appareil politico-administrativo-sécuritaire sont importants. La possibilité de fraude est donc inversement proportionnelle à l’importance démographique et politique de la wilaya considérée.

Si l’on se concentre sur les wilayas de plus de 250 000 électeurs :

1. Il ressort qu’elles sont au nombre de 34. Il s’agit de :

  1. Alger (16)
  2. Annaba (23)
  3. Aïn Defla (44)
  4. Batna (05)
  5. Béjaïa (06)
  6. Blida (09)
  7. Biskra (07)
  8. Bouira (10)
  9. Boumerdès (35)
  10. Chlef (02)
  11. Constantine (25)
  12. Djelfa (17)
  13. El Oued (39)
  14. Guelma (24)
  15. Jijel (18)
  16. Khenchela (40)
  17. Laghouat (03)
  18. Mascara (29)
  19. Médéa (26)
  20. Mila (43)
  21. M’sila (28)
  22. Mostaganem (27)
  23. Oran (31)
  24. Oum El Bouaghi (04)
  25. Relizane (48)
  26. Sétif (19)
  27. Sidi Bel Abbès (22)
  28. Skikda (21)
  29. Souk Ahras (41)
  30. Tébessa (12)
  31. Tiaret (14)
  32. Tipaza (42)
  33. Tizi Ouzou (15)
  34. Tlemcen (13)

2. Les données globales pour ces wilayas :

  • Nombre total d’inscrits : 19 859 397
  • Nombre total de votants : 4 114 816
  • Taux de participation global : ≈ 20,72 %

3. Parmi ces wilayas, celles qui ont les taux de participation les plus élevés :

  1. Laghouat (03) : 31,58 %
  2. Tiaret (14) : 29,64 %
  3. Djelfa (17) : 29,23 %
  4. Mascara (29) : 29,08 %
  5. M’Sila (28) : 27,23 %

4. A contrario, les Wilayas avec les taux de participation les plus faibles sont les suivantes :

  1. Tizi Ouzou (15) : 8,36 %
  2. Béjaïa (06) : 9,47 %
  3. Alger (16) : 14,21 %
  4. Boumerdès (35) : 14,46 %
  5. Constantine (25) : 15,61 %

5. Observations :

  • Taux élevés dans les wilayas de l’intérieur : Les wilayas comme Laghouat, Tiaret, Djelfa et Mascara affichent des taux de participation nettement supérieurs à la moyenne nationale.
  • Faibles taux dans les grandes villes côtières : Alger, Béjaïa, Tizi Ouzou et Boumerdès présentent des taux de participation inférieurs à 15 %, malgré un nombre élevé d’électeurs inscrits.

Un taux de participation global de 20,72 % parmi les wilayas les plus peuplées confirme bien que la capacité de fraude est corrélée à l’importance de l’appareil d’Etat.

Pour ce qui est des données relatives aux wilayas ayant moins de 100 000 électeurs inscrits :

1. Les wilayas concernées :

Les wilayas ayant moins de 100 000 électeurs inscrits sont au nombre de 9. Il s’agit de :

  1. In Guezzam (54) : 34 945 inscrits
  2. Bordj Badji Mokhtar (50) : 41 816 inscrits
  3. Djanet (56) : 33 649 inscrits
  4. Béni Abbès (52) : 39 550 inscrits
  5. Timimoun (49) : 76 965 inscrits
  6. In Salah (53) : 42 789 inscrits
  7. El Menia (58) : 44 744 inscrits
  8. Illizi (33) : 59 789 inscrits
  9. El M’Ghair (57) : 98 032 inscrits

2. Données globales pour ces wilayas :

  • Nombre total d’inscrits : 472 279
  • Nombre total de votants : 180 907
  • Taux de participation global : ≈ 38,33 

3. Wilayas avec les taux de participation les plus élevés :

  1. In Guezzam (54) : 77,22 %
  2. Bordj Badji Mokhtar (50) : 64,67 %
  3. Djanet (56) : 40,83 %

4. Wilayas avec les taux de participation les plus faibles :

  1. El Menia (58) : 25,00 %
  2. El M’Ghair (57) : 25,55 %
  3. Béni Abbès (52) : 36,94 %

5. Commentaires :

  • Participation élevée : Les wilayas d’In GuezzamBordj Badji Mokhtar et Djanet affichent des taux de participation nettement supérieurs à la moyenne nationale (21,89 %).
  • Faible taux pour les nouvelles wilayas : Bien que toujours au-dessus de la moyenne nationale, El Menia et El M’Ghair ont les taux de participation les plus bas parmi ces wilayas, autour de 25 %.

6. Remarque :

  • Taux supérieure à la moyenne nationale : Avec un taux global de 38,33 %, ces wilayas surpassent la moyenne nationale de 21,89 %.

Mohand Bakir

Gabon : début effectif des travaux de l’Assemblée constituante

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Au Gabon, les 168 députés et sénateurs de la transition sont réunis depuis le jeudi 12 septembre au matin et pour dix jours en Assemblée constituante, sur convocation du chef de la transition.

Les députés et sénateurs gabonais doivent examiner le projet de Constitution rédigé par un comité technique et remis le 31 août au général Oligui Nguema, et proposer des amendements aux militaires du CTRI qui auront le dernier mot sur le projet qui sera soumis à référendum d’ici à la fin de l’année. Hier jeudi, le bureau a été mis en place et le règlement intérieur adopté. Les travaux débutent véritablement ce vendredi 13 septembre.

Les parlementaires de la transition débuteront leurs auditions ce 13 septembre au matin par le Premier ministre, Raymond Ndong Sima, et la ministre de la Réforme des institutions, Murielle Minkoué Mintsa.

Celle-ci est en première ligne sur le sujet, puisque, après avoir été rapporteure générale du dialogue national d’avril, elle a dirigé le comité constitutionnel national nommé début mai par le président de la transition. Les membres de ce groupe de rédacteurs seront entendus à leur tour.

Les parlementaires voudront certainement des précisions sur des points qui font débat : quels contrepoids à l’hyper-présidence et quels organes de contrôle ? quel régime pénal pour les dirigeants ? Comment assurer l’indépendance de la justice ? ou encore les conditions d’éligibilité drastiques à la présidence ne mettent-elles pas le Gabon en porte-à-faux vis à vis de ses obligations internationales ? 

Amendements jusqu’à dimanche soir

Les rédacteurs rappelleront leur feuille de route : bâtir un texte sur la base des quelques 1 000 recommandations du dialogue, qui, selon l’un d’entre eux, reflètent l’histoire récente du pays et répondent aux frustrations des Gabonais. Seront ensuite entendus les responsables des confessions religieuses et du Conseil national de la démocratie, un cadre de concertation politique qui vivote depuis sa création en 1996. Les parlementaires, pendant ce temps, pourront déposer leurs amendements auprès du bureau jusqu’à dimanche soir.

