23 novembre 2024
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Pour sa liberté, la laïcité luttera et vaincra 

OPINION

Pour sa liberté, la laïcité luttera et vaincra 

Un professeur, père de famille, vient d’être décapité pour avoir fait son métier. Mes collègues enseignent la physique-chimie, la littérature, la biologie et l’histoire, leurs cours pourraient également heurter les théories créationnistes.

J’enseigne le droit et beaucoup de mes cours entrent en contradiction avec la loi islamique, comme l’égalité des sexes. Pour ces gens, tout ce qui enfreint leur délire est outrage, blasphème et infamie, passibles de condamnations mortelles. Cela cessera, par la puissance légitime de la force républicaine.
 

Un enseignant d’histoire-géographie, Samuel Paty, a payé de sa vie pour avoir enseigné la liberté d’expression par une mort digne des barbaries les plus effroyables de l’histoire de l’humanité.

Allons-nous nous laisser égorger comme des poules face à l’explosion d’un fascisme meurtrier de plus en plus gangrené par des assassins et des idéologues qui les ont abrutis ?

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La république s’est laissé faire et, petit à petit, a accepté de reculer, de capituler et d’abdiquer en face d’une monstruosité qui veut la dominer jusqu’à la terreur la plus profonde.

Il n’en sera rien car l’histoire a toujours mis à genoux ceux qui veulent mettre l’humanité dans un esclavage sous le couvert d’une idéologie, d’une croyance, d’une certitude dont ils ont décidé qu’elles seraient imposées, par la mort s’il le fallait, sans aucun état d’âme.

Mais essayons, contrairement à ces barbares, de reprendre nos esprits et de nous adresser avec calme et distanciation à la majorité des musulmans qui restent en dehors de ces crimes mais dont on demande, une fois pour toute, d’être clairs sur leurs positions et intentions. 

Car si les partisans de la laïcité sont par nature des pacifistes, sereins et humanistes, ils ne sont pas des faibles. C’est un pari que beaucoup ont fait et qui le regretteront comme d’autres l’ont découvert à leur dépens dans le passé.

Alors, répétons encore une fois ce que beaucoup refusent de comprendre, obstinément.

Un message préalable de paix

Il faut tout d’abord qu’ils soient convaincus que la laïcité n’est pas une insulte à leurs croyances, n’est pas un sentiment de rejet ou de toute nature belliqueuse par principe.

Le rêve de la laïcité est de revoir, en France comme ailleurs, l’image de nos grands-parents qui priaient dans la sérénité et plénitude de leur croyance sans vouloir la faire entrer ni dans la politique ni dans les affaires de l’État et, encore moins, dans le projet de terroriser un être humain.

Certes, ils n’avaient pas l’instruction suffisante pour accepter la laïcité, une notion qui les effrayait autant qu’ils ignoraient. Eux avaient l’excuse de l’ignorance scolaire, une telle situation ne pouvait s’envisager dans leur esprit.

Mais l’immense majorité des musulmans de notre génération, et encore plus parmi les plus jeunes, n’a plus aucune excuse de s’enfermer dans une tentative vouée à l’échec et qui entraîne fatalement, désolation et barbarie. Aucun pays au monde qui a choisi cette voie n’a été capable de sortir des dictatures, de la misère et de l’injustice sociale tout autant que d’une société vouée à la violence.

La laïcité est un message de paix que les religions ont intérêt à accepter car, de toute façon, elles courent à leur perte si elle le refusent. Le choix est simple, prendre le chemin de la raison ou se fracasser contre le mur des Hommes libres qui ne se laissent pas terroriser sans réagir fermement, un jour ou l’autre.

Le religion chrétienne (catholique et protestante) a définitivement compris, à l’exception d’une minorité de délurés extrémistes, où était sa garantie de survie. Il appartient aux adeptes pacifistes de l’Islam de s’en rendre compte et de manifester leur choix pour la laïcité avec plus de force que leur silence coupable.

La laïcité n’est pas l’ennemi de la religion, elle la protège

Jusqu’à quand allons-nous l’expliquer ? Même de très nombreux universitaires musulmans ne semblent pas être convaincus ou font semblant de ne rien comprendre.

La laïcité s’est construite, non pas contre la foi, mais en réplique à la terreur de la religion catholique en Europe pendant des siècles. L’emprise de l’Église sur la vie sociale, spirituelle et politique était sans partage. Ce fut un combat de défense de la part de la laïcité, un cri de révolte pour la liberté et un soulèvement révolutionnaire compréhensible.

Le clergé avait organisé une terrible soumission des peuples en étant à l’inverse absolu des textes des Évangiles. Corruption, meurtres et violence, vies dissolues des princes de l’Église, fortunes amassées, pouvoirs et terreurs sur des populations crédules.

