26 novembre 2024
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« Présidentiellle » du 7 septembre 2024 : taux réel et taux proclamé

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Tebboune


Le 7 septembre 2024, l’Algérie a vécu un moment électoral qui pourrait se révéler décisif, une présidentielle dont le principal enjeu se réduit, paradoxalement, à une statistique : le taux de participation.

Cet indicateur, en apparence neutre, cache en réalité des enjeux de pouvoir, des luttes sourdes entre les différents acteurs politiques et une quête de légitimité qui dépasse le simple cadre électoral. Alors que le régime et ses partisans cherchent à maintenir une façade plus ou moins crédible, les forces d’opposition considèrent que ce taux reflète un rejet massif du système en place. Cependant, au cœur de ce débat, une question essentielle demeure : qui détient la réelle capacité de manipulation de ce taux et au service de quels intérêts l’exerce-t-il ?

Il n’est pas sans intérêt d’analyser et de décortiquer la dynamique politique qui entoure l’affrontement autour du taux de participation à la présidentielle de 2024, afin d’identifier les intérêts des différents acteurs en présence, ainsi que les risques d’instrumentalisation du mécontentement populaire. Il faut aussi tenter de tirer les leçons des expériences passées, en particulier celle de 1988, pour anticiper aussi bien les possibles dérives que les opportunités de changement.

Le consensus formel sur l’importance du taux de participation

À première vue, un rare consensus semble s’établir entre les différents acteurs politiques en Algérie. Partisan du régime ou opposant farouche, tous s’accordent sur un point : le taux de participation à la présidentielle du 7 septembre 2024 est l’indicateur qui fixe la crédibilité de cette élection. Cet accord formel masque toutefois une réalité plus complexe : derrière ce chiffre se cachent des intérêts divergents et des perceptions fondamentalement opposées de ce que représente véritablement cette élection.

Le taux de participation : un outil de légitimation pour le régime

Pour le régime et ses alliés, un taux de participation élevé est essentiel. Il sert à légitimer non seulement le président sortant, mais aussi l’ensemble du système politique en place. Un haut taux de participation permet au pouvoir de prétendre qu’il bénéficie encore d’un large soutien populaire, ou du moins d’une acceptation tacite de la part des citoyens. Dans une Algérie marquée par des décennies de contestation, ce chiffre devient un gage de stabilité et de continuité.

Le rejet du système à travers une faible participation réelle

Cependant, pour une large partie de la population et de l’opposition, la participation réelle est le véritable baromètre de la situation politique. Le faible taux de participation est l’expression d’un rejet clair du régime, un désaveu massif de ses politiques et de sa gestion du pays. L’abstention s’est exprimée comme une forme de contestation silencieuse mais puissante, un moyen pour les citoyens de montrer leur désillusion sans s’exposer à la violence : un Hirak silencieux.

Le taux réel : la voix silencieuse du peuple

Le taux de participation réel, celui qui reflète véritablement l’attitude des citoyens, est bien en deçà de celui qui est proclamé officiellement. Ce n’est pas qu’en Algérie que la fraude supplante la réalité du terrain et que les chiffres concoctés dans les officines masquent ceux qui sortent des urnes. Seulement, cette fois-ci, le rejet atteint des proportions majeures. 90 % des Algériens n’ont pas pris part à ce simulacre d’élection. Voilà le véritable rapport des Algériens à leur système politique. Quelles triturations des chiffres électoraux pourraient masquer ce désaveu ? Les régents peuvent s’illusionner encore quelque temps, mais le verdict est cette fois sans appel.

Le taux proclamé : un instrument de communication politique

Le taux proclamé par les autorités n’est qu’un outil de communication, un moyen pour les décideurs de façonner l’image de la façade politique. Ce chiffre donne tout de même une image des rapports de force au sein des cercles de décision. Voilà pourquoi le taux proclamé devient lui-même un enjeu politique : il formalise une narration officielle.

Les manipulations statistiques et leurs limites

La manipulation des chiffres a ses limites. À l’ère des réseaux sociaux et de la communication instantanée, il devient de plus en plus difficile pour les régimes autoritaires de masquer la réalité. Les informations circulent rapidement, et les citoyens sont de plus en plus sceptiques face aux données officielles. Cependant, dans cette élection, le décalage entre le taux réel et le taux proclamé est exceptionnel. Ce qui renforce grandement le mécontentement populaire, plutôt que de réduire les colères.

Pour le régime : nier coûte que coûte l’ampleur du rejet

Pour Abdelmadjid Tebboune, ainsi que pour les autres membres de l’élite dirigeante, la proclamation d’un taux de participation acceptable est cruciale pour assurer la stabilité du système. Ce chiffre doit symboliser une forme d’acceptation, même passive, du régime en place. Sans cette adhésion apparente, le pouvoir risque de perdre sa légitimité aux yeux de ses propres clientèles et de ses protecteurs au sein de la communauté internationale.

Pour les opposants : mettre en évidence la manipulation

Pour les opposants au régime, la proclamation d’un taux de participation proche du taux réel serait un aveu qui renforcerait la détermination populaire à en finir avec ce régime. Ils espèrent donc que ce taux restera relativement modeste. Les oppositions entre clans du régime tendent à réaliser ce souhait. L’espoir est aussi qu’un pouvoir qui serait suffisamment affaibli pourrait être moins tenté d’aller vers un chaos politique qui pourrait déstabiliser l’ensemble du pays.

Les tensions entre différentes factions du pouvoir (sécuritaire, politique, administrative) créent un équilibre précaire, où la capacité de fraude est limitée par les dissensions internes. Ces rivalités affaiblissent le régime et pourraient le rendre plus vulnérable aux contestations, et peut-être plus enclin à envisager une sortie de crise par le haut.

