20 avril 2025
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Pourquoi le monde musulman a-t-il peur de la laïcité ?

TRIBUNE

Pourquoi le monde musulman a-t-il peur de la laïcité ?

Tiens, posons-nous maintenant la question autrement ; si l’on n’avait rien importé de l’Occident hormis la démocratie et la laïcité, serions-nous aujourd’hui ces pays dépendants, aussi pauvres intellectuellement, déchirés par des guerres fratricides, ensanglantés par des tiraillements confessionnels irréconciliables ?

Je suis sûr que nous serions meilleurs. Nous n’aurions pas la semoule occidentale, nous aurions mieux : le savoir créatif pour la fabriquer nous-mêmes… 

Ne voir en l’autre que le musulman

Souvent, quand un musulman quitte son coreligionnaire au ramadan, il est presque évident que le premier prononce à l’endroit du second, ou vice-versa, la formule rituelle propre aux jeûneurs dans de telles circonstances : Saha Ramdanek ou Saha Ftourek, c’est-à-dire grosso modo que dieu accepte ton jeûne ! Encore que la pratique religieuse doive relever strictement du domaine privé, en terre dite d’islam, la formule n’incommode pas outre mesure. Comme si le fait d’appartenir au monde dit d’islam suffit pour que chacun, croyant ou pas, pratiquant ou non, s’accommode de la formalité.  Et il faut le dire, même en terre dite d’occident, il est presque devenu commode qu’une personne sermonne une autre sur l’impertinence du yaourt douteux dans son panier. Il s’en sent le droit ; soupçonner l’appartenance confessionnelle commune suffit pour qu’un bon croyant ou se croyant tel se sente le droit de rappeler à l’ordre la brebis égarée.

La question est d’autant plus intéressante qu’une forme de Oumma, au plaisir des islamistes, qui ne reconnaît plus en effet les frontières s’installe sans coup férir dans l’imaginaire collectif musulman, si bien qu’un Marocain ou Algérien ne trouverait aucunement inconvenant d’admonester un Égyptien ou même Indonésien dans une rue montréalaise ou parisienne et ce, sans qu’il ne l’ait jamais vu auparavant, si tant, bien entendu, est qu’il soupçonne qu’il est musulman. Ce qui donne quelquefois lieu à des situations cocasses.

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J’ai assisté dans une rue montréalaise à une situation du genre. C’était un ramadan durant. Quelqu’un en musulman zélé apostrophe directement dans la rue achalandée un vieil homme qui fumait en plein jour. Le bougre, il avait le malheur de ressembler physiquement aux Maghrébins : « Ma Thchemch », le sermonne l’intégriste en arabe, certain qu’il est un coreligionnaire, galvanisé par l’acte de foi qu’il vient d’engager. : « Pardon!» répondit innocemment le bonhomme. « Ah, excuse-moi ; tu… » C’est-à-dire que l’excuse vient du seul fait que l’étranger n’est pas un musulman, autrement, même en occident, il se sentait non seulement le droit mais l’obligation de changer le blâmable, A Nahyi Anil al Mounkar…  

Au-delà de la tolérance des uns et de l’intolérance des autres, au-delà des frontières de plus en plus poreuses entre un islamiste et un musulman, au-delà surtout d’une religion qui a presque cessé dans la bouche des musulmans d’être une adhésion spirituelle, la chose témoigne d’une chose bien simple : le monde musulman a de la difficulté à se concevoir en dehors de sa religion, à ne voir en lui et en l’autre un homme ou femme d’abord, un citoyen grâce auquel le vivre-ensemble est possible, un alter ego quand bien même ses idées sont opposées aux siennes, un possible essentiel pour l’accomplissement de soi.

D’où vient que quelqu’un peut arrêter une personne qu’il n’a jamais vue de sa vie pour lui dicter sa vision de la morale et, bien pire, se sentir le droit, voire le devoir de le mettre face à son « comportement honteux«  ? Il vient, au risque de me répéter, de la difficulté à ne voir le monde en dehors de la pensée binaire et en dehors des œillères dogmatiques.