Les travaux sont dirigés par le président de l’Assemblée nationale, Jean François Ndongou qui s’est exprimé au micro de notre correspondant, Yves Laurent Goma : « Nous avons reçu l’avant-projet de la Constitution. Ce document, nous allons l’examiner, nous allons l’amender et nous allons adopter nos amendements. A la fin de nos travaux, nous allons rédiger un rapport contenant l’ensemble des amendements et ce que nous pensons être la future Constitution. »

« Nous n’avons pas de limite dans le cadre du travail »

« Nous allons donner ce rapport au président de la transition qui le remettra certainement au gouvernement pour que celui-ci l’adopte en Conseil des ministres avant qu’il ne soit soumis au référendum, poursuit Jean François Ndongou. Nous avons la capacité de suggérer et d’amender tout ce que nous souhaitons. Ce texte est entre les mains des parlementaires de la Constituante. Nous n’avons pas de limite dans le cadre du travail, sauf notre bonne conscience et ce que nous souhaitons pour ce pays. Nous ne sommes pas des députés à la disposition des militaires. Nous faisons le travail législatif. Nous allons proposer au président de la République nos aspirations pour la future Constitution », conclut-il.

Rfi

Néandertal a-t-il disparu à cause de son trop long isolement social et génétique ?

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Néandertal
Portrait d’un homme de Neandertal imaginé à partir des informations tirées des recherches scientifiques. © Benoît Clarys

C’est l’hypothèse avancée par des chercheurs dans une étude publiée dans Cell Genomics. Néandertal, en restant dans une population restreinte, sans se mélanger, aurait été victime de consanguinité et d’appauvrissement génétique.

C’est un des plus grands mystères de l’histoire de l’humanité, comment l’homme de Néandertal a-t-il pu disparaître il y a 40 000 ans ? Quand, nous, Homo Sapiens, avons-nous fini par conquérir le monde entier ? Une étude publiée dans la revue Cell Genomics ouvre une nouvelle piste. Si Néandertal a disparu, c’est parce qu’il ne se serait pas assez mélangé aux autres.

Pour comprendre, il faut revenir à la source de ces travaux et la découverte d’ossements néandertaliens dans une grotte de la Drôme en 2015, un événement extrêmement rare. À l’époque, ces ossements sont longuement analysés pour en révéler les secrets, explique Ludovic Slimak, auteur de l’étude et chercheur au CNRS. 

« On va essayer de comprendre ce que ce corps a à nous dire de cette incroyable extinction humaine. Mes collègues qui travaillent sur l’ADN vont me donner des résultats assez rapidement et on se trouve confrontés à une énigme. Les généticiens me disent que ce corps ne peut pas avoir moins de 105 millénaires alors que tous les éléments de l’archéologie me démontrent que ce corps ne peut avoir qu’entre 45 et 42 millénaires, au moment de l’extinction ».

Il faudra sept ans pour résoudre cette incohérence. Ce spécimen drômois a bien environ 45 000 ans mais présente les caractéristiques génétiques d’un Néandertal de 105 millénaires, car lui et ses congénères sont restés isolés pendant 60 000 ans : aucune interaction avec d’autres groupes, pas de mélange et donc ce profil génétique quasi inchangé. Cette population de Néandertal n’était pas aventureuse. « Comment une humanité peut-elle rester isolée sachant que les autres groupes néandertaliens sont à dix jours, voire deux semaines de marche depuis la grotte. Ils sont juste là », interroge le chercheur.

Population renfermée et appauvrissement génétique

Cet isolement a-t-il donc pu causer la perte de Néandertal ? La réponse est qu’une population restreinte, renfermée sur elle-même, c’est de la consanguinité, un appauvrissement génétique et donc une plus grande vulnérabilité aux maladies ou aléas climatiques, jusqu’à être supplanté par nous, Homo Sapiens.

Ludovic Slimak parle d’un comportement « moins efficace » de Néandertal qui ne lui a pas permis de prospérer. « Ce qui caractérise Sapiens, c’est ce désir de réseau, d’être tous unis, ça donne une incroyable efficacité. En parallèle, on a des petits groupes néandertaliens, qui sont très heureux comme ça, mais au moment où ils entrent en contact avec Sapiens, ils vont être balayés ».

Ce n’est pour autant pas la fin du mystère de l’extinction de l’Homme de Néandertal, de l’aveu même de Ludovic Slimak, il s’agit uniquement d’un élément de plus. Mais le chercheur voit dans ces conclusions une « révolution » dans la compréhension de la manière dont vivait notre lointain cousin il y a quelques dizaines de milliers d’années seulement.

Francetvinfo

Gaza : Dominique de Villepin s’offusque de l’attitude des médias

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Dominique de Villepin
Les positions courageuses de Dominique de Villepin sur la guerre à Gaza.

L’ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin réagit à la nomination de Michel Barnier comme chef du gouvernement et s’insurge sur l’absence de la guerre que mène l’armée israélienne à Gaza.

Mali : les Touaregs du CSP mènent des attaques avec des drones

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Drone

Les rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP) combattent désormais avec des drones. Ils en ont fait usage le 11 septembre 2024 contre un camp de l’armée malienne, à une centaine de kilomètres de Tombouctou.

Aucune victime n’a été rapportée. Mais c’est à cette occasion que les rebelles ont révélé qu’ils possédaient des drones et que c’était la seconde fois qu’ils s’en servaient. Une nouveauté dans leur arsenal, qui pourrait modifier la forme de la guerre que se livrent l’armée malienne, ses supplétifs de Wagner et les rebelles du Nord.

C’est le camp de Goundam, abritant des soldats maliens et des supplétifs de Wagner, qui a été visé. Sans faire de dégâts, selon plusieurs sources locales, qui indiquent que les obus sont tombés juste à côté du camp. Mais les rebelles du CSP ont revendiqué les frappes, menées avec un drone.

Inédit ? Pas tout à fait. Les rebelles affirment en avoir fait usage pour la première fois fin juillet à Tinzaouatène, lors de leur unique mais importante victoire face aux soldats maliens et au groupe Wagner, qui avaient perdu plusieurs dizaines d’hommes et ont été contraints de rebrousser chemin.

Drones « achetés » par le CSP

D’où viennent ces drones ? Combien les rebelles en possèdent-ils ? Quel modèle précisément ? Aucun détail n’a été communiqué. Le porte-parole du CSP, Mohamed el Maouloud Ramadane, affirme uniquement qu’ils ont été « achetés », et assure qu’ils n’ont été fournis ni par l’Ukraine (« Nous avons des contacts mais ils ne nous ont donné aucun équipement ») – ni par le Jnim (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda.

Les jihadistes, qui combattent également l’armée malienne dans le nord du Mali, utilisent des drones pour filmer leurs vidéos de propagande. À ce jour, le Jnim n’a revendiqué aucune attaque menée au moyen de drones.

Selon plusieurs combattants du CSP joints par RFI, les rebelles possèdent ces drones depuis déjà une dizaine de mois. « Il a fallu former les gens, fabriquer les grenades, c’est dangereux et ça prend du temps », explique l’un d’entre eux. Sur leur usage à Tinzaouatène, fin juillet, les rebelles assurent qu’il a été « ​​​​​​​déterminant », notamment « ​​​​​​​face aux blindés ». À l’époque, les rebelles du CSP n’avaient pas communiqué sur l’utilisation, inédite, de ces drones.

