5 décembre 2024
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Le bilan de Bouteflika ? Pourquoi faire ?

Tribune

Le bilan de Bouteflika ? Pourquoi faire ?

Près de 20 ans après avoir été intronisé président, Bouteflika, ou plus exactement ses soutiens et obligés cherchent aujourd’hui le moyen de faire perdurer le régime et le statu quo afin de continuer à profiter, d’user et d’abuser des privilèges et des ressources induites.

Pourtant, tout le monde s’accorde à dire que constitutionnellement Bouteflika ne peut prétendre à un 5ème mandat, sa santé est pudiquement qualifiée de précaire et nul algérien ne l’a entendu exprimer un mot depuis 2012, exception faite bien sûr lorsqu’en 2014 il s’agissait pour lui de dire qu’il voulait malgré tout rester au pouvoir, une fois lors du dépôt de son dossier de candidature au Conseil Constitutionnel où nous l’avons « entendu » péniblement chuchoter  son vœux de rempiler pour un 4ème mandat et une seconde fois lors sa douloureuse prestation de serment à l’issue d’une élection fantôme faite à coup de portraits faisant office de sa présence.

Aujourd’hui qu’il s’agit de nous vendre un 5ème mandat, et faute d’utiliser de nouveau Bouteflika, voilà que ses affidés nous sortent du chapeau la belle trouvaille : le bilan des années Bouteflika !

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Ils veulent préparer en nous expliquant que Bouteflika est à l’origine d’immenses réalisations, tellement immenses et structurantes dans la vie des algériens, qu’il leur faut mettre sur pied des commissions de recensement, une sorte de fouille archéologique destinée à prouver que Bouteflika fut et qu’il fut à l’origine de tout !

Ainsi le SG du FLN, mentalement bloqué dans les années 1970, vieux connaisseur et amateur de la langue de bois et de la roublardise annonce la mise en place de 48 commissions (oui rien que ça !) toutes destinées à recenser dans le moindre douar, sous la moindre pierre, dans les grottes et les égouts, les fameuses réalisations de Bouteflika, son père, comme si les algériens ne pouvaient voir et témoigner par eux-mêmes de ces hypothétiques réalisations.

Et comme cela ne suffit pas, voilà que le chef de l’autre parti de l’administration et (en ce moment) accessoirement premier ministre annoncer qu’au nom du gouvernement il allait lui aussi s’atteler à la tâche pour nous prouver que les 19 années de présidence de Boueflika n’ont pas été vaines mais riches en réalisations de toutes sortes. C’est manifestement l’urgence du moment pour l’intermittent premier ministre qui manifestement est en panne comme s’ il n’y avait rien d’autre à faire pour le pays !

Ce n’est pas comme si nos indicateurs n’étaient pas tous dans le rouge et qu’il n’y avait rien d’urgent à entreprendre !

Non, visiblement l’heure est à la préparation du bilan du passé !

Et tous les regards doivent être désormais tournés vers l’arrière !

Tous à vos rétro !

Évidemment, ni Ould Abbès ni Ouyahia, ni Sidi Said ni Haddad,  et pas plus que n’importe quel quidam sur cette terre ne croit vraiment en ces foutaises destinées à occuper le terrain et à préparer le papier cadeau crasseux et chiffonné d’un 5ème mandat tant désiré aussi par eux et pour eux-mêmes.

C’est que l’enjeu est de taille pour Ould Abbès, Ouyahia, Sidi Saïd, Haddad et consorts : le maintien du statu quo qui consiste à parler au nom du président qu’ils sont seuls à entendre parler et à voir réfléchir, travailler, veiller au grain, nommer et dégommer les responsables, présider les institutions, écrire des discours, …

Ce statut quo vaut de l’or pour eux !

Il signifie la continuation du partage de la rente, des revenus tirés du monopole des importations, et autres privilèges comme des soins à l’étranger et la scolarisation de leurs progénitures aux frais du contribuable algérien, …

Alors que l’urgence est à la planification de ce que devrait être l’Algérie dans les 10 à 20 prochaines années, le régime, incapable d’imaginer quoi que ce soit qui puisse aider l’Algérie à sortir de l’impasse dans laquelle il l’a enfoncé, nous bassine maintenant avec son bilan de ces 20 dernières années qu’il ne cesse d’annoncer et pour la préparation duquel il dépense à tout va !

