25 novembre 2024
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Mémoire d’un Oranais (21) : Je m’appelle Boumédiene, je ne l’ai pas fait exprès !

Sid Lakhdar Boumediene
Sid Lakhdar Boumediene.

C’est un très joli nom dont je suis fier et mes parents ne sont absolument pas coupables. Ils ne pouvaient pas prédire que dix ans plus tard, à trois mois près, il aurait usurpé mon nom et allait prendre le pouvoir.

Comment peut se passer une enfance algérienne à l’école avec un tel nom, à cette période ? Si elle fut très heureuse, au-delà de ce qu’on peut en attendre, ce nom allait me suivre comme une petite musique éternelle. Pour le comprendre mieux, imaginez le sort des écoliers se prénommant Biyouna, Rouiched ou Boubegra !

Les mémoires d’un Oranais (20) : Le nez sur les aisselles !

Puis ce furent les études supérieures à l’Institut d’Études Politiques de Paris en 1975. Pendant des mois et des mois, plusieurs fois par jour, il ne se passait pas une heure sans que la question ne me fût posée. Mais avant même qu’elle fût terminée, je répondais aussi promptement « Non, je ne suis pas son fils. Moi, c’est mon vrai nom ! ».

La vérité est que c’est ma grand-mère qui m’avait donné ce nom pour deux raisons. D’abord en souvenir de son jeune fils décédé puis parce que la famille paternelle est de Tlemcen, Sidi Boumédiene en est le saint patron.

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En France, en plus de mon nom, il fallait supporter une autre méprise, celle de mon patronyme, Sid Lakhdar. Je vous fais grâce du nombre de fois où certains s’exclament, aujourd’hui encore, en me disant « Ah, Sidi Brahim, un excellent vin ! ». Vous pouvez imaginer ce que c’est insupportable lorsqu’on déteste les plaisanteries lourdes et surtout à l’encontre d’une personne qui ne boit jamais si ce n’est l’équivalent d’une gorgée tous les quatre ans, pour faire honneur à une invitation de mariage ou autre.

Le temps a passé, le colonel est décédé deux ans après mon arrivée en France et j’allais enfin pouvoir oublier la pesanteur de mon boulet. Oublié ? Non, le mauvais sort a de la mémoire et il revient toujours frapper à votre porte, tôt ou tard.

De longues années plus tard, la naissance de mon aîné arrive. Il avait pulvérisé la date prédictive annoncée par le médecin, ce qui arrive. Et c’est là que le sort frappa de nouveau, il naîtra le….19 juin !

Non, je ne l’ai vraiment pas fait exprès pour être autant embêté. Je suis fier de mon prénom mais avec Kaddour ou Brahim, cela aurait été peut-être plus simple pour éviter le sempiternel « Vous êtes le fils de… ? ».

Sid Lakhdar Boumediene

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