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lundi, 10 novembre 2025
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Ahmed Attaf réfute l’existence d’une plainte malienne auprès de la CIJ

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Ahmed Attaf
Ahmed Attaf

Lors d’une conférence de presse consacrée au bilan du 4ᵉ Salon du commerce intra-africain, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a profité de l’occasion pour lever toute ambiguïté autour de deux dossiers diplomatiques sensibles.

Aucune plainte malienne à La Haye

Réagissant aux informations selon lesquelles le Mali aurait saisi la Cour internationale de justice (CIJ) contre l’Algérie, Ahmed Attaf a été catégorique : « Il n’existe aucun dépôt de plainte du Mali auprès de la CIJ ».

« Aucune plainte n’a été déposée contre l’Algérie. Il n’existe ni procédure ni document allant dans ce sens », a affirmé le MAE algérien, qualifiant ces rumeurs de « purement infondées ». 

Le ministre a indiqué que ses services ont pris contact directement avec la Cour et qu’aucun document ou signalement n’a été enregistré. « Même en cas de procédure, la partie visée aurait été formellement notifiée, ce qui n’a jamais été le cas », a-t-il insisté, coupant court aux spéculations.

Il a mis l’accent sur la continuité du dialogue entre Alger et Bamako, rappelant que l’Algérie demeure le pays facilitateur de l’Accord de paix d’Alger de 2015 et reste engagée à accompagner le Mali vers une stabilité durable

Représentation algérienne au sommet arabo-islamique de Doha

Abordant la réunion arabo-islamique extraordinaire prévue lundi à Doha, Ahmed Attaf a précisé qu’aucune décision n’a encore été prise sur le niveau de la délégation algérienne : « Le président de la République n’a pas encore arrêté le choix de la représentation ».

Il a rappelé que l’Algérie avait demandé la tenue d’une session d’urgence du Conseil de sécurité pour inclure une condamnation du bombardement de la capitale qatarie, soulignant que « toutes les options restent ouvertes ». Le ministre a par ailleurs salué la chaîne Al-Jazeera pour avoir « reconnu le rôle actif de l’Algérie » dans cette initiative diplomatique.

Le sommet arabe-islamique de Doha intervient dans un contexte régional tendu. Il doit examiner la situation au Moyen-Orient à la suite d’un raid israélien ayant visé des dirigeants du mouvement Hamas.

Bilan du Salon intra-africain

Revenant au thème principal de la conférence, Ahmed Attaf a salué le succès de l’édition 2025 du Salon du commerce intra-africain : 132 pays représentés, 112 000 visiteurs, 2 148 exposants et 48,3 milliards de dollars de contrats signés, dont 11,4 milliards pour les entreprises algériennes.

Il a présenté ces chiffres comme la preuve de la capacité de l’Afrique à « prendre en main sa propre destinée économique », en misant sur l’intégration et l’investissement intra-africains.

La rédaction

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Un deuxième 1er novembre pour refonder

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Hirak
Le mouvement de dissidence populaire a été neutralisé par le pouvoir au printemps 2021

Au peuple algérien. Avons-nous failli ?

Le projet libérateur porté par l’Appel du 1er novembre 1954 reste inachevé. Le rêve d’émancipation pour lequel tant de sacrifices ont été consentis s’est transformé en cauchemar: l’Algérie d’aujourd’hui n’est pas un pays où il fait bon vivre et n’offre pas un avenir à ses enfants. Deux phénomènes le signent : l’exil par la mer, d’aventure personnelle est devenu un projet familial et une oligarchie politico-militaire spoliatrice des richesses nationales et détentrice des biens immobiliers et financiers dans des capitales étrangères.

Depuis le coup de force de l’été 1962, un système politique autoritaire, corrompu et corrupteur s’est installé, éloigné des aspirations populaires, a fini par défigurer l’image de l’Algérie et celle de l’Algérien. Ce système, sème la non-vie, reproduit le même mépris que celui du colonisateur. Hier, les Algériens, jugés immatures pour l’indépendance, aujourd’hui, considérés inaptes à la démocratie.

La fracture coloniale n’a pas disparu. Elle a muté. A la séparation entre colons et indigènes a succédé celle entre un peuple exclu et une minorité prédatrice. A l’aube de l’indépendance, nous avions l’Algérie des pauvres et celle des fonctionnaires qui s’est accaparée Les biens vacants et les fonctions administratives laissés par la France. Une formule populaire résume l’état des lieux : Chaab fi oued wa el Houkouma fi oued – le peuple dans un monde, le pouvoir dans un autre. Nous devons reconnaître, hélas, que nous vivons désormais dans deux Algérie : Celle du Système, des privilèges et des généraux, et celle du peuple en souffrance.

Le Hirak populaire du 22 février est l’évènement dateur dans notre histoire politique contemporaine car il se présente comme un moment de dépassement de cette situation tragique, de cet affrontement stérile et destructeur entre le Système et le peuple qui dure depuis 1962.

Quelle est la vérité du Hirak ? Il a révélé la vraie nature de la crise : une rupture nationale profonde, enracinée depuis 1962. Quand les manifestants scandent « le peuple veut l’indépendance » le 5 juillet 2019, ils affirment que celle de 1962 n’était pas complète et que le processus de libération reste une tâche à poursuivre. Deux fois dans son histoire contemporaine, le peuple algérien a réclamé son indépendance.

Le Manifeste du 1er novembre 1954, né d’une scission dans le mouvement national reste notre socle commun car il promettait la restauration de l’État algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ainsi que le respect de toutes les libertés fondamentales. Il demeure notre boussole, car il incarne notre conscience historique. Depuis 1962, nous vivons une crise de légitimité populaire. Jusqu’à présent, l’Algérien n’a pas le sentiment d’être chez lui et continue à se sentir étranger sur son propre sol.

En 1954, l’esprit du temps encourage les mouvements de libération, maintenant face au nouveau monde qui se dessine, la question est celle de la souveraineté (l’indépendance de la décision politique). Et la souveraineté ne peut faire l’économie de la puissance. Et celle-ci se fonde sur un peuple libre, uni à son élite autour d’un projet collectif de développement. Tel n’est pas le cas en Algérie.

