Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, avait invité des partis politiques à une rencontre. Les partis politiques y sont allés sans hésitation, sans se poser de questions ou émettre la moindre condition. Ils ont répondu à une convocation, ils ont écouté et sont ressortis satisfaits.
La lecture de leurs déclarations est stupéfiante. La Secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, la grande « opposante », comme la présente une certaine presse, fermement résolue à combattre le régime militaire et candidate éternelle à la présidence a déclaré : «Lors de ce dialogue, toutes les questions nationales, internationales et régionales ont été évoquées et chaque parti a donné son avis. Nous avons soulevé des préoccupations que nous jugeons urgentes, nécessitant une prise en charge».
Le président du Front El Moustakbel, Fateh Boutbig, a affirmé que la rencontre « a été d’un niveau élevé » en rajoutant qu’elle était «ouverte et nous a permis de faire le point sur la nature de la conjoncture actuelle et les défis auxquels notre pays est confronté…/…».
Le premier Secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Youcef Aouchiche, a été très prolixe en prétendant que son parti saluait l’initiative et qu’il était parmi les premiers à appeler à de telles rencontres. Puis il en met une couche supplémentaire, « une rencontre marquée par un débat libre et responsable ».
Comme ce n’était pas suffisant, il constate une « convergence de vues sur la politique étrangère». Mais à se mettre à genoux, autant rajouter qu’il « encourage le Président de la République à poursuivre la politique de non-alignement et à défendre les justes causes à travers le monde…/… ».
Je ne savais pas que mon ancien parti politique avait ouvert une usine de fabrication de brosses. Il faut en produire beaucoup pour cirer les bottes de Tebboune et, s’il en reste, le parquet du siège qu’une odeur nauséabonde envahit.
Ce n’est pas terminé car il y avait du beau monde sous les Fourches caudines de l’humiliation. Mustapha Yahi, Secrétaire général du RND, s’est félicité de «l’importance de cette réunion ayant permis une meilleure perception aux partis politiques» et que « notre pays a besoin d’un consensus fort pour poursuivre le processus d’édification et de développement».
Et le FLN ? Franchement, son intervention parait tellement terne à côté des autres que je vais révéler mon sentiment au lecteur, le parti est passé à l’opposition. Abdelkrim Benmbarek s’est seulement félicité de «la voie du dialogue et de la concertation» et de dire que la réunion a été noble.
C’est vraiment le service minimum, presque une bouderie. J’ai connu ce valeureux parti faire des discours de deux heures après l’annonce d’une décision du pouvoir. Il en aurait mis des tonnes, avec un micro et un hautparleur. Il aurait convoqué la presse et la télévision pour honorer le grand moment.
Heureusement que les autres partis politiques ont fait le job. Ils se sont comportés comme les dignes héritiers du grand FLN, aujourd’hui relégué à un participant presque invisible.
Ils ont répondu à une convocation, ils ont dit ce que le patron attendait d’eux et sont sortis pour déclarer ce qui n’aurait pas été apprécié par lui si les phases n’étaient pas celles qu’il leur imposait de dire.
À genoux, ils ont baissé les yeux, enfermé leur conscience et leur dignité. Compromis, soumis et indignes, voilà ce qu’il reste des opposants, si jamais l’ont-il été un jour.
Boumediene Sid Lakhdar