Les services de renseignement britanniques ont admis que l’ancien vice-ministre iranien de la Défense, Alireza Akbari, exécuté par le régime au début de l’année, était un espion pour le MI6.
Alireza Akbari a été condamné pour « corruption sur Terre et pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du pays pour avoir transmis des renseignements » au Royaume-Uni, selon Mizan Online.
Akbari, 62 ans, a transmis des informations au Royaume-Uni pendant quinze ans à partir de 2004, y compris des détails sur le programme nucléaire iranien. Selon un article du New York Times, des agents du renseignement britanniques ont informé des responsables israéliens, lors d’une réunion à Tel Aviv en 2008, que le Royaume-Uni avait infiltré le régime iranien, lui permettant d’identifier une installation secrète d’enrichissement de l’uranium à Fordow, à 32 kilomètres de la ville de Qom.
Ces informations ont été rendues publiques par l’ex-président américain Barack Obama lors du sommet du G20 à Pittsburgh en 2009, qui a ajouté que l’Iran «compromettait le régime mondial de non-prolifération». Un responsable israélien de l’époque avait déclaré que les autres agences de renseignement étaient «choquées» par les informations que le MI6 avait pu extrapoler de l’Iran au sujet du site de Fordow.
Akbari a également transmis au MI6 des informations sur plus de 100 personnalités iraniennes de haut rang, dont Mohsen Fakhrizadeh, le soi-disant «père de la bombe iranienne», assassiné par Israël en 2020.
Ancien soldat, profondément religieux et partisan de la ligne dure, Akbari a soutenu haut et fort le programme nucléaire iranien et a été choisi pour rencontrer les ambassadeurs du Conseil de sécurité des Nations unies en 2004 afin d’apaiser les craintes concernant les projets d’armement de Téhéran.
C’est à cette époque, selon le régime iranien, qu’Akbari est devenu un espion, recevant 2 millions de livres sterling (1 livre sterling = 1,13 euro) du MI6 et des visas britanniques pour sa famille. Il a quitté ses fonctions au sein du gouvernement iranien en 2008, mais est resté conseiller auprès du Conseil suprême de sécurité nationale.
Soupçonné d’être un espion, il a ensuite été détenu et interrogé pendant des mois avant d’être libéré. Après sa libération, il s’est installé à Londres avec sa famille et est devenu citoyen britannique. Il est retourné en Iran au moins trois fois et a été arrêté lors de son dernier voyage à Téhéran en 2019, à nouveau soupçonné d’espionnage, après que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a reçu des renseignements russes le reliant aux révélations sur Fordow.
Il a été détenu dans la fameuse prison d’Evin. Le 11 janvier 2023, il a été dénoncé comme un «super espion» par le régime. Il a fait des aveux publics, diffusés à la télévision iranienne, qu’il a ensuite affirmé avoir faits à la suite de tortures prolongées. «J’ai été interrogé et torturé pendant plus de trois mille cinq cents heures en dix mois. En utilisant la force d’une arme à feu et en proférant des menaces de mort, ils m’ont fait avouer des informations fausses et sans fondement», déclare Akbari dans une vidéo obtenue par la BBC Persian.
Akbari a été pendu le 14 janvier. Son exécution a été condamnée par le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, qui l’a qualifiée d’«acte cruel et lâche commis par un régime barbare». La famille d’Akbari nie qu’il était un informateur des services secrets britanniques et affirme qu’il a été victime des luttes de pouvoir politiques internes en Iran.
Avec AFP