23 novembre 2024
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Quand le gouvernement algérien porte le bonnet d’âne !

TRIBUNE

Quand le gouvernement algérien porte le bonnet d’âne !

En tentant de supprimer les opinions contraires aux leurs, les politiques algériens donnent une audience internationale aux médias qu’ils censurent.

Au moins une douzaine de sites d’information ont été censurés par les autorités algériennes en 2020. Le message est plus que clair : elles veulent bâillonner les médias en ligne. Après avoir coupé l’envoi d’annonces publicitaires aux médias récalcitrant, le gouvernement a commencé à emprisonner des journalistes comme Khaled Drareni. Ce correspondant de TV5 Monde qui est aussi représentant de Reporters sans frontières (RSF) et directeur du site d’information Casbah Tribune, a été condamné à trois ans de prison et à une amende de 50 000 dinars algériens en août 2020 pour avoir fait son travail de journaliste et filmé des policiers en train de s’en prendre à des manifestants à Alger. Quel est le résultat de cet effort contre la liberté de presse?

Le Parlement européen adoptait le 26 novembre une résolution par 669 voix contre trois sur la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie. Le journaliste Khaled Drareni y était mentionné.

Le document faisait aussi mention d’une résolution faite le 28 novembre 2019 sur la situation des libertés en Algérie et d’une précédente adoptée le 30 avril 2015 sur l’incarcération de militants des droits de l’homme et des travailleurs qui y avait eu lieu.

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Le Parlement européen en profitait pour remettre sous le nez des dirigeants algériens les quatre communications qu’ils leur avaient adressées entre le 30 mars et le 16 septembre 2020 dans le cadre des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur les arrestations violentes et arbitraires, les procès inéquitables et les représailles à l’encontre de défenseurs des droits de l’homme et de militants pacifiques.

Le Parlement européen condamne la censure algérienne et demande de plus que l’armée se soumette à un régime civil. Belle réussite des censeurs !

Les autorités algériennes, qui viennent de se faire taper sur les doigts par les Européens, ont-elles au moins réussi à museler les journalistes censurés ? Leur censure a plutôt fait que de nombreux médias de par le monde s’intéressent maintenant à cette situation. Tous les psychologues, ou parents vous diront que la meilleure manière de faire lire un texte est de l’interdire ! Une bonne partie des habitants de la planète savent maintenant que le blocage en Algérie par le gouvernement algérien en début décembre de Casbah Tribune après celui de plusieurs autres dont le Matin d’Algérie est une atteinte directe à la liberté d’expression. Ils sont maintenant mieux informés sur ce qui se passe en Algérie que les Algériens ! Le gouvernement algérien confirme du même coup l’affaiblissement de ses valeurs démocratique et son utilisation de méthodes autoritaires pour faire valoir son point de vue sur celui des journalistes censurés.

L’Algérie est donc maintenant à la 146e place sur 180 au classement mondial 2020 de la liberté de la presse établi par RSF.

Face à toutes ces réactions et à l’intérêt mondial croissant, le premier ministre Abdelaziz Djerad, au lieu de s’amender, a décidé d’enfoncer un peu plus le clou. Il a signé un décret exécutif fixant les modalités d’exercice de l’activité de la presse électronique. Le texte paru le 9 décembre dans le Journal officiel est jugé liberticide par les médias visés. Ils le voient comme une tentative d’asphyxier la presse en ligne en lui imposant un cadre juridique strict.

Mais pourquoi les dirigeants algériens s’enfoncent-ils dans le côté sombre de la force? Les médias ne sont pas des boites de relations publiques pour les gouvernements. Les journalistes ont l’obligation de donner une information équilibrée dans laquelle ils présentent toutes les facettes d’une situation. Si ces dirigeants algériens sont certains qu’ils ont raisons, il devrait plutôt rendre leurs arguments publics et démontrer en quoi les propos sont biaisés dans les journaux censurés.

Le dévouement des journalistes algériens qui sont stigmatisés par leur gouvernement pour vouloir informer leurs concitoyens de manière impartiale est impressionnant. Ils peuvent être assurés qu’ils ont maintenant, plus que jamais, l’attention du monde entier qui se demande ce qui peut bien se passer avec les autorités algériennes qui s’enlisent dans l’autoritarisme.

Auteur
Michel Gourd

 




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