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Pr Chérifa Bouatta : « La SARP ce sont 35 ans d’engagement au service de la psychologie en Algérie »

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Pr Chérifa Bouatta
Pr Chérifa Bouatta

Depuis 1989, la Société algérienne de recherche en psychologie (SARP) s’affirme comme un acteur central de la psychologie et de la santé mentale en Algérie. Fondée par un groupe d’enseignants-chercheurs de l’université d’Alger (Bouzaréah), l’association a pour mission de développer la recherche, de former les professionnels et de diffuser une pratique psychologique rigoureuse.

Au-delà de la science, la SARP s’engage auprès des populations vulnérables, apportant soutien et accompagnement psychologique dans les situations de crise, qu’il s’agisse des catastrophes naturelles ou des traumatismes liés à la décennie noire.

Ses activités reposent sur trois axes principaux : la consultation et la prise en charge psychologique, la formation des psychologues et la recherche scientifique. La SARP publie la revue Psychologie, organise des conférences, élabore des outils d’évaluation et collabore avec des experts algériens et internationaux pour renforcer la qualité des interventions.

Dans cet entretien, Pr Chérifa Bouatta revient sur les fondements, les méthodes, les partenariats et les défis de l’association. Elle décrit le quotidien d’une institution qui conjugue expertise scientifique, engagement social et action citoyenne, et qui œuvre depuis plus de trois décennies à structurer et promouvoir la psychologie en Algérie.

Le Matin d’Algérie : Quelles étaient les motivations scientifiques et sociales qui ont conduit à la création de la SARP en 1989 ?

Pr Chérifa Bouatta : La SARP a été créée par un groupe d’enseignants-chercheurs de l’université d’Alger (Bouzaréah). Avant sa création, ce groupe se réunissait dans les locaux de l’université pour réfléchir à des projets de recherche, à des initiatives scientifiques… qui pourraient alimenter et enrichir la psychologie en Algérie. Lorsque la loi sur les associations a été promulguée, ce groupe a décidé de créer l’association SARP pour disposer d’un cadre officiel permettant de développer des activités de recherche et de perfectionnement en direction des psychologues et de contribuer au renforcement et à la diffusion de la psychologie en Algérie. Au-delà, il s’agissait aussi d’être un acteur important dans le champ scientifique algérien, d’animer et de susciter, à notre niveau, la recherche en sciences humaines et sociales.

Le Matin d’Algérie : Comment l’association s’inscrit-elle dans le paysage scientifique algérien et quelles sont ses relations avec les instances publiques de santé et d’éducation ?

Pr Chérifa Bouatta : La SARP est l’une des associations les plus anciennes en Algérie. C’est la première association de psychologues algériens. Aujourd’hui, elle est connue sur tout le territoire algérien. Les psychologues et les psychiatres de toutes les régions du pays font appel à nous pour des sessions de perfectionnement dans le domaine de la santé mentale, des tests psychologiques, de la documentation et de l’organisation de supervision. Il arrive aussi que des instances publiques fassent appel à la SARP pour l’expertise de ses membres en matière de santé mentale ou de violences contre les femmes, comme le Ministère de la Santé, le Ministère de la Solidarité, le Ministère de la Justice ou l’ONPPE.

Le Matin d’Algérie : Quels sont aujourd’hui les principaux axes de recherche et d’intervention de la SARP, et comment les priorisez-vous ?

Pr Chérifa Bouatta : La SARP s’articule autour de trois axes principaux :

1. La consultation : accueil des personnes en souffrance et en détresse psychique, adultes et enfants. Il s’agit de soins psychiques, mais aussi d’orientation et de prévention en cas de besoin. La SARP est intervenue aux moments les plus difficiles que notre pays a connus : tremblement de terre de Boumerdès (mai 2003), inondations de Bab el-Oued (novembre 2001), inondations de Ghardaïa (2008). Nous avons également ouvert un centre d’aide psychosociale à Sidi Moussa pour soutenir les victimes de violences terroristes. Les psychologues de la SARP ont assuré les soins psychiques aux traumatisés de la décennie noire — adultes, enfants, familles — et les ont accompagnés face aux difficultés administratives, juridiques et médicales.

2. Le perfectionnement des professionnels : organisation de sessions de formation pour psychologues et psychiatres afin d’actualiser leurs connaissances et pratiques.

3. La recherche : développement de projets scientifiques et études épidémiologiques sur des thématiques sociales et psychologiques, élaboration d’outils d’évaluation et publication des résultats pour enrichir la pratique psychologique en Algérie. Il est difficile d’instaurer des hiérarchies ou des priorités entre ces trois axes, car chacun constitue un pilier essentiel de l’association et de sa mission.

Le Matin d’Algérie : Pouvez-vous préciser le rôle respectif des trois centres (prise en charge psychologique, formation, recherche et documentation) et leur articulation ?

Pr Chérifa Bouatta : Le centre de documentation et de recherche, appelé Le Crédo, dispose d’une très riche bibliothèque à la disposition des étudiants et des chercheurs. Il initie également des recherches, par exemple des études épidémiologiques sur les victimes de violences terroristes, le phénomène de la Harga, ou l’élaboration de tests pour diagnostiquer le PTSD chez l’enfant. Il organise aussi des conférences mensuelles sur des thématiques relatives à la psychologie et à des problématiques intéressantes pour la société algérienne. La revue Psychologie y est également publiée.