Le risque de l’instrumentalisation du mécontentement populaire : le précédent de 1988 et ses leçons

Notre histoire politique est marquée par des épisodes où le mécontentement populaire a été instrumentalisé par certaines factions du pouvoir pour atteindre leurs objectifs. La situation actuelle n’est pas sans rappeler les événements de 1988, lorsque le régime avait exploité la colère sociale pour introduire des réformes cosmétiques tout en renforçant son emprise sur le pays.

Les dangers d’une récupération politique du mouvement populaire

Aujourd’hui, le risque est grand de voir certaines élites tenter à nouveau d’exploiter la colère populaire pour leurs propres fins. Le Hirak a montré la capacité des Algériens à se mobiliser pacifiquement pour un changement démocratique. Cependant, sans une vigilance accrue, tout mouvement populaire pourrait être récupéré par des factions du régime cherchant à redorer leur image tout en maintenant l’essence même du système en place.

La nécessité de préserver l’autonomie du mouvement pour un vrai changement démocratique

La responsabilité des forces populaires est donc immense. Elles doivent non seulement continuer à dénoncer le système en place, mais aussi veiller à ne pas se laisser instrumentaliser. L’autonomie du mouvement est cruciale pour espérer un véritable changement démocratique en Algérie. Il ne suffit plus de rejeter le régime en place ; il est nécessaire de proposer une alternative crédible, fondée sur des principes de transparence, de justice et de participation citoyenne réelle. Le défi est immense, mais il est à la hauteur des aspirations d’un peuple qui, depuis des décennies, rêve de démocratie et de justice social.

Mohand Bakir

18 morts dans des inondations au Maroc

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Au moins 18 personnes dont trois étrangers ont péri dans des inondations provoquées ce week-end par des pluies torrentielles exceptionnelles dans le sud du Maroc, et quatre autres sont activement recherchées, a indiqué lundi soir le ministère de l’Intérieur dans un nouveau bilan.

Dix personnes ont péri dans la province de Tata (sud), trois à Errachidia (sud-est) dont un Péruvien et un Canadien, deux à Tiznit (sud-ouest), deux à Tinghir (sud-est) dont un Espagnol, et une à Taroudant (sud-ouest), a détaillé le ministère dans un bilan actualisé.

Le ministère n’a pas précisé si les ressortissants étrangers étaient des touristes.

Les recherches se poursuivent pour retrouver quatre personnes disparues dans la province de Tata, selon la même source.

De fortes pluies accompagnées de crues et d’inondations se sont abattues de vendredi à dimanche dans des localités principalement semi-arides, selon Direction générale de la météorologie au Maroc (DGM).

Un phénomène « exceptionnel » dû à la montée « d’une masse d’air tropical extrêmement instable », a expliqué la DGM.

La région de Ouarzazate, à 500 kilomètres au sud de Rabat, a reçu vendredi 47 mm d’eau en trois heures, et jusqu’à 170 mm entre samedi et dimanche à Tagounite, près de Zagora, non loin de la frontière algérienne, avait indiqué la même source.

« Le volume des précipitations enregistrées en deux jours est équivalent à celui que connaissent ces régions en temps normal durant toute une année », a souligné dimanche soir le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Rachid El Khalfi.

Le même épisode pluvieux avec des inondations monstres a touché Bechar, dans le sud-ouest de l’Algérie. Ces inondations ont laissé d’énormes dégâts matériels.

 Avec AFP

Libye : luttes d’influence à la tête de la Banque centrale

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La Libye est de nouveau secouée par les luttes de pouvoir entre les deux gouvernements de l’Est et de l’Ouest : le gouverneur de la Banque centrale a été contraint de fuir le 26 août, poussé vers la sortie par le gouvernement de l’Ouest, dirigé par Abdel Hamid Dbeibah.

 Une mission de l’ONU a été dépêchée sur place. Dimanche 8 septembre, la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont enjoint Tripoli de trouver une solution rapide. Le Parlement et le Haut-Conseil d’État libyen disposent d’un mois pour tomber d’accord et nommer un nouveau gouverneur.

C’est un poste stratégique : la banque centrale à Tripoli est la seule à contrôler les recettes pétrolières. L’installation à sa tête en tant que gouverneur par intérim d’Abdel Fattah Ghaffar a provoqué la suspension immédiate des transactions des banques internationales avec la Banque centrale libyenne.

Cette nomination ne respecte pas l’accord politique de 2015 ratifié sous l’égide de l’ONU. L’homme n’est donc pas reconnu au niveau international, explique Jalil Harchaoui, chercheur au Royal United Services Institute de Londres, au micro d’AlexisBédu : « Celui qui est présenté par le Premier ministre Dbeibah comme étant le nouveau gouverneur intérimaire de la Banque centrale, en réalité ne l’est pas. C’est-à-dire qu’il a pris le contrôle des systèmes de dinars [la monnaie locale, NDLR] en Libye. Mais pour la chose qui importe vraiment beaucoup, qui est le nerf de la guerre  à savoir les dollars, les euros, les livres sterling – il n’a pas la possibilité d’avoir accès cet argent-là. Il appartient à la Nation libyenne. »

Incertitudes sur les importations de nourriture

Il est désormais impossible pour Tripoli d’émettre des lettres de crédit pour importer de la nourriture ou des vaccins, par exemple. Des pénuries pourraient rapidement se faire sentir, toujours selon Jalil Harchaoui : « Comment est-ce que la Libye va importer de la nourriture en octobre 2024 ? Je ne connais aucun Libyen, aucun diplomate étranger, qui est capable de répondre à cette question, pour mesurer la gravité de la chose.

L’autre conséquence : la production de pétrole est à l’arrêt dans le pays. La mesure a été décidée par le gouvernement de l’Est, du maréchal Khalifa Haftar, qui détient les principaux puits et qui dénonce la prise de pouvoir de l’Ouest à la tête de la Banque centrale.

En proie au chaos depuis la chute et la mort de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux : celui d’Abdelhamid Dbeibah installé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, et un autre dans l’Est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar. La Libye tire quasiment la totalité de ses ressources de l’exploitation du pétrole, dont la production était revenue récemment à 1,2 million de barils par jour (contre à 1,5 à 1,6 millions avant la révolution de 2011).

