Mardi 17 décembre 2019
Tebboune n’a pas prononcé un mot sur la problématique énergétique (I)
Pour réussir un programme ambitieux fortement tourné vers le bien-être de la société, comme par exemple augmenter l’allocation de voyage à 1000 euros ou défiscaliser les salaires de moins de 30 000 dinars et encore plus payer des avocats pour récupérer au profit du Trésor l’argent indûment transféré dont le candidat Tebboune promet de connaître les artifices de leur récupération, il faut d’abord disposer de moyens que peut offrir l’économie algérienne fortement du type extensive depuis la fin des années 70.
En effet, les différents chocs pétroliers dont celui de la moitié des années 80, appelé aussi contre-choc, a montré que finalement, la chute des prix du pétrole suivie après par la détérioration du cours du dollar que de nombreux analystes présentent comme la cause principale de la crise en Algérie, n’ont pas suffisamment insisté sur l’origine de la fragilité du système économique.
Il a été démontré que ce n’est pas le modèle de développement qui a fragilisé l’économie nationale, en la rendant fortement dépendante de l’extérieur mais plutôt la réorientation économique des années 80 qui a affecté le modèle de développement pour le rendre fortement dépendant. La preuve indiscutable de l’échec de cette réorientation est la chute des prix du pétrole en elle-même.
Normalement et en dépit de son caractère brusque, la chute des prix du pétrole ne devait pas surprendre les spécialistes car elle rentre dans le cadre de la stratégie de l’agence internationale de l’énergie (AIE) en réponse à l’embargo décrété par les pays arabes membres de l’OPEP en 1973. Il fallait s’y attendre et donc orienter les recettes des hydrocarbures pour renforcer les projets en cours afin de produire des biens d’équipements qui non seulement dynamiseraient l’activité économique mais lui assureraient son indépendance économique de l’extérieur et fera sans aucun doute face ou du moins amortira le choc d’une telle situation encore une fois dans le domaine du prévisible.
Quand bien même l’on suivrait la logique des initiateurs de ce projet de réorientation au nom de l’efficacité de gestion et de la politique d’ouverture, il aurait donc fallu accepter un programme de réforme structurelle à partir du début des années 1980 puisque la balance des paiements algérienne a entamé son déficit depuis 1982 (01) et donc utiliser cette restructuration économique dans le cadre d’un programme avec le fond monétaire international et l’orienter ainsi au bénéfice du développement national au lieu peut être de donner une image fausse qui a dû contribuer à aggraver la situation, désormais aujourd’hui inextricable.
Tous les pays ont compris sauf les décideurs algériens eux-mêmes : la Sonatrach était, elle est et elle le restera probablement pour plusieurs années encore la locomotive du développement économique algérien. Elle est un réservoir d’emplois, elle contribue à plus de 70% du budget de l’Etat et finance par ses exportations 95% des besoins économiques et sociaux. Pendant que les experts rêvent de diversification et d’une alternative aux hydrocarbures, les lobbies encrent leurs ventouses à l’intérieur même du mastodonte dont le seul objectif de l’affaiblir. La valse de ses PDG qui s’est accélérée ces cinq dernières années vise un seul et unique objectif : l’affaiblir, accentuer sa mauvaise gouvernance pour justifier sa privatisation.
Depuis la dernière rentrée en bourse de la saoudienne Aramco, une idée véhiculée par ces lobbies tente de soutenir que la bonne gouvernance ne peut être effective que lorsque l’Etat algérien ouvrira le capital de Sonatrach. Comment ces lobbies procèdent-ils pour affaiblir Sonatrach ? Quels sont les points névralgiques de son affaiblissement ? Depuis quant historiquement cet affaiblissement a débuté ? Quelles sont les idées qui le sous-tendent ? De quelles manières l’appliquent-ils ? A suivre
Rabah Reghis
Renvois
(01) In Perspective N° 34 semaine du 5 au 11-12-91