Le pôle perfectionnement propose des formations pour psychologues et psychiatres. Une commission formation réfléchit sur l’introduction de nouveaux contenus, se documente et fait appel à des experts étrangers pour se tenir informée des pratiques à l’international. L’axe consultation inclut la prise en charge psychologique et l’organisation d’une journée scientifique annuelle pour réfléchir sur la pratique psychologique en Algérie.

Le Matin d’Algérie : Quelles méthodologies privilégiez-vous dans l’accompagnement psychologique, en particulier pour les femmes victimes de violences ?

Pr Chérifa Bouatta : Il y a plusieurs approches psychologiques qui interviennent au niveau de la prise en charge des personnes en difficulté. Chaque psychologue recourt à la technique qu’il maîtrise et/ou à celle qui lui paraît la mieux adaptée à la population qu’il reçoit. Il n’y a pas de technique imposée. Le psychologue choisit en fonction de sa formation, de son expérience et de ses options théorico-cliniques. Les techniques utilisées sont les TCC, les PIP, l’EMDR, la relaxation et la thérapie familiale. Il n’existe pas de consensus sur la supériorité d’une technique par rapport aux autres. Des séances de synthèse et de supervision regroupent régulièrement les psychologues afin de discuter des cas et des pratiques cliniques.

Le Matin d’Algérie : Comment vos travaux et vos actions contribuent-ils à l’avancée de la recherche en psychologie et en sciences de l’éducation en Algérie ?

Pr Chérifa Bouatta : Difficile de répondre à cette question. Nous espérons que notre travail contribue à la réflexion, à l’enrichissement et à la diffusion d’une pratique psychologique rigoureuse et scientifique, qui outille les psychologues algériens pour l’accomplissement de leur noble mission au service des plus vulnérables.

Le Matin d’Algérie : Quels contenus de formation proposez-vous pour les psychologues et spécialistes ? Comment veillez-vous à intégrer les avancées internationales dans vos programmes ?

Pr Chérifa Bouatta : Nous proposons plusieurs contenus pour les professionnels de la santé mentale : psychothérapies TCC, EMDR, PIP, thérapie familiale, relaxation, outils d’évaluation (tests, échelles, questionnaires…). Nous nous tenons évidemment au fait des développements internationaux. Nous documentons nos contenus, consultons des spécialistes étrangers pour avis, et réfléchissons à leur adaptation au contexte socio-culturel algérien, en gardant un regard critique pour éviter certaines productions commerciales. Nous faisons aussi appel à des institutions internationales et à des Algériens de la diaspora pour enrichir notre travail. Une commission formation valide et propose de nouvelles formations, en tenant compte des besoins de la population algérienne et des contenus produits ailleurs.

Le Matin d’Algérie : La revue Psychologie et vos supports psychopédagogiques constituent des références en Algérie. Comment assurez-vous leur validation scientifique et leur diffusion ?

Pr Chérifa Bouatta : La revue paraît régulièrement. Cela nécessite un travail très laborieux : réunir des articles de niveau scientifique, les expertiser et trouver les financements pour les publier. La revue dispose d’un comité scientifique composé de spécialistes algériens et étrangers et d’un comité de rédaction. La diffusion est difficile, car les lecteurs algériens se font rares. Nous distribuons la revue aux universités, aux professionnels et aux bénévoles de l’association. La SARP publie également les résultats de ses recherches et met à disposition des membres des outils d’investigation. À un certain moment, la SARP s’est proposée comme éditrice et a publié quelques ouvrages, mais faute de financement, cette activité a pris fin.

Le Matin d’Algérie : Disposez-vous d’indicateurs ou d’évaluations permettant de mesurer l’impact de vos interventions auprès des bénéficiaires et du milieu académique ?

Pr Chérifa Bouatta : Chaque fois que nous organisons une activité — perfectionnement, conférence… — nous fournissons aux participants une fiche d’évaluation. En fonction des retours, nous modifions et corrigeons nos actions.

Le Matin d’Algérie : Quels sont les principaux obstacles auxquels vous êtes confrontés (financement, reconnaissance institutionnelle, ressources humaines) et comment tentez-vous de les dépasser ?

Pr Chérifa Bouatta : Nous avons réellement des problèmes de financement, nos ressources sont très limitées, et en tant qu’association, nous n’avons pas le droit de développer des activités lucratives. Notre objectif essentiel est de durer. Notre mission est de contribuer à la formation des professionnels de la santé mentale, de les ouvrir à des problématiques nouvelles et novatrices, et d’inscrire cette profession dans le cadre de principes éthiques et déontologiques.

Le Matin d’Algérie : Quels types de collaborations avez-vous développés avec les universités, centres de recherche ou institutions internationales ? Quels en sont les résultats les plus probants ?

Pr Chérifa Bouatta : Nous avons des partenariats avec plusieurs CHU algériens, EPSP et universités. Nous organisons parfois des colloques avec certaines universités. Nous avons aussi des relations avec des spécialistes d’universités étrangères qui participent à nos formations, à des conférences via Zoom, à l’élaboration de la revue Psychologie, et qui sont membres de son comité scientifique.

