Face aux évidences scientifiques qui s’accumulent, autant les pays du G7, que la majorité de ceux à la récente ronde du traité mondial de lutte contre la pollution plastique, ou s’est illustré l’Afrique, ont demandé une réduction de la production de plastique, source d’une pollution planétaire jugée maintenant catastrophique.
G7
Réunis à Turin en Italie, les pays du G7 ont affirmé le 30 avril, après deux jours de réunion, vouloir réduire la production mondiale de plastique pour enrayer la pollution planétaire qu’elle crée. Ils considèrent cette pollution « alarmante » et souhaitent y mettre fin avant 2040. C’était la première fois qu’ils s’engageaient à prendre des mesures si ambitieuses.
C’est que cette production mondiale a doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes par an et pourrait même tripler d’ici à 2060. Cette décision a été prise à la lumière des toutes dernières découvertes scientifiques, comme celles publiées le 25 avril dans la revue Science Advances, qui établit un lien direct entre la production des plastiques et la pollution qu’ils créent. À l’échelle de la planète, plus de la moitié des plastiques engendrant cette pollution serait créée par seulement 56 multinationales.
La délégation française conclut que « Le G7 reconnaît pour la première fois que le niveau de pollution plastique est insoutenable » et que son augmentation serait alarmante. À ce sujet, le ministre français de l’Environnement, Christophe Béchu, a dit que « La dissémination des plastiques dans tous les environnements est un phénomène relativement récent à l’échelle de l’histoire humaine, mais il semble déjà échapper à tout contrôle. » La principale solution mise de l’avant par l’industrie, soit le recyclage de ses produits, aurait été jugée insuffisante puisqu’il plafonne à 9 % à l’échelle planétaire. La très grande majorité de la production terminerait donc en déchets envahissant lentement toutes les régions de la Terre.
L’Afrique s’illustre
La volonté pour diminuer cette production plastique était beaucoup moins forte à la quatrième et avant-dernière phase de négociations pour arriver à un traité mondial de lutte contre la pollution plastique, qui se tenait du 23 au 29 avril à Ottawa. Deux blocs s’y sont affrontés.
Face à une cinquantaine de pays faisant partie de la coalition dite de haute ambition qui voulait une limitation contraignante, se trouvait le lobby de l’industrie pétrochimique et des États dépendants des énergies fossiles tels la Russie, la Chine, l’Iran, l’Arabie saoudite et l’Inde. Ces pays du BRICS+ se sont opposés à la limitation de la production et à l’interdiction de certains produits chimiques désirés par des dizaines de pays du sud global.
Les pays africains étaient très nombreux dans cette coalition de haute ambition, coprésidée par le Rwanda et la Norvège. Le Malawi a milité pour l’adoption d’un texte demandant d’interdire les sacs en plastique. C’est que les 54 pays africains ne produisent que 5 % du plastique mondial, mais sont fortement affectés par toute sa pollution, y a fait remarquer la Kenyane responsable du Pan-African Plastics Project chez Greenpeace Africa, Hellen Kahaso Dena. Les déchets plastiques brûlés émettraient des polluants nocifs causant des problèmes respiratoires.
Ceux jetés dans la nature augmenteraient la reproduction de moustiques porteurs de maladies. Le plastique s’accumulerait aussi dans les rivières et nuirait à l’écoulement de l’eau. Les rives de l’Île Maurice reçoivent continuellement des déchets plastiques portés par les courants marins. Bon nombre de ces pays ont déjà pris des mesures de protection. Au Madagascar, les sacs en plastique de moins de 0,05 millimètre d’épaisseur sont interdits depuis 2015. Le Rwanda a pour sa part interdit les plastiques à usage unique depuis 2019, et l’Afrique du Sud impose une taxe à l’achat.
Des conséquences néfastes
Le documentaire américain réalisé en 2023 : « We’re All Plastic People Now », qui a reçu un Emmy, présente les récentes découvertes au sujet des conséquences de la pollution plastique. Une quinzaine de docteurs, spécialistes et environnementalistes y décrivent où elle en est rendue. Le poids des déchets plastiques sur la planète dépasserait actuellement celui de tous les animaux terrestres et marins combinés.
On y voit le Dr. Antonio Ragusa à la tête d’un groupe de chercheurs à Rome en Italie qui a découvert des micros plastiques dans le placenta humain. Les bouteilles en plastique d’eau et de soda seraient la principale source identifiée par laquelle ces micros plastiques entreraient dans l’organisme humain. Ce plastique inclurait des produits chimiques qui pourraient modifier le métabolisme de ceux qui les ingèrent.
À ce sujet, le professeur David A. Davis, du département de neurologie de l’université de Miami, à découvert que l’ingestion de plastique est corrélée avec la prise de poids. Les chercheurs auraient pu créer des souris obèses et d’autres minces à volonté en changeant la quantité de plastique qu’elles ingéraient.
Il y aurait actuellement des micros-plastiques dans l’eau des bouteilles de plastique, le sel de mer et même le système racinaire des plantes. Beaucoup de bébés ont déjà du plastique dans leur sang quand ils arrivent au monde. Nous vivons dans une expérience à laquelle nous n’avons pas consenti et dont nous souffrons des conséquences, conclut un chercheur.
L’ultime rencontre pour adopter un traité juridiquement contraignant avant la fin 2024, comme se sont engagés à le faire 175 pays en mars 2022, serait du 25 novembre au 1er décembre à Busan, en Corée du Sud. Plusieurs pays souhaitent profiter de la prochaine rencontre du G20 en octobre pour inciter les pays réfractaires à des mesures musclées de suivre la position du G7 pour réduire la production de plastique.
Michel Gourd