L’armée malienne non plus, elle qui avait exceptionnellement reconnu « ​​​​​​​un nombre important de pertes en vie humaines et matérielles » (communiqué du 29 juillet.) « ​​​​​​​Pourtant, ils ont même capturé ou abattu un de nos drones », affirme un cadre du CSP.

Avec Rfi

İhsane El-Kadi, le néo-héros des résistants algériens

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El Kadi Ihsane.

Signalée comme l’événement artistique de la rentrée, l’exposition Les résistants, que Mustapha Boutadjine étale du 12 septembre au 12 octobre 2024 (à galerie Mahieddine-Baya du palais de la culture Moufdi-Zakaria d’Alger), a, en affiche, privilégié le portrait de Larbi Ben M’hidi, d’un chantre mis en exergue pour mieux honorer la résilience de « femmes et hommes qui se sont battus pour la liberté, la justice, la dignité » (Seddik Hammache, in catalogue, Les Résistants).

Or, c’est justement parce que le martyr contemporain İhsane El-Kadi défend ce même triptyque (liberté, justice et dignité) qu’il croupit aujourd’hui entre les murs de la prison d’El Harrach (banlieue d’Alger).

Dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 décembre 2022, six barbouzes de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSİ) passaient vers 24 heures trente le perron de la résidence de Zemmouri (wilaya de Boumerdes, à 50 kilomètres à l’est d’Alger) pour conduire le patron de presse au centre opérationnel et d’investigation de la caserne Antar de Ben Aknoun, là où il y subira cinq jours de garde à vue avant d’être placé (le jeudi 29) sous mandat de dépôt par le juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger.

Victime expiatoire d’un long et continuel harcèlement judiciaire le privant désormais de ses libertés fondamentales, l’incarcéré arrivait, dès l’après-midi du 24 décembre, menotté au sein de son agence « İnterface Médias » (pôle entrepreneurial de la station « Radio M » et du webzine Maghreb Émergent).

Chargée d’en perquisitionner les bureaux, le service de renseignement de l’armée s’emparait alors des ordinateurs, disques durs ou documents puis cadenassait les locaux d’un directeur indépendant qui se voyait le jour suivant (dimanche 25 décembre) confirmer la condamnation de six mois de prison (sans dépôt) décidée en juin 2022 (et en appel le 18 décembre) dans le prolongement de la plainte antérieure du ministre de la Communication Amar Belhimer.

Mécontent de sa rubrique de mars 2020 (diffusée sur « Radio M », elle plaidait pour que le mouvement islamiste Rachad, classé organisation terroriste en mai 2021, ait sa visibilité dans le Hirak), il déclenchait la procédure ouvrant le bal des coups fourrés et déboires auxquels İhsane El-Kadi va être continuellement confronté.

Sous contrôle judiciaire (le parquet du tribunal de Sidi M’hamed d’Alger imputant le 18 mai 2021 la charge de « diffusion de fausses informations à même de porter atteinte à l’unité nationale »), l’ex-commentateur sportif fut assujetti à une autorisation de sortie de la wilaya d’Alger et interdit de quitter le territoire national (avec confiscation de passeport).

La veille des législatives de juin 2021, il était arrêté (le 10) et longuement interrogé par la Sécurité intérieure en raison de nouvelles griefs l’accusant d’avoir voulu rouvrir « le dossier de la tragédie nationale » (selon l’une des dispositions de l’article 46 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale mettant fin à la « Décennie noire »).

Poursuivi en rapport au dossier Zaki Hannache et à la fictive « appartenance à un groupe ou organisation terroriste », le désormais persécuté se présentait le 21 mars 2022 devant le juge d’instruction du tribunal de Larbâa Nath İrathen ; laissé en liberté, il comparaîtra néanmoins le 05 avril suivant, toujours en relation avec le litige (en instruction ou instance) l’opposant à Ammar Belhimer.

Convoqué fin novembre 2022 (par les gendarmes puis la police politique) à cause d’un autre papier synthétisant la dérive autoritaire, le climat de peur et d’oppression en extension depuis l’arrivée à la magistrature suprême d’Abdelmadjid Tebboune (décembre 2019), l’ennemi juré et désigné de ce dernier se retrouvait cette fois vraiment dans l’œil du cyclone.

Durant les années 2020, 2021 et 2022, l’étau militaro-judiciaire avait durablement resserré le nœud gordien des tours de vis (ou tours de vice) coercitifs, compressé les espaces de la surveillance citoyenne, de sorte que les journalistes osant couvrir une manifestation, projeter un reportage compromettant un élu, enquêter sur des affaires de malversation, dénoncer la corruption ou un quelconque dysfonctionnement administratif et industriel tombèrent un à un sous le coup des chefs d’inculpation leur reprochant de vouloir (via l’utilisation ou non des moyens technologiques et comptes électroniques) « fomenter un complot incitant les citoyens à prendre les armes, mobiliser des personnes contre la sureté ou l’autorité de l’État, diffuser de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public, de provoquer la ségrégation et la haine dans la société, de porter atteinte aux intérêts du pays, à la sûreté et à l’unité nationales ou à l’intégrité du territoire ».

Poursuites et sanctions infondées se succédaient à un tel rythme que les dissidents politiques ou détenus d’opinion cohabitaient derrière les barreaux avec les prisonniers de droit commun.

Adepte des débats contradictoires et de la critique constructive, İhsane El-Kadi les rejoindra après son ultime analyse du 17 décembre 2022. İntitulée « Algérie : Affrontements feutrés au cœur du pouvoir », elle conjecturait que, n’envisageant pas de reproduire le processus d’autonomisation du modèle Bouteflika (particulièrement via le soutien financier des oligarques), la haute panier de l’ANP prenait soin de ne plus « reconstruire à l’identique le mécanisme de délégation de pouvoir au président de la république coopté dans l’urgence des évènements (et de) la déferlante populaire de 2019 ».

Rappelant le pouvoir quasi-patrimonial de l’État-major « sur le choix de l’incarnation présidentiel » (une sélection frontalement combattue par les hirakistes), le chroniqueur soulignait qu’il s’occupait de « l’inversion du rapport de force ».

Le locataire d’El Mouradia ayant d’ailleurs jusque-là « présenté tous les gages pour se cantonner dans un format différent de celui contre lequel s’est rebellé son défunt prédécesseur », le mensuel des gradés El Djeich formulait d’autant plus « un bilan dithyrambique de (ses) trois années » qu’il n’avait aucunement cherché à marcher sur les plates-bandes de la colline des Tagarins, à réduire leur « (…) option naturelle à la continuité », c’est-à-dire leur rôle de « pilier du pouvoir politique ou de dépositaire de la fonction présidentielle ».

Répondant parfaitement aux « tests de loyauté », le bien-fondé Tebboune bénéficiait, deux années avant l’échéance présidentielle du 07 septembre 2024, du « soutien de l’armée pour briguer un 2e mandat ».

İhsane El-Kadi estimait toutefois que ce feu vert opérationnel pouvait être contredit à cause d’une initiale accession au trône axée « (…) sur la répression du Hirak et le bâillonnement de l’expression et de l’activité politique », sur des « maltraitances et cas de tortures durant les gardes à vue », sur un appareil sécuritaro-judiciaire mobilisé à outrance pour tenir en laisse et en joue la population, sur un « État de siège permanent » accentuant sans relâche « la pression sur les Algériens ».