Le Matin d’Algérie : Quels projets scientifiques et pratiques envisagez-vous pour les années à venir afin de renforcer la place de la psychologie dans les politiques publiques et dans la société algérienne ?

Pr Chérifa Bouatta : Difficile de parler de perspectives. Il y a pour nous un défi existentiel : maintenir l’existence de la SARP et développer les axes qui la structurent.

Transmettre et diffuser les travaux, les résultats des recherches que nous menons aux professionnels de la santé mentale, aux instances publiques, et rester un acteur vivant dans le champ scientifique algérien.

Entretien réalisé par Djamal Guettala

Biographie 

Chérifa Bouatta est une psychologue clinicienne et professeure des universités algérienne aujourd’hui à la retraite. Spécialiste de la psychologie clinique et sociale, elle a longtemps enseigné à l’Université Abderrahmane Mira de Béjaïa, où elle a dirigé un magistère sur les traumatismes psychiques. Ses recherches portent sur les traumatismes collectifs, les violences faites aux femmes et les rapports de genre. Auteure de plusieurs ouvrages, dont Les traumatismes collectifs en Algérie et Des corps et des mots : Sexuation, genre et violences contre les femmes, elle a aussi publié de nombreux articles et chapitres d’ouvrages consacrés aux effets psychiques de la guerre, du terrorisme et des violences sociales.

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Cessez-le-feu à Gaza : les 20 derniers otages vivants libérés par le Hamas

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Otages israéliens

Alors que les derniers otages israéliens encore détenus par le Hamas ont été libérés ce lundi matin, Donald Trump est arrivé en Israël, où il doit faire une brève escale avant de se rendre en Égypte pour co-présider un « sommet pour la paix » à Gaza. La guerre dans l’enclave est « terminée », a-t-il déclaré à bord d’Air Force One.

Il n’y a plus aucun otage israélien dans la bande de Gaza. Le Hamas a libéré lundi matin les 20 derniers otages vivants qui étaient retenus dans la bande de Gaza. Un premier groupe de sept otages israéliens a été remis à la Croix-Rouge aux alentours de 5h TU, avant un second groupe de treize personnes.

La première étape du plan présenté par Donald Trump en vue d’un cessez-le-feu comprend aussi le retour des dépouilles des 28 otages morts. En échange, près de 2 000 Palestiniens détenus par l’État hébreu doivent être libérés. 

Le président américain est en Israël ce lundi matin, avant de prendra ensuite la direction de Charm el-Cheikh, en Égypte, où il co-présidera avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi un « sommet pour la paix » à Gaza. Les dirigeants de plus de 20 pays y sont attendus ainsi que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. En revanche, aucun représentant israélien n’y assistera.

Israël refuse les modifications sur les listes des prisonniers à perpétuité et aux peines lourdes

Un responsable de Hamas a confirmé à Ultra Palestine que toutes les tentatives de modifier les listes des prisonniers, y compris celles concernant les détenus du secteur de Gaza, ont échoué dans la nuit de samedi à dimanche.

Selon la source, Israël refuse toujours toute modification concernant les prisonniers condamnés à la perpétuité et aux peines lourdes, malgré les interventions des médiateurs. Ces derniers ont toutefois assuré que les femmes et enfants détenus en Cisjordanie seraient libérés dans le courant de la semaine prochaine.

La même source a ajouté que l’occupation s’est engagée à relâcher plusieurs médecins de Gaza détenus après la guerre. Les trois accords conclus pendant l’opération « Tempête d’Al-Aqsa » ont permis de libérer plus de 3 985 prisonniers, dont 486 condamnés à perpétuité, 319 peines lourdes, 144 femmes, 297 enfants, et 2 724 issus de Gaza.

La rédaction avec Rfi

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Libération des sept premiers otages israéliens : un tournant dans la guerre à Gaza

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Familles d'otages israéliens

Les sept premiers otages israéliens détenus par le Hamas ont été remis ce lundi 13 octobre 2025 à la Croix-Rouge, marquant une étape significative dans le processus de paix entamé entre Israël et le mouvement islamiste.

Cette libération intervient après plus de 780 jours de captivité, suite à l’attaque du 7 octobre 2023. Les otages, identifiés comme Matan Engerst, Guy Gilboa Dalal, Alon Ohel, Gali et Zivi Berman, Eitan Mor et Omari Moran, ont été transférés à la base militaire de Réïm, dans le sud d’Israël, où ils ont retrouvé leurs familles .

Cette remise s’inscrit dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu global entre Israël et le Hamas, négocié sous l’égide des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar. En échange, Israël a accepté de libérer près de 1 900 prisonniers palestiniens, dont des femmes et des mineurs, dans le cadre de l’opération « Shavim Legvulam » (Retour à leur frontière) .

L’annonce de la libération a provoqué des scènes d’émotion à Tel Aviv, où des milliers de personnes se sont rassemblées sur la Place des otages pour accueillir les premiers libérés. Le président américain Donald Trump, en visite dans la région, a déclaré que la guerre à Gaza était « terminée », soulignant l’importance de cet accord dans le processus de paix .

Cette libération constitue un espoir pour les familles des otages restants et marque un tournant dans un conflit qui dure depuis plus de deux ans. Cependant, des défis demeurent, notamment la mise en œuvre complète de l’accord et la reconstruction de Gaza, dévastée par les combats.

