21 avril 2025
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Les médecins résidents intensifient leur mouvement de protestation

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Médecins résidents

Dans un contexte de black-out médiatique et en l’absence de toute volonté de dialogue de la part des autorités, le mouvement de protestation des médecins résidents dans les hôpitaux algériens entre dans sa neuvième semaine consécutive.

La situation de pourrissement imposée par le régime les a poussés à intensifier leurs protestations en organisant des sit-in à l’intérieur des hôpitaux pour faire pression sur la tutelle pour l’amener à la table du dialogue.

Les médecins résidents, des étudiants en médecine en phase de stage de pré-diplôme, poursuivent leur grève depuis le 9 décembre dernier pour protester contre ce qu’ils considèrent comme « une dégradation de leurs conditions sociales et professionnelles, qui affecte négativement leur performance et fragilise la qualité des soins prodigués aux patients ».

Les médecins expriment leur mécontentement face à leurs faibles salaires mensuels, qui ne reflètent pas le volume de travail qu’ils effectuent et ne suffisent pas à couvrir le coût de la vie. Ils réclament une augmentation de leurs salaires et une révision de diverses subventions et compensations, comme les primes de garde et de rendement.

Ils réclament également une modification du « Registre des médecins résidents » pour clarifier leurs droits et devoirs, et définir leurs tâches au sein des hôpitaux, tout en impliquant leurs représentants dans les décisions liées à leur parcours académique et à leur avenir professionnel.

Les médecins réclament également que leurs diplômes soient reconnus au même titre que les autres spécialisations universitaires, que les services sociaux soient améliorés et que les droits des médecins résidents de sexe féminin en congé de maternité soient reconsidérés, sans que cela n’affecte leur carrière universitaire.

Dans leur dernière déclaration, les étudiants médecins grévistes ont affirmé qu’ils ne cherchent pas à entraver le système de santé ni à entrer en confrontation avec une quelconque partie, mais réclament seulement des droits légitimes qui leur garantissent des conditions de travail décentes qui récompensent leurs efforts et contribuent à améliorer la qualité des soins de santé pour les citoyens algériens. 

Ils estiment que leurs demandes ne sont pas exagérées, mais représentent plutôt le minimum pour assurer un environnement de travail qui respecte les sacrifices consentis par le médecin résident au quotidien. Les médecins résident ont également souligné la nécessité de « poursuivre la grève légale jusqu’à ce que toutes leurs revendications soient satisfaites, et d’organiser prochainement des manifestations nationales pour dénoncer les conditions difficiles dans lesquelles ils vivent et rejeter toute forme de marginalisation ».

Silence médiatique

Les médecins résidents ont vivement critiqué le « black-out médiatique sur leur mouvement de protestation ». Ils ont appelé les autorités officielles à ouvrir des canaux de dialogue et à répondre à leurs demandes, soulignant leur disposition à négocier avec les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, qui sont leurs tutelles directes,. 

Ils ont aussi sollicité une deuxième réunion avec la commission de la santé du Parlement, avec la présence d’un représentant de chaque faculté de médecine, pour discuter des solutions possibles dans les cadres législatif et réglementaire. 

Les médecins résidents reçoivent de bas salaires, ne bénéficient pas d’avantages sociaux. Les femmes médecins résidents n’ont pas droit à un congé de maternité, malgré les grandes responsabilités qu’elles assument dans les hôpitaux. 

Rabah Aït Abache

Trump insiste : les Palestiniens ne reviendront pas à Gaza

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Gaza martyrisée

Le président américain, Donald Trump, revient à la charge et soutient mordicus que dans le cadre de son plan pour Gaza, les Palestiniens n’auront pas le droit au retour. Pendant ce temps la population palestinienne encaisse cette énième attaque qui menace leur existence à Gaza.

Dans une interview diffusée le 10 février, il a clairement affirmé que les Palestiniens n’auraient pas ce droit, justifiant sa position par l’idée qu’ils pourraient bénéficier de logements de bien meilleure qualité ailleurs. « Non, ils n’en auraient pas car ils auront des logements bien meilleurs », a-t-il déclaré au journaliste de Fox News, Bret Baier. Il poursuit : « En d’autres termes, je parle de leur construire un endroit permanent parce que s’ils doivent revenir maintenant, il faudrait des années avant qu’ils puissent le faire, ce n’est pas habitable ».

Cette affirmation soulève des questions profondes sur la situation des Palestiniens et sur les implications de la politique américaine en faveur d’Israël au Moyen-Orient.

Donald Trump a poursuivi en expliquant que la reconstruction de Gaza nécessiterait un temps considérable et que le retour des Palestiniens dans un territoire ravagé par la guerre serait impraticable. En agent immobilier Trump réaffirme, selon cet extrait, sa volonté de prendre « possession » de la bande de Gaza. Il assure qu’il pourrait y avoir jusqu’à six sites différents où les Palestiniens pourraient vivre en dehors de Gaza dans le cadre de son plan. 

Cette vision soulève des préoccupations quant à la manière dont les droits des Palestiniens sont perçus et traités dans le cadre des négociations de paix.

Les réactions à ces déclarations particulièrement graves ne se sont pas fait attendre. Les États arabes, qui soutiennent traditionnellement la cause palestinienne, ont exprimé leur rejet du projet de Trump, le qualifiant de tentative de prise de contrôle de la bande de Gaza et d’éviction de sa population.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a souligné l’importance de reconstruire l’enclave palestinienne et de maintenir sa population sur place. Dans un communiqué, il a insisté sur la nécessité d’un dialogue constructif et d’une approche qui respecte les droits des Palestiniens.

Le soutien de Trump à Israël, qui a été un élément central de sa politique étrangère, complique encore davantage la situation. Son administration a pris plusieurs mesures favorables à Israël, notamment la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et le soutien à l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie. Ces actions ont été perçues par beaucoup comme une sérieuse atteinte au processus de paix, favorisant les intérêts israéliens au détriment des droits palestiniens.