Rfi

La fascination de Kamel Daoud pour l’extrême droite

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Kamel Daoud

Qualifié une fois pour toutes d’« écrivain progressiste », Kamel Daoud est assuré de voir son roman Houris occuper une place médiatique de choix en cette rentrée, quelle que soit sa qualité littéraire.

S’il est nécessaire de s’opposer aux courants conservateurs et intégristes algériens qui traitent l’écrivain de « harki » et de « collabo », il est tout aussi indispensable de souligner sa proximité politique avec les droites extrêmes et le Rassemblement national. Ses chroniques régulières dans Le Point sont édifiantes.

Que peut dire un écrivain des Suds, de surcroît arabe, dans le « monde libre », et plus particulièrement en France ? Il peut critiquer en toute liberté les dictatures arabes, l’intégrisme islamique et ses violences meurtrières, l’autoritarisme et les crimes de la Chine ou de la Russie — ce qui est à la fois légitime et salutaire, indispensable même.

En revanche, les critiques du chaos interventionniste des États-Unis et de leurs alliés au Proche-Orient, de l’emprisonnement arbitraire de Julien Assange durant plus d’une décennie, de l’idéologie fasciste des droites dures et extrêmes en France et en Europe ne sont guère souhaitables, certainement pas recevables, impossibles même dans la majorité des cas.

Pour qu’un écrivain des Suds puisse réellement parler, se faire entendre dans les médias mainstream, il faut faire comme Kamel Daoud : acclimater sa plume au sein de l’écosystème des médias Bolloré, participer activement à l’enrichissement d’un nouveau dictionnaire des idées reçues nommé l’« arc républicain », prêcher vaillamment à son lectorat que le Rassemblement national (RN) serait plus fréquentable, plus « républicain » et « patriote » que La France insoumise (LFI), le Nouveau front populaire (NFP) et un « Mélenchon auto-hamassisé »1.

Kamel Daoud reprend d’ailleurs ces idées dans deux de ses chroniques publiées par Le Point, aux titres évocateurs : « L’erreur du ‘‘cheikh’’ Mélenchon »2 et « Les musulmans de France sont-ils les idiots utiles des Insoumis »3 ; selon lui, il y aurait un « vote musulman » assis sur « l’antisémitisme, la volonté de détruire l’État d’Israël » et la prétendue « haine de la civilisation » française et occidentale.

Le RN plutôt que LFI

Parmi les nombreux textes illustrant son tournant réactionnaire, « Malika Sorel, Rima Hassan et le sujet caché » paru dans Le Point4 est sans nul doute la chronique qui révèle le plus la fascination de l’écrivain pour l’extrême droite.

Voulant expliquer en quoi consisterait une approche « lucide », non « victimaire et revendicative » de l’immigration et de la laïcité en France, Kamel Daoud délivre un certificat de « lucidité républicaine » à l’eurodéputée du RN, Malika Sorel-Sutter, au détriment de Rima Hassan, candidate en septième position sur la liste menée par Manon Aubry pour LFI et désormais également eurodéputée. En effet, explique-t-il, cette pamphlétaire d’extrême droite, représente « une immigration qui ose dire que l’immigration telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, dans la ‘‘soumission’’ idéologique et religieuse, est un risque majeur pour tous » ; une immigration qui ose combattre le projet politique d’une religion — l’islam, pour ne pas le nommer —, qui envisagerait d’« avaler la république puis le reste du monde ».

Malika Sorel-Sutter serait, selon la « mesure républicaine » de Kamel Daoud, le parfait remède aux idées véhiculées par Rima Hassan, cette juriste franco-palestinienne qui incarnerait , selon Daoud« l’image de l’immigré décolonisé, figé dans une posture victimaire et revendicative », le cheval de Troie que « les Insoumis tentent de monopoliser » pour capter « l’émotion propalestinienne et l’électorat ‘‘musulman’’, sinon islamiste [pour] pouvoir culpabiliser sans se sentir coupable », le signe infaillible du « basculement de l’extrême gauche fantasmée vers la radicalité ».

Certes, l’autrice de Décomposition française5 émaille ses pamphlets d’imprécations sur « la malédiction du droit du sol », sur la progressive « mise en minorité du peuple autochtone » et appelle à mettre fin à la « préférence étrangère » ainsi qu’à l’intensification de « l’immigration extra-européenne »6.

Mais cela n’empêche pas Kamel Daoud de lui décerner son certificat de « lucidité profondément républicaine » parce qu’en effet la France risquerait « d’être ‘‘avalée’’ par un islam dont ‘‘nous ne savons que faire’’ », assure-t-il en citant une source anonyme « un fin observateur de la chose franco-maghrébine » ; face à ce risque, « la radicalité bien française » des Insoumis ne pourrait opposer que le blocage du débat « à la hauteur de la polémique stérile sur l’islamophobie, le rejet, l’immigration, la délinquance ou les extrêmes politiques ».

Loin de fournir une critique fondée et argumentée du programme et des idées politiques défendues par LFI, Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan (car la gauche et l’anticolonialisme ne sont pas vertueux en eux-mêmes), et sans avoir le moindre mot sur le racisme, sur le culturalisme biologisant ostensiblement revendiqué par Malika Sorel-Sutter et le RN, l’éditorialiste des Suds dit « progressiste » préfère sermonner ses lecteurs sur l’imminence de l’apocalypse qui terrasserait la France inéluctablement — une apocalypse qui ne saurait être que mélenchonnienne, musulmane, immigrée et ‘‘wokisée’’.