Sources Agences 

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Gouvernement Lecornu : une équipe pour combien de jours ?

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Sébastien Lecornu

Le Premier ministre Sébastien Lecornu, reconduit à son poste vendredi 10 octobre par le président Emmanuel Macron, a dévoilé son nouveau gouvernement dimanche 12 octobre dans la soirée. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, est nommé au ministère de l’Intérieur, où il succède à Bruno Retailleau. 

Catherine Vautrin devient quant à elle ministre des Armées. Jean-Noël Barrot et Gérald Darmanin, entre autres, sont reconduits aux Affaires étrangères et à la Justice.

Trente-quatre ministres ont été nommés ce dimanche, peu après 22 heures. Sébastien Lecornu a proposé un mélange de société civile avec des profils expérimentés et de jeunes parlementaires pour son deuxième gouvernement. Ce gouvernement Lecornu II est présenté comme plus technique et moins politique.

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, succède à Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, l’ancien PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou est nommé au Travail, Catherine Vautrin aux Armées.  La députée Ensemble pour la République (EPR) Stéphanie Rist hérite de la santé. Monique Barbut, l’ex-présidente de WWF France, obtient le portefeuille de la Transition écologique. L’ex-directeur général de l’Enseignement scolaireEdouard Geffray, prend la tête du ministère de l’Éducation. Ce qui se traduit par la sortie du gouvernement d’Elisabeth Borne. Naïma Moutchou obtient le portefeuille des Outre-mers, et succède à Manuel Valls.

Jean-Noël Barrot reconduit aux Affaires étrangères

Jean-Noël Barrot est reconduit au ministère des Affaires étrangères. Gérald Darmanin reste quant à lui ministre de la Justice, tout comme Rachida Dati, ministre de la Culture. De son côté, Roland Lescure est confirmé au ministère de l’Économie, de même qu’Amélie de Montchalin aux Comptes publics. Philippe Tabarot reste aux Transports.

Six membres des Républicains (LR) participent au gouvernement Lecornu II, parmi lesquels Vincent Jeanbrun. Le maire de L’Haÿ-les-Roses, en banlieue parisienne, devient ministre de la Ville et du logement. En rupture avec la ligne des Républicains (LR), Annie Genevard reste quant à elle à l’Agriculture. À la suite de l’annonce de nouveau gouvernement, Les Républicains ont exclu les ministres qui y sont entrés. 

La navigatrice Catherine Chabaud, première femme à terminer le Vendée Globe en 1996, a été nommée ministre de la Mer tandis que la députée macroniste Maud Bregeon redevient porte-parole du gouvernement. Serge Papin, ex-patron du groupe Système U, devient ministre des Petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat, du tourisme et du pouvoir d’achat.

Le Premier ministre reconduit Sébastien Lecornu a présenté sa nouvelle équipe comme un « gouvernement de mission pour donner un budget à la France avant la fin de l’année ». Le temps presse pour tenir un conseil des ministres, alors que le chef de l’État s’envole dans la nuit pour l’Égypte et que la Constitution prévoit que le Parlement dispose de 70 jours pour examiner le budget avant le 31 décembre. Le premier conseil des ministres du gouvernement Lecornu II se tiendra mardi, à 10 heures.

Seule question qui vient dans toutes les discussions : combien de jour tiendra ce gouvernement ?


  •  Premier ministre : Sébastien Lecornu

Ministres de plein exercice

  • Intérieur : Laurent Nuñez
  • Armées : Catherine Vautrin 
  • Affaires étrangères : Jean-Noël Barrot
  • Travail : Jean-Pierre Farandou
  • Justice : Gérald Darmanin
  • Transition écologique et biodiversité : Monique Barbut
  • Transports : Philippe Tabarot
  • Économie : Roland Lescure
  • Éducation : Édouard Geffray
  • Enseignement supérieur : Philippe Baptiste
  • Santé : Stéphanie Rist
  • Sports : Marina Ferrari
  • Comptes publics : Amélie de Montchalin
  • Outre-Mer : Naïma Moutchou
  • Culture : Rachida Dati
  • Agriculture : Annie Genevard
  • Ville : Vincent Jeanbrun
  • Enseignement supérieur : Philippe Baptiste
  • PME : Serge Papin
  • Aménagement du territoire : Françoise Gatel

Ministres délégués 

  • Relations avec le Parlement : Laurent Panifous
  • Porte-parole du gouvernement : Maud Bregeon
  • Égalité entre les hommes et les femmes : Aurore Bergé
  • Auprès du ministre de l’Intérieur : Marie-Pierre Vedrenne
  • Auprès de la ministre des Armées : Alice Rufo
  • Mer : Catherine Chabaud
  • Transition écologique : Mathieu Lefèvre
  • Industrie : Sébastien Martin
  • IA et numérique : Anne Le Hénanff
  • Europe : Benjamin Haddad
  • Commerce extérieur : Nicolas Forissier
  • Francophonie :Eléonore Caroit
  • Handicap : Charlotte Parmentier-Lecocq
  • Ruralité : Michel Fournier
  • Fonction publique : David Amiel
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Boualem Sansal élu à l’Académie royale de littérature et langue française de Belgique

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Boualem Sansal
Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison a retrouvé la liberté

Cette nomination à l’Académie royale de littérature et langue française de Belgique est une consécration littéraire et un signal fort pour la liberté d’expression pour le détenu d’opinion qu’est Boualem Sansal.