La question du droit au retour des réfugiés palestiniens est un sujet délicat et complexe, enraciné dans des décennies de conflit. Il est déjà soulevé dans la question des retour des Palestiniens victimes de la Naqba.

Pour de nombreux Palestiniens, ce droit est un symbole de leur identité et de leur lutte pour la justice. Les déclarations de Trump, en niant ce droit, risquent d’aggraver les tensions et de rendre encore plus difficile la recherche d’une solution pacifique.

En clair, les propos de Donald Trump sur le droit au retour des Palestiniens et son soutien indéfectible à Israël soulèvent des questions cruciales sur l’avenir du processus de paix au Moyen-Orient. Les États arabes et les dirigeants palestiniens continuent de s’opposer à ses plans, l’Egypte a appelé à un sommet au Caire pour fin février. Cependant que peuvent-ils devant le rouleau compresseur américain surtout si l’on sait que nombre de ces pays dépendent de l’aide financière pour certains, comme l’Egypte et de la protection américaine comme les royaume du Golfe. Alors ?

Sofiane Ayache avec agences

Des syndicats de l’éducation annoncent une grève de deux jours

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Cnapest
Photo d'archives

Rien ne va plus dans le secteur de l’éducation. Faute d’être entendus par la tutelle invitée à retirer loi portant statut particulier, les enseignants des trois cycles de l’enseignement scolaire ont décidé de mettre à exécution la menace de la grève, brandie il y a une quinzaine de jours.

Soutenue par une coalition de syndicats autonomes, la grève débutera ce mardi et se poursuivra le lendemain mercredi. Les syndicats appellent aussi a la tenue des rassemblements devant les directions de l’éducation des wilayas. 

Dans un communiqué, la coalition des syndicats indépendants estiment que « le statut particulier a déçu nos espoirs. Il n’a pas non plus été à la hauteur de nos aspirations, ni  pris en compte la noblesse de notre profession et n’a pas rendu justice à nos droits légitimes. Au lieu d’être un soutien et un moteur de notre parcours professionnel, le statut élabore par le ministère de l’Education nationale et dont une copie du projet ne nous a pas été remise lors de son élaboration. s’est accompagné de nouvelles restrictions et de sanctions injustes qui ont porté atteinte à notre dignité, ne tenant compte d’aucune  considération pour le rôle et le statut de l’enseignant, en tant qu’acteur principal dans l’éducation des générations ».

Les syndicats ont également souligné que la loi « ne répondait pas, dans sa partie relative au système de rémunération, aux exigences qui permettraient d’améliorer le pouvoir d’achat, d’élever le statut social souhaité et d’atteindre une vie décente, ainsi que de ne pas respecter la décision du président de la République de calculer l’effet rétroactif des salaires et des indemnités à partir du 1er janvier 2024 ».

Tout en exprimant « son rejet absolu du contenu injuste du statut particulier qui hypothèquera le parcours professionnel des enseignants », la coalition des syndicats autonomes du secteur de l’éducation nationale a appelé les enseignants et les professeurs à participer fortement à la grève et à rester mobilisés « jusqu’à ce que les revendications annoncées soient satisfaites ».

Notons que cet appel à une grève de deux jours intervient au lendemain de l’annonce faite par Abdelmadjid Tebboune de réduire de 3 ans l’âge du départ à la retraite des enseignants. 

Samia Naït Iqbal

32 candidats à l’immigration clandestine secourus au large de Tipaza

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Gardes-côtes

Dans la nuit du 8 février 2025, les unités de la garde-côtes algerienne ont mené une opération de sauvetage au large de la côte de Douaouda, à Tipaza. L’intervention a permis de secourir 32 candidats à l’immigration clandestine de différentes nationalités africaines.

Suite à l’alerte reçue par le Centre national de garde et d’Opérations de Sauvetage en Mer (CNGOSM)  signalant la présence d’une embarcation en difficulté à 2 miles nautiques au nord de la marine de Dawada, les unités du groupe régional des gardes-côtes d’Alger et de Cherchell ont immédiatement été déployées sur les lieux.

Grâce à une intervention rapide et coordonnée, les Garde-Côtes ont réussi à localiser et à sécuriser l’embarcation, à bord de laquelle se trouvaient 32 personnes en situation de détresse. 

Les candidats à l’immigration clandestine ont éte transférés sains et saufs vers le port de Cherchell, où ils ont reçu une assistance médicale.

Le ministère de la Défense a souligné que « l’opération reflète l’engagement continu des unités de garde-côtes de la Marine pour faire face aux dangers de la mer et sauver des vies humaines en toutes circonstances ».

Lors de deux opérations précédentes au courant  de la semaine dernière, les garde-côtes ont secouru 31 candidats à la migration irrégulière d’origine somalienne et du Soudan sud, au large des wilaya  de Jijel et de Boumerdès. 

Samia Naït Iqbal

Yennayer : histoire, culture, citoyenneté et défis

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Yennayer

C’est à Massinissa, roi Berbère (238-148 avant J-C) que l’on doit la fondation du premier royaume berbère vers 117 avant J-C. Grand stratège militaire, Massinissa réussit à unifier tous les territoires de la Numidie pour y fonder un vaste royaume avec des attributs d’un Etat moderne : une capitale, Cirta (actuelle Constantine) des frontières, une armée et frappa monnaie.

D’où vient Yennayer, 1er jour de l’an amazigh ?

Une histoire, un marqueur identitaire. Janvier (Janus) était le dieu du soleil dans la Rome antique sous le règne de Constantin le Grand (272-337). Il est représenté par le symbole à l’effigie du dieu Janus dans un cercle solaire aux deux visages : l’un regardant vers le passé et l’autre vers le futur.

Yennayer serait ainsi dérivé du mot latin laniarus (premier jour) du calendrier des seuils, (Amnar). On parlait alors de calendes de janvier, Tabburt Usseggas (porte de l’année). Il correspond au 12 janvier du calendrier grégorien en décalage de 12 jours par rapport au calendrier Julien.