L’écrivain algérien Rachid Boudjedra a déclaré, dans une chaîne réputée pour ses thèses islamistes, son athéisme. Ce fut un séisme de huit degrés sur l’échelle Richter de nos impensés. À n’entendre que les voix des conviés à l’émission, la musique qui accompagnait le débat était celle qui narrait l’horreur, l’invraisemblable à l’homme. Comment peut-on dire en Algérie que l’on peut être autre que musulman ? Et à supposer qu’il y en a des athées, des homosexuels, des chrétiens et des juifs –chut!-, il faut le taire, il ne faut jamais le dire. L’Algérie est musulmane. Point. Passe pour la liberté de conscience et de religion bien inscrite dans notre constitution, passe pour les juifs déjà habitant ici bien avant l’arrivée de l’islam en Afrique du Nord… 

Pourquoi la formule ramadanesque ou la question sur l’observation du jeûne n’est que rarement devancée par une petite réflexion sur l’autre possible du vis-à-vis, à savoir qu’il peut être autre chose que ce à quoi on a cru, qu’il peut être d’une confession autre que celle à laquelle on a pensé ?

Eh bien, c’est le malheur de tous les pays musulmans ; l’impossibilité de se penser comme individus, l’impossibilité d’oser un doigt, un mot, un geste en dehors de la communauté, du groupe qui impose de refouler mille et un impensés, de la nécessité de se dire de la Oumma même si ce n’est pas vrai. C’est ce malheur, pour ne citer que cet exemple, qui fait que, théoriquement, n’importe quel musulman au monde peut gouverner l’Égypte mais jamais un copte par exemple, l’autochtone du pays ; c’est le même malheur qui fait que la tête et le corps appartiennent à la communauté, au groupe. 

Pourquoi la laïcité fait-elle peur dans le monde musulman?

Adonis, le poète syro-libanais avait déclaré lors d’une conférence à Alger que si l’on enlevait tout ce qui est occidental dans le monde musulman, il ne resterait plus rien hormis les mosquées – et encore, sommes-nous tentés de dire! – et que la religion était leur premier malheur. Nous importons tout : la semoule, le ciment, les cuillères, les voitures, les avions, le tissu, les fruits, les légumes, la tuile, le fromage, bref, nous buvons, mangeons, consommons et respirons occidental.

Si l’on se contente de ne citer que les riches monarchies wahhabites, propagatrices d’un islam belliqueux, on constate aisément qu’ils font partie des pays qui consomment le plus au monde, bien mieux, grâce à leur pétrole et gaz, qu’ils se payent les innovations les plus fantasques. Nous avons coutume d’entendre parler d’un hôtel plus qu’étoilé, d’un luxueux immeuble pour animaux, de stades comme-ci, gratte-ciels caressant la voûte, île-palmier…

La question qui en découle est naturellement la suivante : pourquoi toutes les merveilles de l’occident sont licites –nous vivrons, dit-on, en moyenne bientôt jusqu’à 150 ans grâce à leur science– alors que la pensée qui a auguré justement pour toutes ces merveilles est frappée en terres musulmanes du sceau de satanique, de péché suprême, de calamité ? Nous parlons bien sûr de la laïcité et de la démocratie. Nous importons tout sauf la démocratie, la laïcité avec sa liberté de conscience et de religion ainsi que son égalité. Oh ! Ce ne sont que valeurs occidentales immorales, tonnent tous les idéologues musulmans qui ne veulent aucunement que tout ce beau monde s’affranchisse de leur pouvoir et peur. 

Tiens, posons-nous maintenant la question autrement ; si l’on n’avait rien importé de l’occident hormis la démocratie et la laïcité, serions-nous aujourd’hui ces pays dépendants, aussi pauvres intellectuellement, déchirés par des guerres fratricides, ensanglantés par des tiraillements confessionnels irréconciliables ? Je suis sûr que nous serions meilleurs. Nous n’aurions pas la semoule occidentale, nous aurions mieux : le savoir créatif pour la fabriquer nous-mêmes. Mais où est la relation avec la religion ? me diriez-vous.

Eh bien, là est toute la relation. Nous n’appartiendrions plus au groupe, nous ne serions plus la communauté une et uniformisée incapable de mettre un pied en dehors des lignes tracées au cordeau ; nous n’aurions plus ces peurs plurimillénaires rentrées qui font que l’enfer et la géhenne guettent le faux pas du croyant pour davantage le terroriser ; nous serions des hommes d’abord, des citoyens à part entière ; nous ne ferions plus la guerre à l’autre parce qu’il est différent de nous ; bien au contraire, nous nous en enrichirions. Nous serions des individus ; nos différences et pluralité seraient nos moteurs. Et notre moitié, la femme, les autres 50% de la société serait notre égale, travaillerait, produirait et créerait comme. Car, le monde d’islam, aujourd’hui, se prive presque de 50% de sa force et de son énergie. 