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été élu à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, a annoncé samedi 11 octobre l’institution, dans un communiqué repris par la majorité des médias français et belges.

À 80 ans, il succède à Michel del Castillo et occupera le fauteuil n°37, autrefois attribué à Mircea Eliade et Georges Duby.

L’Académie justifie son choix en affirmant que « Boualem Sansal porte haut la fonction créatrice de l’écrivain qui est inséparable de la liberté dans laquelle elle s’exerce ». Cette phrase, largement reprise par les médias, confère à cette élection une portée éminemment symbolique.

Condamné en 2024 à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale », Boualem Sansal est actuellement incarcéré en Algérie. Sa désignation, confirmée par le secrétaire perpétuel Yves Namur, s’inscrit comme un geste fort en faveur de la liberté d’expression et de création, valeurs au cœur de l’institution littéraire belge.

Samia Naït Iqbal

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Une formation officielle sur les droits de l’homme en décalage avec la réalité

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Ibtissam Hamlaoui parle des droits de l'homme en Algérie.
Ibtissam Hamlaoui parle des droits de l'homme en Algérie.

Alors que le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) a organisé, ce dimanche à Alger, une session de formation sur « le rôle des institutions nationales des droits de l’homme dans la surveillance et la documentation des droits humains », en partenariat avec le bureau régional du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, un décalage manifeste persiste entre le discours institutionnel et la réalité sur le terrain.

Lors de l’ouverture, le président du CNDH, Abdelmadjid Zaalani, a indiqué que cette initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action national conformément au Programme de coopération pour le développement durable 2023-2027. Il a souligné que le Conseil est chargé notamment de renforcer les capacités de documentation et de mettre en place un réseau de femmes médiatrices destiné à promouvoir le rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits.

De son côté, la présidente de l’Observatoire national de la société civile, Ibtissem Hamlaoui, a salué « les acquis importants enregistrés par l’État algérien en matière de droits humains », mettant en avant l’arsenal juridique mis en place pour les garantir. Plus cynique que ça tu meurs !

L’ambassadrice et coordinatrice résidente des Nations unies en Algérie, Savina Claudia Ama Sari, a quant à elle salué « l’engagement des autorités algériennes en faveur de la justice, de l’égalité et de la dignité humaine ». Voire !

Cependant, ces déclarations officielles contrastent fortement avec la situation vécue par les défenseurs des droits humains et les acteurs de la société civile. Ces dernières années, les autorités ont dissous ou suspendu plusieurs organisations indépendantes, dont la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, tout en poursuivant et emprisonnant de nombreux militants politiques et activistes pour leurs prises de position critiques. Dans le même temps, le contrôle sur l’espace public et médiatique s’est renforcé, réduisant considérablement la marge de liberté d’expression et d’association.

Ce décalage entre la rhétorique institutionnelle et la pratique concrète soulève des interrogations sur la sincérité des engagements internationaux de l’Algérie en matière de droits humains et sur l’indépendance réelle de ses institutions nationales. Comme le soulignent plusieurs observateurs, l’enjeu ne réside pas dans la multiplication des formations ou des discours, mais dans la création d’un cadre politique et juridique garantissant effectivement les libertés fondamentales.

Dans ce contexte, cette formation apparaît davantage comme une vitrine diplomatique destinée à soigner l’image du pays à l’international, plutôt qu’un véritable pas vers une amélioration tangible de la situation des droits humains en Algérie.

La rédaction

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France : gouvernement politique ou technique ?

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Emmanuel Macron

Ce sont toujours les périodes chaotiques de l’histoire qui font naître les plus grands débats politiques et institutionnels. Avec la crise de régime actuelle en France on ne sait pas où donner de la tête tant les questionnements sont nombreux. On a l’impression d’être en cours dans un amphithéâtre ou dans une lecture d’un livre où ils sont traités.

Dans un ancien article publié dans ce journal j’avais traité d’un débat sous le titre « un ministre doit-il être politique ou technicien ? ».  Puis récemment un autre écrit sur la différence entre une crise politique et une crise de régime.

Aujourd’hui je reviens au premier débat mais avec une dimension plus élargie car il concerne le Premier ministre et une grande partie de son gouvernement. Lorsque tous les poids lourds de la politique comme leurs partis refusaient de monter dans un bateau qui coule, il avait été envisagé que ce serait un Premier ministre dit technique.

Pour contourner le problème revient cette vielle et constante idée de former un gouvernement avec des personnalités recrutées en dehors des directions des partis politiques. On les appelle des membres de la société civile ou ministres techniques du gouvernement. Le Premier ministre actuel nous propose une nouvelle appellation, des personnes libres. 

C’est toujours lorsqu’on est dans l’impasse qu’il est bien pratique de recourir à la sémantique pour donner un sentiment d’un nouvel élan et d’une vision dynamique. J’ai une position tranchée dans ce débat car je ne sais pas ce qu’est qu’un gouvernement technique et je rejette cette idée qui me semble non seulement un mirage mais aussi une action contraire à l’esprit d’un régime parlementaire.

