La chambre correctionnelle du tribunal de Dar El Beïda a requis, ce jeudi 26 juin, une peine de sept années de prison ferme assortie d’une amende de 700 000 dinars à l’encontre de Mohamed El Amine Belghit, universitaire et enseignant en histoire placé sous mandat de dépôt depuis le 3 mai dernier.
Le verdict dans cette affaire hautement médiatisée et instrumentalisée par le courant arabiste est attendu pour le 3 juillet prochain.
Une déclaration controversée
L’affaire remonte au 1er mai 2025, lorsqu’au cours d’un entretien accordé à la chaîne de télévision satellitaire Sky News Arabia, Mohamed El Amine Belghit avait tenu des propos polémiques en affirmant que « l’amazighité est une création judéo-française », des déclarations largement perçues comme offensantes à l’égard de la composante amazighe de l’identité algérienne.
La diffusion de ces propos a rapidement suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et dans la société civile, poussant les autorités judiciaires à réagir.
Les chefs d’accusation
Selon un communiqué du parquet de Dar El Beïda, Belghit est poursuivi pour plusieurs chefs d’inculpation :
Atteinte à l’unité nationale par des actes visant à porter atteinte aux symboles de la Nation et de la République, atteinte à la sécurité de l’unité nationale et diffusion de discours de haine et de discrimination par le biais des technologies de l’information et de la communication.
Des accusations fondées sur les lois en vigueur encadrant l’utilisation des médias et réseaux sociaux, notamment en matière de respect de l’unité nationale et de lutte contre les discours discriminatoires.
Un procès sous tension
La procédure judiciaire contre Mohamed Amine Belghit Belghit intervient dans un contexte où les autorités se montrent particulièrement sensibles aux questions identitaires et à la préservation de la cohésion nationale.
Pour certains observateurs, cette affaire illustre une ligne rouge que les autorités souhaitent imposer face à toute remise en cause explicite de la diversité culturelle et linguistique du pays, notamment dans une Algérie où l’amazighité est reconnue langue nationale et officielle depuis 2016.
Pour certaines voix critiques, ce procès soulève des interrogations sur les limites de la liberté d’expression et les responsabilités des intellectuels dans le débat public, dénonçant un durcissement de l’appareil judiciaire face à des opinions, aussi discutables soient-elles, relevant selon eux, du débat intellectuel.
Un avis largement contesté par une frange importante de l’opinion publique, qui reproche à Belghit d’avoir tenu des propos à caractère révisionniste sur l’histoire et l’identité nationale, jugés historiquement infondés et dépourvus de crédibilité scientifique.
En attente du jugement
En détention provisoire depuis bientôt deux mois, Mohamed El Amine Belghit connaîtra son sort judiciaire le 3 juillet. Quel que soit le verdict, ce procès restera un signal fort dans la gestion des discours publics relatifs à l’identité algérienne et à la mémoire nationale.
Samia Naït Iqbal