Leur concéder de la respiration démocratique pour « soulager les forces de sécurité et les tribunaux », voilà le message d’un homme doutant de la capacité du chef de l’État « à porter une telle perspective », à introduire du jeu et je à l’intérieur du champ politique. À ses yeux, l’absence de ces indispensables postulats ou réquisits risquait, « au moment de confirmer l’assentiment du second mandat », d’inquiéter des faiseurs de Roi curieusement dédouanés des étouffements post-Hirak.

En l’imputant au seul président encarté, l’éditorialiste commettait l’erreur de jugement à l’origine du couperet final. Ridiculisant le pion Tebboune, après une affirmation gageant de la récupération des 20 milliards de dollars repris à la « İssaba » (bande de prédateurs maffieux qui gravitaient autour de Bouteflika), le tweet du 23 décembre 2022 ne fut que le « pré-texte » autorisant opportunément les ordonnateurs du régime militaro-industriel à appliquer l’article 95 bis dont la charge discrétionnaire permettait de poursuivre et de condamner à dix années de cachot l’un des emblèmes de l’impulsion sociale réprouvant la cinquième reconduction tacite de Bouteflika.

En Algérie, le pouvoir prétendument bicéphale ne possède qu’un cerveau moteur, celui du corps militaire garant de la stabilité et du mode contraignant de gouvernance. L’incriminé El-Kadi désirait, sous couvert de la contribution citée plus haut, certes évaluer l’hypothèse du second adoubement mais ce sont bien des agents des renseignements intérieurs qui dépouilleront son agence d’Alger-centre et emporteront les objets ou éléments confisqués à l’intérieur de trois véhicules balisés.

Favorable au choix (en prévision de la Présidentielle d’abord fixée à décembre 2024) d’un candidat de consensus issu du Hirak, l’éditorialiste agaçait de plus en plus les pontes de la coordination nationale, lesquels inciteront leur candidat fétiche (Tebboune) à le traiter (le 24 février à la télévision) de khabardji (indic), soit de traître à la solde des Occidentaux.

Vilipendé avant même la tenue du procès prévu en première instance le dimanche 12 mars 2023, il tombait donc trois semaines plus tard sous la vindicte des articles 95 et 95 bis du Code pénal punissant « d’un emprisonnement de cinq à sept ans et d’une amende de 500.000 DA à 700.000 DA quiconque recevra des fonds, un don ou un avantage, par tout moyen, d’un État, d’une institution ou de tout autre organisme public ou privé ou de toute personne morale ou physique, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’État ».

Soumis à la loi inhérente à la réception de financements perçus de l’étranger, le fondateur et directeur d’ « İnterface Médias » était condamné, le dimanche 02 avril, à 05 ans d’enfermement, dont 03 fermes. Contraint à une sanction de 10 millions de DA et à un dédommagement d’un million de DA à verser au profit de l’autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), il payait cash ses pertinents commentaires ou pieds de nez.

Titrant, « En Algérie, le duel inégal entre le président et le journaliste İhsane El-Kadi », le quotidien La Croix du 02 avril 2022 notait que l’ex-militant kabyle du « Printemps berbère » (avril 1981), avait, à 22 ans, déjà testé la prison d’El Harrach. Quarante-deux années plus tard, ce sexagénaire paraphait encore (le dimanche 26 mars 2023) la tribune « Les régimes du Grand Maghreb ne convergent que pour réprimer leurs peuples ».

Quatre jours plus tard (jeudi 30 mars 2023), Reporters sans frontières (RSF) remettait 13.000 enveloppes (signatures des pétitionnaires) à l’ambassade d’Algérie de Paris. Le jeudi 11 mai 2023, le Parlement européen mettait également l’accent sur son cas en adoptant la résolution C9-0242/2023 sur le respect des droits humains et la liberté de la presse en Algérie.

En conformité à l’article 144, paragraphe 5, et l’article 132, paragraphe 4, de son règlement intérieur, ses représentant demandaient la relâche immédiate et inconditionnelle du brimé rédacteur ainsi que de toutes les personnes (journalistes, défenseurs des droits de l’homme et syndicalistes) écrouées et inculpées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.

İls sommaient les autorités algériennes de mettre un terme à leur arrestation et séquestration, de respecter l’article 54 de la Constitution, de ne plus bloquer les organes d’investigation ainsi que les visas et accréditations des reporters étrangers, de s’aligner sur les normes internationales en matière de droits de l’homme, « en particulier sur le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que l’Algérie a ratifié ».

Malgré la vaste mobilisation, l’impassible Tebboune restait sourd aux doléances des diverses institutions (PE, RSF ou ONG) ou de la réaction de 10 intellectuels (Étienne Balibar, Joyce Blau, Noam Chomsky, Annie Ernaux, Elias Khoury, Abdelatif Laabi, Ken Loach, Achille Mbembe, Arundhati Roy, Youssef Seddik) l’interpellant le 30 mai 2023 par presse interposée. Dans cette tribune du Monde, ils s’inquiétaient de la situation sécuritaire et judiciaire en Algérie, de l’acharnement qu’y subissaient les voix discordantes souhaitant « rêver d’un véritable État de droit » et non du « vaste cachot qu’est en train de devenir (un pays) se referm(ant) comme un piège redoutable sur les opposants politiques».

Amaigri et affaibli par cinq mois de supplices, le dernier des Mohicans (İhsane El-Kadi) ne courbait cependant toujours pas l’échine devant un régime harceleur cherchant à le broyer, notamment en planifiant l’agonie de son entreprise ; non rémunérés, les 25 salariés se résigneront à abandonner la maintenance d’un site devenu inaccessible au moment où s’intensifiait le nettoyage des foyers résiduels du Hirak.

Trois semaines après la motion adoptée par le Parlement européen (dimanche 04 juin 2023), le parquet près la Cour d’Alger (tribunal de Sidi M’hamed) requérait 05 ans de prison à l’encontre du journaliste (peine maximale acquiescée en première instance par le délégué du ministère Public). En délibéré, le délit fut, le dimanche 18 juin 2023, alourdi à sept ans de prison dont cinq fermes (plus deux années de mise à l’épreuve).

La nouvelle vague de solidarité ne fera pas davantage bouger les lignes, ne fragilisera nullement la digue que constitue l’Agence officielle presse service (APS) missionnée en Algérie dans le souci de sonner la charge contre le Comité national pour la libération des détenus d’opinion, Reporters sans frontières (RSF) et le Parlement européen. Elle considérait sa résolution du jeudi 11 mai comme « un ramassis de contre-vérités et de faux jugements » démontrant l’intention répétée ou la « volonté obstinée de nuire à l’image de l’Algérie ».

Convoquant, en vertu de la sacrosainte souveraineté, la rhétorique de la dénégation, ces caisses de résonnance satellisées que sont les associations dites de la société civile, ou le Haut conseil de la jeunesse, exprimaient leurs indignations et évoquaient un ramassis d’allégations mensongères. Épuisé le 12 octobre 2023, le dernier recours devant la Cour suprême sonnait l’échec des différentes requêtes transmises en mains propres ou indirectement à Abdelmadjid Tebboune. Celle adressée le 3 mai 2024, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse, demeurera pareillement sans réponse.