Pour ce qui est de l’efficacité, le choix d’une personne disposant d’une forte notoriété dans sa capacité à maîtriser son domaine dans des activités civiles est illusoire en politique. Aucun de ces personnages connus et bénéficiant d’une cote de popularité auprès du public qui avait atteint  les sommets n’ont convaincu jusqu’à présent. Voilà que la même idée était venue à l’esprit de nommer comme Premier ministre une personnalité de la société civile, donc lui aussi dit technique.

Le Premier ministre est en charge de la conduite des affaires du pays. Or elles sont éminemment politiques puisqu’elles traitent des projets qui conduisent le pays vers un cap annoncé et assumé. C’est pour cela qu’un Premier ministre et son gouvernement ne peuvent se cantonner à un rôle technique.

Mais il y a beaucoup plus important c’est-à-dire ma seconde opinion pour rejeter la notion de gouvernement technique. Nommer un chef de gouvernement de la société civile qui en fait de même pour nommer ses ministres, est donc légal puisque la constitution l’accepte par son silence. 

Mais la légalité n’est pas la légitimité. L’esprit d’un régime parlementaire est que le gouvernement, au premier rang duquel est le chef du gouvernement, ait une légitimité politique par le mandat donné par les électeurs, au niveau local ou national. Et si ce n’est pas un élu, il faut qu’il ait été au moins dans le combat politique qui forge son opinion et son expérience.

Dans un régime parlementaire un exécutif ne peut avoir la légitimité d’affronter les représentants du peuple s’il n’est pas lui-même détenteur d’une légitimité politique. Le Premier ministre devient de fait le chef de la majorité absolue, relative ou de coalition. C’est comme s’il continuait d’être l’un des leurs et à qui les parlementaires majoritaires ont confié la haute fonction exécutive de l’Etat.

Pour permettre la confrontation entre deux légitimités, législative et gouvernementale, il faut un dispositif qui crée l’équilibre des forces. Le Premier ministre comme les députés disposent pour cela de moyens constitutionnels en balance. 

En quelque sorte le Premier ministre leur dit qu’il ne peut agir avec le contrôle permanent des siens. Vous m’avez accordé votre confiance, vous ne pouvez pas me la contester à chacune de mes décisions, semble-t-il leur dire. Il les menace avec les articles de la constitution qui lui permette d’imposer ses textes proposés, c’est le cas du vote bloqué.

Ou alors la menace de l’artillerie lourde que peut actionner son président, c’est-à-dire la  dissolution. Ils y réfléchissent à deux fois car il  faudra retourner devant les électeurs avec le risque de perdre leurs sièges de parlementaires. 

Ils peuvent à leur tour rétorquer au Premier ministre qu’il faut qu’il se souvienne qu’ils lui ont accordé une confiance et qu’il doit prendre garde de ne pas conduire une politique inverse. En quelque sorte ils lui rappellent cette phrase si connue, « souviens-toi qui t’a fait roi ! ».

Le parlementarisme est conçu pour être un mécanisme de la démocratie. Sa nature est d’attribuer le pouvoir (contrôlé) aux voix majoritaires. Il sert à construire l’équilibre entre des contraires. Le pouvoir en démocratie est justement la gestion des contraires.

Si on ne veut pas la confrontation des idées politiques alors on nomme au poste de chef du gouvernement un sage ou une personne reconnue et appréciée par le public et non un acteur de la vie politique, avec le risque que j’ai rappelé précédemment.

Puis ce Premier ministre issu de la société civile nommerait à son tour un médecin au ministère de la santé, un ingénieur au ministère de l’industrie, un prof au ministère de l’éducation, un militaire au ministère de la défense et moi au ministère du temps libre et des retraites.

C’est légal constitutionnellement mais ce ne serait plus une démocratie parlementaire. Ce serait une association syndicale de professionnels.

Boumediene Sid Lakhdar

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Madagascar : des mutins accueillis par des manifestants enthousiastes dans la capitale

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Mutins à Madagascar

Les manifestations contre le pouvoir à Madagascar prennent de plus en plus d’ampleur. Ce samedi 11 octobre, des groupes de soldats ont rejoint le cortège dans les rues d’Antananarivo, et un contingent de l’armée malgache a appelé à « refuser les ordres de tirer » sur les manifestants.

La pression monte encore sur le président Andry Rajoelina. Ce dimanche 12 octobre à la mi-journée, les militaires mutins ont été accueillis par une foule enthousiaste, sur l’emblématique place du 13 mai, dans la capitale.

 Depuis le 25 septembre, des manifestations secouent Madagascar, portées notamment par le collectif Gen Z. La colère contre les coupures d’eau et d’électricité s’est muée en fronde plus large contre le pouvoir. Depuis le début du mouvement de contestation, à la fin du mois de septembre, au moins 22 personnes ont été blessées et une centaine blessées. 

Le président de la République, Andry Rajoelina, 51 ans, est très contesté par les manifestants. Ses consultations menées ces dernières semaines en marge des manifestations n’ont pas calmé la colère. La Gen Z, hostile au président Rajoelina, attend sa démission, ainsi que celle du président du Sénat.

