23 avril 2024
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Saïd Benselma, ex-directeur du TNA, s’est éteint

Saïd Benselma

L’homme de théâtre, Saïd Benselma, est décédé, dimanche 30 avril, à l’âge de 77 ans.

L’annonce de sa mort a été faite par son fils qui annonce que l’enterrement aura lieu, lundi  1 mai 2023 à Tighilt dans la commune d’Ath Zmenzer dans la wilaya de Tizi-Ouzou.

Le défunt occupait le poste d’ancien directeur du Théâtre national algérien ainsi que directeur du Festival national du théâtre professionnel.

Il était également l’un des premiers étudiants à s’inscrire à l’Institut national supérieur d’art dramatique en 1965, et en sort diplômé en 1970.

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Il a, en outre, participé à de petits rôles dans de nombreuses productions  théâtrales comme dans  L’épopée historique « Ivanhoé » du français « Henri Cordeau » (1966). L’épopée historique « La Bête » (1967), « Le cadavre encerclé » de Kateb Yassin, 1968.

Aussi, il a assisté le dramaturge Zayani Cherif Ayad dans la réalisation se  la pièce The L’empereur Jones de Eugène O’Neil (1969).

Après avoir obtenu son diplôme, il a rejoint le Théâtre National algérien et participe en tant qu’acteur aux pièces de théâtre : « Oh, frère, tu es hors-jeu » d’Abdellah Oriachi (1973). « Bab al-Futuh » de Slim Riad et « Bani Kalboun » de Ould Abderahman Kaki (1973). Il a  assisté  Zayani Cherif Ayad  dans la mise en scène de la pièce « Le Cimetière »(1974) et joue dans « Sikat Al-Selma » ( la voie de la paix) en 1975.

Benselma a poursuivi sa carrière en travaillant dans les services de gestion et de l’administration du Théâtre National algérien à partir de 1976, avant d’être nommé  directeur de cet établissement à partir de 1985. Il a été membre fondateur du Festival National du Théâtre Professionnel durant les  années 1985, 1986 et 1987, avant de se tourner en 1988 vers la réalisation.

En 1999, il met en scène la pièce « Je bois la mer. » Parallèlement, il monte la première troupe d’enfants au niveau du théâtre national algérien, avant de lancer la première caravane culturelle.

Il a été président du Jury du IXe Festival national de théâtre professionnel en 2014. Auparavant, il a supervisé la Direction Technique du Théâtre National de  2015 à 2016.

Plusieurs comédiens, cinéastes et hommes de culture ont rendu hommage au défunt

Le journaliste, universitaire  et critique de théâtre  Ahmed Cheniki : « Un ami, un grand ami, un sourire d’une grande humanité s’en va, Saïd Benselma. Saïd est toute une histoire, porteur et producteur d’Histoire et d’histoires. Ancien de l’école d’art dramatique, grand animateur de théâtre, un directeur au sens plein du terme, il souriait, il n’arrêtait pas de sourire, parlait peu, mais aimait agir, ce grand sourire qui abhorrait la compromission, défendait avec force ses idées sans vouloir les imposer. Saïd n’est pas n’importe qui, il est celui que la lumière a toujours cherché la compagnie. Il était la lumière. »

Ci-après  le témoignage de Djaffar Ben Mesbah (journaliste et écrivain) copié de sa page Facebook. » Da Saïd Benselma fut un très grand ami du trio Kateb Yacine, Issiakhem et Ali Zamoum »

« En 1982, j’étais responsable du TC (Théâtre et Culture), un petit théâtre situé à la rue Mogador, à deux rues de la rue d’Isly. Le centre, d’une banale et morne architecture à deux niveaux, comprenant une belle salle de spectacle de deux cents places, s’était appelé longtemps Les Trois Baudets. Samir Bouakouir (plus tard, chargé de la communication au FFS), deux militants du PAGS et moi-même avions pris la résolution d’adopter directement l’expression kabyle dans la mise en scène de la pièce que nous préparions. Beaucoup de comédiens connus se rendaient de temps à autre au petit théâtre afin de retrouver le souvenir de leur début dans la fonction et un soir, j’avais reçu la visite de Saïd Bensalma, alors directeur du Théâtre National d’Alger, un homme courageux et sensible à la question identitaire. Il m’avait invité à prendre une bière chez Da M’barek et de questions en réponses sur le problème identitaire, il avait engagé sa parole qu’il programmerait la pièce au Théâtre National si toutefois, le spectacle serait esthétiquement valable. Il prenait un risque, l’initiative lui couterait son poste… voire, un séjour en prison. Mais, comme il me disait: la revendication identitaire vaut bien un sacrifice. En dehors de la langue arabe, toute autre langue était formellement interdite dans l’expression cinématographique et théâtrale. Après son départ, je me suis saoulé plus d’interrogations que de bières… Faire du théâtre pour revendiquer son identité avec un texte entièrement écrit dans une autre langue est un non-sens ; faire passer au Théâtre National un texte en kabyle serait une révolution. Mes camarades de la troupe avaient reçu l’idée avec beaucoup d’exaltation. J’avais pris avec grand sérieux la condition de l’esthétique, je redoublais d’efforts afin de préparer mes amis à une apparition honorable sur les planches que moi-même ne maîtrisais pas convenablement, malgré mon aventure avec la troupe Debza. Sur conseil de da Saïd Bensalma, je passais des nuits à lire Molière, Tchekhov, Gogol, Stanislavski, Brecht… Ma détermination de mettre en scène une pièce de théâtre en Kabyle arrivait aux oreilles des responsables locaux du parti. Une initiative qui les intriguait au plus haut point, ils ne pouvaient tolérer la préparation d’une pièce théâtrale d’expression kabyle. La préfecture avait ordonné la fermeture immédiate du petit théâtre. Licencié sans dédommagement, je fus chagriné beaucoup plus par la perte d’un endroit où je pouvais mener mon travail théâtral à son terme que par le deuil d’un emploi… D’ailleurs, juste après, avec l’appui de da Saïd, je fus recruté en qualité de décorateur à la SNNGA, l’entreprise qui gérait les grandes surfaces.

Les étudiants, éléments de la troupe, m’avaient suggéré la poursuite des répétions au sein de l’université Bab Ezzouar. Ils pensaient naïvement qu’une activité culturelle clandestine avait plus de chances d’aboutir si elle s’entreprenait à l’intérieur d’une université. Le projet avançait avec le collectif « Imediazen » et les étudiants militants du parti FLN voyaient d’un mauvais œil l’activité d’une troupe de théâtre d’expression kabyle. La police politique, évidemment, en fut informée… Da Said Bensalma fut un très grand ami du trio Kateb Yacine, Issiakhem et Ali Zamoum. Je présente mes plus sincères condoléances à sa famille. »

Samia N. I

 

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