Pensant que la pression internationale (médiatique et politique) aura induit plus de mal que de bien, aggravé la situation du plus célèbre prisonnier d’opinion, un collectif de personnalités « exclusivement algériennes » (Élias Zerhouni, Fellag, Hafid Derradji, Louisette İghilahriz, Ali Djerri, Noureddine Melikechi, Yasmina Khadra, Maïssa Bey et Kaouther Adimi) communiquait (le 13 janvier 2024 dans les colonnes du quotidien El Watan) une dépêche ouverte au président, le conjurait d’user de sa bonne grâce. Après la présentation d’usage, « Nous sommes des journalistes, artistes et intellectuels algériens », les neufs messagers plaçaient naïvement le destin d’İhsane El-Kadi entre les mains du principal calomniateur, lui écrivaient dans le souci « d’attirer (son) attention sur le sort (de cette) figure de proue, (d’)user de (ses) prérogatives pour lui accorder la grâce présidentielle, lui rendre sa liberté, lever le poids considérable qui pèse sur sa famille (…) ses proches (et) sur l’image de l’Algérie ».

Sans résultats probants, les appels à la mansuétude ou plaidoyers se métamorphosaient en vaines bouteilles jetées dans la mer des lettres mortes. Peu enclin à l’indulgence ou à élargir l’horizon des possibles, le nonchalant Tebboune préfère de loin une presse servile, ferme les yeux sur les formatages de procédures perverses et approuve la traque menée contre des activistes à absolument neutraliser.

Casser les opposants (en mesure de confiner à la portion congrue le taux de participation d’un scrutin joué d’avance), voilà la préoccupation majeure de la garde rapprochée du favori à sa propre succession.

Après un tour de manège électoral d’une vingtaine de jours, Tonton Tebboune a donc obtenu le pompon convoité sans même avoir eu besoin de se mettre debout sur son cheval de bois car la foire aux vanités reste en Algérie l’attraction phare de cette ubuesque fête foraine où les derviches tourneurs du haut commandement militaire assure la rotation du plateau circulaire qui donne la meilleure des assises à leur protégé.

Atteint de procrastination aigue, le septuagénaire totémique de la « Nouvelle Algérie » corsetée et cramoisie a endossé le costume de l’automate vitrine affichant l’image affective et statique de la condescendante bonhomie.

Point Zéro de la circonvolution labyrinthique et de la violence symbolique, son paternalisme paravent sert à adoucir les agissements malsains des agents de l’État profond disposés à borner la circulation des idées innovantes et agissantes, à assécher les lieux où elles peuvent fleurir hors des sentiers battus de la mortifère restriction.

Le plébiscité à 95% rempile et empile d’extravagantes promesses assertant (sans doute dans l’optique d’amadouer les argentiers du BRİCS) que l’Algérie des généraux deviendra « la deuxième économie en Afrique ».

Sans crédibilité apparente, ses affirmations ne valent que pour celles et ceux mentalement disposés à les valider. Le vétéran du théâtre, Slimane Benaïssa, fait en apparence partie intégrante de ces inféodés croyants, surtout depuis le samedi 17 août 2019, jour où il complétait la liste des membres composant l’İnstance de dialogue et de médiation (installée le 25 juillet et coordonnée par l’encarté Karim Younes).

Logeant au cœur du « Comité des sages » (un conseil consultatif), donc du système, le dramaturge avait lui-même posté, le 4 juillet 2016, une lettre ouverte à Abdelaziz Bouteflika, missive réclamant des explications sur les tenants de l’incarcération de son fils Medhi (producteur cloîtré fin juin 2016 à cause de l’occupation de locaux sous scellés).

Désarmé, désemparé et intrigué, ne sachant à quel saint se vouer, trouvant que la sanction ne méritait pas une privation de liberté, il s’adressait à l’époque à un impotent atteint de surcroît d’une surdité identique à celle d’Abdelmadjid Tebboune.

Une fois la progéniture blanchie (peut-être grâce à une intervention de la sphère décisionnelle), l’auteur de Boualem zid el gouddam (Boualem va de l’avant-1974) se fourvoyait au milieu d’une instance montée de toute pièce pour préserver les acquis de la « Famille révolutionnaire », s’impliquait en alléguant vouloir trouver une solution à la crise, en disant craindre « une rupture avec les fondements de la Constitution », en trouvant « l’idée de transition catastrophique », en signalant vouloir éviter le marasme libyen et maintenir jusqu’au bout « le caractère pacifique de la révolte (…) c’est-à-dire jusqu’à l’élection du nouveau président de la République qui se chargera de tout modifier (…) » (Slimane Benaïssa, in TSA, 21 août. 2019).

Cinq ans plus tard, celui qui se considérait « un relais, un trait d’union, entre le Hirak, qui représente la voix du peuple, et le pouvoir » (İbidem) aura contribué à planifier la feuille de route menant Tebboune au sommet du pouvoir. Passablement persuadé qu’en Algérie « Ce sont les politiques qui décident du sens que doit avoir et prendre une réflexion (…) », que les intellectuels « ont été contraints (…) d’être au service du pouvoir (…), de justifier toutes les aberrations politiques commises (…) en produisant toute la littérature en faveur de la mission pour laquelle ils ont été engagés » (Slimane Benaïssa, in El Watan, 30 janv. 2014), le compromis reconnaissait en 2016 « qu’au sein d’une jeunesse algérienne historiquement détachée de la lutte de libération, l’échelle des valeurs avait changé ».

Chez eux, poursuivait-il, « (…), cette guerre c’est du passé, c’était il y a un siècle. Non parce qu’ils la méprisent, mais parce qu’ils sont inscrits dans une autre notion de temps. Nous n’avons pas les mêmes horloges dans nos têtes. İls (…) parlent une autre langue que nous » (Slimane Benaïssa, in Liberté, 04 juillet 2016).

Né trois années avant l’İndépendance, İhsane El-Kadi a su, comme eux, se départir des formatages de la martyrologie ambiante alors que, venu exhiber en Algérie, dans le cadre du 70e anniversaire du déclenchement de la révolution armée, les faciès de moudjahidate ou moudjahid de la Casbah d’Alger (Hassiba Ben Bouali, Djamila Bouhired, Djamila Amrane et Ali La Pointe), Mustapha Boutadjine surfe sur le paradigme de renouveau politico-culturel dans ou par l’authenticité révolutionne, arrivé à ce jour à son paroxysme.

À qui s’adresse donc son ami Benaïssa dans l’éditorial de la monstration Les résistants (montée avec l’appui de Chaouki Adjali et Tarik Ouamer-Ali) lorsqu’il vante le charisme militant de Nelson Mandela, Frantz Fanon, Fidel Castro, Che Guevara ou Nasser, sanctifie des « voix puissantes issues du parcours révolutionnaire de l’Algérie » ?