Les manifestations de samedi 11 octobre à Antananarivo sont les plus importantes depuis le début du mouvement. Des militaires ont décidé de se joindre aux manifestants, et une unité de l’armée, le Capsat, a appelé à la désobéissance pour protéger les civils.

Ce dimanche 12 octobre au matin, le président Andry Rajoelina a déclaré dans un communiqué qu’une « tentative de prise du pouvoir illégale et par la force, contraire à la Constitution et aux principes démocratiques, est actuellement en cours sur le territoire national ». « Désormais, tous les ordres de l’armée malgache, terre, air, mer, émaneront du quartier général du Capsat (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques) », ont annoncé des officiers de ce contingent dans une déclaration vidéo.

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Aziz Bensadek : « La lutte finit toujours par payer »

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Aziz Bensadek

Le 17 octobre 1961 demeure une date tragique et fondatrice dans la mémoire collective algérienne et française. Ce jour-là, des milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu raciste imposé par le préfet Maurice Papon. La répression policière fut d’une extrême violence, faisant des centaines de morts, longtemps niés par l’État français.

Soixante-quatre ans plus tard, le combat pour la reconnaissance et la justice se poursuit. À Marseille, Aziz Bensadek, militant antiraciste et animateur à Radio Galère, revient pour Le Matin d’Algérie sur la portée historique de cet événement, sur la mémoire des luttes anticoloniales et sur l’engagement nécessaire pour construire un avenir fondé sur la dignité et l’égalité.

Aujourd’hui encore, les héritages coloniaux traversent les débats politiques et les fractures sociales en France. Pour Aziz Bensadek, se souvenir n’est pas un exercice du passé, mais un acte de résistance.

Le Matin d’Algérie : Aziz, pouvez-vous nous raconter ce que représente pour vous le 17 octobre 1961 et pourquoi il reste aujourd’hui un symbole important ?

Aziz Bensadek : L’association des professeurs d’histoire-géographie de l’enseignement public fait sienne cette célèbre citation : « Celui qui ne connaît pas son histoire est condamné à la revivre ». Comment ne pas y souscrire, moi, un natif des montagnes de Kabylie, symboles tout comme les Aurès d’une résistance acharnée à la féroce répression de l’armée coloniale française ?

Cette date est à mon sens un symbole essentiel, car, à l’instar de la grève des huit jours de janvier 1957 à Alger et des manifestations du 11 décembre 1960 sur tout le territoire national, l’implication pacifique de la population algérienne dans le combat libérateur fut déterminante pour l’accès à l’indépendance de notre pays.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes animateur à Radio Galère : comment utilisez-vous ce média pour sensibiliser le public aux luttes contre le racisme et les héritages coloniaux ?

Aziz Bensadek : Radio Galère a vu le jour au lendemain de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Elle fut fondée par des militantes et militants antiracistes à une époque marquée par les meurtres racistes et la dérive sécuritaire.

Son ADN repose sur ce double combat : la lutte contre le racisme et celle contre le colonialisme. Ces deux dimensions, indissociables, se traduisent concrètement dans la grille des programmes. Être membre de Radio Galère, c’est adhérer à cette vision exigeante et profondément humaniste de la chose publique.

Le Matin d’Algérie : En tant que membre de la CADSA, quelles actions concrètes menez-vous pour soutenir les mobilisations populaires et anticoloniales ?

Aziz Bensadek : Le Collectif pour une Alternative Démocratique et Sociale en Algérie (CADSA) est né après la grande manifestation pacifique du 19 février 2019. Il a pour but de relayer les mobilisations populaires en Algérie.

Créé par des militantes et militants d’origine algérienne engagés depuis longtemps contre le racisme en France – un racisme souvent dirigé d’abord contre les Algériens – le CADSA agit dans une logique de convergence des luttes : antiracisme, solidarité internationale, et appui aux peuples en lutte contre le joug colonial.

Le Matin d’Algérie : La marche du 17 octobre à Marseille est organisée par plusieurs collectifs. Quel rôle jouent ces rassemblements dans la mémoire et la lutte contemporaine ?

Aziz Bensadek : Tout comme la lutte du peuple palestinien pour sa libération devrait concerner toute personne éprise de justice et de liberté, la commémoration du 17 octobre 1961 ne relève pas uniquement des Algériens.

Ces marches réclament avant tout la reconnaissance officielle par l’État français du massacre du 17 octobre 1961 comme crime d’État.

Se mobiliser collectivement, au-delà des origines, est indispensable pour inscrire cette mémoire dans la conscience universelle et favoriser enfin cette reconnaissance.

Le Matin d’Algérie : Comment voyez-vous la situation actuelle en Kanaky et en Martinique, et quel parallèle établissez-vous avec les violences policières et racistes en métropole ?

Aziz Bensadek : La Kanaky et la Martinique vivent encore sous un régime colonial, avec toutes les injustices qui en découlent. Les soulèvements y sont récurrents, et la réponse de l’État français reste avant tout sécuritaire : on envoie l’armée pour écraser des insurgés à mains nues, comme à Ouvéa en 1988, ou des unités d’élite pour réprimer les manifestations en Martinique.

En métropole, dans les quartiers populaires issus de l’immigration coloniale, la logique est la même : abandon social, répression policière, propagande médiatique. La continuité coloniale saute aux yeux.