Le peuple, lui, n’a jamais déserté l’histoire. C’est l’élite qui a failli. Elle s’est coupée du peuple, le méprise, le blâme et le rend responsable de sa propre misère et de cette déchéance. Ce divorce entre le Système et le peuple, aggravé par l’isolement diplomatique et l’asphyxie intérieure, place l’Algérie face à un danger existentiel.

Sauver l’Algérie est notre mission. L’accomplir ou la trahir. Le message du Hirak populaire est clair : refonder ou s’effondrer. Nous sommes dans l’urgence. Nous avons admis que le seul héros est le peuple et le Hirak massif et unitaire le confirme, il est temps donc de redonner la parole au peuple.

Revenir aux urnes pour fonder une souveraineté populaire réelle. Ce retour aux sources exige une réconciliation entre le peuple et les institutions. Il impose une rupture définitive avec la logique des clans, l’arbitraire, la peur et la prédation.

C’est pourquoi nous appelons, pour sortir de l’impasse politique mortifère, à des élections présidentielles anticipées. Le 1er novembre 2025, dans l’esprit du Hirak, nous appelons le peuple à descendre dans la rue, comme en un référendum vivant, pour affirmer haut et fort : « 63 ans, ça suffit ! Oui à des élections présidentielles anticipées libres et honnêtes ».

Mais avant cela, il faut garantir un climat apaisé, des conditions de transparence, et des garanties claires. Une personnalité nationale crédible pourrait piloter ce processus, en définissant une feuille de route claire pour cet acte salvateur.

Les élections présidentielles auront lieu le 22 février 2026 si les conditions le permettent ou au plus tard le 5 juillet 2026.

Refonder l’Algérie suppose qu’on fasse preuve d’un grand sens de responsabilité historique qui engage le peuple dans sa totalité, de faire taire nos rancunes, de dépasser les clivages idéologiques et de ne penser qu’à l’Algérie de demain. Celle que nous laisserons pour nos enfants.

L’Algérie ne survivra pas à une nouvelle crise. Il nous faut aujourd’hui un compromis historique entre le Système et le Peuple, pour bâtir ensemble une Algérie fraternelle et réconciliée, juste, libre et souveraine dans ses choix et dans son avenir. Et de cette refondation ne doit sortir qu’un seul vainqueur : le peuple algérien.

Rester fidèle au Manifeste du 1er novembre 1954, c’est en incarner l’esprit aujourd’hui. Le Hirak, entré dans sa septième année-comme la guerre de libération- nous transmet son dernier message : « je suis l’accomplissement des idéaux du 1er Novembre ».

Mahmoud Senadji, Brahim Kentour
Algérie du Peuple (Le Secrétariat provisoire)

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Jan Orawiec, figure majeure du violon franco-polonais

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, Jan Orawiec
, Jan Orawiec

Figure singulière du violon contemporain, Jan Orawiec incarne une génération de musiciens à la fois virtuoses, curieux et engagés. À travers son parcours international, son travail avec Les Siècles et son investissement pédagogique, il redéfinit les contours de l’interprétation classique. Portrait d’un artiste qui fait dialoguer les siècles.

Jan Orawiec est un violoniste franco-polonais au parcours remarquable, alliant virtuosité, profondeur musicale et engagement artistique. À la croisée des influences culturelles de l’Europe de l’Est et de l’Ouest, son jeu traduit une quête constante d’authenticité, de rigueur et de sens.

Une formation d’exception

Formé au Conservatoire national supérieur de musique de Paris auprès de Boris Garlitsky, puis auprès de Maxim Vengerov à la Haute école de musique (Hochschule für Musik) de Sarrebruck, il a été nourri par deux grandes figures du violon, forgeant ainsi une identité artistique personnelle, sensible et résolument ouverte.

Premiers succès et reconnaissance internationale

Dès ses débuts, Jan Orawiec s’est imposé par une maîtrise technique solide et une musicalité raffinée. Lauréat de plusieurs concours prestigieux — le Concours Balys Dvarionas à Vilnius, la Groblicz Family à Cracovie, ou encore le Concours Eurovision des Jeunes Musiciens à Varsovie — il s’est rapidement distingué comme un interprète prometteur au talent singulier. Plus que la virtuosité, c’est la recherche d’une voix artistique propre qui guide son parcours.

Une ascension orchestrale fulgurante

Sa carrière a connu une ascension rapide. Entre 2009 et 2011, il occupe le poste de violon solo à l’orchestre royal philharmonique de Liège, un rôle clé qui l’inscrit au cœur du répertoire symphonique. Il poursuit ensuite sa trajectoire à l’orchestre philharmonique de Rotterdam, où il est invité comme violon solo de 2011 à 2013. Ces expériences lui permettent de collaborer avec des chefs d’orchestre prestigieux tels que Valery Gergiev, Yannick Nézet-Séguin, Neeme Järvi, Vasily Petrenko, Sir Mark Elder, Tugan Sokhiev, Thomas Hengelbrock et Alain Altinoglu. Son jeu, à la fois expressif et rigoureux, séduit par son équilibre entre intensité et clarté.

Un voyage musical à travers les siècles avec Les Siècles

Aujourd’hui violon solo de l’ensemble Les Siècles, fondé par François-Xavier Roth, Jan Orawiec explore avec passion le répertoire sur instruments d’époque. De la musique baroque à la création contemporaine, cette approche historiquement informée lui permet de redécouvrir les chefs-d’œuvre du répertoire sous un jour nouveau. Il est également régulièrement invité par des orchestres renommés tels que l’orchestre philharmonique de Radio France, l’orchestre du Capitole de Toulouse, l’orchestre national de Lille, l’ensemble Baltasar Neumann, le Gulbenkian Orchestra, et le Brussels Philharmonic.

Un chambriste engagé et éclectique

Au-delà de la scène orchestrale, Jan Orawiec est un chambriste passionné qui développe une riche activité en formations restreintes. Il collabore avec des artistes tels que Steven Isserlis, Pieter Wispelway, Marc Coppey, Kirill Trussov, Sarah Nemtanu, Lise Berthaud, Claire Désert, Emmanuelle Bertrand, Nicolas Dautricourt, Jennifer Larmore… autant de partenaires témoignant de son éclectisme et de son exigence artistique.

