20 avril 2024
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Ce ne sont pas des brebis égarées de l’Église, c’est tout le troupeau     

OPINION

Ce ne sont pas des brebis égarées de l’Église, c’est tout le troupeau     

La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) vient de rendre son rapport qui contient une statistique effroyable, soit 216 000 victimes d’abus sexuels par des prêtres depuis 1950, avec une marge d’erreur de 50 000.

Et qu’ose dire un évêque, invoquant le secret de la confession pour taire les aveux des prêtres ? Que la loi de Dieu est supérieure à celles de la république. L’Église, que nous avions cru être contrôlée par la laïcité n’a pas compris la leçon de l’histoire. L’humanité saura lui faire des rappels, avec la force républicaine légitime s’il le faut. 

Les années passent, les pardons du Pape s’accumulent et, rien à faire, les révélations de pédophilie persistent, encore et encore. C’est à se demander si cette organisation mondiale n’a pas d’autres prérogatives, car sans diffamation aucune de ma part, les chiffres mondiaux commencent à être si considérables que la question est légitime.

Laissons notre immense colère devant ces crimes immondes et essayons de parler de droit. Car un viol est un crime et non un délit, avec des circonstances accablantes pour des personnes ayant autorité (spirituelle dans ce cas) et, surtout, parce qu’il s’agit de très jeunes enfants.                                                                                                      

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Et que dit ce prêtre ? Que le secret de la confession ne peut être dévoilé sous peine de pêché mortel. Alors, si je comprends bien, n’importe quel citoyen se verrait tomber sous le coup de la loi pénale pour non dénonciation de crimes et le prêtre y échapperait pour cause de ses convictions, hors de la loi républicaine.

Non, l’Église n’a pas encore totalement rendu les armes après sa défaite historique de 1905. Elle n’a pas encore compris que mille ans de terreur, d’abrutissement moral et de chantage ont été définitivement mis en déroute par la loi sur la laïcité.

Non, la loi de Dieu n’est pas supérieure aux lois républicaines

C’est tout l’enjeu de siècles de batailles et de confrontation depuis la révolution de 1789. La laïcité a mis définitivement le pouvoir du peuple, par ses représentants élus, au sommet de la souveraineté nationale. Il n’y a pas de pouvoir supérieur et il ne peut y en avoir.

Et cette puissance légitime a décidé que le viol d’un enfant était un crime tout autant que sa non révélation était un délit, n’en déplaise aux religieux.

La laïcité a, une bonne fois pour toute, relégué l’intemporel dans la sphère privée. C’est ce qu’on appelle la laïcité, ce que ne semble pas avoir compris cet évêque. La puissance séculaire est dorénavant détenue par la représentation du peuple et seulement par elle.

La république n’interdit pas les croyances et les cultes mais les écarte de la considération publique. En plus, en opposition à ceux qui prétendent le contraire, la laïcité protège les religions car sinon, la plus puissante, soit la plus majoritaire, interdirait les autres et, même, les persécuterait.                                                                                                       

La confession est un dogme de l’Église, la loi est celui de la république. Si ce principe venait à être contredit par des exceptions, l’humanisme et la démocratie s’écrouleraient.                                                                          

Chaque communauté viendrait réclamer son droit supérieur et nous serions repartis vers une décadence barbare, jusqu’aux guerres de religions, car chacune voudrait l’hégémonie sur les autres pour édicter les lois qui sont conformes à ses fondements doctrinaux.

Et en plus, pour de la pédophilie ! 

L’argument du secret de la confession est déjà irrecevable pour les lois de la république mais lorsqu’on se rend compte que c’est pour dissimuler des agressions sexuelles sur des enfants, par milliers, les bras en tombent pour un tel culot.

Voilà une religion qui, au nom de ses vertus qu’elle a voulu imposer au monde par son culte du sacré (son sacré), qui s’adonne aux pire abominations qui tournent le dos à ses propres prétendues valeurs. Si cela n’est pas la définition du culot, aucune autre ne serait plus adaptée.                                       

Un vaccin de rappel pour une maladie tenace et profonde                          

Non, certains n’ont encore pas compris que la république a définitivement mis fin aux atrocités séculaires de l’Église et à ses comportements insoutenables.

S’il faut injecter une piqûre de rappel à ceux qui, non seulement n’ont rien compris, mais en plus se sont engouffrés massivement dans l’une de ses tares ancestrales, la pédophilie, la république saura le faire. C’est d’ailleurs un minimum que le ministre de l’intérieur ait convoqué l’évêque.

Et nous attendons, bien entendu, la centième intervention du Pape qui va, avec un ton solennel, condamner les brebis qui s’égarent du troupeau.

Monsieur le Pape (je n’ose pas dire « sa sainteté » en ces moments ambigus), vous avez un troupeau égaré. On se demande s’il y avait un berger pour les surveiller et s’il a encore des brebis dans le troupeau. 

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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