Le Front de libération nationale (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND), le Mouvement El Bina et le Front El Moustakbal ont annoncé, jeudi à Alger, la formation d’une alliance politique pour réaliser « un consensus national » et « édifier une Algérie forte ». Comprendre, une alliance de soutien au chef de l’Etat.
Lors d’une rencontre de concertation ayant regroupé les chefs des quatre partis, Abdelkrim Benmbarek, Mustapha Yahi, Abdelkader Bengrina et Fateh Boutbig, au siège du parti du FLN, M. Benmbarek a indiqué que cette rencontre « scelle une alliance politique entre des formations partageant des dénominateurs communs et des objectifs clairs visant à réaliser un consensus national pour protéger les intérêts du peuple et appuyer toutes les démarches participant de l’édification d’une Algérie forte ».
L’annonce n’est pas formellement faite. Les initiateurs ont pris le soin de cacher le véritable objectif de cette alliance.
Relevant que son parti « œuvre à nouer des liens avec les autres partis présents sur l’échiquier politique, notamment au niveau des deux chambres du Parlement et des Assemblée locales de wilaya et communales, à partir de son programme inspiré des principes du 1er Novembre pour la construction d’un Etat démocratique populaire et social dans le cadre des principes islamiques », M. Benmbarek a appelé de ses vœux « la contribution de tous les partis à la construction d’une Algérie forte reposant sur le respect des constantes, des valeurs et de la glorieuse histoire de la nation ».
Les quatre partis se sont gardés de qualifier cette alliance de présidentielle, mais elle en a tout l’air. Ces quatre organisations ont soutenu Bouteflika pendant son règne, qualifié maintenant de « aissaba ».
Le Secrétaire général du parti du FLN a affirmé que les quatre partis de l’alliance aspiraient à « conforter le front intérieur du pays dans une conjoncture internationale et régionale de crise et face à l’instabilité qui l’entoure de toutes parts et aux velléités de certaines parties qui veulent faire taire la voix retentissante de l’Algérie dans les fora internationaux, notamment au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale des Nations unies, en faveur des opprimés et des peuples encore sous le joug colonial, en Palestine et au Sahara occidental ».
Et d’ajouter que cette alliance « n’est pas conjoncturelle liée à l’échéance présidentielle, mais a vocation à s’étendre au-delà pour prendre des positions dans les domaines politique, juridique et socioéconomique ». Tout le monde l’aura compris.
De même, elle « ne vise à exclure aucune partie, mais se veut complémentaire des autres composantes politiques et sociales qui contribuent à la construction d’une Algérie nouvelle », a-t-il poursuivi. Une « Algérie nouvelle » avec les mêmes hommes et les mêmes pratiques. Voire…
Il a, par là même, assuré que ces partis s’emploieront à faire de cette alliance « une base solide pour proposer des initiatives et soumettre des propositions à même de contribuer au développement socioéconomique et intensifier les contacts lors de la prochaine étape en vue de bien préparer l’échéance du 7 septembre prochain ».
Les partis de l’alliance « prévoient d’élaborer une charte d’éthique axée sur la moralisation de l’action politique dans le cadre d’une démarche commune visant à bâtir un Etat de droit », a-t-il ajouté.
Cette rencontre d’évaluation et de coordination a été marquée par l’annonce de l’installation d’une commission conjointe entre les partis concernés pour soutenir l’action gouvernementale, débattre de toutes les questions liées à cette alliance et choisir un slogan.
Concernant la participation à la Présidentielle du 7 septembre prochain, le Secrétaire général du RND, Mustapha Yahi, a affirmé, dans une déclaration à la presse, que l’alliance « proposera un candidat consensuel remplissant les conditions requises, notamment la capacité à préserver les acquis réalisés depuis 2019 et à poursuivre les réformes pour atteindre les objectifs fixés », soutenant que l’Algérie « a besoin de partis politiques forts ».
Tout est dans cette dernière déclaration. M. Yahi évacue la période Bouteflika et ne retient que celle de l’actuel locataire d’El Mouradia. Quelle mémoire !
Comprendre donc, cette alliance roule et roulera pour le chef de l’Etat. Comme elle a servi avec zèle Abdelaziz Bouteflika. Et pourtant Louisa Hanoune est déjà candidate, comme sous Bouteflika ! Qui a dit qu’il y a eu des changements ?
Synthèse Sofiane Ayache.