Dans un même mouvement, il les rassure en leur confirmant que s’engager dans les rangs du RN, comme Malika Sorel-Sutter, signifierait avoir le mérite de briser « la règle du silence et de la compromission au nom du communautarisme », exprimer catégoriquement « le refus de s’illusionner [sur] l’immigration et l’islamisme ». Il reprend ce que ne cesse de proclamer Malika Sorel-Sutter sur le « suicide » de la France qui « fabrique la sauvagerie des enfants issus de l’immigration, une sauvagerie qui finira par l’anéantir »7.

Dans l’émission de La Grande librairie qui rendait « Hommage à Salman Rushdie »8, il a une fois de plus sermonné sur l’urgence du combat pour la préservation des libertés artistiques et du droit de rêver contre « la culpabilisation rampante de l’Occident ». Une reprise d’une novlangue destinée à dédiaboliser le RN pour l’intégrer dans l’ « arc républicain » et à marquer LFI et le NFP du sceau du « terrorisme », de l’antisémitisme et de l’« immigrationnisme ».

Le sur-citoyen-naturalisé

On pourrait revenir sur ses tristes « ‘‘Colognisation’’ du monde » et « Cologne, lieu de fantasmes9 », quand Kamel Daoud reprenait sans vérification aucune les infox de l’extrême droite allemande sur les « migrants violeurs par fatalité culturelle et religieuse ». Ou encore son glissement, dans la presse algérienne, de la critique du régime à la critique du peuple dépeint comme intrinsèquement dysfonctionnel et indiscipliné par destination ; ou son incapacité épistémique à nommer le colonialisme et le régime d’apartheid israéliens en Palestine, dans les différents textes consacrés à cette question comme « ce pour quoi je ne suis pas ‘‘solidaire’’ de la Palestine »10 ou « Une défaite pour la ‘‘cause palestinienne’’ »11, ou plus récemment encore dans « Les islamistes, grands gagnants de la tragédie de Gaza »12 où il décrit le génocide en cours et le massacre des civils comme des « erreurs de frappes (…), des victimes collatérales », parce que « Gaza reste un bourbier en ‘‘y allant’’, et ne pas y aller demeure une solution désastreuse, sinon dangereuse, pour l’avenir d’Israël ».

Depuis l’année de sa naturalisation française, en 2020, Kamel Daoud a adopté ce que j’appellerais le style du pamphlétaire-républicain, c’est-à-dire celui du sur-citoyen-naturalisé, considéré comme « ultra méritant » par essence, vigilant et éveillé à toute « offense à la République » de la part de Français « très peu méritants », que le discours raciste de certains dirigeants politiques et « intellectuels » courtisans nomme communément les « immigrés musulmans biberonnés aux aides sociales », les « Français de papiers » et « leurs alliés objectifs », l’extrême gauche mélenchonisée et wokisée, « complice du terrorisme islamiste » et du « nouvel antisémitisme ».

Ce qui frappe d’emblée à la lecture des éditoriaux de Kamel Daoud, c’est d’abord l’absence de tout intérêt pour la littérature et les arts (alors que ses admirateurs et suiveurs le présentent comme l’épiphanie de « l’Écrivain » arabe), puis son indifférence totale aux faits historiques et au réel, au profit de la réaction courtisane aux différentes polémiques fabriquées par les chefferies éditoriales dans le dessein de noyer la vie sociale et intellectuelle dans le commentaire de faits divers et de fake news. Loin de refléter la « lucidité d’un homme qui a connu le terrorisme islamiste dans son pays », comme le martèle inlassablement ses admirateurs (souvent subjugués par la simple évocation du vocable « islamisme »), les écrits de ce « progressiste du monde musulman » ne portent que sur les sujets qui obsèdent les droites dures et extrêmes de France, l’inamovible quadriptyque culturaliste : islam-banlieue-immigration-insécurité. Autrement dit, la reprise aveugle des tropes du ressentiment des dominants envers les dominés, ce « nouvel intégrisme politique » d’« extrême centre », rigoureusement analysé par le philosophe Jean-Fabien Spitz dans La République, quelles valeurs ?13 et l’historien Pierre Serna dans L’extrême centre ou le poison français. 1789-201714.

Intégré, en raison de sa conversion réactionnaire, au très respectable « arc républicain » dans le champ politique et éditoriale français, Kamel Daoud fait désormais partie de ceux qu’Alain Policar avait justement qualifié, dans La haine de l’antiracisme [Alain Policar, La haine de l’antiracisme, Textuel, 2023.], de « militants qui luttent contre d’autres militants ».

Un futur prix Goncourt ?

Son nouveau roman Houris, qui vient de paraître chez Gallimard et que toute la presse mainstream encense, ne fait pas exception. Dans un précédent ouvrage Ô Pharaon15 qu’il ne cite plus dans sa bibliographie en France, Kamel Daoud défendait la thèse selon laquelle « seuls les militaires tuaient » durant la guerre civile algérienne (1990-2002). Dans Houris, au style grandiloquent, obscur et ampoulé, il développe l’idée totalement contraire à la précédente : « seuls les islamistes tuaient » et continuent de tuer. Pour preuve : ils abattent des moutons chaque année durant les festivités de l’Aïd el-Kébir… Laissant derrière lui des décennies de despotisme militaro-pétrolier en Algérie, de mesure antisociales et d’investissements massifs dans l’instrumentalisation du religieux afin d’en finir avec la gauche et le socialisme, les « vérités romanesques » de la nouvelle Contre-enquête de Kamel Daoud sombre dans le plus caricatural des essentialismes : le Coran et la tradition islamique seraient les inépuisables puits vénéneux du terrorisme et du crime aveugle.