Une discographie saluée par la critique

Ses enregistrements illustrent cette diversité. Son disque des Trios avec piano de Dmitri Chostakovitch et Olivier Greif a été unanimement salué par la critique (5 diapasons, Coup de cœur du magazine Piano, 5/5 de Classica, 4 étoiles du Monde de la musique). Il a également enregistré les Onze Caprices pour deux violons de Philippe Hersant, interprétés avec une rare intensité et eux aussi récompensés de 5 diapasons. Parallèlement, il participe à de nombreux projets discographiques avec Les Siècles, comme le Dixtuor de Dubois, et contribue à des enregistrements orchestraux reconnus internationalement.

Une pédagogie active et innovante

Le rayonnement de Jan Orawiec dépasse la scène et le studio. Pédagogue engagé, il enseigne au Conservatoire du 8ᵉ arrondissement de Paris ainsi qu’à celui de Villeneuve-le-Roi. Depuis 2012, il accompagne la formation des jeunes musiciens au sein de l’orchestre français des Jeunes et dirige depuis 2018 la pédagogie de l’Orchestre-Atelier Ostinato, une structure originale dédiée à l’accompagnement des musiciens en voie de professionnalisation. Il s’investit aussi dans des initiatives pédagogiques majeures comme la Symphonie des Siècles ou le Verbier Festival Junior Orchestra, convaincu que la transmission est un pilier fondamental du métier d’artiste.

Une vision artistique audacieuse et fédératrice

L’impact de Jan Orawiec sur la scène musicale contemporaine dépasse largement une simple carrière de soliste. Ce qui le distingue, c’est sa capacité à fédérer des univers musicaux souvent cloisonnés : la tradition classique rigoureuse, la musique sur instruments anciens, la création contemporaine, et la formation des jeunes générations. Par ses choix artistiques audacieux, il bouscule les habitudes d’écoute, propose des lectures vivantes des œuvres majeures, et contribue à renouveler la perception de la musique classique.

En intégrant pleinement la recherche historique dans son approche — notamment au sein de Les Siècles — il confère aux œuvres une profondeur nouvelle. Son travail rend le patrimoine musical plus accessible et vivant, sans jamais figer son interprétation. Ainsi, il redonne à des pièces considérées comme « classiques » leur pouvoir de surprise, leur dimension organique et leur force expressive originelle.
Un pont entre héritage et créatio

Par ailleurs, Jan Orawiec ne craint pas d’aborder des répertoires moins connus ou contemporains. Son engagement auprès de compositeurs comme Olivier Greif ou Philippe Hersant témoigne de sa vision de la musique comme un continuum d’héritage et de création. Par son exigence et sa curiosité, il incarne une continuité créative où passé et présent dialoguent constamment.

Former des interprètes complets

Son apport à la pédagogie musicale est tout aussi majeur. Dans un contexte où la profession de musicien évolue rapidement, il joue un rôle clé dans l’accompagnement des jeunes artistes vers une compréhension globale et exigeante de leur métier. À travers son travail avec l’orchestre français des Jeunes ou l’Orchestre-Atelier Ostinato, il forme non seulement des techniciens d’exception, mais des interprètes complets, conscients des enjeux culturels, sociaux et esthétiques.

Une transmission vivante et collective

Sa pédagogie, bienveillante mais rigoureuse, encourage l’écoute collective, le respect du texte, l’ouverture aux styles divers et l’autonomie artistique. Pour lui, la transmission ne se limite pas à l’enseignement : elle est un partage d’expérience, une responsabilité collective et un moyen de réinventer l’avenir du concert.
Une figure inspirante du violon contemporain

Artiste complet, Jan Orawiec incarne une génération de musiciens exigeants, ouverts et engagés, à la croisée des traditions interprétatives et des enjeux contemporains. Par son parcours, son engagement pédagogique et son travail de transmission, il contribue activement au rayonnement de la musique classique et à la formation des talents de demain.

Le violon, langage du lien et de l’émotion

Son influence dépasse aujourd’hui les cadres académiques ou institutionnels. Elle se manifeste dans sa capacité à donner à la musique une portée humaine et sociale, dans sa fidélité aux œuvres tout en les renouvelant, et dans l’élan qu’il insuffle à chaque collaboration artistique. Dans un monde où l’excellence technique ne suffit plus, Jan Orawiec trace une voie moderne, riche de sens, tournée vers l’échange et le lien. Par son exemple, il rappelle que le violon est bien plus qu’un instrument de virtuosité : c’est un vecteur de dialogue, d’émotion partagée et de transmission vivante.

Brahim Saci

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La fête de la fin

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Sirat

Je sors du film Sirāt. Et je ne suis pas seul. Autour de moi, les visages sont graves, les regards absents. Personne ne parle. On dirait que chacun revient d’un lieu – d’un non-lieu, plutôt – que les mots ne peuvent nommer. Je les observe, je me reconnais. Nous avons tous le visage de ceux qui ont traversé quelque chose. De mystique, brûlant. Indicible.

Sirāt n’est pas un film, non. C’est une épreuve. Une traversée intérieure. On y marche comme Moïse dans le désert, comme Jésus dans la solitude, comme Muhammad dans la grotte de Hira. Mais aussi comme Ulysse errant sur les mers, comme Orphée descendant aux Enfers, comme Œdipe aveuglé par sa propre vérité. Tous ces héros, qu’ils soient bibliques, coraniques ou grecs, ont affronté un destin, des forces qui les dépassent, traversé des limbes — ces zones d’attente, de suspension, où l’âme vacille entre deux mondes.

Dans Sirāt, les personnages ne sont pas guidés par une quête obscure. Ils errent dans un espace qui ressemble aux limbes : ni enfer, ni paradis, mais un entre-deux brûlant, minéral, tenu. Le récit est là, discret, presque effacé. Il ne guide pas, il est juste le fil d’Ariane d’une introspection douloureuse, tendue entre la fête et la fin, entre la vie et la mort.