Ce calendrier est d’origine agraire remontant vraisemblablement au néolithique (10 000 avant J.-C à 2200 avant J.-C), apparition de l’agriculture qui va bousculer les modes de vie des populations vivant jusqu’ici de chasse.

Chachnaq 1er : C’est au sein du cercle de l’Académie Berbère à Paris dans les années mille neuf cent quatre-vingt, que des militants amazighs vont décider de faire démarrer l’ère amazighe en 950 avant J-C, coïncidant avec l’arrivée au pouvoir dans l’Egypte antique du roi berbère Sheshonq 1er (Chachnaq) en Berbère, Shishak (ק ַׁיש ִׁש (dans la Bible hébraïque.

Ce dernier s’empara du pouvoir, réunifia le royaume et monta sur le trône. Il fondera la XXII dynastie des pharaons (945-715 avant J-C), succédant à Psousennès II. Dans les Aurès, de nos jours encore, Yennayer est désigné comme le jour du pharaon d’où l’expression berbère « Ass n’ferraûn ».

Yennayer célèbre le retour de la lumière (les journées se rallongent), et le début de l’année. C’est le solstice d’hiver qui marque le renouveau de la nature et la fête animiste du soleil. C’est le mythe antique du « soleil invaincu » à Rome sous le règne de l’empereur Aurélien (270-275 avant J-.C).

Pour prolonger vos lectures sur l’origine de Yennayer et ses rituels notamment en Kabylie, nous vous recommandons les ouvrages : « Yennayer l’identité recouvrée » de Rachid Oulbsir Ed Afriwen-2019 et « Yennayer Amager n’tefsut rituels dans la tradition Kabylo-Amazigh- de Madjid Boumekla : Ed Amazon

De l’espace privé de semi clandestinité à la consécration institutionnelle

Il est loin le temps où Yennayer était fêté dans la clandestinité et dans des espaces clos, car tantôt assimilé à du folklore, ou à des croyantes païennes archaïques, bannies par le discours officiel s’adossant à un islam rigoriste, hégémonique et totalitaire.

Yennayer, comme l’emblème amazigh seront interdits des décennies durant en Afrique du Nord. Face à une véritable machine de guerre de propagande, les Amazigh ont su opposer un formidable travail de mémoire qui a permis de résister aux diverses tentatives d’asservissement et d’effacement.

Des décennies de combat pacifique

Rendons aux hommages à ces générations de militants-tes, qui ont tant souffert de la répression, de l’ostracisme et des humiliations. Le combat pacifique de longue haleine qui a été celui de ces hommes et femmes qui, souvent dans la solitude et l’anonymat ont affronté les dures épreuves face aux pouvoirs politiques et religieux tacitement complices, qui n’avaient qu’un objectif : effacer de la mémoire une identité trois fois millénaire et imposer un récit, une histoire, une identité de substitution biaisées et frelatées.

La mémoire contre l’oubli

Du mouvement national au printemps berbère, à la tragédie de 2001 où 123 jeunes Kabyles ont été fauchés par les gendarmes et des centaines de blessés, de mutilés ; pour avoir revendiqué leur identité et manifesté leur désir de vivre libres.

Au Maroc, les militants ont aussi arraché de haute lutte cette reconnaissance, et en Tunisie et en Libye des amazighs revendiquent aussi leur histoire et leur identité. Le long travail de production, de réflexion, d’engagement et de sacrifices des militants tes intergénérationnel a fini par payer, le nouvel an amazigh s’est désormais imposé comme une date charnière et un repère identitaire dans l’histoire des Imazighens.

Par ce long combat, les Amazigh ont enfin le sentiment d’exister et ont cessé d’être les exilés de leur histoire et les orphelins de leur culture.

D’Alger en Kabylie, de Khenchela à Tlemcen, de Tanger à Tunis, de Bamako à Nouakchott aux iles Canaries, en Europe, Canada aux USA et même en Chine, Yennayer est vécu comme une renaissance du monde amazigh, une étoile qui scintille.

En Algérie en 2018, au Maroc en 2023, et progressivement en Lybie, Yennayer sera consacré comme journée fériée et célébrée avec faste dans toutes les villes et contrées de l’Afrique du Nord et sahélienne.

Aux sources d’une tradition millénaire

Le nouvel an amazigh c’est à la fois le début de l’année, avec les vœux d’une vie féconde, d’abondance, de paix, de fraternité, de partage, éloignant les périls de la famine, des conflits. Mais Yennayer c’est aussi l’emblème Amazigh qui rayonne sur les festivités, c’est aussi une histoire, célébrée comme autant d’attachements à des traditions, culinaires artistiques, vestimentaires aussi diverses que plurielles à la mesure de l’immense espace géographique du monde Amazigh.

Autour d’un repas traditionnel, familles, amis, militants, associatifs, invités, se retrouvent, fiers se réapproprier par le rituel, les chants, les danses, toute la diversité d’un riche patrimoine qui témoignent de la vitalité et de la résilience d’une culture et d’une histoire séculaire.

Yennayer le lien à la terre, à l’environnement

Yennayer rime avec fertilité, prospérité pour éloigner les périls de la sécheresse et de la famine. Fécondité, profusion, prospérité vont alors constituer les trois sésames dans l’imaginaire berbère, célébrés de nos jours encore par un grand repas traditionnel (couscous aux sept légumes) et le vœu d’une année de production et d’abondance.

Yennayer c’est aussi le lien à la nature et à la terre nourricière et de l’impératif de leur préservation. Pourtant n’ayant pas fréquenté l’école, nos anciens avaient le bon sens paysan et ont compris que maintenir une relation durable avec la nature et l’environnement, les respecter est le meilleur garant de la survie de l’humanité. La tradition se perpétue encore de nos jours et les femmes emmènent les enfants dans les champs pour une immersion dans la nature.

Yennayer : aux sources des valeurs de démocratie et de solidarité

Au-delà des symboliques traditionnelles, Yennayer est aussi un moment de rappeler les valeurs de solidarité et le sens du bien commun « lmecmel », qui caractérisent la société Amazigh. Yennayer c’est aussi cette emprunte citoyenne qui, puisant dans ce fond commun de l’humanité nous invitent à en partager les exigences éthiques, les principes et les règles d’un mieux vivre ensemble dans le respect et l’altérité.