Certainement pas au franc-tireur de Maghreb émergent envers lequel l’enfant du quartier de La Glacière (Boutadjine) semble n’avoir aucun égard. C’est pourtant bien son portrait-mosaïque que l’exgraphiste du journal L’Humanité devrait imposer ou apposer s’il veut vraiment démontrer que créer des grands formats à partir de bouts de papier coupés sur des magazines sert aussi à témoigner d’une « révolte contre les injustices», à se situer in vivo en phase avec les néoopprimés de la dictature in vitro.

Ne pouvant plus communiquer directement avec ses avocats, İhsane El-Kadi a des visites familiales toutes les deux semaines, reçoit du courrier à dose homéopathique et évite la déprime en s’estimant chanceux de ne pas être, au bout du bout, totalement invisible.

Les nondits et la duplicité de la plupart des intellectuels algériens n’augurent malheureusement pas de changements notablement démocratiques dans le pays de la supposée « Mecque Révolutionnaire » (référence ici aux propos décalés ou anachroniques de Rima Hassan, la Palestinienne de la France insoumise).

Saadi-Leray Farid, sociologue de l’art et de la culture

Élection de Tebboune : « la grande muette » a parlé !

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Alors que la Cour constitutionnelle n’a pas tranché sur la validité des résultats du scrutin du 7 septembre sur lesquels les directions de campagnes des candidats ont émis des réserves, la revue El Djeich, porte-voix de l’armée, a plébiscité l’élection du candidat Tebboune à 94,65% des suffrages exprimés. Des suffrages qui ont dépassé à peine les 5 millions de voix.

En effet, la revue El-Djeich a consacré, mercredi, l’édito de son dernier numéro à l’élection présidentielle de samedi dernier qu’elle a qualifié d' »un autre triomphe pour l’Algérie nouvelle ». La messe est dite ! En vrai, ce média est dans son rôle. Donc il n’y a pas lieu de couper les cheveux en quatre.

Cet éditorial est une manière de lever l’équivoque de manière définitive sur l’existence d’un quelconque doute sur la réélection d’Abdelmadjid Tebboune. Avec cette caution il ne devrait donc souffrir d’aucune contestation ni remise en cause, selon la lecture faite des évènements faite par la revue de l’armée. Cette dernière considère d’ailleurs que le « renouvellement de la confiance populaire au président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie aura remporté une nouvelle victoire sur la voie de la consolidation du processus démocratique ».

« Le peuple algérien souverain a tranché en donnant sa voix au président pour poursuivre le processus de réformes profondes et progressives qu’il a entamées lors de son premier mandat, riche en réalisations », tranche la grande muette qui, de la sorte, vient de tuer dans l’oeuf le semblant de contestation élevé par le FFS et le MSP qui ont introduit des recours devant la Cour constitutionnelle.

Mieux (ou pire), la revue de l’armée salue « l’atmosphère de tranquillité, de calme et de paix » qui ont prévalu lors de cette élection, soulignant que « cette paix dont jouit notre patrie permettra de faire face aux grands défis qui se profilent à l’horizon, dans le cadre d’une stratégie ambitieuse de développement national global(…) « une perspective qui ouvre grandement la voie à la concrétisation des espoirs et des aspirations du peuple algérien en la dynamisation de tous les secteurs, grâce aux efforts concertés de tous les enfants de l’Algérie, à leur solidarité et à leur conscience des dangers », réaffirme la publication de l’armée. Éxit donc le débat que d’aucuns veulent (re)lancer sur le respect de la souveraineté populaire et la transparence qui n’ont pas prévalu durant le rendez-vous électoral du 7 septembre 2024.

Pour El-Djeich, le dernier scrutin a consacré « le rétablissement de la confiance du peuple algérien en ses institutions étatiques » et « les réalisations qualitatives qui ont suivi dans tous les domaines seront d’un grand appui durant le nouveau mandat présidentiel dans la poursuite du processus de développement, de la prospérité et de paris gagnés qui hisseront notre pays au rang de pays émergent. »

Samia Naït Iqbal

« Présidentielle » : 10% de participation, selon un média français

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Urne
La "présidentielle" largement boycottée par les Algériens

Gros pavé dans la mare trouble de la présidentielle déjà particulièrement trouble. Le quotidien français L’Opinion avance le chiffre de 10% de participation

Seul un électeur algérien sur dix se serait rendu aux urnes lors de l’élection présidentielle du 7 septembre, estiment les sources gouvernementales françaises, rapporte ce quotidien d’information. Evidemment ceux qui suivent l’actualité algérienne, ce chiffre n’a rien d’étonnant même si Mohamed Charfi, président de l’ANIE avait annoncé dimanche 8 septembre 48,03 %.

Un chiffre vite contredit par le même président Charfi, puisque dans sa conférence de presse de lundi, il soutenu que Tebboune a obtenu, selon des estimations préliminaires, 94,65% des suffrages exprimés, ajoutant qu’Abdelmadjid Tebboune  a obtenu 5 329 253 voix sur les 5 630 196 exprimés. Tout cela, en sachant que le corps électoral est de 24 351 551, selon l’ANIE.

L’Opinion ajoute que la participation des électeurs algériens résidant en France, qui peuvent voter dans les consulats, a été encore plus basse, à 4% des inscrits…

Décidément, cette présidentielle, censée donner cette légitimité populaire dont souffre terriblement le régime de Tebboune, restera dans l’histoire comme étant une parodie. 

Yacine K.

Emmanuel Macron, un soutien précieux à Abdelmadjid Tebboune !

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Tebboune Macron
Tebboune et Macron, main dans la main

La conseillère Afrique du Nord d’Emmanuel Macron est accueillie par Abdelmadjid Tebboune mercredi alors même que les résultats définitifs de la « présidentielle » ne sont pas encore validés ni donc annoncés par la Cour constitutionnelle. Cette visite pour le moins étrange interpelle et pose plusieurs questions.

Emmanuel Macron a été le premier chef d’Etat occidental à féliciter Tebboune pour sa « réélection ». Les USA et les grandes démocraties arabes, comme la Syrie, les monarchies don Golfe ont toutes exprimé leur satisfaction de voir Tebboune « gagner cette élection ».  

N’était le pataquès dans lequel se débattent les hautes autorités suite aux annonces de chiffres contradictoires et hilarants, on aurait presque ri que ces pays qui ignorent tout d’une élection libre s’émeuvent de la victoire de Tebboune.

En dépit des brouilles diplomatiques recurrentes, tout porte à croire qu’Emmanuel Macron est au chef de l’Etat algérien ce qu’est la corde est au pendu. La preuve ? Le président français a fait plus que tous les autres pays à l’issue de la calamiteuse présidentielle.

Car pour lui, Tebboune est manifestement un de ses favoris. Il ne lui tient pas rigueur. Maiq soyons realiste, cela n’a pas privé Macron de faire les yeux de Chimène au roi Mohammed VI, « grand ennemi » de Tebboune. C’est le fameux « en même temps » à la Macron.

Donc, non content de son message de félicitations enflammées, Emmanuel Macron envoie dare-dare sur Alger, Mme Anne-Claire Legendre, sa conseillère du président français Emmanuel Macron pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

Finalement, contrairement aux primes apparences, le chef de l’Etat algérien n’est pas non plus rancunier pour un dinar. La preuve ? Les égards avec lesquels est accueillie l’envoyée spéciale du chef de l’Etat français.