La rave qui ouvre le film est une convulsion. Une célébration sans joie, une transe collective au cœur du désert marocain. Les corps s’agitent comme pour conjurer une fin imminente. Ce n’est pas la fête qui les anime, mais une prescience urgente : se perdre avant d’être englouti.

La musique techno, lancinante, martèle le sol comme un tambour des enfers. Elle ne libère pas, elle boucle à double tour. Elle creuse. Elle transforme la danse en rituel de désintégration.

La techno est le son mitoyen de la mort. Elle pulse comme un battement funèbre, une vibration qui sépare les vivants des ombres. Elle ne célèbre pas la vie, elle sonne sa dissolution.

Et pourtant, de cette rave, quelque chose de sacré surgit. Les corps tournoient, s’élèvent et chutent dans la même équation. Les images de la fête se superposent aux visions télévisées du pèlerinage à La Mecque : mêmes foules costumées selon les canons édictés par l’archange, même mouvement circulaire, même ferveur. Mais ici, pas de Kaaba, et son attrait cosmique de morceau de météorite, au centre — seulement le vide, un autre vide, dénué des clameurs des anges et du fer des purificateurs. Ce vide-là aspire, consume, inspire.

Dans ces paysages d’apocalypse et de paradis entremêlés dans l’instant abasourdi, le voisinage entre le gnawa et la rave devient saisissant : deux formes de transe, deux appels à l’invisible. Mais là où le gnawa invoque les esprits pour les apaiser, la rave les convoque pour les affronter. Danse féroce et appel à la transcendance. Les corps ne cherchent pas à s’élever, mais à se dissoudre. Et lorsque la danse cesse, quelque chose bascule.

L’abandon de la danse est le début du cheminement dans la mort. Le silence qui suit est plus lourd que la musique.

Et puis, le désert. Ocre et immense, indifférent. Il n’est pas un décor, il est une énigme. Une entité lunaire qui absorbe les cris, les pas, les prières pour les régurgiter en accidents géologiques. Dans Sirāt, le désert est le lieu de la solitude absolue. Pas celle qui repose, mais celle qui se morfond, se ronge le cortex. Il n’offre aucun refuge, aucun repère. Aucune porte. Miroir du néant balisé, il oblige à se regarder en face, à marcher sans but, à écouter le silence comme un écho de soi-même résonnant dans les monstrueuses baffles de la rave.

Mais le désert est aussi le lieu de l’inattendu. Il ne promet rien, mais il ne révèle rien d’autre que le leurre et l’invisible, le mirage et le virage. Il est le théâtre du surgissement — de la mémoire, du deuil, de la vérité. C’est là que le père, cherche sa fille disparue, le folie cherche une pause de raison, la foi un Dieu. Et c’est là que le film se déploie : dans les interstices des mirages, dans les éclats de sables échappés au Big Bang originel, dans les spectres fugaces fugaces. Le désert ne donne pas de réponses, mais il impose des questions. Il est l’espace du vertige, du basculement, du face-à-face avec soi.

La rave, dans ce contexte, devient une tentative désespérée de faire du bruit dans un monde qui ne répond plus. Mais le désert ne danse pas. Il observe. Il attend. Il avale.

Et c’est là que Sirāt devient mystique. Car dans cette solitude, dans cette fête qui s’effondre, quelque chose se révèle. Une vérité nue, douloureuse, mais nécessaire. Le fil du Sirāt se tend. Et chacun, seul, doit décider s’il continue à marcher.

Le Sirāt, c’est aussi cette route étroite entre les mines du désert. Seule la foi, les yeux fermés sur la confiance aux Dieux de cet Olympe déchue, sécurise le mince ru de confiance vers la paix et la vie. Le faux pas qui danse sur la mine est le pas de coté pour revenir dans l’axe de l’univers.

D’un côté, les rochers inexpugnables. De l’autre, le ravin vertigineux. C’est le chemin de crête, invisible, où chaque pas menace de basculer. Une traversée entre la menace et le salut, comme Iphigénie sacrifiée pour un vent propice, ou Orphée se retournant pour perdre à jamais son amour. Le film ne le montre pas littéralement, mais il le fait ressentir — dans la tension des corps, dans la lumière qui aveugle, dans le vertige moral.

Le véritable personnage principal ici, c’est la lumière. Celle de la nuit, trouée par les phares des véhicules comme autant de balises dans l’obscurité morale. Celle du soleil, qui ne réchauffe plus mais s’effondre dans sa propre incandescence, noyé dans une blancheur spectrale — une vision diaphane, presque irréelle, des ombres de la mort. La lumière ici n’éclaire pas le chemin, elle le rend plus étroit. Elle est le fil du Sirāt, tendu entre les vivants et les morts. Elle est ce halo qui entoure les âmes comme une menace, ou une promesse de chute.

Le premier mort est un enfant. L’innocence, épargnée par l’enfer. Il ne traverse pas le Sirāt — parce qu’il est déjà ailleurs. Et nous, les vivants, nous marchons encore. Vacillants. À un souffle de la chute.

Le film, dans sa forme, est paradoxal. D’un côté, il y a très peu de dialogues — on pense à L’Île nue de Shindō Kaneto — et c’est là la vocation du cinéma : faire parler l’image. Et en même temps, c’est du cinéma qui vous emporte en vous faisant oublier que c’est du cinéma. Il ne se regarde pas, il se traverse. Il ne se commente pas, il se vit.

Je ne prétends pas comprendre Sirāt. Je ne peux que témoigner de ce qu’il m’a fait. Il m’a laissé silencieux, troublé. Et surtout, il m’a fait comprendre que la fête, parfois, n’est pas la célébration de la vie, mais la préparation à une autre traversée.

Arezki Metref

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Emma Lira : « L’Algérie est encore une toile blanche « 

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À l’occasion de la sortie du nouveau film d’Alejandro Amenábar consacré à Miguel de Cervantes, Emma Lira publie El Cautivo (Espasa, 2025), un roman historique qui plonge dans les cinq années de captivité de l’auteur du Quichotte à Alger, après la bataille de Lépante en 1575.