La laïcité a fait réagir les peuples qui ont finalement redressé la tête et ont refusé d’être plus longtemps soumis à la dictature féroce de la religion catholique. Le XVIème siècle des humanistes puis le XVIIIème des Lumières ont finalement construit les fondations d’une liberté qui mènera définitivement vers la laïcité et la république libre.

Cependant, si nous prenons le cas de la France, lorsque la laïcité fut imposée et installée, l’écrasante majorité du peuple avait une foi profonde et la pratique des rites était incrustée dans la vie quotidienne, dans ses cultes comme dans la doctrine partagée.

La laïcité, dans son ensemble, n’a jamais voulu faire disparaître la religion, bien au contraire. Devant une France profondément croyante et pratiquante, les mouvements laïcs ont bien compris que ce n’était certainement pas cet objectif qui devait être le leur.

Ainsi le projet de la laïcité fut tout autre dans sa stratégie. Il s’agissait de parvenir à deux objectifs. Le premier, celui qui est sa base, était de sortir la religion du champ public pour la réserver aux consciences privées.

Mais au-delà de cette première base, il s’agissait de protéger les libertés des consciences religieuses pour éviter que l’une ne prenne le dessus sur l’autre d’une manière qui serait fatalement totalitaire.

La France et l’Europe ont connu des guerres de religions atroces, meurtrières et longues, avec le schisme entre les protestants et les catholiques. Puis ensuite avec les diverses fractures ( politiques et certainement pas spirituelles) comme l’anglicanisme.

Les ancêtres de la gauche actuelle avaient mis fin à l’intrusion de la religion dans les affaires politiques et ainsi, dans la législation de la république.

Ce faisant, toute religion a sa place dans l’espace privé sans que la république ne puisse s’immiscer dans la liberté de culte dès lors qu’elle n’interfère pas avec le domaine public, qu’elle se soumette aux lois de la république et qu’elle se finance par les propres moyens de ses adeptes. Cette dernière condition étant très largement compensée par l’idée qu’il fallait financer ce qui appartient au patrimoine culturel, hors de la considération religieuse.

La laïcité, c’est la liberté de ne pas croire 

Que les lecteurs ne s’offusquent pas, c’est exactement ce qui est écrit depuis des décennies dans les constitutions algériennes dont la dernière qui est proposée à ceux qui vont participer au vote, certainement pas moi.

La liberté de conscience est totalement contradictoire avec l’imposition d’une religion dans un article qui inaugure le texte de la constitution algérienne.

La laïcité, c’est le droit de croire en ce qu’on veut. La sacré ne peut-être imposé par une quelconque doctrine, historique et communautaire. La sacré est dans l’être humain, c’est lui l’enjeu de l’humanité, c’est même sa définition, libre aux croyants d’en désigner un autre.

Il va falloir que les islamistes comprennent que ceux qui ont brandi le sabre pour tenter de mettre à genoux les autres ont finalement toujours échoué dans l’histoire. Mais le verbe comprendre est-il dans leur dictionnaire ?

Le droit de ne pas croire n’est pas l’objectif ultime de la laïcité, ce n’est d’ailleurs pas un objectif en soi. La laïcité veut que toutes les croyances et non croyances puissent vivre dans une harmonie dont le seul socle est la république et ses lois.

Il y a un énorme malentendu depuis des décennies, en France comme ailleurs. L’exclusion de la religion du champ public n’est pas l’exclusion de sa manifestation « en public ». La laïcité ne prévoit que la soumission  à l’ordre public et donc à une certaine discrétion, en tout cas une retenue, dans les manifestations religieuses.

Ceux qui ne croient pas ont aussi le droit que la relative discrétion des manifestations religieuses ne viennent pas les perturber, les harceler et les mettre dans une situation de dépendance et d’allégeance.

Ne pas faire d’amalgame ?

C’est le maître mot de ceux qui nous rétorquent notre position qui serait, selon eux, belliciste envers les religions. C’est un comble ! Nous sommes assez intelligents de ne pas le faire et nous ne le faisons jamais. C’est une excuse toujours avancée pour nous neutraliser, ce qui nous a menés droit dans le mur.

Et de ce point de vue, nous aussi nous sommes en droit de réclamer qu’il ne faut pas faire d’amalgame en nous plaçant dans la mouvance extrémiste de droite qui est à des années lumière de nos convictions politiques. 

Notre but n’est pas l’élimination de la religion mais bien au contraire son adhésion aux Lumières, sa transformation en une philosophie et un cadre spirituel qui élèvent l’être humain au lieu de le soumettre à la terreur et à la barbarie.

Ceux qui veulent nous assimiler aux extrémistes de droite n’y arriveront jamais. Notre conviction profonde est de protéger l’Islam de France et les croyants de toutes religions. Notre lutte contre  l’Islam politique n’a rien à avoir avec la lutte du Rassemblement National qui, lui, est gêné par l’intrusion de toute autre religion que celle de la France historiquement catholique.