Posons-nous la question de la nature elle-même ! Une question simple, mais essentielle. Imaginons une nature composée d’une seule espèce, colorée de la même couleur, faite de la même forme, même taille… Comment serait notre monde ? Impossible, simplement. La pluralité est son essence.

J’y reviens. Pourquoi la semoule ne dérange pas qu’elle soit occidentale et la laïcité si ? Pourquoi le monde musulman n’arrive pas à comprendre que quand l’occident réfléchissait comme lui, c’est-à-dire chavirant dans le merveilleux, les temps eschatologiques, l’impensable religieux, l’impossibilité de critiquer les dogmes et de faire son autocritique, il était dans le moyen âge le plus sombre ? Même le sport avait quasiment disparu, tant les chrétiens pensaient que «le corps est l’abominable vêtement de l’âme»

Dire que la laïcité est occidentale, c’est dire qu’Averroès n’est pas un penseur de la civilisation arabo-musulmane. D’aucuns, des penseurs de renom, arguent que celui qu’ils surnomment le philosophe de la laïcité est l’un des premiers précurseurs de la pensée laïque que nous connaissons aujourd’hui, tant il avait placé déjà le philosophe et la raison au centre de la société, notamment plus haut que le théologien et le mufti.

La vérité est que la laïcité est une construction historique ; une maison dont chaque peuple, chaque pays, chaque culture, chaque pensée a posé une brique pour la meilleure construction du vivre-ensemble à même de contenir dans la sphère privée nos vérités, nos incontestables vérités.

Averroès, un précurseur dans la pensée séculière et laïque

Mais personne ne veut voir l’évidence que le confessionnalisme ou la théocratie a historiquement été toujours à l’origine de guerres atroces et surtout d’une histoire jalonnée des siècles durant d’obscurantisme.

Le Liban est une démocratie parlementaire confessionnelle. La répartition politique du pays obéit à un strict découpage confessionnel. L’histoire du pays est la preuve même que seule la laïcité pourrait un jour faire vivre ensemble dans la paix et l’inter-culturalité toutes ces croyances, religions, confessions, et ethnies. De 1975 à 1990, la guerre civile entre milices musulmanes et chrétiennes a fait plus de 200 000 morts. Somme toute, la non institutionnalisation de la laïcité menace de fragmenter le pays à n’importe quel moment. 

Faudrait-il parler des croisades qui ont fait plus de deux millions morts ? De l’inquisition ? Les guerres de religion ne seraient jamais arrivées sans le pouvoir des institutions religieuses; des périodes sombres de l’histoire humaine et qui concernent néanmoins aussi bien les religions monothéistes que polythéistes.

L’Occident, lui, en a tiré leçon ; rien ne renseigne comme l’histoire ;  il a développé des outils comme ceux des sciences humaines  pour déconstruire et rationaliser la croyance des hommes. L’Europe nous parait aujourd’hui tellement loin de son Moyen-Âge le plus sombre, mais aussi et surtout tellement prémunie contre ses déchirures et tiraillements passés.  On ne peut avancer son la critique, l’autocritique d’abord. La réforme de l’islam est plus que jamais urgente pour prendre le miel de la religion et que les hommes se tiennent à distance de son fiel. La religion, n’importe quelle religion, par de la mort du prochain, mais aussi du meurtre du mécréant, de lapidation de l’adultère… 

La religion en Occident, ces pays qui nous font rêver, ont réservé à la religion et à la foi la place qu’est et la sienne : la sphère privée ou l’intériorité ; ils ont placé le doute, la question et la raison au centre de leur vie quotidienne. Et que faisons-nous pendant tout ce temps? Nous sommes encore à nous dire que notre religion est la meilleure, que les autres sont les responsables de notre malheur, que tout est dit dans Le Livre…

Quand un intellectuel, un poète, un écrivain ose une pensée osée, il est apostasié, assassiné, menacé de mort, poussé à l’exil, livré en tout cas pâture au jugement de «la foule aveugle» C’est le syndrome de la peur de perte du pouvoir et du contrôle. Un islamiste, sans qu’il n’ait jamais lu un livre digne de ce nom dans sa vie, fait le beau et le mauvais temps dans nos pays. 