Journaliste voyageuse et spécialiste de la fiction historique, Lira sera également l’accompagnatrice d’un voyage inédit en Algérie organisé par El Pais Viajes en janvier 2026, offrant aux participants une immersion dans les lieux qui ont inspiré cette fascinante histoire.

« Tout s’est parfaitement aligné », confie Emma Lira à El Pais. « La sortie simultanée du film et du livre n’est pas fortuite : elle permet aux lecteurs et spectateurs d’explorer l’histoire à travers deux médiums complémentaires. Quant au voyage, il offre une immersion unique dans les lieux mêmes où Cervantes aurait été prisonnier, comme la grotte où il aurait tenté de s’évader. »

Si le film a été tourné intégralement en Espagne, principalement à Alicante et Séville, avec des intérieurs aux Reales Alcázares et des scènes extérieures au château de Santa Bárbara, le roman propose une plongée plus profonde dans les personnages et les intrigues. « Mon livre n’est pas une simple transposition du scénario », précise Lira. « Il explore la complexité des relations humaines à Alger au XVIe siècle, notamment entre Cervantes, son captor Hassan Bajá et Antonio de Sosa, le chroniqueur de sa captivité. Ces cinq années ont façonné l’homme et l’écrivain qu’il est devenu. »

Résumé de El Cautivo

En 1575, le jeune soldat Miguel de Cervantes est capturé en haute mer par des corsaires arabes et emmené à Alger. Conscient que sa vie dépend du paiement rapide de sa rançon, il se réfugie dans sa passion pour raconter des histoires. Ses récits redonnent espoir à ses compagnons de captivité et attirent l’attention d’Hasán, le mystérieux et redouté Bey d’Alger, avec lequel se noue une étrange complicité. Alors que les tensions s’exacerbent parmi ses compagnons, Miguel, animé par un optimisme inébranlable, imagine un audacieux plan d’évasion.

Le roman explore la liberté sous toutes ses formes — conscience, expression, identité — et célèbre le pouvoir de la narration, tout en retraçant la vie de celui qui deviendra l’un des plus grands génies de la littérature universelle.

Pour Emma Lira, cette histoire est avant tout un hymne à la liberté. « Il ne s’agit pas seulement de liberté physique, de survivre en tant que prisonnier, mais de liberté dans tous ses aspects : croyance, condition sociale, choix personnels. Ces thèmes m’accompagnent depuis toujours dans mes romans, et le contexte historique d’Alger m’a offert un terrain idéal pour les explorer. »

L’Algérie occupe une place particulière dans la vie et l’œuvre de l’auteure. « Je suis profondément attachée au Maghreb et au monde musulman. J’apprécie le patrimoine andalou et nord-africain, qui a façonné notre civilisation pendant huit siècles. L’Algérie reste un territoire fascinant, encore largement inexploré par le tourisme. Les prix y sont abordables, les sites authentiques, et l’histoire immense. On a presque la sensation de découvrir un monde pour la première fois. »

Le voyage prévu avec EL PAÍS Viajes emmènera les participants à travers Alger, le site romain de Tipasa, le mausolée de Cléopâtre Séléné, la côte méditerranéenne et le désert de Timimoun, surnommé « l’Oasis Rouge » du Sahara. « Nous voulons que ce voyage permette de ressentir l’Algérie dans toute sa richesse : ses paysages, son histoire, sa culture, mais aussi l’émotion et la vie quotidienne. Ce sera une immersion totale », explique Lira.

Le roman et le film, bien que liés, offrent deux expériences complémentaires. « Le film montre l’action et la tension, tandis que le roman permet de pénétrer la psychologie des personnages et d’explorer les détails historiques. Par exemple, dans le livre, la première personne est celle du Bajá, alors que dans le film, c’est Antonio de Sosa qui raconte l’histoire. Cela offre au lecteur une perspective différente et plus intime sur ces événements. »

L’auteure évoque également les aspects controversés de la captivité de Cervantes. « Certains documents de l’époque évoquent des relations intimes entre Cervantes et son captor. La question de la survie et des choix faits pendant ces cinq années à Alger demeure un sujet de débat et d’interprétation. Mon roman et le film proposent des hypothèses, laissant chacun libre de tirer ses propres conclusions. »

Enfin, elle insiste sur l’importance de redécouvrir et valoriser l’histoire partagée entre l’Europe et l’Afrique du Nord. « Le patrimoine nord-africain – berbère, romain et islamique – fait partie de notre civilisation commune. L’Algérie reste une toile blanche, prête à être explorée et comprise. Découvrir ce pays, c’est comprendre une partie de notre histoire et ressentir l’intensité de ses paysages et de ses cultures. »

Djamal Guettala

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La France veut chasser les Africains, l’Afrique aussi !

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Manifestation anti-Français
Manifestation anti-Français à Ouagadougou

Lorsque des parents sont confrontés au souhait irrésistible de leurs enfants à vouloir partir vers l’inconnu, il y a deux questions possibles qu’ils peuvent  poser. « Où vas-tu ? » ou « Pourquoi pars-tu ? ». Si la conséquence de l’initiative est la même, le départ, le sens de la question est différent et même inversé dans le cas de ma chronique. 

Une marée d’Africains, en très grande majorité de jeunes tentent, depuis longtemps avec une accélération impressionnante ces dernières années, une aventure périlleuse. Avec frénésie et inconscience iles veulent débarquer sur les côtes qu’on leur a présentées comme celles des ennemis et des impies depuis les  premiers instants de leur enfance.

Il est évident que malgré leur fuite, ils sont toujours imprégnés de la doctrine incrustée dans leur éducation. Nous en sommes persuadés puisque nous avons croulé  depuis tant d’années sous leurs critiques d’avoir, selon eux, choisi la terre néocolonialiste et fui la mère patrie.

Mais laissons cela car ils ne sont que les victimes d’un système qui les a broyés de son écrasement de propagande. Il s’agit pour moi d’accuser les vrais coupables.

Ces derniers jours, suite à la grande médiatisation du bateau des très jeunes harragas, j’ai lu beaucoup d’articles publiés en Algérie (certains, hélas, en France). Tous, sans exception, posent la question « où vas-tu ? » que j’ai annoncée à l’ouverture de mon écrit.