Le Matin d’Algérie : Quels sont, selon vous, les principaux obstacles à la reconnaissance par la société française des crimes coloniaux et du racisme d’État ?

Aziz Bensadek : La société française est travaillée en profondeur par des médias ouvertement racistes. La colère légitime des classes populaires est détournée : on leur désigne l’étranger comme bouc émissaire.

Aujourd’hui, les courants nostalgiques de “l’Algérie française” sont aux portes du pouvoir. Si cela devait se concrétiser, ce serait un immense recul historique dans la reconnaissance du fait colonial et du racisme d’État.

Face à cela, la mobilisation des descendants de l’immigration postcoloniale devient une nécessité vitale.

Le Matin d’Algérie : Pouvez-vous partager une expérience marquante de votre engagement militant ?

Aziz Bensadek : Oui, un moment fort date de 2010. Cette année-là, Radio Kalima, média de l’opposition tunisienne, fut interdite de diffusion sur Eutelsat sous la pression du régime de Ben Ali.

Radio Galère a alors accepté d’héberger deux créneaux hebdomadaires pour permettre à Kalima d’émettre depuis Marseille.

Le 14 janvier 2011, jour de la fuite de Ben Ali, nous étions en direct avec notre correspondant à Tunis. Nous avons vécu en temps réel cet instant historique du “printemps arabe”.

Ce fut une nuit inoubliable, d’émotion et d’espoir, que nous avons prolongée devant le consulat de Tunisie, rue d’Athènes à Marseille.

Le Matin d’Algérie : Comment mobiliser les jeunes générations autour de ces luttes historiques et contemporaines ?

Aziz Bensadek : Je ne suis pas pessimiste. La jeunesse actuelle se réapproprie ces mémoires à sa manière, avec ses propres outils et ses réseaux.

Son engagement, notamment en faveur de la Palestine, montre qu’elle comprend la continuité entre les luttes d’hier et celles d’aujourd’hui. Notre rôle, à nous les anciens, est de transmettre nos expériences pour nourrir cette dynamique.

Le Matin d’Algérie : En tant que militant et communicateur, quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent s’engager ?

Aziz Bensadek : Je n’ai pas la prétention de donner des conseils. Mais chacun, à son échelle, peut contribuer en s’informant, en participant à des actions d’éducation populaire, en rejoignant des collectifs, en refusant le silence.

L’engagement commence souvent par un simple geste de solidarité ou une parole libre.

Le Matin d’Algérie : Enfin, quelle est votre vision d’un avenir fondé sur la mémoire, la justice et l’égalité ?

Aziz Bensadek : Même si je ne serai plus de ce monde quand ce “grand soir” adviendra, je continuerai à me rendre disponible pour que mémoire, justice et égalité deviennent réalité.

C’est le sens même de l’histoire humaine. La lutte finit toujours par payer.

Entretien réalisé par Mourad Benyahia

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Boubakeur Hamidechi, ancien chroniqueur du Matin, s’éteint

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Boubekeur Hemidechi

La presse algérienne perd l’une de ses plumes les plus élégantes et lucides. Un doyen respecté pour son professionnalisme et sa rigueur. Boubakeur Hamidechi, affectueusement surnommé « Bob », s’est éteint, laissant l’univers du journalisme dans sa plus mauvaise passe depuis l’arrivée de Tebboune.

Très connu pour ses rubriques et chroniques dans plusieurs médias, dont Le Matin dans les années 2000 et Le Soir d’Algérie, il savait observer la société avec un œil acéré et un humanisme constant.

​Né en 1943, le parcours professionnel du défunt débute dès 1966 dans sa ville natale, Constantine où il rejoint l’équipe du quotidien En-Nasr jusqu’à à son arabisation. Fort de cette première expérience, Boubeker Hamidechi a ensuite collaboré avec plusieurs grandes institutions et publications nationales. Il a notamment mis son expertise au service de l’Agence de Presse Algérienne (APS), avant de contribuer à des titres variés comme l’hebdomadaire sportif « El Hadaf », ainsi que les quotidiens Le Matin, El Watan et Le Soir d’Algérie. Il a également assumé la direction de la publication régionale « Akhbar Al Shark » (Nouvelles de l’Est).

Tout au long de sa carrière, Bob a marqué plusieurs générations de lecteurs par la finesse de son écriture et la profondeur de ses analyses. Ses textes, empreints de sensibilité et de rigueur, abordaient avec justesse les réalités sociales, culturelles et politiques du pays. Il savait mêler humour et gravité, esprit critique et engagement, offrant des chroniques qui suscitaient réflexion et débat.

Mais Boubakeur Hamidechi n’était pas seulement un journaliste talentueux : il était un homme de conviction, attaché aux valeurs de vérité, de justice et de dignité. Ses collègues se souviendront d’un professionnel intègre, passionné par son métier et profondément humain. Ses lecteurs, d’une part, et la communauté journalistique, de l’autre, perdent une voix qui incarnait à la fois l’exigence intellectuelle et la sensibilité aux réalités du quotidien.

Mourad Benyahia

Le Matin d’Algérie présente ses condoléances les plus sincères à sa famille, à ses proches et à ses collègues. Que son âme repose en paix et que sa mémoire continue d’inspirer celles et ceux qui, comme lui, croient au pouvoir des mots et à l’éthique journalistique.

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