A noter au passage l’absence remarquée (pour une fois) de l’inévitable général-major Saïd Chanegriha à cette rencontre ! Une rareté quand on sait qu’il colle le chef de l’Etat à chacune de ses sorties.

Mme Anne-Claire Legendre était porteuse d’un message, indique le communiqué de la présidence. De quel message s’agit-il ? Une communication téléphonique ne pouvait donc pas suffire pour rassurer Tebboune du soutien de Paris ? On aura compris qu’Emmanuel Macron ne pouvait envoyer un ministre puisqu’il n’y en a pas actuellement et son premier ministre ferraille à composer son équipe gouvernementale.

Il reste que l’affichage de Paris au côté de Tebboune alors même que l’Algérie avait rappelé son ambassadeur il y a seulement un mois et demi interroge sur ce qui se passe dans les coulisses des relations entre les deux pays.

A croire qu’il y a une gouvernance bicéphale à Alger. D’autant qu’au lendemain de l’annonce des résultats, l’APS s’est fendu d’une dépêche incendiaire contre les médias français.

Raisonnablement, la présidence algérienne ne peut instruire cette attaque contre les médias français et se prêter à recevoir avec tous les égards d’un ministre d’Etat une simple envoyée spéciale de la présidence française.

C’est là encore une des étrangetés de la posture de Tebboune. Une fois tout ça est dit, restera toujours la question de l’importance accordée à la présence de cette envoyée spéciale au moment même où de gros doutes pèsent sur la transparence de l’élection présidentielle. 

En cela et en d’autres, la présence de Mme Anne-Claire Legendre a une portée double : elle vient afficher la caution de la France à Abdelmadjid Tebboune et de fil en aiguille porter un sérieux coup à la révolution silencieuse qui irrigue le pays, dont l’expression la plus franche a été le boycott de la présidentielle. Décidément, héraut des valeurs démocratiques en Europe, Macron se mue bruyamment en soutien patenté des régimes autoritaires en Afrique.

Au vu de ce cérémonial, attendons de voir les relations algéro-françaises se réchauffer de nouveau et notre cher ambassadeur, Saïd Moussi, poser de nouveau ses valises à Paris.  

A Alger, dans les milieux de l’opposition, on s’interroge : Emmanuel Macron a-t-il donc choisi Abdelmadjid Tebboune contre le peuple algérien ou y a-t-il une autre signification à la présence de cette envoyée spéciale à Alger ? Telle est la question auquelle les prochains jours apporteront peut-être une réponse.

Sofiane Ayache

La mezzo-soprano Doris Lamprecht : chanter rend heureux définitivement !

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Doris Lamprecht
Doris Lamprecht Crédit photo : Matilde Fassò

Doris Lamprecht est une célèbre mezzo-soprano, dont l’aura illumine tout ce qui l’entoure, tant la grâce, le talent et l’humilité s’emmêlent pour ne faire qu’un.

Sa maîtrise vocale atteint les sommets et les plus hautes cimes, une harmonie quasi céleste et spirituelle, quand on l’entend nous sommes saisis et transportés comme par magie par des émotions qui jaillissent pour baigner le corps et l’esprit laissant les sens en éveil, l’œil et l’oreille s’émerveillent, c’est la voix du soleil.

Doris Lamprecht est l’une des plus grandes chanteuses mezzo-sopranos occidentales, bénie par les arts écartant tout brouillard pour ne laisser que l’éclaircie salvatrice d’où les espoirs jaillissent. C’est une voix qui relie la terre au ciel jusqu’aux univers sans fins et limites.

Quand j’écoute Doris Lamprecht je ne peux m’empêcher de penser à Marian Anderson, Agnès Baltsa, Teresa Berganza, Olga Borodina Grace Bumbry, Brigitte Fassbänder, Waltraud Meier, Martha Mödl, Gertrud Burgsthaler-Schuster, Angelika Kirchschlager, tant son talent est grand. Doris incarne tout à la fois le travail, la maîtrise, le don et le talent, des capacités vocales très vastes, ajoutant des couleurs et de la vie aux répertoires qu’elle visite, qu’elle chante et incarne.

Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, où elle passe son prix de chant dans la classe de Jane Berbié, à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris auprès de Michel Sénéchal, elle suit des Masterclasses avec des professeurs de renom tel que Christa Ludwig, Daniel Ferro, Lorraine Nubar, Sena JurinacAnthony Rolfe Johnson, Véra Rosza, Heather Harper, Nancy Evans, et se perfectionne en Mélodie et Lied auprès de Gérard Souzay, Dalton Baldwin, Gerald Moore, Martin Isepp et surtout Ruben Lifschitz.

Doris Lamprecht se distingue par sa présence sur scène et ses qualités vocales dans un très vaste répertoire, qui va de Monteverdi, Bach, Haendel de (Scipione à Beaune), aux compositeurs contemporains (créations du Maître et Marguerite de York Höller au palais Garnier, des Lettres de Westerbork d’Olivier Greif, de La   Frontière de Philippe Manoury).

Par son talent elle a marqué de son empreinte la Junon du Platée de Rameau, mis en scène à l’Opéra de Paris par Laurent Pelly – avec lequel elle joua au théâtre.

Elle s’est notamment fait remarquer dans Mme Boulingrin (Les Boulingrin, création de Georges Aperghis à l’Opéra-Comique, Lady Pamela dans le Fra Diavolo d’Auber, à l’Opéra-Comique et à l’Opéra Royal de Wallonie, et Ermerance (Véronique) mise en scène par Fanny Ardant au Théâtre du Châtelet. À l’Opéra de Paris, dans Die tote Stadt, Exceptionnelle dans Brigitta.

À l’aise en italien, en français, en allemand, elle interprète avec succès Verdi (Rigoletto à Strasbourg, La traviata à Orange), d’Offenbach (Les Brigands à l’Opéra Bastille, La Belle Hélène à Zürich sous la direction de Nikolaus HarnoncourtLa Périchole à Marseille, La Vie Parisienne à Tours), de Mozart (La Flûte enchantée à Aix-en-Provence, Lyon et Orange), de Alban Berg (Lulu à Metz), ou encore de Humperdinck (Hänsel et Gretel à l’Opéra des Flandres).

Elle s’est fait également remarquer dans de nombreux rôles dont Dame Marthe (Faust à Lille, Amsterdam et Paris), Gertrud (Hamlet à Saint-Etienne et Moscou), Marcelline (Les Noces de Figaro à Tours et Reims), La Duègne (Cyrano au Châtelet et au Teatro Real de Madrid), Madame Larina dans Eugène Onéguine à Strasbourg, Avignon et Genève, Madame de Croissy (Dialogues des carmélites à l’Opéra de Nantes et Angers), Madame de la Haltière (Cendrillon au Liceu de Barcelone), La Marquise de Berkenfield (La Fille du régiment à l’Opéra de Paris), mise en scène de Laurent Pelly, avec Natalie Dessay et Juan Diego Florez.