Qu’allons-nous faire de ce bilan du passé pour construire l’avenir ?

Un bilan qui sera comme tous leurs actes fait de faux et d’usage de faux, partiel, partial et invérifiable.

Et quand bien même, qu’il y  a t-il dans ce bilan qui puisse rendre autant fier ce régime ? :

La dilapidation de plus de 1 000 milliards de $ en moins de 20 ans ? la harga à laquelle est désespérément vouée la jeunesse algérienne ? la dépendance organisée aux hydrocarbures ? la rupture de la solidarité nationale à laquelle nous conduit ce régime qui a asséché les ressources du pays ? L’isolement régional et l’insignifiance sur le plan diplomatique ? les fraudes à répétition ? les violations de la Constitution et les entraves aux partis d’oppositions, aux associations et aux syndicats libres et autonomes ? la qualité des soins et le plan d’équipement de nos hôpitaux ? les restrictions aux importations ? le coût de l’autoroute et sa qualité ? le niveau de corruption ? les restrictions aux libertés imposées aux journalistes et aux blogueurs ? …

Alors oui, et sans être « ingrat ou injuste » il y a matière à discuter ce bilan !

Les volumes de réalisations, à supposer qu’ils soient justes, ne signifieront rien sans l’identification du coût réel de celles-ci, sans la connaissance des conditions d’attribution des marchés aux copains et aux coquins, sans la divulgation des commissions et dessous de table, sans le benchmark qui permet de se dire que chaque centime a été utilement et justement dépensé, sans le constat objectif sur la qualité des livrables et les planning associés, …

C’est à l’aune de ces éléments objectifs qualitatifs et quantitatifs que le bilan pourra être fait !

Autrement c’est foutaises et balivernes !

Car pour l’instant les seuls éléments de bilan, sont ceux annoncés par Ouyahia et Bouteflika.

J’en veux pour preuve les assertions du premier ministre lui-même (celui nommé par A Bouteflika lui-même) qui, il n’y pas si longtemps, nous a expliqué que « el mouss wssal lel a3dam » et qu’il n’y avait plus d’argent pour payer les salaires des fonctionnaires, parlementaires compris !

ça c’est un bilan et de surcroit fait par le régime lui-même !

Mais il y aussi cette déclaration toute fraiche prêtée à A Bouteflika lui-même en ce 1er mai 2018 : « Le processus d’édification nationale que nous avons enclenché après le rétablissement de la paix et de la sécurité est confronté, depuis quelques années, aux effets des fluctuations de l’économie mondiale et de la chute des prix du pétrole. Des répercussions qui induisent une baisse des capacités financières de l’Etat et qui nous interpellent quant à notre dépendance excessive, à ce jour, aux hydrocarbures. … Les difficultés financières actuelles de l’Etat sont devenues un facteur incitant à davantage de bonne gouvernance et de rationalisation des dépenses publiques ».

Cela aussi c’est un bilan !

Ne pas avoir anticipé et préparé la sortie progressive de la dépendance mortifère aux hydrocarbures qui entrave le développement du pays !

Gouverner c’est prévoir !

Qu’avez-vous prévu en dehors de votre désir maladif de maintien au pouvoir ?

Qu’avez-vous prévu en dehors de la dilapidation des ressources et des richesses de ce pays ?

Qu’avez-vous prévu pour garantir la pérennité du pays, vous qui pérorez avoir agi activement pour le recouvrement de l’indépendance ?

Qu’avez-vous prévu pour que la jeunesse de ce pays cesse de le fuir au péril de sa vie ?

Qu’avez-vous prévu pour que l’école et l’ensemble des institutions d’enseignement préparent les actifs de demain dans tous les domaines dont celui des technologies, de l’innovation, … ?

Qu’avez-vous prévu …

Rien ? !

Et bien ça aussi c’est un bilan ! Que faut-il ajouter à cela ? Est-il utile de dépenses encore l’argent du contribuable pour coucher noir sur blanc des mensonges éhontés ?

Alors de grâce partez et emportez avec vous votre faux bilan et laissez place aux bonnes volontés pour construire ce pays et le mettre sur les rails du développement et de l’État de droit.

Z. R.

* Membre du Conseil Politique de Jil Jadid

Auteur
Zoheir Rouis*

 




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