Nos valeurs, de liberté, de citoyenneté, de solidarité, notre éthique, seront demain les meilleurs remparts contre toute forme de domination, de soumission et d’arbitraire mais aussi de vigilance devant les périls et les menaces de déflagration de notre monde face aux appétits des uns et l’instinct de domination des autres.

Aujourd’hui Yennayer fête nationale et officielle tend à s’internationaliser, a triomphé de ses détracteurs et de ses pourfendeurs. Belle revanche de l’histoire-prouvant que les causes justes finissent toujours par triompher- le tout est d’y croire et de ne pas s’épargner les combats salutaires. Même s’il reste encore des résidus d’hostilité, le sillon est tracé et ce n’est qu’un combat d’arrière-garde de ceux qui en réalité, ont perdu la bataille de la culture et des idées et s’accrochent à des fantasmes et se réfugient dans le dogme et le sacré.

Tassadit Yacine et Pierre Bourdieu avaient raison de rappeler que le titanesque travail de Mouloud Mammeri, et de tant d’autres avant et après lui, en semant les graines de l’espoir, ont permis aux Amazigh de relever la tête, de sortir du syndrome de la fatalité et de la soumission.

Ils se réapproprient aujourd’hui fièrement leur culture, leur histoire, leur identité, articulées aux valeurs intrinsèques de démocratie, de liberté, d’égalité hommes femmes, de laïcité, d’altérité, de solidarité qui nous prédisposent à intégrer les sociétés modernes et à œuvrer à un monde meilleur.

Yennayer : citoyenneté et universalité

Célébrons Yennayer, partageons ces moments dans la joie et le bonheur avec les amazigh et nos concitoyens du monde. Mais restons vigilants car nos adversaires n’ont pas renoncés- Il faut méditer sur la symbolique de la déesse athénienne veillant sur la liberté- Elle a une cuirasse grecque mais le glaive romain pour la défendre.

Oui la culture et l’identité ne sont pas des remparts, des clôtures figées, sclérosées. Les cultures ne sont pas dans la conflictualité et l’hostilité. Elles ont au contraire vocation à se nourrir les unes des autres, à construire des ponts et des passerelles. Ce sont ces apports et ces brassages qui ont tissé des liens et fécondé des traditions d’échanges, d’amitié, de générosité et de solidarité.

Dès lors, célébrer sa culture, se rappeler d’où on vient ; en d’autres termes, cette quête de soi n’est pas antinomique avec la quête du monde commun et de la condition humaine, rappelait déjà Spinoza il y’a près de quatre siècles. Et à Hannah Arendt de préciser que c’est avec les autres que l’on construit un monde libre, plus juste, plus humain et chacun amène sa pierre à l’édifice commun.

Dans le fracas de l’histoire, les Amazighs en se frottant aux grecs, aux pharaons, aux carthaginois, aux latins, aux romains, aux byzantins, ont intégré les formes de progrès de modernité, d’universalité et ils savent tout le sens que requièrent les mots liberté, démocratie, égalité.

« Notre statut d’éternels rebelles a fait de nous, les amants fidèles de la liberté », rappelait Mouloud Mammeri. Célébrons Yennayer dans la joie, la convivialité et le partage avec nos proches, nos amis et nos concitoyens partout dans le monde, préservons ce formidable legs qui, au-delà des rituels nous impose aussi des défis.

Car si Yennayer est le moment de nous rappeler notre histoire, notre culture, notre identité, des valeurs, n’en faisons pas un totem, une clôture ou un refuge, mais un palier d’élan, un tremplin, pour esquisser les contours d’un projet commun pour tracer des chemins d’avenir, d’un nouvel horizon de progrès, de liberté et de démocratie. « C’est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source », disait Jean Jaurès.

Mohamed Kemmar

Le Maroc choisit Israël pour l’achat d’armement

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Atmos 2000

Le Maroc et Israël poursuivent leur partenariat sur le plan militaire : selon des informations publiées par le quotidien français La Tribune, Rabat a choisi le groupe israélien Elbit Systems pour s’équiper de 36 pièces d’artillerie autotractées.

Dans le même temps, une discrète parution au bulletin officiel marocain laisse entendre que des drones de l’entreprise turque Baykar pourraient être construits dans le royaume, ce qui serait une première en Afrique.

Le Maroc, dans le cadre de la modernisation de son armée, a récemment fait le choix en matière d’équipement militaire de l’acquisition de systèmes d’artillerie israéliens. Plutôt que de choisir les canons Caesar de l’entreprise française KNDS, qui avaient été envisagés, le royaume a choisi les pièces d’artillerie Atmos 2000, fabriquées par la société israélienne Elbit Systems.

Ce choix, s’il est confirmé, marque un revers pour l’entreprise française, déjà fournisseur de plusieurs canons Caesar dans le passé, notamment dans le cadre d’une commande passée en 2020. Cette décision pourrait aussi être interprétée comme un désaveu des problèmes de maintenance rencontrés avec les modèles déjà livrés par KNDS.

Les 36 unités Atmos 2000 sélectionnées par le Maroc seront montées sur des châssis de camions produits par la société tchèque Tatra. Ce type de véhicule est spécialement conçu pour offrir une grande mobilité, permettant une rapidité de déploiement sur le terrain, un facteur stratégique essentiel pour les forces marocaines, particulièrement dans le contexte de la situation complexe au Sahara occidental. Cette acquisition s’inscrit dans une volonté de renforcer l’efficience de l’artillerie marocaine et de diversifier les sources de ses équipements militaires.

La coopération militaire entre le Maroc et Israël ne cesse de se renforcer ces dernières années. Israël est devenu depuis quelques années un important exportateur d’armement vers le royaume chérifien, avec plus de 10 % des équipements militaires marocains provenant de l’État hébreu. Cette dynamique fait suite à des accords de coopération dans différents domaines de la défense, comme l’intelligence, la technologie et la formation des troupes.

