AccueilIdéeSabrina Azzi, tête haute en Amérique !

Sabrina Azzi, tête haute en Amérique !

Un 8 mars pas comme les autres 

Sabrina Azzi, tête haute en Amérique !

Sabrina a soutenu brillamment, ce mardi 2 mars 2021, sa thèse de doctorat (Ph.D.) en informatique médicale à l’université du Québec en Outaouais (Canada). Le jury lui a attribué, à l’unanimité, une mention d’excellence.

Mais posons aussi le décor : Sabrina Azzi est ma troisième fille. Les deux premières (Wardiya et Dihya) relèvent de l’ordre du sang et Sabrina de l’ordre de tasa (1). La première, professeur de mathématiques du secondaire, vient de faire de moi grand-père d’un petit garçon (Yanni), la seconde vient de décrocher un poste de DRH dans une entreprise internationale de sécurité informatique. Le tout dans le premier trimestre 2021 : gloire aux filles !

Mais parlons du parcours atypique et remarquable de Sabrina qui vient de décrocher son doctorat. Fille de la Kabylie rurale, elle décide, toute petite encore, de forcer le destin et de vivre la tête haute. 

Sabrina n’avait pas du tout la soif d’aller de victoire en victoire. Ce n’était pas son genre de laisser son champ émotionnel en jachère. Écolière, elle savait, d’instinct, prendre du recul et cerner ce qui importait réellement pour elle. À l’âge de 12 ans, elle fit parler d’elle dans le journal Le Matin (à l’époque autorisé en Algérie), en élaborant une revue d’école sur la révolution algérienne avec ses enseignants.

- Advertisement -

Le journaliste, pédagogue dans sa démarche, avait conscience de découvrir en elle une graine d’écrivain, il le lui a fait savoir. Au Lycée, elle obtint le deuxième prix de la langue française à l’échelle nationale. Du coup, elle raccorde une passion pour la littérature à sa vocation de scientifique. 

Alors qu’elle était étudiante à l’université Mouloud Mammeri, elle a signé plusieurs articles culturels dans le journal La Dépêche de Kabylie. Dans ce même élan, elle fait une enquête sur son grand-père maternel et, du résultat de ses investigations, elle en tire son premier livre (2).

Cette aventure fût féconde puisque tout au long de ces études doctorales, elle écrit de nombreux et merveilleux contes et textes littéraires ou engagés (3). Toute cette accumulation de réussites n’était pas son but mais ses succès scolaires, universitaires et hors école ont coulé de source. Elle a fait face à l’adversité de l’entourage parce que ses capacités de résilience ont toujours eu raison des milieux hostiles. 

Bac scientifique pour commencer, ingénieure en informatique ensuite à l’Université Mouloud Mammeri puis c’est le grand saut, la grande aventure de la post-graduation. En Europe d’abord. Inscrite à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines pour son Master 2, elle doit compléter sa formation dans un autre pays. Du coup elle rejoint l’université de Kortrijk en Belgique avant de s’envoler pour le Canada. 

Les débuts au Canada sont extrêmement difficiles. Il y règne une atmosphère austère et un sentiment du bout du monde. Pour une femme de Maâtkas, l’aventure est rude, l’âpreté de l’exil s’apparente à celle, implacable, déclamée par Slimane Azem, le géant de la pensée kabyle du 20ème siècle.

Aujourd’hui, Sabrina est docteure d’une université de l’Amérique du nord. D’autres chemins l’attendent. À coup sûr elle saura encore progresser tout en restant comme elle est, c’est-à-dire une femme kabyle battante attachée à sa culture ancestrale et à son éthique.

Sa tenue kabyle lors de sa soutenance en est un symbole. C’est le sens de son itinéraire. Ta famille des Maâtkas et des Ath Douala, moi-même, tes sœurs et tant d’autres ami-e-s proches et lointains, nous te félicitons vivement et nous t’aimons. Merci Sabrina, tu es notre fierté.

  1. Tasa (le foie) est pour les Kabyles l’organe réceptacle de l’amour filial

  2. Azzi, Sabrina, Ath Douala le rendez-vous manqué, 2008.

  3. Azzi, Sabrina, Douceur et cruauté, 2013

        Le rêve de la gazelle, 2014

        L’hyène qui voulait se faire lion, 2014

        Taninna, 2015

        Tinifsan ou la radieuse, 2016  

        Avril 80 : c’est aussi notre combat, 2018 

        Je suis Taninna, 2019

        La reine qui erre, 2019

Auteur
Hacène Hirèche

 




LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

La bourde de Nathalie Saint-Cricq sur France2

Nathalie Saint-Cricq fait partie de cette légion d'analystes faiseurs d’opinion qui professent pour leur clan sur les chaînes publiques. Ici c’est pendant le journal...

Les derniers articles