La laïcité tourne le dos aux deux car les deux relèvent du même projet de haine. Et si l’extrême droite, malgré ses scores électoraux, a déjà échoué pour faire revivre le sectarisme de son message, il nous faut maintenant nous occuper de l’autre peste noire qui tente de s’abattre sur nous.

Un enfant de cinq ans est orphelin, que lui expliquer ?

Comment penser que l’islamisme politique puisse un jour gagner après des siècle de batailles des Lumières ? Un assassin de dix-huit ans, débile et délinquant, a décapité un être humain, père de famille, en plein jour et à la vue de tout le monde.

Il avait prémédité son crime et a eu la fierté d’exhiber la photo de la décapitation sur les réseaux sociaux comme un trophée de sa guerre pour les valeurs d’une religion dont il ont décidé, par une interprétation déviante, de l’imposer par la force de leur détermination criminelle.

Comment expliquer à cet enfant de cinq ans qui a perdu son père que ce dernier a été décapité en faisant son travail, dans le cadre légal du programme scolaire officiel d’une république laïque ?

Comment lui expliquer qu’il faudra être, malgré tout, ouvert à ses compatriotes musulmans et qu’ils sont désormais partie prenante de la république sur un territoire où ils sont nés ou dans lequel ils sont venus demander protection et droit d’asile ?

Comment lui expliquer ? Le professeur que je suis n’a plus de mots, plus d’arguments. Il les a épuisés en trente cinq ans de transmission du savoir dans ses articles comme dans ses tentatives d’enseignement, en début de carrière, aux enfants d’une seconde génération, puis d’une troisième, ou à des nouveaux venus, pétris d’un système scolaire de leur pays d’origine, effondré par l’intrusion d’une idéologie mortifère.  

C’est donc un autre langage qu’il faut aujourd’hui opposer à une minorité menaçante pour protéger la civilisation des Lumières qui a mis tant de temps à s’implanter pour former des citoyens libres avec assez de discernement pour accepter toutes les religions dès lors qu’elles se manifestent dans le cadre des consciences privées.  

S’ils veulent la guerre, ils l’ont déjà perdue

Nous l’avons déjà dit avec force et clarté, le projet des républicains laïcs est d’assurer la liberté de conscience en ne laissant interférer aucune des religions avec la vie publique républicaine. 

La laïcité n’est pas, par nature, belliqueuse et n’a pas l’objectif d’une éradication des religions, c’est même contraire à sa définition, mais elle a su combattre avec la force légitime de ses moyens. Elle a su mobiliser une puissance de force légitime et très puissante lorsqu’il a fallu dire STOP et elle est prête à l’utiliser de nouveau.

Une république qui a mis si longtemps à se construire ne se laissera pas écraser par la terreur barbare de ceux qui veulent la mettre à genoux.

Je crois très sincèrement que la décapitation de cet enseignant, visage incarné de la république comme il fut dit à la cérémonie de son hommage à la Sorbonne, va faire réagir enfin cette république qui fut amorphe devant un projet si évident depuis au moins vingt ans.

150 mosquées salafistes sont recensées, des dizaines d’imams venus d’on ne sait où avec des intentions hors des principes de la religion, un système scolaire qui a été débordé par des familles pétries de bêtises et des réseaux sociaux qui sont dans une zone de hors droit non régulée, tout cela doit stopper.

Nous souhaitons que tous les musulmans de France soient dans cette guerre sans merci envers ce qui détourne leur foi vers une doctrine malfaisante. Nous le souhaitons de tout cœur et attendons qu’ils se manifestent enfin énergiquement en arrêtant de brandir leur slogan habituel « Pas d’amalgame ! ».

Qu’ils manifestent leur intention à être résolument avec la modernité, les Lumières et les lois de la république laïque, clairement et sans ambiguïté, ou seront obligés de subir la force républicaine légitime comme on été forcés de la subir tous ceux qui n’ont pas voulu ou pas assez eu de courage pour se soulever et dire « Stop ! ».

C’est aux adhérents d’une communauté qui dérape dangereusement de balayer devant leur porte, pas aux autres. Sinon la collectivité des être humains libres et qui entendent le rester balaiera à leur place, énergiquement, car elle ne peut supporter que le totalitarisme envahisse son territoire de liberté et de fraternité.

Qu’ils choisissent vite, qu’ils prennent position pour un Islam serein, au sein des lois de la république, ou perdront tout. Jusqu’à présent, on ne les pas entendus ou ils ont vraiment une voix inaudible. 

Les républicains laïcs ne sont pas des poulets qu’on égorge à la sortie du travail. Ceux qui ne veulent pas le comprendre seront face à une force dont ils ne connaissent pas la puissance car ils sont ignorants de l’histoire, tant ils sont enfermés dans les ténèbres moyenâgeux de l’ignorance.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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