Imaginons un peu que les occidentaux ont, comme nous aujourd’hui, refusé catégoriquement de puiser dans la civilisation arabo-musulmane, seraient-ils les pays enviés par tous les immigrants du monde aujourd’hui ? Imaginons que personne n’ait daigné consulter l’œuvre d’Averroès. La révolution copernicienne aurait-elle eu lieu sans le doute (Al choukouk) des astronomes musulmans sur le modèle de Ptolémée ? Copernic, que beaucoup de savants disent s’être plus qu’inspiré de l’astronomie musulmane, sans Al-Tusi qui a résolu plusieurs des problèmes que posait le modèle ptolémaïque, « en introduisant un mouvement d’hypocycloïde, qui devait par la suite retrouver sa place dans le modèle de Copernic»[1], sans Ibn-Al-Shatir, al-Shirazi et tant d’autres, aurait-il été le révolutionnaire scientifique que l’on connaît ?

L’objet de cet article n’est pas tant d’énumérer l’épaisseur et la grandeur de la civilisation arabo-musulmane, la civilisation qui tolérait la libre pensée, au centre de laquelle le doute était central, la civilisation de la conjugaison plurielle, mais de rappeler –au risque de noyer cette vérité incontestable dans le hourvari du bruit idéologique d’un islamisme qui ressemble à une adolescence de la pensée– que les civilisations s’inter-enrichissent, se juxtaposent et se superposent. L’humanité est une forêt historique dont la vie se développe aussi bien par indépendance que par interdépendance.

Les Européens, eux, ont longtemps été sous la tutelle de l’église avant de s’en affranchir et de comprendre qu’ils sont majeurs pour penser de manière autonome, réaliser qu’ils sont des individus différents mais qui peuvent vivre solidairement et harmonieusement dans un espace commun. Ils n’ont jamais refusé la science, le savoir, l’histoire, la philosophie d’autres nations et civilisations. 

Il n’y a aucune invention ou création qui n’ait pas fini par être un capital humain universel. L’université, la fourchette et l’hôpital sont des créations du Moyen-Âge européen, combien de pays dans le monde aujourd’hui peuvent-ils s’en passer ? Aucun. De même, la civilisation dite occidentale existerait-elle seulement sans les mathématiques dites « islamiques«  ?   

La laïcité est une sorte de couronne moderne des Lumières qui ont autonomisé l’homme et lui ont redonné sa valeur singulière, subversive, créative, libre. Elles l’ont affranchi de la communauté qui dispose de l’individu comme d’une marchandise. La civilisation dite occidentale n’est ni plus ni moins que le fruit d’un esprit qui se sécularisait de plus en plus pour libérer le potentiel créatif de l’homme et le libérer des clôtures dogmatiques[2]et idéologiques. Que serait devenu le monde sans Maurice Ralph Hilleman, le scientifique microbiologiste qui développa plusieurs vaccins dont ceux contre la rougeole, la méningite, les oreillons, l’hépatite A et B, la varicelle, etc., si l’on avait adopté la position de ce pape qui avait décrété que le vaccin ne guérit pas et que c’était un péché que d’y recourir, puisque le Gurisseur, le Seul, selon lui, est Dieu ? 

Mais… le capitalisme sauvage voudra-t-il de pays démocratiques et laïcs dans le monde dit d’islam ?

Un ami me faisait cette réflexion : « Depuis quand les USA aiment-ils des états démocratiques et laïcs en Afrique et au Moyen Orient ? L’exemple de Salvador Allende pour ne citer que celui-là, le président élu démocratiquement par les Chiliens pour être destitué en 1973 par un coup d’état orchestré par les USA qui imposeront le dictateur Augusto Pinochet, n’est-ce pas la preuve même que la démocratie ne va pas de pair avec l’impérialisme et le capitalisme sauvage? Sinon, comment ça se fait que des monarchies aussi moyenâgeuses que celles du golf, avec leurs violations des droits humains les plus élémentaires, puissent continuer à soutenir sans coup férir l’islamisme mondialisé, financer la nébuleuse internationale et continuer à jouir d’une réputation internationale enviable?»