Développant un orientalisme doublement inversé sur la culture arabe et islamique dont il se réclame, comme l’inénarrable « humouriste » sans humour de France Inter Sophia Aram16, Kamel Daoud s’est érigé en vaillant courtisan des idées promues et diffusées par l’ « extrême centre » et les extrêmes droites en France. Quand j’entends ou lis déjà que l’auteur de Houris serait pressenti pour le Goncourt 2024, je me demande toujours : pourquoi un écrivain, qui voyait dans les propos racistes et suprémacistes de Michel Houellebecq

Je crois que le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser, en somme que leur violence diminue, qu’ils respectent la loi et les gens. Ou bien, autre bonne solution, qu’ils s’en aillent17

l’expression d’idées de l’écrivain français « le plus lucide » de son temps qui « a raison de jouir de son droit d’excès, de débordement et de provocation », dans une époque où la « lucidité est prétexte à la bêtise »18 de ceux qui verraient l’islamophobie partout, continue d’être présenté comme un « écrivain progressiste qui a connu le terrorisme islamiste en Algérie » ?

S’il est nécessaire de s’opposer aux courants conservateurs et intégristes algériens qui calomnient Kamel Daoud et le traitent de « harki » et de « collabo », le situer au sein de la formation politique dans laquelle il évolue présentement, celle qui prétend défendre la démocratie, l’émancipation sociale et citoyenne avec les outils idéologiques des droites dures et extrêmes, est salutaire pour en finir avec les récits légendaires des faux « démocrates » et « progressistes » du monde arabe et musulman.

Faris Lounis, journaliste

Source

Orient XXI, le 4 septembre 2024 :

https://orientxxi.info/magazine/la-fascination-de-kamel-daoud-pour-l-extreme-droite,7574

Notes

1Kamel Daoud, « Cœurs à prendre pour la présidentielle 2027 », Le Point, 24 mai 2024.

2Kamel Daoud, « L’erreur du ‘‘cheikh’’ Mélenchon », Le Point, 20 novembre 2023.

3Kamel Daoud, « Les musulmans de France sont-ils les idiots utiles des Insoumis », Le Point, 14 juin 2024.

4Kamel Daoud, « Malika Sorel, Rima Hassan et le sujet caché », Le Point, 8 avril 2024. Sauf mention contraire, les citations suivantes sont issues de cet article.

5Malika Sorel-Sutter, Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ?, Fayard, 2015.

6Clément Guillou, Corentin Lesueur et Alexandre Pedro, « Les vies rêvées de Malika Sorel-Sutter, la dauphine identitaire de Jordan Bardella », Le Monde, 5 avril 2024.

7Propos cités dans « Élections européennes : qui est Malika Sorel-Sutter, numéro 2 sur la liste du RN ? », Libération , 24 mars 2023.

8Augustin Trapenard, La Grande librairie, France 5, 15 mai 2024

9Référence aux violences à l’encontre des femmes, qui ont eu lieu à Cologne en Allemagne dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 2016 et dont les immigrés et les réfugiés ont été accusés. Kamel Daoud s’est emparé de l’affaire dans respectivement « ‘‘Colognisation’’ du monde », Le Quotidien d’Oran, 18 janvier 2016 et « Cologne, lieu de fantasmes », Le Monde, 29 janvier 2016, modifié le 11 février 2016.

10Kamel Daoud, « Ce pour quoi je ne suis pas ‘‘solidaire’’ de la Palestine », Le Quotidien d’Oran, 12 juillet 2014

11Kamel Daoud, « Une défaite pour la ‘‘cause palestinienne’’ », Le Point, 13 octobre 2023

12Kamel Daoud, « Les islamistes, grands gagnants de la tragédie de Gaza », Le Point,17 mai 2024.

13Jean-Fabien Spitz, La République, quelles valeurs ?, Gallimard, 2022

14Pierre Serna, L’extrême centre ou le poison français. 1789-2017, Champ Vallon, 2019.

15Kamel Daoud, Ô Pharaon, Dar El Gharb, 2005

16Dans son billet du 6 mars 2023, « La masculinité toxique des mollahs », Sophia Aram croyait faire rire les auditeurs de France Inter en assimilant, avec « art », prépuce et islam, trouvant absolument légitime et acceptable, au nom la culture arabe et islamique dont elle se réclame, le fait de s’attaquer à « l’Ayatollah Khamenei avec sa mine de peine à jouir, son prépuce en guise de turban, ses petits yeux en trou de pine et sa barbe en poils de couilles ». Cette année, elle n’a pas hésité une seule seconde, par ses saillies dans la presse, les médias et les réseaux sociaux, de s’ériger en docteur ès indignation contre son confrère Guillaume Meurice et sa blague (réitérée) quelque peu similaire à la sienne à propos du premier ministre génocidaire israélien : « Netanyahou ? Vous voyez qui c’est ? Une sorte de nazi mais sans prépuce ». Évidemment, Kamel Daoud, fidèle au panurgisme médiatique ambiant, lui a apporté son soutien dans son texte : « Si on veut défendre l’humour, il faut défendre Sophia Aram » (Le Point, 11 mai 2024).

17Michel Houellebecq, entretien avec Michel Onfray « Dieu vous entende, Michel », Front populaire, 29 novembre 2022

18Kamel Daoud, « La mosquée contre l’écrivain, le plus mauvais des castings », Le Point, 5 janvier 2023.

Présidentielle : le vrai taux de participation qui gêne le régime

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Présidentielle

En l’espace de 24h, l’ANIE, censée garantir la bonne régularité du scrutin, a semé la pagaille et confirmé les doutes de l’opinion publique sur les véritables chiffres de la présidentielle.

Disons les choses concrètement : les Algériens ont massivement boycotté ce scrutin qui n’est au demeurant qu’une parodie d’élection. Ce scrutin dont la campagne électorale a eu lieu en plein mois d’août est un cinglant revers pour ceux qui dirigent l’Algérie. Tebboune en premier.

23 à 25% de participation

Quel pataquès ! En deux jours, tout est parti en vrille ! C’est dire l’improvisation et l’incompétence qui regnent en haut lieu.