Ce « où vas-tu ? » est clairement exprimé sous le sens de « malheureux, sais-tu dans quel destination d’enfer tu te diriges ? ». Et suit un florilège d’accusations de la France qui est déversé au cours de leurs articles. On ne sermonne pas véritablement ces jeunes, on veut leur ouvrir les yeux en les avertissant de l’enfer dans lequel ils se sont promis.

Et tout y passe, Retailleau, les OQTF, le racisme, le Rassemblement National, le néocolonialisme et ainsi de suite. Toute la panoplie du dictionnaire des régimes africains y passe. En fin de compte, jamais la question « Pourquoi partez-vous ? » n’est posée. Elle est dissimulée, contournée ou faussée par d’autres considérations.

L’Afrique ne s’est jamais posé cette question de la raison du flux considérable des voyageurs du Radeau de la méduse. Ou plutôt jamais en déclarations publiques. Elle sait le danger existentiel pour elle de la poser. 

Car cette question met à nu tout un discours en propagande mené matin, midi et soir, sans aucun répit. Dans les médias, dans les écoles, dans les manifestations calendaires, aucun endroit de la société ne laisse passer la moindre brèche dans la muraille (ou le croient-ils).

Dans un autre temps les Algériens ne liraient ni ne verraient dans les médias l’image des fuyards. Il est impossible aujourd’hui de la cacher, le phénomène en Afrique est gigantesque. Ce ne sont plus ces fiers et puissants pays des nationalistes de la propagande qui font rêver ces jeunes mais l’au-delà.

Et d’ailleurs cet au-delà, ils ne savent pas ce qu’il est réellement. C’est un peu le Désert des Tartares de Dino Buzzati. Ils refusent d’abandonner cette idée que leur pays est le paradis sur terre en même temps qu’ils le fuient.

C’est incroyablement étonnant. Car il y a une chose qu’oublient toutes dictateurs est que le même réflexe zombi des populations qui les adulent et le même que celui qui les animent lorsqu’ils sont dans la misère et la terreur. Ils sont dans l’ambivalence entre une doctrine prégnante et un réflexe irrésistible.

Ce sont les malheureux de l’histoire car ceux qui les ont embrigadés ne prennent des bateaux pour se rendre de l’autre côté de la mer que pour des croisières de luxe. Ils sont les sacrifiés de cette malheureuse et dramatique histoire d’un régime militaire qui a terrorisé, embrigadé et pillé les richesses du pays qu’ils fuient au prix de leur vie pour un mirage de la terre promise.

L’Afrique ne leur posera jamais la question « Pourquoi partez-vous ? » car ils savent que c’est le mur du mensonge qui s’écroulera. Ils ont tort de s’entêter car il est démoli depuis longtemps et laisse apparaître des ouvertures géantes. Ces jeunes « enfants » qui ont pris le risque d’une aventure dangereuse et illusoire ont vu ce trou béant qui laisse passer la lumière. 

Finalement c’est toujours les mêmes qui doivent passer par les brèches car ceux qui les ont emprisonnés dans la citadelle ont les clés pour sortir aisément par la porte principale.

Tous les régimes totalitaires africains possèdent cette clé.

Boumediene Sid Lakhdar

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Peut-on vraiment haïr la France ?

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Islamistes en France

Dans l’une des marches organisées par les islamistes, à Paris (me semble-t-il), il est brandi une pancarte qui en dit long sur les visées expansionnistes des extrémistes musulmans : « Nous sommes chez nous » … rien que ça ! De telles écarts sont à bannir pour de bon. C’est à croire que le temps des conquêtes reprend de plus belle.

En d’autres termes, la marche vers l’islamisation de la France est bel et bien enclenchée si l’on reste inactif face à de telles dérives. Et si l’on n’y prend pas garde de toute urgence, le pire est à venir. L’indulgence affichée par les pouvoirs publics face à ces prières de rue qui se généralisent dans la plupart des grandes métropoles n’est pas de bon augure. Cela représente un signe d’abdication dangereux. 

Pourtant, à y voir de près, la France est notre mère adoptive à tous. Quel que soit notre origine ou notre date d’arrivée dans l’Hexagone, il nous appartient de ne jamais l’oublier et de ne pas hésiter à montrer notre gratitude à notre maman adoptive, que l’on soit croyant ou athée.

Mais, il ne faut pas se leurrer, la visée des islamistes est tout autre. Leur projet est clair, comme il l’a été en Algérie pendant la décennie noire. Cette période de folie pendant laquelle ont été commis des massacres et des atrocités à grande échelle qui dépassent tout entendement humain. Est-ce le cheminement que d’aucuns souhaitent pour la France ? Dans leur projet d’imposer à la Terre entière le message coranique, ces fous ne reculeront devant rien pour tout rendre conforme à leurs folies.

Même si la France doit tout faire pour arrêter l’évolution vers les ténèbres, il faut que tout le monde sache, surtout les Français de souche, que l’écrasante majorité des étrangers accueillis sur cette terre de liberté n’aspire qu’à vivre en paix dans le respect des lois de la république et en toute osmose avec la majorité des Français. Tous ces groupuscules qui s’excitent un peu partout ne représentent qu’une partie infime de cette majorité et non pas, comme il est souvent suggéré, la partie visible d’un iceberg géant prêt à se ruer sur tous les Titanic à portée.

D’aucuns font preuve d’une mémoire courte sidérante à ainsi oublier que la France a joué le rôle de mère adoptive qui nous a donné tout ce que notre mère biologique nous a refusé et nous refuse toujours…cette mère biologique indigne ne nous renie-t-elle pas après nous avoir chassé de son giron, supposé protecteur ?

Non ! la France et les Français de souche ne sont pas nos ennemis mais des frères qu’il nous appartient d’aimer sans condition, sauf peut-être celle d’un respect mutuel.

Il faut aussi que d’aucuns sachent que les premiers à souffrir de ces écarts islamistes et de cette violence qui se propage très vite, c’est cette majorité silencieuse, bien intégrée dans la plupart des circuits professionnels. 

