25 novembre 2024
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Mohammed Dib : un « Manifeste oublié » des intellectuels algériens et le mouvement national

Mohammed Dib

Tiré d’une étude en préparation, Mohammed Dib a bien voulu nous donner l’intéressante page suivante qui traite très particulièrement du rôle de l’intellectuel algérien dans la lutte pour la liberté.

«  Pour l’efficacité de son action en tant qu’intellectuel, il faut donc que l’écrivain ou l’artiste ait conscience du champ dans lequel les efforts doivent s’inscrire, du sens dans lequel ils doivent s’orienter, de l’objectif à atteindre. Tirer de l’oubli, relever de l’humiliation la culture nationale, se dresser de toutes ses forces contre l’oppression idéologique, aller de l’avant et créer des valeurs nouvelles, telles sont les tâches actuelles qui s’imposent aux intellectuels coloniaux.

Mohammed Dib : à l’origine de la “trilogie”

Mais tout cela n’est réalisable que dans la mesure où nos artistes et écrivains sauront trouver leur place dans le mouvement large et impétueux de libération nationale, où ils considéreront que les nouvelles valeurs devront se forger dans la lutte générale qui fait s’affronter notre peuple aux forces oppressives du colonialisme. C’est à travers la lutte pour la libération nationale qu’il sera possible d’atteindre les fondements de toutes les formes d’oppression. Notre peuple, qui se bat pour sa liberté, libérera du même coup l’expression authentique de notre sensibilité, de nos conceptions en matière d’art et de culture.

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Du reste, l’intellectuel détient entre ses mains le pouvoir de rejeter l’oppression qui pèse sur la culture ; car même en régime colonial il lui est possible de donner des œuvres de vérité.

Il serait inconcevable qu’il laisse inutilisable le bénéfice d’une telle position : étant donné les possibilités qui s’offrent à lui, il a une responsabilité : se trouver dans l’avant-garde du mouvement national. Autant pour rester fidèle à son peuple qu’au combat dans lequel celui-ci est engagé. Sa responsabilité lui commande d’entrer dans la lutte héroïque contre l’oppresseur impérialiste.

Ecrivains et artistes doivent vivre de tout leur cœur cette ardente lutte, y  consacrer entièrement leurs talents. Ils découvriront dans les souffrances et les efforts admirables de leur peuple la matière d’œuvres belles et puissantes. Toutes leurs forces de création, mises au service de leurs frères opprimés, feront de la culture et des œuvres qu’ils produiront autant d’armes de combat. Armes qui serviront à conquérir la liberté.

La prise de conscience comme combattant du mouvement national est nécessaire à tout intellectuel de notre pays.

Mohammed Dib dans Alger-Républicain du 26 avril 1950.

Article paru sous le titre de : Les intellectuels algériens et le mouvement national.

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