Mohamed Djemaï et Mouad Bouchareb, du temps où tout allait bien.

Mohamed Djemaï, le SG du parti FLN n’est pas avare de son soutien à Ahmed Gaïd Salah. Pour autant sa déclaration sur la présidentielle n’est pas dénuée de calculs.

Dans un entretien à Tsa, l’homme d’affaires et néanmoins patron actuel du FLN justifie son soutien à l’armée, parlant même d’«une institution novembriste ».

En quoi et comment l’armée actuelle puisse être novembre ? L’éminence grise de l’ancien parti unique ne nous le dit pas. Mais il sort sa brosse à reluire pour lui tresser les meilleurs lauriers.

Mohamed Djemaï assure ceux qui doutent parmi le mouvement de dissidence populaire que l’armée « est une institution qui a préservé le mouvement populaire et qui a donné un exemple au monde entier dans sa gestion à la délicate période actuelle que traverse le pays ». Toujours un faible pour le paternalisme au FLN. A croire que le peuple algérien est un éternel adolescent.

Mais le meilleur est à venir. Mohamed Djemaï s’est péremptoire sur certains sujet. Ainsi, il déclare : «Nous sommes contre la transition. Pour une raison simple : ce sont des périodes qui ont démontré leur inefficacité et leur dangerosité dans plusieurs pays ».

Evidemment, le SG du parti-administration ne se prive pas de dérouler son argumentaire ossifié pour se justifier et ainsi lancer la perche à l’armée. Encore !

Admirez cette déclaration :« Une transition politique signifie l’absence de la force de la loi et celle de la Constitution. C’est une période dont les retombées sont imprévisibles ».

Et de fil en aiguille, Mohamed Djemaï laisser tomber le masque :« Nous soutenons avec force et conviction l’institution militaire qui n’a pas voulue emprunter cette voie à l’issue incertaine et dont les conséquences seront négatives tant pour le peuple que pour le pays. » Rien de nouveau donc. Le FLN n’a pas encore fait son aggiornamento.

Quand Djemaï parle d' »élections crédibles »

Cependant, petite nuance : Mohamed Djemaï, tout aussi enfant du P/FLN qu’il est, estime que ce n’est pas opportun d’organiser la présidentielle en juillet prochain. Parce qu’il considère que pour qu’une élection soit « crédible », « il lui faut une commission indépendante d’organisation et de supervision des présidentielles, telles qu’exigées par le mouvement populaire ».

Mohamed Djemaï ajoute même sur les conditions de cette présidentielle que s’acharne Gaïd Salah à organiser : « Ce qui n’est pas le cas en ce moment », avertit-il dans cet entretien. Ce caillou dans le jardin de l’état-major n’est pas anodin. Car on ne peut pas louer l’armée et être contre la présidentielle ! Alors ?

Incroyable ! Un patron du FLN qui parle d’élections crédibles alors que le parti est à l’origine de toutes les mascarades électorales depuis l’indépendance. Que le FLN soit contre la présidentielle pourrait ne pas être étonnant puisqu’il n’a pas de candidat déclaré. Ce qui est d’ailleurs une première si cette élection aura lieu.

L’avenir de Mouad Bouchareb intéresse aussi le SG du FLN. Pour le dégommer, il se justifie par les revendications du mouvement de dissidence populaire. Comme quoi quand ça arrange les affaires du parti, il ne faut rien se refuser.

« C’est une exigence irréversible sur laquelle on ne reviendra pas (…) Cette personne [Bouchareb, NDLR] a accaparé le parti en entier et a fait main basse sur lui. Il s’est auto-désigné à la tête du parti par téléphone ». Terrible lâchage ! Mais alors que faisait Mohamed Djemaï quand tout cela avait lieu ?

Il enfonce une porte ouverte en ajoutant : « C’est sur un coup de téléphone qu’il a décidé de prendre en charge la préparation du congrès ».

Sur les revirements à 180° qu’opèrent les députés du parti, il consent un mea culpa et emprunte même le terme de forces « extraconstitutionnelles » pour expliquer les inconséquences qui ont lieu au FLN. « Nous avons le courage de reconnaître nos tords. Et nous avons même demandé et demandons encore pardon au peuple pour toutes nos insuffisances »