Doris Lamprecht est régulièrement à l’affiche à Paris, notamment la Sorcière dans Hänsel et Gretel à L’Opéra de Paris, ainsi que dans Faust et à l’Opéra, mise en scène de Jérôme Deschamps pour Les Mousquetaires au Couvent, Hedwige dans Guillaume Tell, Jacqueline dans Le médecin malgré lui au Grand Théâtre de Genève, L’Opinion Publique dans Orphée aux Enfers à Nancy et Montpellier et à Nantes-Angers Opéra.

Cette chanteuse lyrique née à Linz en Autriche d’une mère compositrice de chansons folkloriques autrichiennes et d’un père fonctionnaire a su mener avec brio une carrière internationale, ses qualités vocales et son talent scénique l’amènent sur les plus grandes scènes mondiales.

Doris Lamprecht est professeur de chant au Conservatoire à Rayonnement Régional CRR de Paris, au PSPBB – Pôle Supérieur Paris Boulogne-Billancourt, au Conservatoire de Musique du 8ème et 9ème   arrondissement CMA8 et CMA9 à Paris.

Doris Lamprecht est membre fondateur aux côtés d’Ariane Jacob, Marc Surgers, Daniel Gardiole, Soyoung Lee, Sarah Niblack et André Serre-Milan, du Festival Chant de la Terre qui propose la 3e édition du 13 au 15 septembre 2024, toujours dans le cadre idyllique du Jardin d’agronomie tropicale de Paris, au 45 bis avenue de la Belle Gabrielle 75012 Paris, pour de belles rencontres où se mêlent les parfums, les couleurs et les styles musicaux.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes une célèbre chanteuse mezzo-soprano, vous sillonnez le monde, vous paraissez infatigable, qui est Doris Lamprecht ?

Doris Lamprecht : Je ne suis que l’instrument qu’on a bien voulu me confier à ma naissance et que je continue à travailler à travers les hauts et les bas d’une vie accomplie. Toujours heureuse et curieuse de prendre de nouveaux défis. J’ai la chance de pouvoir renouveler ma passion tous les jours.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes membre fondateur de ce beau Festival Chant de la Terre, qui en est à sa 3e édition, parlez-nous un peu de ce festival ?

Doris Lamprecht : C’est un Festival fondé il y a trois ans par une amie pianiste Ariane Jacob.

Le jardin d’Agronomie tropical du Bois de Vincennes est un lieu absolument magique et très peu connu par les parisiens.

Vous y trouvez les vestiges de l’exposition coloniale de 1907 en partie restaurés. Les concerts auront lieu au Pavillon Indochine et en plein air.

Les artistes viennent des quatre coins du monde et vous feront découvrir des compositeurs et leurs partitions qui sont elles-mêmes le fruit de la rencontre des cultures.

Le Matin d’Algérie : Le concert d’ouverture de cette troisième édition de ce Festival du Vendredi 13 septembre à 19h30 au Pavillon Indochine est “Chants d’Espagne et de Kabylie” avec la célèbre Amel Brahim Djelloul et le guitariste Thomas Keck, un mot sur cette chanteuse soprano Amel Brahim Djelloul qui mêle la tradition et le classique.

Doris Lamprecht : Amel et moi nous nous connaissons depuis la production « Véronique » d’André Messager, donnée au Théâtre du Châtelet. Elle m’a tout de suite fascinée par sa spontanéité, sa sincérité son talent et surtout son humanité. C’est une grande « Dame » autant connue dans le monde de l’Opéra que des concerts et récitals.

Je suis très heureuse qu’elle ait accepté de partager son amour pour la musique traditionnelle kabyle et de nous faire voyager grâce à un large éventail de son art et ses talents. J’ai hâte de l’accueillir et surtout de l’écouter.

Le Matin d’Algérie : Comment est née cette passion pour l’art lyrique ?

Doris Lamprecht : Comme vous le savez, je suis Autrichienne. Sans prétention aucune je peux vous assurer que la musique en général a une grande place dans la culture des Autrichiens.

J’ai débuté petite soliste à l’église, je suis passée soliste de notre chorale du lycée. Il était facile de dire : pourquoi ne pas tenter un Conservatoire supérieur ?

Le Matin d’Algérie : Quels sont les chanteurs lyriques qui vous influencent ?

Doris Lamprecht : J’ai toujours été en admiration devant Kathleen Ferrier et Christa Ludwig. Ensuite ce sont des rencontres sur scène. José Van Dam, immense artiste et collègue, Margaret Price avec laquelle j’ai eu la chance de partager la scène dans « Ariane à Naxos » et tou(s)tes les autres qui m’ont tellement appris rien qu’en les observant.

Je suis malgré ma longue carrière, comme un enfant jouant à la locomotive. Je m’émerveille de tout et mes antennes restent ouvertes sans jamais se blaser.

Le Matin d’Algérie : Que pensez-vous de l’enseignement du chant dans les conservatoires parisiens ?

Doris Lamprecht : Nous avons beaucoup de chance à Paris, car chaque conservatoire d’arrondissement a une classe de chant. Les professeurs sont de qualité et les modules complémentaires proposés préparent aux grandes écoles toutes celles et ceux qui se montrent digne de notre art. La seule chose que je regrette est le temps imposé.

Les chanteurs ne sont pas de petits élèves de 5 ans qui débutent avec une demi-heure et dont la concentration a des limites.

Malheureusement, nos jeunes recrues entre 18 et 20 ans ne feront qu’une demi-heure comme les petits, alors que le temps de comprendre son corps, son propre instrument, nécessite beaucoup de patience. Personnellement, je dirais qu’un minimum de quarante-cinq minutes seraient beaucoup mieux pour avancer plus vite.

Le Matin d’Algérie : Y a-t-il un pont entre le chant traditionnel dit folklorique et le chant lyrique ?

Doris Lamprecht : Le chant lyrique trouve forcément ses origines dans le chant traditionnel. Le chant folklorique raconte des histoires mettant en musique des situations avec des textes. S’en suivent des Madrigaux en Italie, le premier Opéra vers 1598…

Le Matin d’Algérie : Que pensez-vous de ce proverbe égyptien « N’est malheureux que celui qui ne sait pas chanter » ?

Doris Lamprecht : J’adore les proverbes orientaux. Effectivement chanter est également une thérapie pour moi. On rayonne on respire on vit. Chanter rend heureux définitivement !

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Doris Lamprecht : Je suis actuellement en répétition à l’Opéra de Paris pour « Les Brigands » une opérette de Jacques Offenbach. Je suis très heureuse de faire partie de cette aventure. Ayant chanté le rôle principal, il y a trente ans dans cette même maison et la même opérette, je me retrouve toujours sur la même scène, cette fois-ci dans un rôle beaucoup plus modeste. Mais quel plaisir de voir tous ces jeunes talents autour de moi. La boucle se boucle.

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Doris Lamprecht : Il y a de très belles voix en Algérie qui soigne cette culture lyrique. J’ai cette année même une nouvelle étudiante au CRR de Paris (Conservatoire à rayonnement régional) que je serais heureuse d’accompagner le plus loin possible.

Qui sait ? Une interview d’elle dans quelques années. Je vous donne rendez-vous.

Entretien réalisé par Brahim Saci

https://fr.wikipedia.org/wiki/Doris_Lamprecht

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