Mon ami a raison. Je ne voudrais pas revenir sur au tout début de l’Etat Islamique (Daech), ou encore aux accords Sykes/Picot, les tenants et aboutissants d’un plan machiavélique qui fait fi totalement de l’homme et de sa condition, mais force est de constater que, oui, évidemment, les disparités et les inégalités Nord-Sud pour faire vite sont systémiques. Elles sont réfléchies et théorisé par de grands géostratèges. Et le constat n’est sans doute pas de la facilité de la déduction conspirationniste. Non, tant s’en faut, les inégalités sont malheureusement essentielles pour l’idéologie capitaliste, pour la machine libérale. C’est dire que si les pays musulmans attendent que les occidentaux viennent instaurer chez eux la démocratie et le droit c’est qu’ils ne comprennent rien à l’histoire. Sans être le moindrement connaisseur, poser la question sur la chose qui rapporte le plus de nos jours au Moyen Orient c’est dépenser inutilement sa salive. Qu’est-ce que vend d’abord la guerre et la peur ? Les armes, le médicament, la construction, le blanchiment d’argent… Or, qui vend ? 

La question, oui, est complexe, pourtant les recherches qui démontrent que la division, la guerre, les conflits confessionnels, etc., sont nécessaires dans l’équation de l’Homo œconomicus sont dans toutes les bibliothèques et universités.

L’islamisme comme somnifère idéologique 

Pourquoi racontons-nous cela ? me diriez-vous, ou encore, quel en est le rapport avec la démocratie et la laïcité ? Eh bien, tout cela pour dire que les islamistes avec toutes leurs variantes, de Daech à Boko Haram, des Chebabs aux Salafistes de tous les pays, d’Al-Qaïda à Ansar Al-Charia, etc., sont en vérité les dindes de la farce (aussi) de la géostratégie mondiale. La vérité, loin de toute idée de complot, est qu’ils sont là d’une manière ou d’une autre pour empêcher le monde dit musulman de devenir adulte, d’être démocrate et laïc afin qu’il puisse accéder et participer à la marche de l’histoire, d’être l’égal parfait en brevets d’inventions, en création, en arts, en sciences, en lecture…   

Je ne dis pas que les islamistes sont une invention de l’Occident, loin s’en faut. Ce serait ignorer l’histoire, la complexité des sociétés, les appartenances claniques, les influences, les mécanismes qui régissent les relations sociales… Je dis simplement que cette vision fantasmatique d’un califat purifié régi par la charia, d’un islam vrai qui ferait du monde la Oumma de Dieu et toute son apocalyptique littérature sont pour le capitalisme sauvage comme des somnifères idéologiques qui prolongent le sommeil de tout un monde afin qu’il ne devienne jamais autre que le consommateur affamé de sa marchandise matérielle comme de service.   

Il était temps enfin que les hommes et femmes du monde dit d’islam comprennent que leur malheur vient avant tout d’eux-mêmes ; du refus des temps historiques ; du refus de la culture démocratique et laïque ; du refus de considérer l’Autre comme une partie essentielle dans la composition de soi ; du refus de réformer sa religion; du refus de réaliser que la pénicilline, l’avion, la prouesse technique… viennent d’esprits libres et créatifs et non pas d’esprits dogmatiques, bardés de tabous et de certitudes. 

La libre pensée d’Abu Al-ala Al-Maarri, la poésie subversive d’Abou Nouas et de Omar Khayyam, la réflexion des Moutazilites, les maisons de la sagesse de Bagdad, l’algèbre, l’algorithme, la coexistence des siècles durant entre les juifs, chrétiens et musulmans… tout cela et bien davantage sourd dans la pensée libre, dans une pensée un tant soit peu séculière, et ce, même chapeauté généralement d’un khalifat. 

Sans la laïcité, il ne resterait bientôt aucun homme dans le monde musulman qui ne soit pas musulman sunnite. Tous les peuples autochtones, souvent fondateurs de pays, de villes et de dynasties, disparaîtraient et la désertification serait définitivement aussi bien physique que mentale.

La démocratie et la laïcité garantissent le droit, la justice, la liberté et l’égalité… Bien entendu, il y en aura toujours pour pinailler sur l’origine occidentale de cette manière d’organiser les sociétés. Oui, ceux qui ont peur de perdre le pouvoir d’abêtir les masses.

La laïcité et la démocratie sont un patrimoine humain universel. Elles sont comme l’ADN qui prouve, quoique l’on dise, notre origine commune. Les Occidentaux, je parle des hommes et des femmes, sont de nous donc, exactement comme nous sommes d’eux, puisque nous sommes pétris dans la même argile.    

Louenas Hassani

Notes

[1]- https://fr.wikipedia.org/wiki/Astronomie_arabe#Doutes_sur_Ptol.C3.A9m.C3.A9e

[2]- Mohamed Arkoun. 

Auteur
Louenas Hassani

 




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