À Marseille, la mobilisation s’intensifie pour la libération de Georges Abdallah, prisonnier politique depuis 40 ans. À l’approche d’une nouvelle audience décisive, les collectifs redoublent d’initiatives pour briser le mur du silence qui entoure sa détention. Parmi eux, le FUIQP Marseille et le Comité Georges Abdallah PACA, coorganisateurs de la rencontre du 12 juin, portent une parole lucide et déterminée.
Militante, membre active du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires et du Comité Georges Abdallah PACA, Soraya Chekkat incarne cette génération de lutte qui ne sépare pas la mémoire du combat, ni la solidarité de la conscience politique. Dans cet entretien, elle revient sur le sens d’un engagement indéfectible, sur la criminalisation du soutien à la Palestine, et sur la nécessité de bâtir un front populaire contre l’arbitraire.
Le Matin d’Algérie : Pourquoi organiser une rencontre publique à Marseille autour de Georges Abdallah à ce moment précis, à quelques jours de l’audience du 19 juin ?
Soraya Chekkat : Il s’agit de rendre visible le plus largement possible la situation de Georges Ibrahim Abdallah, un camarade enfermé en France et à ce jour le plus vieux prisonnier politique d’Europe. Il est important d’amplifier la mobilisation puisque la construction d’un rapport de solidarité en masse est primordiale pour le soutien aux prisonniers politiques. Il est nécessaire de rappeler qui il est, de recontextualiser son histoire politique et son engagement.
Il faut aussi que Georges sache qu’il n’est pas seul, que nous ne l’oublions pas. À deux jours de son audience, une énième demande de libération a été déposée, encore une fois la justice le libère, mais cette fois-ci sans qu’il soit nécessaire un arrêté d’expulsion du gouvernement.
Pour autant, le parquet a fait appel et ne cesse d’arguer d’éléments aussi intenables les uns que les autres pour justifier de son maintien en détention. Nous devons dénoncer cette mascarade car il s’agit bien d’un maintien en détention pour raison politique : Georges refuse de renier son engagement envers la Palestine.
Le Matin d’Algérie : En quoi le combat de Georges Abdallah résonne-t-il aujourd’hui avec la situation dramatique que traverse le peuple palestinien à Gaza ?
Soraya Chekkat : Georges Ibrahim Abdallah est un soutien historique de la cause palestinienne, un résistant, un combattant, un militant politique. Il est de la lutte du peuple palestinien. Membre du Front populaire de la Palestine, il n’a jamais renié son attachement et son engagement pour la libération de la Palestine historique. Il est enfermé à ce titre. Sa situation est intimement liée à la situation en Palestine.
L’oppression immonde qu’il subit est à rapprocher de toutes les répressions mises en place par la France à l’encontre des militants pro-palestiniens, qu’ils soient politiques, associatifs, syndicalistes…
Le Matin d’Algérie : Comment analysez-vous la répression actuelle menée par le gouvernement français contre les collectifs de solidarité avec la Palestine ?
Soraya Chekkat : Je l’analyse comme une logique du continuum colonial. Il n’y a rien d’étonnant dans un pays dont le soutien à la colonisation est systémique puisqu’historique. Le système capitaliste qui fait loi en France explique cette dynamique de répression. Les voix décoloniales sont aussi anticapitalistes et antiracistes. Le soutien à la Palestine éveille notre conscience de classe, celle des damnés de la terre et des plus précaires, travailleurs ou pas. Depuis toujours les classes laborieuses ont été estampillées de dangereuses… Le système n’a pas d’autre choix que de les faire taire.
Historiquement, rappelons qu’en France on a noyé des Algériens dans la Seine quand ils demandaient l’indépendance de l’Algérie, ou encore que les marcheurs de 1983 contre le racisme ont été invités à retirer leur keffieh en arrivant à l’Élysée. Georges Abdallah fait d’ailleurs le lien dans son discours de 1987, appelant nécessairement à la convergence de toutes les figures de la lutte anticoloniale. Il disait alors : « Vous m’avez condamné comme vous avez condamné les bandits des Aurès ».
Le Matin d’Algérie : Quels objectifs politiques, humains ou militants vous fixez-vous à travers cette soirée du 12 juin ?
Soraya Chekkat : Nous espérons élargir le champ de la convergence, convaincre toujours plus de la nécessité de libérer Georges et tous les prisonniers politiques, élargir un rapport de force afin de répondre à toutes les tentatives de faire taire le soutien à la Palestine.
Le Matin d’Algérie : Que répondez-vous à celles et ceux qui, par méconnaissance ou par crainte, hésitent encore à rejoindre la mobilisation pour Georges Abdallah ?
Soraya Chekkat : Je les invite à lire ses discours (cf. blog de Georges Abdallah), à écouter ses interventions, à venir échanger avec nous. Toute une machination a été mise en place dans les années 80 afin de diaboliser notre camarade. Aujourd’hui on le sait, nul diable, nul terroriste, simplement un homme digne, fort de ses convictions, un communiste arabe rentré en résistance lorsque son pays, le Liban, a été agressé, engagé pour une société progressiste, faite de droit et d’égalité, émancipée du joug capitaliste et de la tutelle barbare que représente le colonialisme. Il est de nos luttes, nous sommes de son combat.
Propos recueillis Djamal Guettala
A 🤮…. Soraya la Française de papier ferait mieux d’épouser ce terroriste et on en parle plus, quand à LFI, ce sont ses dernières images d’un parti nauséabond, aux prochaines élections il ne ferait plus parti du champs politique Français, au mieux il deviendra minuscule avant de disparaître .