Israël, reconnu pour ses avancées technologiques dans le domaine militaire, a ainsi noué des relations solides avec le Maroc, notamment après la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays en 2020 dans le cadre des accords d’Abraham parrainés par le présient Trump.

Cette coopération se traduit également par des échanges d’expertise, des formations conjointes et des ventes de matériel de haute technologie.

Cette relation stratégique devient de plus en plus cruciale pour Rabat, notamment en raison de l’évolution des tensions dans la région du Maghreb et du Sahel, ainsi que des besoins croissants en matière de surveillance et de protection de ses frontières, en particulier dans la région contestée du Sahara occidental où le Front Polisario lutte pour l’indépendance depuis 1975.

L’une des illustrations les plus marquantes de cette coopération entre les deux pays est l’acquisition par le Maroc de drones turcs, dont les fameux modèles Bayraktar.

En 2025, l’armée marocaine a renforcé sa flotte de drones avec l’acquisition de 18 drones Bayraktar TB2, un modèle de moyenne altitude et de longue endurance.

Mais l’influence israélienne sur les capacités militaires du Maroc ne se limite pas aux drones. Une autre annonce importante a récemment attiré l’attention : la création d’une entreprise marocaine en partenariat avec la société turque Baykar.

Ce projet pourrait faire du Maroc le premier pays africain à assembler des drones Bayraktar sur son sol. Ce projet a déjà suscité de vives spéculations, car il pourrait ouvrir la voie à une expansion de la production de drones en Afrique et renforcer la position du Maroc en tant que pôle stratégique dans la région en matière de défense.

L’armement turc, notamment les drones Bayraktar, s’est révélé être un atout majeur dans plusieurs conflits régionaux, et l’intégration de cette technologie dans les forces armées marocaines témoigne de la volonté de Rabat de renforcer ses capacités aériennes et de surveillance.

Cette évolution est particulièrement significative dans le contexte des tensions géopolitiques avec l’Algérie et de l’incertitude persistante autour de la question du Sahara occidental, territoire disputé entre le Maroc et le Front Polisario.

Dans le même temps, l’augmentation de 7% du budget de la défense du Maroc pour l’année 2025, comme l’a rapporté la presse, reflète l’engagement du royaume à investir dans la modernisation de son secteur militaire. Son budget atteint désormais 133 milliards de dirhams contre 124 milliards en 2024,

Cette hausse est aussi en grande partie motivée par la course à l’armement que ce pays mène avec l’Algérie.

Les investissements dans des systèmes d’armement modernes, tels que les drones et les pièces d’artillerie avancées, témoignent de cette stratégie d’auto-renforcement de la défense nationale.

Ainsi, la coopération militaire entre le Maroc et Israël s’intensifie, et le royaume chérifien semble s’engager résolument dans une politique de diversification de ses partenariats militaires. Le choix des systèmes d’artillerie israéliens, après l’acquisition de drones Bayraktar de la Turquie et d’autres équipements sophistiqués américains notamment, marque un tournant dans le renforcement de l’armée royale.

Ces nouvelles acquisitions ne sont pas seulement des renforcements techniques ; elles symbolisent aussi un ancrage géopolitique du Maroc dans une logique de partenariat stratégique avec Israël, au-delà de la simple coopération en matière de défense.

Rabah Aït Abache

Coopération énergétique Algérie-Niger : une visite ministérielle prometteuse

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Sahabi Omaro en Algérie
Une délégation nigérienne en Algérie

Le ministre nigérien du Pétrole, Sahabi Omaro, a entamé une visite de travail en Algérie ce dimanche 9 février 2025, accompagné d’une importante délégation.

Cette visite s’inscrit dans une dynamique de renforcement des relations bilatérales entre les deux pays, notamment dans le secteur stratégique de l’énergie.

Des projets ambitieux à l’ordre du jour

Plusieurs projets d’envergure figurent au cœur des discussions, notamment le  projet de recherche et d’exploration de Sonatrach au Niger, qui permettra de renforcer la présence de la compagnie pétrolière algérienne dans ce pays voisin, la réalisation du gazoduc transsaharien (TSGP), un projet régional majeur qui pourrait permettre d’acheminer le gaz nigérien vers l’Europe, en traversant l’Algérie.

Les discussions porteront sur l’accompagnement du Niger dans la construction d’une raffinerie de pétrole et d’une usine pétrochimique dans la région de Dosso, qui contribuera à développer l’industrie pétrolière nigérienne ainsi que sur la  formation de cadres nigériens dans le domaine de l’énergie, qui permettra de renforcer les capacités du Niger dans ce secteur crucial.

Une volonté commune de renforcer la coopération

Cette visite témoigne de la volonté commune de l’Algérie et du Niger de renforcer leur coopération stratégique dans le secteur de l’énergie. Les deux pays sont déterminés à progresser dans la réalisation de projets communs qui contribueront à un développement durable pour les deux parties.

Des perspectives prometteuses

Les perspectives de coopération entre l’Algérie et le Niger dans le domaine de l’énergie sont prometteuses. Les projets en cours et à venir devraient permettre de renforcer la présence algérienne au Niger et de contribuer au développement économique de ce pays.

Samia Naït Iqbal

Lien communiqué du ministère de l’énergie et des mines 

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Conseil des ministres : stratégie minière, violence contre les femmes et retraite des enseignants au menu

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Mines

Abdelmadjid Tebboun a présidé, dimanche, une réunion du Conseil des ministres consacrée à plusieurs dossiers importants, allant de la réforme du secteur minier à la protection des femmes victimes de violence, en passant par la numérisation, l’allongement du congé de maternité,  la réduction de l’âge de la retraite dans le secteur de l’éducation et la dynamisation de l’activité  portuaire.

