20 avril 2024
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Quelques réflexions sur la crise ukrainienne

Destructions en Ukraine

La guerre en Ukraine, avec son inévitable lot de pertes humaines et matérielles, de déplacement de population, est une des abominations que sait produire le genre humain lorsqu’il est en panne d’idées.

1.De l’origine de la crise

L’invasion d’un pays quel qu’il soit ne peut être que condamnable parce qu’elle utilise la loi du plus fort en cours dans la jungle mais que l’homme civilisé, sorti de sa nature sauvage, aurait dû abandonner depuis lors. 

Comment comprendre cette guerre et son origine ? En apparence et tel que nous l’explique l’ensemble des médias en France, un petit pays, l’Ukraine en l’occurrence, est envahi par un grand méchant pays, la Russie, dirigé par un dictateur. L’Ukraine, pays démocratique, défend la démocratie. Il défend aussi son droit légitime d’état indépendant et donc libre de ses choix, d’adhérer à tout pacte y compris militaire comme l’OTAN.

C’est tellement simple et limpide que toute personne, émettant quelques doutes ou simplement se posant des questions, est sommée de suivre le courant sous peine d’excommunication. Le terrorisme médiatique veille.

Cependant l’Histoire nous a éduqués à nous méfier des idées trop simples, surtout travaillées par une bien-pensance excommuniante. Bien de postures individuelles ou collectives trouvent leur source dans un vécu historique.

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Au XXe siècle, le monde était divisé en deux blocs antagonistes. Les pays occidentaux, Amérique du Nord et Europe Occidentale, étaient regroupés en un bloc dit capitaliste. Les pays d’Europe de l’Est, l’URSS et la Chine formaient le bloc dit socialiste. Ces blocs s’appuyaient sur des alliances militaires, l’OTAN pour les pays occidentaux et le pacte de Varsovie pour les pays socialistes (sauf la Chine). Les autres pays du monde, sauf certains qui étaient satellisés par un bloc ou l’autre, formaient le bloc des pays non-alignés.

Cuba, petite île des Caraïbes, était sous l’influence des Etats-Unis qui maintenaient au pouvoir un petit dictateur Batista. Cuba ressemblait alors à ce que les jeunes de maintenant peuvent voir dans certains États voisins, Haïti par exemple. Une révolution éclata et arriva à faire fuir le dictateur et à prendre le pouvoir en 1959. Le but des révolutionnaires était de redonner un peu de dignité au peuple cubain en chassant les exploiteurs et la mafia étatsunienne qui a fait de Cuba le lieu de débauche des américains.

Les Etats-Unis ont alors mis tous les moyens pour renverser le nouveau régime, y compris une invasion militaire, dite « de la baie des cochons » en avril 1961 et soldée par un échec. Suite à cette invasion militaire et se sentant menacé, Cuba, pays indépendant et libre de ses choix, s’est rapproché du bloc socialiste pour se défendre. Cuba usait ainsi d’un droit des plus légitimes.

Il a demandé l’aide de l’URSS qui a profité pour y installer en 1962 des fusées à tête nucléaire, soit à moins de 200 km des côtes des USA. Par-là, l’URSS répondait à l’installation de rampes de missiles en Turquie par les Etats-Unis à la fin de l’année 1961, la menaçant directement. 

Les Etats-Unis, après avoir consulté ses partenaires occidentaux et avec leur appui, a menacé d’une guerre nucléaire l’URSS si elle ne retirait pas ses fusées de Cuba. Le monde était vraiment au bord d’une guerre nucléaire qui l’aurait entièrement détruit.

A l’époque, les dirigeants mondiaux étaient assez sages pour ne pas en arriver à cette extrémité. L’URSS ayant accepté de retirer ses fusées en échange d’un retrait des rampes américaines de Turquie. 

Le dénouement de cette affaire n’aurait-il pas donné l’exemple de ce qu’il fallait faire en Ukraine ?

Les 2 affaires sont en effet essentiellement identiques. Un petit pays libre et indépendant, l’Ukraine maintenant, Cuba avant, se sentant menacé par le grand voisin, se rapproche d’un bloc opposé. C’est son choix souverain. 

Les dirigeants occidentaux avaient compris l’inquiétude des Etats-Unis à l’époque de la crise cubaine. Ils avaient soutenu les Etats-Unis dans sa menace d’arriver à une guerre nucléaire. Comment alors, ne comprennent-ils pas l’inquiétude actuelle de la Russie face à la menace d’intégration de l’Ukraine à l’OTAN, impliquant l’installation de bases de l’OTAN à la frontière de la Russie ?