Il faut être franc ! Nous concernant, en tant que Maghrébins, nous sommes stigmatisés de part et d’autre de ces blocs inconciliables, chacun nous accusant, souvent à couteaux tirés, de connivence avec son ennemi.

Les islamistes voient en nous des traîtres à bannir et si possible punir par tous les moyens. J’avoue que pendant le ramadan, j’hésite à me balader dans ces quartiers sensibles où la loi islamique domine.

De l’autre côté, une bonne partie des Français de souche a tendance à tous nous mettre dans le même sac, celui d’une stigmatisation générale qui ne fait pas plaisir…

Mais si une déclaration d’amour peut, un tant soit peu, apaiser cette suspicion quasi maladive envers nous, alors n’hésitons pas l’exprimer, quitte à passer pour des traîtres : France, nous t’aimons ! et merci de nous avoir offert ton giron protecteur depuis que nous avons foulé ton sol et élu domicile sur tes terres.

Si la sagesse l’avait emporté sur la folie et les armes, le drame algérien aurait pris une autre tournure et nous aurions tous pu vivre en harmonie des deux côtés de la grande Méditerranée. Mais ainsi va ce monde façonné par une seule loi : celle du plus fort, du plus violent, du plus inhumain, du plus sanguinaire.

En attendant des jours meilleurs, quand bien même nos ancêtres ne sont pas gaulois, sois rassurée chère France que nous vibrons en phase avec tes joies et tes peines ! Nous sommes heureux quand la majorité ne souffre pas et tristes quand elle est malmenée et qu’elle se sente impuissante face à tous ces tumultes qui agitent le monde et qui menacent, à extinction fatale, l’homo sapiens.

Ce monde ne peut être sauvé avec du chacun pour soi indigne des milliers d’années d’évolution qui ont façonné l’Homme. Il ne peut-l’être qu’avec une solidarité sans faille entre toutes les ethnies, toutes les religions, toutes les races qui sont condamnées à partager ce petit caillou étroit qui se balade dans l’univers…

Le commun des mortels le comprend mais qu’en est-il des dirigeants du monde dont dépend notre destin ? Il ne nous appartient pas de leur donner quelque leçon ! Quoique…

Kacem Madani

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Turquie : une décision de justice favorable au parti d’opposition CHP

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Manifestation de l'opposition en Turquie
Une manifestation de l'opposition en Turquie.

C’est une décision de justice inattendue en Turquie, et même inespérée pour le CHP, le principal parti d’opposition. Un tribunal d’Ankara a décidé – en effet – d’annuler la dissolution à l’encontre de la section locale du parti à Istanbul. Une décision saluée par le CHP qui dénonce depuis des mois l’acharnement judiciaire dont il fait l’objet.

Pour le CHP la décision du tribunal d’Ankara, ce 12 septembre, est une victoire et doit permettre à la direction régionale du parti d’être rétablie dans ses fonctions. La section d’Istanbul avait été dissoute sur une première décision de justice qui avait entraîné des affrontements en début de semaine entre les militants du parti et les forces de l’ordre. L’annulation par la justice de cette dissolution est inattendue mais, comme le rappelle l’universitaire Jean Marcou, spécialiste de la Turquie, il peut y avoir encore une incertitude sur les décisions de justice dans ce pays: « La justice dans ce pays est le champ en fait d’affrontements de courants politiques et finalement un champ de clivage notamment entre le gouvernement et l’opposition. »

Audience cruciale lundi

« Mais effectivement, dit-il, ces dernières années, quand même, il y a eu progressivement une prise de contrôle par l’AKP des différentes instances judiciaires, à commencer par les plus élevés même si dans le reste, il peut y avoir effectivement des tribunaux qui peuvent rester contestataires. »

Reste à voir quelle seront les suites judiciaires de cette décision. Ce lundi, le CHP sera confronté à une audience cruciale puisque c’est la direction nationale du parti qui pourrait être dissoute. Le parti d’opposition à Recep Tayyip Erdogan, qui dénonce une tentative de coup d’État judiciaire, a déjà prévu une riposte politique à une éventuelle dissolution, avec la convocation d’un nouveau congrès le 21 septembre 2025, congrès à l’issue duquel Ozgur Ozel, l’actuel dirigeant du CHP, serait reconduit dans ses fonctions. 

Rfi

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Harga d’Adlane et de ses amis : témérité adolescente et vide estival

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Adlane Harrag
Adlane faisait partie des 7 adolescents harraga

Ils étaient sept, à peine sortis de l’enfance, à prendre la mer sur une embarcation volée, a partir de la cité balnéaire Tamentfoust (ex-La Pérouse), à l’est d’Alger. Parmi eux, Adlane, le plus jeune (14 ans), dont le visage circule désormais sur les réseaux sociaux.

Leur objectif : rallier l’Espagne, happés par l’attrait d’un « ailleurs » qui semble à leurs yeux plus prometteur que leur quotidien. Un geste à la fois téméraire et tragique, qui interroge la société algérienne bien au-delà de l’émotion immédiate.

Un départ qui dit le vide

La traversée clandestine, ou harga, est depuis plusieurs années un phénomène récurrent dont les causes sont suffisamment interrogées et documentées par les médias et les spécialistes. Mais que des mineurs se lancent en pleine saison estivale révèle autre chose qu’un simple désir d’exil : la pression d’un vide existentiel. L’été, censé être une parenthèse de loisirs et de découvertes, se transforme pour beaucoup en une longue période d’oisiveté. Le manque d’activités encadrées, l’absence d’espaces d’expression et de distraction transforment l’ennui en sentiment d’impasse.

Des politiques publiques en échec

Ce drame met en lumière les insuffisances d’une politique de la jeunesse réduite à des slogans. Où sont les maisons de jeunes censées accueillir, orienter, encadrer ? Où sont les structures étatiques capables d’organiser colonies de vacances, excursions, ou programmes culturels qui offriraient aux adolescents un exutoire et un sens de la découverte ? Faute d’initiatives, certaines associations qui tentaient de pallier ce manque se sont vues entravées, interdites même d’organiser des sorties.