Le secteur minier a  de nouveau été examiné par le  Conseil du gouvernement.  Abdelmadjid Tebboune a rappelé l’importance cruciale de l’activité minière pour le pays, insistant sur la nécessité de moderniser les méthodes d’exploitation et de contrôle. Il a appelé à l’introduction de technologies avancées et à la simplification des procédures, tout en soulignant la nécessité de mener des études approfondies pour préparer l’avenir de ce secteur. Il a également ordonné d’exclure, pour l’heure, l’exploitation des terres rares, considérées comme une richesse nationale à préserver pour les générations futures.

Numérisation : une priorité nationale

Le Président a ordonné l’envoi d’une commission d’enquête au niveauau  de  l’Autorité de régulation de la poste et des communications électroniques pour faire la lumière sur les blocages rencontrés dans l’octroi de licences pour les équipements de numérisation au profit du Haut-Commissariat à la numérisation.

 Il a insisté sur la nécessité de revoir et de prioriser le processus de numérisation, en mettant l’accent sur les secteurs économiques, financiers et immobiliers, considérés comme des enjeux stratégiques pour la souveraineté nationale. Il a rappelé que la numérisation est essentielle pour mener à bien les réformes engagées et nécessite des statistiques fiables et actualisées.

Violence contre les femmes : appel à des mécanismes de protection 

Le Président Tebboune a réaffirmé son engagement en faveur de la protection des femmes contre toute forme de violences, soulignant leur rôle essentiel dans la société. Il a chargé les ministres de la Justice et de la Solidarité nationale de proposer des mécanismes juridiques supplémentaires pour renforcer cette protection.

Le chef d’Etat a approuvé, l’allongement de la durée du congé de maternité de trois mois et demi à cinq mois, afin de renforcer l’autonomisation des femmes actives et d’améliorer la situation de la famille algérienne.

Le chef de l’État a annoncé une réduction de trois ans de l’âge de la retraite pour les enseignants des trois cycles de l’enseignement scolaire, en reconnaissance de leur rôle crucial dans l’éducation des générations futures.

Dans le domaine du transport, le président a approuvé le système de travail continu (24h/24) dans les ports à activités commerciales, et a recommandé au  ministre en charge du secteur de  mettre ce mode de fonctionnement en application avant la fin du mois de février en cours. Il s’agit de renforcer l’efficience des services logistiques et de stimuler l’activité commerciale.

Cette mesure concerne notamment les ports à activité économique, en particulier ceux de : Jijel – Alger – Béjaïa – Annaba – Oran et Mostaganem. Il insistera pour sur la participation de tous les opérateurs présents au niveau des ports. Cette décision vise à accompagner la dynamique économique et à réduire les dépenses supplémentaires des navires qui attendent l’amarrage pendant de longues périodes.

Dans le secteur du sport, la même source a insisté sur la « réorganisation  du handball d’une manière scientifique,  correcte et moderne avec des spécialistes, y compris étrangers », soulignant « la disponibilité de l’État à financer et à accompagner pour restaurer l’éclat du handball algérien ».

Le Conseil des ministres s’est achevé par l’approbation de nominations et de cessations de fonctions à des postes supérieurs de l’État.

La rédaction

Légalité factice vs légitimité populaire

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Tebboune
Le projets de loi sur la réforme des partis est sévèrement critiqué par les partis de l'opposition.

Depuis l’ouverture politique arrachée au prix du sang, chaque président s’est employé à une refonte complète du dispositif juridique encadrant cette ouverture et le pluralisme politique. 

Mais loin de consolider la démocratie, ces réformes successives ont renforcé la mainmise autoritaire du pouvoir, resserrant davantage l’étau sur les libertés politiques, syndicales, d’expression et d’information. Par un durcissement du cadre législatif, le pouvoir cherche à colmater ce qu’il perçoit comme des « failles » dans le système par où pourraient surgir de nouvelles secousses politiques et sociales. 

Par un enchaînement des réformes, accentuant le caractère répressif des lois, chaque dirigeant, à grand renfort rhétorique, prétend œuvrer pour la consolidation d’une démocratie « authentique ». Mais l’objectif inavoué demeure la neutralisation de toute opposition démocratique et l’écartement de toute perspective d’une alternative démocratique.  

Dans la continuité de cette logique, le pouvoir pousse la dynamique à son paroxysme, allant jusqu’à asséner le coup fatal au pluralisme déjà résiduel et à une démocratie qui, jusque-là, n’existait que comme façade.

La stratégie de préservation du système repose sur un postulat suivant : face à un peuple réclamant des droits, il convient de restreindre davantage les espaces de liberté qui lui permettent d’exprimer ses revendications. Le procédé est de façonner, en surclassant la légitimité populaire par une légalité factice, un cadre juridique qui, sous ces apparences de légalité, entérine la confiscation du pouvoir

Ce processus qui va à l’encontre des aspirations démocratiques ne peut se déployer sans un usage systématique de la répression, laquelle joue un rôle central dans le maintien du système. L’instrumentalisation de la justice et des organes de coercition étatique est manifeste. 

Le principe de la souveraineté nationale est brandi comme bouclier contre tout reproche à son outrance. Ce faisant, il ignore les engagements internationaux souscrits par l’Algérie, notamment les clauses politiques qui s’y rattachent à l’accords d’association avec l’Union européenne.  

L’avant-projet de la loi sur les partis politiques illustre à lui seul toutes les dérives liberticides du régime. Présenté comme un instrument de consolidation du pluralisme, ce projet de loi poursuit en réalité des objectifs diamétralement opposés à ceux affichés dans l’exposé des motifs. Sous couvert de consolider la démocratie et d’élargir l’exercice des libertés politiques, il vise essentiellement à verrouiller davantage le champ politique et à réduire toute marge d’expression indépendante.

Tout d’abord, ce projet maintient la subordination de l’activité partisane à l’agrément préalable délivré par une administration inféodée au pouvoir, enterrant ainsi la promesse d’un régime déclaratif pour la création de partis politiques. Il prévoit même de durcir les conditions de création des partis, notamment en matière de représentativité, sous prétexte de limiter la prolifération de petites formations politiques et de garantir une représentation authentique des citoyens.

