25 avril 2024
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France-Algérie : visas sans visages, visages sans visa ?

Indépendance confisquée

Qu’est-ce que l’indépendance d’un pays ?  Est-ce la continuité, la rupture ou le  legs de l’Etat colonial ? Tenter une réponse à ces questions est une opération bien périlleuse. L’histoire officielle nous apprend que le pouvoir colonial avait atrophié l’initiative privée, empêché le développement autonome, marginalisé les autochtones. La réalité d’aujourd’hui nous interpelle.

Le pouvoir postcolonial n’a-t-il pas poursuivi la même politique ? On croit savoir que la colonisation a été toujours placée sous le signe de l’économie dirigée et que de l’Etat colonial à l’Etat national ne s’est opéré qu’un certain déplacement du centre relais. Ce qui n’était qu’un centre administratif devient capitale d’où un certain recentrage politique.

L’acquisition de l’indépendance politique ne signifiait pas pour autant ni l’indépendance économique, ni l’abdication de la France coloniale. « L’indépendance est comme un pont, au départ personne n’en veut ; à l’arrivée tout le monde l’emprunte ». Une indépendance à deux visages : celle des héritiers de l’Algérie de la France et celle des laissés-pour-compte de l’Algérie sans la France.

Cette élite « moderne », culturellement aliénée, extravertie modelée par la culture européenne et de bas étage échappe difficilement au piège des modèles étrangers, en particulier sur le plan des institutions étatiques, du pouvoir et du développement Il est intéressant de savoir que le modèle nationaliste inspiré de la mystique soviétique a permis aux dirigeants algériens d’occulter au nom de l’idéologie socialiste ses apparences avec le modèle colonial français.

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La colonisation française prédisposait au développement de la fonction publique et au centralisme jacobin. C’est la colonisation qui a donné naissance aux classes dirigeantes qui à la suite d’un processus d’indépendance ont reproduit médiocrement le modèle des métropoles au dépens de la recherche d’une authentique socio-économique et culturelle propre.

Le transfert du pouvoir perpétuait indirectement le système de dépendance économique et culturelle vis-à-vis de la métropole. Le nationalisme s’est révélé bien souvent qu’un acte illusoire de souveraineté. L’indépendance politique n’avait pas suffi à elle seule à briser les liens de dépendance tissés à travers 130 ans de colonisation.

L’Etat centraliste et ostentatoire dérivé du modèle colonial a suscité le régionalisme, les dérives de l’intégrisme de ceux qu’il enferme dans un nationalisme formel. Si la recherche de l’indépendance fût un principe légitime, les pouvoirs mis en place n’ont pas toujours respecté les aspirations populaires qu’elle impliquait. Il est frappant d’ailleurs de constater l’absence de réflexions critiques sur les choix économiques internes.

Si dans un premier temps, la politique appliquée eut un certain succès grâce à la rente pétrolière, elle a connu par la suite une évolution négative causée notamment par la censure imposée à l’information et par la cécité douteuse vis-à-vis de la corruption impliquant un certain nombre d’officiels.

L’Etat étant toujours entre les mains de personnels qui ont tous des défauts et des qualités de l’espèce humaine. Mais il est juste de dire que le « pouvoir absolu corrompt absolument ». Et que plus un Etat est dictatorial est violent plus il affiche des prétentions de moralité.

De la légitimité historique à la légitimité populaire, d’une révolution violente à une révolution pacifique, d’un monde de contrôle des énergies à un monde de libération des énergies, le temps s’accélère. Avec la colonisation, l’Algérie s’est trouvée défigurée urbanisée au nord sans industrie créatrice d’emplois, concentrée sur la bande côtière sans agriculture vivrière, centralisée dans la décision, ignorant la population autochtone, et tournée vers la métropole pour remplir son couffin, investir et s’investir, obtenir un emploi productif, se soigner, étudier, se distraire, s’exprimer, s’opposer, fuir ses anges gardiens et se libérer de ses propres démons.

Des démons qui nous consomment et nous consument. Ces démons ont pour nom, politique, religion, pauvreté, népotisme, régionalisme, amateurisme. Malheureusement, le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Encore faudrait-il être conscients.  « Quand un peuple perd son identité, ses racines, sa langue et son histoire, sa terre devient une épave sans propriétaire. N’importe quelle idéologie peut l’envahir et soumettre son peuple ».

Dr A. Boumezrag

2 Commentaires

  1. As wise as your writeup might be, in my opinion, it is fishing by a certain naivety. The country’s specificity is that a real revolution can never be fooled, as in Algeria in 1962. It went all the way, being fooled to this point in believing in this false revolution. However, November 1, 1954, did exist, but its meaning was grossly exaggerated.
    I’m sorry, but I’m convinced it was only revolting against an imbecile and undue, aggressive but oh how ingenious, falsely civilised but prosperous ephemeral occupier. No colonisation exists because a ‘little’ people could not enterprise such extra-human adventure successfully. Those small people were much more preoccupied with their own upheaval of « republican vs ‘ancien regime' » than building an Empire on sound and solid ground. And they also had a population problem. They had to import some from around the Med. Nowadays, the situation has reversed and the proof, and after all this time, Algerians would pay for their residence and French nationality, thus abandoning quite happily their Algerianity. These include those revolutionary leaders or their spouses/offspring, etc., who already and, as we know, have done so. So, rulers and governed, it’s the same pasty.
    Of all the countries in the MENA region, Algeria is the most Westernized country, despite all your words but still the most backward. This means that the notions of a republic based on free and egalitarian citizenship have not been learned over those 132 years. Advantage of this could have been taken whilst the Republique took rather long to come.
    But instead, it would have taken only a few weeks for a ‘clever little bubbly in the western hinterland of Marocco to topple everything, but it could have been limited if it hadn’t been for the help of his eastern counterpart buddy. Then another dumb ass with a big moustache must stir in his tomb today at the thought of being replaced by the other hand and feet licking the neighbouring country’s sultans to the west. Thanks anyway.

  2. Yes indeed but that could not have taken place without the consent of the POPULASSE.
    It will have been more profitable in all areas for « human » beings to follow the ideas of Ferhat Abbas or possibly Abane Ramdane even if the latter was a notorious authoritarian
    this to say that the Algerian populace has what it deserves no more

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