S’ils ne comprennent pas cette inquiétude, si leur mémoire est soudain défaillante, c’est que les intérêts sont ailleurs et autrement plus importants que le risque d’une guerre avec son lot de morts, de blessés, de destructions, de déplacement de population, de réfugiés. 

Il semble que s’engager à ne pas admettre l’Ukraine dans l’OTAN pour rassurer le grand voisin était  beaucoup plus coûteux que cette guerre. 

L’admission de l’Ukraine dans l’Union Européenne sans sa militarisation n’aurait-il pas été plus avantageux pour les Ukrainiens et les Européens ?  L’Histoire nous apprendra plus tard pourquoi les Occidentaux ont répondu négativement à cette question. (A suivre)

El-Bootouri

4 Commentaires

  1. Vous posez des prémisses pour le moins sujettes à caution, en affirmant, d’emblée, que : « L’invasion d’un pays quel qu’il soit ne peut être que condamnable parce qu’elle utilise la loi du plus fort en cours dans la jungle mais que l’homme civilisé, sorti de sa nature sauvage, aurait dû abandonner depuis lors ».
    Ainsi, sorti de son état sauvage (?), l’homme se serait doté de lois pour vivre le plus harmonieusement possible, dans une société qui garantirait à la fois la délimitation des droits de chacun et les moyens de les garantir à tous. Cet idéal, recherché depuis la nuit des temps, dans toutes les cités humaines, a été pensé, notamment, par les philosophes du Droit de la Grèce antique et de l’Europe du XVIIIème siècle, dite des Lumières, a pu, parfois, être approché au sein de ce que l’on a appelé l’Etat-Nation démocratique avec l’invention de la société civile de l’Europe du XIXème siècle, bornant les droits individuels en contrepartie de la sécurité collective plus ou moins garantie par le souverain, lui-même sensé être l’émanation de la volonté collective. Mais jamais, s’agissant du domaine des relations internationales, qui demeurent, en dépit de quelques progrès, dominées par la Loi de la Jungle, c’est-à-dire celle du rapport des forces brutes entre Etats.
    Certes de nombreuses tentatives ont permis d’accoucher d’un droit international pour « civiliser » les relations entre Etats de l’espace européen d’abord, à l’échelle mondiale ensuite, sans pour autant changer fondamentalement la nature de l’ordre du Monde : les guerres napoléoniennes, puis les deux grandes guerres européennes, baptisées improprement guerres mondiales, tant l’Europe se croyait, et se croit toujours, le Centre du Monde, suffisent, à elles seules, pour rappeler que la violence du plus fort reste, sur le plan international, le moyen ultime, pour le plus fort de faire prévaloir sa volonté et ses intérêts. Nul n’est besoin d’égrainer l’innombrable liste de conflits justes restés sans solution par la volonté même des plus forts! Le Droit international ne s’applique donc qu’à ceux qui ne disposent d’arguments frappants. Les puissants, chaque fois qu’ils sont sommés de renoncer à l’idée qu’ils se font de leurs intérêts au nom du droit d’autrui, n’ont jamais hésité à recourir à la force pour imposer leur volonté, pour autant qu’ils en aient les moyens.
    Civilisés, dites-vous ? C’est, bien sûr, au nom de la civilisation, que l’homme blanc, chrétien et européen, lança la colonisation du reste de la planète, pour le bien être de ses peuples, comme peuvent vous le conter les enfumés du Maréchal de Saint-Arnaud, ou les témoins chinois du sac du Palais d’Eté de Pékin par les spadassins français venus participer à l’hallali de la Chine, dans les soutes des guerres de l’opium de la perfide Albion.

  2. L’une des plus plaisantes fadaises entendues ces derniers temps est celle de ce journaliste français bravache, qui osa lancer à la face de l’Ambassadeur de Chine à Paris, que le soutien apporté par son pays aux indépendantistes canaques de Nouvelle Calédonie ne serait motivé que par son attrait pour ses immenses ressources en nickel, comme si la présence française était sans rapport avec les ressources stratégiques de sa colonie. En pointant, pour faire bonne mesure, les visions impérialistes de la Chine en Asie-Pacifique en général, et en Mer de Chine en particulier, zones auxquelles, comme chacun sait, la France fait naturellement partie !

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