Or, dans une véritable démocratie, c’est plutôt le mode de scrutin, la loi électorale et le vote des électeurs qui doivent façonner le paysage politique. La réforme de ces deux textes favoriserait à la fois une meilleure intégration nationale et le rôle prépondérant du vote dans la structuration du champ partisan, laissant aux électeurs le soin de décider quels partis perdureraient et lesquels sont voués à disparaitre.  

Le maintien du mode de scrutin actuel et d’une loi électorale biaisée, pendant que l’on révise tous les autres textes, traduit la volonté de maintenir l’existence des petits partis que le pouvoir a su plier à ses intérêts et à maintenir un équilibre politique soigneusement contrôlé. L’ambition de ces partis se limite à concourir pour une présence insignifiante dans les institutions ; ils ne représentent ainsi aucune menace pour le régime en place. Leur participation permet par contre d’entretenir l’illusion d’une compétition démocratique et l’apparence d’un pluralisme politique tout en consolidant le contrôle du régime qui veille à ce qu’aucune opposition significative ne puisse émerger.

Parmi les dispositions nombreuses qui viennent parachever cette fermeture, il y a l’interdiction du nomadisme politique, un concept qui a fait son entrée dans les mœurs politiques comme moyen de vilipender des députés du parti des travailleurs déterminés à faire valoir, dans leur parti, le droit à leurs indemnités de parlementaires. L’intention véritable de cette interdiction est d’imposer le caractère impératif du mandat de l’élu, en contradiction même avec le concept de citoyenneté, et de contribuer ainsi, concomitamment avec les conditions drastiques pour la création de parti et du maintien du mode de scrutin uninominal par wilaya, à figer le paysage politique dans une configuration rigide et immuable.

Si, par un improbable concours de circonstances, un parti de l’opposition démocratique parvient à franchir les multiples obstacles jalonnant la phase de sa constitution et à obtenir l’agrément du ministère de l’Intérieur, il se heurterait aussitôt à la cascade de restrictions limitant drastiquement son champ d’action et annihilant toute ambition de conquérir le pouvoir ou d’y exercer une influence significative. 

Ainsi, il y a l’obligation de transmettre la liste nominative des militants, et de leurs fonctions, aux autorités nationale et locale. 

Cela constitue une forme de surveillance politique institutionnalisée, obligeant les partis à fliquer leurs propres adhérents. Dans ce climat de répression où l’engagement militant est une prise de risque majeure en soi, par une telle mesure, on ne peut que pousser les citoyens à renoncer à toute participation politique, et vider ainsi les partis de leurs substance humaine. 

De surcroît, toute modification au sein du parti, qu’elle concerne ses textes programmatiques ou régissant son organisation et son fonctionnement, ses structures ou leur composante humaine, doit recevoir l’approbation préalable des autorités. Ce contrôle bureaucratisation permanent érige le ministère en instance de tutelle et en organe de surveillance omniprésent, contraignant les partis à évoluer sous le regard étroit des autorités.

La lourdeur administrative qui en découle, ajoutée à l’exigence d’authentification officielle de chaque document, contraindra chaque parti à mobiliser à plein temps un huissier de justice. Cette épreuve du certificat de conformité, qui s’ajoute ainsi aux péripéties de l’agrément, agirait en couperet pouvant, à tout moment, suspendre ou geler arbitrairement l’activité d’un parti.  

Mais l’entrave la plus inédite est sans doute la limitation à deux mandats consécutifs dans les organes exécutifs et délibérants du parti. Bien qu’étonnante dans son principe, cette disposition ne surprend guère ceux qui sont familiers aux pratiques du régime. Dans la conception patrimoniale de l’État, la responsabilité politique n’est pas envisagée comme un engagement au service de la nation, mais comme un privilège auquel il convient donc de limiter l’accès afin de satisfaire d’autres prétendants.

Toutefois, l’objectif sous-jacent de cette mesure est d’empêcher tout responsable politique de disposer du temps nécessaire pour asseoir son charisme, bâtir sa crédibilité et pouvoir gagner durablement la confiance des citoyens.

En outre, contraindre les partis, sous peine de retrait d’agrément, à participer aux élections n’augure pas d’un avenir où les scrutins seraient libres et transparents. Bien au contraire, cela constitue un prélude à la perpétuation de simulacres électoraux, où le suffrage universel demeure une pure formalité, vidé de sa substance démocratique.

Mais également, fixer la composition et le champ d’activité des commissions internes des partis, en leur imposant, de manière explicite, les contours de leur action, revient à instituer une ingérence qui achève de priver les militants du peu de souveraineté qui leur restait.  

Et enfin, l’interdiction aux partis de recevoir librement des personnalités extérieures dans leurs locaux constitue, quant à elle, une entrave supplémentaire à leur développement et à leur ancrage dans la société. Ce verrouillage illustre une fois de plus la volonté du régime d’étouffer toute dynamique unitaire susceptible de structurer une opposition crédible.

Ainsi, il serait vain de continuer à démonter point par point les dispositions de ce projet de loi, tant qu’une lecture d’ensemble suffit à en révéler le projet pernicieux du pouvoir. 

Au lieu de desserrer l’étau sur les partis politiques déjà coincés dans le système autoritaire et piégés dans une quête vaine du pouvoir face à un régime retranché derrière un dispositif juridique et législative répressif, l’avant-projet vient renforcer encore davantage le carcan juridique qui les entrave.

Pire encore, loin de favoriser l’émergence d’une véritable médiation politique et remédier à la crise chronique de représentation, ce projet de loi entérine la volonté autocratique d’un pouvoir qui, à force d’étrangler les partis, il les vide de leurs militants et les transforme en instruments de dépolitisation.

Loin donc d’incarner une avancée démocratique, cette réforme s’inscrit dans une logique de fermeture du champ politique. En neutralisant toute velléités d’opposition et en institutionnalisant un contrôle étroit sur l’ensemble des acteurs politiques, elle ne fait que consolider le pouvoir en place et continuer à perpétuer un système où toute alternative démocratique devient impossible.