Pendant ce temps, le ministère de la Jeunesse, dirigé par un responsable davantage préoccupé à flatter un président en manque de popularité qu’à répondre aux attentes de la jeunesse, s’épuise dans un discours patriotique figé, loin des besoins concrets d’une génération en quête de projets, de créativité et de reconnaissance.

Une offre de loisirs défaillante

La conséquence est visible : au cœur des quartiers, les rares alternatives estivales prennent souvent la forme d’écoles coraniques improvisées. Rien de répréhensible en soi, mais ces structures répondent davantage à une promesse spirituelle qu’à un véritable besoin d’évasion ludique ou éducative. La promesse du paradis remplace ainsi les joies de l’été, accentuant le fossé entre les aspirations des jeunes et la réalité qui leur est proposée.

Confrontés à ce manque d’horizons, nombre de jeunes se laissent séduire par le mirage d’un « ailleurs » qui, par le truchement des réseaux sociaux, s’impose comme un refuge, où l’herbe semble toujours plus verte qu’ici.

Un ailleurs décrit comme plus clément  que leur monde, alors que leur propre réalité les étreint, semblable à une camisole de force.

Ni héros ni martyrs

 Ériger Adlane et ses compagnons en symboles de bravoure serait trompeur et illusoire. Ils ne sont ni héros ni délinquants, mais les auteurs d’un geste impulsif qui aurait pu leur coûter la vie, souligne un internaute sur Facebook. Leur aventure, ajoute-t-il, dépasse la question des frontières : elle révèle avant tout les failles éducatives, sociales et culturelles du pays. La surveillance maritime, si nécessaire soit-elle, ne suffira pas ; seule une politique ambitieuse des loisirs, de l’éducation et de la participation citoyenne pourra offrir un véritable horizon.

La « harga » d’Adlane et de ses amis n’est pas une évasion glorieuse. C’est un signal d’alarme sur l’incapacité des pouvoirs publics à offrir un horizon à leur jeunesse. Le bonheur ne se trouve pas uniquement « là-bas », mais il ne naîtra pas non plus dans le vide laissé ici.

Samia Naït Iqbal

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Imedghassen 2025 : Batna s’illumine au rythme du cinéma international

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Imadghassen

Batna vibre au rythme du cinéma du 10 au 16 septembre 2025 avec la tenue de la cinquième édition du Festival international du film Imedghassen, un rendez-vous qui s’impose désormais comme un événement majeur de la scène culturelle algérienne. Le premier jour a offert une atmosphère exceptionnelle, marquée par la présence du délégué du ministre de la Culture et des Arts, M. Missoum Laâroussi, et du wali de Batna, soulignant l’importance accordée à cet événement par les autorités et les institutions culturelles.

Les artistes et invités ont foulé le tapis rouge pour rejoindre le Théâtre régional de Batna, où une cérémonie d’ouverture a donné le coup d’envoi officiel du festival. L’événement a été ponctué de moments forts, entre hommages aux personnalités du cinéma et présentation des nombreuses activités prévues tout au long de la semaine.

Le festival a réuni un jury de prestige, présidé par le réalisateur égyptien Khaled Youssef, accompagné de la comédienne algérienne Nadia Kaci et de l’actrice tunisienne Dorra Zarrouk. Leur expertise et leur expérience internationale apportent un regard averti sur la sélection des films et garantissent une évaluation exigeante et diversifiée des œuvres en compétition. Les discussions du jury promettent d’être passionnantes, dans un contexte où les films présentés reflètent des esthétiques variées et des horizons culturels différents.

Cette édition rend hommage à plusieurs personnalités du cinéma, avec Sarah Gherbi, actrice et artiste algérienne, et Salouma Haddad, acteur syrien reconnu pour sa contribution au cinéma arabe, mis à l’honneur.

Le Vietnam a été choisi comme pays invité d’honneur et présente une sélection de films illustrant la richesse et la diversité de son histoire cinématographique, offrant au public algérien un aperçu unique du cinéma asiatique contemporain. Parmi les artistes locaux célébrés figurent également Malika Belbai et Dalila Halilou, dont les parcours témoignent de la vitalité et de la créativité du cinéma maghrébin.

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La programmation du festival est particulièrement riche et internationale, avec 53 films issus de 27 pays, couvrant plusieurs genres et formats. Les spectateurs peuvent découvrir des courts-métrages de fiction, des films documentaires, des films d’animation ainsi que des œuvres en compétition pour la semaine des critiques.

Cette diversité reflète la volonté des organisateurs de promouvoir un cinéma pluriel, capable de croiser les cultures et de susciter le dialogue entre les artistes et le public. Le festival ne se limite pas aux projections : il offre également des ateliers de formation à 50 jeunes talents dans les domaines de la réalisation, du jeu d’acteur, de la production et de l’ingénierie sonore, favorisant la transmission de savoir-faire et l’émergence de nouvelles voix.

Des conférences et tables rondes explorent les liens entre cinéma et littérature, ainsi que la préservation du patrimoine culturel, avec un focus particulier sur des sites historiques de la région comme le mausolée numide royal Imedghassen. Des sorties touristiques sont également organisées pour faire découvrir les trésors patrimoniaux de Batna et des environs, mêlant culture et découverte du territoire.

Le festival Imedghassen illustre ainsi l’importance du cinéma comme vecteur de dialogue et d’échanges culturels. Il rassemble des professionnels et passionnés du monde entier, offrant une plateforme où se croisent les expériences, les récits et les émotions.

Les projections et les rencontres permettent aux spectateurs de découvrir de nouvelles perspectives et d’apprécier la richesse des cinématographies internationales tout en mettant en valeur le cinéma algérien et maghrébin. Cette cinquième édition confirme la position du festival comme un rendez-vous incontournable, où la créativité et l’engagement artistique se conjuguent pour célébrer la diversité du cinéma et renforcer les liens culturels entre les pays participants.

Pour tous les amateurs et curieux, la programmation complète, les horaires des projections et les informations sur les films sont disponibles sur le site officiel du festival,  imedghassenfilmfestival.com qui demeure la référence pour suivre cet événement culturel majeur et vivre pleinement l’expérience Imedghassen.

 Djamal Guettala

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