L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) précise dans son communiqué, hier mardi, que ses membres vont libérer 60 millions de barils de pétrole dans le seul objectif « d’envoyer un message uni et fort aux marchés pétroliers mondiaux sur le fait qu’il n’y aura pas de pénurie d’offre résultant de l’invasion russe en Ukraine. »
Le week-end dernier, une baisse 21% des prix du gaz a été constatée après que les données ont montré que les approvisionnements en gaz naturel de Russie vers l’Europe via l’Ukraine avaient augmenté et un accord entre les belligérants se dessinait.
Plus rassurant encore, la Russie se plaint même du manque de bons de commandes de quantités supplémentaires de gaz qu’elle pourra assurer immédiatement. Cela voudrait dire que cette panique qui s’éloigne du vrai problème pour venir en aide aux Ukrainiens envahis. Elle a enrichi les traders et les spéculateurs qui ont réussi à les dévier des conséquences désastreuses de cette invasion créée par l’entêtement des uns et des autres pour des raisons géostratégiques.
Pourquoi désastreuses ? Parce que comme dit l’adage populaire « l’entrée au bain n’est pas la même que sa sortie », Vladimir Poutine qui est rentré en Ukraine en sacrifiant des vies humaines en sortira, s’il échoue, humilié en causant des dégâts dont l’humanité se rappellera très longtemps.
L’effort déployé dans cet affolement totalement orienté vers les prix et l’approvisionnement en gaz des pays européens, devrait servir à ces pays pour rentrer dans le fond du problème afin tout de suite de sauver des vies humaines et plus tard éviter l’irréparable
Au stade actuel il ne faut pas ajouter de l’huile sur le feu mais encourager le dialogue entre les deux voisins pour arrêter le massacre et laisser les comptes après.
Maintenant dans ces comptes justement il faudra encore que l’Europe revoie sa feuille de route de fond en comble. Quand bien même « avec des si, on ne refait pas le monde » mais on pourra évaluer le manque à gagner en tirant une leçon de cet événement et repenser sa ligne de conduite. Cette grogne de nombreux pays avec la Russie ne date pas d’aujourd’hui mais depuis la chute du mur de Berlin.
L’ancienne URSS et nombreux sont les Etats indépendants qui en sont issus refusaient l’extension de l’OTAN vert l’est de l’Europe, des promesses mêmes leur auraient été faites pour ne pas s’étendre à ce niveau de ce continent en vain. Cet avis tranché, Vladimir Poutine l’a affiché dès son arrivée au pouvoir en Russie avec une ambition ferme de faire une « New URSS ». En la matière, la communauté européenne l’a aidé pour la forteresse autonome qu’il a créée. La preuve, ces pays crient à qui veut les entendre qu’ils ne veulent plus dépendre du gaz russe mais ils ont tout fait pour dépendre à 40% de leur approvisionnement de cette énergie qu’ils considèrent comme verte.
Une délégation italienne vient de quitter l’Algérie avec une promesse de ce pays d’obtenir 30% ses livraisons de gaz vers l’Italie pour compenser partiellement les 45% que lui livre Gazprom. Ce pays importe 95% du gaz qu’il consomme.
La Belgique importe 35 % de sa consommation de gaz de la Russie. En une décennie, ce pays a accentué sa dépendance de 10% ; soit 26% en 2010 et 36% en 2021. L’Allemagne, dépourvue de station de regazéification, réfléchit à une prolongation de ses centrales nucléaires etc.
Seule la Pologne s’est engagée en 2009 dans la production de gaz et de pétrole de schiste. Ce choix a intégré les perspectives économiques, mais aussi les questions sensibles de l’indépendance énergétique en sortant du joug russe et de l’abandon du tout-charbon. L’expérience polonaise est ainsi ancrée dans une situation particulière.
Peut-elle servir de modèle au lieu de crier sur tous les toits ? On peut démontrer chiffres à l’appui que l’Algérie, que nombreux pays européens sollicitent aujourd’hui, a fait pour ce continent ce qu’il n’a pas fait pour lui-même à travers une tergiversation dans sa politique énergétique.
Rabah Reghis