La consécration de cette absurdité juridique n’est qu’une manière de rendre possible l’accès à la magistrature suprême à l’illustre inconnu, c’est-à-dire à un candidat indépendant, sans attache partisane, sans parcours militant, et dont les opinions sont méconnues des électeurs. 

Pour saisir toute la portée de ces lois, il convient de remonter à la genèse des réformes dites d’ouverture démocratiques. Contraint et forcé, à la faveur de circonstances historiques, d’ouvrir le champ politique à l’opposition, le pouvoir s’est, dès lors, employé à le stériliser méthodiquement. Sa stratégie consiste à combattre la légitimité populaire en lui opposant une légalité factice. 

Par-dessus tout, la marge de manœuvre du pouvoir semble sans limites, quand on sait que les pouvoirs sont enchevêtrés. 

Par le biais de cet arsenal législatif répressif, il ne s’agit plus de réguler la vie politique, mais bien de la contrôler dans ses moindres rouages, afin de perpétuer un système fermé où toute perspective de changement reste, par essence, illusoire. Dès lors, l’engagement militant semble trouver davantage de sens dans la clandestinité qu’en s’affichant au grand jour dans une pseudo-légalité qui ne sert qu’à légitimer l’oppression.

Hamid Ouazar, ancien député de l’opposition

Abbas Righi à Marseille : une soirée magique entre malouf et mémoire

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Abbas Righi

Marseille, 9 février 2025 – Ce dimanche d’hiver, la qalle Magallon a vibré au rythme des racines profondes de la musique traditionnelle constantinoise, portée par la voix envoûtante d’Abbas Righi. Un lieu où le temps semblait suspendu, comme pour laisser place à l’âme de cette musique intemporelle.

Ce fut la cinquième rencontre entre l’artiste et le public marseillais, composé principalement de la communauté algérienne et des amoureux du malouf, tous unis par la même passion pour cette musique qui touche le cœur. Il y a trois ans, Abbas Righi nous confiait, le regard empreint de nostalgie, que c’était sa première apparition à Marseille. Aujourd’hui, son nom résonne comme une référence, un incontournable pour tous ceux qui chérissent ce patrimoine musical immémorial.

Un voyage immobile dans le malouf constantinois

Dès les premiers accords, Abbas Righi a capté l’attention de l’audience, plongée dans la magie de son répertoire riche en histoire. La douceur et la profondeur de sa voix ont fait écho à des siècles de traditions, emportant le public dans une douce rêverie. Parmi les morceaux qu’il a partagés, on a pu savourer des titres incontournables, tels que Ya Bahia El Djamel (Oh belle beauté), Ma Nmoutch Ghrib (Je ne mourrai pas étranger), M’en Jette Fargoutek Fi Bali (Je t’ai laissé dans mon esprit), Ma Tebkiche 3la Li Matou (Ne pleure pas pour ceux qui sont partis) et Ashek Mamhoun (Amour effacé).

Après ces morceaux d’anthologie, Abbas Righi a poursuivi son répertoire, captivant encore davantage son public, qui s’imprégnait de l’essence même de la musique algérienne traditionnelle. Chaque chanson semblait résonner avec une intensité particulière, touchant les cœurs des auditeurs et les transportant dans un passé lointain mais toujours vivant dans leurs esprits.

Une pause spirituelle et rythmée

Après cette immersion dans le malouf, la troupe Aïssaoua a pris le relais, apportant avec elle une touche de spiritualité, un rythme sacré et profond. Les chants mystiques et les percussions puissantes ont insufflé une nouvelle énergie à la soirée, créant un contraste saisissant avec la douceur du malouf. Les spectateurs se sont laissés emporter par la vibration des instruments et le souffle des chants, comme pour revivre l’intensité de ces moments d’extase spirituelle.

Un festin pour les sens

La soirée a également offert un retour aux racines, un hommage à l’essence même de la culture algérienne. Les invités ont pu savourer un café parfumé, accompagné de gâteaux traditionnels algériens, réconfortants et pleins de saveurs. Un buffet sucré-salé, véritable hommage aux goûts et aux couleurs de l’Algérie, a éveillé les papilles, en parfaite harmonie avec l’ambiance de la soirée.

Une touche artistique d’exception

Dès l’entrée dans la salle, les invités ont été frappés par la beauté des œuvres de Madame Moulfi Rachida, exposées dans le hall. Ces créations artistiques sublimaient les tenues traditionnelles constantinoises et annabies, offrant aux spectateurs un voyage visuel à travers le temps et l’héritage des régions d’Algérie. Les tableaux et sculptures étaient non seulement une célébration de la richesse culturelle, mais aussi un hommage à l’élégance intemporelle des costumes traditionnels, auxquels Abbas Righi donnait vie par sa musique.

Une célébration du malouf et de la mémoire collective

Cette cinquième édition autour d’Abbas Righi s’est imposée comme un rendez-vous inoubliable pour les passionnés de malouf et la communauté algérienne de Marseille. Ce n’était pas seulement un concert, mais un moment suspendu, un hommage vibrant à la mémoire collective, à un héritage musical qui ne se perd pas, mais qui se transmet. Le public, en silence, semblait écouter, non seulement la musique, mais aussi les échos d’un passé que l’on porte en nous, et que l’on ne souhaite pas oublier.

Entre tradition et modernité, entre poésie et musique, cette soirée restera dans les cœurs comme une fenêtre ouverte sur un monde où le malouf ne meurt jamais, où il résonne sans fin, comme un doux souvenir du temps passé.

Un événement réussi et une promesse d’avenir

Organisé pour la première fois par Étoile Filante Événements et Ragheb Décoration, l’événement a été salué par tous pour sa qualité et son atmosphère exceptionnelle. Ce fut une soirée réussie, riche en émotions et en découvertes. Les organisateurs ont promis de continuer à offrir de telles soirées magiques, notamment pendant le mois du Ramadan, où d’autres événements viendront célébrer l’art, la culture et la musique traditionnelle. La communauté marseillaise et les amoureux de la musique algérienne peuvent d’ores et déjà se réjouir de futures rencontres musicales aussi envoûtantes que celle-ci.

Djamal Guettala

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