Triomphant, Mohamed Charfi a annoncé dimanche la victoire du chef de l’Etat avec 94,65 % des voix. Allant dans un peu plus de détails, mais pas trop le président de l’ANIE soutient qu’Abdelmadjid Tebboune  a obtenu 5 329 253 voix, soit 94,65 % des suffrages exprimés. Abdelaali Hassani Cherif candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a été crédité de 178 797 voix (3,17 %). Quant à Youcef Aouchiche, du Front des forces socialistes, il n’a obtenu que 122 146 voix (2,16 %). Samedi 7 septembre, le même Mohamed Charfi annonçait guilleret que le taux de participation était de 48,03%.

Cependant, il y a un gros lézard dans ces chiffres. Et il est pourtant facile à trouver le bon taux de participation suite aux derniers suffrages donnés. Mohamed Charfi a annoncé 5 630 196 de suffrages sur 24 351 551 électeurs composant le corps électoral. Après un rapide calcul, on arrive à un taux de participation qui oscille entre 23 et 25 %. Guère plus.

Jusqu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’Autorité nationale indépendante des élections est incapable de livrer le taux de participation au scrutin.

L’islamiste Abderrazak Makri, s’est fendu d’un post sur Facebook qu’il depuis supprimé dans lequel il dénonçait un « gonflement sans précédent du taux de participation dans toute l’histoire des élections algériennes ». Puis il assène : « Le président n’avait même pas besoin de manipuler ce taux, il avait déjà gagné, a-t-il ajouté. Cette falsification du taux de participation retire toute crédibilité au scrutin. »

L’attitude des Algériens dans ce scrutin est exemplaire. Elle est en droite ligne de ce qu’ils ont réalisé pendant les manifestations du Hirak. Pacifiquement, sans bruit, ni trompettes, ils viennent de signifier par une révolution silencieux qu’ils ne veulent plus de Tebboune et de ses parrains.

Aussi, on est en droit de s’interroger sur la pertinence d’un scrutin dont le gagnant est connu d’avance. Pourquoi se livrer ainsi au spectacle, dépenser des milliards pour un évènement qui n’en est pas un ? Si on voulait saboter ce scrutin on ne se serait pas en effet pris autrement. Un vrai camouflet. Le taux brejnevien accordé à Tebboune restera une tache noire.

Avec un boycott à hauteur de 75%, la fracture est immense entre ceux qui décident et la rue. Il y a comme une rupture difficile à combler avec les artifices habituels. La propagande, le mensonge et la terreur ne fonctionnent plus.

Le chef de l’Etat continue-t-il à se gargariser de sa victoire après un revers aussi cinglant  ou se ressaisira-t-il pour être l’homme du moment pour le bien du pays ?

Yacine K.

Tebboune félicité par les grandes démocraties arabes !

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Tebboune
Tebboune (79 ans), chef de l'Etat.

Alors que l’ANIE n’arrive pas à se sortir de ses annonces calamiteuses et contradictoires des résultats de la présidentielle, les monarchies et présidents autocrates arabes se sont relayés pour féliciter leur alter ego Abdelmadjid Tebboune pour sa victoire. Touchant.

Le serviteur des deux Lieux saints de l’islam, le roi du Royaume d’Arabie saoudite, pays frère, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, et le prince héritier, Mohammed ben Salmane, ont félicité Abdelmadjid Tebboune, pour sa réélection pour un second mandat présidentiel.

L’Emir de l’Etat du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, a félicité également Abdelmadjid Tebboune, au téléphone, « pour la confiance qui lui a été renouvelée par le peuple algérien pour un nouveau mandat présidentiel, qui vient couronner un effort sincère et dévoué, durant cinq années d’un travail assidu au service de l’intérêt national, mais aussi aux niveaux régional et international ».

De son côté, Abdelmadjid « a adressé ses remerciements à son frère, l’Emir de l’Etat du Qatar, pays frère, pour ses félicitations fraternelles et ses nobles sentiments, ainsi que pour les efforts consentis par l’Etat du Qatar en faveur du peuple palestinien ».

A cette occasion, les deux dirigeants ont réaffirmé « leur volonté de continuer à œuvrer pour le renforcement de la coopération dans tous les domaines au bénéfice mutuel des deux peuples frères ». Bouleversant échange !

Idem pour l’Emir de l’Etat du Koweït, son Altesse Cheikh Mechaal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, qui a adressé un message de félicitations à son frère le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, dans lequel il lui a adressé ses vœux de succès, de réussite, de santé et de bien-être, souhaitant davantage de développement aux bonnes relations entre les deux pays frères.

A leur tour, le vice-président, Premier ministre et gouverneur de Dubaï, son altesse Cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, et le vice-président, vice-Premier ministre et président de la Cour présidentielle, son Altesse Cheikh Mansour ben Zayed Al Nahyane, ont également adressé des messages de félicitations au président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. De grands démocrates qui ignorent tout du suffrage universels !

Pour sa part, le président de la République islamique de Mauritanie, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a félicité son frère le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, pour la confiance qui lui a été renouvelée par le peuple algérien et sa réélection pour un nouveau mandat, lui adressant ses vœux de succès et de réussite dans son parcours présidentiel, tout en mettant en avant la solidité des relations entre l’Algérie et la Mauritanie ».

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu également, lundi, un appel téléphonique de son homologue somalien, M. Hassan Sheikh Mohamud, lors duquel il l’a félicité pour sa réélection pour un nouveau mandat présidentiel.

Le président de l’Etat de Palestine (88 ans), Mahmoud Abbas, avait félicité dimanche le président de la République pour sa réélection, lui adressant ses chaleureuses félicitations, en son nom et au nom du peuple palestinien frère, pour son élection pour un nouveau mandat présidentiel, lui souhaitant plein succès au service du peuple algérien et des causes de la Oumma.

Le président de la Tunisie, Kaïs Saïed, a également félicité, en son nom et au nom du peuple tunisien, son frère le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, pour son élection pour un nouveau mandat présidentiel, en lui souhaitant, ainsi qu’au peuple algérien, davantage de progrès et de prospérité. Kaïs Saïed, candidat à sa propre succession, s’est illustré ces derniers mois en écartant tous les candidats susceptibles de lui barrer la route. Certains se sont même retrouvés derrière les barreaux, la justice leur ayant préparés des dossiers bien épais.

