Mohamed Amine Belghit, historien autoproclamé et chantre d’un révisionnisme aux relents dangereux, a une nouvelle fois défrayé la chronique. Habitué des sorties polémiques, il a franchi un cap inquiétant lors de son intervention, le soir du 1er mai, sur la chaîne arabe Sky News.
Sur le plateau, ce fervent défenseur d’une idéologie arabo-islamiste à tendance suprémaciste a déversé un flot de propos haineux d’une violence rare à l’encontre des Amazighs et des émigrés algériens en France, qu’il a caricaturés avec un mépris à peine voilé. Bien loin de la simple opinion, ses déclarations relèvent d’un véritable discours de haine, ciblant deux piliers de l’identité nationale et de la diaspora algérienne.
Dans un pays où l’unité nationale repose sur la reconnaissance de sa diversité culturelle et historique, de telles prises de parole constituent un danger réel. Les Amazighs, peuple autochtone de l’Algérie, ont vu leur langue et leur culture arrachées à l’oubli grâce à des décennies de lutte. Le tamazight est aujourd’hui langue nationale et officielle, fruit d’un combat pacifique mais déterminé. Les émigrés algériens, quant à eux, représentent non seulement une force vive de la nation, mais aussi un trait d’union inestimable entre l’Algérie et le monde. Les stigmatiser, c’est non seulement nier leur apport, mais aussi fracturer le lien social et nourrir des tensions identitaires délétères.
L’intervention de Mohamed Amine Belghit ne peut être réduite à une simple dérive individuelle. Elle s’inscrit dans un climat plus large où les discours identitaires radicaux cherchent à réécrire l’histoire, à exclure, et à diviser.
Face à cette dérive, la justice algérienne est aujourd’hui interpellée. Peut-elle se permettre de rester silencieuse face à des propos qui bafouent la Constitution, incitent à la haine, et violent les principes élémentaires du vivre-ensemble ?
L’État de droit ne peut se construire sur la complaisance. L’impunité offerte aux prêcheurs de haine est un poison pour la République.
La réaction des autorités judiciaires face à ce dérapage public constituera un signal fort : soit celui d’une rupture nette avec les discours de division, soit celui d’un silence coupable qui autorise toutes les dérives.
Le peuple algérien, dans toutes ses composantes, mérite mieux que d’être pris en otage par des voix qui prétendent parler en son nom tout en foulant aux pieds ses valeurs fondamentales.
La rédaction