De même, le dictateur syrien, Bachar al Assad, a félicité son frère le président de la République pour sa réélection pour un second mandat, notant que « la victoire méritée de Monsieur le Président est une preuve de la confiance placée en lui par le peuple algérien, et de sa sagesse et son approche des évènements qui secouent le monde ».

Le président de la République a reçu un appel téléphonique de son homologue turc, M. Recep Tayyip Erdogan, lors duquel il l’a félicité pour sa réélection. Emmanuel Macron, président français, a lui aussi envoyé un message laudatif à Abdelmadjid Tebboune. «Le dialogue entre l’Algérie et la France est primordial, notamment dans le contexte de la présence de l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations unies », a-t-il écrit. Cynique Macron a soutenu, en dépit des réalités, que « les relations avec l’Algérie demeurent exceptionnelles dans tous les domaines, notamment la sécurité et la lutte contre le terrorisme ».

Tout cela au moment où les relations entre les deux pays sont gelées et l’ambassadeur d’Algérie rappelé à Alger. Comme quoi il y a des opportunités à tout pour passer l’éponde sur le passé.

Le Département d’Etat américain a salué, lui, les résultats de l’élection présidentielle, réaffirmant l’intérêt des Etats-Unis pour leurs relations avec l’Algérie et leur volonté de continuer à travailler avec le Président de la République pour les approfondir au cours de son second mandat.

La rédaction

Jordan Bardella accusé d’avoir contribué à produire de « fausses preuves de travail »

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Bardella
Jordan Bardella

Selon un livre à paraître d’un journaliste de « Libération », l’actuel patron du Rassemblement national faisait partie de ces assistants fictifs, payés par l’Union européenne mais employés par le parti d’extrême droite.

Il ne sera pas sur le banc des prévenus mais l’affaire le rattrape. Dans un livre à paraître le 13 septembre, le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, est accusé d’avoir contribué à fabriquer « de fausses preuves de travail » pour « berner la justice et justifier » son emploi comme assistant parlementaire européen. « Le jeune lepéniste était payé par l’Europe mais employé par le RN », écrit l’auteur du livre, le journaliste Tristan Berteloot, lundi 9 septembre, dans Libération, quotidien pour lequel il travaille.

Marine Le Pen est citée à comparaître à partir du 30 septembre avec 26 autres personnes et le RN (ex-FN avant de changer de nom en juin 2018), cité en tant que personne morale, pour faire la lumière sur des soupçons de détournements de fonds européens entre 2004 et 2016. Les prévenus sont poursuivis pour avoir mis en place durant cette période un système de rémunération par l’UE des assistants d’eurodéputés qui travaillaient en réalité pour le parti d’extrême droite. Marine Le Pen, qui a toujours contesté ces accusations, est visée pour détournement de fonds publics et complicité. Elle risque notamment une peine d’inéligibilité de cinq ans.

Jordan Bardella ne figure pas parmi les 12 ex-assistants parlementaires jugés dans cette affaire. Pourtant, selon le livre à paraître La Machine à gagner, son nom apparaît bien dans l’organigramme du Front national publié en février 2015 et qui a « motivé le Parlement européen à saisir la justice française ». L’actuel patron du parti y est désigné comme « chargé de mission » auprès de Florian Philippot, ancien vice-président du FN, alors qu’il est aussi « censé être l’assistant parlementaire local de l’eurodéputé Jean-François Jalkh ».

Le journal évoque des « preuves factices »

Pour cette mission de « quatre mois et demi », Jordan Bardella a « perçu un salaire de 1 200 euros net mensuel », soit un coût de « 10 444 euros » pour les instances européennes, écrit le journaliste de Libération. Selon les propos de l’ancien eurodéputé Aymeric Chauprade, brouillé avec le RN, rapportés par le quotidien, Jordan Bardella n’a pourtant jamais « rééellement [exercé] ses fonctions » d’assistant parlementaire.

Fin 2017, deux ans après l’ouverture d’une enquête par le parquet français sur cette affaire, l’équipe de l’étoile montante du RN, alors porte-parole du parti et bientôt candidat aux européennes de 2019, va « préparer un dossier de preuves factices, antidaté de la période où Jordan Bardella était employé comme assistant », avance Tristan Berteloot. Le dossier en question consiste en une revue de presse régionale « couvrant la période de contrat » comme assistant parlementaire, de février à juin 2015, censée renseigner l’eurodéputé Jean-François Jalkh des événements dans la région.

Problème, relève Libération : « la date de recherche » a été recouverte de « blanco ». Sur ces documents, Jordan Bardella « a écrit à la main les mots ‘politique locale’, ‘divers’, ‘société' », ajoute le journal. Libération cite notamment à l’appui un message d’un stagiaire travaillant pour l’avocat belge Ghislain Dubois, qui aurait déclaré lors d’un échange sur une messagerie avec d’anciens membres du parti qu’il avait « créé des faux dossiers pour des assistants qui n’ont jamais travaillé pour le Parlement européen ». Contacté par l’AFP, Ghislan Dubois n’était pas immédiatement disponible pour réagir.

Le RN dénonce des « accusations mensongères »

Dans un communiqué du RN publié lundi, « Jordan Bardella conteste formellement » ces « accusations mensongères ». Le parti se défend de ces accusations et explique qu' »alors qu’il était encore étudiant, Jordan Bardella a été employé à mi-temps, du 16 février au 30 juin 2015, pour une rémunération de 1 200 euros net (…) et a travaillé dans ce cadre, sans aucune infraction, ni irrégularité, tant au regard du règlement du Parlement européen que de la loi française ».

« Après avoir entendu Jean-François Jalkh, ni le Parlement européen, ni l’OLAF [l’Office européen de lutte anti-fraude], ni la justice française n’ont trouvé à y redire. Aucun justificatif n’a été demandé et a fortiori versé à la justice », déclare le Rassemblement national, estimant que « personne ne sera dupe de cette grossière tentative de déstabilisation » à trois semaines de l’ouverture du procès. Le Parlement européen a évalué en 2018 son préjudice à 6,8 millions d’euros.

Francetvinfo

Hassani Cherif : « Les résultats des élections sont une farce et nous ne les reconnaîtrons pas »

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Abdelaali Hassani Cherif
Abdelaali Hassani Cherif se défausse sur l'Anie.

Le candidat du MSP à la présidentielle, Abdelaali Hassani Cherif, a affirmé qu’il ne reconnaît pas les résultats, les considérant comme une farce qui ne sert pas la stabilité de l’Algérie.

C’est ce qu’il a déclaré, le candidat islamiste ce lundi, lors d’une conférence de presse. Il a même ajouté : « nous déposerons des recours sur la base des dossiers dont nous disposons et attendrons ensuite les résultats qui seront révélés par la Cour constitutionnelle ». Voilà donc, Hassani Cherif, qui a joué les lièvres et passé sous silence toutes les dérives du pouvoir pendant la campagne électorale, se découvre l’âme d’un pourfondeur du système.

Le candidat du MSP a noté que « l’Autorité électorale indépendante a admis après la déclaration tripartite des directeurs de campagne électorale que les résultats qu’elle a publiés n’étaient pas vrais ».

Youcef Aouchiche exige une enquête sur les résultats de la présidentielle

Dans une conférence de presse organisée, ce lundi, au siège du parti, le candidat du Front des forces socialistes (FFS), Youcef Aouchiche, a demandé l’ouverture d’une enquête sur les résultats annoncés par le chef de l’Autorité électorale nationale indépendante, Mohamed Charfi, dénonçant ce qu’il a qualifié de « manœuvres ignobles contre son parti ». 

L’administration locale a fait preuve d’un parti pris flagrant, alors que la loi interdit strictement à ses représentants d’interférer dans l’organisation des élections.

Il a déclaré qu’il est « préoccupé par le manque de transparence et l’ambiguïté qui ont entouré le processus de recueil et d’annonce les résultats provisoires des élections présidentielles ». Faignant de découvrir les réalités du pays, il estime que ce que vit l’Algérie aujourd’hui comme « un moment dangereux qui nécessite une action de la part des patriotes ».

Le candidat du Front des forces socialistes a déclaré que « les chiffres annoncés ne correspondent même pas aux indications consignées sur les PV mis à la disposition des représentants des candidats ». Seulement voilà, toutes ces déclarations arrivent trop tard, ces deux candidats malheureux ont fait les lièvres et cautionné une élection jouée d’avance.

Samia Naït Iqbal

« Présidentielle » : on n’est jamais à une bouffonnerie près !

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Tebboune
Tebboune parle pour rien. De vaines déclarations...

Stupéfiant que les deux candidats marchepieds des élections présidentielles dénoncent des manœuvres frauduleuses lors du décompte et de la publication des résultats.

Avec un pourcentage proche de la grandeur d’une paramécie étudiée en sixième, ils se rendent compte subitement de la nature du régime auquel ils ont donné leur caution de légitimation pour le prix d’un plat de lentilles.

Mais ils ne nous intéressent pas car insignifiants dans leur dignité tout autant que la compromission dont ils ont fait preuve. Plus stupéfiant, Abdelmadjid Tebboune conteste la régularité du scrutin et l’incohérence du résultat.

C’est la première fois au monde qu’un dirigeant qui tient un pays d’une main de fer en terrorisant, incarcérant et menaçant l’opposition, conteste l’irrégularité du scrutin entièrement contrôlé par ses services et sbires.

Verrait-on Poutine contester le score obtenu pour son élection ? D’ailleurs il serait malvenu de le faire pour un score à la soviétique.

Devant l’invraisemblable, je ne peux trouver que deux réponses rationnelles. La première est que Tebboune, avec sa puissance cognitive qui n’atteint pas son score, ne s’est pas aperçu que le candidat était également président. Personne ne l’aurait averti ?

Ou alors il a cru jouer un coup de génie en faisant croire que sa conscience de démocrate ne pouvait fermer les yeux devant des fraudes aussi honteuses. Qu’aurait-il à perdre avec son score et sa puissance de conviction…musclée ?

Il y a également le champion, une bête de concours, le candidat islamiste dont le score atteint les niveaux de l’importance de son mouvement. Il a déclaré qu’il était « fier de la grande participation des algériens à l’élection présidentielle ».

Dites-moi, il sait lire les chiffres ?

Et puis il y a le valet, celui sur qui tout tombe, celui qui avait cru être félicité par le maître, le président de l’autorité électorale (Anie), Mohamed Charfi.

Les valets, c’est fait pour servir et prendre des coups de pieds.

Boumediene Sid Lakhdar

Le président français félicite le Tebboune pour sa réélection

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Tebboune Macron

« Le président de la République française, Emmanuel Macron, a adressé ses plus vives félicitations au président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, pour sa réélection à la Présidence de la République », lit-on dans le communiqué.

Le président français a précisé que « les relations avec l’Algérie demeurent exceptionnelles dans tous les domaines, notamment la sécurité et la lutte contre le terrorisme », selon le communiqué.

Le Président Macron a ajouté que « le dialogue entre l’Algérie et la France est primordial, notamment dans le contexte de la présence de l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations unies ».

Après avoir souligné que « des liens d’amitié forts unissent la France et l’Algérie », le président français a dit qu’il entendait « poursuivre résolument le travail ambitieux engagé avec la Déclaration d’Alger pour renouveler le partenariat qui unit nos deux pays », conclut le communiqué.

L’Algérie a rappelé depuis fin juillet son ambassadeur suite au soutien du président français au plan marocain sur le Sahara occidental.

Avec APS

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